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Isolation phonique

On distingue parfois l'isolation acoustique, qui vise Ă  Ă©viter la propagation dans l'espace ou d'un lieu Ă  l'autre de l'ensemble des bruits, de l'isolation phonique qui s'adresse davantage Ă  l'isolation des bruits de voix. L'insonorisation vise quant Ă  elle Ă  empĂȘcher la propagation du son (par une isolation acoustique intĂ©rieure ou extĂ©rieure), mais de nombreux matĂ©riaux, dits d'« isolation thermophonique » peuvent avoir une triple fonction, Ă  la fois acoustique, phonique et thermique (il s'agit gĂ©nĂ©ralement de mousse ou de panneaux de fibres).

Chambre insonorisĂ©e et anĂ©choĂŻque ici utilisĂ©e par l'Organisation de consommateurs amĂ©ricaine Consumer Reports pour tester une paire d'Ă©couteurs ; cette piĂšce est acoustiquement conçue pour empĂȘcher toute rĂ©flexion significative du bruit sur les murs, le plafond et le sol

Pour le confort acoustique ou des besoins de forte insonorisation (laboratoire acoustique, auditorium, salle d'enregistrement ou de cinéma, logement pour personnes autistes, etc.), on utilise des matériaux et configurations aux propriétés acoustiques absorbantes ou réfléchissantes, ainsi que des moyens de découpler certaines sources de bruit des structures susceptibles de les transférer. Une technologie plus récente utilise des générateurs de son antibruit actifs[1] - [2].

Tout bĂątiment, infrastructure ou activitĂ© « peut ĂȘtre tour Ă  tour « agressĂ© » ou « agresseur » sur le plan acoustique ; il est donc primordial de bien analyser l'environnement sonore de la parcelle, la proximitĂ© du voisinage et les gĂȘnes acoustiques que pourrait gĂ©nĂ©rer l'exploitation du bĂątiment que l'on a Ă  construire au regard de la destination de celui-ci »[3]. Certains matĂ©riaux (buttes de terre vĂ©gĂ©talisĂ©e (merlons), terrasses vĂ©gĂ©talisĂ©es) peuvent aussi dans une certaine mesure absorber le bruit ambiant extĂ©rieur au lieu de le rĂ©verbĂ©rer.

Le contrÎle du bruit est l'un des moyens de limiter l'exposition à des bruits indésirables. L'insonorisation peut réduire la transmission d'ondes sonores indésirables de la source à un auditeur involontaire, par la mise à distance de la source du son et/ou l'utilisation de matériaux agissant lors de la propagation du son.

Principes de propagation des sons

Dans un milieu compressible, le plus souvent dans l'air, le son se propage sous forme d'une variation de pression créée par la source sonore. Seule la compression se déplace et non les molécules d'air, si ce n'est de quelques micromÚtres.

Le son se propage également dans les solides sous forme de vibrations des atomes appelées phonons. Là encore, seule la vibration se propage, et non les atomes qui ne font que vibrer trÚs faiblement autour de leur position d'équilibre.

Typologie des phénomÚnes sonores à atténuer ou supprimer

Ce sont :

  • les sons d'impacts (bruits solidiens) qui se propagent dans la structure du bĂąti (en particulier via les planchers et les sĂ©parations verticales (cloisons intĂ©rieures ou murs extĂ©rieurs) : dĂ©placement de meubles, chocs, impacts de pas sur le sol ou les marches d'escaliers, ou encore bruit de la pluie sur fenĂȘtres de toitures et toiture
 ;
  • les bruits intĂ©rieurs, se propageant via l'air d'une piĂšce Ă  l'autre, ou via les maçonneries, tuyauteries et gaines techniques, en particulier les voix, les sonneries, la musique y compris issus de la radio, tĂ©lĂ©vision, etc. ;
  • le bruit extĂ©rieur, transmis par l'air (ex. : bruits de la circulation), le sol (ex. : trafic ferroviaire) qui profite des dĂ©fauts d'isolation acoustique de l'enveloppe bĂątie et de ses ouvertures (portes, fenĂȘtres) ;
  • les bruits d'Ă©quipements (tuyauterie, ventilation/VMC, chauffage, machine Ă  laver, machines outils, etc.) ;
  • d'autres phĂ©nomĂšnes acoustiques indirects ou indĂ©sirables (rĂ©sonance, Ă©chos, rĂ©verbĂ©rations complexes, guide d'ondes) ou encore le bruit ambiant dans les bureaux amĂ©nagĂ©s en open space (dont pour la confidentialitĂ© des conversations)[4].

Matériaux isolants acoustiques et isolants phoniques

De nombreux facteurs interviennent dans la diffusion du son et des bruits (type de bruit, incidence, nature des matĂ©riaux et isolation, etc.). Des interactions avec l'isolation thermique doivent aussi ĂȘtre prises en compte.
Exemple d'insert acoustique expansé pour bouchonnage de corps creux, permettant l'isolation acoustique d'une automobile.

La gamme de fréquences d'un isolant phonique est restreinte aux bruits de voix et plus largement aux bruits domestiques alors que celle d'un isolant acoustique englobe les bruits industriels et le trafic routier.

En général, plus un matériau est dense, plus il est isolant acoustique (loi de masse). Des effets de peau et de résonance sont toutefois à prendre en compte si le matériau se présente en feuille ou tÎle ou en plaque fine et/ou s'il n'est pas rigide.

Les absorbants acoustiques comme la laine de roche, la laine de verre, de chanvre ou de cellulose sont, dans le domaine du bùtiment, souvent désignés « isolants phoniques » ou « isolants acoustiques » par erreur (ils interviennent en fait, comme absorbants ou « amortisseurs », dans un systÚme masse-ressort-masse permettant une bonne isolation acoustique à moindre poids).

L'isolation par l'extĂ©rieur d'un immeuble ou de maisons mitoyennes prĂ©sente de nets avantages thermiques et Ă©conomiques, mais si les murs ou planchers sont conducteurs du bruit (ex. : dalles bĂ©ton), un doublage intĂ©rieur par un isolant acoustique ou phonique peut ĂȘtre nĂ©cessaire pour attĂ©nuer ou supprimer la transmission du bruit entre logements voisins, contre la « transmission latĂ©rale » par la façade ou une dalle unique.

Points faibles

Dans le bĂątiment (neuf ou en rĂ©habilitation), de mĂȘme que le thermicien doit Ă©viter les fuites et ponts thermiques quand il travaille Ă  l'isolation thermique, l'acousticien doit prendre en compte des effets de conduction et/ou rĂ©verbĂ©ration des ondes sonores, l'effet de mauvaises jonctions entre parois et parfois les effets sonores induits par l'inclusion des rĂ©seaux de fluides (cf. dilatation, bulles, etc.) et de gaines dans le bĂąti et l'espace intĂ©rieur ou extĂ©rieur.

Mesure de l'isolation

Il existe un indice de mesure aux bruits aériens (Rw), c'est-à-dire le bruit route (trafic routier) et le bruit rose (autres bruits aériens), ainsi qu'un indice pour les bruits d'impacts (Lw), lesquels sont exprimés en décibels (dB) (voir Son). On trouve également des valeurs C et Ctr qui sont des termes d'adaptation pour les bruits rose et route.

Pour mesurer l'efficacité d'isolation aux bruits d'impact, on compte généralement la différence de dB entre le matériau nu et avec l'isolant (Ln). Plus la différence de Lw est importante, meilleure est l'isolation. On compte parfois également avec le coefficient Ln, qui représente le bruit restant aprÚs passage dans l'isolation : plus celui-ci est faible, moins la nuisance est élevée et meilleure est l'isolation.

L'absorption acoustique ou correction acoustique, qui est différente de l'isolation acoustique, conditionne la réverbération des sons dans une piÚce donnée. Elle est exprimée en alpha sabine. Plus la valeur est proche de 1, meilleure est l'absorption. Précisément, c'est le rapport de la puissance absorbée par la puissance incidente (en W/m2). Pour la plupart des matériaux, la valeur dépend fortement de la fréquence sonore étudiée.

Isolation contre le bruit de choc sur le sol

Pour l'isolation contre les bruits de pas dans un bùtiment, il est nécessaire de poser une chape lourde sur une isolation élastique sur un plafond massif. La propriété physique d'un systÚme masse-ressort-masse réduit la fréquence de résonance entre la chape et le plafond. Une chape flottante entraßne une réduction importante d'impact sonore d'une piÚce à une autre ou entre les étages. Pour éviter des ponts phoniques, des joints latéraux et de dilatation sont requis entre la chape et la maçonnerie. En outre, la chape flottante réduit la transmission des sons du bruit aérien entre les piÚces. Pour l'exécution de tous les détails possibles, des normes existent[5] - [6]

Le niveau d'efficacitĂ© de la chape flottante est ∆Lw.

L'indice d'efficacitĂ© ∆Lw, exprimĂ© en dB, mesure la performance acoustique aux bruits d'impact d'un revĂȘtement de sol. Plus il est Ă©levĂ©, plus le revĂȘtement est isolant. Indication : la pose des sols souples (sans chape flottante) reste facile Ă  rĂ©aliser. Par contre, ils sont peu efficaces contre les bruits sourds (choc de talon, enfants qui sautent, etc.), en particulier dans les bĂątiments les plus anciens, avec des planchers Ă  poutrelles.

Cas de machines bruyantes

Certaines machines peuvent ĂȘtre isolĂ©es du sol sur des tampons de caoutchouc (silent-blocs) ou un massif de rĂ©action, mais pour une bonne insonorisation, il est parfois nĂ©cessaire d'installer un encoffrement autour de la machine. A l'intĂ©rieur de l’encoffrement la rĂ©verbĂ©ration accroit alors le bruit ambiant. Ce phĂ©nomĂšne peut ĂȘtre, considĂ©rablement, contrecarrĂ© par un matĂ©riau trĂšs absorbant (de coefficients d’absorption aw proche de 1). Ce matĂ©riau peut ĂȘtre utilisĂ© comme "paroi interne", ou disposĂ© Ă  l'intĂ©rieur du coffrage. Souvent, il s'agit de laine minĂ©rale (de verre ou de roche) ; de fibres polyester ; de mousse synthĂ©tique plane ou alvĂ©olĂ©e Ă  pores ouverts

Les ouvertures de l'encoffrement, destinĂ©es aux entrĂ©es sorties de personnel, Ă  la ventilation (apport d'air, Ă©vacuation d'air viciĂ©, compensation thermique, sĂ©chage...), au passage d’élĂ©ments mĂ©caniques doivent toutes ĂȘtre aussi petites que possible et acoustiquement soigneusement traitĂ©es, par exemple avec des portes et sas acoustiques, des systĂšmes de silencieux (droits, Ă  chicanes ou Ă  lames parallĂšles) ; des tunnels acoustiques ; des lamelles (disposĂ©es en quinconce) ; des bavettes souples positionnĂ©es aux deux extrĂ©mitĂ©s (entrĂ©es/sortie) des tunnels (tunnels dont au moins l'une des parois internes doit ĂȘtre revĂȘtue d'un matĂ©riau absorbant. Si une ouverture doit ĂȘtre permanente pour le personnel, un passage en chicane et/ou un sas Ă  double porte amĂ©liorera l'insonorisation.
Le type de matĂ©riau et l'Ă©paisseur des parois doivent ĂȘtre dĂ©finis en fonction du type de bruit Ă©mis. Les parois doivent ĂȘtre fixĂ©es au sol par un joint souple (de type bitumineux par exemple), et toutes les entrĂ©es sorties (fils, cables, tuyaux...) doivent ĂȘtre "collĂ©s" Ă  l'isolant pour Ă©viter toute fuite dans la paroi du caisson. Le pourtour de chaque ouvrant doit ĂȘtre muni de joints isolants et les ouvrants doivent ĂȘtre munis de grooms. La totalitĂ© de l'encoffrement doit ĂȘtre dĂ©solidarisĂ©e de la machine, par une distance d'au moins 20 cm, et par des joints souples (joints de dĂ©couplage) partout oĂč cela est nĂ©cessaire.
Il doit ĂȘtre tenu compte d'Ă©ventuels problĂšmes d'accumulation de poussiĂšres, humiditĂ©, aĂ©rosols huileux, polluants, gaz
 dans l'enceinte[7].

Détermination de la qualité par mesures

La norme NF EN ISO 717-2[8] dĂ©crit la mĂ©thode permettant de convertir les valeurs d'isolement aux bruits aĂ©riens en fonction de la frĂ©quence en une valeur unique apte Ă  caractĂ©riser la performance acoustique. Cette norme dĂ©finit des valeurs uniques de l'isolement acoustique des immeubles et des planchers au bruit de choc. Elle spĂ©cifie des rĂšgles de dĂ©termination de ces valeurs d'aprĂšs les rĂ©sultats de mesurages effectuĂ©s dans des bandes de frĂ©quences de tiers d'octave et d'octave pour des mesurages sur site seulement, elle dĂ©finit Ă©galement des valeurs uniques de la rĂ©duction du bruit de choc par les revĂȘtement de sol et les planchers flottants. Pour vĂ©rifier le niveau d'efficacitĂ© d'un plafond contre le bruit de choc, on utilise une machine Ă  chocs.

RĂ©glementation acoustique

En France

En 1994, une réglementation acoustique (NRA) française[9] concerne tous les bùtiments résidentiels neufs et dont le permis de construire est postérieur à . Elle fixe des exigences minimales en matiÚre d'isolement acoustique. C'est une « obligation de résultat » in situ, exprimé en décibels, une fois que l'habitation est achevée avec les isolements mesurés sur site.

  • La rĂ©glementation acoustique est prĂ©cisĂ©e pour certains types de bĂątiments : habitations, hĂŽtels, lieux d'enseignement et Ă©tablissements de santĂ©[10]. L'effet de l'isolement doit permettre une perte de 30 db entre l'extĂ©rieur et l'intĂ©rieur et de 47 db dans certaines zones proches des aĂ©roports ou d'infrastructures de transport terrestre.
  • le , la loi impose des valeurs chiffrĂ©es pour diffĂ©rents indices acoustiques visant Ă  garantir une qualitĂ© acoustique minimale pour tout logement et certains ouvrages. Ces indices concernent diverses sources de gĂȘnes acoustiques pouvant altĂ©rer le confort des habitants ou usagers du logement, que ce bruit soit « d'origine aĂ©rienne intĂ©rieure (bruit d'Ă©quipement, voix, tĂ©lĂ©vision), aĂ©rienne extĂ©rieure (circulation routiĂšre, train, avion) ou des bruits de choc (bruit de pas, ballon, etc. ». La rĂ©glementation porte sur l'attĂ©nuation des bruits aĂ©riens intĂ©rieurs, le niveau de bruit de choc, l'attĂ©nuation ou suppression du bruit extĂ©rieur, le bruit dans les parties communes et les bruits d'Ă©quipements[11].
  • En 2011, un dĂ©cret annonce que les maĂźtres d'ouvrage devront (dĂšs le et pour tout permis de construire dĂ©posĂ© Ă  partir de cette date) fournir une attestation[12] de prise en compte de cette rĂ©glementation acoustique pour tous les bĂątiments d'habitation, collectifs ou individuels (maisons accolĂ©es ou mitoyennes d'un local d'activitĂ©). L'attestation est fournie – Ă  l'achĂšvement des travaux de bĂątiments d'habitation neufs (conformitĂ© constatĂ© est alors de 60 % par le CRC et de 30 % par Qualitel, car ces derniĂšres opĂ©rations prĂ©sentent un gage de qualitĂ© dĂšs la conception)[13]. AntĂ©rieurement, les contrĂŽles de vĂ©rification Ă©taient surtout effectuĂ©s dans le cadre des dispositifs labellisĂ©s « Qualitel » (contrĂŽle sur le tiers des opĂ©rations). Ces contrĂŽles sont renforcĂ©s depuis 2013. Certains modes d'isolants thermiques peuvent dĂ©grader l'isolement acoustique latĂ©ral (entre deux logements par exemple). Les non-conformitĂ©s les plus frĂ©quentes (en 2012) sont selon le CSTB « des problĂšmes de bruits de choc, liĂ©s Ă  des chapes ou des carrelages flottants mal mis en Ɠuvre (plinthes ou pas de portes) ; des fuites d'eau gravitaires notamment lors de dĂ©voiements en gaines ou lors de passages de dalles sans manchon Ă©lastique ; l'absence de correction acoustique (matĂ©riaux absorbants) dans les parties communes ; ou encore des mauvais calculs et des mauvais dimensionnements d'isolement de façade ». Constructeurs et experts peuvent s'appuyer sur la rubrique « Acoustique » du guide CRC (ContrĂŽle des rĂšgles de construction, publiĂ© par la DHUP) et sur le guide Concilier efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique et acoustique dans le bĂątiment disponible en ligne[14].
  • Pour une maison individuelle, elle est uniquement soumise par la rĂ©glementation Ă  un isolement par rapport aux bruits aĂ©riens extĂ©rieurs (bruits de route, trains, avions, etc.). En revanche, aucune exigence n'est formulĂ©e concernant les cloisons intĂ©rieures ou les planchers.
  • Pour une maison mitoyenne ou maison en bande, elle doit rĂ©pondre d'une part Ă  un isolement par rapport aux bruits de route et d'autre part Ă  un isolement aux bruits aĂ©riens qui peuvent ĂȘtre transmis d'une habitation Ă  une autre Ă  travers les murs sĂ©paratifs, les façades et les sols. Les contraintes rĂ©glementaires sont les mĂȘmes que pour les immeubles collectifs.

En 2015, le CSTB, à la demande de la Direction de l'habitat, de l'urbanisme et des paysages, publie un Guide de suivi de la mise en Ɠuvre en acoustique dans le logement neuf, regroupant les bonnes pratiques du secteur[15].

Cas particulier

Cas des bureaux en open space

Des modĂšles de propagation du son ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s pour Ă©tudier l'influence de tous les paramĂštres d'amĂ©nagement de ces bureaux[16]. Il apparait que des matĂ©riaux trĂšs absorbants doivent ĂȘtre utilisĂ©s au sol, pour les plafonds et que la hauteur des panneaux de sĂ©paration doit ĂȘtre soigneusement calculĂ©e, de mĂȘme que leur disposition et la taille du poste de travail. Un spectre sonore de masquage permet d'amĂ©liorer la confidentialitĂ© des conversations, et le rappel constant de parler Ă  voix basse est nĂ©cessaire[16]. En France, l'Association française de normalisation (AFNOR) a produit en la norme NF S31-199 « Acoustique - Performances acoustiques des espaces ouverts de bureaux »[17] - [18] ;

Cas de l'isolation thermophonique (ou thermoacoustique)

Les avions, navires ou sous-marins et certains vĂ©hicules ou trains circulant en altitude ou dans des rĂ©gions trĂšs froides se dĂ©placent dans un milieu (air, eau) parfois trĂšs froids (−55 °C pour un avion de ligne)[19] - [20], or, ils ont gĂ©nĂ©ralement des parois mĂ©talliques (et alors bonne conductrices du froid). En outre, les moteurs d'avion (Ă  hĂ©lice) ou Ă  rĂ©action (tuyĂšres), ainsi que les moteurs de navires (hors moteurs Ă©lectriques) sont trĂšs bruyants. Et plus la vitesse augmente, plus la couche limite (zone de frottement avec le milieu extĂ©rieur) gĂ©nĂšre de bruit susceptible d'ĂȘtre mĂ©caniquement transmis Ă  l'intĂ©rieur via la carlingue ou de la coque[20]. Les sous-marins militaires doivent en outre d'ĂȘtre aussi silencieux que possible. Dans certaines usines (papeteries par exemple), des machines peuvent ĂȘtre Ă  la fois bruyantes et fonctionner Ă  haute tempĂ©rature[21].

Dans ces cas, les ingénieurs utilisent des « isolants thermophoniques », avec certaines précautions car dans ces espaces confinés (et densément occupés dans le cas des avions), plusieurs problÚmes se posent. Ces isolants doivent[20] :

  • ĂȘtre efficaces, dans la mesure du possible, contre une large gammes de sons (des infrasons aux sons trĂšs aigus des tuyĂšres, ou des bruits freinage dans le cas d'un train) ;
  • ĂȘtre assez rĂ©sistants et insensibles aux chocs thermiques et au feu, et ne pas produire de gaz toxiques s'ils sont exposĂ©s aux flammes ou Ă  de hautes tempĂ©ratures.
  • ne pas s'alourdir et/ou perdre leurs propriĂ©tĂ©s isolantes en se gorgeant d'eau de condensation (or les isolants sont souvent constituĂ©s de fibres ou de mousses Ă  cellules ouvertes hydrophiles ; et ils sont positionnĂ©s entre une paroi froide et une atmosphĂšre intĂ©rieure humide (expiration des occupants ou passagers, air marin naturellement humide...). Sans prĂ©caution, des isolants fibreux hydrophiles ou des isolants poreux Ă  cellule ouverte se comportent comme une “cryopompe” et se gorgent d'eau de condensation (« jusqu'Ă  plusieurs centaines de kg » dans le cas d'un avion). La solution est que chaque bloc d'isolant soit "emballĂ©" dans une couche protectrice Ă©tanche ou hydrophobes, mais assez fine « pour ne pas dĂ©grader l'effet d'absorption acoustique du matĂ©riau poreux » (Ă©paisseur typique 25 mm).

L'isolation des parties chaudes de moteurs ou machines bruyantes requiÚrent des isolants minéraux (autrefois de l'amiante) à utiliser avec précaution.

Quand l'enveloppe extĂ©rieure d'un bĂątiment ou engin mobile est trĂšs bien isolĂ©e, il reste Ă  traiter le confort acoustique des espaces intĂ©rieurs. Un autre problĂšme se pose alors concernant le traitement des Ă©lĂ©ments rĂ©verbĂ©rants (parois lisses typiquement). IdĂ©alement, on utiliserait des revĂȘtements de sol et des matĂ©riaux Ă  fort coefficient d'absorption du bruit, qui prĂ©sentent gĂ©nĂ©ralement des surfaces perforĂ©e et/ou poreuses. Mais des raisons d'hygiĂšne s'y opposent car ces surfaces sont bien plus difficiles Ă  laver, sĂ©cher et dĂ©sinfecter que des surfaces lisses[20].

Vocabulaire technique

  • Classe de transmission du son : au QuĂ©bec, c'est la classification par un seul nombre de la transmission Ă  diffĂ©rentes frĂ©quences du son aĂ©rien, transmis par un mur ou une charpente plancher/plafond[22].
  • Indice d'attĂ©nuation du son (ITS) : donnĂ© en dĂ©cibel, il indique le degrĂ© d'attĂ©nuation offert par un isolant ou une isolation : plus il est Ă©levĂ© plus le niveau de bruit perçu est attĂ©nuĂ©. derriĂšre une paroi Ă  ITS 35

Une discussion à voix normale reste audible et intelligible alors qu'à ITS 40, la voix reste audible, mais inintelligible. Un isolant à ITS 45 elle est inaudible. Au Québec, le Code de construction dans ses article 9.11.2.1. 1) et 9.11.2.1. 3) impose un ITS d'au moins 50db entre chaque logement d'un bùtiment, et de 55db entre un logement et une gaine d'ascenseur ou de vide-ordures[23].

Commercial

Les restaurants, Ă©coles, bureaux et Ă©tablissements de santĂ© utilisent l'acoustique architecturale pour rĂ©duire le bruit. Aux États-Unis, l'OSHA rĂ©glemente la durĂ©e d'exposition des travailleurs Ă  certains niveaux de bruit[24].

Les entreprises commerciales utilisent parfois des technologies d'insonorisation, notamment dans les bureaux Ă  conception ouverte. L'insonorisation est essentielle pour prĂ©venir les distractions liĂ©es aux conversations tĂ©lĂ©phoniques et aux interactions entre collĂšgues. Elle favorise la concentration et prĂ©serve la confidentialitĂ© des Ă©changes. Les panneaux acoustiques doivent ĂȘtre installĂ©s dans les zones de bureau oĂč se croisent de nombreux couloirs et espaces de travail ouverts. Leur emplacement stratĂ©gique permet d'absorber le son, de bloquer sa propagation et de masquer les bruits indĂ©sirables tout en Ă©vitant les interfĂ©rences avec d'autres installations et en optimisant la luminositĂ©[25].

L'amélioration de la qualité sonore dans les environnements éducatifs bénéficie aux enseignants et aux étudiants et favorisent l'apprentissage, la concentration et les interactions en classe. Une étude menée en 2014 par Applied Science a conclu qu'aprÚs l'installation de matériaux absorbant le son dans les salles de classe, 86 % des étudiants ont perçu leurs enseignants de maniÚre plus claire et 66 % ont signalé une amélioration de leur concentration[26].

Notes et références

  1. (en) Timothy G. Hawkins, Studies and research regarding sound reduction materials with the purpose of reducing sound pollution (thĂšse de doctorat), (lire en ligne).
  2. (en) « Acoustics of Buildings: including Acoustics of Auditoriums and Sound-proofing of Rooms », Nature, vol. 114,‎ , p. 85–85 (ISSN 0028-0836, DOI 10.1038/114085b0).
  3. Concilier efficacité énergétique et acoustique dans le bùtiment (guide) CSTB/DGALN, référence Y09 12 0000494, 119 p., p. 11.
  4. (en) J. S. Bradley, « The acoustical design of conventional open plan offices », Canadian Acoustics, vol. 31, no 2,‎ , p. 23–31 (ISSN 2291-1391, lire en ligne, consultĂ© le )
  5. Suisse : SIA 181:2020 Protection contre le bruit dans le bĂątiment.
  6. Belgique : Norme NBN S 01-400-1 : 2008.
  7. Groupe de travail Bruit Cramif-Carsat-INRS (2919), Réussir un encoffrement acoustique ; Fiche pratique de sécurité ED 147 ; 1re édition : septembre 2019 (ISBN 978-2-7389-2481-0) |url=https://www.inrs.fr/dms/inrs/CataloguePapier/ED/TI-ED-147/ed147.pdf
  8. France : NF EN ISO 717-2 (mai 2013) : Acoustique -Évaluation de l'isolement acoustique des immeubles et des Ă©lĂ©ments de construction - Partie 2 : protection contre le bruit de choc.
  9. ArrĂȘtĂ© du 28 octobre 1994 relatif aux caractĂ©ristiques acoustiques des bĂątiments d'habitation (isolation, absorption, rĂ©verbĂ©ration, etc.).
  10. ArrĂȘtĂ©s d'avril 2003.
  11. CSTB/DGALN, guide Concilier efficacité énergétique et acoustique dans le bùtiment, référence Y09 12 0000494, p. 7-, 119 p.
  12. Le modÚle d'attestation est imposé par le décret.
  13. DĂ©cret du 30 mai 2011 (qui sera prĂ©cisĂ© par l'arrĂȘtĂ© du 27 novembre 2012). ArrĂȘtĂ©, Journal officiel, 18 dĂ©cembre 2012.
  14. CSTB/DGALN, guide Concilier efficacité énergétique et acoustique dans le bùtiment, référence Y09 12 0000494, 119 p.
  15. Guide de suivi de la mise en Ɠuvre en acoustique dans le logement collectif neuf, Centre scientifique et technique du bĂątiment, dĂ©cembre 2015, 60 pages, rĂ©fĂ©rence Y11.06 2200438370 (lire en ligne [PDF]).
  16. (en) Young Lee et Francesco Aletta, « Acoustical planning for workplace health and well-being: A case study in four open-plan offices », Building Acoustics, vol. 26, no 3,‎ , p. 207–220 (ISSN 1351-010X et 2059-8025, DOI 10.1177/1351010x19868546, lire en ligne, consultĂ© le )
  17. « NF S31-199 - Acoustique - Performances acoustiques des espaces ouverts de bureaux », sur www.boutique.afnor.org (consulté le )
  18. Mélina Gazsi, « La tyrannie de l'"open space" », Le Monde, (consulté le ).
  19. Mohammed Boubezari, « Au-delĂ  du confort sonore; l'usager dans la maĂźtrise du confort sonore et dans le protocole de mesurage acoustique », sur Espaces et sociĂ©tĂ©s, (ISSN 0014-0481, DOI 10.3917/esp.g2003.115.0043, consultĂ© le ), p. 43–60
  20. Mohammed Boubezari, « Au-delĂ  du confort sonore; l'usager dans la maĂźtrise du confort sonore et dans le protocole de mesurage acoustique », Espaces et sociĂ©tĂ©s, vol. no 115, no 4,‎ , p. 43–60 (ISSN 0014-0481, DOI 10.3917/esp.g2003.115.0043, lire en ligne, consultĂ© le )
  21. PRADES, F. (1997). Isolation thermoacoustique pour l'usine Smart. BĂątiment information (Clichy), (17), 11-12.
  22. « classe de transmission du son », Grand dictionnaire terminologique,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  23. APCHQ, « Qu'est-ce que l'indice ITS? », sur www.apchq.com, (consulté le )
  24. (en) Cara Buckley, « U.S. Standards on Workplace Noise Trail Those of Other Countries », The New York Times,‎ (lire en ligne).
  25. (en) « Acoustic privacy considerations for open-plan offices », sur Atkar (consulté le ).
  26. (en) « Boosting Students' Learning With Soundproofing », The Wall Street Journal,‎ (ISSN 0099-9660, lire en ligne, consultĂ© le ).

Articles connexes

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