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Pont thermique

Un pont thermique est une zone ponctuelle ou linĂ©aire qui, dans l'enveloppe d'un bĂątiment, prĂ©sente une variation de rĂ©sistance thermique. Il s'agit d'un point de la construction oĂč la barriĂšre isolante est rompue. Un pont thermique est donc crĂ©Ă© si :

  • il y a changement de la gĂ©omĂ©trie de l'enveloppe
  • il y a changement de matĂ©riaux et ou de rĂ©sistance thermique
  • il y a une discontinuitĂ© de l'isolant Ă  travers la paroi ou la jonction mur-sol / mur-toiture
Pont thermique
Distribution des températures au niveau d'un pont thermique

Avant que l'on ne commence à isoler, les ponts thermiques représentaient environ 10 à 20 % des déperditions totales d'un bùtiment. Maintenant que l'on isole, le pourcentage des déperditions dues aux parois a fortement baissé, et celui des ponts thermiques a augmenté. Cependant aujourd'hui, avec la mise en vigueur au niveau européen de la directive sur la performance énergétique des bùtiments[1], des solutions sont mises en place pour réduire au minimum les ponts thermiques à l'aide notamment de rupteur de pont thermique et de l'isolation par l'extérieur[2].

Les ponts thermiques constituent donc des zones de fortes déperditions thermiques. Il est important de les limiter pour améliorer le bùtiment.

Les ponts thermiques linéiques sont caractérisés par une valeur exprimée en watts par mÚtre-kelvin (W/(mK)).

En France, dans la RT 2012, le ratio de transmission thermique linĂ©ique moyen global (Ratio ) des ponts thermiques du bĂątiment ne doit pas excĂ©der 0,28 W/(m2 SHONrt.K), de plus le coefficient de transmission thermique linĂ©ique moyen des liaisons entre les planchers intermĂ©diaires et les murs donnant sur l'extĂ©rieur ou un local non chauffĂ© ne doit pas excĂ©der 0,6 W/(m.K) ; article 19 de l'arrĂȘtĂ© du [3].

Les différents ponts thermiques

Il existe trois principaux types de ponts thermiques :

  • les ponts thermiques linĂ©aires, liĂ©s Ă  la jonction de deux parois. Par exemple, la jonction entre plancher et mur extĂ©rieur et entre mur extĂ©rieur et mur de refend ;
  • les ponts thermiques ponctuels, liĂ©s Ă  la jonction de trois parois. Par exemple, un angle entre un plancher et deux murs ;
  • les ponts thermiques structurels, liĂ©s Ă  la technique de mise en Ɠuvre d’un isolant. En effet, une paroi Ă©tant constituĂ©e de plusieurs Ă©lĂ©ments assemblĂ©s entre eux par collage, vissage ou assemblage mĂ©canique, la mise au point de cet assemblage peut ĂȘtre Ă  l'origine d'un pont thermique.

Les ponts thermique linéaires

Les ponts thermiques les plus importants sont les ponts thermiques linéaires. Les plus courants sont les suivants :

  • jonction entre le plancher bas et le mur extĂ©rieur
  • jonction entre le plancher intermĂ©diaire et le mur extĂ©rieur
  • jonction entre le plancher haut et le mur extĂ©rieur
  • jonction entre dalle et balcon
  • jonction entre le mur de refend et le mur extĂ©rieur
  • Ponts thermiques les plus courants
  • Jonction plancher bas/mur extĂ©rieur
    Jonction plancher bas/mur extérieur
  • Jonction plancher intermĂ©diaire/mur extĂ©rieur
    Jonction plancher intermédiaire/mur extérieur
  • Jonction plancher haut/mur extĂ©rieur
    Jonction plancher haut/mur extérieur
  • jonction plancher-balcon
    jonction plancher-balcon
  • Pont thermique jonction mur de refend-mur extĂ©rieur
    Pont thermique jonction mur de refend-mur extérieur

Il existe aussi d’autres ponts thermiques plus mĂ©connus :

  • le pourtour des menuiseries
  • les seuils des portes et fenĂȘtres
  • la jonction entre le plancher haut et le mur pignon
  • les gaines et conduits

Expression mathématique

Le coefficient de transmission thermique linĂ©ique () est un terme correctif pour l’effet linĂ©aire d’un pont thermique, Ă©gal au flux thermique stationnaire divisĂ© par la longueur et la diffĂ©rence de tempĂ©rature entre les ambiances de part et d’autre du pont thermique linĂ©aire. Il s'exprime en watts par mĂštre-kelvin. Le coefficient de transmission thermique ponctuel () est un terme correctif pour l’effet ponctuel d’un pont thermique, Ă©gal au flux thermique stationnaire divisĂ© par la diffĂ©rence de tempĂ©rature entre les ambiances de part et d’autre d’un pont thermique ponctuel. Il s'exprime en watts par kelvin. et sont les valeurs qui doivent ĂȘtre ajoutĂ©es au flux thermique obtenu Ă  partir des valeurs U coefficient de transmission thermique surfacique des parois.

Le coefficient de transfert thermique par transmission à travers une paroi exprimé en watts par kelvin s'exprime par la formule[4]:

est la surface de la paroi en mÚtres carrés, est la longueur du pont thermique en mÚtres. La valeur est un facteur correctif (0<< 1) qui est fonction de l'environnement de la paroi (mur (=1), mur contre terre, dalle contre terre, dalle au-dessus d'un vide ventilé, etc.).

Conséquences des ponts thermiques

Pertes énergétiques

Les ponts thermiques sont une cause principale des dĂ©perditions thermiques des bĂątiments. Ces pertes de chaleur nĂ©cessitent une quantitĂ© de chauffage supplĂ©mentaire et donc une consommation Ă©nergĂ©tique plus Ă©levĂ©e. De plus, si on ne tient pas compte des dĂ©perditions dues aux ponts thermiques, l’installation de chauffage peut ĂȘtre sous-dimensionnĂ©e.

ProblÚmes d'humidité

Avec la nouvelle directive sur la performance Ă©nergĂ©tique des bĂątiments, les bĂątiments sont de plus en plus impermĂ©ables et Ă©tanches Ă  l’air. Ils respirent de moins en moins. Les ponts thermiques provoquent une diffĂ©rence de tempĂ©rature entre l’air ambiant et la surface du plancher. Cette diffĂ©rence de tempĂ©rature entraĂźne un risque de condensation en surface, auquel cas les parois s’humidifient.

Si les bĂątiments ne sont pas bien - ou Ă  dĂ©faut rĂ©guliĂšrement - ventilĂ©s, le renouvellement de l’air Ă©tant limitĂ©, les parois restent humides. En consĂ©quence, des moisissures peuvent apparaĂźtre, crĂ©ant un aspect inesthĂ©tique, des odeurs perceptibles et parfois le dĂ©veloppement d’allergies chez des personnes vulnĂ©rables.

Il est possible de lutter contre l'humidité avec des appareils desséchant partiellement l'air, au prix toutefois d'un encombrement comparable à un radiateur et d'une consommation électrique qui s'inscrit dans une fourchette typique de 20 W à 900 W selon les besoins.

Détérioration des matériaux

L’humiditĂ© prĂ©sente dans les matĂ©riaux peut entraĂźner une dĂ©gradation de la structure porteuse et des matĂ©riaux de doublage.

Sensation de paroi froide

Le refroidissent des parois au niveau des ponts thermiques provoque des sensations de froid par absence de rayonnement (l'air n'assure qu'une convection)[5], ce qui peut ĂȘtre inconfortable ou trĂšs dĂ©sagrĂ©able pour les personnes sensibles ou peu vĂȘtue (sensation de froid malgrĂ© une tempĂ©rature apparemment correcte, impression de vents coulis...).

En France, la réglementation thermique 2012

La RĂ©glementation thermique a pour principal objectif de limiter la consommation d'Ă©nergie primaire des bĂątiments. Depuis 2011, la RĂ©glementation thermique 2005 a laissĂ© la place Ă  la RT2012. Selon la RT2012, une construction neuve doit avoir une consommation d’énergie primaire infĂ©rieure Ă  50 kWhEP/mÂČ/an en moyenne. La mise en vigueur de la RT2012 Ă©tait le pour les bĂątiments du tertiaire, et le pour les bĂątiments rĂ©sidentiels.

Les ponts thermiques sont une cause importante des pertes de chaleur du bĂątiment. La RT2012 oblige le traitement de ces ponts. Le ratio de transmission thermique linĂ©ique moyen doit ĂȘtre infĂ©rieur Ă  0.28 W/(mÂČK). Et 9 Ă  la jonction plancher intermĂ©diaire/mur extĂ©rieur doit ĂȘtre infĂ©rieur Ă  0.60 W/(mK).

Solutions pour le traitement des ponts thermiques

Pour remédier aux ponts thermiques au niveau de la conception, il est primordial de choisir des méthodes de construction et des matériaux réduisant au maximum les déperditions par les parois et intégrant les pertes les plus réduites possibles au niveau des jointures de ces parois.

L'isolation thermique par l'extérieur

Ponts thermiques non traités par l'isolation thermique par l'extérieur.

L’isolation thermique par l’extĂ©rieur permet d’assurer l’homogĂ©nĂ©itĂ© thermique de la paroi, et d’éviter la plupart des ponts thermiques de plancher. Elle possĂšde des avantages et des inconvĂ©nients :

AvantagesInconvénients
Élimine la plupart des ponts thermiquesQuelques ponts thermiques sont plus difficiles Ă  traiter, comme la jonction plancher bas/mur extĂ©rieur (problĂšme soluble en ajoutant un isolant dur enterrĂ©), la jonction plancher/balcon (problĂšme rĂ©solu par une dalle balcon dissociĂ©e du bĂątiment, balcon soutenu par des fixations ponctuelles Ă  Rupteur thermique), la jonction plancher haut/mur extĂ©rieur (problĂšme rĂ©solu en ajoutant un isolant entre la couvertine et le mur) et le pourtour des menuiseries (problĂšme soluble en posant les menuiseries dans le mĂȘme alignement que l'isolant extĂ©rieur, Ă  l'aide de sous-construction faisant office d'appui de fenĂȘtre). Le plus important pont thermique se trouve au niveau de la semelle de fondation.
Apporte une plus grande inertie thermique et un meilleur confortModifie l'aspect architectural extérieur dans le cas d'une façade ventilée sous bardage, mais aspect identique à une maison traditionnelle dans le cas d'un isolant dur sous enduit.
Ne réduit pas la surface habitableDans le cas d'un bardage, il existe un risque de dégradation de l'isolant s'il y a une mauvaise étanchéité.
Augmente la performance thermique globaleRĂ©duit les tableaux de fenĂȘtres et diminue la luminositĂ© dans une rĂ©novation.
Augmente la qualité de l'airCoût élevé à la construction
Réduit la condensation et les moisissuresNécessite la mise en place d'un panneau de plùtre intérieur ou d'un plùtre traditionnel et de faire passer la technique (les cùbles et tuyauterie) dans les briques en faisant des saignées du cÎté intérieur de la maison.

L'isolation thermique par l'intérieur

En isolation thermique par l’intĂ©rieur, les ponts thermiques peuvent ĂȘtre traitĂ©s de diffĂ©rentes façons suivant le type de pont thermique.

Les planelles isolantes

Pour Ă©liminer les ponts thermiques dans un mur en maçonnerie, il existe les planelles isolantes. Elles sont disposĂ©es en bout de dalle et offrent une continuitĂ© d’isolant Ă  la structure. Elles sont gĂ©nĂ©ralement moins utilisĂ©es que les rupteurs thermique.

  • Planelle isolante
    Planelle isolante

Chape flottante sur isolant

La chape flottante sur isolant est utilisĂ©e pour traiter les ponts thermiques de la jonction plancher bas/Mur extĂ©rieur. Le principe est simple, il s’agit de dĂ©solidariser la chape du plancher bas du mur extĂ©rieur par la mise en Ɠuvre d’un isolant sous la chape.

  • Traitement du pont thermique avec une chape sur isolant
    Traitement du pont thermique avec une chape sur isolant

Rupteur de pont thermique

Un rupteur de pont thermique est un dispositif simple positionnĂ© en bout de dalle qui permet d’avoir une isolation continue. Il est composĂ© d’un isolant et il relie le mur extĂ©rieur au plancher grĂące Ă  des aciers de structure.

Le rupteur de pont thermique freine le flux thermique entre l’intĂ©rieur et l’extĂ©rieur. En observant la thermographie ci-dessous, on constate que sans rupteur, la tempĂ©rature Ă  la surface de la dalle est d’environ 10 °C, contre 15 °C avec un rupteur. Le rupteur permet donc de diminuer la diffĂ©rence de tempĂ©rature entre la surface de la dalle et l’air ambiant. Cela permet d’offrir un meilleur confort Ă  l’occupant et de rĂ©soudre les problĂšmes de condensation.

  • DiffĂ©rence de tempĂ©rature sans rupteur thermique
    Différence de température sans rupteur thermique
  • DiffĂ©rence de tempĂ©rature avec un rupteur thermique
    Différence de température avec un rupteur thermique

Les fabricants de rupteurs thermiques proposent des produits qui permettent de remédier aux principaux ponts thermiques :

  • jonction entre le plancher bas et le mur extĂ©rieur
  • jonction entre le plancher intermĂ©diaire et le mur extĂ©rieur
  • jonction entre le plancher haut et le mur extĂ©rieur
  • jonction entre le plancher et le balcon
  • jonction entre le mur de refend et le mur extĂ©rieur
  • Les ponts thermiques traitĂ©s par rupteur de pont thermique
  • Traitement de la jonction plancher bas-mur extĂ©rieur
    Traitement de la jonction plancher bas-mur extérieur
  • Traitement de la jonction plancher intermĂ©diaire-mur extĂ©rieur
    Traitement de la jonction plancher intermédiaire-mur extérieur
  • Traitement de la jonction plancher haut-mur extĂ©rieur
    Traitement de la jonction plancher haut-mur extérieur
  • Traitement de la jonction plancher-balcon
    Traitement de la jonction plancher-balcon

Béton léger structurel

Les bĂ©tons lĂ©gers structurels sont des bĂ©tons prĂȘts Ă  l'emploi qui possĂšdent des performances thermiques supĂ©rieures aux bĂ©tons standards. Ils peuvent Ă©galement assurer leur rĂŽle de bĂ©ton de structure avec un renforcement du ferraillage des voiles.

Ils sont destinés aux voiles de façades et de pignons de bùtiments, afin de limiter les déperditions par pont thermique de liaison entre les façades et les planchers d'une part, et les façades et les refends d'autre part, dans le cas d'une isolation thermique par l'intérieur. Ces déperditions par pont thermique sont réduites d'au moins 35% par l'utilisation de tels bétons.

Le principal avantage de ces bĂ©tons dits "isolants" est de rĂ©duire les dĂ©perditions dues aux ponts thermiques de liaison avec peu de modifications du systĂšme constructif traditionnel d'isolation thermique par l'intĂ©rieur. Cependant, la valeur du Κ donnĂ© est Ă  analyser avec du recul. Sa dĂ©finition devrait tenir compte de tous les Ă©lĂ©ments (bĂ©ton et armatures) constituants la liaison. Puisque les armatures de bĂ©ton armĂ© sont dĂ©finies par le bureau d'Ă©tudes structures, en fonction des efforts sollicitants, jamais le Κ du bĂ©ton isolant n'est rĂ©ellement connu. La performance thermique rĂ©elle peut finalement ĂȘtre diffĂ©rente de celle annoncĂ©e en thĂ©orie, en raison des dĂ©perditions dues aux armatures. Ces nouveaux types de bĂ©tons ne traitent donc pas totalement les dĂ©perditions au niveau des ponts thermiques et ne rĂ©solvent pas les problĂšmes de condensation qui y sont liĂ©s.

Références

  1. Norme européenne qui s'est traduite en France par la Réglementation thermique 2012
  2. Voir sur conseils.xpair.com.
  3. Voir sur rt-batiment.fr.
  4. Le niveau d'isolation thermique globale du bĂątiment : "le niveau K" sur le site energieplus-lesite.be de Architecture et Climat de l'UCL
  5. Le confort assuré par la combinaison du rayonnement et de la convection a assuré le succÚs du chauffage central dÚs son invention

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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