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DĂ©sherbage

leLe désherbage est la pratique qui consiste à limiter le développement des adventices, ou mauvaises herbes, pour réduire leur nuisibilité sur les plantes cultivées. L'expression « contrÎle de l'enherbement » (anglais weed control au lieu de weeding) suppose une nouvelle approche du désherbage. En français, elle est plus facilement utilisée en arboriculture et viticulture.

Pulvérisateur automoteur de grande capacité pour désherbage conventionnel
DĂ©sherbage manuel de lin cultivĂ©, tache autrefois souvent rĂ©servĂ©e aux femmes et parfois aux enfants, ici en Flandre ; huile sur toile par Émile Claus, 1887

Cette approche peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme la partie s'appliquant Ă  la flore d'une stratĂ©gie globale de dĂ©fense des cultures ou lutte intĂ©grĂ©e. On parle encore de protection biologique intĂ©grĂ©e pour signifier particuliĂšrement que des mĂ©thodes de contrĂŽle biologique (biocontrĂŽle) y sont intĂ©grĂ©es.

Elle peut consister en grandes cultures Ă  planifier des interventions variĂ©es (stratĂ©gie de dĂ©sherbage) et plus gĂ©nĂ©ralement influencer l'itinĂ©raire cultural Ă  partir de l'observation de la flore qui peut commencer dĂšs la rĂ©colte prĂ©cĂ©dente[1]. En arboriculture, viticulture, sylviculture, il s'agit de dĂ©terminer quelle partie de la flore peut ĂȘtre conservĂ©e et Ă©ventuellement de dĂ©cider quelles plantes mĂ©riteraient ĂȘtre semĂ©es en interligne (enherbement volontaire).

Le désherbage peut se réaliser de deux maniÚres différentes[2] :

  • le contrĂŽle des adventices, qui relĂšve de la prophylaxie, en limitant leur dĂ©veloppement, en empĂȘchant leur floraison ou l'apparition de semences ;
  • la lutte contre les adventices, qui relĂšve des moyens curatifs, en dĂ©truisant les plantes indĂ©sirables. Il peut s'agir de dĂ©sherbage total (appliquĂ© avant semis ou sur variĂ©tĂ© rĂ©sistante) ou sĂ©lectif (respectant la culture et Ă©ventuellement les adventices jugĂ©es inoffensives ou favorisantes) ;

Diverses techniques sont utilisées[2] , les plus fréquentes sont :

  • le contrĂŽle cultural ou agronomique, qui consiste Ă  adapter les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments du systĂšme de culture (rotation, travail du sol, date et densitĂ© de semis, fertilisation), pour limiter le dĂ©veloppement des adventices ;
  • la lutte physique, par action manuelle ou mĂ©canique par l'arrachage de tout ou partie de la plante (sarclage, dĂ©sherbage mĂ©canique) ;
  • la lutte chimique, par l'utilisation d’herbicides ;
  • la lutte thermique passage d'une flamme sur les parties aĂ©riennes de la plante ou proche du sol (dĂ©sherbage thermique).

Aspects historiques

Dans les systĂšmes d'assolement triennal, qui se mettent en place dans la moitiĂ© nord de l'Europe au Moyen Âge, le contrĂŽle des adventices est assurĂ© par la succession d'une culture d'hiver et de printemps et, lors de l'annĂ©e de jachĂšre, par de frĂ©quents hersages et labours, ainsi que par le pĂąturage[3] - [4].

À partir de la rĂ©volution agricole des XVIIIe et XIXe siĂšcles, l'allongement des rotations culturales (jusqu'Ă  6 ou 12 ans, en 1950 en France[5]), le tri des semences pour Ă©liminer les graines d’adventices et le dĂ©sherbage mĂ©canique dans les cultures aux rangs suffisamment larges pour ĂȘtre sarclĂ©es (mais, betterave, navet, pommes de terre
)[6] - [3]. L'amĂ©lioration des charrues a permis l'approfondissement des labours avec usage de rasettes qui, s'il a d'autres inconvĂ©nients, a aussi amĂ©liorĂ© le contrĂŽle des adventices.

L’introduction des herbicides Ă  organiques partir de 1945 marque une rupture importante, en permettant un vrai contrĂŽle des populations d’adventices basĂ© sur une seule intervention technique, la destruction des adventices au stade plantule, de maniĂšre Ă  maintenir leurs populations au-dessous d’un seuil de nuisibilitĂ©[7] - [8]. L'introduction des herbicides permet le dĂ©veloppement de variĂ©tĂ©s cultivĂ©es moins compĂ©titives vis-Ă -vis des adventices ce qui autorise un indice de rĂ©colte (biomasse rĂ©coltĂ©e/biomasse vĂ©gĂ©tale totale) plus important[9].

Dans la deuxiÚme partie du XXe siÚcle, l'apparition de résistances aux herbicides ainsi que les dégradations environnementales et les risques sanitaires posés par ces produits entraßnent le développement d'autres approches comme la lutte intégrée ainsi qu'un renouveau des techniques de désherbage mécanique, soit en lien avec l'agriculture biologique, soit en utilisant les technologies de l'agriculture de précision (caméras, positionnement GPS
). Cette période voit également le développement des variétés tolérantes aux herbicides.

Méthodes de désherbage

Désherbage traditionnel en Ouganda (avec un bébé sur le dos).

Le dĂ©sherbage peut ĂȘtre raisonnĂ© Ă  plusieurs Ă©chelles de temps par l'agriculteur. À l'Ă©chelle stratĂ©gique, il peut ĂȘtre intĂ©grĂ© dans le choix de la composition de la rotation culturale. La lutte intĂ©grĂ©e se situe Ă©galement Ă  cette Ă©chelle. À l'Ă©chelle tactique, diverses pratiques culturales peuvent ĂȘtre utilisĂ©es : dĂ©sherbage mĂ©canique, chimique, thermique


Les techniques culturales simplifiées (non-labour) sont réputées rendre le désherbage plus difficile (ou plus pointu selon le point de vue, voir TCS,désherbage)

Composition de la rotation culturale

Le raisonnement de la rotation culturale peut permettre de contrĂŽler la composition de la communautĂ© d'adventice et d’empĂȘcher l'implantation d'une flore adventice trĂšs spĂ©cialisĂ©e vis-Ă -vis de la culture et donc trĂšs compĂ©titive. La diversification des saisons de semis (automne, printemps, Ă©tĂ©), des types de travail du sol ou de fertilisation, des familles d'herbicides utilisĂ©es ou des techniques de dĂ©sherbage mĂ©caniques mises en Ɠuvre permet de diversifier les perturbations subies par les adventices et, en rendant leur environnement plus imprĂ©visible, de compliquer leur implantation dans le champ[10] - [11] - [12]. L'introduction des plantes pĂ©rennes (luzerne, trĂšfle
) dans la rotation peut faciliter le contrĂŽle des adventices, ces cultures Ă©tant particuliĂšrement compĂ©titives et permettant l'introduction d'une nouvelle perturbation, la fauche[13]. On peut citer d'autres cultures dites nettoyantes comme le chanvre textile. Cette plante a un trĂšs fort dĂ©veloppement et couvre rapidement le sol, empĂȘchant les adventices de trop se dĂ©velopper car elle capte une grande partie du rayonnement solaire.

Dans les cultures associĂ©es comme celle des trois sƓurs, oĂč l’on retrouve le maĂŻs, le haricot grimpant et la courge cultivĂ©es en mĂȘme temps et sur un mĂȘme espace, la courge a l’avantage de couvrir le sol et de capter le rayonnement solaire. Cette forme de compĂ©tition est avantageuse pour les trois cultures.

Enfin, on peut citer les phĂ©nomĂšnes d’allĂ©lopathie, certaines plantes entrent en compĂ©tition avec les plantes voisines en libĂ©rant des substances qui vont ralentir la croissance des plantes d’autres espĂšces. Ces interactions sont cependant mĂ©connues et utilisĂ©es de maniĂšre empirique.

Lutte intégrée et prévention

La lutte intĂ©grĂ©e consiste en la mise en Ɠuvre d'une combinaison de techniques (biologiquesbiotechnologiqueschimiquesphysiques, culturales, variĂ©tales) afin de limiter la nuisibilitĂ© des adventices, notamment grĂące aux processus de rĂ©gulation naturels, tout en rĂ©duisant le recours aux herbicides.

Les méthodes de prévention (contrÎle agronomique) consistent à prévenir la dissémination des plantes indésirables[14]. On peut citer outre le choix d'une rotation adaptée et l'évitement de la monoculture :

  • Le choix d'une densitĂ© de semis plus importante s'il n'a pas d'effet nĂ©gatif sur le rendement
  • Le choix d'espĂšces ou de variĂ©tĂ©s Ă  dĂ©veloppement rapide (variĂ©tĂ©s de printemps par exemple) lorsqu'il est possible. Ces cultures qui se dĂ©veloppent avant les adventices sont dites Ă©touffantes (l'effet Ă©touffement de quelques cultures est donnĂ© dans : Engrais vert#IntĂ©rĂȘt comparĂ© de quelques engrais verts). Il y avait ainsi toujours une culture de printemps dans les anciennes rotations triennales (en plus de la jachĂšre travaillĂ©e)
  • Combinaison de billonage, paillis plastique et repiquage en culture industrielle de fraisiers
    Le repiquage qui permet à la culture de prendre une avance sur les adventices ; il est aujourd'hui à peu prÚs abandonné en grande culture pour des raisons de simplification mais persiste en horticulture
  • L'incorporation d'« engrais-starter » (phosphate d'ammoniaque, NH4H2PO4 par exemple) au plus prĂšs de la ligne de semis est largement pratiquĂ© pour la mĂȘme raison. L'incorporation de lisier entre les lignes de culture (maĂŻs) peut viser le mĂȘme rĂ©sultat et constitue aussi un binage. Ces mĂ©thodes relĂšvent de l'agriculture trĂšs intensive
  • Le recours Ă  des semences certifiĂ©es ou suffisamment triĂ©es aujourd'hui gĂ©nĂ©ralement pratiquĂ©
  • La pratique du compostage qui stĂ©rilise les graines des fumiers, trĂšs pratiquĂ© en bio
  • Le chaulage et les autres amendements modifient la flore et favorisent certaines cultures au dĂ©triment des adventices
  • L'irrigation localisĂ©e (goutte-Ă -goutte) est prĂ©fĂ©rable Ă  l'aspersion
  • Le drainage, le dĂ©compactage profond, l'ombrage (cultures maraĂźchĂšres tropicales, permaculture). L'ombrage par des plantes compagnes est pratiquĂ© gĂ©nĂ©ralement pour le cacaoyer et l'Ă©tait traditionnellement pour le riz avec la fougĂšre aquatique azolla recouvrant les riziĂšres et empĂȘchant ainsi le dĂ©veloppement des adventices sans nuire au riz repiquĂ©.
  • Les cultures associĂ©es, les cultures sous couvert pratiquĂ©es en technique culturale simplifiĂ©e ou en semis de prairies, les cultures intermĂ©diaires piĂšge Ă  nitrates, les cultures intercalaires qui permettent d'occuper opportunĂ©ment le terrain
  • Champs de taro Ă  HawaĂŻ ; nĂ©cessaire pour d'autres raisons la submersion facilite le contrĂŽle des adventices mais n'Ă©vite pas le dĂ©sherbage
    La submersion temporaire (riz, lotus sacré, taro, bambou, céleri d'eau (Oenanthe javanica (en)), salicorne, cresson, canneberge et anecdotiquement vigne et culture de printemps en hiver)
  • Les interventions de dĂ©sherbage avant la maturitĂ© des graines
  • Le travail de dĂ©chaumage, buttage, sarclage ou de binage, sur sol suffisamment ressuyĂ© surtout s'il est rĂ©alisĂ© avec des outils de type cultivateur rotatif, sont souvent pratiquĂ©es selon les cultures
  • Broyeur-mulcheur : le tapis de matiĂšre organique dĂ©coupĂ©e empĂȘche la levĂ©e des adventices
    La pratique des cultures sous paillis plastique ou paillis naturel (mulching) si la culture s'y prĂȘte plutĂŽt que l'enfouissement superficiel des matiĂšres organiques[15].
  • Dans les prairies, le pĂąturage rationnĂ© et la fauche des refus
  • L'Ă©cobuage (nettoyage par le feu) trĂšs pratiquĂ© autrefois avec un certain succĂšs est aujourd'hui interdit.

Ces méthodes sont donc trÚs variées et pour la plupart connues depuis longtemps mais demandent de la précision, du temps ou des investissements[16].

DĂ©sherbage chimique

PulvĂ©risation d’herbicide grĂące Ă  un pulvĂ©risateur tractĂ©

Il se fait avec un herbicide organique de synthĂšse qui est la plupart du temps pulvĂ©risĂ© en plein champ aprĂšs avoir Ă©tĂ© diluĂ© dans la cuve d’un pulvĂ©risateur. Le dĂ©sherbage se fait Ă  diffĂ©rents moments du cycle de la culture, on parle alors de dĂ©sherbage de prĂ©-levĂ©e quand on le rĂ©alise avant l’apparition des plantules de la plante cultivĂ©e puis de dĂ©sherbage de post-levĂ©e quand on rĂ©alise le traitement en cours de culture.

Il existe diffĂ©rents types d'herbicides, certains vont affecter davantage les monocotylĂ©dones (Folle avoine par exemple) d’autres vont s’attaquer aux dicotylĂ©dones (Morelle noire par exemple). Enfin certains vont seulement attaquer la partie aĂ©rienne de la plante quand d’autres s’attaquent mĂȘme aux racines.

En agriculture conventionnelle intensive, on tente d’éradiquer toutes les mauvaises herbes afin que leur compĂ©tition soit rĂ©duite au minimum avec la culture en cours. Les doses d’herbicides sont donc les plus Ă©levĂ©es dans ce systĂšme de culture.

En agriculture raisonnĂ©e, on tolĂšre la prĂ©sence d’adventices dans les champs Ă  partir du moment oĂč le gain financier liĂ© Ă  l’augmentation de rendement dĂ» Ă  la non compĂ©tition des adventices devient infĂ©rieur ou Ă©gal au prix du dĂ©sherbage. On raisonne donc du point de vue Ă©conomique l’utilisation d’herbicides.

L’agriculteur peut aussi limiter les doses d’herbicides par conviction personnelle pour le respect de l’environnement mais sa marge financiĂšre n’est pas optimale, tandis qu'elle le sera plus pour la sociĂ©tĂ© car les impacts santĂ© seront moindres[17].

Les désherbants chimiques de synthÚse ne sont pas autorisés en agriculture biologique.

L'utilisation de variétés végétales tolérantes aux herbicides, obtenues par différentes techniques dont la transgénÚse, est un cas particulier de désherbage chimique.

Généralités

Avant/aprÚs le désherbage mécanique d'une vigne par broyage.

Le raisonnement des cultures peut passer par la rĂ©duction de la quantitĂ© d’herbicides utilisĂ©s. L'utilisation du dĂ©sherbage mĂ©canique est une solution qui permet de limiter l'emploi de ces produits. Le dĂ©sherbage mĂ©canique peut ĂȘtre utilisĂ© seul (binage ou hersage), ou combinĂ© avec le dĂ©sherbage chimique du rang on parle alors de dĂ©sherbinage.

L'utilisation de telles techniques de dĂ©sherbage est un plus incontestable pour l'image de l'agriculteur par rapport au grand public puisqu'elles permettent selon les cas une rĂ©duction de 60 Ă  80 % de la quantitĂ© habituelle des produits phytosanitaires de dĂ©sherbage. Elles prĂ©sentent Ă©galement un intĂ©rĂȘt agronomique.

D’autre part, elles induisent une rĂ©duction trĂšs sensible des transferts de produits phytosanitaires hors de la parcelle, ainsi qu’une restructuration du sol en surface, une meilleure infiltration de l'eau et donc moins de ruissellement.

Cependant, les techniques de dĂ©sherbage mĂ©canique ou mixte sont exigeantes dans leur mise en Ɠuvre et nĂ©cessitent une meilleure maĂźtrise des diffĂ©rents paramĂštres (type de sol, hygromĂ©trie, ressuyage, stade de la culture et des adventices
). En effet, un sol sec est requis pour biner proprement et efficacement.

Le désherbage mécanique est autorisé en agriculture biologique mais pas le désherbinage.

Le dĂ©sherbage mĂ©canique est diffĂ©rent selon les types de sol. Les outils sont Ă  adapter, les techniques ne sont pas les mĂȘmes en fonction du sol traitĂ©.

DĂ©sherbage sur la rotation

Scalpeur : socs plats trÚs larges sectionnant les plantes. Il est associé ici à un rotor animé qui secoue les plantes pour accélérer leur dessication. Les vivaces sont particuliÚrement visées
Socs à patte d'oie sur un cultivateur à grand dégagement (chisel)

Le dĂ©chaumage peut ĂȘtre mis Ă  profit pour Ă©viter la multiplication des adventices et mĂȘme dĂ©truire les vivaces. Certains outils sont pensĂ©s dans ce sens : extirpateurs (cultivateurs Ă  socs Ă  patte d'oie), scalpeurs (Ă  socs plats trĂšs larges).

Gyrobroyeur au travail

En cas de végétation ou de résidus importants, le déchaumage est précédé d'un broyage réalisé avec un broyeur à axe horizontal ou vertical (gyrobroyeur).

Le dĂ©sherbage mĂ©canique peut aussi intervenir entre deux cultures, c’est la technique du faux semis, on travaille le sol en surface pour faire germer les adventices avant de retravailler le sol pour les dĂ©truire. C’est ce qui se faisait autrefois sur les jachĂšres, on laissait la terre sans culture pendant une annĂ©e et on la travaillait (labours et hersages) afin de dĂ©truire les mauvaises herbes et rĂ©duire le stock de graines du sol. En une annĂ©e, une grande partie des graines avaient germĂ©. Aujourd’hui, cette durĂ©e est trĂšs courte, elle va de 15 jours Ă  deux mois (entre deux cĂ©rĂ©ales d’hiver ou entre un blĂ© et un colza par exemple). Le dĂ©chaumage est en gĂ©nĂ©ral la premiĂšre Ă©tape du faux semis et est suffisante si le sol est humide ou qu’il y ait une pluie.

AprĂšs un faux semis, on rĂ©alise soit un travail du sol superficiel (techniques culturales simplifiĂ©es) soit un labour qui est un autre outil de dĂ©sherbage. GrĂące Ă  la charrue, la terre est retournĂ©e sur une Ă©paisseur de 20 Ă  30 cm, les graines se trouvant Ă  la surface vont donc ĂȘtre piĂ©gĂ©es dans le sol jusqu’au prochain labour. Une bonne partie de ces graines vont donc mourir mais d’autres plus rĂ©sistantes risquent de rĂ©apparaĂźtre en surface et donner naissance Ă  des mauvaises herbes.

Désherbage dans les cultures implantées

Bineuse de précision moderne Monosem sur un tracteur à roues étroites
Binage de betteraves sucriùres, États-Unis, 1932
Binage de précision avec un tracteur John Deere 4020 « row-crop », matériel des années 1960.

Les cultures qui peuvent ĂȘtre dĂ©sherbĂ©es mĂ©caniquement sont traditionnellement ce que l’on appelle les plantes sarclĂ©es. L’inter rang est suffisamment grand pour y passer un outil, on peut citer le maĂŻs, la betterave ou encore la pomme de terre.

Le buttage et le billonage de certaines cultures favorisent aussi le désherbage (pomme de terre, cultures maraßchÚres).

Aujourd’hui, certains agriculteurs sĂšment des cĂ©rĂ©ales telles le blĂ©, l’orge ou le seigle avec un inter rang de 30 cm ce qui est le double de l’inter rang en culture intensive (15-17 cm). Il permet alors le passage d’une bineuse entre les rangs lors des premiers stades de dĂ©veloppement. Le rendement n’est pas forcĂ©ment plus faible car on utilisera des variĂ©tĂ©s avec un fort coefficient de tallage et on aura un nombre Ă©quivalent d’épis.

Herse Ă©trille au travail

Les cĂ©rĂ©ales et d'autres cultures peuvent ĂȘtre dĂ©sherbĂ©es par l’utilisation de la herse Ă©trille qui peigne le sol et enlĂšve une grande partie des mauvaises herbes sans trop agresser la culture d’intĂ©rĂȘt. Ceci nĂ©cessite cependant des prĂ©cautions, comme un sol bien ressuyĂ© et un bon enracinement de la culture. L'intervention doit donc ĂȘtre prĂ©cisĂ©ment positionnĂ©e dans le temps, encore faut-il que la mĂ©tĂ©o le permette.

L'Ă©cimage Ă  la faucheuse, des adventices peut ĂȘtre pratiquĂ© pour les cultures Ă  dĂ©veloppement lent et pour les prairies, il prĂ©vient le grainage de certaines adventices[18].

L'idéal pour les gazon naturels est d'utiliser un peigne à gazon, qui pourra réaliser un travail de désherbage mécanique sélectif[19], et aussi défeutrer ou démousser.

L'outil fonctionne d'ailleurs aussi bien pour les gazon naturels, hybrides, synthétiques et les surfaces stabilisées, en schiste, cendré, etc.

DĂ©sherbage thermique

Désherbage thermique avec des brûleurs à gaz sur pommes de terre buttées.

Il consiste Ă  dĂ©truire les adventices et les graines d’adventices se trouvant Ă  la surface du sol par l’action de la chaleur. Des bruleurs sont donc passĂ©s prĂšs du sol et vont dĂ©truire les adventices mais aussi une grande partie de la vie du sol surfacique (champignons, bactĂ©ries, mĂ©sofaune). Il est cependant dĂ©licat de ne pas abimer la culture en cours.

Ce type de désherbage est autorisé en agriculture biologique.

DĂ©sherbage par les animaux

Les oies, qui consomment volontiers de l'herbe, sont utilisées sur des cultures variées[20]. Traditionnellement dans quelques régions de Chine, l'entretien des riziÚres était assuré par des poissons et des canards[21].

Le désherbage, le débroussaillage ou l'entretien de parcs est parfois réalisé par des animaux d'habitudes rustiques : ùnes, lamas, certaines races de chÚvres et moutons.

En permaculture, poules et cochons (dĂ©sherbage total) peuvent aussi ĂȘtre utilisĂ©s.

Dans l'Afrique du Nord coloniale, le désherbage hivernal des vignes était parfois confié à des vaches ou des moutons.

À la Martinique, dans un contexte d'agroforesterie, des expĂ©rimentations menĂ©es par des organismes institutionnels ont montrĂ© que le dĂ©sherbage par des volailles (poulets, oies, canards) en arboriculture fruitiĂšre pouvait ĂȘtre efficace et moins coĂ»teux que le dĂ©sherbage chimique (Ă  condition de commercialiser les volailles)[22].

DĂ©sherbage des potagers et jardins

Le jardinier qui travaille sur de petites surfaces arrache en gĂ©nĂ©ral les mauvaises herbes Ă  la main ou peut utiliser une binette, ceci permet Ă©galement d’aĂ©rer le sol et permettre une meilleure pĂ©nĂ©tration de l’eau.

Il existe également sur le marché des herbicides à usage domestique.

Il peut également utiliser des méthodes alternatives et écologiques comme le paillage.

La scarification peut contribuer Ă  modifier la flore des pelouses.

Effets négatifs du désherbage

L'augmentation de l'efficacitĂ© du dĂ©sherbage Ă  partir de la fin du XIXe siĂšcle a entraĂźnĂ© une forte rĂ©gression de certaines espĂšces d'adventices, certaines Ă©tant mĂȘme en danger de disparition[23] - [24]. La diminution de l'abondance et de la diversitĂ© des adventices a Ă©galement des consĂ©quences nĂ©gatives sur les populations d'oiseaux granivores[25]. En France, un plan national d'action a Ă©tĂ© mis en place afin de combattre la perte de diversitĂ© des messicoles[24].

De nombreux effets négatifs sont dus à l'utilisation des herbicides.

Ils sont responsables de contaminations des eaux de surface[26] et des eaux souterraines[27], en particulier par des molĂ©cules de la famille chimique des triazines : simazine, terbuthylazine
 La contamination des eaux peut ĂȘtre le fait de la substance active ou de ses produits de dĂ©gradation: l'AMPA, un produit de dĂ©gradation du glyphosate, et les produits de dĂ©gradation de l'atrazine sont frĂ©quemment observĂ©es[26]. Ces pollutions entraĂźnent une hausse des coĂ»ts de potabilisation[28]. Des rĂ©sidus de pesticides sont Ă©galement dĂ©tectables dans de nombreux sols, y compris loin de leur zone d'application[29].

L'usage intensif des herbicides entraßne l'apparition de plantes résistantes aux herbicides qui peuvent s'avérer trÚs problématiques.

L’utilisation des pesticides est Ă  l’origine de maladies touchant les agriculteurs et leur famille : dĂ©pression[30], cancer[31] - [32], dĂ©gĂ©nĂ©rescence rĂ©tinienne, problĂšmes respiratoires[33], maladie de Parkinson[34] et malformations congĂ©nitales[35].

Outre l'utilisation d'herbicides, d'autres procédés, souvent utilisés comme méthode "de grand-mÚre", s'avÚrent avoir des effets négatifs pour la terre et par conséquent sur l'environnement. C'est le cas de l'usage du sel, qui brûle les plantes mais pollue les sols

La problématique de la réduction forcée de l'utilisation des herbicides

L'interdiction ou la rĂ©duction des herbicides de synthĂšse est souvent jugĂ©e possible mais trĂšs coĂ»teuse par les agriculteurs non bio. Des praticiens de l'INRAE rĂ©sument ainsi la situation en ce qui concerne l'abandon des herbicides totaux (glyphosate ) : « les alternatives coĂ»tent du temps (quelques dizaines d’heures quand l’application du glyphosate demande 20 minutes), des investissements (machines, innovations techniques) et le rĂ©sultat n’est pas aussi total qu’avec le glyphosate »[16].

Elle est par contre ardemment souhaitée par les agriculteurs bio et les associations écologistes[36].

Notes et références

  1. « Une mĂ©thode simple pour Ă©valuer l’enherbement de sa parcelle », sur Arvalis (consultĂ© en )
  2. RMT SystĂšmes de Culture Innovants, MinistĂšre de l'Agriculture, MinistĂšre de l’Écologie, Guide pratique pour la conception de systĂšmes de culture plus Ă©conomes en produits phytosanitaires - Application aux systĂšmes de polyculture, 2011
  3. Timmons, F.L., 2005. A history of weed control in the United States and Canada — a sequel. Weed Science 53, 762–768. doi:10.1614/WS-04-210.1
  4. MORLON P., SIGAUT F., 2008. La troublante histoire de la jachĂšre. Pratiques des cultivateurs, concepts de lettrĂ©s et enjeux sociaux. Quae / Educagri, 325 p.
  5. Sourdillat, J.-M., 1950. GĂ©ographie agricole de la France. Presses Universitaires de France, Paris, France.
  6. Jauzein, P., 2001. BiodiversitĂ© des champs cultivĂ©s: L’enrichissement floristique. Dossier de L’environnement de l'INRA 21, 43–64.
  7. Knezevic, S.Z., Evans, S.P., Blankenship, E.E., Van Acker, R.C., Lindquist, J.L., 2002. Critical period for weed control: the concept and data analysis. Weed Science 50, 773–786. doi:10.1614/0043-1745(2002)050[0773:CPFWCT]2.0.CO;2
  8. Marra, M.C., Carlson, G.A., 1983. An economic threshold-model for weeds in soybeans (Glycine max). Weed Science 31, 604–609.
  9. Cosser, N.D., Gooding, M.J., Thompson, a J., Froud-Williams, R.J., 1997. Competitive ability and tolerance of organically grown wheat cultivars to natural weed infestations. Annals of Applied Biology 130, 523–535.
  10. Smith, R.G., Mortensen, D.A., Ryan, M.R., 2009. A new hypothesis for the functional role of diversity in mediating resource pools and weed – crop competition in agroecosystems. Weed Research 50, 37–48. doi:10.1111/j.1365-3180.2009.00745.x
  11. Munier-Jolain, N., CarrouĂ©e, B., 2003. Quelle place pour le pois dans une agriculture respectueuse de l‘environnement ? Argumentaire agri‐environnemental. Cahiers Agricultures 12, 111–120.
  12. Liebman, M., Dyck, E., 1993. Crop Rotation and intercropping strategies for weed management. Ecological Applications 3, 92–122.
  13. Meiss, H., MĂ©diĂšne, S., Waldhardt, R., Caneill, J., Munier-Jolain, N., 2010b. Contrasting weed species composition in perennial alfalfas and six annual crops: Implications for integrated weed management. Agronomy for Sustainable Development 30, 657–666. doi:10.1051/agro/2009043
  14. Pour beaucoup, autrefois qualifiées de "bonnes pratiques"
  15. « Le paillage (ou mulching) en agriculture biologique, Philippines », sur FAO, (consulté le )
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  19. « Peigne à gazon Joker 184 - Simple et polyvalent », sur Hege Sols Sportifs (consulté le )
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  21. Xue Dayuan, « Du riz, des poissons, des canards et des hommes », sur UNESCO (consulté le )
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Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Joseph Pousset, Agricultures sans herbicides, Éditions AgridĂ©cisions, (ISBN 2-912199-13-1 et 978-2-912199-13-3, OCLC 60174074, lire en ligne)

Liens externes

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