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EspĂšce envahissante

Une espĂšce envahissante, espĂšce envahissante exogĂšne[2] ou espĂšce exotique envahissante (EEE)[3] - [4] ou encore espĂšce introduite envahissante[5] est une espĂšce vivante exotique (ou allochtone, non indigĂšne, exogĂšne ou Ă©trangĂšre), un nĂ©ozoaire s'il s'agit d'un animal, qui devient un agent de perturbation nuisible Ă  la biodiversitĂ© autochtone des Ă©cosystĂšmes naturels ou semi-naturels parmi lesquels elle s’est Ă©tablie. Son explosion dĂ©mographique peut se traduire par une invasion biologique.

Renouée du Japon et autres plantes exotiques envahissantes qui affectent les écosystÚmes indigÚnes.
Miconia calvescens, originaire d'Amérique centrale est pointée dans l'accélération de l'érosion de la biodiversité d'archipels du Pacifique comme Hawaii.
En Europe, les « tortues de Floride » (Trachemys spp.) et autres émydidées nord-américaines relùchées par leurs propriétaires dans la nature pourraient concurrencer les espÚces natives comme la cistude.
L'eau des ballasts des navires de transport intercontinental, voire des péniches et bateaux de loisir : un des principaux vecteurs d'espÚces envahissantes.
Le poisson rouge, trÚs vorace et friand d'alevins ou de plantes aquatiques, peut causer de gros dégùts dans la nature. Une étude génétique a montré qu'en Angleterre la plupart des carassins communs étaient hybridés avec le poisson rouge (pollution génétique), ce qui pourrait poser des problÚmes à terme pour la survie des carassins sauvages.
Premiers enregistrements d'espÚces exotiques établies par région (continent et ßles) pour les principaux groupes taxonomiques. (A-f) La couleur et la taille des cercles indiquent le nombre de premiers enregistrements d'espÚces exotiques établies. Les cercles indiquent les premiers enregistrements sur de petites ßles et archipels autrement non visibles[1].
Tendances (sur continent et ßles pour les principaux groupes taxonomiques). Les données post-2000 (points gris) sont incomplÚtes et donc non-incluses dans l'analyse. L'alternance de bandes blanches/grises désigne les demi-siÚcles. Aucun effet de saturation n'est observé[1]
Il existe un lien entre les importations commerciales annuelles et les introductions, pour tous les groupes taxinomiques sauf pour les bactéries et des protozoaires. On n'observe aucun effet de saturation[1].

Le terme d’espĂšce invasive est un anglicisme rĂ©pandu qui a le mĂȘme sens, mais il est peu utilisĂ© dans les documents officiels en français[6] - [7]. L'espĂšce prolifĂ©rante est, quant Ă  elle, une espĂšce qui prĂ©sente des pullulations dans une zone dĂ©terminĂ©e, ces prolifĂ©rations pouvant survenir pour des espĂšces autochtones ou allochtones (par exemple celles Ă  l'origine de bloom algal ou bactĂ©rien).

De 2000 Ă  2017, les invasions biologiques ont continuĂ© Ă  se dĂ©velopper[1], Ă  cause du commerce international notamment[8]. Elles sont selon l’ONU devenues la seconde cause de rĂ©gression de la biodiversitĂ©[8] (avec la pollution, la fragmentation Ă©cologique des Ă©cosystĂšmes et la surexploitation des espĂšces, des milieux et ressources naturelles).

« Le qualificatif d'espĂšce envahissante dĂ©signe une espĂšce, une sous-espĂšce ou une entitĂ© de niveau taxonomique infĂ©rieur prĂ©sente hors de son aire de rĂ©partition ou de son aire de dispersion potentielle (c'est-Ă -dire hors de la zone gĂ©ographique qu’elle occupe naturellement ou peut occuper sans intervention humaine par introduction volontaire ou involontaire) et est applicable Ă  toute partie d’un individu (gamĂšte ou propagule) susceptible de survivre et de se reproduire[9]. »

En réalité, il faudrait parler de population envahissante et non d'espÚce envahissante, et chez certaines espÚces, seules quelques sous-espÚces sont devenues envahissantes (ex. : Codium fragile ssp. tomentosoides, au sein des Codium). En Europe, on appelle parfois néophyte une espÚce apparue aprÚs la découverte de l'Amérique (ou à partir de 1500)[10].

La biodiversitĂ©, lorsqu'elle n'est pas perturbĂ©e est en soi un facteur de rĂ©silience et de limitation de l'invasivitĂ© de nombreuses espĂšces introduites[11] - [12]. L'artificialisation d'un milieu est facteur d'invasivitĂ© d'espĂšces qui ne le seraient pas ailleurs[13]. L'ONU, l'UICN[14] et les scientifiques estiment que parallĂšlement Ă  la dĂ©gradation, fragmentation et disparition des habitats, l’introduction d'espĂšces animales ou vĂ©gĂ©tales (voire de fonge) exogĂšnes et les dĂ©gĂąts liĂ©s Ă  leur extension sont devenus l'une des causes majeures de rĂ©gression de la diversitĂ© biologique, dans le monde comme en France[15].

Apparition de la notion et définitions

La notion Ă©cologique d'espĂšce envahissante est rĂ©cente. Pour la comprendre, il faut savoir que les Ă©quilibres entre espĂšces au sein des Ă©cosystĂšmes, Ă  Ă©chelle de temps humaine au moins, sont relativement bien Ă©tablis. Sans intervention humaine, les phĂ©nomĂšnes d'extension brutale de l'aire de rĂ©partition d'une espĂšce (dite envahissante) sont extrĂȘmement rares (voir chorologie). L'homme, depuis qu'il a dĂ©veloppĂ© la chasse, l'agriculture et l'Ă©levage, et plus encore depuis qu'il dispose de moyens techniques lui permettant d'ĂȘtre prĂ©sent et de se dĂ©placer rapidement sur tous les continents, est devenu le principal vecteur de dĂ©placements d'espĂšces, volontairement ou accidentellement. Certaines sont devenues envahissantes lorsque la chasse a fait disparaĂźtre leur prĂ©dateur ou lorsque l'homme leur a offert une alimentation facile ou de nouveaux milieux faciles Ă  coloniser (par exemple pour le sanglier qui bĂ©nĂ©ficie de cultures et forĂȘts monospĂ©cifiques notamment ou encore de l'agrainage). Parfois, elles colonisent simplement l'aire de rĂ©partition et la niche Ă©cologique d'espĂšces que l'homme a fait disparaĂźtre ou a affaibli.

Beaucoup d'espÚces introduites l'ont été involontairement ; le ballastage et déballastage des navires de commerce, le transport par les coques de péniches et de navires par exemple, est un vecteur d'introduction d'espÚces qui a d'abord été ignoré, puis sous-estimé, et contre lequel peu de mesures sont prises. Certains comme Charles-François Boudouresque préfÚrent parler d'espÚces introduites pour marquer ce fait, mais toutes les espÚces introduites ne se naturalisent pas, ni ne produisent une invasion biologique. Certaines demeurent trÚs dépendantes des conditions artificielles provoquées par l'homme. La majorité des plantes exotiques sont stoppées par les changements de l'écosystÚme et par les interactions avec les populations indigÚnes.

Dans un environnement prĂ©sentant une forte biodiversitĂ©, les ressources sont rares, elles sont dĂ©jĂ  utilisĂ©es par les populations indigĂšnes. En outre, une forte biodiversitĂ© induit la prĂ©sence d’un prĂ©dateur efficace pour Ă©radiquer la plante envahissante. En d’autre terme, une espĂšce Ă©trangĂšre a la possibilitĂ© d’envahir un Ă©cosystĂšme pauvre en espĂšces si elle arrive sans maladies, parasites et/ou consommateurs (thĂ©orie d'allocation des ressources : hypothĂšse de l'accroissement de la compĂ©titivitĂ© des espĂšces non indigĂšnes (en)[16] versus hypothĂšse de libĂ©ration des ennemis (en) naturels[17]).

Les populations naturalisĂ©es Ă©chappent souvent au contrĂŽle humain, mais toutes ne deviennent pas envahissantes. Williamson (en) a dĂ©fini la rĂšgle des 3 x 10 (appelĂ©e aussi la « rĂšgle des 10 % »)[18] en 1996 (nombre de taxons invasifs dix fois infĂ©rieur au nombre de taxons naturalisĂ©s, lui-mĂȘme dix fois infĂ©rieur au nombre de taxons exotiques fugaces qui correspondent au dixiĂšme des espĂšces introduites[19] qu'environ une espĂšce introduite sur mille devient envahissante, c'est-Ă -dire induit un impact Ă©cologique (Cf. dĂ©finition) mais cette notion a tout d'abord Ă©tĂ© une notion anthropique parce ce sont les impacts Ă©conomiques ou sociaux sĂ©rieux que les humains ont remarquĂ© en premier lieu.

ÉlĂ©ments de dĂ©finition

Le terme de « plantes transformatrices » (de l'anglais transformers) désigne des plantes envahissantes causant des dommages avérés et importants sur le fonctionnement des écosystÚmes[20].

En Europe

Des définitions officielles ont été publiées en 2010 :

EspĂšce exotique

tout spĂ©cimen vivant d'une espĂšce, d'une sous-espĂšce ou d'un taxon de rang infĂ©rieur d'animaux, de vĂ©gĂ©taux, de champignons ou de micro-organismes introduit en dehors de son aire de rĂ©partition naturelle, y compris toute partie, gamĂšte, semence, Ɠuf ou propagule de cette espĂšce, ainsi que tout hybride ou toute variĂ©tĂ© ou race susceptible de survivre et, ultĂ©rieurement, de se reproduire ;

EspĂšce exotique envahissante

une espÚce exotique dont l'introduction ou la propagation s'est révélée constituer une menace pour la biodiversité et les services écosystémiques associés, ou avoir des effets néfastes sur la biodiversité et lesdits services ;

EspÚce exotique envahissante préoccupante pour l'Union

une espÚce exotique envahissante dont les effets néfastes ont été jugés de nature à exiger une action concertée au niveau de l'Union en vertu de l'article 4, paragraphe 3 ;

EspĂšce exotique envahissante prĂ©occupante pour un État membre

une espĂšce exotique envahissante autre que les espĂšces exotiques envahissantes prĂ©occupantes pour l'Union, pour laquelle un État membre considĂšre, en s'appuyant sur des donnĂ©es scientifiques, que les effets nĂ©fastes de sa libĂ©ration et de sa propagation, mĂȘme s'ils ne sont pas pleinement dĂ©montrĂ©s, sont lourds de consĂ©quences pour son territoire, ou une partie de celui-ci, et requiĂšrent une action au niveau de l'État membre concernĂ©.

Impacts des espĂšces envahissantes

Impacts sur la biodiversité

Les plantes envahissantes dĂ©jĂ  prĂ©sentes peuvent dĂ©stabiliser le milieu et favoriser l’implantation d’autres vĂ©gĂ©taux Ă©trangers. Au fur et Ă  mesure que l’écosystĂšme se dĂ©grade Ă  cause des invasions biologiques, la rĂ©ussite invasive des organismes suivants augmente.

Certaines plantes ou espĂšces (animal, champignon) introduites, devenues trĂšs invasives, ont des impacts considĂ©rables sur la biodiversitĂ©, soit par la concurrence qu'elles exercent pour l'espace oĂč elles croissent (ex : Caulerpa taxifolia en MĂ©diterranĂ©e, appelĂ©e algue tueuse par les mĂ©dias), soit indirectement par des substances Ă©cotoxiques ou inhibitrices qu'elles Ă©mettent pour d'autres espĂšces, ou simplement parce qu'elles ne sont pas consommables par les herbivores natifs ou d'autres animaux autochtones. Elles posent de graves problĂšmes de pollution gĂ©nĂ©tique, par hybridation avec des espĂšces parentes. Elles peuvent aussi ĂȘtre sources d'Ă©pidĂ©mies (zoonoses et parasitoses en particulier). Elles sont, selon l'Ă©valuation des Ă©cosystĂšmes pour le millĂ©naire (2005), la seconde cause de rĂ©gression de la biodiversitĂ© et elles ont causĂ© la moitiĂ© des disparitions identifiĂ©es depuis 400 ans, ce qui en fait une menace pour de nombreuses autres espĂšces et pour certains services Ă©cosystĂ©miques dans le contexte du changement global[21]. Usher estimait dĂ©jĂ  en 1988 qu'aucune zone n'Ă©tait Ă©pargnĂ©e, sauf peut-ĂȘtre l'Antarctique[22]. Les zones humides, qui ont toujours Ă©tĂ© des couloirs de migration pour l'homme, et des couloirs de dispersion via les cours d'eau et les crues y sont trĂšs vulnĂ©rables (Moyle and Light, 1996 ; van der Velde et al., 2006). Elles ne couvrent plus que 6 % environ de la surface de la terre, mais on y trouve 24 % (8 sur 33) des plantes classĂ©es comme Ă©tant les plus envahissantes au monde (Zedler and Kercher, 2004).

Une zone à Beekbergen (Pays-Bas), envahie par la renouée du Japon en quelques années.

À titre d'exemple, la renouĂ©e du Japon, envahisseuse des berges de cours d'eau et de certains talus d'infrastructure, fait significativement reculer la biodiversitĂ© lĂ  oĂč elle s'Ă©tend en taches trĂšs monospĂ©cifiques. Il Ă©tait visible que sa progression se faisait toujours au dĂ©triment de la flore locale (herbacĂ©es notamment), mais une Ă©tude rĂ©cente a montrĂ© que la diversitĂ© en vertĂ©brĂ©s et surtout en invertĂ©brĂ©s en pĂątissent aussi : l'abondance totale des invertĂ©brĂ©s chute en moyenne d’environ 40 % sur les cours d'eau inventoriĂ©s, tandis que le nombre de leurs groupes (taxons) chute lui de 20 Ă  30 %. Secondairement — comme d'autres plantes envahissantes —, la renouĂ©e fait reculer les populations d’amphibiens, reptiles, et oiseaux ainsi que de nombreux mammifĂšres des habitats ripicoles, car ces derniers dĂ©pendent directement ou indirectement des espĂšces herbacĂ©es autochtones et/ou des invertĂ©brĂ©s associĂ©s pour leur survie[23]. De plus, la renouĂ©e s'installe plus facilement sur des nĂ©o-sols et milieux dĂ©gradĂ©s, pauvres en biodiversitĂ©.

Selon Jacques Tassin[24], les invasions biologiques sont un peu facilement implicitement accusĂ©es « d’appauvrir les milieux naturels, alors qu'elles ne sont souvent que les rĂ©vĂ©latrices de dĂ©gradations liĂ©es Ă  l’Homme ».

Impacts écoépidémiologiques

On sait que, de maniÚre générale, un nombre élevé d'espÚces natives (biodiversité) limite les risques de grandes épidémies[25] - [26].

Le risque de persistance d'une maladie varie néanmoins selon les relations prédateur-proie et de compétition entre espÚces[27]. Le nombre d'espÚces-hÎtes pour un pathogÚne ou parasite a également une importance[28].

Les espĂšces envahissantes prĂ©sentent des dynamiques de population trĂšs particuliĂšres, qui modifient parfois fortement la dynamique des agents pathogĂšnes enzootiques, en cassant les Ă©quilibres Ă©coĂ©pidĂ©miologiques en place[29]. Leur contribution Ă  la diffusion de pathogĂšnes et de maladies Ă©mergentes pourrait avoir Ă©tĂ© sous-estimĂ©e, tant au sein de l'humanitĂ© (pour des maladies Ă©mergentes telles que le West Nile Virus par exemple[30] - [31]), que pour le monde sauvage[32]. Elles pourraient ainsi parfois accĂ©lĂ©rer, aggraver certaines zoonoses (ex. : l'Ă©cureuil gris invasif transporte un microbe qui tue l'Ă©cureuil roux). Elles peuvent aussi accroĂźtre certains risques Ă©pidĂ©miologiques pour l'humanitĂ©. Par exemple, la prĂ©valence des hantavirus augmente statistiquement nettement dans les zones oĂč la biodiversitĂ© des rongeurs est plus faible[33].

Selon les modĂšles thĂ©oriques, quand une espĂšce envahissante naĂŻve entre dans un systĂšme hĂŽte-parasite Ă©tabli, ce nouvel hĂŽte peut tantĂŽt rĂ©duire (« diluer ») ou augmenter (« spill-back ») la transmission des agents pathogĂšnes pour les espĂšces-hĂŽtes indigĂšnes. Les donnĂ©es empiriques sont assez rares, notamment concernant les agents pathogĂšnes des animaux. À titre d'exemple, le Buggy Creek virus (BCRV) (alphavirus transportĂ©s par des arthropodes et transmis via la piqĂ»re de Oeciacus vicarius) Ă  l'hirondelle Ă  front blanc (Petrochelidon pyrrhonota) dont la reproduction est coloniale) a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© de ce point de vue. Dans l'ouest du Nebraska, le moineau domestique (Passer domesticus) a envahi des falaises qui abritaient des colonies de reproduction d'hirondelles (il y a environ 40 ans)[34]. Ils ont Ă©tĂ© exposĂ©s au virus BCRV. Une Ă©tude a Ă©valuĂ© l'impact de cette exposition et comment l'ajout de moineaux domestiques Ă  ce systĂšme hĂŽte-parasite a affectĂ© la prĂ©valence et l'amplification d'une lignĂ©e « aviaire » du virus BCRV. Les chercheurs ont constatĂ© que la prĂ©valence de l'infection chez les moineaux Ă©tait huit fois celle des hirondelles Ă  front blanc. Et les hirondelles nichant dans une colonie mixte Ă©taient beaucoup moins susceptibles d'ĂȘtre infectĂ©es que les moineaux dans les colonies monospĂ©cifiques. Les moineaux infectĂ©s par le BCRV Ă©taient en outre infectĂ©s avec des titres (teneur des prĂ©lĂšvements en virus) plus Ă©levĂ©s que ceux des hirondelles Ă  front blanc (et donc a priori plus contagieux ou diffusants)[34]. Le BCRV recherchĂ© chez les insectes sur le site a Ă©tĂ© positivement associĂ© Ă  la prĂ©valence du virus chez les moineaux domestiques, mais non avec la prĂ©valence du virus chez les hirondelles « des falaises ».

Dans ce cas, l'introduction d'une espÚce-hÎte trÚs sensible au virus, a conduit à pérenniser l'épizootie. Les moineaux envahissants ont sans doute un certain avantage (dilution du risque) à se mélanger avec des hirondelles qui résistent mieux qu'eux au microbe, mais peuvent augmenter la probabilité que les hirondelles soient infectées[35].

Impacts Ă©conomiques

Dans le monde : rien que pour les dégùts induits par des insectes introduits et devenus envahissants, les coûts ont été évalués à au moins 70 milliards d'euros par an dans le monde[8].

La revue Nature publie le une Ă©tude du laboratoire « Écologie, SystĂ©matique et Évolution » (universitĂ© Paris-Saclay) sur le coĂ»t global, pour l'Ă©conomie mondiale, des espĂšces exotiques envahissantes, qui a mobilisĂ© une centaine d'experts de quarante pays. Elle Ă©value ce coĂ»t Ă  1 288 milliards $ sur cinquante ans (1970-2020) ; il augmente rapidement, doublant en six ans ; sur la seule annĂ©e 2017, il a reprĂ©sentĂ© prĂšs de 163 milliards $, montant du mĂȘme orde de grandeur que le coĂ»t des catastrophes naturelles de 2020 estimĂ© par l'assureur Swiss Re Ă  202 milliards $[36].

En Europe : chiffrer ces impacts dans leur ensemble semble impossible, mais de nombreuses Ă©tudes cherchent par espĂšce ou pour une activitĂ© humaine ou pour un territoire donnĂ© Ă  commencer Ă  les chiffrer. Selon les donnĂ©es rĂ©unies pour produire l'Ă©tude d'impact du rĂšglement europĂ©en de 2014 sur la prĂ©vention et la gestion de l’introduction et de la propagation des espĂšces exotiques envahissantes[37] il y aurait vers 2010 plus de 1500 EEE repĂ©rĂ©es dans le territoire europĂ©en, et elles coĂ»teraient plus de 12 milliards d’euros par an aux États-membres[38].

Aedes (Stegomyia) albopictus, surnommé « moustique tigre », bien caractérisé par une ligne blanche longitudinale unique visible sur le scutum (« dos » du moustique). Il est l'une des espÚces envahissantes classées parmi les plus nuisibles au XXIe siÚcle.

En France : selon une Ă©tude (2015)[39] du CGDD, pour la pĂ©riode 2009-2013, d'aprĂšs les rĂ©sultats d'un questionnaire d’enquĂȘte faite auprĂšs des services de l’État, des collectivitĂ©s, des Ă©tablissements publics, des gestionnaires d’espaces naturels, des chercheurs et d'entreprises concernĂ©es, croisĂ© avec une analyse bibliographique et des entretiens (faits en mĂ©tropole et en outre-mer), les EEE pour lesquelles des donnĂ©es suffisantes sont disponibles coĂ»teraient en moyenne 38 millions d'euros par an (dĂ©penses occasionnĂ©es + pertes/dĂ©gĂąts)[38]. Au vu du coĂ»t de gestion et des dĂ©gĂąts, les 11 espĂšces les plus citĂ©es par les personnes et collectivitĂ©s enquĂȘtĂ©es (correspondant Ă  58 % des dĂ©penses) Ă©taient : le moustique-tigre (en mĂ©tropole et en outre-mer), le cerf de Java et le cochon fĂ©ral en Nouvelle-CalĂ©donie, les jussies, les Ă©lodĂ©es, le ragondin et le rat musquĂ© en mĂ©tropole, le rat, le chat et la souris grise en outre-mer, et les renouĂ©es en mĂ©tropole[39]. L'Ă©tude prĂ©cise que « la plupart des EEE qui sont les plus coĂ»teuses aujourd’hui ont Ă©tĂ© introduites de façon volontaire, Ă  l’exception notable du moustique-tigre, de l’ambroisie, du frelon asiatique et de plusieurs champignons »[39] et pour plus de 600 espĂšces suivies en France, 11 % concentreraient prĂšs de 60 % des dĂ©penses (avec, parmi les espĂšces animales, le moustique-tigre en premiĂšre source de coĂ»ts, et, parmi les vĂ©gĂ©taux, la renouĂ©e du Japon)[8].

Impacts sur le fonctionnement des Ă©cosystĂšmes

Une espĂšce envahissante peut affecter le fonctionnement d’un Ă©cosystĂšme de bien des façons et Ă  tous les niveaux. Elle est susceptible de modifier les facteurs biotiques et abiotiques du milieu, positivement, nĂ©gativement, les deux, ou n’avoir aucun effet. Ces effets Ă©tant contexte dĂ©pendants, il est difficile de gĂ©nĂ©raliser et donc nĂ©cessaire de s’appuyer sur des exemples.

Impacts sur les flux

L’effet le plus retrouvĂ© dans la littĂ©rature provient de l’impact des espĂšces envahissantes sur le fonctionnement des cycles du carbone et de l’azote. Ehrenfeld (2010)[40] met en Ă©vidence que dans la grande majoritĂ© des Ă©tudes, les espĂšces envahissantes sont associĂ©es Ă  une augmentation des rĂ©serves de carbone et d’azote dans les Ă©cosystĂšmes (il note cependant que cela est trĂšs dĂ©pendant du contexte, et qu’il n’est pas toujours facile de faire des gĂ©nĂ©ralitĂ©s, notamment pour l’azote), que ce soit en milieu terrestre ou marin. Il illustre ainsi ses propos Ă  travers diffĂ©rents exemples.

Le premier concerne l'accroissement des concentrations en nutriments dans l’environnement, notamment par excrĂ©tions. En environnements marins particuliĂšrement, les excrĂ©tions d’azote, sous forme liquide ou en tant que fĂšces, concentrent d’autant plus le milieu en ces Ă©lĂ©ments lorsqu'il s’agit d’espĂšces envahissantes.

Comme autre exemple, les fourmis peuvent avoir un effet similaire sur les écosystÚmes. En modifiant leur milieu, elles changent la répartition des nutriments dans le sol, en les concentrant au niveau des couches inférieures. De plus, la construction de la fourmiliÚre concentre les nutriments au sein de leur habitat, au détriment des autres organismes du sol.

En plus de modifier le sol en gĂ©nĂ©ral, les espĂšces envahissantes peuvent affecter la dĂ©composition de la litiĂšre, et donc modifier les cycles biogĂ©ochimiques, en Ă©liminant les dĂ©tritivores et dĂ©composeurs s’y trouvant.

Ehrenfeld (2010)[40] soulĂšve Ă©galement un point important concernant la productivitĂ© d’un Ă©cosystĂšme : dans la grande majoritĂ© des cas d’invasions, l’écosystĂšme aura une productivitĂ©, et donc une biomasse plus importante qu’en l’absence d’envahisseur. Ainsi, les limites de la productivitĂ© d’un Ă©cosystĂšme semblent repoussĂ©es par la prĂ©sence d’espĂšce(s) envahissante(s).

La modification dans les flux peut gĂ©nĂ©rer des impacts Ă©cologiques se propageant tout le long du rĂ©seau trophique et dĂ©clenchant des cascades trophiques. La moule par exemple est une espĂšce qui modifie la dominance des voies Ă©nergĂ©tiques et le flux des nutriments dans les Ă©cosystĂšmes d’eau douce (lacs et les riviĂšres)[41]. Cette Ă©tude montre que la moule zĂ©brĂ©e (Dreissena polymorpha) et la moule quagga (D.rostriformis bugensis) sont responsables de l’augmentation de la quantitĂ© de phosphore soluble dans l’habitat, ce qui joue un rĂŽle dans la productivitĂ© d’espĂšces benthiques autotrophiques. Est Ă©galement associĂ©e une baisse de la biomasse du phytoplancton, du zooplancton et du zoobenthos profond. Au niveau du littoral benthique est observĂ©e une modification de la circulation d’énergie, ce qui a pour consĂ©quences l’amĂ©lioration de la clartĂ© de l’eau, la diminution de la biomasse de phytoplancton, une diminution du zoobenthos profond et une augmentation du phosphore soluble. Cela est bĂ©nĂ©fique pour un grand nombre de groupes associĂ©s avec un habitat littoral benthique (macrophytes, zoobenthos du littoral par exemple).

Ainsi, l’introduction d’une espĂšce dans un Ă©cosystĂšme avec un rĂ©seau trophique complexe peut mener Ă  des modifications importantes de la structure et de la fonction de tout l’écosystĂšme.

Les changements dans les flux de carbone peuvent Ă©galement concerner les Ă©missions de gaz Ă  effet de serre, comme le montre l’étude de Gao (2017)[42]. Originaire du nord des États-Unis, Spartina alterniflora a envahi les Ă©cosystĂšmes de mangroves de la riviĂšre Zhanjiang (Chine) en 1979 et modifie les flux de carbone de cet Ă©cosystĂšme. Les Ă©missions de mĂ©thane (CH4) y sont en effet 57 fois plus importantes comparĂ©es Ă  des Ă©cosystĂšmes non envahis. Puisque le CH4 a un potentiel de rĂ©chauffement global bien supĂ©rieur Ă  celui du dioxyde de carbone (CO2), l’effet des Ă©missions totales de gaz Ă  effet de serre est consĂ©quent. De plus, cette augmentation des Ă©missions de CH4 pourrait ĂȘtre la consĂ©quence du changement des communautĂ©s microbiennes dĂ©clenchĂ© par S.alterniflora, puisqu’une augmentation de la biomasse microbienne a Ă©tĂ© observĂ©e aprĂšs l’invasion de S.alterniflora.

Impacts sur les feux

En plus des flux, les feux sont des Ă©lĂ©ments importants dans les Ă©cosystĂšmes, et leur modification Ă  la suite d’invasions a souvent des consĂ©quences sur l’ensemble de l’écosystĂšme[43] - [44] - [40].

Les plantes sont un Ă©lĂ©ment extrĂȘmement important pour les feux, puisqu’elles servent de combustibles. Des espĂšces envahissantes ayant des propriĂ©tĂ©s physiques et chimiques diffĂ©rentes d’espĂšces natives sont ainsi susceptibles de changer les rĂ©gimes de feux (par exemple, une plante grasse possĂšde plus d’eau dans ses tissus, et une invasion par ce type de plante aura tendance Ă  diminuer la frĂ©quence et l’intensitĂ© des feux).

Selon Brooks et al. (2004)[44], le rĂ©gime de feu est considĂ©rĂ© comme changĂ© lorsque l’on observe une altĂ©ration persistante dans le temps de celui-ci. Une rĂ©troaction positive se met alors en place entre les feux et l’espĂšce envahissante, permettant un renforcement des deux partis, et souvent une exclusion des espĂšces natives. Une fois ce cap passĂ©, il devient trĂšs difficile (et coĂ»teux), voire parfois mĂȘme impossible de restaurer les communautĂ©s prĂ©cĂ©demment existantes.

En plus du problĂšme de la restauration des communautĂ©s, le passage d’un feu peut diminuer les quantitĂ©s d’azote disponibles dans l’écosystĂšme. Ehrenfeld (2010)[40] prĂ©sente le cas de l’introduction d’Andropogon sp. en Australie, qui a eu pour consĂ©quence un sol appauvri de 113 % en azote par rapport aux espĂšces endĂ©miques. TrĂšs combustible, Andropogon sp. intensifie la frĂ©quence de survenu des incendies, ce qui diminue drastiquement et durablement les rĂ©serves azotĂ©es. De plus, en milieu aride, il y a trop peu de pluie pour aider Ă  restaurer le pool initial d’azote, de ce fait, 10 annĂ©es seraient nĂ©cessaires pour le restaurer.

Changement physique de l’habitat

Un autre impact important dans les changements du fonctionnement des Ă©cosystĂšmes est le changement de la structure physique de l’habitat. Ces impacts structuraux changent Ă©galement bien sĂ»r les flux, mais la modification physique de l’habitat en elle-mĂȘme peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme un impact, selon Simberloff (2011)[43]. Plusieurs exemples sont ainsi identifiables dans la littĂ©rature.

L’invasion de la carpe commune (Cyprinus carpio) dans un grand nombre de lacs en AmĂ©rique du Nord, au XIXe siĂšcle (Bajer et al., 2016)[45] a causĂ© la modification de structure la physico-chimie de l’habitat. En effet, la biomasse de carpe est inversement corrĂ©lĂ©e avec la couverture vĂ©gĂ©tale et la diversitĂ© des vĂ©gĂ©taux aquatiques, ce qui induit une baisse de la filtration du milieu par les plantes aquatiques et donc une augmentation des particules en suspension dans l’eau. Il est aussi observĂ© une augmentation de la turbiditĂ© de l’eau et donc une baisse de la pĂ©nĂ©tration de la lumiĂšre, qui a en gĂ©nĂ©ral un impact sur tous les niveaux trophiques de l’écosystĂšme.

Un second exemple est celui du Castor Nord-AmĂ©ricain (Castor canadensis). Il a Ă©tĂ© introduit en 1946 dans la rĂ©serve de la biosphĂšre du Cap Horn (CHBR) dans le sud du Chili[46]. Le castor est considĂ©rĂ© comme une espĂšce envahissante ingĂ©nieure d’écosystĂšme, son introduction a ainsi profondĂ©ment altĂ©rĂ© la structure physique des Ă©cosystĂšmes. Tout d’abord en augmentant la rĂ©tention de matiĂšre organique, mais aussi en changeant les communautĂ©s locales, en diminuant la diversitĂ© de macroinvertĂ©brĂ©s benthiques (tout en augmentant leur biomasse) et en augmentant l’abondance des espĂšces restantes. De plus, il y a une modification des groupes fonctionnels par une augmentation de biomasse des macroinvertĂ©brĂ©s prĂ©dateurs et chasseurs ainsi qu’une diminution des broyeurs et filtreurs. Enfin, la modification de l’habitat a augmentĂ© la production secondaire.

Le castor modifie donc fortement l’habitat en changeant les ressources en nutriments, les liens trophiques et les ressources physiques de l’habitat.

Tous ces changements peuvent ĂȘtre rĂ©pertoriĂ©s Ă  Ă©chelle locale, comme le cas du castor[46] Ă  l’échelle de sa riviĂšre, mais peuvent ĂȘtre d’une plus grande ampleur et concerner des surfaces bien plus importantes.

Un problĂšme trĂšs mĂ©diatisĂ© ces derniĂšres annĂ©es, prĂ©sentĂ© par Veiga et al (2018)[47], est le cas de l’invasion de Sargassum muticum oĂč S. flavifolium est endĂ©mique. Les macroalgues comme celles-ci sont considĂ©rĂ©es comme espĂšces ingĂ©nieures, confĂ©rant habitats et ressources Ă  une grande diversitĂ© d’espĂšces en plus de rĂ©guler les flux.

Il s’est avĂ©rĂ© que S. muticum renferme une biodiversitĂ© plus faible que S. flavifolium, notamment dĂ» au couvert moins important et plus Ă©pars comparĂ© Ă  S. flavifolium. De plus, un nombre plus faible d’espĂšces endĂ©miques aux Sargasses natives a Ă©tĂ© observĂ©. En impactant la biodiversitĂ©, tout le rĂ©seau trophique, ici de haut niveau Ă  forte production primaire, se retrouve affectĂ©, en modifiant surtout les top-prĂ©dateurs et les espĂšces intermĂ©diaires en recrutant plutĂŽt des gĂ©nĂ©ralistes.

Effet de latence

Des effets dits de latence (« lag ») quant Ă  l’impact d’une espĂšce envahissante sur un Ă©cosystĂšme sont Ă©galement Ă  mentionner. Ce phĂ©nomĂšne peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un dĂ©calage entre le moment de l’invasion et le moment oĂč l’espĂšce envahissante affectera significativement l’écosystĂšme[43]. Simberloff (2011)[43] donne l’exemple de l’impact de la fourmi Anoplolepis gracilipes sur les populations de crabes Gecarcoidea natalis, sur Christmas Island. La fourmi a envahi l’üle, mais n’a eu d’effet sur les crabes que lors d’une seconde invasion, celles des hĂ©miptĂšres Coccus celatus et Tachardina aurantiaca (l’origine de ces derniers n’est pas confirmĂ©e). La consĂ©quence a Ă©tĂ© la dĂ©cimation des populations de crabes, ainsi qu’un changement dans la litiĂšre du sol, puisque des plantes auparavant contrĂŽlĂ©es par les populations de Gecarcoidea natalis ont pu se dĂ©velopper, permettant Ă©galement l’expansion de l’escargot Africain gĂ©ant, Lissachatina fulica.

Impacts positifs

Il est important de prĂ©ciser que seuls les effets nĂ©gatifs imposĂ©s au fonctionnement d’un Ă©cosystĂšme ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s jusqu’à prĂ©sent. Or, S.muticulum, par exemple, peut Ă©galement avoir un impact positif (Veiga et al., 2018). En effet, S.muticulum montre une augmentation de sa biomasse en saison chaude. Ainsi, avec une surface plus importante, elle domine l’écosystĂšme et peut confĂ©rer un renforcement positif des liens trophiques ainsi amplifiĂ©s par rapport aux sargasses endĂ©miques.

Les Leucaena leucocephala, envahissants notamment en Nouvelle-Calédonie, fixent néanmoins d'importantes quantités d'azote dans le sol.

Autre exemple, les Leucaena leucocephala (envahissants notamment en Nouvelle-Calédonie) permettent de fixer dans le sol jusqu'à 500 kilos d'azote par an et par hectare, ce qui contribue à enrichir les sols[48].

De ce fait, les espÚces envahissantes peuvent également intensifier un processus écosystémique ou devenir un élément de vie essentiel aux espÚces locales.

NĂ©anmoins, ces effets positifs ne sont pas toujours apparents, masquĂ©s par d’autres caractĂ©ristiques propres Ă  l’espĂšce. Ils sont bien souvent mis Ă  jour par le changement de l’écosystĂšme aprĂšs l’éradication de l’espĂšce envahissante considĂ©rĂ©e. Cela fut le cas pour le Tamarix sp., espĂšce envahissante des USA implantĂ©e pour l’ornementation et l’ombre qu’elle procure en zone aride. Cette Ă©tude de Bonanno (2016)[49] Ă©voque ce cas et explique que des campagnes d’éradication ont Ă©tĂ© lancĂ©es, pensant que cet arbuste Ă©puisait les stocks en eau du sol. Cependant, il n’en consomme pas plus que les espĂšces locales. De plus, grĂące Ă  sa rĂ©sistance plus importante aux sĂ©cheresses et au sel, il confĂšre un habitat durable pour la biodiversitĂ© locale et permet de prĂ©server le rĂ©seau trophique. ParticuliĂšrement, Empidonax traillii extimus, espĂšce indigĂšne et en danger, utilise cet arbuste pour nicher. Ainsi, Tamarix, malgrĂ© son caractĂšre non natif, a permis de remplir le rĂŽle d’autres espĂšces, rĂŽle optimisĂ© par sa grande rĂ©sistance aux contraintes abiotiques du milieu.

Les diverses Ă©tudes sur l’impact des espĂšces envahissantes sur le fonctionnement des Ă©cosystĂšmes, dont celle d’Ehrenfeld (2010)[40], s’entendent Ă  dire qu’il n’y a pas de modĂšle gĂ©nĂ©ral d’altĂ©ration de l’écosystĂšme. En effet, il a Ă©tĂ© montrĂ© diffĂ©rents mĂ©canismes et consĂ©quences associĂ©es. Cela dĂ©pend bien entendu du rĂšgne visĂ© ainsi que de l’écosystĂšme considĂ©rĂ©. Chaque environnement est indĂ©pendant et rĂ©agira d’une façon diffĂ©rente.

Par exemple, des diffĂ©rences sont observĂ©es entre les plantes et les animaux. Les plantes affectent le fonctionnement d’un Ă©cosystĂšme par la modification de l’allocation des ressources. Les animaux, quant Ă  eux, influencent notamment le milieu envahi par voies trophiques, ces impacts pouvant aussi dĂ©pendre d’un comportement. Par la consommation de proies, le prĂ©dateur envahissant enclenche une cascade trophique et a un impact direct sur les mĂ©canismes de flux de nutriments. Un plus grand nombre de voies de transformation est utilisĂ© par les animaux envahissants par rapport aux plantes.

Nous ne savons aujourd’hui pas prĂ©dire l’évolution de l’impact d’une invasion. En effet, si la majoritĂ© des scientifiques s’accordent Ă  dire que celui-ci dĂ©cline avec le temps, cela n’est basĂ© que sur des preuves abstraites et peu fondĂ©es. Il est Ă©galement envisageable que l’impact s’intensifie continuellement avec le temps, ou bien qu’il se renforce sous certaines conditions[50].

Il est nĂ©cessaire de rappeler que les impacts d’espĂšces envahissantes sont trĂšs contexte dĂ©pendants, comme le souligne Bonanno (2010)[49] : « a change in host communities does not imply necessarily harm [
] the functional roles of a species matter more than its origin ». C’est pour cela, qu’aujourd’hui il existe trĂšs peu de cadre thĂ©orique afin de lutter efficacement contre les espĂšces envahissantes et leurs impacts sur les Ă©cosystĂšmes. Un des axes de recherches sur ce sujet est de rassembler un maximum d’informations sur ces espĂšces envahissante (biologique, fonctionnels, Ă©volutives) et l’ensemble de leurs impacts sur les Ă©cosystĂšmes. Le but Ă©tant de rĂ©aliser un cadre thĂ©orique pour lutter contre les espĂšces envahissantes avant qu’elles ne modifient complĂštement l’écosystĂšme.

Nous tenons enfin Ă  mentionner que de nombreux biais sont prĂ©sents parmi les Ă©tudes concernant les espĂšces envahissantes. Notamment, il y a aujourd’hui une tendance Ă  ne publier que les Ă©tudes montrant le trĂšs fort impact d’une invasion sur un Ă©cosystĂšme, en oubliant de les nuancer par d’autres Ă©tudes montrant peu ou pas d’impacts. Beaucoup d’études sont Ă©galement basĂ©es sur des cas particuliers, et il y a un manque de travaux basĂ©s Ă  grandes Ă©chelles et trop peu de cas on en fait Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s[43] - [50] - [40].

Modes et sources de propagation

Jardins botaniques et espĂšces envahissantes

Selon une analyse des données disponibles relatives à 34 des 100 espÚces réputées les plus envahissantes du monde (selon l'UICN /Union internationale pour la conservation de la Nature), sur la base de cas documentés pour la période allant de 1800 au milieu des années 1900, les jardins botaniques seraient en partie responsables de la propagation de plus de 50 % des espÚces envahissantes. Pour 19 des 34 plantes étudiées, les points de départ des invasions ont trÚs probablement été des jardins botaniques[51].

En 2001, une sorte de code de bonnes pratiques visant Ă  limiter le risque d’évasions accidentelles, dit DĂ©claration de Saint-Louis est crĂ©Ă©. Le Chicago Botanic Garden (CBG) remplace les espĂšces envahissantes par d’autres et a cessĂ© ses Ă©changes de graines avec d’autres jardins botaniques, mais la DĂ©claration de Saint-Louis n’était signĂ©e, en 2010, que par 10 des 461 jardins botaniques des États-Unis[52].

Introductions d'espĂšces

Le crabe royal du Kamtchatka, implantĂ© dans le dĂ©troit de Mourmansk par l'URSS dans les annĂ©es soixante Ă  des fins commerciales, a prospĂ©rĂ© et descend graduellement le long des cĂŽtes de NorvĂšge vers le sud. Rien ne l'arrĂȘte dans les profondeurs marines.

Facteurs expliquant ou favorisant l'envahissement

Allélopathie

Beaucoup de plantes Ă©mettent autour d'elles dans l'air et/ou dans les sols des hormones ou molĂ©cules phytotoxiques pour d'autres espĂšces (phĂ©nomĂšne dit d'allĂ©lopathie). LĂ  oĂč elles ont coĂ©voluĂ© avec les espĂšces de leur guilde Ă©cologique, cet effet est peu visible, mais hors de leur aire naturelle de rĂ©partition, elles peuvent devenir toxiques pour les autres plantes, ou fortement le inhiber.

On a notamment montré chez des invasives comme l'absinthe (hors de son aire naturelle) que l'ajout de charbon de bois activé au sol, inhibe ou supprime l'allélopathie racinaire[65].

Effet Janzen-Connell inversé

Une espÚce introduite peut devenir envahissante par l'effet Janzen-Connell inversé alors qu'elle était freinée par l'effet Janzen-Connell dans son environnement d'origine[66].

Travail des sols agricoles ou forestiers

Le travail mécanique et le désherbage chimique ont connu un succÚs croissant aprÚs la Seconde Guerre mondiale. Or, ces techniques favorisent fortement l'installation d'espÚces envahissantes. Par ailleurs, les engins colportent souvent les propagules, contribuant à l'expansion géographique des zones colonisées.

De nombreuses études ont montré que le labour, le scarifiage du sol par sillons (sous-solage), le déchaumage et le brûlage dirigé, ou brûlage en andains modifient ou suppriment la concurrence des espÚces autochtones, ce qui favorise l'installation d'espÚces pionniÚres exotiques ou d'espÚces localement devenues résistantes à ces traitements. Par exemple, une étude canadienne (avec des sites témoins) a montré sur 10 ans, les effets de la préparation mécanique de terrains forestiers sur la diversité spécifique et structurale du sous-bois. Dans tous les cas, la réponse de la communauté végétale se montre trÚs influencée par l'intensité du traitement de préparation du terrain. Ainsi, sur un site boréal dominé par les saules (Salix L. spp.), l'aulne vert crispé (Alnus crispa (Ait.) Pursh ssp. crispa) et le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx.), un travail léger du sol a peu d'effet sur la diversité spécifique mais les traitements plus intenses « ont augmenté de 10 à 16 fois l'abondance des espÚces exotiques (et seulement légÚrement la croissance de l'épinette blanche (Picea glauca (Moench) Voss) » plantée. Sur un autre site (subboréal et oligotrophe), la diversité spécifique a diminué d'autant plus que le sol avait été travaillé[67]. Le brûlage a des effets en partie comparables[68].

Mondialisation des transports

Les espĂšces envahissantes introduites avec les eaux de ballast ou sous les coques de navires sont de plus en plus nombreuses. Les trains, camions et voitures en transportent aussi. Et une Ă©tude[69] de 2007 de l’universitĂ© d’Oxford a montrĂ© que dans des rĂ©gions au climat comparable, plus on s'approche d'une zone desservie par des lignes aĂ©riennes, plus on augmente le risque d’invasion par des espĂšces Ă©trangĂšres animales, avec une « fenĂȘtre d’invasion » en juin-aoĂ»t, a priori du fait du nombre de vols et de passagers qui augmente et de conditions climatiques favorables. 800 lignes aĂ©riennes ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©es du au (soit 3 millions de vols environ).

Évolution rapide

La plupart des espĂšces envahissantes sont caractĂ©risĂ©es par une Ă©volution rapide, principalement dirigĂ©e par l’une des quatre forces Ă©volutives, la sĂ©lection naturelle. Cette Ă©volution rapide promeut l’adaptation des espĂšces aux diffĂ©rents environnements. De nombreuses espĂšces envahissantes subissent une Ă©volution rapide des traits d’histoire de vie impliquĂ©s dans l’invasion[70] - [71]. Ces traits impliquent gĂ©nĂ©ralement un fort taux de survie et de croissance, une tolĂ©rance aux changements environnementaux et une capacitĂ© Ă  se dĂ©velopper dans des conditions environnementales variĂ©es, un temps de gĂ©nĂ©ration court, un fort investissement dans la reproduction, des Ɠufs ou graines de petites tailles, une grande capacitĂ© de dispersion et une forte compĂ©titivitĂ©[71]. Les traits d'histoire de vie impliquĂ©s dans l'invasion semblent ĂȘtre mieux transmis Ă  la descendance chez les populations envahissantes que chez les populations natives (meilleure hĂ©ritabilitĂ©). Cela a notamment Ă©tĂ© mis en Ă©vidence chez Phalaris canariensis[72].

Ces traits ont Ă©tĂ© observĂ©s chez les plantes et les animaux. Par exemple, les herbes vivaces itĂ©ropares allouent plus de ressources Ă  la reproduction qu’à la croissance vĂ©gĂ©tative[73]. De mĂȘme, plusieurs plantes introduites sur des petites Ăźles au Canada dispersant par le vent, produisent de plus petits pappus et des akĂšnes plus lourds. Cela favorise le dĂ©pĂŽt des graines sur l’üle plutĂŽt que dans l’eau[71]. On peut Ă©galement citer le cas du crapaud buffle introduit en Australie en 1935. Il a notamment dĂ©veloppĂ© de plus longues pattes arriĂšres ce qui lui a permis de coloniser rapidement une large partie du territoire[70] - [71].

Le processus d’invasion passe par diffĂ©rents stades : la colonisation, l’établissement et la dispersion. Les traits d’envahissement s’expriment de maniĂšre plus ou moins forte, et la direction de sĂ©lection d’un trait peut changer au cours du processus d'invasion[71]. Les adaptations Ă©volutives des populations introduites, qui apparaissent en rĂ©ponse aux variations de pressions de sĂ©lection, sont en grande partie permises par la plasticitĂ© phĂ©notypique. Par exemple, un panais sauvage introduit en AmĂ©rique du Nord en 1609 a cessĂ© de produire du furanocoumarine (substance chimique de rĂ©sistance aux herbivores), car les herbivores qui le consommaient n’étaient pas prĂ©sents dans ce nouvel environnement. La plante a ainsi pu allouer plus d’énergie dans la reproduction et la dispersion. Mais en 1890, un herbivore a Ă©tĂ© introduit et il a Ă©tĂ© montrĂ© que la production de furanocoumarine Ă©tait supĂ©rieure chez l’espĂšce envahissante que chez les espĂšces natives. Le panais sauvage peut donc exprimer plus ou moins un trait en fonction des conditions environnementales (ici dĂ©fenses contre les herbivores)[71].

Le phĂ©nomĂšne de plasticitĂ© a lieu quand il y a suffisamment de variabilitĂ© gĂ©nĂ©tique dans les populations introduites[74]. La sĂ©lection des individus capables de plasticitĂ© va Ă©galement permettre aux espĂšces envahissantes de mieux rĂ©pondre aux changements globaux que les espĂšces natives. Les plantes, par exemple, prĂ©sentent une grande plasticitĂ© phĂ©notypique lors des premiers stades de l’invasion ce qui leur permet de s’étendre rapidement[75].

Pressions de sélection

L’évolution chez les espĂšces envahissantes est en grande partie due aux changements des pressions de sĂ©lection qu’elles subissent. Par sĂ©lection naturelle, les traits favorisĂ©s ne seront pas nĂ©cessairement les mĂȘmes que ceux sĂ©lectionnĂ©s dans leur habitat d’origine, pouvant conduire Ă  des changements Ă©volutifs rapides.

Les pressions de sĂ©lection s'exerçant sur les espĂšces envahissantes sont de diffĂ©rente nature et n’ont pas les mĂȘmes effets. PremiĂšrement, le stress environnemental dĂ» Ă  l’arrivĂ©e dans un nouvel environnement peut favoriser l’apparition de modifications du gĂ©nome et du transcriptome chez les espĂšces introduites. Ces modifications peuvent ĂȘtre sĂ©lectionnĂ©es et se fixer dans la population. Cependant, il semblerait que ce processus ne soit pas le plus important dans l’évolution rapide des espĂšces envahissantes[76].

Les pressions de sĂ©lection peuvent ĂȘtre abiotiques. Par exemple, Hypericum perforatum, introduite en AmĂ©rique du Nord dans les annĂ©es 1860, a vu sa morphologie Ă©voluer et ses traits d’histoire de vie s’adapter aux diffĂ©rentes latitudes du continent. Lorsque l'on place des plantes adaptĂ©es au Nord dans la rĂ©gion Sud, les plantes installĂ©es dans le Sud rĂ©sistent mieux en comparaison. On observe l’effet rĂ©ciproque en dĂ©plaçant des plantes du Sud dans la rĂ©gion Nord. Les populations de cette espĂšce sont donc adaptĂ©es aux conditions abiotiques que confĂšre la latitude[71].

Des pressions biotiques s’appliquent Ă©galement sur les espĂšces envahissantes. Elles sont particuliĂšrement importantes puisque les individus introduits doivent faire face Ă  des espĂšces compĂ©titrices ou antagonistes avec lesquelles elles n’ont pas coĂ©voluĂ©. Dans de nombreux cas, les pressions de sĂ©lection biotiques sont plus fortes que les pressions abiotiques. En effet, les espĂšces, en particulier vĂ©gĂ©tales, sont introduites dans un environnement avec des conditions climatiques et Ă©daphiques relativement similaires Ă  ceux de leur aire d’origine[74]. Les modifications de pression sont bĂ©nĂ©fiques aux espĂšces envahissantes s’il s’agit de la perte de compĂ©titeurs, pathogĂšnes et/ou prĂ©dateurs, lesquels imposent des pressions spĂ©cifiques.

Dans le cas des plantes, une pression d’herbivorie peut mener Ă  l’évolution de stratĂ©gies de dĂ©fense. La rĂ©duction de cette pression dans les populations introduites devrait donc conduire Ă  la sĂ©lection des individus qui investissent peu dans les stratĂ©gies de dĂ©fense, ou des individus capables de modifier l’allocation de leurs ressources pour favoriser des traits d’invasibilitĂ© par rapport au dĂ©veloppement d’une rĂ©sistance[74]. C’est le cas de Silene latifolia qui, Ă  la suite de son introduction en Europe il y a 200 ans, a perdu des herbivores prĂ©sents en AmĂ©rique du Nord. Cela lui a permis d’allouer moins de ressources Ă  ses dĂ©fenses et plus Ă  la reproduction[71].

Une variation des relations peut Ă©galement mener Ă  un changement rapide du cycle biologique des espĂšces, qui est soumis Ă  une forte pression sĂ©lective. La prĂ©sence d’herbivores conduit parfois les plantes Ă  privilĂ©gier la reproduction prĂ©coce et la monocarpie pour assurer une descendance. En l’absence de consommateurs, on constate que les populations introduites semblent s’orienter vers la polycarpie qui peut alors devenir un avantage sĂ©lectif[74]. Ces changements se rĂ©percutent sur les interactions Ă©cologiques, donc sur la dynamique des populations[75].

La pression liĂ©e aux pathogĂšnes est aussi souvent moins forte dans les populations introduites. Les ressources attribuĂ©es Ă  la rĂ©sistance aux pathogĂšnes peuvent Ă  ce moment ĂȘtre allouĂ©es Ă  la colonisation (reproduction, dispersion) et permettent Ă  la population de devenir envahissante. Les pathogĂšnes des plantes sont souvent moins divers chez les populations introduites[74].

Il existe Ă©galement une sĂ©lection spatiale Ă  l’échelle populationnelle. Dans une population envahissante, les phĂ©notypes diffĂšrent entre le front d’invasion et les zones dĂ©jĂ  colonisĂ©es. En effet, sur le front d’invasion les individus sont soumis Ă  moins de compĂ©tition intra-spĂ©cifique et suivent une Ă©volution progressive vers une dispersion croissante. Les phĂ©notypes sĂ©lectionnĂ©s sont alors ceux qui permettent une meilleure croissance dĂ©mographique pour des faibles densitĂ©s et qui dispersent le mieux. La reproduction de ces individus entre eux entraĂźne une Ă©volution rapide, qui permet aux espĂšces envahissantes de coloniser de plus en plus efficacement leurs nouveaux environnements[70]. Ce mĂ©canisme a permis aux crapauds buffles de doubler leur distance de dispersion pendant leur progression dans le Nord de l’Australie[70].

Importance de la variabilité génétique

L’invasion biologique est gĂ©nĂ©ralement prĂ©cĂ©dĂ©e d’un effet fondateur ou d’un goulot d’étranglement gĂ©nĂ©tique, provoquant une forte rĂ©duction de la diversitĂ© gĂ©nĂ©tique. Lorsque cela arrive, les petites populations sont sujettes Ă  une forte dĂ©rive gĂ©nĂ©tique et Ă  des niveaux de consanguinitĂ© accrus[75]. Ces deux phĂ©nomĂšnes devraient, a priori, affaiblir la population et augmenter son risque d’extinction. Cependant, on observe que les espĂšces envahissantes sont capables de se rĂ©pandre aprĂšs leur introduction. C’est le cas par exemple de la plante Hypericum canariense (en) qui, aprĂšs avoir perdu 45 % de son hĂ©tĂ©rozygotie lors de son introduction en AmĂ©rique du Nord, a rĂ©ussi Ă  prolifĂ©rer dans cette rĂ©gion[71] - [77]. Cela s’explique par le fait que la perte de variabilitĂ© gĂ©nĂ©tique causĂ©e par l’isolement d’une population est compensĂ©e par plusieurs facteurs.

Pour commencer, la variabilitĂ© gĂ©nĂ©tique issue de l’épistasie et la variabilitĂ© additive permettent l’émergence de nouveaux gĂ©notypes, et donc de nouveaux traits phĂ©notypiques. La variabilitĂ© gĂ©nĂ©tique additive rĂ©sulte de la somme des effets relatifs des allĂšles sur un trait. Dans les populations d’origine, on mesure des hauts niveaux de cette variabilitĂ© pour les traits liĂ©s Ă  l’invasion[78]. Il semblerait qu’il y ait une accumulation de niveaux de variabilitĂ© additive pendant le temps de latence[78]. Cette phase correspondrait donc au temps nĂ©cessaire Ă  l’adaptation Ă©volutive[74] et reflĂ©terait le degrĂ© de diffĂ©rence entre l’ancien et le nouvel environnement[71].

La variabilitĂ© gĂ©nĂ©tique peut Ă©galement ĂȘtre assurĂ©e par l’hybridation ou par des rĂ©arrangements gĂ©nomiques lors de la reproduction. Ce phĂ©nomĂšne sera d’autant plus important s’il y a plusieurs Ă©vĂ©nements d’introduction.

Une hypothĂšse donnĂ©e pour expliquer la rapiditĂ© de l’évolution aprĂšs un effet fondateur, ou un goulot d’étranglement, est que les allĂšles favorables Ă  l’invasion sont dĂ©jĂ  prĂ©sents dans le gĂ©nome des individus introduits. Ils sont donc immĂ©diatement disponibles lors du changement d’environnement. Cette explication est soutenue par le fait que ces allĂšles sont prĂ©sents dans des proportions plus importantes que des allĂšles neutres ou dĂ©lĂ©tĂšres[76].

Par ailleurs, il existe des exemples pour lesquels la perte de variabilitĂ© gĂ©nĂ©tique est favorable Ă  la prolifĂ©ration. L’un d'eux est la fourmi Linepithema humile chez qui une diminution de la diversitĂ© gĂ©nĂ©tique a rĂ©duit la compĂ©tition inter-colonies et a donc menĂ© Ă  la formation de super-colonies[78] - [79].

Introductions multiples

Les introductions multiples apparaissent comme Ă©tant un phĂ©nomĂšne rĂ©pandu chez la plupart des espĂšces envahissantes. Un nombre Ă©levĂ© d’introductions signifie que les individus introduits proviennent potentiellement de populations sources diffĂ©rentes. Cela conduit Ă  la prĂ©sence d’une proportion plus importante du pool gĂ©nĂ©tique d’origine dans le nouveau milieu, et donc Ă  une diversitĂ© gĂ©nĂ©tique plus grande que dans le cas d’une introduction unique[80]. C’est un facteur essentiel qui contribue Ă  la pĂ©rennitĂ© des populations introduites qui peuvent, Ă  terme, devenir envahissantes.

Les phĂ©nomĂšnes d’introductions rĂ©pĂ©tĂ©es permettent de rĂ©duire les consĂ©quences nĂ©fastes Ă  l’établissement d’une population que sont les effets fondateurs ou les goulots d’étranglement. L’apport de nouveaux allĂšles par ces phĂ©nomĂšnes favorise les recombinaisons allĂ©liques et permet l’apparition de nouveaux gĂ©notypes et donc de nouveaux phĂ©notypes. Les populations introduites ont alors de meilleurs potentiels Ă©volutifs et sont donc susceptibles d’évoluer plus rapidement que les populations natives.

Un exemple est la plante Phalaris arundinacea, dont les populations nord-amĂ©ricaines, issues d’introductions successives et rĂ©pĂ©tĂ©es, sont envahissantes[72]. Elles possĂšdent une diversitĂ© gĂ©nĂ©tique plus importante que les populations europĂ©ennes d’origine. 98,5 % de leurs gĂ©notypes sont absents dans la population d’origine. Les nouvelles combinaisons allĂ©liques rĂ©sultent du remaniement des gĂ©notypes des populations introduites lors d’évĂ©nements diffĂ©rents. Ces nouveaux gĂ©notypes ont induit l’expression de phĂ©notypes Ă  fortes capacitĂ©s envahissantes (tallage, production foliaire et de biomasse, reproduction asexuĂ©e). Ils augmentent les potentialitĂ©s de croissance et de reproduction et induisent donc une augmentation directe de la valeur sĂ©lective. Ces phĂ©notypes sont associĂ©s Ă  une plus grande hĂ©ritabilitĂ© et donc une meilleure rĂ©ponse Ă  la sĂ©lection naturelle. Les populations introduites possĂšdent Ă©galement une plus forte plasticitĂ© phĂ©notypique[72].

Les introductions multiples favorisent donc une plus grande diversitĂ© gĂ©nĂ©tique au sein des populations non natives. Les effets de la sĂ©lection seront donc plus importants. Cela explique l’apparition rapide de gĂ©notypes exprimant de fortes capacitĂ©s de colonisation et une plasticitĂ© phĂ©notypique importante.

De nombreuses Ă©tudes dans la littĂ©rature montrent que les phĂ©nomĂšnes d’introductions multiples sont communs chez les espĂšces envahissantes. C’est donc un point qu’il est important de prendre en compte dans les politiques de gestion des espĂšces envahissantes. En effet, l’introduction de nouveaux individus dans un environnement, mĂȘme si l’espĂšce y est dĂ©jĂ  prĂ©sente, peut contribuer Ă  un phĂ©nomĂšne d’invasion[80].

Effets de l'hybridation

Les hybridations sont un facteur important dans l’évolution rapide des espĂšces envahissantes. C’est le phĂ©nomĂšne Ă©volutif le plus citĂ© dans les modĂšles ISPS (Invasive Species Predictives Schemes)[71]. L’hybridation peut se produire entre une espĂšce native et une espĂšce non native ou entre deux espĂšces non natives d’un mĂȘme lieu[73] - [72] - [76]. Elle favorise une augmentation de la variabilitĂ© gĂ©nĂ©tique. Ces croisements ont gĂ©nĂ©ralement lieu chez des vĂ©gĂ©taux. Par exemple, environ 7 % des espĂšces vĂ©gĂ©tales envahissantes dans les Ăźles britanniques ont subi des Ă©vĂ©nements d’hybridation[71]. Ils ne mĂšnent pas forcĂ©ment Ă  de l’évolution rapide ou Ă  une augmentation de la valeur sĂ©lective pour l’espĂšce envahissante. Pour cela, l’hybride doit pouvoir engendrer une descendance viable[75].

L’hybridation permet l’apparition rapide de nouveaux gĂ©notypes au sein de la population envahissante[75]. Il y a donc une plus grande probabilitĂ© qu’apparaissent des gĂ©notypes favorables Ă  de nouvelles conditions environnementales, permettant une adaptation de l’espĂšce au milieu dans lequel elle a Ă©tĂ© introduite. Cela favorise Ă©galement la perte d’allĂšles dĂ©lĂ©tĂšres[75] - [78]. La structure du paysage peut Ă©galement influencer la frĂ©quence des hybridations[73] - [75]. Dans le cas oĂč elle favorise l’invasion, l’hybridation peut mener Ă  l’hĂ©tĂ©rosis[76]. L'hybridation peut se faire par introgression permettant l’apparition de nouveaux traits potentiellement favorables les invasions[71] - [73] - [76].

Un exemple d’hybridation est l’hybride issu des espĂšces Spartina alterniflora (espĂšce envahissante) et Spartina foliosa (en) (espĂšce native) dans la baie de San Francisco. L’hybride a un rythme important d’expansion. Il possĂšde des traits transgressifs supĂ©rieurs Ă  celui des traits parentaux notamment la production de pollen, la viabilitĂ© des graines ou la tolĂ©rance environnementale. Les hybrides sont fertiles, ils peuvent se reproduire entre eux ou avec les deux espĂšces parentes. Il s’agit d’un phĂ©nomĂšne de rĂ©trocroisement. Cette tendance menace l’espĂšce native Spartina foliosa (en)[75].

La stabilitĂ© de l’hybride est due Ă  divers mĂ©canismes comme la polyploĂŻdie, la translocation ainsi que des mĂ©canismes de multiplication asexuĂ©e : agamospermie et croissance clonale[73]. On retrouve notamment dans les populations envahissantes, des niveaux de ploĂŻdie plus importants par rapport aux espĂšces non-envahissantes[76].

Surveillance

Des observatoires de la biodiversité ou des organismes comme les conservatoires botaniques[81], agences de l'eau[82], muséums, ONG et naturalistes surveillent de plus en plus l'apparition et la diffusion des espÚces envahissantes et informent les publics.

Dans les milieux aquatiques, on recherche l'ADN environnemental dans des prélÚvements d'eau ou de sédiments. Des chercheurs utilisent cette méthode pour détecter la présence de poissons (Carpe argentée), de mollusques (moules, Hydrobie des antipodes), de batraciens (Grenouille taureau), ainsi que diverses espÚces d'herbes (Elodea spp.)[83].

Les sciences participatives et citoyennes sont Ă©galement mobilisĂ©es, grĂące notamment au smartphone qui permet de contribuer aux inventaires, par exemple dans le cadre du projet Interreg[84] RINSE[85] via une application smartphone (« Th@s Invasive » ; gratuite, disponible en français ou en anglais, et facilement tĂ©lĂ©chargeable[86]) permettant Ă  chacun de recenser et cartographier un grand nombre d'espĂšces exotiques envahissantes, en photographiant l'espĂšce en question (qui sera gĂ©o-rĂ©fĂ©rencĂ©e par le GPS du smartphone et envoyĂ© par le logiciel une fois confirmation faite par l'Ă©cocitoyen participant Ă  cet inventaire gĂ©nĂ©ral et permanent qui vise Ă  limiter les impacts nĂ©gatifs des espĂšces dites « envahissantes ». Mieux suivre l'extension gĂ©ographique de ces espĂšces permettra d'accĂ©lĂ©rer voire d'anticiper les rĂ©ponses, qui seront alors moins coĂ»teuses, et ainsi limiter certains des effets nĂ©gatifs de ces phĂ©nomĂšnes de pullulation. Ceci est possible grĂące Ă  un travail prĂ©alable d'aide Ă  l'identification interactive par clĂ© d'identification visuelle de plantes non-indigĂšnes. Il a notamment Ă©tĂ© fait dans l’écozone qui inclut l'Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique et le grand Nord-Ouest de la France[87], et il pourra servir Ă  d'autres rĂ©gions et pays, oĂč ces espĂšces seraient rĂ©glementĂ©es, ou lĂ  oĂč elles peuvent ĂȘtre recherchĂ©es par les douanes comme « contaminants d'exportations commerciales » (exemple : « contamination par des graines dans de la nourriture pour oiseaux, mauvaises herbes dans des bonsaĂŻs »[87]... Hormis pour les algues et mousses, ces clĂ©s interactives sont liĂ©es aux informations sur les espĂšces de la « Q-bank Invasive Plants database » (fiches descriptives et informatives, cartes d'aire de rĂ©partition mondiale, barcode molĂ©culaire quand il est disponible, etc., et ces informations sont disponibles depuis 2013 Ă  l'adresse http://www.q-bank.eu/Plants/[87].

La dendrochronologie est depuis peu appliquée à certaines herbacées (vivaces)[88]. Elle peut aider à rétrospectivement mieux comprendre la dynamique d'une population d'espÚce envahissante et d'affiner des scénarios de progression future[88].

Exemples de taxons envahissants

Vue de profil d’une Wasmannia auropunctata.
Groupe d'Acanthaster planci se nourrissant de corail (Acropora).

Dans un contexte oĂč les dĂ©placements humains sont toujours plus nombreux, l'impact climatique des activitĂ©s humaines toujours plus fort et la tentation de recours aux organismes gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ©s toujours plus grande, le risque d'une augmentation des phĂ©nomĂšnes d'espĂšces envahissantes avec ses consĂ©quences sur la biodiversitĂ© est bien rĂ©el. Il a d'ailleurs commencĂ© Ă  ĂȘtre pris en compte au cours de la confĂ©rence de Rio en 1992. Elles sont aujourd’hui la deuxiĂšme cause de rĂ©gression de la biodiversitĂ©.

En zones tropicales

Dans les zones tropicales, les Ăźles sont particuliĂšrement touchĂ©es et vulnĂ©rables. En , une « initiative sur les espĂšces exotiques envahissantes dans les collectivitĂ©s françaises d’outre-mer » a Ă©tĂ© lancĂ©e par le ComitĂ© français de l’UICN et le MEDAD qui doit produire un rapport et Ă©tat des lieux complet sur la menace des invasions biologiques en France d'outre-mer, avec un rĂ©seau de plus de 100 experts et l’appui de 10 coordinateurs locaux.

Dans les forĂȘts tropicales, les coupes rases favorisent la diffusion d'espĂšces envahissantes telles que Lantana camara dans certaines parties de l'Afrique, d'autant plus que la trouĂ©e dans la canopĂ©e est vaste ou mise en connexion avec d'autres[89].

Aux États-Unis

Sur les quelque 50 000 espĂšces (plantes et animaux) qui ont Ă©tĂ© introduites aux États-Unis au cours des deux cents derniĂšres annĂ©es, 1 sur 7 environ est considĂ©rĂ©e comme envahissante[90].

En Europe

Depuis un peu plus d'un siĂšcle, de nombreuses espĂšces manifestent des comportements envahissants en Europe, dont beaucoup d'espĂšces aquatiques[91]. Ces espĂšces ont pourtant un coĂ»t Ă©levĂ© : les dĂ©gĂąts induits par ces espĂšces s'Ă©lĂšveraient Ă  12 milliards d'€/an pour l'Europe[92]. En Italie, de 1995 Ă  2000, la dĂ©gradation des berges par le rat musquĂ© et les dĂ©gĂąts agricoles collatĂ©raux Ă©taient estimĂ©s Ă  environ 11 M€ (millions d'euros) en dĂ©pit d'un plan de lutte de M€) ; la Grande-Bretagne a dĂ» dĂ©penser environ 150 M€/an, rien que pour la lutte contre 30 plantes exotiques envahissantes, alors qu'elle perdait 3,8 G€/an (milliards d'euros par an) en rĂ©coltes perdues.

Début 2004, le Conseil de l'Europe publie une « Stratégie européenne relative aux espÚces exotiques envahissantes »[93] (dans le cadre de la Convention de Berne).

En 2007, un rĂšglement du Conseil de l'Europe traite des espĂšces envahissantes dans l'aquaculture[94].

En 2008, le projet europĂ©en DAISIE (Delivering Alien Invasive Species Inventories for Europe)[95] a Ă©valuĂ© pour 15 pays europĂ©ens, de 2005 Ă  2008, l’importance des espĂšces exotiques Ă©tablies en Europe (animaux, vĂ©gĂ©taux, champignons), avec, pour la premiĂšre fois, une attention particuliĂšre portĂ©e aux invertĂ©brĂ©s terrestres et aux champignons (travail coordonnĂ© par l'INRA). Les chercheurs ont Ă©tĂ© surpris d’identifier 1 517 espĂšces exotiques (insectes surtout, mais aussi acariens, vers, mollusques terrestres) dĂ©jĂ  Ă©tablies en Europe. Cet inventaire n’est pas exhaustif, ces espĂšces Ă©tant souvent d'abord discrĂštes et plus difficiles Ă  dĂ©tecter que les animaux et plantes supĂ©rieures.
Selon l'INRA, en moyenne 19 espĂšces d’invertĂ©brĂ©s exotiques supplĂ©mentaires se sont introduites et ont dĂ©veloppĂ© des populations viables Ă  envahissantes en Europe chaque annĂ©e pour la pĂ©riode 2000-2007. C’est presque le double du taux moyen mesurĂ© (10/an) en 1950 et 1975. Fin 2008, selon le Daisie ; sur environ 10 000 espĂšces exotiques recensĂ©es en Europe, 11 % auraient un impact Ă©cologique et 13 % un impact Ă©conomique. L’Asie est devenue le premier continent d’origine, avant l’AmĂ©rique du Nord. Moins de 10 % de ces organismes auraient Ă©tĂ© dĂ©libĂ©rĂ©ment introduits (par exemple comme agents de lutte biologique ou NAC). La majoritĂ© serait arrivĂ©e avec des marchandises ou passagers involontairement « contaminĂ©s ».
Le commerce des plantes ornementales exotiques (sous toutes leurs formes) serait selon l’INRA une voie privilĂ©giĂ©e d’invasion biologique. L’étude montre que les milieux riches en biodiversitĂ© et Ă  haut taux de naturalitĂ© semblent plus Ă©pargnĂ©s par les invasions, alors que les milieux trĂšs anthropisĂ©s sont ceux qui accueillent la majoritĂ© des espĂšces exotiques (champs, parcs et jardins, habitations). Le rĂ©chauffement climatique semble avoir favorisĂ© l’implantation croissante au moins dans l’Europe du Sud d’espĂšces d’origine subtropicale ou tropicale.

Selon le projet DAISIE[96], la majoritĂ© de ces espĂšces Ă©tudiĂ©es (1341 espĂšces, soit 86 % du total) ont Ă©tĂ© introduites involontairement par les importations de marchandises et la circulation des vĂ©hicules ou des hommes. 218 espĂšces (soit 14 % au moment de l'Ă©tude) ont cependant Ă©tĂ© introduites tout Ă  fait intentionnellement, dans la quasi-totalitĂ© des cas Ă  des fins de lutte biologique et essentiellement pour l'horticulture et les cultures ornementales (468 espĂšces, soit 29 %), les Ă©vadĂ©es plus ou moins non intentionnelles (par exemple issues des serres (204 espĂšces, soit 13 %) suivent, devant les ravageurs des produits stockĂ©s (201 espĂšces, soit 12 %) et les « passagers clandestins » (95 espĂšces, soit 6 %), la forĂȘt et les ravageurs des cultures (90 et 70 espĂšces, respectivement 6 % et 4 %). Pour 431 espĂšces (soit 27 %), la voie d'introduction en Europe reste inconnue. La voie « sans aide », c'est-Ă -dire de dispersion spontanĂ©e d'une espĂšce exotique dans une nouvelle rĂ©gion, ou Ă  partir d'une zone d'origine ou d'une zone oĂč elle a Ă©tĂ© rĂ©cemment introduite est probable pour certains arthropodes en Europe continentale, bien que n'Ă©tant pas prĂ©cisĂ©ment documentĂ©e dans les donnĂ©es. Les aspects spatio-temporels sont en cours d'Ă©tude, de mĂȘme que les vecteurs et implications pour la gestion des espĂšces exotiques. L'identification et l'alerte, ainsi que les moyens de fermer les « voies d'invasion » sont des Ă©lĂ©ments importants de toute stratĂ©gie visant Ă  rĂ©duire la pression des propagules des arthropodes souvent de petite taille et involontairement transfĂ©rĂ©es. Cela exige une coordination et des responsabilitĂ©s claires pour tous les secteurs impliquĂ©s dans l'Ă©laboration de politiques et de toutes les parties prenantes associĂ©es.

Une base de données Daisie-europe-aliens[97] est librement consultable par le public.

Sur la base de 560 espÚces exotiques recensées dans le bassin méditerranéen, l'UICN a établi une « Liste noire des espÚces envahissantes dans le milieu marin » de Méditerranée, comprenant 15 poissons, 4 crustacés, 11 mollusques, 10 végétaux et de nombreux autres invertébrés[98].

EspÚces envahissantes et « effet Allee »

Les espĂšces envahissantes peuvent rĂ©guler leur croissance et s’étendre dans leur nouvel habitat en causant des perturbations dans leur communautĂ© biologique locale. Tous les taxons peuvent selon le contexte devenir une espĂšce envahissante[A 1].

L’effet Allee est dĂ©fini en Ă©cologie comme une relation positive entre tout composant de la fitness individuelle et l’effectif (ou la densitĂ©) de conspĂ©cifiques[A 2].

Approche théorique

La plupart des envahissantes ont Ă©tĂ© introduites en faible effectif et en des lieux divers. Il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que les espĂšces sujettes Ă  l'effet Allee ne pourront jamais s’établir Ă  moins d’ĂȘtre introduites avec un effectif initial suffisamment grand (au moins supĂ©rieur au seuil de l’effet Allee). Quand elles sont introduites en nombre lĂ©gĂšrement infĂ©rieur au seuil d’Allee, elles devraient pouvoir s’établir grĂące Ă  des effets de stochasticitĂ© dĂ©mographique. Mais pour les modĂšles dĂ©terministes, la population devrait s’éteindre lorsque les effectifs se situent sous ce seuil[A 1].

Plusieurs phĂ©nomĂšnes propres aux invasions biologiques peuvent ĂȘtre dus Ă  l’effet Allee : Par exemple, le range pinning, soit la vitesse d’invasion nulle, s’explique par la seule existence d’un effet Allee dans le cadre d’un espace discret (espace divisĂ© en patchs), sans aucun gradient environnemental (conditions homogĂšnes du milieu) et pour des patchs Ă©quivalents dans leurs propriĂ©tĂ©s biotiques et abiotiques[A 3]. Ce mĂ©canisme s’exprime comme une fonction du taux de dispersion et du rapport entre seuil d’Allee et la capacitĂ© de charge des patchs. En espace continu homogĂšne, une vitesse d'invasion nulle ne peut exister que s'il existe un rapport exact d'1/2 entre la capacitĂ© de charge du milieu et le seuil d'Allee de la population[A 3]. Par ailleurs, plus l’effet Allee est sĂ©vĂšre, plus la vitesse de la vague de dispersion sera lente[A 4].

Quelques exemples

Lymantria dispar ♀

L’effet Allee a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ© chez certaines plantes envahissantes, par exemple chez la vigne adventice Vincetoxicum rossicum (AsclĂ©piadacĂ©e)[A 5] ou la spartine Ă  feuilles alternes (Spartina alterniflora)[A 6], pour des insectes envahissants comme le bombyx disparate Lymantria dispar[A 7], ou encore des espĂšces envahissantes aquatiques comme la moule zĂ©brĂ©e Dreissena polymorpha[A 8].

Les preuves empiriques de l’effet Allee chez les espùces envahissantes restent assez rares mais les exemples s’accroissent[A 9].

Gestion

Le temps entre l’introduction et l'Ă©tablissement d'une espĂšce envahissante (lag time) peut simplement dĂ©pendre de la combinaison entre l’effet Allee et les processus de stochasticitĂ© de la population[A 1], ce qui devrait ĂȘtre pris en compte par les programmes de gestion d'espĂšces envahissantes. Un effet Allee non reconnu peut causer une estimation erronĂ©e des risques d’invasion[A 9].

On ne peut jamais dire qu’une espĂšce n’est pas envahissante parce que de petites introductions alĂ©atoires n’ont pas conduit Ă  une invasion ; rĂ©pĂ©tĂ©es dans le temps, ces petites introductions rĂ©parties alĂ©atoirement dans diffĂ©rents patchs peuvent finir par dĂ©passer la densitĂ© gĂ©ographique critique permettant alors Ă  l'espĂšce de brutalement devenir pandĂ©mique[A 3]. Ainsi, l’invasion dans un espace discret combinĂ© Ă  un effet Allee se manifeste par une sĂ©rie d’évĂ©nements locaux et brusques[A 3]. Pour une espĂšce envahissante avec un fort effet Allee, l’éradication est facilitĂ©e car il suffit de rĂ©duire la densitĂ© de la population sous le seuil d’Allee[A 7].

La prĂ©sence de l’effet Allee permet d'utiliser un prĂ©dateur (ou compĂ©titeur) « spĂ©cialiste » de l’espĂšce plutĂŽt que « gĂ©nĂ©raliste » : les prĂ©dateurs gĂ©nĂ©ralistes peuvent ralentir ou arrĂȘter la dispersion de n’importe quel envahissant, mais les prĂ©dateurs spĂ©cialistes ne peuvent affecter que les populations sujettes Ă  un effet Allee et peuvent ralentir la dispersion dans le cas d’un effet Allee non critique et l’arrĂȘter dans le cas d’un effet critique[A 10].

La rĂ©ussite d'une stratĂ©gie de gestion dĂ©pend du type d’effet Allee (fort et faible), mais aussi du budget affectĂ© au programme de gestion et Ă  l'adĂ©quation de ses objectifs[A 6].

Aspects législatifs des mesures de luttes

Projet de nouvelle stratégie et réglementation européennes sur les espÚces exotiques envahissantes (2011-2014)

La Commission Européenne a lancé une consultation[99] en ligne (ouverte à tous) ; du au et prévoit une communication pour la fin 2008, qui devrait se traduire par des mesures européennes pour analyser et traiter ce problÚme.

La Commission europĂ©enne a prĂ©parĂ© de 2008 Ă  2013 une nouvelle stratĂ©gie[100], annoncĂ©e en 2008[101], avec une nouvelle proposition lĂ©gislative, soumise au Conseil et au Parlement le ; elle vise Ă  prĂ©venir et gĂ©rer le danger induit par ces espĂšces. Elle a trois prioritĂ©s : la premiĂšre qui permettent des contrĂŽles visant Ă  alerter en amont et Ă©viter l'introduction intentionnelle d'espĂšces prĂ©occupantes ; la seconde d'effectuer des mesures d’éradication en cas d'Ă©mergence d'une « invasion biologique » et enfin la troisiĂšme d'effectuer des mesures d'attĂ©nuation des dommages quand l'espĂšce est dĂ©jĂ  installĂ©e[102]. les États-membres pourront alimenter la liste des espĂšces Ă  considĂ©rer comme « envahissantes ».

Fin 2008, 14 États membres n'avaient pas encore de stratĂ©gies ou de plans visant Ă  rĂ©duire les impacts des espĂšces envahissantes (ni des gĂ©notypes allochtones), bien que certains aient Ă©voquĂ© ces espĂšces dans leur stratĂ©gie nationale en matiĂšre de biodiversitĂ©.

En 2010, selon les experts réunis au CongrÚs CongrÚs Neobiota 2010[103], le coût annuel des dégùts induits par ces espÚces pourrait atteindre, voire dépasser 12 milliards d'euros/an.

En 2014, un nouveau rÚglement européen « fixe des rÚgles visant à prévenir, à réduire au minimum et à atténuer les effets néfastes sur la biodiversité de l'introduction et de la propagation au sein de l'Union, qu'elles soient intentionnelles ou non intentionnelles, d'espÚces exotiques envahissantes »[104] ; il a été adopté le , et son article 4 prévoit une « Liste des espÚces exotiques envahissantes préoccupantes pour l'Union » à fixer au plus tard le (est jugée préoccupante pour l'Union « une espÚce exotique envahissante dont les effets néfastes ont été jugés de nature à exiger une action concertée au niveau de l'Union en vertu de l'article 4, paragraphe 3 » (du rÚglement)[104].

En 2015 le rÚglement no 1143/2014 entre en vigueur, permettant à l'Union européenne de mener une lutte renforcée et coordonnée. Il vise à limiter l'expansion des espÚces déjà introduites en Europe et d'éviter l'arrivée de nouvelles espÚces envahissantes.

En , la 1re liste europĂ©enne des espĂšces exotiques envahissantes[105] : elle recense 12 000 plantes, animaux, champignons ou micro-organismes installĂ©s sur le territoire europĂ©en sans en ĂȘtre originaires, 10 Ă  15 % environ Ă©tant devenues envahissantes[106], et regroupe 37 espĂšces, considĂ©rĂ©es comme causant le plus de dĂ©gĂąts ou comme des menaces Ă©mergentes graves pour la biodiversitĂ©, la santĂ© publique et l'Ă©conomie (plus de 12 milliards d'euros de dĂ©gĂąts par an selon la Commission EuropĂ©enne) et nĂ©cessitant des mesures de lutte dans les 27 États-membres. Une mise Ă  jour est en prĂ©paration[107]. Un rĂšglement comportant des restrictions d'utilisation, d'importation, de vente, d'alimentation et d'Ă©levage de ces espĂšces entre en vigueur 20 jours aprĂšs la publication de cette liste europĂ©enne[107].

En France

Jussie Ă  grandes fleurs, exemple de plante envahissante profitant des canaux et cours d'eau en France.
Ambrosia artemisiifolia (Ambroisie à feuilles d'armoise), introduite en Europe à la fin du XIXe siÚcle et devenue indésirable car envahissante et provoquant des allergies graves.

En France, un arrĂȘtĂ© ministĂ©riel du [108] interdit la commercialisation, l’utilisation et l’introduction dans le milieu naturel de la jussie Ă  grandes fleurs et de jussie rampante (deux plantes envahissantes), puis un arrĂȘtĂ© ministĂ©riel du vise diverses espĂšces rĂ©putĂ©es envahissantes et interdit l’introduction de certaines espĂšces dans le milieu naturel mĂ©tropolitain[109]. Divers inventaires sont faits ou dĂ©jĂ  publiĂ©s, qui seront Ă  rĂ©guliĂšrement mettre Ă  jour, notamment Ă  l'Ă©chelle de bassins, les canaux[110] et cours d'eau, ainsi que les ports Ă©tant des axes d'introduction importants pour nombre d'envahissantes[111]. La France, y compris pour les phĂ©nomĂšnes de maladies Ă©mergentes, est une zone Ă  haut risques, car trĂšs bien desservie par des aĂ©roports en lien avec le monde entier, traversĂ©e de nombreux axes de transport terrestres ou marins et par canaux, et « seul pays d’Europe Ă  avoir une façade Ă  la fois sur la Mer du Nord, la Manche, l’Atlantique et la MĂ©diterranĂ©e pour un total de 5 500 km de cĂŽtes »[111], avec des ports d’importance internationale (de Bordeaux Ă  Dunkerque, en passant par La Rochelle, Nantes, Brest, Cherbourg, Le Havre, Boulogne, Calais, etc.)[112]. Cette position de carrefour gĂ©ographique « multimodal » et son climat tempĂ©rĂ© sont trĂšs propices Ă  l'introduction d'espĂšces et au risque d'envahissement.

En complĂ©ment de l'article l'article L. 411-3 du code de l'environnement, un projet de loi, prĂ©parĂ© en 2013 par le « ComitĂ© Parlementaire de Suivi du Risque Ambroisie » a Ă©tĂ© Ă©largi Ă  d'autres espĂšces susceptibles de poser problĂšme, et annoncĂ© pour mi-2014. Il pourrait ĂȘtre examinĂ© en automne 2014 pour fixer un cadre juridique national de lutte contre des plantes envahissantes et indĂ©sirables pour des raisons sanitaires ou Ă©conomiques (orobanche). En 2016, pour l'association Stop ambroisie « Il faut Ă©tendre les pouvoirs de police des maires en leur donnant le droit d'intervenir sur les terrains privĂ©s pour se substituer aux propriĂ©taires qui ne font rien »[8].

En Suisse

Le , le Conseil fĂ©dĂ©ral a ouvert une consultation afin de rendre plus efficace la lutte contre les espĂšces envahissantes exotiques causant des dĂ©gĂąts, au moyen de modifications de la loi sur la protection de l’environnement (LPE)[113] - [114]. Les mesures ne seraient plus seulement appliquĂ©es dans les forĂȘts et zones agricoles, mais aussi chez les particuliers, selon le rapport explicatif[115].

Notes et références

  1. Seebens H & al. (2017) No saturation in the accumulation of alien species worldwide ; Nature Communications 8, Article number: 14435 ; doi:10.1038/ncomms14435 résumé)
  2. D'aprĂšs l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)
  3. Une espĂšce indigĂšne s'oppose Ă  une espĂšce exotique. Une espĂšce indigĂšne est naturellement prĂ©sente alors qu’une espĂšce exotique est introduite, volontairement ou non, sur le mĂȘme territoire. Le Conseil de l'Europe catĂ©gorise "exotique" une plante introduite Ă  partir de 1500 aprĂšs J.-C.
  4. P. Genovesi & C. Shine, Stratégie européenne relative aux espÚces exotiques envahissantes, éditions du Conseil de l'Europe, 2004
  5. « INPN - EspÚces introduites envahissantes (invasive) », sur inpn.mnhn.fr (consulté le )
  6. « Définitions : invasif - Dictionnaire de français Larousse », sur larousse.fr (consulté le )
  7. Société Herpétologique de France, « Les espÚces exotiques envahissantes », sur life-croaa.eu
  8. Selon Franck Courchamp, directeur du recherche au CNRS, in Environnement-magazine (2016) Le comité parlementaire du suivi du risque Ambroisie et autres espÚces envahissantes alerte une nouvelle fois sur les enjeux sanitaires et économiques d'une invasion que le cadre législatif et réglementaire n'a pas permis de juguler. Voir aussi http://www.parlementaires-ambroisie.fr
  9. Pascal et al., 2000.
  10. selon le modÚle Nobis. La forte diversité dans les régions chaudes et peuplées est manifeste. voir page 21
  11. Kennedy T.A., Naeem S., Howe K.M., Knops J.M.H., Tilman D. & Reich P., 2002 - Biodiversity as a barrier to ecological invasion. Nature, 417, 636–638 (RĂ©sumĂ©)
  12. Stachowicz J.J., Fried H., Whitlatch R.B. & Osman R.W., 2002 - Biodiversity, invasion resistance, and marine ecosystem function: reconciling pattern and process. Ecology, 83, 2575–2590 (RĂ©sumĂ©)
  13. Bulleri F. et Airoldi L., Artificial marine structures facilitate the spread of a non-indigenous green alga, Codium fragile ssp. tomentosoides, in the north Adriatic Sea ; Journal of Applied Ecology, 42, 6, 1063–1072, online: 2005/10/31 ; Version papier December 2005. DOI: 10.1111/j.1365-2664.2005.01096.x (Article complet)
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  15. Muller S., 2004 - Plantes envahissantes en France. MusĂ©um national d’histoire naturelle, Paris.
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  18. 10 % des espÚces introduites dans un nouvel environnement parviennent à s'y établir, et 10 % de ces derniÚres deviennent réellement envahissantes, prenant la place d'autochtones.
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Articles connexes

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