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Expert

L'expert est une personne qui, en plus de posséder une connaissance théorique d'un domaine délimité de savoir, a acquis une connaissance pratique, avancée et reconnue par ses pairs du domaine. Par son expérience, l'expert est censé avoir acquis des habiletés particuliÚres lui permettant de réaliser notamment des avis d'expertise.

Jacques Attali est l'expert le plus invité dans les médias français, il s'exprime sur les sujets d'ordre politique, économique, financier, technologique, médical, scientifique, littéraire ou philosophique[1].

ÉlĂ©ments de dĂ©finition

L'expert est une personne réputée maßtriser la connaissance d'un domaine donné. Cette connaissance est censée avoir une réalité en soi. De plus, il doit avoir acquis une expérience reconnue par ses pairs. L'expert est en mesure d'évaluer les éléments faisant partie de son champ d'expertise[2] et de produire des avis d'expertise.

Distinctions

Par ses habiletés acquises notamment par son expérience, l'expert se distingue du novice.

Par ailleurs, il faut diffĂ©rencier l'expert du savant et du spĂ©cialiste. Concernant ce dernier, on peut ĂȘtre spĂ©cialisĂ© dans un domaine sans en ĂȘtre un expert.

Qualités attendues

On attend généralement d'un expert plusieurs qualités :

  • possĂ©der une connaissance qui ne soit pas surpassĂ©e par celle du savant ;
  • avoir la capacitĂ© du fait de son expĂ©rience et d'une intĂ©gration de savoirs variĂ©s, d'exprimer des jugements pertinents (sagacitĂ©) ;
  • se rĂ©vĂ©ler apte Ă  communiquer et Ă  participer Ă  des dĂ©bats ouverts avec des dĂ©cideurs et des non-experts ;
  • honnĂȘtetĂ©, indĂ©pendance et compĂ©tence.

La neutralitĂ© de l'avis de l'expert peut ĂȘtre contrainte par des engagements, tel que signatures de clauses de confidentialitĂ© ou de devoir de rĂ©serve, afin d'Ă©viter des conflits d'intĂ©rĂȘts, des pressions de la part de ses employeurs et/ou d'influences diverses. Pour limiter les risques de ce type, de nombreuses agences internationales ou nationales se voulant indĂ©pendantes, conformĂ©ment Ă  leurs statuts, demandent maintenant Ă  leurs experts scientifiques de dĂ©poser et signer une « dĂ©claration d’intĂ©rĂȘt »[3]. De plus chaque expert se doit d'Ă©tablir une « dĂ©claration spĂ©cifique d’intĂ©rĂȘt » pour chaque rĂ©union et en relation avec « tout mandat donnĂ© ». L'EFSA a prĂ©vu un examen des dĂ©clarations visant Ă  dĂ©tecter d'Ă©ventuels conflits potentiels d’intĂ©rĂȘt et Ă  agir en consĂ©quence[4]. Les intĂ©rĂȘts pris en compte sont directs ou indirects : ce sont, par exemple, les conflits d'intĂ©rĂȘts qui pourraient ĂȘtre induits, tel qu'un emploi (actuel ou ancien, dont il peut ĂȘtre en sous-traitance), des investissements, tout type d'honoraires, une participation au capital d'une entreprise, une bourse, un parrainage ou n'importe quel type de prestation ainsi que des intĂ©rĂȘts dĂ©coulant des activitĂ©s professionnelles de l'expert ou de ses proches y compris en parentĂ© ; l’appartenance ou l’affiliation Ă  une organisation ou Ă  un organisme ayant des intĂ©rĂȘts dans les travaux de l’EFSA. L'expert doit notamment fournir un curriculum vitĂŠ dĂ©taillĂ©, ce qui peut poser problĂšme dans le cas d'experts ayant fait des travaux relevant de la confidentialitĂ© imposĂ©e par contrat ou relevant de la dĂ©fense. Cette transparence rĂ©pond Ă  quelques scandales liĂ©s Ă  une expertise partiale, mais aussi au fait que dans certains domaines Ă©mergents (certains domaines du gĂ©nie gĂ©nĂ©tique ou des nanomatĂ©riaux par exemple, oĂč il est difficile de trouver des experts qui ne soient pas peu ou prou liĂ©s Ă  des entreprises ou Ă  des intĂ©rĂȘts privĂ©s ou publics). Malheureusement, depuis des annĂ©es, l'EFSA est au centre mĂȘme de la question en matiĂšre, non seulement, de l'indĂ©pendance de ses membres mais de conflits majeurs concernant des intĂ©rĂȘts et financements par les industries alimentaires en parties liĂ©s Ă  leurs travaux[5].

L'expert reconnu dans une profession, une spĂ©cialitĂ©, qui fait rĂ©fĂ©rence de fait ne peut ĂȘtre qu'un spĂ©cialiste en conflit quasi permanent d'intĂ©rĂȘt selon la dĂ©finition la plus rĂ©pandue dans le monde des amphithĂ©Ăątres, des centres de recherches et/ou de l'enseignement. Car cet expert, ces experts se doivent d'ĂȘtre connus, reconnus de tout professionnel, tout technicien, tout spĂ©cialiste en la matiĂšre et ĂȘtre un rĂ©fĂ©rent. De fait ĂȘtre au sein de ses pairs et connu de chacun qui lui accorde confiance et crĂ©dit qui sont validĂ©s. Par ailleurs un Ă©lĂ©ment dĂ©terminant reste Ă  connaĂźtre concernant l'expert qui engage ses avis, son expertise vis-Ă -vis de tiers a-t-il souscrit Ă  une assurance en responsabilitĂ© civile professionnelle venant en couverture d'erreurs Ă©ventuelles, dommages provoquĂ©s, pertes de piĂšces, retard en sa mission.

Critiques

Certains penseurs dont Howard Zinn[6] pensent qu'il existe deux idées fausses à propos des experts :

  1. les experts seraient plus lucides et plus intelligents que les citoyens ordinaires. Ce n'est pas toujours le cas selon lui ;
  2. ces experts seraient dignes de confiance et pourraient agir au nom des citoyens car ils auraient les mĂȘmes intĂ©rĂȘts, les mĂȘmes valeurs, les mĂȘmes dĂ©sirs. Bref, les experts seraient objectifs. Or, la sociologie a dĂ©montrĂ© que tous les ĂȘtres humains sont influencĂ©s par leur histoire personnelle, leur groupe social (s'ils sont riches ou pauvres, cela influe sur leur façon de penser), leur sexe, leur couleur de peau, leurs mƓurs, etc.

MĂȘme lorsqu'il se livre Ă  une observation scientifique, le savant sait que ce qu'il observe sera affectĂ© par son point de vue. Le scientifique allemand Werner Heisenberg devint cĂ©lĂšbre grĂące Ă  son "principe d'incertitude". Dans son livre de 1959, From Plato to Planck, il Ă©crit qu'en "science on n'a pas affaire Ă  la nature elle-mĂȘme mais Ă  la science de la nature - c'est-Ă -dire Ă  la nature qui a Ă©tĂ© pensĂ©e et dĂ©crite par l'homme"[7]. Selon Howard Zinn, « s'en remettre aux grands penseurs, aux autoritĂ©s et aux experts est [...] une atteinte Ă  l'esprit mĂȘme de la dĂ©mocratie. Toute dĂ©mocratie repose sur l'idĂ©e que hormis certains dĂ©tails techniques Ă  propos desquels les experts peuvent ĂȘtre utiles, les dĂ©cisions importantes pour l'ensemble de la sociĂ©tĂ© sont Ă  la portĂ©e de n'importe quel citoyen ordinaire. » [8].

À noter que les critiques rĂ©pĂ©tĂ©es Ă  l'Ă©gard des experts peuvent avoir un effet pervers: abaisser le niveau gĂ©nĂ©ral du dĂ©bat en mettant tous les points de vue sur le mĂȘme plan.

Expertise citoyenne

Une notion nouvelle, dérivée du concept d'expert, apparaßt qui est l'« expertise citoyenne », qui peut éventuellement mobiliser une contre-expertise scientifique.

Des chercheurs tentent aussi depuis la fin du XXe siĂšcle de dĂ©velopper et affiner des systĂšmes experts gĂ©nĂ©ralement basĂ©s sur des logiciels conçus pour en quelque sorte « imiter » la dĂ©marche d'analyse d'experts d'un domaine donnĂ© (ex : assistance au diagnostic mĂ©dical).

Types d'expert

L'ANPE définit dans son répertoire opérationnel des métiers et des emplois un certain nombre de métiers ayant pour titre « expert », comme « expert / experte en art » ou « expert / experte UNIX ».

Dans le secteur immobilier

Dans ce secteur, il existe deux types d'experts.

  • Les « experts immobiliers » qui sont chargĂ©s d'Ă©valuer la valeur des biens, qu'il s'agisse d'une valeur vĂ©nale, valeur locative, d'un cout de reconstruction, valeur Ă  la casse, etc. Il s'agit de techniciens combinĂ©s du droit (de l'urbanisme, de la construction, fiscal, etc.) et du bĂątiment (type de matĂ©riaux, etc.), mais il est Ă  noter qu'ils ne sont pas systĂ©matiquement agrĂ©Ă©s auprĂšs des tribunaux[9].
  • Les « experts en diagnostic immobilier », Ă©galement appelĂ©s diagnostiqueurs immobilier, qui analysent le bien pour mesurer sa surface exacte, identifier la prĂ©sence ou non de plomb, d'amiante, de parasites, mesurer les performances thermiques ou en matiĂšre d'isolation sonore, etc. En France, depuis le , pour prĂ©tendre exercer, les diagnostiqueurs immobiliers doivent ĂȘtre certifiĂ©s par le COFRAC.

D'autres types d'experts peuvent cependant ĂȘtre connexes avec l'immobilier. C'est le cas d'un gĂ©omĂštre-expert ou encore d'un « expert en bĂątiment ». Il est diffĂ©rent des experts immobiliers de par le but de sa mission, beaucoup plus orientĂ© sur les problĂšmes du bien immobilier que sur sa valeur. Il peut cependant avoir Ă  se prononcer sur une valeur gĂ©nĂ©rale de l'immeuble, par exemple dans le cadre d'un problĂšme d'assurance oĂč la valeurs des dĂ©gĂąts seraient plus importantes que la valeur vĂ©nale du bien.

Dans le secteur comptable

Il s'agit de missions légales d'experts comptables.

La plupart des interventions d'un expert, rĂ©glementĂ©es par le code du travail, sont financĂ©es par l'entreprise elle-mĂȘme :

  • analyse des comptes annuels ;
  • contrĂŽle de la participation et de l'intĂ©ressement ;
  • procĂ©dure d'alerte.

Dans le secteur des assurances

  • Expert en assurances : il est chargĂ© par les sociĂ©tĂ©s et mutuelles d'assurances, d'Ă©tablir le montant du prĂ©judice subi par un assurĂ© aux fins de l'indemniser Ă  sa juste valeur.

Il existe autant d'expert en assurances que de spĂ©cialitĂ©s pour couvrir tous les domaines de la technicitĂ© : bijoux et Ɠuvres d'art, mobilier, immobilier, automobile, etc.

Lorsqu'au cours de son estimation l'expert en assurance a un doute sur les circonstances du sinistre, il en rĂ©fĂšre Ă  son mandant (la sociĂ©tĂ© ou la mutuelle) qui mandate alors un inspecteur ou un enquĂȘteur d'assurances, Ă©galement dĂ©nommĂ© « expert-enquĂȘteur ».

Son rÎle consiste à déterminer les circonstances d'un sinistre qu'il soit automobile, un vol, un incendie ou autre.

L'expert enquĂȘteur ou « enquĂȘteur d'assurances » entendra les parties, recherchera les tĂ©moins, tentera de comprendre Ă©ventuellement les causes d'un sinistre (par exemple en matiĂšre de circulation un dysfonctionnement des feux tricolores, en matiĂšre d'incendie la prĂ©sence de produits inflammables...).

Son rÎle, à cheval entre le détective et l'expert en assurances sera primordial pour assurer la défense de l'assuré face à un adversaire de mauvaise foi qui conteste et tente de dégager sa responsabilité.

Il peut donc ĂȘtre amenĂ© Ă  conclure sa mission par une fraude ou une tentative de fraude Ă  l'assurance lorsqu'un adversaire (parfois un assurĂ©) utilise de fausses factures, prĂ©sente de faux prĂ©judices, etc.

Le rapport permet alors à la compagnie de dégager la responsabilité de son assuré poursuivi devant les Tribunaux et, dans les cas les plus graves, à déposer une plainte avec constitution de partie civile pour escroquerie ou tentative s'il y est donné une suite pénale.

  • L'expert d'assurĂ© a pour fonction de dĂ©fendre le client (entreprise ou particulier) face Ă  l'expert d'assurance en cas de sinistre. Il permet aussi Ă  une entreprise ou Ă  un particulier d'Ă©valuer ses biens afin de les assurer en rĂ©alisant une expertise prĂ©alable, de les vendre ou d'optimiser leur gestion en rĂ©alisant une Évaluation immobiliĂšre.

L'expertise préalable est définie par le référentiel CNPP 6109 de juin 2013, édité par le Centre national de prévention et de protection.

Dans les secteurs de la propriĂ©tĂ© industrielle, intellectuelle, artistique, droits d’auteur, presse, droit Ă  l’image

  • Domaines artistiques, de crĂ©ation, de la communication et de la publicitĂ©,
  • Informatique, atteintes aux droits du numĂ©rique, sites miroirs, noms de domaines
  • contrefaçon, copies des dessins et modĂšles, produits et contrefaçons dangereux pour la sĂ©curitĂ© et la santĂ©,
  • contrats de licence, droits dĂ©rivĂ©s, marques, brevets, droits d’auteur, litiges clients-fournisseurs, Ă©valuations diverses, prĂ©judice,
  • traçabilitĂ© des rĂ©seaux, concurrence dĂ©loyale, recherches des filiĂšres
  • avis technique et mĂ©tiers afin de rĂ©solution amiable des litiges

Dans le secteur des traductions

Il y a aussi des experts traducteurs (ou bien traducteurs experts ou bien traducteurs assermentés) et interprÚtes, qui traduisent des documents officiels (certificats, par exemple)[10] - [11].

Notes et références

  1. G. Balabastre et Y. Kergoat, Les nouveaux chiens de garde, 2012.
  2. « Définitions : expert - Dictionnaire de français Larousse », sur www.larousse.fr (consulté le ).
  3. Science indĂ©pendante; DĂ©clarations d'intĂ©rĂȘts, www.efsa.europa.eu, (consultĂ© le ).
  4. [PDF] (en) EFSA’s policy on independence, rĂ©vision du mois de juin 2017, www.efsa.europa.eu/fr, (consultĂ© le ).
  5. VĂ©ronique SmĂ©e, « L'Ă©tude de l'EFSA sur la toxicitĂ© du BipshĂ©nol a relancĂ© le dĂ©bat Â», www.novethic.fr, (consultĂ© le ).
  6. Howard Zinn, Désobéissance civile et démocratie, Agone, collection « Eléments », Marseille, 2010, p. 10.
  7. (en) Werner Heisenberg, cité par Paul Mattick, Marxism and the New Physics, in Philosophy of Science, octobre 1962.
  8. Howard Zinn, op. cit., Introduction : L'idéologie américaine, p. 10 et suiv..
  9. Par exemple dans le cadre d'une simple expertise pour le compte d'une banque dans le cadre d'une prise d'hypothĂšque.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • François-Bernard Huyghe, Les Experts ou l'art de se tromper de Jules Verne Ă  Bill Gates, Paris, Plon, 1996.
  • Dimitri Kitsikis, Le rĂŽle des experts Ă  la ConfĂ©rence de la Paix, Ottawa, Ă©d. de l'UniversitĂ© d'Ottawa, 1972.
  • B. Peckels et J. Hureau, « Essai de dĂ©finition de l'expertise et des experts », Experts, n°78, mars 2008, p. 79.
  • Tom Nichols, The Death of Expertise: The Campaign Against Established Knowledge and Why it Matters, Oxford University Press, 2017.
  • Howard Zinn, DĂ©sobĂ©issance civile et dĂ©mocratie, Agone, collection « Elements », Marseille, 2010, 550 pages.

Liens externes

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