Accueil🇫🇷Chercher

Archipel Juan Fernández

L'archipel Juan Fernández est un archipel du Chili situĂ© Ă  environ 675 kilomètres au large des cĂ´tes sud-amĂ©ricaines, dans l'Est de l'ocĂ©an Pacifique sud. L'Ă®le Alejandro Selkirk, la plus occidentale, est Ă  une distance de 749 km Ă  l'ouest-nord-ouest des cĂ´tes chiliennes de la rĂ©gion du Biobio (ConcepciĂłn), tandis que la plus orientale, l'Ă®le Robinson Crusoe, se trouve Ă  602 km des rives de la rĂ©gion du Maule. Administrativement, l'archipel fait partie de la rĂ©gion de ValparaĂ­so et constitue l'une des neuf municipalitĂ©s de la province.

Archipel Juan Fernández
Archipiélago Juan Fernández (es)
Carte de l'archipel Juan Fernández.
Carte de l'archipel Juan Fernández.
GĂ©ographie
Pays Drapeau du Chili Chili
Localisation Océan Pacifique
CoordonnĂ©es 33° 38′ 00″ S, 78° 48′ 00″ O
Superficie 99,6 km2
Nombre d'îles 3
ĂŽle(s) principale(s) ĂŽle Robinson Crusoe, ĂŽle Alejandro Selkirk
Point culminant Los Innocentes (1 650 m sur ĂŽle Alejandro Selkirk)
GĂ©ologie ĂŽles volcaniques
Administration
Statut Municipalité

RĂ©gion ValparaĂ­so
DĂ©mographie
Population 633 hab. (2002)
DensitĂ© 6,36 hab./km2
Plus grande ville San Juan Bautista
Autres informations
Fuseau horaire UTC-6
Site officiel www.comunajuanfernandez.cl
GĂ©olocalisation sur la carte : Chili
(Voir situation sur carte : Chili)
Archipel Juan Fernández
Archipel Juan Fernández
Archipels au Chili

L'archipel Juan Fernández est composé des îles Robinson Crusoe, Santa Clara et Alejandro Selkirk. L'île Robinson Crusoe est connue pour avoir hébergé le navigateur Alexandre Selkirk durant quatre ans et quatre mois, ce qui inspira Daniel Defoe pour le personnage de Robinson Crusoé

GĂ©ographie

Topographie

L'archipel est composé de trois îles volcaniques.

  • L'Ă®le Robinson Crusoe, anciennement Más a Tierra, est la seule Ă®le peuplĂ©e de l'archipel et la plus proche du continent sud amĂ©ricain. Elle s'Ă©tend sur 49,7 km2 et compte trois sommets : El Yunque (915 m), Alto (600 m) et Portezuelo (550 m).
  • L'Ă®le Alejandro Selkirk, anciennement Más Afuera, Ă  181 kilomètres Ă  l'ouest de l'Ă®le Robinson Crusoe. D'une superficie de 49,5 km2, elle accueille le point culminant de l'archipel, Los Inocentes, qui atteint 1 650 mètres d'altitude.
  • L'Ă®le Santa Clara, en espagnol : Isla Santa Clara, un Ă®lot situĂ© Ă  un kilomètre au sud ouest de l'Ă®le Robinson Crusoe, elle s'Ă©tend sur 2,2 km2 pour une altitude maximale de 375 mètres.

GĂ©ologie

Les îles de l'archipel Juan Fernández sont d'origine volcanique et leur création résulte d'un point chaud situé sous la plaque de Nazca. Elles ont ensuite dérivé à l'ouest du point chaud sous l'effet de la subduction de la plaque de Nazca sous la plaque sud-américaine.

Des datations radiométriques[1] indiquent que l'île Santa Clara est l'île la plus ancienne (5,8 millions d'années), suivie par Robinson Crusoé (3,8 à 4,2 millions d'années), et Alejandro Selkirk (1,0 à 2,4 millions d'années).

Climat

Bien que le climat de ces Ă®les soit subtropical, elles sont soumises aux effets de refroidissement des alizĂ©s du sud-est et du Courant de Humboldt, qui amène les eaux froides du fond de l'ocĂ©an près de l'Antarctique Ă  la surface du Pacifique le long de la cĂ´te du Chili[2]. La tempĂ©rature varie de 3 Ă  34 °C avec une moyenne annuelle de 15,4 °C et des gelĂ©es occasionnelles sur Selkirk.

Le niveau annuel moyen de prĂ©cipitations est de 1 081 mm avec des variations entre 318 et 1 698 mm. L'essentiel des prĂ©cipitations est regroupĂ© entre les mois de mars et dĂ©cembre avec une grande variabilitĂ© spatiale, les prĂ©cipitations augmentant en mĂŞme temps que l'altitude. Les rĂ©gions basses et occidentales de l'Ă®le Robinson Crusoe et de l'Ă®le Santa Clara sont ainsi très sèches, ne recevant de l'eau que lors de tempĂŞtes tropicales alors que dans les rĂ©gions plus Ă©levĂ©es des deux Ă®les principales, les prĂ©cipitations sont souvent quotidiennes (mais de courte durĂ©e) permettant le dĂ©veloppement de forĂŞts de fougères[2] - [3].

Relevé météorologique de Archipel Juan Fernández (période : 1981-2010)
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 16,4 16,6 16,1 14,6 13,1 11,8 10,8 10,4 10,4 11,3 12,7 14,7 13,2
Température moyenne (°C) 18,5 18,5 18,1 16,5 15 13,6 12,5 12,2 12,3 13,3 14,8 16,9 15,2
Température maximale moyenne (°C) 21,5 21,4 21,1 19,3 17,6 16,2 15 14,8 15 16 17,6 19,8 17,9
Record de froid (°C)
date du record
11,4
1992
4,2
1959
9
1971
4,2
1972
4,6
1963
4,8
1967
5
1968
3
1965
5
1965
6,2
1988
7,3
2018
9,2
1966
3
1988
Record de chaleur (°C)
date du record
28,8
2017
27,8
1968
27
1965
26
1970
24,9
2020
22,2
1994
22,6
2006
24,4
2006
21,8
1977
23,5
1964
25,2
1974
26,9
1982
28,8
2017
Ensoleillement (h) 248 209,1 158,1 123 108,5 99 93 105,4 147 204,6 249 260,4 2 005,1
PrĂ©cipitations (mm) 32,5 34,5 60,3 91,1 160,8 180,1 160,2 126,3 87,7 54,1 35,1 24,1 1 046,8
Nombre de jours avec précipitations 11 10 13 15 21 23 21 19 16 14 10 10 177
Humidité relative (%) 73 73 73 77 78 78 79 77 77 76 74 73 76
Source : DirecciĂłn MeteorolĂłgica de Chile (es)[4] - [5] - [6]Climat et tempĂ©rature (humiditĂ© et soleil)[7].
Diagramme climatique
JFMAMJJASOND
21,5
16,4
32,5
21,4
16,6
34,5
21,1
16,1
60,3
19,3
14,6
91,1
17,6
13,1
160,8
16,2
11,8
180,1
15
10,8
160,2
14,8
10,4
126,3
15
10,4
87,7
16
11,3
54,1
17,6
12,7
35,1
19,8
14,7
24,1
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm

Biodiversité

Carte des îles chiliennes pélagiques.
Carte localisant l'archipel Juan Fernandez par rapport au Chili continental.

Le nombre d'espèces de plantes et d'animaux que compte l'archipel est assez restreint, toutefois le taux d'endémisme, notamment végétal, y est élevé, plus de 64 %, l'un des plus forts taux de la planète. C'est l'une des raisons qui font que cet archipel, avec celui de Desventuradas, forme la phytorégion Fernandez définie par Armen Takhtajan[8]. Ceci peut être expliqué par l'origine volcanique de l'archipel ainsi qu'à son éloignement du continent qui implique que ces espèces ont dû parcourir un long chemin à travers l'océan pour l'atteindre. On y compte actuellement 233 espèces de plantes vasculaires répertoriées dont le fameux lactoris de Juan Fernandez.

Flore

De nombreuses espèces de fougères poussent dans les forĂŞts de montagne du sud-ouest. Thyrsopteris elegans y forme le sous-Ă©tage de cette forĂŞt dense Ă  une altitude de 400–1 000 m avec Dicksonia berteriana et les espèces de Blechnum. Les espèces d'arbres dominantes dans ces forĂŞts comprennent Cuminia, Fagara et Rhaphithamnus. Sur l'ĂŽle Alejandro Selkirk, D. berteriana est remplacĂ©e par Dicksonia externa qui pousse jusqu'Ă  une altitude d'au moins 1 050 m. La vĂ©gĂ©tation de ces Ă®les est unique non seulement par son niveau Ă©levĂ© d'endĂ©misme — 62,5 % des 150 espèces de plantes Ă  fleurs et cinquante espèces de fougères sont endĂ©miques — mais aussi par sa densitĂ© d'espèces et la densitĂ© de ces endĂ©mies, qui est plus Ă©levĂ©e que sur toute autre Ă®le ocĂ©anique. Thyrsopteris est l'un des douze genres endĂ©miques[2].

Faune

Pour l'avifaune, l'archipel comprend sept oiseaux endémiques :

Chez les mammifères, l'otarie de Juan-Fernandez (Arctocephalus philippii) de petite taille, avec de longues moustaches, paraissait éteinte mais a réapparu, car elle semble vivre dans les grottes. Enfin, la langouste de Juan-Fernandez (Jasus frontalis) constitue une des nombreuses espèces de crustacés qui peuplent l'archipel.

Menaces et conservation

Les visiteurs des îles signalent une destruction généralisée de la flore locale due à la prolifération des espèces exotiques. Certaines d'entre elles, comme Aristotelia chilensis, sont originaires du continent, tandis que d'autres, comme la ronce Rubus ulmifolius, ne sont pas indigènes et sont également gênantes sur le continent. Ces espèces végétales et animales non indigènes, ainsi que la pression humaine, sont très préjudiciables à l'équilibre de l'écosystème des îles, mettant ainsi la flore indigène en danger. En 1935, le gouvernement chilien a désigné les îles comme un parc national, et elles sont maintenant administrées par l'autorité chargée de la foresterie et de la conservation, la CONAF[2]. L'archipel a été classé réserve de biosphère par l'Unesco en 1977[9].

Autre cas d'implantation d'une espèce étrangère par l'homme : les chèvres domestiques abandonnées dans la nature par les navigateurs espagnols au XVIIe siècle. Alexandre Selkirk en domestiqua quelques-unes lors de son séjour solitaire (1704-1708) sur Màs-a-tierra - et les marins de George Anson les chassèrent lors de leur escale salvatrice en 1741. Elles contribuèrent certainement, comme dans le Bassin méditerranéen, à détériorer la flore locale, mais elles ont récemment retrouvé un intérêt scientifique et écologique : le Dr Jürgen Güntherschulze, zoologiste allemand, un des fondateurs de Arche Warder, une fondation soutenant une réserve d'espèces d'animaux domestiques en voie de disparition, s'est rendu sur l'île pour y prélever quatre chèvres, qu'il a installées dans sa réserve en Allemagne. Le génome de ces petites chèvres marron, vives et musclées, qui est un garant de rusticité et d'adaptabilité, et qui n'a sans doute pas été altéré en quatre siècles, est ainsi sauvegardé[10].

Histoire

La ville de San Juan Bautista sur l'île Robinson Crusoe.

Vide d'habitants, l'archipel est découvert par hasard le 22 novembre 1574 par le navigateur espagnol Juan Fernández lors d'un voyage entre le Pérou et Valparaíso après avoir légèrement dévié de l'itinéraire prévu. Il appelle alors les îles : Más Afuera, Más a Tierra et Islote de Santa Clara.

Au XVIe et XVIIIe siècles, l'archipel est utilisé comme cachette par les pirates. En 1704, Alexandre Selkirk, qui servit de modèle au personnage de fiction Robinson Crusoé, fit un séjour de 4 ans et quatre mois sur l'île de Mas a Tierra, avant de rentrer en Angleterre où Daniel Defoe rendit fameuse son histoire.

En 1741, une partie de l'escadre de l'amiral anglais George Anson y fait relâche après avoir payé un lourd tribut au scorbut depuis son passage du cap Horn.

En 1749, afin de se protéger des pirates, les Espagnols construisent le fort Santa Barbara sur l'île (aujourd'hui nommée Robinson Crusoé) qui est reconstruit en 1974 puis classé monument historique en 1979.

En 1765, John Byron s'arrête quelques jours sur l'île principale, après son deuxième passage du Détroit de Magellan et lors de son tour du globe.

En 1786, Joseph Townsend situe sur ces îles une fable où des chiens et des chèvres déposées par Juan Fernández entrent en compétition pour la nourriture. Cette fable lui sert à arguer, dans le débat pour l'abolition des poor laws qui a lieu en Angleterre à cette époque, que les « lois de la nature », ou les rapports « naturels » entre différentes populations ou classes sociales suffisent à créer spontanément un équilibre où chacun trouve son compte. D'après l'historien de la biologie André Pichot, cette fable inspirera Charles Darwin dans l'élaboration du mécanisme de la sélection naturelle, il en aurait pris connaissance grâce à la féministe néo-malthusienne Harriet Martineau que fréquentait son frère.

Le village de San Juan Bautista, dans la baie Cumberland, est fondé en 1877, par le baron suisse Alfred von Rodt à qui le Chili avait octroyé une autorisation d'exploitation des ressources naturelles de l'île.

À la suite du séisme survenu le 16 août 1906 à Valparaiso (magnitude 8,2), l'île Juan-Fernandez fut annoncée comme ayant totalement disparu, page 62 du n°525 du Journal des Voyages et des Aventures de Terre et de Mer, le 23 décembre 1906. L'article, signé A. Leblanc, est intitulé : « Une île historique, la Disparition de Juan-Fernandez » et détaille la biographie du marin écossais Alexandre Selkirk, qui inspira à Daniel de Foë son personnage de Robinson Crusoë.

En 1966, le gouvernement chilien renomme isla Más Afuera en isla Alejandro Selkirk et isla Más a Tierra en isla Robinson Crusoe dans le but d'y promouvoir le tourisme bien que Selkirk n'ait jamais posé le pied sur Más Afuera mais uniquement sur Más a Tierra.

DĂ©mographie

Équipage de pêcheurs de l'archipel.

Les habitants de l'île Robinson Crusoe sont des descendants des colons espagnols, ce qui explique leur lien avec le Chili. On y trouve aussi des descendants d'une famille française, les Charpentier.

L'archipel comptait 633 habitants en 2002[11] dont 598 vivaient dans la capitale San Juan Bautista sur la côte nord de l'île Robinson Crusoe. La population tend cependant à diminuer, principalement à cause des jeunes qui émigrent vers le Chili pour y trouver de meilleures opportunités ainsi qu'une vie moins isolée.

Les principales activités économiques sont le tourisme et la pêche à la langouste.

Notes et références

  1. (en) T.F. Stuessy, K.A. Foland, J.F. Sutter, R.W. Sanders et O.M. Silva, « Botanical and geological significance of potassium-argon dates from the Juan Fernández Islands. », dans Science, no 225, 1984, p. 49-51.
  2. (en) Andy Ensoll et Kate Matthews, « Cultivation of Thyrsopteris elegans », Sibbaldia: the International Journal of Botanic Garden Horticulture, no 2,‎ , p. 27–31 (ISSN 2513-9231, DOI 10.24823/Sibbaldia.2004.100, lire en ligne [PDF], consulté le ).
  3. (en) C. Skottsberg, « A supplement to the pteridophytes and phanerogams of Juan Fernandez and Easter Island » in C. Skottsberg, The natural history of the Juan Fernandez and Easter Islands, vol. 2, Botany. Almqvist & Wiskell, Uppsala, 1953a, p. 763-792.
  4. (es) « Estaciones en la Región de Magallanes y de la Antártica Chilena 102 Estaciones Encontradas », Dirección Meteorológica de Chile (consulté le ).
  5. (es) « Datos Normales y Promedios Históricos Promedios de 30 años o menos », sur Dirección Meteorológica de Chile (consulté le ).
  6. (es) « Estadistica Climatologica Tomo II », sur Dirección Meteorológica de Chile (consulté le ).
  7. (en) « San Juan Bautista, Robinson Crusoe Island, Juan Fernández Islands Weather Averages », sur Climate and Temperature (consulté le ).
  8. (en) A. Takhtajan, The Floristic Regions of The World, UC Press, Berkeley, 1986, p. 280-282.
  9. Biosphere Reserve Information, Chile, Juan Fernández, UNESCO.
  10. [vidéo] (de) Martin Ehrmann, Die vergessenen Tiere [« Les animaux oubliés »], Arte, .
  11. (es) « Censo 2002, Region de Valparaiso, Instituto Nacional de Estadísticas », consulté le .

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.