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Baltasar GarzĂłn

Baltasar GarzĂłn, nĂ© le Ă  Torres (JaĂ©n), est un juriste et homme politique espagnol. Il est connu Ă  l'Ă©tranger comme juge d'instruction pour ses enquĂȘtes sur des affaires de terrorisme, de corruption et sur des crimes commis en Argentine et au Chili par les dictatures. Ses procĂ©dures lui attirent de la sympathie mais Ă©galement des ennuis judiciaires : en 2012 il est suspendu de la magistrature pour une durĂ©e de onze ans par le Tribunal suprĂȘme espagnol pour avoir ordonnĂ© l'Ă©coute et l'enregistrement illĂ©gaux de discussions entre des suspects incarcĂ©rĂ©s et leurs avocats.

Baltasar GarzĂłn
Baltasar GarzĂłn en 2007.
Fonction
Député
Ve législature d'Espagne
Circonscription Ă©lectorale de Madrid
-
Rafael MarĂ­a GarcĂ­a-Rico FernĂĄndez (d)
Biographie
Naissance
Nationalité
Formation
Activités
Enfant
MarĂ­a GarzĂłn Molina (d)
Autres informations
A travaillé pour
Julian Assange (depuis )
Parti politique
ActĂșa (en) (depuis )
Membre de
Audience nationale (-)
Distinctions
Médaille d'or de l'Ordre au mérite pour le Plan national sur les drogues (d) ()
MĂ©daille d'Andalousie (d) ()
Prix Hermann-Kesten

Naissance et formation

Baltasar Garzón Real, né le à Torres, dans province de Jaén, en Espagne.

Les cas les plus connus

Baltasar GarzĂłn en 2019.

GarzĂłn s'est fait connaĂźtre au niveau international en lançant un mandat d'arrĂȘt contre l'ex-dictateur chilien Augusto Pinochet afin de l'entendre sur la mort et la torture de citoyens espagnols Ă  la suite du coup d'État de 1973 au Chili. Ces poursuites s'appuyaient sur le rapport de la Commission chilienne de la vĂ©ritĂ© (1990-1991), ainsi que sur un cĂąble de l'agent du FBI Robert Scherrer concernant l'opĂ©ration Condor. AprĂšs la mort de Pinochet, il continua d'enquĂȘter sur des blanchiments d'argent commis sous la dictature[1].

C'est dans cette procĂ©dure qu'il tenta Ă©galement d'entendre l'ex-secrĂ©taire d'État amĂ©ricain Henry Kissinger sur ses relations avec les rĂ©gimes autoritaires installĂ©s dans les annĂ©es 1970 en AmĂ©rique latine et concernant ce que l'on a appelĂ© l'« opĂ©ration Condor Â».

Garzón engagea des poursuites pour génocide contre des fonctionnaires argentins pour la disparition de citoyens espagnols durant la dictature argentine de 1976 à 1983.

En avril 2001, il demanda au Conseil de l'Europe d'exclure le prĂ©sident du Conseil italien, Silvio Berlusconi, membre de l'assemblĂ©e parlementaire du Conseil (enquĂȘte sur sa Telecinco).

En , GarzĂłn entama une enquĂȘte sur les comptes Ă  l'Ă©tranger de la deuxiĂšme plus grande banque espagnole BBVA, pour dĂ©lit de blanchiment d'argent.

En janvier 2003, le magistrat critiqua le gouvernement des États-Unis pour la dĂ©tention de suspects de Al-QaĂŻda sur la base militaire de GuantĂĄnamo Ă  Cuba. Il mena Ă©galement campagne contre la guerre en Irak de 2003.

Affaires en Espagne

Il enquĂȘta sur JesĂșs Gil, ancien maire de Marbella et propriĂ©taire du club AtlĂ©tico de Madrid, pour corruption.

Il dirigea de grandes opérations anti-drogue, surtout en Galice (Opération Necora). En 1992, il inculpe le trafiquant d'armes international Monser Al Kassar.

Ses investigations en matiÚre de terrorisme contribuÚrent à dénoncer les actions de José Barrionuevo Peña, ministre de l'Intérieur du PSOE dans l'affaire des Groupes antiterroristes de libération. Ceci fut un des facteurs de la défaite du PSOE aux élections de 1996.

GarzĂłn enquĂȘta Ă©galement sur l'organisation terroriste ETA et sur les organismes qui gravitent autour :

  • En 1998, il demanda la perquisition de plusieurs siĂšges de la Coordinadora de AlfabetizaciĂłn y EuskaldunizaciĂłn de Adultos (Coordination de l'alphabĂ©tisation et de la « basquisation » d'adultes) et l'arrestation de son trĂ©sorier.
  • En juillet de la mĂȘme annĂ©e, il ordonna la fin des activitĂ©s de Orain SA, entreprise basque de communication qui gĂšre le journal Egin et sa station radio, Egin Irratia. L'instruction de GarzĂłn finie, l'interdiction fut levĂ©e par l'Audience nationale mais Orain SA resta en banqueroute.
  • Ensuite il ordonna la cessation des activitĂ©s de Zabaltzen et la fermeture de Egunkaria, le seul journal Ă©ditĂ© entiĂšrement en langue basque.

Ces actions sont durement critiquées par les mouvements de défense du basque, qui considÚrent que la fermeture de journaux attaque plus la culture basque que le terrorisme d'ETA.

  • En octobre 2002, il suspendit durant trois ans les activitĂ©s du parti Batasuna, le considĂ©rant comme dĂ©pendant d'ETA.
  • De la mĂȘme maniĂšre, il mena des enquĂȘtes sur les organisations du Movimiento de LiberaciĂłn Nacional Vasco (mouvement de libĂ©ration nationale basque), comme Xaki, Ekin, Jarrai, Haika et Segi, estimant qu'ils faisaient partie de la nĂ©buleuse ETA.

Depuis 2005, il instruit le dossier de l'opĂ©ration « TroĂŻka » et ses suites, une vaste enquĂȘte sur les activitĂ©s de blanchiment d'argent liĂ©es Ă  la mafia russe en Espagne qui a conduit Ă  de nombreuses arrestations (Majorque, Malaga, Alicante et Madrid). Le juge Garzon a beau ĂȘtre assis sur une mine de renseignements, le plus difficile reste Ă  faire. Le blanchiment d'argent n'est pas une accusation qui se prouve aisĂ©ment, les liens du crime avec les milieux d'affaires et de la politique encore moins.

En 2008 Baltasar Garzon a des doutes sur le bon dĂ©roulement de la demi-finale Zenit-Bayern (Coupe de l'UEFA 2008, 4-0). Dans le cadre d'une enquĂȘte sur l'OpĂ©ration Troika, il a rĂ©uni des preuves indiquant que le match a Ă©tĂ© truquĂ©.

En 2009, il enquĂȘte sur l'affaire GĂŒrtel et place Francisco Correa SĂĄnchez en dĂ©tention provisoire.

Critiques et procédures judiciaires engagées contre lui

Baltasar GarzĂłn dans sa ville natale en juillet 2012.

Ses dĂ©tracteurs l'accusent d'ĂȘtre vaniteux et de surtout rechercher la notoriĂ©tĂ© en s'autoproclamant accusateur public des dirigeants ou anciens dirigeants, Ă©trangers notamment, et d'avoir gardĂ© un fond des idĂ©aux d'extrĂȘme gauche de sa jeunesse[2]. Il s'est souvent vu accuser d'ĂȘtre partial. Ce qui a Ă©tĂ© reconnu par la Cour europĂ©enne des droits de l'homme dans le cas Rafael Vera[3]. En 2008, Baltasar GarzĂłn ouvre une enquĂȘte sur les disparitions survenues pendant la guerre d'Espagne et sous le rĂ©gime franquiste, Ă  la demande de familles de disparus et d'organisations. L'enquĂȘte, qui enfreint la loi d'amnistie votĂ©e en 1977, doit rapidement se clore et trois organisations d'extrĂȘme droite, dont la Phalange espagnole, liĂ©e Ă  la dictature, et le syndicat d'extrĂȘme-droite Manos Limpias[4], portent plainte contre lui. La plainte de la Phalange pour prĂ©varication est jugĂ©e non recevable mais les deux autres plaintes sont acceptĂ©es. GarzĂłn risque entre 12 et 20 ans d'interdiction d'exercice de sa fonction de magistrat[5]. De nombreuses personnes et des intellectuels de gauche lui apportent leur soutien et la procĂ©dure judiciaire est dĂ©noncĂ©e par certains, notamment les syndicats CCOO et UGT, comme une persĂ©cution[6]. Des manifestations de soutien au juge ont eu lieu en Espagne et Ă  l'Ă©tranger. ParallĂšlement, une manifestation de moindre ampleur organisĂ©e par la Phalange se dĂ©roule Ă  Madrid[7]. Ce procĂšs s'inscrit dans le cadre des dĂ©bats sur la « mĂ©moire historique » et l'amnistie des crimes de la dictature franquiste, dĂ©cidĂ©e pendant de la transition dĂ©mocratique.

Des spĂ©cialistes de la guerre d'Espagne, tels que Stanley Payne, ont sĂ©vĂšrement critiquĂ© le magistrat espagnol affirmant que celui-ci « ne reprĂ©sente pas la justice, mais la politique » ("no representa a la justicia, sino a la polĂ­tica") et que son enquĂȘte sur les crimes du franquisme est une « plaisanterie de mauvais goĂ»t» ("una broma de mal gusto")[8]. JoaquĂ­n Leguina, une des figures historiques de la social-dĂ©mocratie espagnole critique sĂ©vĂšrement GarzĂłn: "Le message que le juge et ses hooligans ont rĂ©ussi Ă  coller est tellement nĂ©gatif qu’il en est sinistre. En fait, cette malheureuse affaire a semĂ© l’idĂ©e qu’en trente ans de dĂ©mocratie les Espagnols ont Ă©tĂ© incapables de surmonter le passĂ©, que la Transition a Ă©tĂ© une lĂąchetĂ©, que la Guerre civile est un thĂšme tabou et qu’une bonne partie de la droite continue d’ĂȘtre franquiste. Un tissu de mensonges"[9]. Il est accusĂ© de pratiquer un double standard en ne poursuivant que les crimes commis par les franquistes mais en refusant de poursuivre les crimes commis par les rĂ©publicains[10] - [11] - [12] - [13]. Il a souvent Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© par la droite comme un juge socialiste motivĂ© par son idĂ©ologie de gauche. S'il reconnaĂźt ĂȘtre de gauche (chose qu'il n'a jamais cachĂ©e), il affirme que son idĂ©ologie n'a jamais nui Ă  son travail de juge[14].

Le , il est suspendu de la magistrature pour 11 ans[15], pour avoir ordonnĂ© l'Ă©coute et l'enregistrement de conversations entre des suspects incarcĂ©rĂ©s et leurs avocats. Cette dĂ©cision, prise Ă  l'unanimitĂ© des sept juges de la Cour suprĂȘme, met un terme Ă  sa carriĂšre[16] - [17]. Concernant l'accusation d'avoir enquĂȘtĂ© sur les crimes commis sous le rĂ©gime politique de Francisco Franco, le Tribunal SuprĂȘme d'Espagne a acquittĂ© Garzon de forfaiture (ce qui signifie que Garzon n'a pas pris de dĂ©cision judiciaire en sachant qu'elle Ă©tait contraire au Droit)[18].

CarriĂšre politique

En 1993, Garzón décide d'entamer une carriÚre politique au sein du PSOE afin de lutter de l'intérieur contre la corruption installée à l'ombre du Parti socialiste.

Numéro deux sur la liste socialiste à Madrid, il est nommé délégué du gouvernement pour le plan national des drogues aprÚs la victoire législative de 1993. Mais rapidement, constatant le peu de soutien de ses autorités de tutelle à vouloir effectuer un grand ménage contre la corruption et probablement déçu de ne pas se voir proposer un mandat plus important, il abandonne cette carriÚre politique pour revenir au droit et s'éloigne du PSOE.

Conseiller du gouvernement colombien

En mai 2011, le juge Garzon est nommé conseiller externe de l'Organisation des états américains pour une durée d'un an à l'invitation du gouvernement colombien[19]. Sa nomination a été critiquée en Colombie, certains l'estimant inopportune au vu du fait qu'il était déjà à l'époque suspendu de ses fonctions judiciaires en Espagne[20].

DĂ©fense de Julian Assange

Baltasar Garzón est l'avocat et le coordinateur de la défense juridique du lanceur d'alerte Julian Assange. Un documentaire "Garzon/Assange - Le juge et le rebelle" portant sur la relation entre les deux hommes a été diffusé par la RTBF. Baltasar Garzón s'est montré inquiet à plusieurs reprises du changement politique en Equateur qui a vu Lenin Moreno devenir le nouveau Président. Inquiétude confirmée par l'arrestation de son client par la police britannique à l'ambassade d'Equateur de Londres le jeudi .

Ouvrages

En , il publie son premier et unique ouvrage, Un monde sans peur, dans lequel il dĂ©crit un mode de pensĂ©e ou Ă©crit des lettres pour ses fils, les points les plus importants et polĂ©miques de ses 17 ans en fonction de juge. Il donne Ă©galement son opinion sur des thĂšmes d'actualitĂ© et dĂ©voile des donnĂ©es (d'influence nationale comme internationale) peu connues jusqu’alors. Le livre a soulevĂ© une polĂ©mique et a reçu de nombreuses critiques, surtout de la part de la droite espagnole, dont CĂ©sar Vidal (animateur de la chaĂźne radiophonique COPE), qui a demandĂ© formellement la dĂ©mission de GarzĂłn Ă  l’antenne.

Au-delĂ  de ce livre, il y a une autre Ɠuvre remarquable sur GarzĂłn, dont l'auteur est la journaliste Pilar Urbano, son titre est : GarzĂłn: El hombre que veĂ­a amanecer (GarzĂłn : l'homme qui voyait le lendemain). Ses ennemis l'ont traitĂ©e d'hagiographie, mais il permet d'en savoir plus sur la vie et l'idĂ©ologie du juge.

Il est Ă©galement visĂ© dans d'autres ouvrages critiques, comme GarzĂłn, la otra cara (La face cachĂ©e de GarzĂłn) de Pepe Rei, ancien rĂ©dacteur en chef du quotidien Egin et de la revue Ardi Beltza, qui fut accusĂ© par GarzĂłn lui-mĂȘme. Dans cet ouvrage, on l'accuse de torture envers les prisonniers d'ETA appuyĂ© par GarzĂłn et l'État espagnol.

Notes et références

  1. Le juge Baltasar Garzon ne lùche pas la famille Pinochet , article de Radio France internationale publié le 1er décembre 2009.
  2. Madrid, Diane Cambon, « Garzon, le mĂ©diatique juge qui dĂ©range les Espagnols », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  3. JesĂșs Santaella, « La parcialidad de GarzĂłn y la negaciĂłn de la Justicia », sur Elconfidencial.com, (consultĂ© le ).
  4. Le juge Garzon pris dans un Ă©tau judiciaire en Espagne, Le Figaro, 12 mai 2010.
  5. En Espagne, le juge Garzon sera jugĂ© pour son enquĂȘte sur le franquisme , article de Radio France internationale publiĂ© le 7 avril 2010.
  6. En Espagne, le monde Ă  l’envers, tribune de Jean Ortiz parue dans L'HumanitĂ© du 20 avril 2010.
  7. Grande manifestation de soutien au juge Garzon Ă  Madrid, article paru le 24 avril 2010 dans le Nouvel Observateur.
  8. Stanley Payne : la gauche espagnole n'a pas encore fait son mea culpa, 3 mai 2010
  9. « La contamination idĂ©ologique de l’histoire : l’exemple emblĂ©matique de la Guerre d’Espagne (2/2) », sur PolĂ©mia, (consultĂ© le ).
  10. (es) « La acusaciĂłn de GarzĂłn dice que el juez intentĂł juzgar "un movimiento" », sur PĂșblico (consultĂ© le ).
  11. (es) ABC.es, « GarzĂłn rechazĂł «de plano» en 1998 actuar contra Carrillo por Paracuellos », ABC,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  12. (es) « GarzĂłn trata de esconder que archivĂł una denuncia contra Carrillo por
 », sur archive.org (consultĂ© le ).
  13. Jean Sévillia, « Espagne : des passions mal éteintes », sur lefigaro.fr,
  14. Vanitatis, « Baltasar GarzĂłn a Jordi Évole : "Soy de izquierdas. Nunca he ocultado mi ideologĂ­a" », sur Elconfidencial.com, (consultĂ© le ).
  15. Le Monde avec AFP, « Le juge espagnol Baltasar Garzon condamnĂ© pour Ă©coutes illĂ©gales », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  16. (en) Spain's Judge Baltasar Garzon convicted for wiretapping, bbc, 9 février 2012
  17. La carriÚre du juge Garzon foudroyée par la justice espagnole, L'express, 9 février 2012
  18. Le juge Garzon acquitté dans le procÚs sur le franquisme, Mathieu de Taillac, Le Figaro.fr, 27 février 2012
  19. Le Monde avec AFP, « Le juge Garzon conserve son mandat de conseiller en Colombie », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  20. Marie Delcas (Bogota, correspondante), « L'arrivĂ©e en Colombie du juge Garzon inquiĂšte les uribistes », Le Monde,‎ (lire en ligne).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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