Accueil🇫🇷Chercher

Chaulage

Le chaulage est une technique de traitement Ă  la chaux.

Le chaulage des sols

Le chaulage des sols est une technique agricole qui consiste à apporter des amendements calciques ou calco-magnésiens à un sol pour en corriger l'acidité car la trop grande acidité d'un sol l'empêche de libérer ses nutriments pour nourrir les plantes.

Le chaulage a pour effet :

  • d'amĂ©liorer la structure du sol en limitant les risques de formation d'une croĂ»te de battance par amĂ©lioration de la stabilitĂ© structurale du sol et de ses propriĂ©tĂ©s physiques, notamment son « affinitĂ© pour l'eau ». Le calcium joue ainsi un rĂ´le essentiel en sol instable (sols limoneux pauvres en matière organique et en argile) non pas en liant la matière organique avec les argiles mais en rĂ©gulant la mobilitĂ© des mĂ©taux (chĂ©luviation) dont celle du fer impliquĂ© dans les liaisons organo-minĂ©rales. Dans les sols ayant dĂ©veloppĂ© de telles liaisons, le chaulage amĂ©liore la stabilitĂ© structurale ; dans les autres, il limite la rĂ©activitĂ© chimique de l’aluminium, du fer et du manganèse et amĂ©liore l'activitĂ© microbienne du sol, qui permet une meilleure mobilisation de l'azote. Il ne faut toutefois pas chauler de manière excessive car on peut aller jusqu’à bloquer les mĂ©taux citĂ©s et les autres oligo-Ă©lĂ©ments comme dans les sols calcaires[1].
  • de compenser l’acidification produite par l’activitĂ© biologique en augmentant un pH trop bas ; Le fonctionnement microbien s’accompagne obligatoirement d’une production d’acides organiques qui va jusqu’à inhiber l’activitĂ© microbienne et rĂ©duire la fertilitĂ© du sol si les acides produits ne sont pas neutralisĂ©s (cas de l’acide lactique en agro-alimentaire). L’objectif du chaulage est de neutraliser ces acides pour permettre le maintien ou l’intensification de l’activitĂ© microbienne. Cette neutralisation n’est pas faite une fois pour toutes mais doit ĂŞtre renouvelĂ©e tous les deux Ă  trois ans : on passe d’une logique de redressement Ă  une logique d’entretien.
  • de favoriser l'assimilation des Ă©lĂ©ments nutritifs par les vĂ©gĂ©taux, particulièrement les oligo-Ă©lĂ©ments, en compensant la perte de calcium due au prĂ©lèvement par les rĂ©coltes, au lessivage par les eaux de percolation (eau de gravitĂ©) et Ă  l'effet des engrais.
  • d'empĂŞcher la repousse d'adventices ne supportant que les sols acides (fougère, ajonc, genĂŞt, bruyère).

Le pH optimal d'un sol

C'est une notion relative, différemment interprétée par l'écologue, l'agronome, le pédologue, l'agriculteur ou le jardinier :

  • Pour l'Ă©cologue, le pH « optimal » d'un sol est celui qui se rapproche le plus du pH naturel induit par le contexte gĂ©ologique et pĂ©dologique. Un sol acide, s'il est naturel (dans une tourbière Ă  sphaignes par exemple) n'a pas Ă  ĂŞtre amendĂ©. Les sols acides (largement dominants dans les forĂŞts tropicales) ont une productivitĂ© agricole moindre, mais sont associĂ©s Ă  une biodiversitĂ© bien plus Ă©levĂ©e. Le chaulage de milieux naturellement acide est source de destruction d'espèces devenues rares ou protĂ©gĂ©e (plantes carnivores du type drosera dans les zones tourbeuses ou paratourbeuses de France par exemple, qui ne vivent que dans ces milieux).
  • Pour l'agriculteur ou l'agronome, il dĂ©pend de plusieurs facteurs:
- de l'analyse du sol lui-même : en général on cherche à maintenir le pH un peu en dessous de la neutralité, vers 6,5.
- des exigences des cultures pratiquées : les besoins des plantes sont assez variables, certaines supportant une large gamme de pH, d'autres ayant des besoins plus précis [2]. À titre d'exemple, la pomme de terre, le seigle, l'avoine poussent sur des sols légèrement acides (pH 6), le blé et le maïs « préfèrent » la neutralité, tandis que la betterave, le haricot, la luzerne poussent mieux avec un pH supérieur à 7.

L'agroécologie tente de concilier ces deux points de vue et de mieux adapter les cultures au sol, plutôt que de systématiquement chercher à adapter le sol aux cultures.

Quand chauler un sol ?

Les meilleures pĂ©riodes pour chauler sont sous forme d’apport rĂ©gulier (environ 300 g de chaux par mètre carrĂ© tous les 2 Ă  3 ans) de prĂ©fĂ©rence au tout dĂ©but du printemps avant la reprise de la vĂ©gĂ©tation ou en Ă©tĂ© et en automne après la rĂ©colte.

Trois indicateurs simples permettent de rendre compte du besoin de chaulage d'un sol :

  • le pH du sol ;
  • la capacitĂ© d'Ă©change cationique (CEC) et le taux de saturation du sol (TS) par le calcium Ă©changeable (rapport calcium Ă©changeable / CEC) qui permettent de connaĂ®tre l’état des rĂ©serves calciques du sol ;
  • la teneur en carbonates (« calcaire total »). Lorsque ces carbonates se solubilisent, sous l'effet des prĂ©cipitations, ils libèrent des ions calcium (et magnĂ©sium) qui viennent compenser les pertes dues Ă  la lixiviation par les pluies, et des ions carbonates, une base forte qui neutralise les ions H+. On estime qu'une teneur minimale de g/kg de terre fine de carbonates est nĂ©cessaire dans ces situations Ă  risque pour Ă©viter une chute brutale de pH.

Compatibilité de la chaux et du fumier

On lit parfois qu'on ne doit surtout pas chauler un sol immédiatement après un apport de fumier ou de lisier frais mais il faut distinguer quel type de chaux on utilise. Un amendement de carbonate de calcium (CaCO3) ne produit pas de perte de valeur fertilisante du fumier alors que la chaux vive (CaO, un oxyde) provoquera une perte d’azote significative, diminuant la valeur fertilisante du fumier (environ 25 % en moins).

On n'épand pas des engrais de ferme sur de la chaux, car la chaux vive désintègre la matière organique et volatilise donc l’azote ammoniacal qu'elle contient. En effet, la chaux a pour fonction de remplacer les cations fixés au complexe argilo-humique et donc de les rendre disponibles pour la plante. Ces cations sont les ions K+, NH4+, et autres engrais, "chimiques" ou naturellement apportés. En milieu trop acide, leur libération est lente voire bloquée d'où l'intérêt d'apporter une dose calculée de chaux, car le cation Ca++ va venir remplacer ces cations et les libérera dans le sol, les rendant accessibles aux racines.

La chaux s'utilise donc sur un sol riche qui comporte un complexe argilo-humique déjà bien formé et stable, pas sur un sol qui n'a pas cette structure à la fois aérée et onctueuse des sols bien formés. L'utiliser sur un sol non formé, avec de la matière organique libre, non encore incluse dans le fameux complexe est inefficace voire contre-productif. Il faut donc enrichir le sol une année pour lui apporter les minéraux utiles aux plantes et le chauler l'année suivante pour libérer les minéraux apportés l'année précédente.

Comment chauler ?

La chaux réagit plus rapidement lorsqu’elle est incorporée au sol. En sol argileux, l’impact de l’incorporation est moindre[3].

Contre-indications

Le chaulage peut occasionner des effets secondaires. Il faut respecter les consignes suivantes :

  • chaulage dĂ©conseillĂ© durant les 12 mois qui prĂ©cèdent une culture de pommes de terre (risque de galle) ;
  • pas de chaulage avant une culture de tabac ;
  • en cas de chaulage avant une culture de la betterave (très favorable Ă  la levĂ©e de la betterave), application d’un engrais boriquĂ© foliaire en vĂ©gĂ©tation sur la culture.

Le chaulage des lacs

Le chaulage de certains lacs ou cours d'eau acidifiés par les pluies acides ou par un drainage minier acide permet de rééquilibrer, au moins provisoirement le pH de l'eau pour y permettre la vie de certaines espèces, et une moindre circulation et une moindre biodisponibilité de métaux lourds et métalloïdes toxiques. C'est une technique très employée en Europe du Nord et en Amérique du Nord, qui améliore provisoirement la qualité de l'eau, à partir du site traité et sur l'aval, mais non dans la partie amont ni dans le réseau hydrographique du bassin versant périphérique ; pour compenser cela, l'épandage de chaux se fait parfois par hélicoptère y compris sur la forêt.

Le chaulage d'un lac acidifié ou naturellement acide a parfois une vocation d'amendement visant à augmenter la production piscicole. Si l'acidité du milieu était naturelle, il peut perturber la flore et la faune du lieu.

Le chaulage permet également de réduire la turbidité des eaux grâce au pouvoir floculant de la chaux.

Chaulage des troncs d'arbre

Tronc chaulé de cerisier

En horticulture, le lait de chaux appliqué sur le tronc des arbres est un excellent antiseptique qui détruit les larves des parasites nichant sous l'écorce des arbres fruitiers (notamment les carpocapses), ainsi que les champignons microscopiques, qui y passent également l'hiver en attendant de développer à la saison les redoutables maladies cryptogamiques (tavelure, cloque, moniliose, chancre...).

Chaulage des parements

Peinture à la chaux de couleur blanche, réalisée par mélange d'eau et de chaux fraîchement éteinte (environ un volume de chaux pour un volume d'eau).

Désinfection des bâtiments d'élevage

La chaux fraîchement éteinte a un caractère alcalin très marqué qui contribue à tuer toute forme de vie organique (bactérie, microbes...). Cette technique est utilisée pour assainir les granges, les murs des fermes, les étables, bergeries[4]...

Autres types de chaulage

  • L'apport de chaux Ă  un sol polluĂ© par des mĂ©taux permet de limiter la mobilitĂ© de ces mĂ©taux dans le sol et d'en protĂ©ger une partie de la faune, ainsi que la nappe phrĂ©atique sous-jacentes, mais au risque de faire disparaĂ®tre les espèces de milieux naturellement acides.
  • Le chaulage de semences, avant plantation, pour dĂ©truire certains parasites.
  • Le chaulage des tuiles pour le captage de naissains en ostrĂ©iculture.

Les types de produits de chaulage

Les produits autorisés sont avant tout des carbonates de calcium d’origine naturelle, c’est-à-dire des roches calcaires plus ou moins pures et plus ou moins finement broyées. Le produit agira d’autant plus vite qu’il sera plus tendre (craie par exemple) et plus réduit en poudre (tamis 300 ou 400).

Les produits commerciaux mettent en avant surtout le magnésium présent dans les calcaires dolomitiques. Il existe également des calcaires phosphatés, ferrugineux, potassiques ou argileux (marnes). Tout élément accessoire est intéressant s'il corrige une carence et devient nuisible s'il augmente une richesse naturelle: les calcaires magnésiens sont rarement justifiés en sols granitiques et totalement aberrants en sols basaltiques, très fortement pourvus en magnésium.

Les produits fins sont plus actifs que les produits grossiers mais leur réactivité est à double tranchant car elle engendre plus de risques de blocage et plus de sensibilité au lessivage : pour éviter ces inconvénients, il faut les réserver pour des apports annuels à petite dose, ne dépassant pas 500 kg/ha de produit brut en sol sablo-limoneux.

L’utilisation d’un carbonate broyé d’action moyennement rapide (solubilité carbonique de 20 à 40 %), appelé couramment « chaux humide » est techniquement satisfaisante et plus économique (prix de l’unité de CaO inférieure de 50 % au carbonate pulvérisé)[5].

Les écumes de sucreries sont souvent utilisées pour chauler les champs agricoles car elles apportent en plus du phosphore, et des oligo-éléments.

À défaut de produits commerciaux, la cendre de bois peut être utilisée pour un chaulage léger.

Dosage

Les dosages varient grandement selon qu'on utilise de la chaux vive (interdite par le cahier des charges de l'agriculture biologique) ou du calcaire broyé.

Les sols sablonneux ne nĂ©cessitent que 400 Ă  1 000 kg de chaux vive par hectare alors que les sols argileux peuvent nĂ©cessiter jusqu'Ă  plus de 3 tonnes par hectare[6]

Si on utilise du calcaire broyé il faut doubler les doses. Les doses sont calculées en fonction du pH tampon du sol et du pH cible à obtenir. Si la correction de pH est importante, il faut étaler ces dosages sur deux ou trois ans[7]. Pour un chaulage d'entretien des prairies, par exemple, la dose est réduite à 1 à 2 tonnes par hectare et par an ; cela étant donné que la chaux est appliquée en surface et qu'elle n'est pas incorporée au sol[8].

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.