Sciences participatives
Les sciences participatives, parfois appelĂ©es sciences citoyennes ou sciences collaboratives, sont « des formes de production de connaissances scientifiques auxquelles des acteurs non-scientifiques-professionnels â quâil sâagisse dâindividus ou de groupes â participent de façon active et dĂ©libĂ©rĂ©e »[1].
Elles se sont notamment dĂ©veloppĂ©es dans le domaine des sciences naturelles, oĂč, dans le fil des sociĂ©tĂ©s savantes des siĂšcles passĂ©s, une grande partie du travail se faisait sur le terrain sans nĂ©cessiter de moyens coĂ»teux ni de laboratoire. Des non-professionnels contribuaient aux avancĂ©es en matiĂšre de connaissance et d'inventaires. Avec l'amĂ©lioration des technologies, les sciences participatives ont peu Ă peu investi d'autres domaines comme la mĂ©decine, l'astronomie ou la physique, mais aussi les sciences sociales.
Histoire
AprĂšs le succĂšs puis le dĂ©clin des sociĂ©tĂ©s savantes, des campagnes d'acquisition de donnĂ©es, favorisĂ©es par l'amĂ©lioration des tĂ©lĂ©communications, se sont organisĂ©es Ă grande Ă©chelle en impliquant un grand nombre de participants. C'est ainsi qu'a Ă©tĂ© initiĂ© vers 1900, Ă l'Ă©chelle de toute l'AmĂ©rique du Nord, le Christmas bird count' (comptage d'oiseaux dans les 15 jours suivant NoĂ«l, chaque annĂ©e, sous l'Ă©gide de la fondation Audubon)[2]. Ce suivi implique aujourdâhui environ 50 000 citoyens. En 1965, un autre suivi ornithologique, dit Breeding bird survey (en), a Ă©tĂ© menĂ© en mai et juin (coordonnĂ© par le U.S. Geological Survey). Un autre suivi (Projet FeederWatch par le Cornell Lab of Ornithology, consistant dĂšs les annĂ©es 1970 Ă relever les espĂšces dans les mangeoires de l'Ontario) a Ă©tĂ© Ă©largi Ă toute lâAmĂ©rique du Nord en 1988[2]. L'apparition de nombreux logiciels, outils et approches informatiques utiles permet d'Ă©largir les domaines accessibles aux sciences participatives (ex : OpenStreetMap pour la cartographie collaborative).
Principes
Le concept de sciences citoyennes est nĂ© aux Ătats-Unis. Il a Ă©tĂ© crĂ©Ă© au dĂ©but des annĂ©es 1970 sous le terme « citizen science » par deux physiciens : JoĂ«l Primack (chercheur en astrophysique) et Frank von Hippel[3] directeur dâun institut de recherche sur l'Ă©nergie et l'environnement Ă l'UniversitĂ© de Princeton et aujourd'hui codirecteur du PSGS (Program on Science and Global Security (en)).
Mycle Schneider, nommé dans le directoire de la fondation japonaise Takagi Fund for Citizen Science[4] en 2001, a repris cette définition des sciences citoyennes[5] :
« La science citoyenne peut ĂȘtre dĂ©finie comme l'effort participatif et combinĂ© de recherche, dâanalyse et dâĂ©ducation publique qui poursuit strictement, comme principe de base, l'objectif de bien-ĂȘtre collectif des gĂ©nĂ©rations prĂ©sentes et futures dâĂȘtres humains sur la planĂšte et de la biosphĂšre.
Le scientifique citoyen, Ă travers ses capacitĂ©s particuliĂšres de recherche et dâanalyse, doit participer Ă la protection de la sociĂ©tĂ© contre des modes de dĂ©veloppement qui placent l'intĂ©rĂȘt de l'Ătat ou lâintĂ©rĂȘt corporatif au-dessus du bĂ©nĂ©fice collectif. Le scientifique citoyen est donc un contre-expert par excellence. »
Cette nouvelle définition a abouti en à la création de la Fondation Sciences Citoyennes[6], une association française prÎnant une vision trÚs différente des sciences citoyennes basée sur un contrÎle de la recherche scientifique par les citoyens avec des visées politiques.
Les citoyens sont encouragĂ©s Ă lancer des alertes lorsqu'ils considĂšrent qu'ils sont en danger (exemple des antennes tĂ©lĂ©phoniquesâŠ) et peuvent ainsi faire la demande d'une expertise scientifique, qui appuiera ou non leurs craintes Ă ce sujet.
Le document Green Paper on Citizen Science: Citizen Science for Europe[7] les décrit dans ces termes (traduction libre) :
« ... des activitĂ©s de recherche scientifique auxquelles des citoyens contribuent activement par un effort intellectuel ou par l'apport de connaissances pertinentes, d'outils ou de ressources. Les participants fournissent des donnĂ©es et des lieux de recherche, soulĂšvent de nouvelles questions ; ils collaborent avec les chercheurs Ă la crĂ©ation d'une nouvelle culture scientifique. Tout en effectuant des activitĂ©s Ă la fois intĂ©ressantes et utiles, ces chercheurs bĂ©nĂ©voles acquiĂšrent de nouvelles connaissances et compĂ©tences, ainsi qu'une meilleure comprĂ©hension du travail scientifique. Ces pratiques en rĂ©seau, ouvertes et transdisciplinaires, amĂ©liorent les interactions science-sociĂ©tĂ©-politique et favorisent une recherche plus dĂ©mocratique, oĂč la prise de dĂ©cision se fonde sur les rĂ©sultats des recherches[8]. »
C'est un des aspects d'une gouvernance plus collaborative et citoyenne du bien commun que constituent les ressources naturelles[9], qui semble pouvoir se dĂ©velopper dans le contexte du Web 2.0. Ces sciences participatives peuvent aussi ĂȘtre un moyen pour les citoyens de retrouver ou conserver un contact avec la faune et la flore qui les entourent, tout en contribuant Ă leur restauration et Ă leur protection [10].
On retrouve trois grands types de programmes de sciences citoyennes :
- des programmes initiés par des scientifiques, qui ont besoin de citoyens volontaires (experts, spécialistes, amateurs ou néophytes du domaine scientifique concerné) pour les aider à collecter un grand nombre de données, ou encore des données sur un vaste territoire ou sur une longue durée ;
- des projets d'initiative citoyenne, auxquels des scientifiques ou des équipes scientifiques se sont associés et intégrés ;
- des programmes initialement coconstruits entre scientifiques et citoyens intĂ©ressĂ©s par un mĂȘme sujet d'Ă©tude ou objectif.
Dans tous les cas, les citoyens volontaires peuvent - en respectant un protocole préparé ou validé par des scientifiques - effectuer des observations, des mesures, des échantillonnages ou comptages et transmettre ces données (brutes ou préparées) afin qu'elles soient traitées et analysées par les scientifiques. à titre d'exemple, en 2010, environ 200 000 personnes ont contribué à la surveillance des cours d'eau proches de chez eux pour la journée mondiale de l'évaluation de la qualité des cours d'eau « World Water Monitoring Day »[11].
Le suivi d'habitats, espĂšces ou Ă©cosystĂšmes via des indicateurs qui semblent pour la plupart indiquer une situation en dĂ©clin[12] doit ĂȘtre fait Ă large Ă©chelle, notamment pour Ă©valuer le chemin qui reste Ă faire pour atteindre les objectifs de l'ONU en matiĂšre de biodiversitĂ©[13]. Certains indicateurs, concernant les poissons ou les oiseaux[14] donnent aussi des informations sur l'impact phĂ©nologique du dĂ©rĂšglement climatique[15]. Souvent un suivi temporel long et/ou sur de vastes territoires est nĂ©cessaire. Les scientifiques peuvent alors se faire assister, par des publics d'amateurs, des usagers ou des associations. La motivation de ces acteurs (parfois nommĂ©s « observ'acteur »[16] peut ĂȘtre dĂ©terminante pour l'ampleur et la qualitĂ© de certaines Ă©tudes[17].
On parle parfois de « parataxonomistes »[18] pour dĂ©crire des personnes n'ayant pas de formation scientifique mais employĂ©es comme assistant de chercheur sur le terrain. Ces parataxonomistes sont par exemple des Ă©tudiants, des Ă©covolontaires ou membres de populations locales qui assistent des chercheurs dans leur tĂąche. Selon les cas ils peuvent ĂȘtre formĂ©s ou non, ou bĂ©nĂ©ficier d'une petite formation initiale. Ils sont surtout utilisĂ©s en zone tropicale pour inventorier la biodiversitĂ© qui est particuliĂšrement riche alors que les spĂ©cialistes capables de dĂ©terminer ces espĂšces sont rares.
Aspects organisationnels et juridiques
L'esprit de ces projets est généralement participatif, scientifiquement trÚs ouvert et non concurrentiel, mais ils peuvent parfois aussi associer des citoyens à des structures privées ou publiques juridiquement contraintes par leurs statuts
- Les budgets de ces projets Ă©tant souvent rĂ©duits, leurs auteurs utilisent souvent des logiciels libres ou les produisent pour les besoins du programme Ă partir d'outils open source, de formats ouverts, tout en recherchant une grande interopĂ©rabilitĂ©, voire une standardisation de prĂ©sentation des donnĂ©es (nĂ©cessaire Ă l'interopĂ©rabilitĂ©, des SIG par exemple). Ils recherchent aussi une simplicitĂ© d'usage pour les non-spĂ©cialistes associĂ©s aux Ă©tudes. De mĂȘme, ces projets produisent et utilisent volontiers des sources scientifiques dites « open access » (libre d'accĂšs pour les francophones).
- Ces programmes peuvent toutefois aboutir à la production de données potentiellement commercialisables, ce qui pose des questions juridiques particuliÚres (il serait par exemple difficile d'imaginer imposer des clauses de confidentialité à des citoyens volontaires pour ce seul motif).
- Les donnĂ©es « brutes » (primaires), « secondaires » (Il peut y avoir une protection juridique des bases de donnĂ©es agrĂ©gĂ©es, vĂ©rifiĂ©es, triĂ©es, et commentĂ©es quand la rĂ©alisation de la base a nĂ©cessitĂ© des investissements humains, financiers ou en temps substantiels) ou « interprĂ©tĂ©es » (et alors Ă forte valeur ajoutĂ©e) acquises par un groupe d'individu qui mutualisent leurs temps et certains moyens, peuvent avoir divers statuts juridiques, que ce soit dans un contexte de sciences participatives ou dans d'autres domaines collaboratifs[19]. Ce statut concernera notamment les droits de propriĂ©tĂ©, protection, diffusion ou rĂ©utilisations[19]. La donnĂ©e Ă©laborĂ©e relĂšve souvent du droit d'auteur car via l'interprĂ©tation et la subjectivitĂ© de l'auteur (ou des auteurs) elle prĂ©sente une originalitĂ©. Des croquis ou photographies naturalistes peuvent aussi prĂ©senter un caractĂšre artistique. Enfin, le droit des marques peut ĂȘtre Ă©voquĂ© quand l'auteur ou les auteurs (ONG, laboratoires, etc.) disposent d'une marque dĂ©posĂ©e.
Un Livre blanc[20] a été publié à ce sujet par l'Office des données naturalistes d'Alsace (ODONAT).
IntĂ©rĂȘts
- Les sciences citoyennes permettent d'obtenir des données sur de vastes espaces géographiques et de longues périodes de temps, ce qui est particuliÚrement important dans les sciences de la nature (écologie, biologie des populations, biologie de la conservation..) et du climat (phénologie).
- Les programmes de sciences citoyennes sont souvent économiquement plus viables car résistant mieux aux aléas des programmes de financement de la recherche.
- Les citoyens représentent une force importante de travail, de compétences.
- Les citoyens peuvent contribuer au développement de la recherche et enrichir les connaissances scientifiques. En retour, les scientifiques leur font part des résultats obtenus.
- Cette recherche collaborative contribue à une accumulation de connaissances pour tous types d'acteurs : collectivités territoriales, réserves naturelles, associations, etc. Ces connaissances sont ensuite mobilisées pour mettre en place des actions ciblées de protection[21].
- Lorsque les scientifiques sont actifs, les programmes de science citoyenne sont des processus de médiation scientifique privilégiés, rapprochant le citoyen du scientifique et l'invitant à comprendre les enjeux liés au thÚme des études auxquelles il participe.
Comme le suggĂ©rait Jean-Michel Cornu[22], consultant international et expert europĂ©en dans le domaine des Nouvelles Technologies et de la SociĂ©tĂ© de l'information et directeur scientifique de la Fondation Internet Nouvelle GĂ©nĂ©ration (FING), impliquer les citoyens dans la rĂ©alisation mĂȘme de la science est un moyen privilĂ©giĂ© pour les sensibiliser aux mĂ©thodes et Ă la dĂ©marche scientifique. Le processus engendrĂ© par les programmes de sciences citoyennes irait donc au-delĂ d'une simple diffusion des connaissances. Il rendrait la science plus concrĂšte, mieux comprise et plus proche de la vie quotidienne. - Les sciences citoyennes permettent d'amĂ©liorer la surveillance de la biodiversitĂ©[23] Ă moindre coĂ»t pour les Ătats qui s'appuient de plus en plus sur des naturalistes bĂ©nĂ©voles, en plus des scientifiques et bureaux d'Ă©tudes financĂ©s par exemple pour la surveillance de la biodiversitĂ© ;
La Convention sur la diversitĂ© biologique (CDB) impose aux Ătats signataires de produire des indicateurs Ă©valuant leur performance en termes de frein Ă la perte de la biodiversitĂ© (16 indicateurs clĂ©s ont Ă©tĂ© identifiĂ©s pour le suivi des objectifs de la CDB). Un seul, intitulĂ© «Tendances dans lâabondance et la rĂ©partition dâespĂšces indicatrices» (Trends in the abundance and distribution of selected species) » est un indicateur global direct de suivi de la biodiversitĂ© « non exploitĂ©e »[24].
En France, cette surveillance est entiĂšrement basĂ©e sur les donnĂ©es collectĂ©es par des bĂ©nĂ©voles. Le temps de travail consacrĂ© Ă ce suivi correspond Ă une Ă©conomie en coĂ»ts administratifs. Des chercheurs (du MusĂ©um et d'Ifremer) l'ont estimĂ©e en 2010 entre 678 523 âŹ/an et 4 415 251 âŹ/an (selon les scĂ©narios retenus et rien que pour l'administration française)[24].
La motivation des volontaires et leur nombre, ainsi que leur large rĂ©partition sur le terrain, compense et limite le risque de biais et de moindre neutralitĂ© (non confirmĂ©e dans la littĂ©rature) dans les Ă©valuations, bien quâil faille sans cesse continuer Ă amĂ©liorer les protocoles, les valider et mieux utiliser les nouveaux outils (collaboratifs et informatiques notamment, qui permettent maintenant Ă des personnes de mieux contribuer Ă ce type de travail, en rĂ©seau, et sans formation spĂ©cialisĂ©e de longue durĂ©e. La formation des universitaires Ă la taxonomie a reculĂ© faute de budget ou de prioritĂ© dans les pays de l'OCDE, et les bĂ©nĂ©voles spĂ©cialistes des espĂšces, de l'identification, la taxonomie et recensement sont maintenant beaucoup plus nombreux que les professionnels[25].
Ă titre dâexemple, pour recueillir un mĂȘme type d'information (indicateurs pour lâĂ©valuation de la biodiversitĂ© en Europe), les Ă©quipes sont constituĂ©es de 83 % de bĂ©nĂ©voles en moyenne en Allemagne (et de 0 % en Pologne)[25].
Limites
Les sciences citoyennes ne semblent pas adaptées à tous les sujets :
- l'objet Ă©tudiĂ© ne doit pas ĂȘtre dangereux ;
- il doit idĂ©alement ĂȘtre assez accessible, et pouvoir ĂȘtre apprĂ©hendĂ© et observĂ© par un nĂ©ophyte ou amateur, si possible dans son environnement proche ;
- certains domaines comme l'épidémiologie ou l'éco-épidémiologie n'utilisent pas ce type d'approches, notamment pour des raisons de confidentialité des données relatives aux personnes malades et à leur vie privée.
Ătats des lieux
Programmes internationaux
- Zooniverse, portail de sciences citoyennes principalement tourné vers l'astronomie avec des projets tels Galaxy Zoo.
- Foldit, jeu vidéo expérimental sur le repliement des protéines.
- Sensor.Community, réseau global de capteurs environnementaux, particuliÚrement axé sur la mesure des particules fines.
RĂ©flexion et concertation
En octobre 2009, une premiÚre rencontre nationale sur les sciences citoyennes a fait écho à Montpellier aux nouvelles pratiques associant scientifiques et citoyens[26]. Ce colloque a présenté divers programmes de « recherche citoyenne ». Il a permis à des porteurs de projets, scientifiques, observateurs, citoyens et représentants de collectivités de partager leurs attentes et réfléchir à la définition et aux enjeux des sciences citoyennes. En , la Société française d'écologie (SFE) a ouvert une plate-forme multimédia qui se veut aussi une tribune libre ouverte aux échanges d'idées et débats sur les thÚmes « Quelle place pour la science participative ? Quelles interactions entre « experts » et observateurs ? Quels résultats ? Quel avenir ? »
En 2016, François Houllier (directeur gĂ©nĂ©ral de l'INRA) a rendu Ă Najat Vallaud-Belkacem (ministre de lâĂducation Nationale, de l'Enseignement SupĂ©rieur et de la Recherche) et Ă Thierry Mandon (SecrĂ©taire d'Ătat chargĂ© de l'Enseignement SupĂ©rieur et de la Recherche) un rapport sur "Les Sciences Participatives en France", construit en trois parties (Ă©tat des lieux, bonnes pratiques et recommandations). Ce travail co-Ă©crit avec Jean-Baptiste Merilhou-Goudard (conseiller du PDG de l'Inra) traite du travail collaboratif ainsi que des moyens techniques, financiers et rĂ©glementaires[27].
Programmes
Le Collectif National Sciences Participatives-BiodiversitĂ© a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en 2012. Il rassemble des programmes de sciences participatives, et est co-animĂ© par la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l'Homme (FNH) et l'Union Nationale des Centres Permanents d'Initiatives pour l'Environnement (UNCPIE). Il a notamment pour objectifs de structurer et rĂ©unir les acteurs de sciences participatives, recenser leurs initiatives, soutenir la contribution des sciences participatives auprĂšs des instances politiques ou encore alimenter chaque annĂ©e lâindicateur de lâObservatoire national de la biodiversitĂ©[28]. En , le collectif crĂ©e le site internet OPEN (Observatoires Participatives des EspĂšces et de la Nature), qui recense les initiatives de sciences participatives en France[29] - [30] - [31] - [32].
En 2015 a été initié le collectif Vigie-Mer afin structurer le réseau des acteurs des sciences participatives en milieux marin et littoral, en explosion depuis les années 2000, en améliorant la visibilité et faciliter le lien avec chercheurs et gestionnaires d'aires marines protégées, mutualiser les méthodes et travailler sur la complémentarité des données[33].
Le Muséum national d'histoire naturelle porte de nombreux programmes de sciences participatives en biodiversité, à la fois via INPN espÚces, programme d'inventaire participatif ayant pour objectif de compléter la répartition des espÚces françaises et sous le chapeau Vigie-Nature, né en 1989 à partir du Suivi Temporel des Oiseaux Communs[34] - [35], mais également en astronomie via le programme FRIPON de détection des bolides célestes [36].
En ce qui concerne la biodiversitĂ©, les associations botaniques et ornithologiques sont particuliĂšrement actives, notamment via le rĂ©seau Visionature, Tela Botanica, Migraction, etc., et les actions de nombreuses associations locales sur le territoire. Outre ces programmes, des protocoles existent Ă©galement pour aider des groupes de naturalistes amateurs Ă s'organiser par eux-mĂȘmes pour exploiter leurs donnĂ©es : cette approche a notamment rencontrĂ© le succĂšs Ă la RĂ©union[37].
Québec
Au Québec, il existe plusieurs programmes de science citoyenne, notamment :
- iPapillon;
- Mission monarque, un programme nord-américain pour documenter la répartition et l'utilisation des habitats de reproduction du monarque (Danaus plexippus)[38];
- Banque de donnĂ©es ĂPOQ (Ătude des populations d'oiseaux du QuĂ©bec) remplacĂ© depuis 2013 par eBird QuĂ©bec;
- Atlas des oiseaux nicheurs du Québec ;
- Atlas des amphibiens et des reptiles du Québec.
Perspectives
Parfois loin des institutions, les sciences citoyennes se sont discrÚtement développées dans les années 1990-2000, dans une nouvelle dynamique, profitant notamment des progrÚs de l'informatique et des outils qui ont dopé les potentialités du travail collaboratif.
LâĂ©tude et le suivi de la biodiversitĂ©, qui sont des domaines de prĂ©dilection pour lâapplication des principes de sciences citoyennes (du fait d'une quantitĂ© de donnĂ©es Ă recueillir considĂ©rable sur l'ensemble du territoire, d'espaces « hors laboratoires », c'est-Ă -dire accessibles Ă tous (Michel Callon et al., 2001[39]) sont ainsi Ă l'honneur lors de cet Ă©vĂ©nement.
La démocratisation de l'accÚs au GPS, permet via un simple téléphone portable de contribuer à des inventaires de la biodiversité, par exemple dans le cadre du projet InterregRINSE[40] qui a développé une application smartphone dite « Th@s Invasive » ; gratuite, disponible en français ou en anglais, et facilement téléchargeable[41] permettant à chacun de recenser et cartographier un grand nombre d'espÚces exotiques envahissantes, en prenant une photo de l'espÚce en question, qui sera géoréférencée par le GPS du smartphone et envoyé par le logiciel une fois confirmation faite par l'écocitoyen participant à cet inventaire général et permanent qui vise à limiter les impacts négatifs des espÚces dites « invasives ».
Ă partir d'une telle base de donnĂ©es, on peut ensuite extraire (Ă©ventuellement de maniĂšre automatisĂ©e) des informations phĂ©nologiques d'intĂ©rĂȘts climatique ou Ă©cologique sur les dates de germination, floraisons, fructification, reproduction, migration, etc. Il est aussi possible d'avoir des informations sur la taille de l'animal photographiĂ© (si l'on met par exemple une piĂšce de 1 euro Ă cĂŽtĂ© du poisson photographiĂ©), ce qui apporte chez certaines espĂšces des indications sur l'Ăąge, le nombre d'Ćufs potentiellement pondus, ou parfois sur le sex-ratio; qui lui-mĂȘme peut apporter des informations sur une possible pollution par des perturbateurs endocriniens). Il serait aussi possible de dĂ©tecter d'Ă©ventuels effets de co-invasivitĂ© ou des facteurs favorisant ces espĂšces qui n'auraient pas encore Ă©tĂ© compris.
La colonisation de nouveau secteur gĂ©ographique pourra ĂȘtre dĂ©tectĂ©e plus vite, voire anticipĂ©e, ce qui permettra aux gestionnaires de milieux et d'espĂšces de mieux limiter certains des effets nĂ©gatifs de ces phĂ©nomĂšnes de pullulation.
Ce type d'approche a Ă©tĂ© rendue possible par un travail prĂ©alable (depuis les annĂ©es 1990) sur l'aide Ă l'identification interactive par clĂ© d'identification visuelle de plantes non indigĂšnes pouvant (potentiellement) reprĂ©senter une menace pour la biodiversitĂ©, notamment dans lâĂ©cozone qui inclut l'Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique et le grand Nord-Ouest de la France[42]. Ce travail d'identification peut aussi ĂȘtre utile pour les autres rĂ©gions et pays, notamment oĂč ces espĂšces seraient rĂ©glementĂ©es ou lĂ oĂč elles peuvent ĂȘtre recherchĂ©es par les douanes comme "contaminants d'exportations commerciales" (exemple : « contamination par des graines dans de la nourriture pour oiseaux, mauvaises herbes dans des bonsaĂŻs »[42]... Hormis pour les algues et mousses, ces clĂ©s interactives sont liĂ©es aux informations sur les espĂšces de la « Q-bank Invasive Plants database » (fiches descriptives et informatives, cartes d'aire de rĂ©partition mondiale, barcode molĂ©culaire lorsque disponible, etc.). Ces informations sont disponibles en ligne[42].
Notes et références
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- Cette notion fait référence à Michel Callon et al. Dans l'ouvrage Agir dans un monde incertain, essai sur la démocratie technique, ils opposent la science confinée, c'est-à -dire la science produite en laboratoire, à une science de plein air, plus accessible à tous.
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Voir aussi
Bibliographie
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Articles connexes
- Science
- Science ouverte
- ĂcocitoyennetĂ©
- Travail collaboratif
- Observatoire astronomique
- Observatoire de la biodiversité
- Ăvaluation environnementale
- Participation
- Programme de communication, d'Ă©ducation, de sensibilisation et de participation du public
- Biologie participative
- Inventaire participatif
- Ăvaluation participative
Liens externes
- Dossier Sciences et recherches participatives Ă INRAE
- (en) Citizen science sur le site du National Geographic
- (fr) Programmes des dispositifs contributifs culturels, base de données des plateformes contributives en humanités numériques du programme de recherches ANR Collabora.
- (fr) https://sciencesparticipatives.inra.fr : le site des sciences participatives de l'Institut national de la recherche agronomique
- Open Sciences Participatives, plateforme officiel du collectif français
- Dossier Observez la biodiversité avec les sciences participatives sur Balises, magazine de la BibliothÚque publique d'information.
Vidéographie
- Table ronde Colloque Sciences citoyennes & Biodiversité (2009), organisé par Tela Botanica