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Base navale de la baie de Guantánamo

Guantanamo Bay Naval Base

Base navale de la baie de Guantánamo
Image illustrative de l’article Base navale de la baie de Guantánamo
Vue aérienne de la baie de Guantánamo.

Lieu Baie de Guantánamo
Drapeau de Cuba Cuba
Type d’ouvrage Base navale
Construction 1898
Utilisation Base navale
Contrôlé par United States Navy
Effectifs 881 soldats, marins et marines en 2011
CoordonnĂ©es 19° 54′ 43″ nord, 75° 09′ 46″ ouest
GĂ©olocalisation sur la carte : Cuba
(Voir situation sur carte : Cuba)
Base navale de la baie de Guantánamo
Cartographie de la base.

La base navale de la baie de Guantánamo (Guantanamo Bay Naval Base) est une base amĂ©ricaine situĂ©e Ă  l'entrĂ©e de la baie de Guantánamo Ă  la pointe sud-est de l'Ă®le de Cuba. Elle se rĂ©partit des deux cĂ´tĂ©s de l'entrĂ©e de la baie sur une superficie de 117,6 km2 enclavĂ©s dans la province de Guantánamo. UtilisĂ©e par l'US Navy depuis plus d'un siècle, c'est la plus ancienne base des États-Unis hors du continent nord-amĂ©ricain. Avant juillet 2015, elle Ă©tait la seule situĂ©e dans un pays n'ayant pas de relations diplomatiques avec eux.

Le gouvernement cubain est opposé à la présence de cette base, arguant que selon les lois internationales et l'accord initial le bail est invalide, ce que le gouvernement américain conteste et refuse.

Utilisation

La base sert au soutien logistique de la flotte de l'Atlantique et aux opérations de lutte contre le trafic de drogue dans les Caraïbes.

Depuis 2002, la base navale abrite un centre de détention, le camp de Guantánamo, où les États-Unis détiennent des personnes qualifiées de « combattants illégaux », capturées par l'armée américaine dans les différentes opérations qu'elle mène à l'étranger (Afghanistan, Irak, etc.).

Histoire

À la suite de la guerre hispano-américaine de 1898, Cuba accède à l'indépendance mais dans les faits devient un protectorat américain. Les États-Unis, qui avaient utilisé la baie pendant et après le conflit en obtiennent la location perpétuelle le 23 février 1903, accordée par Tomás Estrada Palma, premier président de Cuba (et citoyen américain) dans le cadre du traité américano-cubain. La République de Cuba conserve sur l'emplacement de la base navale une « ultime souveraineté » mais garantit aux États-Unis une « juridiction et un contrôle complets » sur la zone pour une station navale et une station de réapprovisionnement en charbon des navires.

Un nouveau traitĂ© en 1934 confirme ce bail, accordant Ă  Cuba et Ă  ses partenaires commerciaux un libre droit de passage dans la baie, rĂ©actualise le montant de la location annuelle de 2 000 dollars en pièces d'or amĂ©ricaines Ă  4 085 dollars[1] et rend le bail permanent sauf accord des deux gouvernements ou abandon de la base par les États-Unis. Depuis la rĂ©volution cubaine, le gouvernement cubain rĂ©clame la restitution du territoire et refuse d’encaisser les chèques de location[2].

Le gouvernement de Fidel Castro n'a encaissĂ© qu'un seul loyer annuel du gouvernement amĂ©ricain, en 1959[1], le gouvernement cubain expliquant que cela Ă©tait dĂ» Ă  la confusion des premiers jours Ă  la tĂŞte du pays alors que le gouvernement amĂ©ricain clame qu'il s'agissait d'une reconnaissance officielle du traitĂ© par le nouveau rĂ©gime cubain. Les chèques amĂ©ricains, adressĂ©s Ă  l'ordre du « TrĂ©sorier gĂ©nĂ©ral de la RĂ©publique Â», une fonction qui a disparu après la rĂ©volution, ne sont pas encaissĂ©s et sont conservĂ©s dans un tiroir du bureau du leader cubain[1].

Jusqu'à la révolution, des milliers de Cubains venaient travailler chaque jour dans la base. Au milieu de l'année 1958, le trafic automobile fut interrompu et les travailleurs furent obligés de s'y rendre à pied en passant par plusieurs portes et postes de contrôles. En 2006, seulement deux Cubains âgés franchissent quotidiennement la porte Nord-Est de la base pour venir y travailler, le gouvernement castriste ayant interdit tout nouveau recrutement d'employés cubains après son arrivée au pouvoir.

Lors de la crise des missiles en 1962, les familles du personnel militaire furent évacuées précipitamment de la base. Elles n'y revinrent qu'à partir de décembre 1964.

2 000 rĂ©fugiĂ©s cubains Ă  bord de l'USS Whibdey Island en 1994.

Après la rĂ©volution, des Cubains trouvèrent refuge dans la base amĂ©ricaine. Ă€ l'automne 1961, les militaires cubains plantèrent une barrière de cactus de 13 km de long aux limites nord-est de la base[3]. Cette barrière fut alors surnommĂ©e par les AmĂ©ricains le « Cactus Curtain » (« rideau de cactus ») en rĂ©fĂ©rence Ă  l'Iron Curtain (le « rideau de fer ») en Europe[4]. La barrière a ensuite Ă©tĂ© complĂ©tĂ©e. Les troupes amĂ©ricaines placèrent, pour leur part, 75 000 mines dans le no man's land situĂ© entre les deux barrières, cubaine et amĂ©ricaine, crĂ©ant le second plus grand champ de mines au monde après celui entre les deux CorĂ©es. En mai 1996, le prĂ©sident Bill Clinton a ordonnĂ© le dĂ©minage de la zone du cĂ´tĂ© amĂ©ricain et de placer celle-ci sous la surveillance de dĂ©tecteurs de mouvement et de bruit. Cependant, le gouvernement cubain n'a pas enlevĂ© les champs de mines qu'il avait posĂ©s du cĂ´tĂ© de sa frontière.

Durant les annĂ©es 1990, la base a accueilli plus de 45 000 rĂ©fugiĂ©s venant d'HaĂŻti et des dizaines de milliers de Cubains voulant quitter le pays[5].

La base a comptĂ© jusqu'Ă  9 500 marins et Marines amĂ©ricains. En 2011, on compte 881 militaires amĂ©ricains Ă  Cuba[6].

La base abrite un centre de détention depuis les années 2000. La plupart des prisonniers sont suspectés de terrorisme, mais n'ont eu aucun procès, Washington les considérant comme des combattants illégaux et non comme des sujets de droit. Les conditions de détention ont été vivement critiquées en raison de la torture pratiquée sur les prisonniers[2].

Base de Guantánamo et droit international

Vue d'une partie des installations de la base avec à gauche un McDonald's et le magasin Navy Exchange et un cinéma de plein-air en bas à droite.
Le McDonald's de Guantanamo.

En 2006, bien que n'entretenant pas de relations diplomatiques, Cuba et les États-Unis ont signé un accord d'extradition réciproque de fugitifs, les Américains remettant aux autorités cubaines tout fugitif ayant commis une infraction aux lois cubaines et qui trouverait refuge à Guantanamo et Cuba remettant aux autorités américaines tout fugitif ayant fui Guantanamo à la suite d'une infraction aux lois américaines.

Le 22 avril 2007, le San Francisco Chronicle publie un article[7] sur les conditions pouvant rendre le traité de location caduc. Le journal y rappelle que le traité autorise les États-Unis à utiliser la base « seulement pour la fourniture de charbon aux navires et à des buts maritimes, et pas pour d'autres buts » (« coaling and naval purposes only, and for no other purpose »), et qu'il prohibe explicitement « le commerce, l'industrie ou d'autres entreprises dans la zone ». Cependant la base abrite une demi-douzaine de concessions de restauration rapide pour son personnel (comme un restaurant McDonald's, le seul sur l'île) et un magasin du Navy Exchange. Selon l'article, des personnalités du monde des affaires, politiques ou culturelles américaines qui sont en contact régulier avec les dirigeants cubains ont l'impression que le gouvernement cubain veut le départ des militaires américains de l'île mais que ce n'est pas la priorité du moment[7].

D'après Alfred de Zayas, un juriste et historien américain d'origine cubaine, « Du point de vue du droit international, les contrats de bail de 1903 et 1934 ne sont plus valables, puisqu'ils ont été imposés par la force et constituent des traités en violation du jus cogens, c'est-à-dire de normes contraignantes de droit international telles que le droit à l'autodétermination »[8].

Notes et références

  1. (en) Castro: Cuba not cashing US Guantanamo rent checks - Anthony Boadle, Reuters, 17 août 2007.
  2. Sébastien Gillard, « Guantánamo, concentré d’impérialisme », sur Le Monde diplomatique,
  3. (en) Paul Kramer, « Guantanamo’s Cactus Curtain » [audio], The Inquiry, sur BBC, (consulté le ).
  4. (en) « Cactus curtain », sur globalsecurity.org (consulté le ).
  5. (en) Operation Sea Signal, Joint Force Quarterly, 1995 [PDF].
  6. (en) Personnel militaire des différents corps d'armée américaine par secteur géographique et par pays - Département de la Défense des États-Unis, au 30 juin 2011 [PDF].
  7. (en) Guantanamo echoes U.S. 'gunboat' past : Anti-American forces use Navy base as rallying symbol - San Francisco Chronicle, 22 avril 2007.
  8. Le défi de Guantanamo - Site d'Alfred de Zayas, 16 septembre 2004.

Annexes

Lien externe

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