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Macrophyte

Un macrophyte est un vĂ©gĂ©tal aquatique de zones humides continentales (habituellement gorgĂ©es ou inondĂ©es d'eau douce) et littorales (eau salĂ©e ou (saumĂątre), visible Ă  l'Ɠil nu (par opposition au microphyte). Il peut s'agir de phanĂ©rogames (plantes Ă  fleur), de bryophytes (mousses et hĂ©patiques), de ptĂ©ridophytes (prĂȘles, fougĂšres), d'algues macroscopiques ou en colonies macroscopiques (des rhodophytes ou algues rouges, des chlorophytes ou algues vertes, des XanthophycĂ©es ou algues jaunes), des bacillariophytes (diatomĂ©es) ou des CharacĂ©es.

Herbier de macrophytes submergées : algues, Potamogeton et Ceratophyllum.

Les peuplements de macrophytes sont souvent modifiés et perturbés du fait de la dégradation de la qualité écologique des écosystÚmes aquatiques (pollution de l'eau, réchauffement, acidification par les pluies, eutrophisation, invasion biologique, modification du régime hydrologique).En tant que producteurs primaires dans l'écosystÚme, les communautés de macrophytes sont particuliÚrement sensibles aux phénomÚnes d'eutrophisation qui touchent les lacs[1] et les zones humides, mais également les cours d'eau.

Certaines espĂšces sont utilisĂ©es comme plantes dĂ©coratives de bassins ou pour l'Ă©puration de l'eau dans les lagunages naturels[2] - [3], les zones de rejets vĂ©gĂ©talisĂ©s[4] et les zones tampons humides artificielles[5]. Elles sont Ă©galement parfois replantĂ©es lors d’opĂ©rations de restauration de berges de lacs ou de cours d’eau.

TrĂšs sensibles Ă  leur environnement et en particulier Ă  l’augmentation du niveau trophique, les communautĂ©s de macrophytes ont fait l’objet de recherches pour les utiliser comme bioindicateurs de l’état des milieux aquatiques. Ces indicateurs ont en particulier Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©s depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000 comme outils d’évaluation, dans le cadre de la mise en Ɠuvre de la Directive cadre europĂ©enne sur l’eau.

Types de plantes macrophytes aquatiques

Classement des macrophytes selon leurs groupes fonctionnels. (1) Flottants libres. (2) ImmergĂ©s enracinĂ©s. (3) ImmergĂ©s libres. (4) ÉmergĂ©s. (5) ImmergĂ©s Ă  feuilles flottantes. (6) Amphiphytes (semi-aquatiques)[6].
Plantes aquatiques du marais audomarois (62) : au premier plan acores odorants et butomes fleuris (plantes émergées) et au second plan nymphéas (plantes à feuilles flottantes).

Les macrophytes peuvent ĂȘtre classĂ©s en groupes fonctionnels selon la vision que l’on souhaite adopter pour leur organisation :

  • Selon leur forme de croissance[8]

Plusieurs classifications des macrophytes visent à les ranger selon leur forme de croissance (growth forms). Ces classifications sont utiles dans les travaux utilisant les traits fonctionnels pour analyser les communautés. La classification la plus complÚte adaptée spécifiquement aux macrophytes aquatiques est celle de Wiegleb[8].

RĂ©partition

La répartition des populations de macrophytes est déterminée par des facteurs physiques du milieu (hydrogéochimie[9], charge en nutriment, accÚs à la lumiÚre qui dépend de la profondeur et de la turbidité de l'eau, substrat[10], morphologie des berges, hydrologie[11]
) et des facteurs anthropiques (rejets ou prélÚvements d'eau tels que les barrages, les pompages ou les captages
)[12].

Haury & al distinguent trois niveaux complĂ©mentaires de distribution : la zonation longitudinale des cours d'eau, les variations locales, correspondant aux faciĂšs d’écoulement (selon la profondeur, la vitesse du courant et la granulomĂ©trie du lit)[13] et aux sĂ©quences qu’ils forment, les variations temporelles en termes de variations saisonniĂšres[14] ou Ă  plus long terme[15].

RĂŽles et fonctions dans l’écosystĂšme aquatique

Les macrophytes font partie d’un Ă©cosystĂšme complexe avec d’autres organismes comme les invertĂ©brĂ©s benthiques (vers, mollusques, crustacĂ©s, insectes, etc.), les champignons aquatiques, les poissons et les oiseaux d’eau. En tant que producteurs primaires de matiĂšre organique, ils sont Ă  la base des rĂ©seaux trophiques et du fonctionnement Ă©cologique des milieux aquatiques. CrĂ©Ă©e par l'intermĂ©diaire de la photosynthĂšse, la biomasse produite a deux devenirs principaux : une part est consommĂ©e "en vert" par des animaux herbivores, une autre sous forme de matiĂšre organique morte par des recycleurs[16]. Les macrophytes peuvent Ă©galement servir d’habitats, de lieux de refuge et de reproduction. A ce titre, ils constituent des Ă©lĂ©ments structurants de l'habitat aquatique pour les autres compartiments biologiques. Les herbiers subaquatiques sont souvent des zones importantes pour les alevins et juvĂ©niles (zones riches en plancton ayant valeur de nourriceries, mais aussi riches en cachettes diminuant le risque de prĂ©dation pour ceux-ci[17]). Les masses vĂ©gĂ©tales de ces herbiers peuvent rĂ©duire les effets mĂ©caniques des mouvements d'eau et donc limiter les phĂ©nomĂšnes d'Ă©rosions des berges[16]. De plus, comme presque tous les vĂ©gĂ©taux, les macrophytes produisent de l’oxygĂšne par photosynthĂšse et jouent un rĂŽle essentiel dans les Ă©quilibres chimiques de l'eau. Cependant, selon les types biologiques et leur densitĂ©, on peut parfois observer des dĂ©rĂšglements du cycle journalier dus Ă  des phĂ©nomĂšnes d'eutrophisation : sursaturation en oxygĂšne dĂ©passant 200% en milieu de journĂ©e, sous-saturation notables en fin de nuit due Ă  la respiration de la biomasse[16]. Cette amplitude journaliĂšre de la teneur en oxygĂšne s'accompagne d'une variation de pH qui peut dĂ©passer deux unitĂ©s, liĂ©e au dĂ©placement des Ă©quilibres calco-carboniques (bilan acide du CO2 dissous, rejetĂ© par la respiration et absorbĂ© par la photosynthĂšse). Ces variations de forte amplitude ont des impacts nĂ©gatifs sur la faune aquatique (mortalitĂ© de poissons pendant les crises estivales, par exemple).

Aux Ă©chelles de l'Ă©cologie du paysage, les macrophytes interfĂšrent avec l'eau (son flux, sa qualitĂ©, sa quantitĂ©, ses conditions d'Ă©coulement...)[18]. Ils jouent un rĂŽle physique important prĂšs des Ă©cotones souvent mouvants dans l'espace et le temps que sont les berges naturelles et Ă  faible profondeur (oĂč la lumiĂšre du soleil pĂ©nĂštre mieux l'eau) et dans les petits cours d'eau (notions d'espĂšces ingĂ©nieurs[19]).

La productivitĂ© des communautĂ©s de macrophytes peut ĂȘtre Ă©levĂ©e. En milieu eutrophe (marais, Ă©tangs, lacs enrichis en nutriments), lorsque la ressource en nutriments et en lumiĂšre est abondante, la production de biomasse peut ĂȘtre extrĂȘmement Ă©levĂ©e. Cette forte productivitĂ© est utilisĂ©e pour la production de biomasse Ă  destination de production de protĂ©ines (lentilles d’eau, jacinthes d’eau), d’épuration des eaux en lagunage ou en installation plantĂ©e (jacinthes d’eau, roseaux). La production de biomasse macrophytique est en Ă©quilibre avec celle des autres compartiments photosynthĂ©tiques comme le phytoplancton ou le phyto-pĂ©riphyton[20]. Dans le marais des Everglades en Floride on a ainsi montrĂ© que sous le couvert des macrophytes typiques des zones eutrophes et moins eutrophes, le rayonnement solaire utilisable par le pĂ©riphyton photosynthĂ©tique a Ă©tĂ© rĂ©duit de 35 % sous les Cladium mariscus mais de 85 % ou plus dans la roseliĂšre dense Ă  massettes (Typha domingensis). L'activitĂ© photosynthĂ©tique des cyanobactĂ©ries pĂ©riphytiques Ă©taient rĂ©duites (de 70 % environ) dans les tapis herbacĂ©s de Cladium par rapport aux taux mesurĂ©s dans les habitats aquatiques "ouverts" du mĂȘme marais, et la productivitĂ© des communautĂ©s pĂ©riphytiques des roseliĂšres Ă©tait rĂ©duite de 80 ± 8 % par rapport Ă  celle de ces mĂȘmes communautĂ©s en milieux plus ouverts[20]. Ceci semble avoir des consĂ©quences sur la capacitĂ© Ă  minĂ©raliser le phosphore (P) et l'azote (N) : les concentrations de P (inorganique et organique) sont trĂšs rĂ©duites dans l'eau des habitats Ă  haute photosynthĂšse pĂ©riphytique, alors que les taux d'azote (inorganique et organique) Ă©taient plus bas dans les habitats eutrophes de la roseliĂšre Ă  massettes. Ces deux derniĂšres observations pourraient selon leurs auteurs ĂȘtre liĂ©es Ă  la concurrence pour la lumiĂšre entre le pĂ©riphyton et la roseliĂšre (suppression de la photosynthĂšse pĂ©riphytique par l'ombrage crĂ©Ă© par les macrophytes)[20]. Dans les zones eutrophes de cette mĂȘme rĂ©gion, le pĂ©riphyton peut former un Ă©pais « matelas flottant » qui forme un tapis dense au sol lors des pĂ©riodes de sĂ©cheresse. Ce tapis empĂȘche toutes les graines des macrophytes d'atteindre le sol et d'y germer, hormis celles de deux espĂšces qui peuvent le pĂ©nĂ©trer et germer (Cladium jamaicense et Eleocharis)[21] en excluant d'autres espĂšces, dont l'herbacĂ©e Muhlenbergia filipes.

Les macrophytes sont limitĂ©s principalement, dans la nature, par l'herbivorie de nombreux vertĂ©brĂ©s et invertĂ©brĂ©s « brouteurs »[22]: mollusques aquatiques (limnĂ©es, planorbes), trichoptĂšres herbivores, poissons phytophages (tanches, carpes) oiseaux aquatiques (canards),mammifĂšres aquatiques (castors, ragondins). Dans certaines rĂ©gions, de grands mammifĂšres se nourrissent Ă©galement de plantes aquatiques (Ă©lans et orignaux). Le bĂ©tail peut parfois aussi exercer une forte pression sur les peuplements d’hĂ©lophytes de berges. Certaines espĂšces de plantes ont une stratĂ©gie de dĂ©fense contre les brouteurs par la synthĂšse de composĂ©s phĂ©noliques qui selon D.M. Lodge (1991) se montrent plus efficaces que les alcaloĂŻdes qu'ils produisent Ă©galement[22].

Bioindication

Inventaire des communautés de macrophytes ripariens à Lacanau en Gironde

Comme d’autres communautĂ©s biologiques aquatiques (poissons, macroinvertĂ©brĂ©s, phytobenthos et phytoplancton), les macrophytes ont fait l’objet de travaux de recherche visant Ă  dĂ©velopper des indicateurs Ă  partir de l’inventaire des espĂšces macrophytiques prĂ©sentes sur un site. Ces travaux identifient des relations entre les descripteurs des peuplements (structure, composition taxonomique, traits Ă©cologiques et biologiques) et les paramĂštres environnementaux (par exemple tempĂ©rature, vitesse du courant, concentration en composĂ©s azotĂ©s et phosphorĂ©s, en carbonates, dynamique de l'hydromorphologie de l’habitat). À partir de ces relations, des mĂ©triques descriptives sont calculĂ©es, et servent, aprĂšs validation statistique, d’indicateurs. Ces bioindicateurs sont utilisĂ©s ensuite en diagnostic et en Ă©valuation de l’état des milieux, en s’appuyant sur la connaissance des peuplements en place pour Ă©valuer la qualitĂ© de l’habitat (eau, sĂ©diment, hydromorphologie).

En France, plusieurs indicateurs sont utilisĂ©s de façon rĂ©glementaire comme base aux mĂ©thodes d’évaluation en application de la Directive europĂ©enne sur l’eau :

  • l’IBMR Indice biologique macrophytique en riviĂšre, traduit le niveau trophique global d’un tronçon de cours d’eau. Il a Ă©tĂ© adoptĂ© par plusieurs Etats-membres europĂ©ens pour l’évaluation rĂ©glementaire de la qualitĂ© des cours d’eau
  • l’IBML Indice biologique macrophytique en lacs, comprend Ă©galement un volet d’apprĂ©ciation de l’état des rives.

Les protocoles d’acquisition de donnĂ©es (relevĂ©s sur le terrain et dĂ©termination des Ă©chantillons) a fait l’objet de travaux de normalisation afin d’harmoniser les pratiques de l’ensemble des opĂ©rateurs chargĂ©s des suivis de surveillance (rĂ©fĂ©rences : normes NF T90-395 pour les cours d’eau et XP T90-328 pour les lacs). Plusieurs normes europĂ©ennes ont Ă©galement Ă©tĂ© publiĂ©es par le CEN - ComitĂ© europĂ©en de normalisation pour encadrer ces mĂ©thodes[23].

Plusieurs Ă©quipes de recherche travaillent sur ces problĂ©matiques en France, en lien avec leurs homologues europĂ©ens. Les chercheurs français actifs sur ces sujets se sont regroupĂ©s dĂšs 1992 au sein du Groupement d’intĂ©rĂȘt scientifique Macrophytes des eaux continentales. A Bordeaux, une Ă©quipe scientifique d'Irstea s'est spĂ©cialisĂ©e dans le dĂ©veloppement d'outils contribuant Ă  dĂ©finir l’état de rĂ©fĂ©rence des milieux aquatiques et leur bon Ă©tat Ă©cologique[23].

Quelques exemples de macrophytes aquatiques

  • le potamot pectinĂ© (Potamogeton pectinatus)
  • les characĂ©es (Chara, Nitellopsis). Ces plantes aquatiques sont particuliĂšrement intĂ©ressantes par leur rĂŽle d’indicateur car elles supportent mal la pollution des eaux.
  • l'Ă©lodĂ©e (Elodea nuttallii), originaire d’AmĂ©rique du Nord.

Gestion des peuplements de macrophytes

Colonisation végétale d'un étang par la jussie à grandes fleurs (Ludwigia grandiflora), espÚce tropicale invasive.

Dans certains cas de prolifĂ©ration ou de conflit d’usage, les macrophytes peuvent ĂȘtre perçus comme une gĂȘne pour les activitĂ©s nautiques, la baignade, la pĂȘche ou l’utilisation de l’eau (pompages pour l’irrigation agricole ou le refroidissement d’installations industrielles, par exemple[24] - [25]) . Afin de limiter leur dĂ©veloppement, ils sont localement fauchĂ©s mĂ©caniquement (faucardage), voire arrachĂ©s manuellement. L’efficacitĂ© de ces opĂ©rations est variable selon l’étendue des formations vĂ©gĂ©tales, leur densitĂ©, les dĂ©rĂšglements Ă©cologiques dus aux perturbations des milieux (eutrophisation, banalisation morphologique, etc.) Elles doivent dans tous les cas ĂȘtre rĂ©flĂ©chies pour Ă©viter les effets contre-productifs. En effet, la dissĂ©mination de fragments de plantes peut favoriser leur propagation. C’est particuliĂšrement le cas pour les espĂšces Ă  caractĂšre invasif.

Les nuisances le plus souvent ressenties concernent les plantes exotiques envahissantes, dont la prolifĂ©ration est un facteur de limitation forte des activitĂ©s humaines (navigation, pĂȘche, tourisme estival, risques d'inondations automnales...) ainsi qu'une cause d'altĂ©ration du fonctionnement des Ă©cosystĂšmes (rĂ©duction des Ă©coulements, dĂ©soxygĂ©nation des eaux, impacts nĂ©gatifs sur la faune et la flore indigĂšnes). C'est le cas des jussies (Ludwigia spp.) ou des OnagracĂ©es originaires d'AmĂ©rique tropicale (Elodea sp., Egeria densa, Lagarosiphon major). Introduites en Europe dĂšs le dĂ©but du XIXe siĂšcle Ă  des fins ornementales, elles ont peu Ă  peu colonisĂ© les milieux aquatiques : plans d'eau, cours d'eau plutĂŽt lents, marais doux ou saumĂątres, annexes hydrauliques, prairies inondables, etc. Ainsi dans le marais poitevin, de 1991 Ă  1998, le linĂ©aire de rives colonisĂ©es sur la SĂšvre niortaise est passĂ© de quelques centaines de mĂštres Ă  600 km. Des plans de gestion trĂšs strictes ont Ă©tĂ© mis en place par les acteurs locaux en partenariat avec des scientifiques d'Irstea (ex-Cemagref) sur plus de 700 km de rives en zones de marais mouillĂ©s[26].

Macrophytes et Ă©puration des eaux

Exemple d'ouvrage de génie végétal utilisant des macrophytes pour épurer les eaux agricoles collectées dans des parcelles drainées (mare expérimentale de Rampillon en Seine et Marne)

Au dĂ©but des annĂ©es 1950, des travaux expĂ©rimentaux menĂ©s par K. Siedel Ă  l'institut Max Planck en Allemagne ont montrĂ© l'intĂ©rĂȘt des macrophytes pour l'Ă©puration des effluents domestiques. Leurs travaux ont abouti au dĂ©but des annĂ©es 1980 Ă  la premiĂšre station d'Ă©puration française utilisant des roseaux plantĂ©s. Au cours des trois derniĂšres dĂ©cennies, en France, c'est toute une filiĂšre d'Ă©puration des eaux usĂ©es basĂ©es sur les filtres plantes de roseaux[27] (FPR) qui s'est mise en place. Dans d'autres parties du monde, d'autres espĂšces sont mobilisĂ©es. Un inventaire[28] rĂ©alisĂ©e en 2013 a rĂ©pertoriĂ© prĂšs de 150 espĂšces. Par ordre dĂ©croissant, les plantes les plus utilisĂ©es sont du genre Typha (massettes), Scirpus (scirpes), Phragmites (roseaux), Juncus (joncs) et Eleocharis (Ă©lĂ©ocharis). De nombreux sites abritent des mĂ©langes variĂ©s d'espĂšces. Les effluents que doivent traiter ces marais artificiels sont divers : eaux usĂ©es domestiques ou industrielles, rejets agricoles, rejets miniers, etc.

Plus rĂ©cemment en 2012, des zones de rejets vĂ©gĂ©talisĂ©s (ou ZRV) ont Ă©tĂ© installĂ©es Ă  l'aval immĂ©diat des stations d'Ă©puration. On en dĂ©nombre plus de 500 en France. Leur objectif est de rĂ©duire la quantitĂ© d’eau provenant de la station (par infiltration dans le sol) et amĂ©liorer sa qualitĂ©, avant son rejet dans le milieu naturel. Pour Ă©valuer leur efficacitĂ©, un site expĂ©rimental a Ă©tĂ© construit en 2014. Ce dispositif instrumentĂ© est hĂ©bergĂ© dans la biostation de la commune de BĂšgle en Gironde[29]. Quant au projet[4] de suivi des ZRV portĂ© par l'AFB et Irstea, il doit livrer ses premiers rĂ©sultats en 2019.

Les macrophytes sont Ă©galement mobilisĂ©es dans les zones tampons humides artificielle (ZTHA) pour Ă©purer les eaux agricoles issues des parcelles drainĂ©es. Dans ce type de zones humides, les plantes aquatiques et les bactĂ©ries participent Ă  la dĂ©gradation des nutriments azotĂ©s et des produits phytosanitaires prĂ©sents dans les eaux de drainage (diminution de 50% des taux de pesticides et de nitrates)[5]. Autres avantages de ces techniques basĂ©es sur du gĂ©nie vĂ©gĂ©tal, l’aspect esthĂ©tique qui est amĂ©liorĂ© par la prĂ©sence des macrophytes.

Enfin, plusieurs travaux ont démontré le rÎle des macrophytes sur l'accumulation des métaux lourds présents par exemple dans les effluents industriels (baryum, cadmium, chrome, cobalt, cuivre, fer, manganÚse, mercure, nickel, plomb, titane et zinc) . Parmi les plantes flottantes les plus intéressantes, on peut citer la fougÚre asiatique (Azolla pinnata), la jacinthe d'eau (Eichhornia crassipes), les lentilles d'eau cosmopolites (Lemna minor et Spirodela polyrhiza), la laitue d'eau tropicale (Pistia stratiotes), et la salvinie sud-américaine (Savinia herzogii). A cette liste s'ajoutent des plantes émergées comme le roseau hélophyte (Typha latifolia) , ou des espÚces immergées telles que le cornifle nageant (Ceratophyllum demerson) oules potamots (Potamogeton crispus, Potamogeton pectinatus). Néanmoins, certains de ces macrophytes sont exotiques et peuvent présenter un caractÚre invasif pour des écosystÚmes aquatiques européens[30].

Notes et références

  1. Rasmussen, P., & John Anderson, N. (2005). Natural and anthropogenic forcing of aquatic macrophyte development in a shallow Danish lake during the last 7000 years. Journal of Biogeography, 32(11), 1993-2005.
  2. Brix, H. (1997). Do macrophytes play a role in constructed treatment wetlands ? . Water science and technology, 35(5), 11-17
  3. Brix, H. (1994). Functions of macrophytes in constructed wetlands. Water Science and Technology, 29(4), 71-78.
  4. « BIOTRYTIS », sur Les zones de rejets végétalisés, (consulté le )
  5. J. Tournebize et al., « Les zones tampons humides artificielles : pour quoi et pour qui ? », INGENIEUR BIOLOGIE / GENIE BIOLOGIQUE,‎ , p. 47-53 (lire en ligne)
  6. (en) Leticia Y. Kochi, Patricia L. Freitas, Leila T. Maranho, Philippe Juneau & Marcelo P. Gomes, « Aquatic Macrophytes in Constructed Wetlands:A Fight against Water Pollution », Sustainability, vol. 12, no 21,‎ (DOI 10.3390/su12219202).
  7. Barbe J., « Les vĂ©gĂ©taux aquatiques. DonnĂ©es biologiques et Ă©cologiques. ClĂ©s de dĂ©termination des macrophytes de France », Bull. Fr. Piscic.,‎ , p. 1-42 (lire en ligne)
  8. (de) Wiegleb G., « Die Lebens-und Wuchsformen der makrophytischen Wasserpflanzen und deren Beziehungen zur Ökologie, Verbreitung und Vergesellschaftung der Arten », Tuexenia (11),‎ , p. 135-147 (lire en ligne)
  9. Composition chimique liée à la lithologie du bassin versant.
  10. Composition chimique, caractĂšre fixe ou mobile.
  11. Vitesse du courant, niveau de l'eau.
  12. (en) Paul Franklin, Michael Dunbar, Paul Whitehead, « Flow controls on lowland river macrophytes: A review », Science of The Total Environment, vol. 400, nos 1–3,‎ , p. 369-378 (DOI 10.1016/j.scitotenv.2008.06.018).
  13. Jean-RenĂ© Malavoi, « Typologie des faciĂšs d’écoulement ou unitĂ©s morphodynamiques des cours d’eau Ă  fond caillouteux », Bull. fr. pĂȘche piscic, vol. 315,‎ , p. 189-210 (lire en ligne).
  14. (en) J. Haury, L. Gouesse Aidara, 1998. Quantifying macrophyte cover and standing crops in a river and its tributaries (Brittany, Northwestern France). In : A. Monteriro, T. Vasconcelos & L.Catarino (ed.) Management and ecology of aquatic plants pp. 195- 198. Proc. 10th EWRS Symposium on Aquatic Weeds, 21-25 Septembre 1998, Lisbon
  15. Haury, J., M. C. Peltre, S. Muller, G. ThiĂ©baut, M. TrĂ©moliĂšres, B. Demars, J. Barbe, A. Dutartre, M. Guerlesquin & E. Lambert, « Les macrophytes aquatiques, bioindicateurs des systĂšmes lotiques. IntĂ©rĂȘts et limites des indices macrophytiques. SynthĂšse bibliographique des principales approches europĂ©ennes pour le diagnostic biologique des cours d'eau », Guides sur l'Eau en France, no 87,‎ , p. 9 (lire en ligne).
  16. A; Dutartre et al., « Les macrophytes, partenaires ou concurrents? », Sciences Eaux & Territoires, no 15,‎ , p. 5 p (lire en ligne)
  17. Grenouillet, G., Pont, D., & Olivier, J. M. (2000). Habitat occupancy patterns of juvenile fishes in a large lowland river: interactions with macrophytes. Archiv fĂŒr Hydrobiologie, 149(2), 307-326.(rĂ©sumĂ©)
  18. Madsen, J. D., Chambers, P. A., James, W. F., Koch, E. W., & Westlake, D. F. (2001). The interaction between water movement, sediment dynamics and submersed macrophytes. Hydrobiologia, 444(1-3), 71-84.
  19. (en) Jones C.G., « Organisms as ecosystem engineers », Oikos 69 (3),‎ , p. 373-386 (lire en ligne)
  20. Grimshaw, H. J., Wetzel, R. G., Brandenburg, M., Segerblom, K., Wenkert, L. J., Marsh, G. A., ... & Carraher, C. (1997). Shading of periphyton communities by wetland emergent macrophytes: decoupling of algal photosynthesis from microbial nutrient retention. Archiv fĂŒr Hydrobiologie, 139(1), 17-27. Notice Inist-CNRS/rĂ©sumĂ©
  21. Sawgrass & Spike Rush, Atlss.org, consulté 2015-05-31
  22. Lodge, D. M. (1991). Herbivory on freshwater macrophytes. Aquatic Botany, 41(1), 195-224 (résumé)
  23. C. Chauvin et al., « Des mĂ©thodes basĂ©es sur les peuplements de macrophytes pour Ă©valuer l’état Ă©cologique des milieux aquatiques », Sciences, Eaux & Territoires,‎ , p. 54-59 (lire en ligne)
  24. Muller S. et al., « Biologie et Ă©cologie des espĂšces vĂ©gĂ©tales prolifĂ©rant en France. SynthĂšse bibliographique. », Etudes Inter-Agences de l'eau: 187,‎ , p. 199 (lire en ligne)
  25. Peltre M. et al., « Les prolifĂ©rations vĂ©gĂ©tales aquatiques en France :caractĂšres biologiques et Ă©cologiques des principales espĂšces et milieux propices. II. Impact sur les Ă©cosystĂšmes et intĂ©rĂȘt pour le contrĂŽle des prolifĂ©rations », Bull. Fr. PĂȘche Piscic.(365-366),‎ , p. 259-280. (lire en ligne)
  26. N. Pipet, « Gestion des jussies dans le marais poitevin », Sciences, Eaux & Territoires,‎ , p. 22-26 (lire en ligne)
  27. « Les filtres plantés de roseaux », sur Irstea, (consulté le )
  28. J. Vymazal et al., « Plants in constructed, restored ans created wetlands », Ecological Engineering,‎ , p. 501-504 (lire en ligne)
  29. « Epuration des eaux, inauguration d'une biostation expérimentale inédite », sur Irstea, (consulté le )
  30. A. Guittony-Philippe et al., « Potentiels d’utilisation des macrophytes pour rĂ©duire l’impact des industries sur les milieux aquatiques europĂ©ens », Sciences, Eaux & Territoires,‎ , p. 74-77 (lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

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