Presbyacousie
La presbyacousie, du mot grec presbys ÏÏÎÏÎČÏ Ï qui signifie « vieil homme » ou « ancien » et d'akousis áŒÎșÎżÏ ÏÎčÏ (« ouĂŻe »), est un phĂ©nomĂšne plus ou moins marquĂ© selon les individus et qui rĂ©sulte du vieillissement. Elle est dĂ©finie comme une perte progressive de l'audition.
Spécialité | Otorhinolaryngologie |
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CISP-2 | H84 |
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CIM-10 | H91.1 |
CIM-9 | ? |
OMIM | 612448 |
DiseasesDB | 11950 |
MedlinePlus | 001045 |
eMedicine | 855989 |
MeSH | D011304 |
Patient UK | Presbyacusis |
Mise en garde médicale
Le mot provient des mots grecs presby, qui signifie 'plus vieux' (presbys signifiant 'vieil homme'), et akousis, signifiant 'audition'. Le parallĂšle avec la presbytie, qui concerne l'effet du vieillissement sur la vision est assez Ă©vident.
La presbyacousie est dĂ©finie comme une perte neuro-sensorielle progressive de l'audition, liĂ©e Ă l'Ăąge, bilatĂ©rale et symĂ©trique, surtout dans les frĂ©quences Ă©levĂ©es. Elle peut ĂȘtre soit:
- Sensorielle, caractérisée par la dégénérescence de l'organe de Corti
- Neurale, caractérisée par la dégénérescence de cellules du ganglion spiral
- Striale/métabolique, caractérisée par l'atrophie de la stria vascularis tout au long de la cochlée
- Cochléaire de transmission, due à la rigidification de la membrane basale, affectant son mouvement.
La presbyacousie se traduit par une perte de la perception des sons aigus lesquels permettent une bonne perception des mots.
RĂŽle de l'Ăąge
On a constaté que la détérioration de l'audition commence trÚs tÎt, à partir de 18 ans.
La norme ISO numéro 7029-2000 indique la modification (diminution) du seuil de perception due uniquement à l'ùge (pour des personnes "normales", ne souffrant pas de troubles auditifs ni d'exposition aux bruits excessifs - Méta-analyse de Robinson et Sutton, 1979[1] - [2]). Ce phénomÚne est constaté par ùge et suivant les fréquences (500 Hz, 1000 Hz, 2 kHz, 4 kHz, 8 kHz): perte moyenne de la sensibilité, pertes des 10 % de personnes les plus affectées et pertes des 10 % de personnes les moins affectées.
Les effets de l'Ăąge se font sentir davantage dans les hautes frĂ©quences que dans les frĂ©quences basses et davantage chez les hommes que chez les femmes. Une des premiĂšres consĂ©quences est la perte de la capacitĂ© pour les jeunes adultes d'entendre les frĂ©quences au-dessus de 15-16 kHz. Cette perte auditive peut n'ĂȘtre constatĂ©e que plus tard dans la vie.
Avec le temps, la dĂ©tection de sons trĂšs aigus (4 kHz Ă 8 kHz) devient plus difficile et la perception de la parole est affectĂ©e, surtout pour les consonnes sifflantes (S, Z, Ch) et les fricatives (F, V). Les deux oreilles ont tendance Ă ĂȘtre affectĂ©es. L'impact de la presbyacousie sur la communication dĂ©pend Ă la fois de la sĂ©vĂ©ritĂ© de la surditĂ©, du bruit ambiant et de l'interlocuteur [3].
Les effets de l'Ăąge peuvent ĂȘtre amplifiĂ©s par l'exposition Ă des bruits excessifs, soit au travail, soit dans les loisirs (tir sportif, musique, etc). Cette perte auditive due au bruit (en)Noise-induced hearing loss ou NIHL n'est pas de la presbyacousie.
Description
La presbyacousie correspond à des mécanismes divers, dont les effets se combinent généralement :
- Perte de souplesse des mini-muscles qui gĂšrent le dispositif des osselets,
- Perte progressive des cellules ciliées externes de la cochlée qui permettent à notre oreille interne d'amplifier les sons qu'elle reçoit et qui l'aide à les discriminer, etc.
- Dégénérescence des neurones du ganglion spiral (pertes des connexions avec les cellules ciliées).
Elle correspond probablement à une atteinte diffuse du systÚme auditif, de l'oreille moyenne jusqu'au systÚme nerveux. Les conséquences de la presbyacousie apparaissent généralement au-dessus de l'ùge de cinquante ans et évoluent progressivement et symétriquement (touchent les deux oreilles de maniÚre égale).
Elle semble conditionnée[4]:
- Par des facteurs gĂ©nĂ©tiques : il existe des familles oĂč la presbyacousie se manifeste plus tĂŽt et plus intensĂ©ment. Le vieillissement prĂ©coce de la cochlĂ©e et sa fragilitĂ© devant certains mĂ©dicaments sont gĂ©nĂ©tiquement dĂ©terminĂ©s.
- Par l'artériosclérose, qui peut réduire la vascularisation de la cochlée et donc son oxygénation.
- Par les habitudes alimentaires : la consommation excessive de matiÚres grasses peut accélérer l'artériosclérose chez la personne ùgée.
- Par le diabÚte, qui peut provoquer une inflammation et une prolifération endothéliale des vaisseaux sanguins de la cochlée, diminuant ainsi le flux sanguin.
- Par le tabac, qui accentue les phénomÚnes d'artériosclérose dans la cochlée.
- Par l'hypertension, qui provoque des modifications vasculaires et une diminution de l'afflux sanguin.
- Par l'usage de toxiques et de médicaments ototoxiques : des médicaments comme l'aspirine ou certains antibiotiques peuvent accélérer le phénomÚne.
- Par le mode de vie, l'exposition au bruit : l'exposition prolongée aux bruits élevés perturbe une cochlée déjà sous-oxygénée et accélÚre le processus de presbyacousie.
- Des facteurs hormonaux, comme les ĆstrogĂšnes, peuvent favoriser l'apparition de la presbyacousie[5].
Hormis ces facteurs, souvent aggravants, les pertes auditives qu'elle induit sont trÚs variables d'un individu à l'autre. Enfin, une différence marquée existerait entre hommes et femmes dans l'évolution des seuils d'audition avec l'ùge, les hommes étant plus fortement touchés, en termes de niveau de pertes. Cette différence selon le sexe, tout comme la différence de l'espérance de vie, pourrait dépendre de facteurs socioprofessionnels et d'usages liés au sexe (alcool, tabac). Elle reste la cause la plus fréquente de perte d'audition.
La presbyacousie affecte en gĂ©nĂ©ral d'abord les hautes frĂ©quences, au-dessus de 8 kHz, puis au-dessus de 6 kHz et enfin de 4 kHz (elle peut toucher toutes les frĂ©quences selon ses origines, mais la perception des basses frĂ©quences reste globalement moins affectĂ©e). Ă ce niveau, une conversation tenue dans un environnement bruyant (restaurant) ne peut plus ĂȘtre suivie distinctement, sauf Ă Ă©lever fortement la voix ou parvenir Ă lire sur les lĂšvres de l'interlocuteur.
Les troubles graves d'audition commencent avec la perte de perception des fréquences supérieures à 1000 Hz.
Pour la personne atteinte de presbyacousie, les conséquences dans la vie de tous les jours peuvent aller de la simple difficulté de compréhension dans un environnement bruyant, jusqu'au repli sur soi, à l'isolement, de peur de ne pas pouvoir communiquer correctement avec ses pairs.
Un signe permettant de constater sa presbyacousie consiste Ă comprendre mieux quelqu'un lorsque l'on voit ses lĂšvres. L'installation de la presbyacousie conduit de maniĂšre inconsciente Ă prendre en compte le mouvement des lĂšvres pour mieux comprendre la parole.
L'impact sociétal de l'absence de prise en charge de la presbyacousie est colossal. Il est estimé annuellement à 186 Mds$ et 243Mds$ en Amérique et en Europe respectivement[6].
Traitements
Les solutions auditives
L'appareillage auditif est le traitement de base à proposer, mais la proportion de personnes appareillées reste faible. De nombreux facteurs peuvent expliquer cela (manque d'information, dépistage parfois difficile, coût exorbitant), mais la vision de l'appareillage auditif commence néanmoins à évoluer depuis quelques années. Les nouveaux appareils sont maintenant plus performants et miniaturisés (donc moins voyants), ce qui permet de réduire les réticences psychologiques dues au port de l'appareillage et de changer l'image que l'on en a.
La technologie numĂ©rique est en plein dĂ©veloppement depuis les annĂ©es 2000. On peut rĂ©gler son appareil suivant des ambiances sonores prĂ©cises (restaurant, loisirs, travail). Le bruit parasite est fortement Ă©liminĂ© par un traitement numĂ©rique du signal sonore total. En outre, ces appareils peuvent ĂȘtre connectĂ©s par radio (HF, Wi-Fi, Bluetooth) Ă la source centrale (micro du confĂ©rencier, appareil de tĂ©lĂ©phone, cinĂ©mas, etc), dans les salles adaptĂ©es. De tels appareils restent (2008) trĂšs coĂ»teux ; leur prix devrait baisser Ă la suite de leur normalisation. L'avis des audioprothĂ©sistes change devant de tels appareils : leur usage est conseillĂ© dĂšs l'apparition de la presbyacousie. Les (anciens) appareils classiques, simples amplificateurs avec quelques filtres et transpositions de frĂ©quences, n'amĂ©lioraient guĂšre la qualitĂ© d'audition dans une presbyacousie dĂ©butante.
On peut prĂ©parer l'usage de l'appareil en exerçant l'oreille pendant quelques semaines avant de le porter. Cet exercice se fait soit par l'usage d'appareils modificateurs de l'Ă©coute, soit grĂące Ă des CD rĂ©alisĂ©s spĂ©cifiquement pour le patient. AprĂšs la mise en place de l'appareil, on pourra utiliser Ă nouveau des exercices auditifs du mĂȘme type. Ce protocole aurait pour avantage de minimiser l'amplification nĂ©cessaire et d'amĂ©liorer la compliance : en effet, trĂšs souvent, les sujets qui ne sont pas inclus dans ce protocole se plaignent d'une difficultĂ© d'adaptation Ă leur appareil et le laissent dans quelque tiroir !
Approches pharmacologiques
Bien quâils soient encore Ă un niveau de recherche prĂ©coce, plusieurs traitements sont dĂ©veloppĂ©s pour traiter la presbyacousie. On peut notamment citer la forme hydrosoluble du CoEnzyme Q10, la greffe de thymus fĆtal[7], ou le Tanakan. Dans une Ă©tude datĂ©e de 2010, il a Ă©tĂ© montrĂ© que la forme hydrosoluble du CoEnzyme Q10 provoque une amĂ©lioration de lâaudiomĂ©trie liminaire tonale entre 1 et 8 kHz[8]. Une Ă©tude clinique Ă grande Ă©chelle sera nĂ©cessaire pour Ă©tayer ces rĂ©sultats de prĂ©vention de la presbyacousie par le CoEnzyme Q10. De son cĂŽtĂ©, la greffe de thymus fĆtal, ou rĂ©gĂ©nĂ©rescence de lâimmunitĂ© du patient par injection de lymphocytes T CD4+, prĂ©vient Ă©galement la presbyacousie, notamment en bloquant lâaugmentation de lâexpression du rĂ©cepteur Ă lâinterleukine 1 de type II (IL1R2) dans les lymphocytes T CD4+ et la dĂ©gĂ©nĂ©ration du ganglion spiral dans des souris atteintes dâinflammation chronique (modĂšle de sĂ©nescence humaine). Les effets du Tanakan ont Ă©tĂ© observĂ©s pendant le traitement de tympanopathies chez des femmes ĂągĂ©es. Le Tanakan diminue lâintensitĂ© de la tympanite et amĂ©liore lâaudition et la diction chez les personnes ĂągĂ©es, ouvrant la possibilitĂ© de prĂ©coniser ce traitement aussi bien chez les personnes ĂągĂ©es atteintes de presbyacousie que celles prĂ©sentant une audition correcte[9]. Enfin, lâadministration de fortes doses de salicylate a Ă©galement montrĂ© des rĂ©sultats encourageants, en amĂ©liorant le fonctionnement des cellules ciliĂ©es externe via lâaugmentation de la prestine, une protĂ©ine essentielle Ă leur activitĂ©[10].
Alimentation
Dans le cadre de médecines douces, le ginkgo biloba est suggéré dans le traitement de la presbyacousie. Il n'existe à l'heure actuelle aucune preuve qui permette de penser que les principes actifs issus de cette plante puissent guérir la presbyacousie mais il se pourrait qu'ils en ralentissent l'évolution.
Par ailleurs, des études ont montré récemment que la déficience en folate dans l'alimentation pouvait conduire à une apparition précoce de la presbyacousie chez la souris[11].
La rééducation auditive peut également aider à la communication entre les personnes atteintes et les aidants. Des techniques comme prendre une position face à la personne atteinte, bien prononcer, assurer une lumiÚre adéquate, minimiser le bruit ambiant ou encore utiliser des repÚres contextuels pour améliorer la compréhension.
Anecdote
Certains ont profitĂ© de la capacitĂ© des jeunes (moins de 18 ans) d'entendre des frĂ©quences supĂ©rieures Ă 17 kHz (inaudibles pour les plus ĂągĂ©s) pour dĂ©velopper un appareil capable de chasser ces jeunes de certains endroits (magasins, entrĂ©es d'immeuble, etc.). Ces appareils Ă©mettent des sons entre 17 et 18 kHz, jugĂ©s trĂšs dĂ©sagrĂ©ables par les jeunes, provoquant des maux de tĂȘte, voire des nausĂ©es. Ces appareils ont Ă©tĂ© nommĂ©s Mosquitos. Leur usage, et mĂȘme leur droit Ă exister, sont trĂšs controversĂ©s[12]. Le , la Commission europĂ©enne a refusĂ© de faire interdire cet appareil (rĂ©seau Rapex).
D'une façon similaire, des sonneries de téléphones existent, audibles seulement par les ados (et non par leurs professeurs, parents et autres adultes).
Voir aussi
Articles connexes
Références
- Audiology. 1979;18(4):320-34
- E. Van Eyken, G. Van Camp et L. Van Laer, « The Complexity of Age-Related Hearing Impairment: Contributing Environmental and Genetic Factors », Audiology and Neurotology, vol. 12,â , p. 345-358 (DOI 10.1159/000106478, lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) Qi Huang et Jianguo Tang, « Age-related hearing loss or presbycusis », European Archives of Oto-Rhino-Laryngology, vol. 267,â , p. 1179-1191 (ISSN 0937-4477 et 1434-4726, DOI 10.1007/s00405-010-1270-7, lire en ligne, consultĂ© le )
- « Age-Related Hearing Loss », sur www.nidcd.nih.gov (consulté le )
- M. Hultcrantz, R. Simonoska et A. E. Stenberg, « Estrogen and hearing: a summary of recent investigations », Acta Oto-Laryngologica, vol. 126,â , p. 10-14 (ISSN 0001-6489, PMID 16308248, DOI 10.1080/00016480510038617, lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) Thomas Niklaus Roth, Dirk Hanebuth et Rudolf Probst, « Prevalence of age-related hearing loss in Europe: a review », European Archives of Oto-Rhino-Laryngology, vol. 268,â , p. 1101-1107 (ISSN 0937-4477 et 1434-4726, PMID 21499871, PMCID 3132411, DOI 10.1007/s00405-011-1597-8, lire en ligne, consultĂ© le )
- Hiroshi Iwai et Muneo Inaba, « Fetal thymus graft prevents age-related hearing loss and up regulation of the IL-1 receptor type II gene in CD4+ T cells », Journal of Neuroimmunology, vol. 250,â , p. 1-8 (DOI 10.1016/j.jneuroim.2012.05.007, lire en ligne, consultĂ© le )
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- M. Iu Boboshko, M. V. Efimova et I. V. Savenko, « [Modern aspects of diagnosis of presbycusis and its treatment in elderly patients] », Vestnik Otorinolaringologii,â , p. 23-25 (ISSN 0042-4668, PMID 21512480, lire en ligne, consultĂ© le )
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E. BIZAGUET PRESBYACOUSIE. De la prothÚse analogique à la prothÚse numérique, Concours médical, 125-05, 281-286, 2003.