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Protection auditive

La protection auditive a pour rĂŽle la rĂ©duction du niveau sonore perçu Ă  l'oreille soit dans le but de protĂ©ger contre les risques de surditĂ© soit pour amĂ©liorer le confort (sommeil, concentration)[1]. Elle peut Ă©galement ĂȘtre utilisĂ©e pour empĂȘcher l'eau de pĂ©nĂ©trer dans le conduit auditif ou pour rĂ©Ă©quilibrer la pression entre l'oreille moyenne et l'extĂ©rieur lors de voyages en avion.

Les chercheurs ont découvert que l'utilisation d'équipements de protection n'entraßnait pas de réduction significative du risque de perte auditive[2] - [3].

Histoire

Protection auditive de KL Wade 1939.

La premiĂšre utilisation de bouchons d'oreilles en cire est mentionnĂ©e dans l’OdyssĂ©e[4], lorsque l'Ă©quipage d’Ulysse utilise ce procĂ©dĂ© pour Ă©viter d'ĂȘtre distrait par le chant des SirĂšnes.

En 1921 est créée l'entreprise Quies, qui fabrique les boules éponymes.

La premiÚre demande de dépÎt de brevet pour un protecteur auditif remonte à 1939 : Kenneth L. Wade, citoyen américain, a mis au point un bouchon composé d'un corps poreux en latex[5], pour éviter de créer une pression d'air excessive dans le canal auditif ou sur le tympan. Ce cylindre était imprégné d'une cire amorphe et d'une gelée de pétrole, pour permettre une insertion et un retrait du protecteur plus aisés qu'avec un bouchon de cire classique.

Bouchon de type non linéaire inventé par JS Knighf en 1954.

En 1954, John S. Knighf développa[6] un bouchon de type préformé destiné à réduire les bruits violents de type explosion.

Maurice C. Rosenblatt mit au point en septembre 1959, un systĂšme[7] destinĂ© aux personnes exposĂ©es Ă  des intensitĂ©s sonores intenses, le protecteur Ă©tait composĂ© d'un serre-tĂȘte avec des bouchons en caoutchouc destinĂ©s Ă  ĂȘtre introduits dans l'oreille. Raymond et Cecilia Benner ont inventĂ©[8] les premiers bouchons moulĂ©s en silicone en 1962.

Les matiĂšres utilisĂ©es pour la fabrication des bouchons Ă  façonner en mousse ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes au Conseil national de la recherche des États-Unis, par Ross Gardner et son Ă©quipe. Dans le cadre d'un projet sur les joints d'Ă©tanchĂ©itĂ©, ils ont mis au point une rĂ©sine avec des propriĂ©tĂ©s d'absorption d'Ă©nergie. Un brevet[9] a Ă©tĂ© dĂ©posĂ© en 1976 par Ross Gardner. Ce matĂ©riau a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© ultĂ©rieurement et commercialisĂ© sous forme de bouchon d’oreilles en mousse Ă  mĂ©moire de forme.

Classification

La protection auditive utilisée principalement pour la protection contre le bruit peut avoir plusieurs appellations :

  • « protection auditive contre le bruit » ;
  • « protecteur individuel contre le bruit » (PICB) dĂ©nomination utilisĂ©e par l'ensemble des normes (EN 458[10], EN352[11] - [12] - [13] - [14], EN 13819[15] - [16]...)

Les protections contre le bruit sont de deux types[17] :

  • le serre-tĂȘte Ă  coquilles[11] ;
  • le bouchon d'oreilles[12].
Serre-tĂȘte Ă  coquille.

Serre-tĂȘte Ă  coquilles

Le serre-tĂȘte Ă  coquilles appelĂ© Ă©galement casque antibruit est composĂ© de deux coquilles qui recouvrent totalement l’oreille, reliĂ©es entre elles par un arceau central ajustable en mĂ©tal ou en plastique qui passe sur le dessus de la tĂȘte pour assurer le maintien et appliquer une pression. Les deux coquilles contiennent de la mousse ou un liquide et sont recouvertes d’un revĂȘtement en plastique souple pour la partie en contact avec l’oreille et d’une coque plastique rigide pour la partie externe. Certains systĂšmes avec coquilles sont montĂ©s directement sur des casques de sĂ©curitĂ©. Il est rĂ©utilisable, mais il est conseillĂ© de changer les coussinets sur les oreillettes tous les six mois[18] pour conserver une bonne Ă©tanchĂ©itĂ©.

Les niveaux d'affaiblissement certifiĂ©s CE[11] selon les modĂšles vont de 21 dB Ă  36 dB de SNR (Single Number Rating).

Bouchon d'oreilles

ÉlĂ©ment que l’on introduit dans le conduit auditif qui peut ĂȘtre jetable ou rĂ©utilisable, standard ou sur mesure.

Bouchons à façonner.

Bouchon standard à façonner

À façonner par l’utilisateur, rĂ©alisĂ© en matĂ©riaux compressibles (mousse, fibre
), il devra ĂȘtre mis en forme avant son introduction dans le conduit auditif. AprĂšs insertion, il se dilate pour fermer le conduit de maniĂšre Ă©tanche. Il est, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, Ă  usage unique et sa mise en place doit ĂȘtre rĂ©alisĂ©e avec des mains propres[19] - [20].

Les niveaux d'affaiblissement certifiĂ©s CE[12] selon les modĂšles vont de 21 dB Ă  37 dB de SNR.

Bouchons préformés.

Bouchon standard préformé

Disponible en deux ou trois tailles pour mieux s’adapter Ă  la morphologie des conduits auditifs, il est rĂ©alisĂ© en silicone, en caoutchouc
 Il peut ĂȘtre insĂ©rĂ© dans le conduit auditif sans mise en forme prĂ©alable. Il est rĂ©utilisable et de ce fait devra ĂȘtre nettoyĂ© rĂ©guliĂšrement.

Les niveaux d'affaiblissement certifiĂ©s CE[12] selon les modĂšles vont de 15 dB Ă  35 dB de SNR.

Bouchons avec arceau.

Bouchon standard avec arceau

De type Ă  façonner ou prĂ©formĂ©, sa particularitĂ© est de relier les deux bouchons par un arceau en matiĂšre plastique Ă  placer sous le menton ou derriĂšre la tĂȘte ; cet arceau a pour objectif de presser les bouchons dans l’oreille. Son utilisation est en gĂ©nĂ©ral rĂ©servĂ©e aux usages intermittents et de courtes durĂ©es[21].

Les niveaux d'affaiblissement certifiĂ©s CE[12] selon les modĂšles vont de 21 dB Ă  27 dB de SNR.

Bouchons sur mesure.

Bouchon sur mesure

RĂ©alisĂ© Ă  partir d’une empreinte d’oreille du futur utilisateur, il est fabriquĂ© en silicone (souple) ou en rĂ©sine acrylate (dure). La majoritĂ© de ces protecteurs est Ă©quipĂ©e de filtres acoustiques passifs qui permettent d’offrir un niveau d’affaiblissement adaptĂ© Ă  l'utilisateur et Ă  son exposition sonore. La spĂ©cificitĂ© du "sur mesure" engendre un investissement plus important mais Ă©galement un confort[22] optimal. Il est rĂ©utilisable et de ce fait devra ĂȘtre nettoyĂ© rĂ©guliĂšrement.

Les niveaux d'affaiblissement certifiĂ©s CE[12] selon les modĂšles vont de 15 dB Ă  33 dB de SNR.

Fonctionnement

La majoritĂ© des protections a un fonctionnement dit « passif », elles bloquent en partie le son avant qu'il n'entre dans le conduit auditif. Certaines protections apportent des fonctionnalitĂ©s supplĂ©mentaires : dans le traitement du bruit, elles sont, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, Ă©quipĂ©es d’électronique et dĂ©finies comme « actives ».

Affaiblissement passif

Cette catĂ©gorie regroupe la majoritĂ© des protecteurs utilisĂ©s, l’affaiblissement dĂ©pend essentiellement de leur conception, des matĂ©riaux utilisĂ©s et de leur capacitĂ© Ă  « fermer » l'oreille ou le conduit auditif de maniĂšre Ă©tanche. Certains modĂšles essentiellement sur mesure permettent d'adapter le niveau d'affaiblissement au besoin du porteur Ă  l'aide de filtres passifs.

Bouchons sur mesure équipés d'écouteurs pour la musique.

Avec Ă©lectronique

Ils peuvent apporter un affaiblissement plus ou moins important selon le niveau sonore. Il pourra s'agir de protecteurs Ă  attĂ©nuation dĂ©pendante du niveau de bruit (level dependent)[23], ces systĂšmes restituant le son extĂ©rieur, en l’amplifiant quand il est faible et en le compressant quand il est fort. La restitution cesse dĂšs que les son extĂ©rieur dĂ©passe un certain seuil (82dB(A) pour un bruit rose). D’autres protecteurs avec Ă©lectronique traitent le signal et le restituent sous le ptotecteur selon la technologie dite « ANR »[24] - [25] - [26] (Active Noise Reduction) qui permet, grĂące Ă  l'envoi d'un signal en opposition de phase, d'annuler une partie du son indĂ©sirable, augmentant sensiblement l’affaiblissement sur les basses frĂ©quences notamment. Enfin, certaines protections auditives peuvent ĂȘtre Ă©quipĂ©es de systĂšmes de communication ou de divertissement.

Plages d'affaiblissement

Mesure de l'atténuation du bruit (Hearing protection fit-testing)[27] - [28]

Chaque protecteur est testĂ© et certifiĂ© par un laboratoire spĂ©cialisĂ© et reconnu, les spĂ©cifications lui permettant d'obtenir le label CE sont dĂ©crites dans la norme EN352. À chaque protecteur correspond une valeur d'affaiblissement exprimĂ©e sous la forme de SNR. Les affaiblissements vont de 15 dB Ă  37 dB de SNR. Les valeurs d’affaiblissement d'un protecteur peuvent varier selon son type et ses caractĂ©ristiques.

Affaiblissement d'un protecteur individuel contre le bruit.

Exemple d'un tableau d'affaiblissement d'un protecteur individuel contre le bruit présenté selon la norme EN352[11] - [12] - [13] - [14]

Graphique des valeurs d'affaiblissements d'un protecteur individuel contre le bruit avec les minima requis par la norme EN352.

Le tableau ci-dessus est un exemple des données d'affaiblissement affichées par le fabricant de protections auditives.Ces données proviennent des résultats de la certification du protecteur réalisée par l'organisme certificateur agréé.

  1. La premiĂšre ligne « FrĂ©quences » reprend les huit frĂ©quences testĂ©es, l'affichage de la frĂ©quence 63 Hz est facultatif.
  2. Les données de la deuxiÚme ligne « Mf » sont les affaiblissements moyens sur chacune des fréquences, la mesure est réalisée par l'organisme certificateur sur 16 sujets d'essais entraßnés, selon la norme EN 13819-2:2002[16].
  3. Sur la troisiÚme ligne « Sf » apparaissent les écarts-types calculés sur les affaiblissements des 16 sujets.
  4. La quatriÚme ligne donne la valeur « APV » (Assumed Protection Value) qui correspond à l'affaiblissement minimal du protecteur, celui-ci est calculé en retranchant un écart-type « Sf » à la moyenne « Mf ».
  5. Les minima d'affaiblissement par frĂ©quence requis par la norme EN352[11] - [12] - [13] - [14] sur la cinquiĂšme ligne dĂ©terminent la limite sous laquelle un protecteur individuel contre le bruit ne devra pas se trouver. Un protecteur auditif dont l'affaiblissement sur une frĂ©quence se situerait sous ce niveau ne sera pas labellisĂ© « CE » et ne pourra ĂȘtre commercialisĂ© en tant qu'Ă©quipement de protection individuelle.
  6. La sixiÚme ligne donne les affaiblissements moyens pour le protecteur (voir définitions du SNR et du HML).
Plages d'affaiblissements des différents modÚles de PICB selon la catégorie à laquelle ils appartiennent.

Mais le SNR (NRR) mesuré en laboratoire ne donne aucune indication sur l'atténuation du bruit d'un travailleur particulier[29] - [30]. Dans la pratique, une grande partie des travailleurs ont une atténuation du bruit proche de zéro [31] - [32] - [33] - [34].

Double protection

Les affaiblissements les plus Ă©levĂ©s pour une protection auditive contre le bruit dĂ©passent rarement les 35 dB. Il est possible d'aller au-delĂ  de cette limite en utilisant une double protection (bouchon + serre-tĂȘte). L’attĂ©nuation d’une double protection est trĂšs infĂ©rieure Ă  la somme algĂ©brique des attĂ©nuations du bouchon et du serre-tĂȘte. Ce phĂ©nomĂšne peut ĂȘtre expliquĂ© par le couplage mĂ©canique entre le bouchon et le serre-tĂȘte via les tissus humains, la vibration de la paroi du conduit auditif ou la conduction osseuse de la tĂȘte et du corps directement aux oreilles moyenne et interne [35] - [36].

Un travail de recherche a proposĂ© de cumuler les deux affaiblissements de façon logarithmique et non arithmĂ©tique Ă  l’aide de la formulaire empirique suivante [37] :

Ici, correspond au SNR d'affaiblissement du bouchon et Ă  celui du serre-tĂȘte. Pour donner un exemple d'une attĂ©nuation maximale (ce que certains rechercheront sans doute) : sachant que le maximum d'attĂ©nuation des protections actuelles est de l'ordre de 39 dB (SNR39), cela donne un maximum de 43,3 dB environ. La norme canadienne suggĂšre quant Ă  elle d’ajouter dB Ă  l’indice de rĂ©duction du bruit (NRR) le plus Ă©levĂ© des deux protecteurs[38].

Mise en place

La mise en place de certains protecteurs de type bouchons standards peut prĂ©senter des difficultĂ©s. Ils nĂ©cessitent une certaine prise en main et devraient systĂ©matiquement ĂȘtre mis Ă  disposition accompagnĂ©s d'une formation Ă  la mise en place. De plus certaines personnes ont un conduit auditif trĂšs coudĂ© ou Ă©troit ce qui rend difficile voire impossible le passage du premier coude et donc la mise en place d'un protecteur de type bouchon[39].

Utilisation

Se protéger du bruit

Dans l'Union europĂ©enne, 16 % des adultes souffrent de dĂ©ficience auditive[40], ce qui reprĂ©sente plus de 71 millions de personnes dont le niveau d'audition est diminuĂ© de plus de 25 dB, ce niveau Ă©tant dĂ©fini comme dĂ©ficience auditive selon la dĂ©finition reconnue par l'Organisation mondiale de la santĂ©. Les niveaux sonores Ă©levĂ©s sont un rĂ©el danger pour l’oreille, petit Ă  petit le bruit rend sourd, il est indispensable de s'en protĂ©ger.

Les risques du bruit

L’exposition au bruit peut avoir deux types d’effets sur la santĂ© : auditif et non auditif.

Un risque de perte auditive existe Ă  partir d’une exposition Ă  80 dB(A) pendant huit heures par jour. Plus le niveau sonore est Ă©levĂ©, plus la durĂ©e d’exposition Ă  partir de laquelle un risque existe diminue.

Un salariĂ© travaillant sur une machine et exposĂ© Ă  86 dB(A) mettra en danger son audition s’il reste exposĂ© pendant plus de deux heures par jour.

Un spectateur lors d’un concert rock situĂ© prĂšs des enceintes acoustiques qui diffusent en moyenne un niveau de 110 dB(A) sera lui en danger s’il y reste plus de vingt secondes sans se protĂ©ger.

À chaque doublement du bruit, le niveau augmente de dB (Ă©volution logarithmique), la durĂ©e de l’exposition doit, elle, ĂȘtre divisĂ©e par deux pour Ă©viter tout risque selon le tableau ci-dessous.

Durée maximale d'exposition sans protecteur individuel contre le bruit[41]
Niveau sonore en dB(A)Durée d'exposition maximale en heures
80
08:00:00
83
04:00:00
86
02:00:00
89
01:00:00
92
00:30:00
95
00:15:00
98
00:07:30
101
00:03:45
104
00:01:52
107
00:00:56
110
00:00:28
113
00:00:14
116
00:00:07
119
00:00:04
122
00:00:02
125
00:00:01

L'exposition prolongée à des niveaux de bruits intenses détruit peu à peu les cellules ciliées de l'oreille interne. Elle conduit progressivement à une surdité, dite de perception, qui est irréversible. Dans ce cas, la chirurgie n'est d'aucun secours. L'appareillage par des prothÚses électroniques se contente d'amplifier l'acuité résiduelle, il ne restitue pas la fonction auditive dans son ensemble.

Les risques « auditifs »

Les effets auditifs concernent la déficience auditive et peuvent se présenter sous les formes suivantes :

  • l’acouphĂšne : sifflement, bourdonnement de l’oreille ;
  • l'hyperacousie : qui est une intolĂ©rance accompagnĂ©e de douleurs aux bruits de la vie quotidienne ;
  • le dĂ©ficit auditif temporaire : rĂ©sulte d’une exposition Ă  un niveau sonore Ă©levĂ©, l’audition revient progressivement aprĂšs l’exposition (plusieurs heures) ;
  • le traumatisme acoustique : dommage auditif causĂ© par un bruit violent et bref (explosion, coup de feu, pĂ©tards
) ;
  • le dĂ©ficit auditif permanent[42] : typique d’une exposition journaliĂšre prolongĂ©e au bruit (8 heures Ă  + de 80 dB(A)). La destruction progressive de l’audition qui se dĂ©roule sur des mois, des annĂ©es, est insidieuse, elle ne se remarque que lorsqu’elle cause une gĂȘne telle que le sujet et son entourage commencent Ă  rencontrer des difficultĂ©s de communication. Les lĂ©sions subies sont alors irrĂ©versibles et dĂ©finitives.
Les risques « non-auditifs »

Les effets non-auditifs sont source :

  • d’anxiĂ©tĂ©, de dĂ©pression, de stress, d’irritabilitĂ© voire d’agressivitĂ© ;
  • de perturbations du sommeil, d’insomnie ;
  • de fatigue, d’une baisse de la concentration ;
  • d’effets sur le systĂšme cardio-vasculaire ;
  • d’une augmentation du risque d’accidents du travail.

Protéger les salariés exposés au bruit

De nombreux actifs gĂȘnĂ©s par les nuisances sonores considĂšrent qu'elles ont des rĂ©percussions sur la santĂ©, l'audition (53 % dans l'industrie, la construction) et le comportement : Ă©nervement, agressivitĂ© (75 % dans l'administration)[43].

La réglementation
Protections auditives contre le bruit obligatoires.

Depuis 1963, le bruit est reconnu comme cause de maladies professionnelles[44] - [45]. En Europe, l’exposition des salariĂ©s au risque bruit est rĂ©glementĂ©e par la Directive europĂ©enne « bruit »[46] de 2003, transposĂ©e en droit français le 19 juillet 2006[47] qui dĂ©finit les valeurs d’exposition Ă  partir desquelles il y a obligation de protĂ©ger les travailleurs exposĂ©s. Lorsque le niveau d’exposition atteint 85 dB(A) sur une journĂ©e de 8 heures, il y a obligation de protĂ©ger les salariĂ©s. À 80 dB(A), l’employeur doit mettre Ă  disposition des protecteurs contre le bruit. En aucun cas le niveau sonore rĂ©siduel Ă  l’oreille ne doit dĂ©passer les 87 dB(A) pour un salariĂ© Ă©quipĂ© de protecteurs, si ce cas se prĂ©sentait, l'employeur devrait mettre en Ɠuvre des mesures immĂ©diates pour rĂ©duire le niveau sonore ou limiter la durĂ©e d'exposition du salariĂ©.

Niveau d'exposition sonore déclenchant les actions selon la Directive 2003/10/CE
Lex8h en dB(A) [n 1]Ppc en dB(C) [n 2]
Valeur d'exposition inférieure déclenchant l'action
80 dB(A)
135 dB(C)
Valeur d'exposition supérieure déclenchant l'action
85 dB(A)
137 dB(C)
Valeur limite d'exposition (équipé d'un protecteur contre le bruit) - VLE
87 dB(A)
140 dB(C)
Notes
  1. Dose de bruit journaliÚre reçue en décibels pondérés "A", appelée également exposition quotidienne
  2. Pression acoustique de crĂȘte en dĂ©cibels pondĂ©rĂ©s "C", identifie les niveaux impulsionnels du bruit
Le taux de port
Perte d'efficacité du protecteur selon le taux de port[48] - [49].

Un Ă©lĂ©ment important pour une bonne efficacitĂ© de la protection individuelle contre le bruit est la notion de taux de port. Le meilleur protecteur contre le bruit est celui qui est portĂ©, mais pour ĂȘtre rĂ©ellement efficace, celui-ci doit ĂȘtre portĂ© de façon ininterrompue lors de l’exposition au bruit dont les niveaux sont nocifs. Les bonnes conditions pour un taux de port Ă  100 % :

  1. une protection confortable ;
  2. un affaiblissement adapté ni trop, ni trop peu ;
  3. une sensibilisation du salarié au risque du bruit sur son organisme ;
  4. une formation du salarié à la mise en place des protecteurs.

Le graphique ci-contre[48] montre trois protecteurs avec des affaiblissements diffĂ©rents. Nous voyons que la protection effective diminue trĂšs rapidement lorsque le protecteur n’est pas portĂ© en permanence. Deux minutes de non-port sur une durĂ©e de 8 heures diminuent l'efficacitĂ© du protecteur de 25 %. Deux heures de non-port (sur 8 heures) correspondent Ă  une perte d'efficacitĂ© du protecteur de 75 %.

Le niveau d’affaiblissement

Lors du choix d’un protecteur contre le bruit, il est important de sĂ©lectionner un affaiblissement adaptĂ©. Pendant de nombreuses annĂ©es, la croyance selon laquelle plus un protecteur avait un niveau d’affaiblissement Ă©levĂ© meilleur il Ă©tait, est totalement erronĂ©e. L’objectif est de rĂ©duire suffisamment le niveau perçu Ă  l’oreille pour Ă©viter d’endommager l’audition, mais sans pour autant totalement isoler son porteur, on parle alors de surprotection. D'aprĂšs les relevĂ©s de la SUVA[50] sur les travailleurs suisses, seuls 1,2 % des mĂ©tiers sont exposĂ©s Ă  des niveaux sonores supĂ©rieurs Ă  95 dB(A) pendant 8 heures. La norme EN458 indique les plages idĂ©ales de niveau rĂ©siduel Ă  l’oreille. La MĂ©thode SAPAN, basĂ©e sur cette norme, offre une rĂšgle de calcul ainsi que des outils pour obtenir le niveau d’affaiblissement le mieux adaptĂ© Ă  la situation de chacun.

Application d’une dĂ©cote sur l’affaiblissement

De nombreuses Ă©tudes[51] ont dĂ©montrĂ© que les niveaux d’affaiblissement annoncĂ©s par les fabricants sont trĂšs souvent supĂ©rieurs Ă  ceux rĂ©ellement constatĂ©s lors de mesures sur les utilisateurs de protections auditives contre le bruit. Ces Ă©carts[51] proviennent d’une part des mesures rĂ©alisĂ©es en laboratoire en conditions idĂ©ales, et d’autre part des utilisateurs qui, du fait d’un manque de formation, de morphologie diffĂ©rente, de conditions de travail ou de protecteurs usagĂ©s, ne reproduisent pas les mĂȘmes rĂ©sultats. Les dĂ©cotes[52] Ă  appliquer Ă  l’affaiblissement affichĂ© par les fabricants peuvent aller de 5 dB pour un protecteur pour lequel une formation aura Ă©tĂ© dispensĂ©e Ă  l’utilisateur, Ă  15 dB pour un bouchon standard dĂ©livrĂ© sans aucune formation.

Protéger sans distorsion du son

Comparaison d'un affaiblissement classique et uniforme sur l'ensemble des fréquences[53].

Certains mĂ©tiers ou activitĂ©s nĂ©cessitent de se protĂ©ger d’un niveau sonore trop Ă©levĂ© sans dĂ©naturer le son. C’est le cas des musiciens, ingĂ©nieurs du son, de personnes dĂ©sireuses de se protĂ©ger tout en continuant Ă  communiquer avec leur entourage...

La majeure partie des protecteurs du marchĂ©, en obturant le conduit auditif, perturbe la restitution frĂ©quentielle. Les basses frĂ©quences sont peu attĂ©nuĂ©es, alors que les hautes frĂ©quences sont trĂšs affaiblies. Ces Ă©carts entraĂźnent une restitution sonore assez Ă©loignĂ©e de la rĂ©alitĂ© et engendrent des difficultĂ©s Ă  communiquer dans un environnement bruyant[23] - [54], ainsi qu'un risque de non-perception de signaux sonores d’avertissement ou de danger pouvant Ă©galement constituer un risque d’accident pour le salariĂ© ou d’incident dans la rĂ©alisation de son travail[23].

Plage d'affaiblissement idéale pour la communication.

La fonction de transfert du conduit auditif externe prĂ©sente une rĂ©sonance autour de 3 200 Hz, notre oreille a donc la particularitĂ© d’amplifier naturellement les frĂ©quences aiguĂ«s, ce phĂ©nomĂšne est dĂ» Ă  notre oreille externe en forme de cornet qui amplifie les bruits aigus de 10 Ă  15 dB en moyenne. Lorsque l’on supprime cette rĂ©sonance (amplification naturelle) en obturant le conduit, cette rĂ©sonance disparaĂźt, nous perdons la perception d’une partie des frĂ©quences aiguĂ«s que nous avons l’habitude d’entendre. > Ce phĂ©nomĂšne bien connu des acousticiens sous la dĂ©nomination « perte d'insertion » (insertion loss) doit ĂȘtre compensĂ©, faute de quoi le signal arrivant au tympan n’est pas fidĂšle Ă  l’original[22]. Il existe des modĂšles de protections auditives qui, Ă  l’aide d’un filtre spĂ©cifique, permettent de retrouver un son assez proche du son original tout en offrant une rĂ©elle protection Ă  leur porteur. Ces protections sont disponibles sous la forme de bouchons standards ou sur mesure, leur uniformitĂ© dans l’affaiblissement varie selon leur qualitĂ©; une mĂ©thode simple pour Ă©valuer leur uniformitĂ© consiste en un calcul sur l’écart-type des affaiblissements sur chaque frĂ©quence[55].

Un affaiblissement plat n’est pas forcĂ©ment synonyme d’une bonne communication, en effet un PICB totalement Ă©tanche permet d’obtenir un affaiblissement relativement plat, mais Ă©galement un SNR trĂšs Ă©levĂ© totalement inadaptĂ© pour un minimum de communication, le son n’est pas dĂ©formĂ©, mais tellement attĂ©nuĂ© qu’il n’est plus audible. La plage idĂ©ale pour communiquer avec un protecteur dont l’affaiblissement est plat a Ă©tĂ© dĂ©finie entre 15 et 23 dB de SNR.

Du fait de leur affaiblissement régulier sur toutes les fréquences, mais surtout de par l'absence d'un affaiblissement excessif sur les hautes fréquences, ces protecteurs à réponse uniforme sont vivement conseillés pour les personnes atteintes de pertes auditives dues à l'ùge (presbyacousie) ou à une exposition professionnelle au bruit sur de longues durées sans protection ; cette population ayant une perte d'audition trÚs prononcée sur les hautes fréquences verrait cette perte encore amplifiée si elle était équipée de protecteurs classiques.

Il apparaĂźt important en matiĂšre de musiques amplifiĂ©es et puissantes (concerts) de porter ses protections auditives tout au long de l'Ă©vĂšnement. Si le confort physique est bien sĂ»r primordial, la sonoritĂ© perçue est non moins importante. De « bons » protecteurs auditifs demandent un certain temps d'adaptation, et ceux non adaptĂ©s sont rĂ©putĂ©s comme « cassant le son » du fait de leur distorsion, un reproche rĂ©current, qui conduit ces modĂšles Ă  ĂȘtre trop souvent remisĂ©s dans leur Ă©tui.

  • Trois exemples de bouchons dont l'affaiblissement est Ă  rĂ©ponse uniforme sur toutes les frĂ©quences (un bouchon prĂ©formĂ© et deux bouchons sur mesure)
  • Bouchon ER20S - Etymotic
    Bouchon ER20S - Etymotic
  • Bouchon ER25 - Elacin
    Bouchon ER25 - Elacin
  • Bouchon OW FT19 - Cotral
    Bouchon OW FT19 - Cotral
L'effet d'occlusion

Le fait de parler, de mastiquer, produit des mouvements dans la partie fibrocartilagineuse de notre oreille externe. Le son est transmis par cette partie fibrocartilagineuse Ă  l’intĂ©rieur du conduit auditif et s’échappe naturellement Ă  l’extĂ©rieur de l’oreille. La mise en place d’un bouchon dans le conduit va piĂ©ger les sons en les renvoyant vers le tympan. Ces sons « sourds » sont amplifiĂ©s d’environ 20 dB sur les basses frĂ©quences jusqu’à 500 Hz[56], pour dĂ©croĂźtre et devenir nuls Ă  1 700 Hz. Cette amplification correspond Ă  ce que le sujet va entendre « en plus » de sa propre voix, il est difficile de s’habituer Ă  cette rĂ©sonance gĂȘnante. Le positionnement de la protection dans le conduit joue un rĂŽle majeur sur l’effet d’occlusion. La profondeur d’insertion du protecteur influe donc considĂ©rablement. Plus elle est courte, plus la partie fibrocartilagineuse est laissĂ©e libre et plus elle gĂ©nĂšre de vibrations. À l’inverse une insertion profonde Ă©vite cet inconvĂ©nient. Les protecteurs sur mesure sont donc Ă  privilĂ©gier pour Ă©viter ce phĂ©nomĂšne[57].

Se protéger des bruits impulsionnels

Dans certaines situations, il est nĂ©cessaire de se protĂ©ger des bruits impulsionnels tout en conservant une Ă©coute parfaite de son environnement, en dehors de ces impacts. C’est le cas des chasseurs, des militaires sur le terrain. DiffĂ©rentes solutions existent :

  • actif : le systĂšme restitue l’environnement sonore Ă  son niveau normal et « bloque » Ă©lectroniquement tout bruit impulsionnel supĂ©rieur Ă  un niveau dĂ©terminĂ© ;
  • passif : le protecteur est Ă©quipĂ© d’un filtre passif qui commence Ă  rĂ©duire le bruit Ă  partir d’un niveau qui se situe aux alentours de 110 dB(A), la rĂ©duction peut atteindre un niveau d’affaiblissement d’environ 24 dB aux alentours de 150 dB(A)[58]. TrĂšs insuffisant pour des personnes exposĂ©es Ă  des bruits de type continu, ce type de protecteur apporte un premier niveau de protection non nĂ©gligeable aux personnes soumises aux coups de feu et autres dĂ©tonations et n’ayant pas la possibilitĂ© de se protĂ©ger en permanence.

Se protéger pendant ses loisirs

Il est important de se protĂ©ger des environnements sonores trop importants quels que soient le lieu et l'activitĂ©. Une lĂ©gislation assez stricte existe et protĂšge les salariĂ©s des risques du bruit sur leur lieu de travail. Il est Ă©videmment important de se protĂ©ger hors du lieu de travail pendant ses loisirs. Il n'est pas rare d'ĂȘtre exposĂ© Ă  des intensitĂ©s supĂ©rieures Ă  105 dB(A) lors d'un concert[59], lorsque l'on tond sa pelouse, tronçonne du bois ou assiste Ă  un grand prix de Formule 1. Le tableau des durĂ©es d'exposition montre qu'une exposition d'une minute Ă  cette intensitĂ© suffit pour endommager l'audition.

Sommeil

Le bruit perturbant pour l’oreille et l’organisme peut Ă©galement perturber le sommeil[59]. Nombreuses sont les personnes Ă  utiliser des protections auditives pour s’isoler et tenter de trouver un sommeil rĂ©parateur en se protĂ©geant des ronflements ou du bruit environnant. Dans ce cas, seuls les bouchons d’oreille peuvent convenir, les modĂšles utilisĂ©s sont gĂ©nĂ©ralement les plus souples et les plus petits possible pour ne pas ressentir de douleur lorsque le dormeur est appuyĂ© sur son oreille.

Concentration

Un niveau sonore, mĂȘme s'il n'est pas trĂšs Ă©levĂ©, peut nuire Ă  la concentration. L’utilisation de protections auditives permet de s’isoler au sens propre du terme. Les problĂšmes de concentration dans les open-spaces[60], souvent mal vĂ©cus par les salariĂ©s, peuvent ĂȘtre amĂ©liorĂ©s. Les protecteurs ayant un affaiblissement relativement uniforme seront les mieux adaptĂ©s, l’utilisateur aura alors la sensation qu’il peut simplement baisser le volume de son environnement sans effet de distorsion.

Entretien des protections auditives

Il est conseillé d'entretenir les protections auditives selon les recommandations du fabricant pour leur conserver toute leur efficacité et leur intégrité[61].

Risques pour la santé

L'utilisation prolongĂ©e de protecteurs auditifs de type bouchon peut favoriser la formation de bouchons de cĂ©rumen dans l’oreille externe, car elle bloque le flux normal du cĂ©rumen vers l'extĂ©rieur[62]. Par consĂ©quent, il est nĂ©cessaire de nettoyer le conduit auditif et les bouchons d’oreilles rĂ©guliĂšrement en cas d'usage prolongĂ©, par exemple si la personne dort avec des bouchons d'oreilles. Un bouchon de cĂ©rumen peut faire apparaĂźtre progressivement des acouphĂšnes, une perte d'audition, des douleurs ou une infection, ces symptĂŽmes disparaĂźtront lors du retrait du bouchon de cĂ©rumen.

Mesure de l'efficacité d'une protection auditive contre le bruit

L'application d'une dĂ©cote sur le niveau d'affaiblissement pour prendre en compte les Ă©carts entre les valeurs affichĂ©es par les fabricants (mesures de certification) et la rĂ©alitĂ© terrain (in situ) permet, au moment du choix du protecteur, de prendre une marge de sĂ©curitĂ©. Les organismes rĂ©fĂ©rents, Allemagne en tĂȘte, exigent de plus en plus que l'affaiblissement des protecteurs soit vĂ©rifiĂ© directement sur leur porteur une fois celui-ci Ă©quipĂ©. Trois mĂ©thodes existent pour rĂ©aliser ces mesures :

  1. Le test d'Ă©tanchĂ©itĂ© : il mesure une fuite Ă©ventuelle du bouchon, il a l'avantage d'ĂȘtre rapide, mais n'apporte aucune information sur l'affaiblissement du protecteur. Le bouchon devra comporter un canal spĂ©cial pour laisser passer l'air insufflĂ© lors du test ;
  2. La mĂ©thode MIRE[63] (Microphone in Real Ear) : le protecteur est Ă©quipĂ© d'un double microphone extĂ©rieur/intĂ©rieur, l'affaiblissement est dĂ©terminĂ© par l'Ă©cart de mesure entre les deux microphones lors de la gĂ©nĂ©ration d'un bruit blanc. Le protecteur doit ĂȘtre spĂ©cifiquement conçu pour recevoir le microphone intĂ©rieur ;
  3. La méthode par mesure des seuils d'audibilité : elle permet grùce à des algorithmes complexes, de mesurer trÚs rapidement la perception du sujet avec et sans protecteur, l'affaiblissement est déduit de ces deux mesures. Ce systÚme, contrairement aux deux autres, permet de contrÎler n'importe quelle protection de type « bouchon ».

À ce jour deux systĂšmes ont Ă©tĂ© reconnus comme fiables lors d'une Ă©tude rĂ©alisĂ©e par l'INRS[64], il s'agit des systĂšmes CAPA et EarFit.

Protection contre l’eau

Chez certaines personnes ou pour certaines pathologies, l'eau ne fait pas bon mĂ©nage avec l'oreille. L'eau qui stagne dans l'oreille peut ĂȘtre Ă  l'origine de processus inflammatoires ou infectieux. Il est important de protĂ©ger un enfant ou un adulte sujet Ă  otite. Une protection contre l'eau deviendra indispensable pour les personnes ayant un tympan perforĂ© ou lorsqu’un drain est posĂ©.

La baignade est le facteur de risque le plus souvent associĂ©[65] Ă  l'otite externe aiguĂ« appelĂ©e Ă©galement « otite du baigneur ». Le cĂ©rumen prĂ©sent dans l'oreille, que chacun s'Ă©vertue Ă  Ă©liminer, agit en fait comme premiĂšre barriĂšre de protection contre l’humiditĂ© et l'infection[65].

Certains bouchons sont conçus principalement pour éviter la pénétration de l'eau dans le conduit auditif, en particulier pour la natation et les sports nautiques. Comme pour les protections contre le bruit, ils sont de type à façonner, préformé ou sur mesure.

Comme beaucoup l'ont signalĂ©, notamment Jacques-Yves Cousteau[66], les bouchons d'oreille sont rĂ©ellement nocifs pour les plongeurs, en particulier les plongeurs en scaphandre autonome. Les plongeurs respirent de l'air comprimĂ© ou d'autres mĂ©langes de gaz, Ă  une pression correspondant Ă  la pression de l'eau. Cette pression s’exerce aussi Ă  l'intĂ©rieur de l'oreille, mais pas entre le tympan et le bouchon d’oreille, de sorte que la pression derriĂšre le tympan va souvent faire Ă©clater le tympan. Les plongeurs en apnĂ©e ont moins de pression Ă  l'intĂ©rieur des oreilles, mais la pression atmosphĂ©rique s’exerce aussi au niveau du conduit auditif externe.

Protection auditive pour les voyages en avion

Lors du dĂ©collage d'un avion, la pression ambiante moins Ă©levĂ©e par rapport Ă  celle de l'oreille moyenne. L'air prĂ©sent sous le tympan prend donc de l’expansion, ce qui entraĂźne une surpression relative dans la caisse du tympan et donne une sensation d'oreille bouchĂ©e. Un Ă©quilibrage des pressions se produit alors lentement entre l'oreille moyenne et le milieu ambiant. Il est alors conseillĂ© d’avaler Ă  plusieurs reprises (ou de sucer un bonbon) pour favoriser l’ouverture des trompes d’Eustache et accĂ©lĂ©rer le processus de rĂ©Ă©quilibrage[67]. Lors de l'atterrissage, la pression ambiante augmente, le phĂ©nomĂšne s'inverse, il est alors conseillĂ© d’exĂ©cuter la manƓuvre de Valsalva Ă  plusieurs reprises lors de la descente de l’avion.

Des bouchons d'oreilles sont disponibles pour protĂ©ger les oreilles contre la douleur provoquĂ©e par les changements de pression dans les cabines d'avion. Certains dispositifs contiennent un filtre en cĂ©ramique poreuse[68] qui assure l’égalisation des pressions de l'air atmosphĂ©rique entre l’intĂ©rieur et l'extĂ©rieur des oreilles, Ă©vitant ainsi la douleur pendant le dĂ©collage et l’atterrissage.

DĂ©finitions

SNR

Le SNR (Single Number Rating) est l'indice global d’affaiblissement. Il reprĂ©sente l'affaiblissement acoustique obtenu en dB pour un bruit industriel moyen tel que dĂ©fini dans la norme internationale ISO 4869-2

HML

Ce sont des indices globaux tout comme le SNR. Ils représentent l'affaiblissement acoustique obtenu en dB pour des bruit orientés aux hautes, moyennes et basses fréquences (High, Medium, Low).

  • H : attĂ©nuation de la protection auditive pour un bruit orientĂ© aux hautes frĂ©quences (indice harmonique Lp,C – Lp,A  â‰ˆ −1,2 dB)
  • M : attĂ©nuation de la protection auditive pour un bruit orientĂ© aux moyennes frĂ©quences (indice harmonique Lp,C – Lp,A  â‰ˆ 2 dB)
  • L : attĂ©nuation de la protection auditive pour un bruit orientĂ© aux basses frĂ©quences (indice harmonique Lp,C – Lp,A  â‰ˆ 6 dB)

Les formulations de calcul des indices H, M et L sont explicitées dans la norme internationale ISO 4869-2. Ce sont des moyennes pondérées des atténuations apportées par la protection à quatre à huit bruits industriels, tous d'orientation fréquentielle différente.

Pondération « A »[69].

Les pondérations (A) et (C)

Une mesure du bruit peut se faire en décibels pondérés « A » ou pondérés « C », on parle alors de dB(A) ou de dB(C).

La pondĂ©ration « A » a Ă©tĂ© dĂ©finie Ă  partir des courbes isosoniques qui ont permis de caractĂ©riser la sensibilitĂ© de l’oreille humaine sur l’ensemble des frĂ©quences. Cette pondĂ©ration a Ă©tĂ© conçue pour reprĂ©senter la perception humaine sur l’ensemble des frĂ©quences et Ă  de faibles intensitĂ©s. Par la suite, on considĂ©ra qu’elle reprĂ©sentait Ă©galement la fatigue auditive et la nocivitĂ© des bruits.

Plusieurs Ă©tudes[70] montrent pourtant que la pondĂ©ration « A » semble sous-estimer l’effet nocif des frĂ©quences basses mieux prises en compte par la pondĂ©ration « C ».

Notes et références

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Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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