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Perquisition

La perquisition est la recherche d'éléments de preuve d'une infraction, par la police, au domicile d'une personne physique ou dans les locaux d'une personne morale.

Par pays

Canada

En droit canadien, le mandat de perquisition est prĂ©vu Ă  l'art. 487 (1) du Code criminel[1]. Cette disposition prĂ©voit qu'un juge qui est convaincu de l'existence d'une chose relative Ă  une illĂ©galitĂ© prĂ©vu au Code criminel (par ex. une chose volĂ©e, une chose qui sert Ă  prouver une infraction, une chose destinĂ©e Ă  la perpĂ©tration d'une infraction ou un bien infractionnel) peut Ă  tout moment out « dĂ©cerner un mandat autorisant un agent de la paix ou, dans le cas d’un fonctionnaire public nommĂ© ou dĂ©signĂ© pour l’application ou l’exĂ©cution d’une loi fĂ©dĂ©rale ou provinciale et chargĂ© notamment de faire observer la prĂ©sente loi ou toute autre loi fĂ©dĂ©rale ».

Si le policier voit des biens illicites qui ne sont pas au mandat (par ex. de la drogue), l'art. 489 (2) C.cr[2] autorise le policier Ă  saisir toute chose pour des motifs raisonnables. Il s'agit de la rĂšgle du plain view.

Il existe des rĂšgles particuliĂšres concernant la perquisition d'une rĂ©sidence et de ses lieux pĂ©riphĂ©riques. Par exemple, on ne peut pas effectuer une perquisition sans mandat dans un lieu privĂ© pĂ©riphĂ©rique Ă  la rĂ©sidence comme la cour arriĂšre, d'aprĂšs l'arrĂȘt R. c. Kokesch[3]. D'aprĂšs l'arrĂȘt Eccles c. Bourque et al[4], les policiers ont l'obligation de faire une annonce avant de pĂ©nĂ©trer de force dans une rĂ©sidence : ils doivent donner : « (i) avis de leur prĂ©sence en frappant ou en sonnant, (ii) avis de leur autoritĂ©, en s’identifiant comme agents chargĂ©s d’exĂ©cuter la loi et (iii) avis du but de leur visite, en dĂ©clarant un motif lĂ©gitime d’entrer ».

Dans les arrĂȘts Lavallee, Rackel & Heintz c. Canada (Procureur gĂ©nĂ©ral)[5]' et Canada (Procureur gĂ©nĂ©ral) c. FĂ©dĂ©ration des ordres professionnels de juristes du Canada[6], la Cour suprĂȘme a formulĂ© des rĂšgles strictes pour les perquisitions dans les cabinets d'avocats.

États-Unis

Les perquisitions nĂ©cessitent un mandat : le mandat de perquisition ou Search Warrant. Cette exigence rĂ©sulte du QuatriĂšme amendement de la Constitution des États-Unis, qui protĂšge les citoyens amĂ©ricains contre les opĂ©rations de police arbitraires. Le mandat de perquisition, qui doit ĂȘtre motivĂ© par Ă©crit, est gĂ©nĂ©ralement dĂ©livrĂ© aux forces de police par un juge ou le cabinet du procureur (le District Attorney ou l'un de ses assistants). Pour une perquisition Ă  domicile, l'accusĂ© doit choisir un Ă  deux tĂ©moins prĂ©sents sur les lieux qui ne peuvent pas ĂȘtre membres de la famille.

France

Les perquisitions sont rĂ©glementĂ©es par les articles 56 et suivants du Code de procĂ©dure pĂ©nale. Elles sont possibles dans tous les lieux oĂč la personne peut se dire « chez elle » (dĂ©finition pĂ©nale du domicile) quel que soit son titre d'occupation, comme un camping ou une chambre d'hĂŽtel ou l'appartement d'un tiers si elle y vit. En enquĂȘte de flagrance, un officier de police judiciaire peut effectuer une perquisition sans assentiment du propriĂ©taire ou de l'occupant dans le cas oĂč l'infraction reprochĂ©e est punie d'une peine d'emprisonnement. Le mis en cause doit ĂȘtre prĂ©sent ou, si cela n'est pas possible, l'officier de police judiciaire doit dĂ©signer deux tĂ©moins civils et majeurs pour que la perquisition soit lĂ©gale. Seule l'intrusion dans le domicile, d'un fonctionnaire de police sans dĂ©cision du juge des libertĂ©s ou sans le consentement de l’occupant dans le cadre d'une enquĂȘte prĂ©liminaire, constitue une atteinte au droit Ă  l'inviolabilitĂ© du domicile. Les perquisitions peuvent donner lieu Ă  des saisies sur tous les objets relatifs aux faits incriminĂ©s et utiles Ă  la manifestation de la vĂ©ritĂ©. Le lĂ©gislateur a crĂ©Ă© des rĂ©gimes spĂ©ciaux afin de protĂ©ger certains intĂ©rĂȘts comme la libertĂ© de la presse, les droits de la dĂ©fense ou le secret professionnel. Les perquisitions peuvent ĂȘtre menĂ©es par le juge d'instruction ou par la police judiciaire. Elles nĂ©cessitent alors l'Ă©tablissement d'une commission rogatoire par laquelle le juge charge un officier de police judiciaire de procĂ©der en son nom Ă  des mesures d'instruction.

Royaume-Uni

Les mandats de perquisition peuvent ĂȘtre dĂ©livrĂ©s par un magistrat local, mais aussi par des policiers de grade d'Inspector (Lieutenants) ou supĂ©rieur ; leur exĂ©cution nĂ©cessite la prĂ©sence d'un policier, le constable. La procĂ©dure est entiĂšrement rĂ©gie par l'article 18 du Police and Criminal Evidence Act (en) (PACE), loi dont la derniĂšre rĂ©vision remonte Ă  1984. Cette loi dispose notamment que dans le cas (frĂ©quent) oĂč la police a arrĂȘtĂ© un prĂ©venu, la fouille de son domicile peut ĂȘtre menĂ©e sans mandat, mais requiert la prĂ©sence d'un officier de police (grade d’inspector).

Dans les autres cas (suspect ou complice non arrĂȘtĂ©), l'alinĂ©a 18.5 de la loi autorise le constable Ă  mener la fouille immĂ©diatement, mais en prĂ©sence du propriĂ©taire (du suspect) avant son audition au poste de police.

L’alinĂ©a 18.32 prĂ©cise que si un individu est arrĂȘtĂ© chez lui ou juste en sortant de chez lui, le constable peut immĂ©diatement procĂ©der Ă  la perquisition du domicile ou de ses abords.

En Écosse, il faut un magistrat, comme en France.

Suisse

En Suisse, la perquisition du domicile, de documents ou de supports de données est réglée par le Code de procédure pénale (articles 241 à 248)[7].

Une perquisition sans le consentement de l'ayant droit est possible uniquement en cas de suspicion de prĂ©sence personnes recherchĂ©es, d’objets Ă  sĂ©questrer ou d'infraction en cours. Le mandat Ă©crit doit ĂȘtre prĂ©sentĂ© et les personnes doivent ĂȘtre informĂ©es de leurs droits, notamment le droit de refuser de tĂ©moigner et de demander une mise sous scellĂ©s des objets[8]. En cas de mise sous scellĂ©s, la justice doit ensuite de procĂ©der Ă  une pesĂ©e des intĂ©rĂȘts et faire le tri entre les donnĂ©es indispensables Ă  la procĂ©dure pĂ©nale et celles couvertes par un intĂ©rĂȘt lĂ©gitime du prĂ©venu[9].

Dans le cas de supports de données électroniques (ordinateurs, smartphones, etc.), la police ne peut pas exiger les mots de passe[9]. Le droit de ne pas donner ses mots de passe a été confirmé par le Tribunal fédéral en 2019, en application du droit de ne pas s'auto-incriminer[9] - [10].

Inspection d'entreprises sur décision de la Commission européenne

Afin de garantir le respect du droit de la concurrence, la Commission européenne peut procéder à des inspections dans les locaux des entreprises présentes dans l'Union européenne[11].

En cas de refus de l'entreprise[11] ou si l'entreprise est dĂ©clarĂ©e coupable de pratiques dĂ©loyales, des sanctions financiĂšres peuvent ĂȘtre imposĂ©es. Ce rĂ©gime d'inspection est parfois qualifiĂ© de perquisition par la presse[12] - [13] - [14].

Notes et références

  1. Code criminel, LRC 1985, c C-46, art 487, <https://canlii.ca/t/ckjd#art487>, consulté le 2021-07-25
  2. Code criminel, LRC 1985, c C-46, art 489, <https://canlii.ca/t/ckjd#art489>, consulté le 2021-07-25
  3. [1990] 3 RCS 3
  4. [1975] 2 R.C.S. 73 S
  5. [2002] 3 RCS 209
  6. [2015] 1 RCS 401
  7. Code de procédure pénale suisse (CPP) du (état le ), RS 312.0, art. 241 à 248.
  8. Camille Perrier Depeursinge, Code de procédure pénale suisse (CPP) annoté, Helbing Lichtenhahn, (ISBN 978-3-7190-4326-1), p. 396.
  9. Emmanuel Borloz, « « La police n’a pas le droit de demander les mots de passe » », 24 heures,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  10. Code de procédure pénale suisse (CPP) du (état le ), RS 312.0, art. 113.
  11. « EUR-Lex - l26092 - FR - EUR-Lex »
  12. « Franceinfo - Actualités en temps réel et info en direct », sur Franceinfo (consulté le ).
  13. « High Tech - O - Le cahier de tendances de l’Obs »
  14. « Bruxelles enquĂȘte sur les e-books », sur lefigaro.fr

Voir aussi

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