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Asperge

Asparagus officinalis

L'asperge est une plante de la famille des Asparagaceae originaire de l'est du bassin méditerranéen.

Connue des Romains, elle est cultivĂ©e comme plante potagère en France depuis le XVe siècle. Le terme dĂ©signe aussi ses pousses comestibles, qui proviennent de rhizomes d'oĂą partent chaque annĂ©e les bourgeons souterrains ou turions qui donnent naissance Ă  des tiges s'Ă©levant entre 1 et 1,5 mètre.

Description

Fleurs d'Asparagus officinalis.
Baies d'Asparagus officinalis.

L'asperge est une plante vivace grâce Ă  sa griffe ; son dĂ©veloppement est particulier. La griffe se forme Ă  partir d'une graine, elle est composĂ©e d'un rhizome qui porte des yeux (bourgeons) Ă  la partie supĂ©rieure et des racines charnues rayonnant en Ă©toile Ă  la partie infĂ©rieure. D'annĂ©e en annĂ©e, c'est la griffe qui assure d'une part la survie de la plante et d'autre part la future rĂ©colte. Chaque annĂ©e, dès la fin de la rĂ©colte, une nouvelle griffe se forme pendant la pĂ©riode estivale ; elle croĂ®t grâce Ă  ses propres nouvelles racines. Les tiges vertes, ramifiĂ©es et pourvues de cladodes fabriquent, grâce Ă  la photosynthèse des Ă©lĂ©ments carbonĂ©s qui s'accumulent Ă  l'automne dans les grosses racines. Ce sont ces rĂ©serves qui serviront au printemps suivant Ă  la croissance des turions qui poussent dans une butte de terre alors qu'aucune partie verte aĂ©rienne n'existe[1]. Les turions (partie consommĂ©e des asperges) forment des tiges droites pouvant atteindre 1,5 mètre de hauteur avec un feuillage fin et ramifiĂ©. Les Asparagus, y compris l'asperge comestible, n'ont pas de feuilles fonctionnelles. Ce sont les cladodes qui poussent en bouquets sur les tiges qui jouent le rĂ´le de feuilles. Les vraies feuilles sont rĂ©duites Ă  de minuscules Ă©cailles translucides[2].

Griffe d'asperge de 7 ans avec turions. Les plantes potagères, Vilmorin-Andrieux, 1904.

C'est une espèce allogame et dioïque[3]. Les pieds mâles produisent d'abord des pousses comestibles qui, par la suite, donnent des fleurs pourvues d'étamines qui émettent du pollen, tandis que les pousses qui se développent sur les pieds femelles forment des fleurs qui, une fois fécondées par le pollen, produisent de petites baies rouges, des fruits, contenant plusieurs graines noires. Le coût métabolique pour produire ces graines épuise les pieds femelles, aussi emploie-t-on plutôt les plants mâles dans les aspergeraies[1].

La floraison a lieu de mai Ă  juillet[4].

Origine et distribution

Cette espèce est originaire de régions tempérées de l'Eurasie : Europe de l'Est et Asie mineure d'où elle s'est ensuite répandue[3]. Elle pousse dans les terrains sablonneux à l'état sauvage. Les Géoponiques grecques indiquent que les asperges sont le fruit de cornes de bélier mises en terre[3]. Cette croyance perdure jusqu'au milieu du XVIIe siècle[5].

À l'état sauvage il en existe douze espèces en Europe, dont cinq en France selon Tela Botanica : Asparagus officinalis, Asparagus acutifolius très commune dans le midi, Asparagus macrorrhizus, Asparagus albus et Asparagus tenuifolius[6]. Toutes sont comestibles mais l'asperge maritime est très amère.

Historique

La culture des asperges dans le Tacuinum sanitatis, XVe siècle.

Les asperges sont depuis longtemps utilisées comme légumes et plantes médicinales, en raison de leur saveur délicate et leurs propriétés diurétiques. Une fresque égyptienne datant de 3000 ans avant J.-C. la montre en offrande aux dieux. Elle est également appréciée pour son goût délicat par les Grecs et les Romains qui la cultivent dans des fosses et la mangent fraîche en saison de récolte et sèche en hiver[7].

Elle est révérée comme aphrodisiaque, en raison de sa forme[3], dans le conte persan Les Mille et Une Nuits. Elle est cultivée dès le XIe siècle à Byzance. L'Europe occidentale semble avoir ignoré l'asperge pendant tout le Moyen Âge[3]. La culture de l'asperge apparait en France au XVe siècle, sa réimportation s'étant probablement faite par la Flandre[3]. La ville de Marchiennes était autrefois un centre important de cette culture, et l'asperge de Marchiennes, variété locale dérivant de la variété de Hollande, a très certainement été introduite par la Belgique. Le plus ancien texte connu mentionnant la culture de l'asperge en France est un inventaire du potager des chanoines de la collégiale Saint-Amé de Douai, écrit vers 1469 à la suite d'un procès[3] - [8]. Au temps d'Henri III, « les turions ont la grosseur d'une plume de cygne »[9].

Elle fait par la suite l'objet d'innovation ; La Quintinie parvient ainsi à en servir à Louis XIV en décembre grâce à une technique de forçage[3]: les producteurs recouvrent les pousses par des coiffes pour les protéger des parasites et retenir la chaleur, découvrant ainsi l'asperge blanche, puis remplacent bientôt les coiffes par le buttage. On la considère comme la reine des légumes depuis au moins le XVIe siècle tant elle est appréciée à la cour de France où elle est appelée le « légume royal », le « printemps en tiges » ou l'« ivoire à manger ». Prisées par Madame de Pompadour pour cette réputation d’aphrodisiaque, ses extrémités sont appelées « pointes d’amour » à son époque[10] - [1].

Au début du XVIIIe siècle, la Gewone Hollandse (« hollandaise commune »), une grosse variété venant des Pays-Bas et de Pologne est introduite en France. Cette « asperge violette de Hollande », dite aussi « de Pologne », supplante progressivement la petite asperge commune. En 1750, des cultivateurs d'Argenteuil mettent au point la variété d'Argenteuil. Au XIXe siècle, plusieurs villages autour de Paris se spécialisent dans la culture de variétés, Aubervilliers, Bezons[3], Épinay[3] ou Sannois. Les turions sont alors de même taille qu'actuellement[9].

À partir de 1805, elle fait la réputation d'Argenteuil[3]. Dans les années 1870, la culture de l'asperge se développe en Alsace et dans la vallée de la Loire[3] - [9]. Elle est alors considérée comme un légume de luxe, figurant par exemple au menu des passagers de première classe du Titanic[3].

Elle est aujourd'hui largement cultivée dans de nombreux pays sur tous les continents, bien que le premier exportateur mondial d'asperges en conserves soit la Chine[11]. Le Chili et le Pérou demeurent des producteurs importants[11].

Les travaux de sélection sur l'asperge (2n = 20 chromosomes) menés à l'INRA à partir des années 1960 ont conduit à la commercialisation de variétés hybrides choisies selon leur productivité, leur précocité, leur tolérance aux maladies, leur mode cultural (asperge verte au goût plus prononcé et plus concentrée en vitamines, asperge blanche plus fine et plus tendre, asperge violette plus fruitée), leur présentation (qualité de la pointe) ou leur qualité gustative et nutritionnelle (amertume et fibrosité, richesse en rutine)[12].

Jeune plant d'asperge d'une variété hybride (UC157), trop jeune pour la récolte qui débute à la 4e année du plant.

Variétés cultivées

Quelques variétés inscrites en France :

  • hybrides : AndrĂ©as, Atlas, Burgundine, Darbella, Dariana, Emma, ObĂ©lisk, Vetra, etc.
  • non hybride : Argenteuil hâtive, PrĂ©belle, Jacq Ma Pourpre, Lorella, etc.

En France, plus de 70 variĂ©tĂ©s sont inscrites au Catalogue officiel des espèces et variĂ©tĂ©s[13] crĂ©Ă©es par près de 10 entreprises.

Plus de 85 variétés figurent dans le Catalogue européen [14].

L'asperge en cuisine

Bottes d'asperges blanches et vertes.
Une soupe d'asperges.

En cuisine, on utilise les pousses vertes, blanches ou rouges : la fraîcheur des tiges se juge selon plusieurs critères (asperges fermes et cassantes, de même épaisseur, avec des pointes resserrées) et ces qualités permettent d'obtenir une cuisson homogène[15].

Lors de l'achat, l'asperge doit exhaler une agréable senteur d'épi de blé mûr, le toucher doit être à la fois ferme et souple sous le doigt et résistant à la rupture (test du crissement entre les doigts), le talon ne doit pas être trop sec (lorsqu'il est pressé, le jus qui en ressort ne doit pas être amer), ce qui dénotera une cueillette récente.

  • L'asperge blanche a poussĂ© entièrement sous terre, en l'absence de lumière, ce qui lui donne un goĂ»t dĂ©licat et très fin.
  • L'asperge violette est très fruitĂ©e. C'est une asperge blanche qu'on a laissĂ© Ă©chapper de sa butte et dont la pointe devient mauve sous l'effet de la lumière. Elle prend une lĂ©gère amertume.
  • L'asperge verte a poussĂ© Ă  l'air libre et doit sa coloration au processus normal de synthèse chlorophyllienne qui se dĂ©veloppe Ă  la lumière du soleil. Elle offre une saveur marquĂ©e et un bourgeon presque sucrĂ©. C'est la seule asperge qu'il est inutile d'Ă©plucher.
  • Les asperges sauvages s'utilisent comme les vertes.

Au XVIIIe siècle, on raffole tant du petit pois qu'on va jusqu'à tailler les pointes d'asperge en forme de petit pois[16] (« l'asperge en petits pois » est citée dans le dialogue du Souper de Jean-Claude Brisville).

La cuisson des asperges

Asperges cuites dans une eau en ébullition. En laissant leur bout à l'air, ils seront saisis par une cuisson à la vapeur, préservant leur goût.
Asperges Ă  la sauce hollandaise.

Dans tous les cas, il faut enlever les extrémités ligneuses (le talon) soit en les coupant, ou, mieux, en les cassant pour les rafraîchir, puis éplucher la partie blanche du haut vers le bas, jusqu'à quatre centimètres sous le bourgeon des asperges les plus vieilles et les plus grosses. L'asperge verte ayant une peau plus fine, l'épluchage du tiers inférieur est suffisant. Les épluchures et le talon peuvent être utilisés pour composer une soupe.

Pour conserver leur couleur et leur texture, il faut les faire cuire aussi peu de temps que possible.

La production d'asperges

L'asperge se cultive en plein champ ou sous châssis dans une aspergeraie. L'aspergiculture utilise deux techniques :

  • Par semis de mars Ă  juin dans une terre riche et meuble en les Ă©claircissant d'environ dix centimètres, puis en repiquant les griffes obtenues.
  • Par repiquage de griffes, sur un sol bien drainĂ©, sans humiditĂ©.

Les rhizomes peuvent atteindre six mètres de longueur en terrain sablonneux. De ces racines jaillissent chaque printemps des rejets charnus appelĂ©s turions : recouverts d'Ă©cailles serrĂ©es, ces pousses peuvent croĂ®tre de 10 cm/jour. S'ils ne sont pas coupĂ©s, les turions donnent des tiges ramifiĂ©es de deux mètres de hauteur et qui portent des cladodes. Une aspergeraie peut produire dès la deuxième ou troisième annĂ©e, et durant une dizaine d'annĂ©es. La production est de soixante Ă  cent kilogrammes l'are (100 m2)[17].

Il est nécessaire de déplacer les parcelles d'une année sur l'autre pour éviter la prolifération de champignons parasites[3].

Production mondiale

Aspergeraie en automne (Touraine, France).
Culture d'asperges aux Pays-Bas (Reusel).
Culture plein champ dans la vallée du Danube.
Production en tonnes
Données de FAOSTAT (FAO)[18]
201620152010200520001990
Drapeau de la RĂ©publique populaire de Chine Chine7 680 00088 %7 546 0006 600 0005 900 0003 900 0001 452 00072 %
Drapeau du PĂ©rou PĂ©rou378 0004,34 %369 000335 000206 000168 00058 0002,88 %
Drapeau du Mexique Mexique217 0002,49 %198 00089 00060 00050 00043 0002,15 %
Drapeau de l'Allemagne Allemagne120 0001,38 %114 00092 00083 00051 00022 0001,09 %
Drapeau de l'Espagne Espagne60 0000,69 %60 00050 00048 00061 000105 0005,19 %
Drapeau de l'Italie Italie44 0000,50 %44 00044 00043 00030 00028 0001, 41 %
Drapeau des États-Unis États-Unis32 0000,37 %29 00036 00070 000103 000111 0005,51 %
Drapeau du Japon Japon29 0000,33 %29 00031 00028 00029 00033 0001,64 %
Drapeau de la ThaĂŻlande ThaĂŻlande25 0000,29 %24 00063 00087 00072 00014 0000,69 %
Drapeau de la France France21 0000,24 %20 00019 00020 00023 00042 0002,08 %
Autres pays121 0001,39 %120 000127 000161 000152 000105 0005,22 %
Total8 727 000100 %8 552 0007 488 0006 706 0004 641 0002 013 000100 %

Le principal pays producteur d'asperges est la Chine, avec près de 90 % de la production mondiale, soit plus de 7 millions de tonnes[19] (voir tableau ci-dessus Ă©tabli selon les donnĂ©es de la FAO).

L'Europe produit en moyenne, entre 2014 et 2016, 289 000 tonnes d'asperges, le principal producteur Ă©tant l'Allemagne[20] suivie de l'Espagne et de l'Italie[21].

La France, qui produisait 58,4 kt d'asperges en 1988, n'en produisit plus que 23,1 kt en 2001. Ceci est dĂ», en partie, Ă  ce que la rĂ©gion de production principale, le Languedoc-Roussillon, qui reprĂ©sentait 40 % de la production du pays, avait Ă©tĂ© frappĂ©e par une très importante Ă©pidĂ©mie de fusariose. La moyenne enregistrĂ©e entre 2015 et 2017 est de 19 747 tonnes. Les mĂŞmes motifs ont eu les mĂŞmes effets sur la production espagnole. En 2018, en France, les principales rĂ©gions productrices sont le Val de Loire, le Sud-Ouest, le Sud-Est et l'Alsace. Les deux productions les plus connues sont l'asperge dite d’Argenteuil, cultivĂ©e en ĂŽle-de-France, et l’asperge des sables des Landes[22], indication gĂ©ographique protĂ©gĂ©e depuis 2005. L'asperge du Blayais[23], depuis 2015, l'asperge blanche de Navarre (Espagne), l'asperge blanche de Cimadolmo (Italie), l'asperge verte de HuĂ©tor Tájar (Espagne) et l’asperge verte d’Altedo (Italie) bĂ©nĂ©ficient Ă©galement d’une IGP[24].

Sur tout le pourtour du bassin méditerranéen, on cueille et commercialise les petites asperges sauvages (asparagus acutifolius) très goûteuses[24]. On en trouve facilement, par exemple, sur les marchés algériens où ce sont souvent les seules proposées.

Au dĂ©but des annĂ©es 1990, les États-Unis ont subventionnĂ© la production d'asperges au PĂ©rou dans le cadre de la lutte contre le narco-trafic, afin d'encourager des cultures de substitution Ă  la coca[25]. La production pĂ©ruvienne s'est d'abord dĂ©veloppĂ©e dans la vallĂ©e d'Ica. Les caractĂ©ristiques climatiques de cette rĂ©gion aride aux tempĂ©ratures modĂ©rĂ©es permettent une production irriguĂ©e tout au long de l’annĂ©e, ce qui a permis au PĂ©rou de s'imposer comme un des principaux producteurs d'asperges au niveau mondial. Dans les annĂ©es 2010, la production pĂ©ruvienne est principalement concentrĂ©e dans les rĂ©gions d'Ica et de La Libertad. L'asperge ne faisant pas partie de la gastronomie pĂ©ruvienne, la production est presque intĂ©gralement exportĂ©e[26]. L’émergence du PĂ©rou a en particulier mis en grande difficultĂ© les producteurs d'asperges des États-Unis qui ont mal rĂ©sistĂ© Ă  cette nouvelle concurrence[25]. La production amĂ©ricaine est ainsi passĂ©e de 110 000 tonnes Ă  36 000 tonnes annuelles entre 1990 et 2010. Durant cette mĂŞme pĂ©riode, la production de l'État de Washington a diminuĂ© de 82 %. Les trois usines de transformation d'asperges de cet État ont fermĂ© leurs portes, la dernière Ă©tant relocalisĂ©e au PĂ©rou[27]. Le boom de l'asperge pĂ©ruvienne cause d'importants problèmes Ă©cologiques en raison de la surexploitation des rĂ©serves hydriques nĂ©cessaires Ă  l'irrigation des cultures[28].

Propriétés médicinales

Illustration botanique allemande.

L'asperge est riche en vitamines A, B9 et PP, phosphore et manganèse.

Elle contient aussi de l'asparagine et de l'acide asparagusique. Cette substance – ainsi que la S-mĂ©thylmĂ©thionine – est transformĂ©e lors de la digestion en produits soufrĂ©s odorants dont le mĂ©thanethiol (ou mĂ©thyl-mercaptan). Dans les 15 minutes suivant la consommation, l'urine peut ĂŞtre alors dotĂ©e d'une odeur très caractĂ©ristique[29] - [30] - [31].

Selon plusieurs études, une partie de la population ne métabolise pas ces deux précurseurs en composés odorants, une autre partie est dépourvue des terminaisons olfactives lui permettant de les déceler[32]. Ceci explique que certaines personnes ne perçoivent pas cette odeur particulière. À noter que la proportion des personnes ayant une métabolisation en composés soufrés odorants peut être très variable d'une population à l'autre. Alors que deux publications donnent une proportion comprise entre 40 et 45 % pour la population britannique, une autre donne 100 % (sur 103 personnes) en France[33] - [34].

Elle est diurétique, légèrement laxative et galactagogue.

Ce sont les racines qui étaient un peu utilisées en herboristerie. Les turions contiennent un grand nombre de vitamines (A et C), d'acides aminés et d'oligo-éléments.

Pline l'Ancien les conseillait comme aphrodisiaque.

Ravageurs et phytopathologie

Les maladies principales de l'asperge sont la fusariose, le rhizoctone violet, la rouille, la brûlure des aiguilles et la maladie des grains pourpres.

L'asperge est la cible de quelques ravageurs comme la mouche de l'asperge, le criocère de l'asperge, la mouche grise des semis et le puceron de l'asperge (brachycorynella asparagi). Cet aptère de 1,2 Ă  1,7 mm de couleur vert bleu grisâtre très rĂ©pandu aux États-Unis est dĂ©couvert en France en 1989 dans le Languedoc. Par ses piqĂ»res, il provoque des dĂ©formations de la plante. La synthèse des sucres bloquĂ©e entraine l'annĂ©e suivante un nanisme. En outre un champignon fusarium moniliforme (fusariose) peut entrainer en mode opportuniste le dĂ©pĂ©rissement des plantes affaiblies par le puceron. L'arrachement devient dès lors inĂ©vitable[35].

Le cossus de l'asperge (encore appelé cossus-touret ou chenille à fourreau de l'asperge, Parahypopta caestrum) est une espèce de lépidoptères de la famille des Cossidae dont la larve se nourrit sur diverses espèces du genre Asparagus.

Représentation dans l'art et la culture

Arts graphiques

Les reprĂ©sentations picturales les plus cĂ©lèbres sont celles d'Édouard Manet, Une botte d'asperges et L'Asperge, peintes toutes deux en 1880[36]. Le premier tableau, Botte d'asperges, est vendu Ă  Charles Ephrussi, le cĂ©lèbre critique et collectionneur d'art russe vivant Ă  Paris, au prix de 800 francs. L'acheteur est si content du tableau qu'il le lui règle 1 000 francs. En retour, Manet rĂ©alise alors pour lui un second tableau, reprĂ©sentant cette fois une seule asperge : L'Asperge.

Chansons

De nombreuses chansons populaires ont célébré l'asperge et sa suggestive forme phallique. L'une des plus célèbres est L'Hymne à l'asperge[37], paroles de Paul Clérouc[38] et musique de Fernand Heintz[39], créée en 1931 par Stello[40], chansonnier au Lapin Agile dans la première moitié du XXe siècle. On en citera le refrain bien connu[41] :

Asperge, asperge divine,
Pour nous, tu n’as que des appas :
Si les roses ont des Ă©pines,
Asperge, tu n’en as pas !

Littérature

Dans Du côté de chez Swann l'asperge est souvent évoquée par Marcel Proust. On peut notamment y lire cette description :

« ... mais mon ravissement était devant les asperges, trempées d'outre-mer et de rose et dont l'épi, finement pignoché de mauve et d'azur, se dégrade insensiblement jusqu'au pied - encore souillé pourtant du sol de leur plant - par des irisations qui ne sont pas de la terre. Il me semblait que ces nuances célestes trahissaient les délicieuses créatures qui s'étaient amusées à se métamorphoser en légumes et qui, à travers le déguisement de leur chair comestible et ferme, laissaient apercevoir en ces couleurs naissantes d'aurore, en ces ébauches d'arc-en-ciel, en cette extinction de soirs bleus, cette essence précieuse que je reconnaissais encore quand, toute la nuit qui suivait un dîner où j'en avais mangé, elles jouaient, dans leurs farces poétiques et grossières comme une féerie de Shakespeare, à changer mon pot de chambre en un vase de parfum. »

— Marcel Proust, Du côté de chez Swann

Histoire

Dans le calendrier républicain français, le 3e jour du mois de germinal, est officiellement dénommé jour de l'Asperge.

RĂ©emplois linguistiques

Depuis le XIXe siècle au moins, le mot asperge a désigné dans la langue familière ou argotique une personne mince et de grande taille[42] (métaphore d'après la forme). Cet usage a été noté en 1845, mais il est nécessairement antérieur. On relève également la variante asperge montée en graine[42].

Dans son usage argotique, le mot asperge désigne plus spécialement le pénis (autre métaphore d'après la forme), en particulier dans la locution aller aux asperges, « se livrer à la prostitution », attestée chez Auguste Le Breton dès 1960, mais elle aussi certainement antérieure[42] - [43]. Cet emploi à double sens du mot se retrouve par exemple dans le titre d'un roman de Frédéric Dard, Laissez pousser les asperges, paru en 1993[44].

Notes et références

  1. Michel Pitrat et Claude Foury, Histoires de légumes : Des origines à l'orée du XXIe siècle, Editions Quae, (lire en ligne), p. 181-184.
  2. Aline Raynal-Roques, La botanique redécouverte, Paris, Belin et INRA éd., coll. « Collection des nouvelles flores », , 512 p. (ISBN 978-2-7011-1610-5, BNF 35737753, lire en ligne), chap. 10 (« Décrire les plantes »), p. 358.
  3. Éric Birlouez, Petite et grande histoire des légumes, Quæ, coll. « Carnets de sciences », , 175 p. (ISBN 978-2-7592-3196-6, présentation en ligne), Une fabuleuse diversité, « Délicate asperge », p. 86-90.
  4. Benoît Larroque et Jean Favennec, Guide de la flore du littoral sableux méditerranéen : De la Camargue au Roussillon, Éditions Sud Ouest, , 277 p. (ISBN 9782817704487), p. 80
  5. Gibault, Georges, Histoire des légumes, (lire en ligne), p. 9.
  6. [ttp://www.tela-botanica.org/page:eflore?eflore_nom=Asparagus&eflore_referentiel=25&eflore_type_nom=nom_scientifique&module=recherche&action=recherche_nom
  7. (en) Pam Brunning, « Asparagus », Food & Wine, vol. 3,‎ , p. 6 (lire en ligne).
  8. Georges Gibault, Histoire des légumes, Librairie horticole (Paris), (lire en ligne), p. 7.
  9. Bernard Moreau, L'asperge, Paris, INVUFLEC, , 212 p., p. 3
  10. (en) Greg Frazier et Beverly Frazier, Aphrodisiac cookery, ancient & modern, Troubador Press, , p. 67.
  11. Gwenaëlle Leprat, « Les tomates de Provence passées au chinois », Commerce international,‎ (lire en ligne).
  12. Claire Doré, F. Varoquaux, Histoire et amélioration de cinquante plantes cultivées, Éditions Quae, (lire en ligne), p. 86-92.
  13. Consultation en ligne de la liste des variétés inscrites au catalogue officiel sur le site de Semae
  14. Plant variety database European commission.
  15. Martine Lizambard, Cuisine, Place Des Editeurs, , p. 7.
  16. Jean-Claude Ribaut, « Régal d'asperges et petits pois », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne).
  17. Jean-Marie Pelt, Des légumes (Livre numérique Google), Fayard, , p. 201.
  18. « FAOSTAT », sur fao.org (consulté le ).
  19. Marie-Pierre Arvy et François Gallouin, Légumes d'hier et d'aujourd'hui, Paris, Belin, coll. « Belin Science », , 607 p. (ISBN 978-2-7011-4205-0, BNF 41076883), page 46.
  20. « reussir.fr/fruits-legumes/l-al… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
  21. « Asperge », sur Les fruits et légumes frais — Interfel (consulté le ).
  22. « Les asperges, un légume tendre du printemps », sur Ministère de l'agriculture et de l'alimentation, (consulté le ).
  23. « Asperges du Blayais », sur APAB (consulté le ).
  24. « Asperge », sur Académie du goût (consulté le ).
  25. (en) Timothy Egan, « War on Peruvian Drugs Takes a Victim: U.S. Asparagus », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  26. (en) « FreshPlaza.com : Peruvian asparagus cultivation grows, export of fresh asparagus levels off », Fresh Plaza,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  27. (en) « Asparagus farmers lose to Peruvians », Capital Press,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  28. (en-US) « Asparagus: Draining Peru dry », Sustainable Food Trust,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  29. (en) S.C. Mitchell, « Beetroot and Asparagus », Drug Metabolism and Disposition, vol. 29, no 4 Pt 2,‎ , p. 539–534 (PMID 11259347, lire en ligne).
  30. Richer, Decker, Belin, Imbs, Montastruc, Giudicelli: "Odorous urine in man after asparagus", British Journal of Clinical Pharmacology, May 1989.
  31. Waring RH, Mitchell SC, Fenwick GR. The chemical nature of the urinary odour produced by man after asparagus ingestion, Xenobiotica. Nov;17(11):1363-71,1987.
  32. M.L. Pelchat, C. Bykowski, F.F. Duke et D.R. Reed, « Excretion and Perception of a Characteristic Odor in Urine after Asparagus Ingestion: a Psychophysical and Genetic Study », Chem. Senses,‎ (DOI 10.1093/chemse/bjq081).
  33. C. Richer, N. Decker, J. Belin, J.L. Imbs, J.L. Montastruc et J.F. Giudicelli, « Odorous urine in man after asparagus », British Journal of Clinical Pharmacology,‎ (lire en ligne [PDF]).
  34. Markt SC, Nuttall E, Turman C et al. Sniffing out significant “Pee values”: genome wide association study of asparagus anosmia, BMJ, 2016;355:i6071.
  35. M.Hullé, E.Turpeau, Y.Robert, Y.Monet les pucerons des plantes maraichères 1999 éd. INRA p. 66.
  36. L'Asperge D'Édouard Manet au musée d'Orsay.
  37. Catalogue BnF.
  38. Paul Clérouc (1885-1959), parolier, pseudonyme (et anagramme) de Philippe Henri Courcel; cf. catalogue BnF.
  39. Fernand Heintz, compositeur et chansonnier, né le 3 octobre 1878 à Sint-Niklaas (Belgique), et mort le 14 juin 1939; cf. catalogue BnF.
  40. Stello (1882-1945), pseudonyme de Paul Fichter; cf. catalogue BnF.
  41. On en trouvera le texte complet ici.
  42. Jean-Paul Colin, Dictionnaire de l’argot, Larousse, Paris, 1990, p. 18a.
  43. Alain Rey (sous la direction d’), Dictionnaire historique de la langue française, Dictionnaires Le Robert, Paris, 2e édition, 1998, t. I, p. 227b.
  44. San-Antonio, Laissez pousser les asperges, Fleuve Noir, coll. « San Antonio » no 119, 1993 (ISBN 2-265-04879-8).

Voir aussi

Bibliographie

  • François Couplan (ill. Eva Styner), Guide des plantes sauvages comestibles et toxiques, Lausanne, Delachaux et Niestle, , 415 p. (ISBN 978-2-603-00952-9 et 2-603-00952-4, OCLC 30633813)
  • Patricia Romatet, L'Asperge, dix façons de la prĂ©parer, Éditions de l'Épure, , 24 p., 12 Ă— 21,5 cm (ISBN 2-907687-90-5)
  • AndrĂ© Icard & AndrĂ©-Paul Weber (ill. Paul Wagner), Les recettes de la ConfrĂ©rie de l'Asperge, Éditions Ronald HirlĂ©, , 111 p., 20 Ă— 27 cm (ISBN 978-2914729482)

Articles connexes

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