AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Castor du Canada

Castor canadensis

Le castor du Canada (Castor canadensis) est un grand rongeur qui vit prĂšs des cours d'eau, des lacs et des Ă©tangs en AmĂ©rique du Nord, jusqu'au nord du Mexique (oĂč il est menacĂ© de disparition). C'est l'une des deux espĂšces vivantes du genre Castor (l'autre Ă©tant C. fiber, le castor eurasien). Ses populations ont fortement rĂ©gressĂ© sous la pression de piĂ©geage/chasse exercĂ©e par les trappeurs et il a disparu d'une grande partie de son aire de rĂ©partition, malgrĂ© les Ă©levages qui ont Ă©tĂ© tentĂ©s pour la production de fourrure, au dĂ©but du XXe siĂšcle notamment[1].

Il est considĂ©rĂ© comme « espĂšce ingĂ©nieur » ayant jouĂ© depuis plusieurs millions d'annĂ©es un rĂŽle majeur (avec les orignaux et d'autres herbivores autochtones[2]) dans la formation, la morphologie et l'entretien de nombreuses zones humides (tourbiĂšres notamment) d'AmĂ©rique du Nord[3] - [4] - [5] - [6] - [7], et notamment en zone subarctique[8]. Il joue donc aussi un rĂŽle important en termes de cycle de l'eau, de trame bleue et de puits de carbone (les tourbiĂšres comptent en effet parmi les milieux terrestres qui stockent le plus de CO2 atmosphĂ©riques). Il a fait l'objet de nombreuses rĂ©introductions Ă  la fois pour retrouver une espĂšce longtemps disparue et de plus en plus pour son intĂ©rĂȘt pour la biodiversitĂ©.

Origine et histoire du castor du Canada

Lithographie d'un castor du Canada réalisée en 1819.

Le castor du Canada contemporain semble avoir pour ancĂȘtre le castor d'Europe qui aurait colonisĂ© l'AmĂ©rique du Nord durant le PliocĂšne[9]. D'autres espĂšces, dont un castor gĂ©ant, coexistaient avec lui, mais ont disparu, peut ĂȘtre avec l'arrivĂ©e de l'Homme.

On ignore combien de castors peuplaient l'AmĂ©rique du Nord avant l'apparition de l'Homme et avant l'arrivĂ©e des colons europĂ©ens qui ont failli l'exterminer ; les estimations vont de 60 Ă  400 millions[10]. Selon l'explorateur et cartographe David Thompson, qui a arpentĂ© 90 000 km en canot et Ă  pied[11], cartographiĂ© un sixiĂšme l'AmĂ©rique du Nord[12] et parlĂ© avec de nombreux anciens parmi les peuples autochtones qui avaient connu les castors avant l'arrivĂ©e de l'Homme blanc, toute la moitiĂ© nord du continent amĂ©ricain Ă©tait Ă  l'origine « possĂ©dĂ©[e] par deux races distinctes d'ĂȘtres, l'Homme et le castor »[10]. Il occupait presque toute l'AmĂ©rique du Nord exceptĂ© les hautes montagnes, les parties sans cours d'eau des dĂ©serts et les zones colonisĂ©es par les alligators.

Cherie Westbrook, hydrologue et Ă©cologue, professeure agrĂ©gĂ©e Ă  l'universitĂ© de la Saskatchewan, estime que 85 % du linĂ©aire de tous les cours d'eau des États-Unis (et un pourcentage comparable, mais non quantifiĂ© au Canada) sont des ruisseaux et petits cours d'eau de l'amont des bassins versants assez Ă©troits et peu profonds pour ĂȘtre endiguĂ©s par des castors ; il y avait selon elle des castors dans presque tous les cours d'eau d'amont d'AmĂ©rique du Nord avant la colonisation europĂ©enne[10].

Il y a eu une « ruĂ©e vers les castors » comme il y a eu une ruĂ©e vers l'or (certains coureurs des bois et autres trappeurs lui avaient donnĂ© le sobriquet de « billet poilu Â» (hairy banknotes)[10]). Ses peaux recherchĂ©es toujours plus loin Ă  l'intĂ©rieur des terres (et jusque dans les quelques cours d'eau des dĂ©serts de l'Arizona, Ă  partir de Taos au Nouveau-Mexique[13]) ont Ă©tĂ© massivement importĂ©es par des commerçants nĂ©erlandais, français et anglais et vendues sur les marchĂ©s amĂ©ricains. Ses populations ont ainsi rapidement dĂ©clinĂ© des annĂ©es 1500 Ă  1850[10].

Vers 1820, George Simpson, alors gouverneur de la Compagnie de la Baie d'Hudson s'en inquiĂšte ; de 1821 Ă  1850, il impose des moratoires aux piĂ©geurs et des quotas sur certains territoires, tout en interdisant Ă  ses agents d'acheter les peaux de jeunes castors et d'adultes tuĂ©s en Ă©tĂ© (dont la fourrure avait moins de valeur)[10]. Ces mesures ont Ă©tĂ© localement utiles, mais trop limitĂ©es gĂ©ographiquement pour endiguer le recul de l'animal[10]. Aux États-Unis, des trappeurs indĂ©pendants capturaient tous les castors qu'ils pouvaient. Finalement, « Ă  l'encontre de ses propres efforts de conservation, Simpson a rĂ©pondu en expansion agressive de ses opĂ©rations Ă  l'ouest des Rocheuses, Ă©liminant dĂ©libĂ©rĂ©ment castors de certaines parties de l'Oregon et de Washington avant que ses rivaux puissent y arriver »[10].

Un groupe de castors et leur barrage sur une riviĂšre.

À l'hiver 1928-1929, aprĂšs des mois de recherche autour de Fort Rupert (aujourd'hui Waskaganish), les trappeurs ne peuvent ramener plus de quatre peaux de castor au poste de la Compagnie de la Baie d'Hudson, alors tenu par James Watt [14]. Watt voyant la misĂšre affecter les Cris de la rĂ©gion, car ils ne peuvent plus chasser le castor pour subvenir Ă  leurs besoins alimentaires et ne peuvent plus faire du commerce avec les peaux, dĂ©cide d'acheter des huttes et de placer les castors Ă  l'intĂ©rieur pour les protĂ©ger. À l'hiver 1930, sa femme Maud Watt se rend Ă  QuĂ©bec pour nĂ©gocier avec le gouvernement provincial afin de crĂ©er une zone contrĂŽlĂ©e de protection du castor[15]. La province accepte et Maud Watt revient Ă  Fort Rupert avec acte de concession constituant une rĂ©serve de 18 600 m km2 2 entre la riviĂšre Eastmain et la riviĂšre Rupert. La trappe reprend dans la rĂ©gion seulement en 1940. L'initiative de protection portant fruit le gouvernement fĂ©dĂ©ral conjointement avec le gouvernement provincial et la Compagnie de la Baie d'Hudson mettent en place d'autres zones similaires[14].

Il faut attendre que le public, des associations et certains dĂ©cideurs admettent la nĂ©cessitĂ© de protĂ©ger l'espĂšce, notamment grĂące Ă  l’immigrant anglais Archibald Belaney, anciennement trappeur dans le nord de l'Ontario et du QuĂ©bec et tombĂ© amoureux de la culture des PremiĂšres Nations et du castor, qui publie sous le pseudonyme Grey Owl des appels Ă  respecter et protĂ©ger l'espĂšce. En 1928, la Direction des parcs du Dominion tourne un film muet en noir et blanc de 13 minutes, intitulĂ© Beaver People, qui montre Grey Owl et ses deux castors apprivoisĂ©s Rawhide et Jelly Roll. C'est la premiĂšre fois qu'un cinĂ©aste professionnel fait un film sur les castors, tournĂ© dans le milieu naturel. En 1929, Grey Owl est salariĂ© par le Parc et accueille les touristes qui veulent dĂ©couvrir le castor autrefois omniprĂ©sent et devenu rare[10].

En 1935, un premier recensement se voulant aussi exhaustif que possible est fait dans le parc national de Prince Albert ; on y trouve environ 500 castors. Alors que la population de castors se reconstitue, dĂšs les annĂ©es 1940, les responsables du parc piĂšgent des castors qu'ils jugent en « surplus Â» et les dĂ©localisent vers d'autres parcs ou propriĂ©tĂ©s publiques. En 1952, la population avoisine 15 000 individus, nombre que la direction du Parc juge trop Ă©levĂ© (elle rĂ©autorise les piĂšges mortels, avant de passer Ă  une gestion plus bienveillante quelques annĂ©es plus tard)[10].

Depuis, de trĂšs nombreuses rĂ©introductions ont eu lieu, et l'espĂšce continue Ă  recoloniser ses anciens territoires, ce qui ne se fait pas toujours sans problĂšmes, quand ils sont maintenant occupĂ©s par l'homme. Cette population pourrait encore ĂȘtre vulnĂ©rable (face Ă  une Ă©pidĂ©mie par exemple) en raison d'une situation que les gĂ©nĂ©ticiens nomment goulot d'Ă©tranglement gĂ©nĂ©tique. Son socle gĂ©nĂ©tique est cependant plus diversifiĂ© que pour le Castor eurasiatique.

Génétique du castor du Canada

L'espĂšce C. fiber a Ă©tĂ© durant quelque temps confondue avec le C. canadensis[9], mais des caryotypes diffĂ©rents ont Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©s par les analyses gĂ©nĂ©tiques[16]. L'hypothĂšse explicative est qu'Ă  la suite d'une translocation robertsonienne de 8 paires de chromosomes chez le castor nord-amĂ©ricain, le nombre de ses chromosomes serait passĂ© de 48 (chez C. fiber) Ă  40 (chez l'espĂšce moderne de C. canadensis. Cette fusion de chromosomes explique probablement l'absence d'hybrides entre les deux espĂšces lĂ  oĂč elles cohabitent, selon Lahti et Helminen en 1974 par exemple[17].

Il y aurait aujourd'hui en AmĂ©rique du Nord 24 sous-espĂšces du castor improprement nommĂ© canadensis puisqu'une population relictuelle vit encore au Mexique[18]. Cependant ces sous-espĂšces et leurs sous-populations ont pu ĂȘtre perturbĂ©es, mĂ©langĂ©es par les nombreuses translocations et opĂ©rations de rĂ©introductions faites depuis le dĂ©but du XXe siĂšcle.

Chez les deux espÚces, au nord de leur aire de répartition, des types physiques ou une couleur de poil plus foncée pourraient correspondre à une adaptation à l'environnement paléarctique[19].

Description

Son corps massif se termine par une queue aplatie recouverte d’écailles coriaces et de quelques poils rugueux. La queue d’un castor de grande taille mesure jusqu’à 30 cm de longueur et peut atteindre 18 cm de largeur et cm d’épaisseur. Le castor canadien mesure de 1 Ă  1,2 m pour un poids allant de 15 Ă  25 kg. C'est le deuxiĂšme des plus grands rongeurs d'AmĂ©rique aprĂšs le capybara (que l'on trouve en AmĂ©rique du Sud).

Ses incisives, longues, solides et tranchantes, grandissent continuellement et sont durcies par une couche d’émail orange foncĂ© qui recouvre leur face extĂ©rieure. Ainsi, Ă  mesure que l’animal frotte ses incisives supĂ©rieures contre ses incisives infĂ©rieures, l'extrĂ©mitĂ© externe de ces dents conserve le tranchant d'un ciseau neuf.

La fourrure du castor du Canada est composée d'une bourre trÚs fine et de poils plus longs et plus durs. Sa couleur est généralement brun foncé, quoique pouvant varier. Le pelage est brillant et imperméable, notamment grùce à une sécrétion huileuse produite par le castoréum et deux glandes anales.

Anatomie

Queue

La queue du castor est Ă©paisse, flexible et musclĂ©e ; elle l'aide Ă  accomplir diverses tĂąches, dans l’eau et la terre ferme : elle sert de gouvernail Ă  quatre sens et d'appui sur la terre ferme lorsqu’il s’assoit ou se dresse sur ses pattes postĂ©rieures. Elle lui sert aussi Ă  garder l’équilibre et Ă  le supporter lorsqu’il marche sur ses pattes postĂ©rieures en transportant dans celles de devant des matĂ©riaux de construction, comme de la boue, des pierres ou des branches. Elle lui permet Ă©galement de signaler la prĂ©sence d'un intrus et de donner l'alarme en faisant un grand « plouf Â» dans l'eau, qui peut ĂȘtre entendu Ă  des centaines de mĂštres (voir la section Communication). Elle sert enfin de rĂ©serve de graisse et d'Ă©changeur thermique en Ă©tĂ©.

Adaptation au milieu aquatique

Outre l'imperméabilisation du pelage, le castor présente d'autres adaptations au milieu aquatique : ses yeux sont protégés par une membrane qui lui offre la possibilité de voir sous l'eau, une fine couche de graisse sous sa fourrure le protÚge contre le froid.

Glandes

Le castor dispose d'un systĂšme glandulaire particulier. Outre un amas de petites glandes de type prostatique prĂ©sentes Ă  la base de la vessie chez le mĂąle, les mĂąles et femelles disposent d'une grosse paire de glandes (dite castorĂ©um, en anglais castor musk gland, parfois glande prĂ©puciale) dĂ©bouchant indĂ©pendamment l'une de l'autre dans le cloaque de l'animal et de deux glandes anales dĂ©bouchant sous la queue de part et d'autre de l'ouverture urogĂ©nitale du cloaque[20]. L'appellation de « glande prĂ©puciale » est impropre car cette glande existe aussi chez la femelle[20]. La paroi externe du castorĂ©um est formĂ©e d'un tissu conjonctif riche en fibres musculaires qui lui donne l'apparence d'un scrotum (ce qui a probablement entretenu la confusion entre cette glande et les testicules, alors que ces derniers sont situĂ©s plus haut, derriĂšre la membrane dite « vagina Â» chez le castor mĂąle et que ce pseudo-scrotum est aussi prĂ©sent chez la femelle)[20].

Le mĂȘme systĂšme de glandes existe chez C. fiber[21] mais la couleur des sĂ©crĂ©tions (comparĂ©e aux couleurs d'un nuancier) et leur viscositĂ© sont diffĂ©rentes, au point que lors d'une expĂ©rience faite en NorvĂšge en 1999, vingt volontaires inexpĂ©rimentĂ©s ont pu diffĂ©rencier les deux espĂšces, sans erreur dans 100 % des cas (pour 46 Ă©chantillons provenant de 23 mĂąles et 23 femelles de C. fiber et 34 mĂąles et femelles de C. canadensis[21] provenant de plusieurs rĂ©gions nord-amĂ©ricaines).

Comportement

Castors du Canada en captivité.
Surpris par une fonte de neige intense, un castor doit recommencer sa coupe plus bas sur le mĂȘme arbre.

Le castor du Canada est un rongeur terrestre, semi-aquatique, qui vit à proximité des lacs, mares et cours d'eau douce. Il n'hiberne pas, mais accumule des réserves prÚs de son terrier (ou de sa hutte) et dort plus longtemps en hiver.

C'est un animal territorial (en grande partie nocturne s'il se sent menacé) et à l'odorat développé : il distingue olfactivement un grand nombre de composés odorants[22] qui le renseignent sur le sexe et le rang social (individus dominants ou non-dominants) d'autres castors susceptibles d'entrer sur son territoire, ainsi que sur leur prédisposition sexuelle et probablement sur certains aspects de leur état de santé[23].

Des analyses par chromatographie en phase gazeuse ont confirmé que les profils individuels de sécrétion de glandes anales ne changent presque pas dans le temps ou selon la position du castor[23], et que les variations de ce profil sont plus faibles chez un individu qu'entre plusieurs individus[23], ce qui semble faire de cette odeur l'équivalent d'une carte d'identité[23]. Il discrimine aussi les odeurs de ses prédateurs[24]. Il distingue aussi les relations de parenté via les phéromones et odeurs des autres castors[23]. Il dépose ses sécrétions odorantes sur de petits monticules de terre qu'il fabrique ou, plus rarement, sur des éléments du paysage (touffe d'herbacées, roche, sol).

La disposition de ces marques ne semblent pas correspondre Ă  une barriĂšre odorante, ni dĂ©fendre spĂ©cifiquement certaines parties de son territoire. Il en produit moins en Ă©tĂ© et en automne. Il semble que le castor se sente rassurĂ© quand il sent l'odeur de son « clan Â» familial, et inquiet quand il sent l'odeur d'un castor Ă©tranger. Il dĂ©pose plus de marques odorantes quand il y a plus d'autres familles de castors dans son environnement proche[25].

Potentiel d'invasivité (hors de son environnement naturel)

Sur un territoire dĂ©pourvu de « concurrents » et vierge de grands prĂ©dateurs, malgrĂ© une faible diversitĂ© gĂ©nĂ©tique[26], il montre de bonnes capacitĂ©s de reproduction (environ 100 000 individus appartenant Ă  une dizaine de lignĂ©es, toutes issues d'une population originale introduite de 25 femelles et 25 mĂąles) et de colonisation (ex : 736 km de cours d'eau colonisĂ© en 46 ans Ă  partir d'un noyau initial[27]). En Terre de Feu (Argentine) oĂč il a Ă©tĂ© introduit en 1946 comme source potentielle de fourrure et oĂč il n'a aucun prĂ©dateur, il se montre mĂȘme invasif (densitĂ©s de 0,2 ± 5,8 colonies/km de riviĂšre en 40 ans[27]). Il semble plus actif de ce point de vue que son cousin europĂ©en, dont la moindre performance pourrait ĂȘtre expliquĂ©e par le fait qu'il sort Ă  peine d'un goulot d'Ă©tranglement gĂ©nĂ©tique[28].

En Europe, lĂ  oĂč le castor eurasiatique est confrontĂ© Ă  la concurrence de castors canadiens introduits dans la nature ou Ă©chappĂ©s de parcs, zoos ou Ă©levages de producteurs de fourrure, il est souvent dominĂ© et disparait ou rĂ©gresse. « La rĂ©cente dĂ©couverte de castors nord-amĂ©ricains (Castor canadensis) dans trois pays voisins de la France a soulevĂ© une question importante. Cette espĂšce peut supplanter C. fiber dans les endroits oĂč les espĂšces entrent en contact ». Un programme de piĂ©geage et de suivi gĂ©nĂ©tique est en cours dans certains pays pour « Ă©radiquer cette espĂšce non indigĂšne »[29] - [30].

Locomotion

Trapu et rondelet, le castor se dĂ©place lentement sur le sol. Ce n'est pas le cas dans l’eau oĂč il est un nageur habile et trĂšs gracieux, en plongĂ©e comme en surface. Il atteint une vitesse de prĂšs de 7 km/h s'il fuit ou est alertĂ©. Il passe facilement 4 Ă  6 minutes consĂ©cutives en apnĂ©e et jusqu'Ă  une quinzaine de minutes[31].

Construction de barrages et de retenues d'eau

Le saumon rouge qui a coĂ©voluĂ© avec le castor est capable de passer outre ses barrages pour remonter les cours d'eau. Les rĂ©serves d'eau de ces barrages serviront ensuite — un certain temps — de nourricerie aux futurs saumons juvĂ©niles, avant qu'ils ne dĂ©valent vers les lacs, les fleuves et la mer.
La retenue, tant qu'elle est entretenue par le castor, est souvent plus riche en truites et saumons, oĂč ils sont plus gros qu'en leur absence[32].

Le castor du Canada est connu pour construire des barrages naturels sur les cours d'eau au moyen de branches et de troncs de peupliers, de saules, d'Ă©rables et de trembles qu'il coupe avec ses incisives, mais aussi de buissons divers[33].
Selon Aeschbacher and Pilleri (1983) qui ont observé des castors canadiens construire en captivité, il travaille habituellement solitairement, sauf en cas d'incident ou accident majeur risquant de mettre en péril le barrage ou le toit de la hutte par exemple ; dans ce cas les castors d'une famille travaillent de concert, mais seulement jusqu'à ce que la réparation soit achevée[34].
Il peut fermer ses lĂšvres derriĂšre les incisives et ainsi ronger des ramilles sous l’eau. Le castor canadien est capable d’abattre de gros arbres et fait des barrages plus importants et plus hauts que le castor europĂ©en (qui est pourtant parfois lĂ©gĂšrement plus gros que lui). Le record actuel serait de 850 m, au Canada[35]. À partir de l'Ă©tang qui s'accumule en amont de son barrage, il peut creuser des tranchĂ©es larges environ de 1,5 m et profondes jusqu'Ă  1 mĂštre[36].

De nombreux castors vivent dans des taniÚres creusées dans les berges ; d'autres fabriquent des taniÚres en forme de cÎne, constituées de petites branches et de boue au milieu de l'eau[33]. Dans les deux cas, la partie habitable est émergée et les sorties immergées. Le barrage sert à éviter que l'habitation du castor soit inondée en cas de crue, ou les sorties exposées à l'air libre et donc aux prédateurs en cas de décrue. Pendant tout l'hiver, il sert également à assurer l'accÚs sous la glace à la réserve de nourriture.

Toutes les essences europĂ©ennes et nord-amĂ©ricaines d'arbres ont coĂ©voluĂ© avec le castor. Presque tous les arbres coupĂ©s recĂšpent et produiront des taillis et des racines qui continueront Ă  stabiliser les berges, tout en laissant plus de lumiĂšre Ă©clairer la zone du barrage, alors que les arbres coupĂ©s par les castors introduits en AmĂ©rique du Sud pour leur fourrure ne recĂšpent pas. Dans ce dernier cas, loin de son habitat naturel, le castor devient un dĂ©prĂ©dateur, et a des effets nĂ©gatifs pour la biodiversitĂ©. Il pourrait mĂȘme devenir invasif. C'est nĂ©anmoins une espĂšce qui sur les petits cours d'eau est trĂšs facile Ă  piĂ©ger.

Alimentation

Il se nourrit surtout de l'Ă©corce, et moindrement du bois et des feuilles des arbres qu'il coupe, en choisissant spĂ©cifiquement certaines essences[37], qu'il utilise aussi pour la construction de ses barrages lĂ  oĂč doit en faire pour conserver un niveau d'eau qui lui convienne[38].

En été, il se nourrit aussi d'herbacées et de plantes aquatiques. En hiver il se nourrit en grande partie des réserves qu'il a accumulées les mois précédents (voir ci-dessous).

Communication

Le castor communique par des marqueurs physiques et par des bruits. Le long des sentiers, il sĂšme des « galettes de boue » portant ses empreintes et un dĂ©pĂŽt d’huile musquĂ©e qu’il sĂ©crĂšte. Il communique aussi par des geignements de faible intensitĂ© et par des mugissements.

Afin d’avertir les autres castors de la proximitĂ© d’un danger, il peut faire un bruit de dĂ©tonation en frappant l'eau avec sa queue (voir ci-contre).

Reproduction

Les castors sont des mammifÚres à reproduction sexuée.
Le mĂąle et la femelle sont physiquement trĂšs semblables, mais prĂ©sentent un comportement lĂ©gĂšrement diffĂ©rent : chez les adultes, la femelle passe plus de temps Ă  se nourrir en fin de printemps et en Ă©tĂ©, puis consacre plus de temps Ă  se constituer des rĂ©serves alimentaires de la fin de l'Ă©tĂ© Ă  la fin de l'automne, de mĂȘme pour le temps passĂ© Ă  consolider la hutte et Ă  construire des cachettes et y stocker des aliments pour la saison froide.
Inversement, les mùles mangent moins et se déplacent plus, dont dans la hutte et pour la consolider (de la fin du printemps au début de l'été). Ensuite, ils circulent moins et mangent plus, tout en consolidant la hutte.
Il semble exister un partage des tùches et celles-ci sont exécutées avec des temporalités différentes. La femelle (adulte) consacre plus de temps à s'occuper directement des petits, alors que les mùles passent du temps à les protéger et à approvisionner la famille en nourriture, à défendre le territoire de la famille et à construire et entretenir les infrastructures[39].

La maturation du jeune castor passe par trois phases distinctes[40] :

  1. les 4-5 premiÚres semaines, les nouveau-nés restent dans la hutte ou le terrier. Leur maturation physique est rapide (développement de la locomotion, sevrage, apprentissage des soins à la fourrure et de certains comportements sociaux
)[40] ;
  2. au printemps suivant, les jeunes sortent de la hutte. Ils développent en jouant leur capacité d'apnée et explorent la partie aquatique de leur environnement proche, tout en perfectionnant leur habileté à nager, saisir des objets, etc. Aucun nouveaux comportements n'apparait durant cette phase[40] ;
  3. de nouveaux comportements apparaissent (dont de construction et de cueillette), préparant la dispersion des jeunes vers l'ùge de 2 ans[40].

Ces trois phases sont également observées en captivité. Elles sont proches de celles observées chez d'autres rongeurs hystricomorphes à faible taux de développement[40].

IntĂ©rĂȘt hydraulique et Ă©cologique des barrages

Les barrages de castors modifient fortement l'environnement physique, biochimique et écologique du réservoir d'eau qu'ils créent[41] - [42].

Alors que le Castor régressait rapidement en Amérique du Nord, Chateaubriand s'en inquiétait et évoquait en 1829 leur utilité hydraulique dans Voyages en Amérique : « Ces républiques [groupes de castors] comptoient autrefois cent et cent cinquante citoyens ; quelques unes étoient encore plus populeuses. On voyoit auprÚs de Québec un étang formé par des castors, qui suffisoit à l'usage d'un moulin à scie. Les réservoirs de ces amphibies étoient souvent utiles, en fournissant de l'eau aux pirogues qui remontoient les riviÚres pendant l'été. Des castors faisoient ainsi pour des sauvages, dans la nouvelle France, ce qu'un esprit ingénieux, un grand roi et un grand ministre ont fait dans l'ancienne pour des hommes policés[43]. »

Selon les Ă©tudes aujourd'hui disponibles, les castors et leurs barrages sont aussi globalement trĂšs favorables Ă  la biodiversitĂ© grĂące aux vastes zones humides qu’ils crĂ©ent et entretiennent en amont de leurs barrages. Par exemple :

  • le colĂ©optĂšre Brychius hungerfordi, devenu rare en AmĂ©rique du Nord, est presque toujours associĂ© Ă  la zone aval des barrages de castors, et la disparition des barrages situĂ©s en amont des populations de ces colĂ©optĂšres est considĂ©rĂ©e comme une menace importante pour eux[44]. On compte trois fois plus de trous d'Ă©mergence de grands Cerambycidae prĂšs des huttes ou terriers qu'ailleurs[45] ;
  • les Ă©tangs crĂ©Ă©s par les castors permettent une succession de macrophytes et des ceintures nouvelles de macrophytes et de tourbiĂšres qui n'existeraient pas sans eux. Des chercheurs ont Ă©tudiĂ© les successions de macrophytes dans 36 Ă©tangs Ă  castor du Minnesota, ĂągĂ©s de 4 Ă  40 ans, en zone de tourbiĂšre afin qu'ils soient bien isolĂ©s des autres masses d'eau, et « moins susceptibles au dĂ©lavage ». Ils ont constatĂ© que « la richesse et la diversitĂ© en espĂšces augmente de façon linĂ©aire dans les Ă©tangs au cours des quatre premiĂšres dĂ©cennies. L'Ăąge de l'Ă©tang et le produit de la dimension de l'Ă©tang par le nombre d'Ă©tangs voisins dans un rayon de 250 m explique 64 %[46] de la variation dans la richesse ». Concernant la composition floristique, elle s'explique le mieux par les modes de dispersion des graines (apportĂ©es par le vent, les oiseaux ou d'autres animaux qui viennent profiter de ce nouveau point d'eau ou de la flore, faune ou fonge ou des microorganismes qu'il abrite). Dans la zone Ă©tudiĂ©e, les Ă©tangs ĂągĂ©s de 11 Ă  40 ans prĂ©sentaient la plus forte diversitĂ© en macrophytes, tant pour les espĂšces Ă  feuilles flottantes que submergĂ©es. Ensuite, quand l'Ă©tang est plus ancien, les nymphĂ©as (plante consommĂ©e par les castors) se montrent plus densĂ©ment prĂ©sents, avec plusieurs espĂšces de Potamogeton. Cette Ă©tude a permis de mettre au point un « modĂšle de prĂ©diction pour la succession des macrophytes dans les Ă©tangs Ă  castors » qui pourra faciliter l'Ă©tude des processus Ă©cologiques liĂ©s aux macrophytes favorisĂ©s par les castors qui se montrent donc espĂšce facilitatrice autant qu'espĂšce-ingĂ©nieur[47] ;
  • dans les cours d’eau oĂč les castors font des barrages[48], les accumulations de sĂ©diments et de feuilles mortes dans les quelques dizaines de mĂštres en amont du barrage dĂ©favorisent ou font disparaĂźtre dans cette zone certaines espĂšces — par exemple, les moules perliĂšres de Louisiane (en)[49], une espĂšce appartenant Ă  la super-famille Unionoidea ; par contre, les nouvelles zones inondĂ©es sont d'une productivitĂ© biologique importante et la zone de fuite du barrage continue Ă  abriter, quoiqu'en moins grand nombre, les espĂšces des courants rapides ;
  • on a remarquĂ© que les grands barrages du castor du Canada sont aussi des obstacles partiels Ă  la migration d’espĂšces de poissons qui sont hĂŽtes de ces moules[50], mais on a des preuves archĂ©opalĂ©ontologiques que ces espĂšces ont coexistĂ© depuis des millions d'annĂ©es (y compris depuis 10 000 ans durant l'HolocĂšne oĂč les mulettes, les salmonidĂ©s et les castors ont coexistĂ© en AmĂ©rique du Nord).

Adaptation au froid

Surpris par une fonte de neige intense, un castor doit recommencer sa coupe.

En zone borĂ©ale oĂč il doit subir des hivers bien plus rigoureux qu'en Californie par exemple[51], le castor bĂ©nĂ©ficie de plusieurs adaptations lui permettant de supporter un important gradient thermique[52], de rĂ©pondre Ă  un besoin Ă©nergĂ©tique plus grand[53] et de mieux rĂ©sister aux grands froids de l'hiver[54] : allongement de son rythme circadien en hiver[55], fourrure Ă©paisse, thermorĂ©gulation[56] - [57], avec capacitĂ© Ă  crĂ©er un microclimat plus favorable dans sa hutte[58], mĂ©tabolisme adaptatif[59] et accumulation durant l'Ă©tĂ©[60] de rĂ©serves de graisse et de provisions lui permettant de survivre durant la saison hivernale, notamment en zone froide[61]. Ses besoins Ă©nergĂ©tiques hivernaux et sa consommation rĂ©elle de nourriture ont Ă©tĂ© longtemps mĂ©connus. Ils ont pu ĂȘtre expĂ©rimentalement Ă©valuĂ©s au dĂ©but des annĂ©es 1990 au Canada dans un microhabitat artificiel simulant des conditions hivernales : dans ce contexte, un castor moyen passait 140,5 minutes (cumulĂ©es) dans l'eau (soit 10 % environ de chaque pĂ©riode de 24 h) ; il consommait chaque jour un peu plus d'un demi kilo (0,52 kg/j) de matĂ©riel ligneux, lui apportant environ 6 547 kJ/j. Le besoin Ă©nergĂ©tique mĂ©tabolique hivernal a Ă©tĂ© Ă©valuĂ© Ă  2,87 W/kg, soit seulement 1,7 fois le taux de base connu pour l'espĂšce C. canadensis. Le mĂ©tabolisme d'un castor consomme 3 800 kJ/j, sans lien avec la durĂ©e cumulĂ©e d'immersion quotidienne ni avec le nombre de sorties sous l'eau. Selon ce que l'on sait de l'apport Ă©nergĂ©tique et de la digestibilitĂ©[62] des aliments provisionnĂ©s par cet animal pour l'hiver, ces rĂ©serves ne semblent pas pouvoir suffire Ă  tous ses besoins hivernaux en Ă©nergie[63]. L'accumulation d'eau permise par ses barrages[64] joue aussi un certain rĂŽle de tampon et d'inertie thermiques[65].

Habitat

Ces rongeurs vivent dans des cours d'eau à eaux lentes ou moyennement rapides, ou dans des plans d'eau naturels ou créés par leurs barrages, du moment qu'ils soient environnés de feuillus. Ils semblent préférer les cours d'eau à courant faible et assez profonds pour qu'ils puissent y installer en sécurité leur terrier ou une hutte. Mais en présence d'un petit cours d'eau à débit suffisant, le castor américain peut construire d'importants barrages et créer ou recréer ses propres zones humides. Ces habitats n'existeraient pas sans lui, et ils profitent à de nombreuses autres espÚces (« Grùce à leurs activités de construction de barrages et au stockage subséquent de l'eau, les castors ont le potentiel de restaurer les écosystÚmes riverains et de compenser certains des effets prévus du changement climatique en modulant le débit du ruissellement et des cours d'eau. »[66]. Pour ces raisons, le castor américain classé parmi les « espÚces ingénieur », « clé » et « facilitatrices ». Il est réputé plus actif dans cette activité de création de nouveaux milieux que son cousin européen.

La prĂ©dation par le loup (principal prĂ©dateur) semble avoir peu d'influence sur la rĂ©partition des populations et la qualitĂ© de son habitat, de mĂȘme que les activitĂ©s anthropiques, tant qu'elles ne suppriment pas les arbres qui sont sa source hivernale de nourriture. L'occurrence de l'espĂšce « augmente toutefois dans les zones oĂč la richesse de la classe vĂ©gĂ©tale est plus Ă©levĂ©e et oĂč les proportions d'eau libre, de tourbiĂšre riche en Ă©lĂ©ments nutritifs et de marĂ©cage caducifoliĂ© sont plus Ă©levĂ©es »[67]. Une Ă©tude rĂ©cente (2018) dans le nord-est de la Colombie-Britannique n'a trouvĂ© aucune preuve que le risque de prĂ©dation ou les activitĂ©s industrielles rĂ©duisent la prĂ©sence de castors ; bien que des changements d'abondance (nombre d'individus par km2) puissent se produire sans changements de globale de distribution de l'espĂšce[67].

Des modÚles informatiques prédictifs de l'habitat du castor à grande échelle sont en cours de mise au point, qui aideront à prévenir des dommages que les castors peuvent faire aux infrastructures et à mieux gérer les espÚces (faune, flore) qui dépendent de la présence d'étangs et barrages de castors[68].

Répartition et densité de populations

Un castor canadien dans un décor artificiel (Zoo de Washington).
Ce sont des castors qui par leur barrage ont ici entretenu l'habitat de l'Orignal ; seul grand herbivore capable de brouter, tĂȘte sous l'eau (Parc national de Grand Teton). Les clairiĂšres humides et ensoleillĂ©es crĂ©Ă©es par les castors sont Ă©galement propices Ă  une haute strate herbacĂ©e apprĂ©ciĂ©e des grands herbivores. Castor et Ă©lan limitent ici conjointement l'eutrophisation et les risques de sĂ©cheresse, d'incendie de forĂȘt et d'inondation en aval.
Le Castor est une « espÚce facilitatrice ».

Son aire naturelle de rĂ©partition couvre presque toute l'AmĂ©rique du Nord, s'Ă©tendant de la zone pĂ©ri-arctique (Canada et Alaska) au Mexique en passant par les États-Unis. Il a beaucoup rĂ©gressĂ© aprĂšs l'arrivĂ©e des colons europĂ©ens et avait au dĂ©but du XXe siĂšcle disparu d'une grande partie de son aire potentielle de rĂ©partition. Quelques noyaux de populations se sont Ă©tablis en Europe dont certains se sont Ă©teints et d'autres sont en croissance (voir ci-dessous).

L'animal peut ĂȘtre discret. C'est en hiver qu'on en repĂšre le mieux les traces au sol, et en avion lĂ  oĂč il construit des barrages[69]. Au QuĂ©bec, l’inventaire aĂ©rien fait sur 45 000 km2 de 1989 Ă  1994 au sud du 50e parallĂšle (hors territoires des rĂ©serves Ă  castor et ne faisant pas l’objet d’exploitation par le piĂ©geage) a conclu Ă  une densitĂ© moyenne de 2,3 colonies par 10 km2 (variant de 1 Ă  7 colonies par 10 km2 selon les sites survolĂ©s). Ce bilan a valeur d’état initial pour Ă©valuer l’impact des politiques publiques sur le piĂ©geage et les variations temporelles de populations de castors[70].

Introductions hors de son aire naturelle de répartition

Le castor canadien ne devrait pas ĂȘtre prĂ©sent en Europe ni en France, mais plusieurs populations sont en Europe du Nord ou de l'est issues d'animaux introduits ou Ă©chappĂ©s d'Ă©levages.

Quelques individus ont été introduits en Finlande[71] et ont formé des populations qui se sont localement bien développées, en repoussant le Castor européen Castor fiber.

En France, une petite population d'une vingtaine d'individus (tous issus d'au moins trois individus Ă©chappĂ©s d'un parc de vision) s'Ă©tait installĂ©e entre 1975 et 1977 prĂšs de Saint-Fargeau dans l'Yonne[72], sur le rĂ©servoir du Bourdon. Étant donnĂ© la proximitĂ© de ce rĂ©servoir avec la Loire concernĂ©e par une population avĂ©rĂ©e de Castors europĂ©ens et par des projets de rĂ©introduction, afin de limiter les risques d'interactions nĂ©gatives avec l'espĂšce autochtone (certains craignaient une pollution gĂ©nĂ©tique mais ces deux espĂšces, bien que physiquement trĂšs proches, ne semblent pas ĂȘtre interfĂ©condes), les 24 membres de cette colonie ont Ă©tĂ© capturĂ©s en 2 ans (1984-1985) et aucun autre C. canadensis n'a rĂ©cemment Ă©tĂ© observĂ© en France[73].

RĂ©introduction ou confortement de population

AprĂšs avoir fortement rĂ©gressĂ© au Canada et aux États-Unis, il a fait l'objet de nombreuses translocation et rĂ©introductions, pour que l'on puisse continuer Ă  exploiter sa fourrure et son castorĂ©um ou pour des raisons plus Ă©cologiques, voire pour lutter contre les inondations et les incendies :

Ainsi, on a mĂȘme testĂ© (de la fin des annĂ©es 1940 au dĂ©but des annĂ©es 1950) Ă  assez grande Ă©chelle et avec succĂšs des ‘parachutages de castors’ pour lutter contre les inondations dans l'Idaho, afin qu'il restaure ses petits barrages dans les petits cours d’eau forestiers[74].
L’administration de l'État a permis Ă  Elmo W. Heter basĂ© Ă  McCall (Idaho) (de la direction PĂȘche et chasse de l’état de l’Idaho, soit "Fish and Game Dept.") d’expĂ©rimenter cette mĂ©thode originale de rĂ©introduction ou de translocation dans des zones trĂšs boisĂ©es et Ă©loignĂ©es des routes[75].
Auparavant, des castors avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© capturĂ©s dans des zones habitĂ©es ou cultivĂ©es oĂč ils posaient problĂšmes, puis acheminĂ©s par cheval ou mule vers un camion, qui les amenait le plus prĂšs possible de la zone de relĂącher, jusqu’oĂč un nouveau voyage Ă  dos de cheval ou mule devait ĂȘtre fait en pleine forĂȘt. Ce processus de transport Ă©tait long, fastidieux et trĂšs stressant pour l’animal, notamment sur les pistes poussiĂ©reuses et quand il faisait chaud (en Ă©tĂ© le castor a alors besoin d’ĂȘtre constamment rafraichi). Une part importante des castors mouraient en chemin[75].
L’idĂ©e est venue de les transporter plus rapidement « sur zone » par avion et de les parachuter prĂ©cisĂ©ment lĂ  oĂč ils seraient plus utiles pour juguler les crues qui faisaient dĂ©border les cours d’eau plus en aval des sous-bassins versant concernĂ©s, mais aussi avec un objectif de conservation des sols[75]. Elmo W. Heter qui travaillait aussi Ă  protĂ©ger et amĂ©liorer les ressources halieutiques piscicoles semblait aussi avoir compris qu’on amĂ©liorerait au passage l’état des habitats des poissons et du gibier, deux ressources importantes pour les populations humaines Ă©parpillĂ©es dans ces rĂ©gions[75].
DiffĂ©rentes tailles de parachutes et plusieurs types de caisses ont Ă©tĂ© prĂ©alablement testĂ©s, lestĂ©s de maniĂšre Ă  avoir le poids d’un ou deux castors. Le rĂ©sultat le plus satisfaisant a Ă©tĂ© obtenu avec un petit parachute en rayonne de 24 pieds (provenant de surplus militaires acquis auprĂšs du « Forest service ») apportant au sol deux castors[75]. Des cages en osier tressĂ© ont Ă©tĂ© testĂ©es par Heter et son Ă©quipe, permettant un atterrissage souple et pouvant ensuite ĂȘtre rongĂ©es par les castors, mais ceux-ci les rongeaient trop rapidement et facilement pour que ce moyen convienne. Ce sont finalement des boĂźtes Ă©paisses en bois qui ont Ă©tĂ© choisies[75].
Les animaux sĂ©lectionnĂ©s pour ĂȘtre parachutĂ©s (Ă  partir d’une altitude de 500 Ă  600 pieds) Ă©taient, autant que possible, des castors signalĂ©s par des riverains de cours d’eau comme leur posant des problĂšmes dans une zone habitĂ©e ou cultivĂ©e. Chaque castor Ă©tait piĂ©gĂ© par le « Gardien-trappeur rĂ©gional» (Regional Caretaker-Trapper) » qui Ă©tait tenu de fournir Ă  cette fin 10 % du nombre total des castors qu’il piĂ©geait chaque annĂ©e ; ces castors Ă©taient ainsi « relocalisĂ©s » par petits groupes (3 femelles + 1 mĂąle en gĂ©nĂ©ral, ou 2 mĂąles + 2 femelles) vers des zones oĂč l’administration souhaitait faire jouer les fonctions rĂ©gulatrices de leurs barrages[75].
EW Hetter a constatĂ© que les jeunes castors parachutĂ©s en juillet ou en aoĂ»t Ă©taient les plus prompts Ă  fonder une famille et Ă  crĂ©er ou restaurer des barrages freinant et retenant l’eau ; relĂąchĂ©s plus tĂŽt, ils avaient tendance Ă  migrer plus en amont ou en aval avant de s’installer. Les sites de parachutage Ă©taient choisis par les « Conservation Officers » du DĂ©partement « PĂȘche et chasse » de l’état de l’Idaho en fonction des besoins jugĂ©s prioritaires pour la lutte contre les inondations en aval[75].
À titre d’exemple ; durant l'une des premiĂšres opĂ©rations, Ă  l'automne 1948 ce sont 76 jeunes castors qui ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©s dans les forĂȘts de l’Idaho, avec un seul Ă©chec (un des castors a rĂ©ussi Ă  ouvrir sa boite avant qu’elle n’ait touchĂ© le sol ; les caisses de bois percĂ©es de trous d’aĂ©ration, conçues pour s’ouvrir dĂšs leur arrivĂ©e au sol, ont Ă©tĂ© amĂ©liorĂ©es Ă  la suite de cet accident)[75]. Selon le responsable de l’expĂ©rimentation, Ă  la fin de 1949 toutes les rĂ©implantations avaient Ă©tĂ© couronnĂ©es de succĂšs. Chaque groupe de castors avait dĂ©jĂ  construit un ou des barrages, des huttes et fait des provisions alimentaires, et ils semblaient tous prĂȘts Ă  fonder une famille[75]. Par la suite leur population s’est probablement stabilisĂ©e en fonction des ressources et de la prĂ©dation (Lynx, Cougar
). Au regard du coĂ»t, cette mĂ©thode s’est avĂ©rĂ©e bien plus avantageuse que le transport par le sol au travers de la forĂȘt. Il en coĂ»tait 2 dollars (de l’époque) pour les boĂźtes, $ 16.00 pour le parachute et $ 12 pour les frais de vol/carburant soit $ 30,00 par parachutage[75]. Les jeunes castors ainsi parachutĂ©s peuvent construire leur premier petit barrage en quelques mois et ainsi commencer Ă  rĂ©guler le flux de l’eau dans des zones souvent quasi-inaccessible aux engins et aux travaux publics.
Cette mĂ©thode a Ă©tĂ© dĂ©crite en avril 1959 dans un article scientifique dans la revue The Journal of Wildlife Management (p. 143-147) par le fonctionnaire et biologiste qui l'a mise en Ɠuvre[75] et par un court article de la revue amĂ©ricaine Mechanix Illustrated[76].

Remontée vers le nord

On ignore dans quelle mesure le retour du castors dans l'Arctique est due au rĂ©chauffement de ce biome et Ă  la croissance des ligneux qui l'accompagne et/ou Ă  la rĂ©cupĂ©ration de territoires perdus par le piĂ©geage aux 18e et 19e siĂšcles, mais plusieurs dĂ©cennies de suivi satellital montre que le castor (re)gagne peu Ă  peu des territoires arctiques[77] : Dans la taĂŻga riche en arbres, par leurs barrages et leurs canaux, les castors stockent de l’eau en Ă©tĂ©, limitant les risques d’incendie et d’érosion (tout en contribuant en hiver Ă  libĂ©rer un peu de CO2 et de mĂ©thane)[78].
En pĂ©riphĂ©rie nordique de cette zone, c'est-Ă -dire dans la toundra (dĂ©pourvue d’arbres) ils peuvent, dans les zones buissonnantes; crĂ©er de nouveaux chenaux accĂ©lĂ©rant le dĂ©gel du pergĂ©lisol (or, le pergĂ©lisol planĂ©taire est estimĂ© contenir deux fois plus de carbone que l'atmosphĂšre) ce qui signifie que dans ce paysage arctique, ils exacerbent localement le changement climatique[79]. Un suivi satellital de 3 bassins hydrographiques du nord-ouest de l'Alaska (de Noatak, Wulik et Kivalina) a trouvĂ© 83 lieux d’activitĂ© potentielle de castor dont 70 avec apparition de zones humides (80 % de ces sites prĂ©sentaient des barrages associĂ©s Ă  la formation d'Ă©tangs, 9 % Ă©taient d’origine incertaine et 11 % n'Ă©taient pas dus aux castors) et 13 marquĂ©s par une tendance Ă  l’assĂšchement (parmi ceux-ci, 31 % prĂ©sentaient des signes d’activitĂ© de castors (assĂšchement des Ă©tangs en raison de l'abandon des barrages), 62 % n'Ă©taient pas liĂ©s aux castors et 7 % Ă©taient de causes indĂ©terminĂ©es)[79]. Le long de ces chenaux crĂ©Ă©s par les castors, la forĂȘt et les tourbiĂšres pourraient aussi gagner de l’espace vers le nord. Le castor peut contribuer Ă  drainer ou remodeler des zones humides thermokarstiques (Ă©tendues d’eau issues de la fonte du pergĂ©lisol), produire des tourbiĂšres thermokarstiques et peut-ĂȘtre au dĂ©veloppement de taliks.
Enfin l'activitĂ© des castors combinĂ©e Ă  la dynamique du pergĂ©lisol pourrait contribuer Ă  l’apparition ou rĂ©apparition d'habitats propices au saumon du Pacifique[79]. L'activitĂ© des castors dans la toundra peut (de maniĂšre non-linĂ©aire) modifier ou amplifier les effets du changement climatique sur les paysages de pergĂ©lisol et conduire Ă  des rĂ©ponses Ă©copaysagĂšres (positives et/ou nĂ©gatives) encore difficiles Ă  anticiper et prendre en compte dans les modĂšles Ă©cosystĂ©miques[79].

Maladie et potentiel zoonotique

MalgrĂ© des conditions de vie trĂšs rudes et peut ĂȘtre en raison de son mode de vie et de sa nourriture (les Ă©corces contiennent de nombreuses molĂ©cules permettant Ă  l’arbre de se dĂ©fendre contre la plupart des infections) il semble assez peu vulnĂ©rable Ă  de nombreux parasites et microbes transportĂ©s par les rongeurs terrestres ou leurs carnivores prĂ©dateurs. Il semble par exemple Ă©pargnĂ© par les Cryptosporidium spp (dans une Ă©tude ayant portĂ© sur les fĂšces de 481 mammifĂšres Ă  fourrure capturĂ©s dans le Maryland dont 87 castors (les autres Ă©tant des renards, rats musquĂ©s, loutres et ratons-laveur), seuls 8 % Ă©taient infectĂ©s par au moins une espĂšce de Cryptosporidium spp. Mais aucun des 87 castors amĂ©ricains de l'Ă©tude[80].

Diverses Ă©tudes ont recherchĂ© d’autres microbes potentiellement zoonotiques chez les castors amĂ©ricains ou europĂ©ens. ex. : Une Ă©tude a recherchĂ© durant 3 ans chez 62 castors du Massachusetts trois groupes de parasites (Microsporidia sp, Cryptosporidium spp et Giardia sp.) : 6,4 % de ces castors se sont avĂ©rĂ©s porteurs de Protistes parasites (tous ces porteurs Ă©taient jeunes ou subadultes) ; aucun ne portait de microsporidies, 4 portaient des Giardia spp et deux des Cryptosporidium spp (dĂ©couverts pour la 1re fois Ă  cette occasion chez des castors amĂ©ricains)[80] ; Chez son cousin eurasiatique une Ă©tude avait en 2004 trouvĂ© deux sujets infectĂ©s par des Cryptosporidium (sur 19 examinĂ©s)[81].

Dans les années 1940 (avant la diffusion des stations d'épuration des eaux usées), la population de castors du nord de l'Ontario a presque disparu à cause du piégeage et d'une épidémie de tularémie (maladie zoonotique également transmissible à l'Homme)[82].

État des populations, pressions, menaces

Parmi les prédateurs naturel du castor, on trouve d'autres mammifÚres que l'Homme, tels que le coyote, le loup gris, le lynx, la loutre et le renard roux.

Ses dynamiques de population varient selon la richesse du milieu (y compris en prĂ©dateurs) et la pression de piĂ©geage ou des activitĂ©s humaines[83], avec des modes de gestion ou de pression sur l'espĂšce qui ont pu beaucoup varier dans le temps pour un mĂȘme territoire[84]. En gĂ©nĂ©ral lĂ  oĂč il est rĂ©introduit, la population croit lentement durant 10-15 ans, puis rapidement, puis dĂ©cline et se stabilise sur le long terme[85].

Il est parfois considĂ©rĂ© comme « nuisible » en raison des arbres qu'il endommage ou coupe et surtout Ă  cause des barrages qu'il construit et qui peuvent localement provoquer des inondations. Sous l'Ă©gide de l'USDA et d'autoritĂ©s locales, des programmes de mesures visant Ă  concilier les activitĂ©s humaines et celles du castor ont Ă©tĂ© mis en place aux États-Unis oĂč vivent selon l'USDA[86] 6 Ă  12 millions de castors et environ 317 millions d'habitants[87] Lorsque ces derniers sont endommagĂ©s, s'il dispose de branches et de terre, le castor les rĂ©pare efficacement, mais on sait maintenant contrĂŽler le niveau de l'eau des barrages par des siphons silencieux (un courant de fuite et le bruit de l'eau qui coule sont deux stimuli dĂ©clenchant les travaux de surĂ©lĂ©vation ou de consolidation du barrage, mais uniquement si le castor l'associe Ă  une situation « anormale » selon Hartman (1975)[88]).

Aujourd'hui, on estime la population des castors Ă  10 ou 15 millions en AmĂ©rique du Nord, mais (bien que moins que son cousin europĂ©en) il a nĂ©anmoins subi un goulot d'Ă©tranglement gĂ©nĂ©tique, qu'on peut maintenant mieux Ă©valuer[89] et « gĂ©rer Â» (en termes de biologie de la conservation grĂące aux progrĂšs de la biologie molĂ©culaire (microsatellite loci[90] - [91], mĂ©tabarcoding, etc.).

Le castor est parfois involontairement tué ou empoisonné à la place d'autres animaux tels que le rat musqué.

Le castor canadien a été introduit en 1946, sur la Terre de Feu en Argentine, ce qui a engendré d'importants déséquilibres dans l'écosystÚme local. Présent dans le parc national Tierra del Fuego, il est sujet à controverse.

Histoire

Pour les Amérindiens

Le castor (qui pouvait se piĂ©ger sous l'eau), Ă©tait chassĂ© par les AmĂ©rindiens (qui utilisaient ses dents pour fabriquer des hameçons, et le rognon supposĂ© ĂȘtre un remĂšde Ă  large spectre (« la panacĂ©e de la forĂȘt »[92]), et qui pouvait ĂȘtre conservĂ© en vue des maladies de l'hiver[93]), et selon Rousseau (1958) chez certains AmĂ©rindiens, autrefois en hiver « A part les fruits sĂšches, les concrĂštes de bluets et la tripe-de-roche, le seul aliment vĂ©gĂ©tal provenait de la panse des caribous et des orignaux, de la sauce verte de l'estomac du liĂšvre et de la pĂątĂ©e de pulpe Ă  demi- digĂ©rĂ©e des castors »[92] ; mais selon Chateaubriand la peau du castor, « fine sans ĂȘtre chaude » n'Ă©tait pas considĂ©rĂ©e comme ayant de la valeur par les AmĂ©rindiens[94], et selon ce mĂȘme auteur « la chair des castors ne vaut rien, de quelque maniĂšre qu'on l'apprĂȘte ; les sauvages la conservent cependant : aprĂšs l'avoir fait boucaner Ă  la fumĂ©e, ils la mangent lorsque les vivres viennent Ă  leur manquer »[94].

La collecte et recherche par les colons blancs de peaux de castor les a poussĂ© Ă  pĂ©nĂ©trer toujours plus avant les territoires amĂ©rindiens vers l’ouest et vers la forĂȘt borĂ©ale, appuyĂ©s en cela par les expĂ©ditions et comptoirs financĂ©s par les compagnies de commerce des fourrures[92]. La peau de castor y fut un temps la premiĂšre monnaie (un beaver valait une peau de castor). Les trappeurs se sont appuyĂ©s sur les AmĂ©rindiens pour tuer un nombre croissant de castors (la compagnie de la Baie d’Hudson en a vendu Ă  elle seule prĂšs de trois millions de peaux de 1853 Ă  1877[92]. Dans les annĂ©es 1860-1870 selon le naturaliste Thomas Seton chaque annĂ©e les Indiens et les trappeurs tuaient environ un demi-million de castor au point qu'aprĂšs quelques dĂ©cennies, au dĂ©but du XXe siĂšcle l'espĂšce Ă©tait presque exterminĂ©e[92].

A la fin des années 1700 et au début des années 1800, J. Tanner signale déjà chez les Ojibwa des périodes de pénurie de castor qu'il présente comme dues tantÎt à la maladie et tantÎt au piégeage[95].

Lewis Henry Morgan (1818-1881), jeune juriste, part explorer une partie du Midwest Ă  partir de 1855. Il y est rapidement fascinĂ© par le castor et la maniĂšre dont il modĂšle le paysage. Il constate aussi que cet animal a une grande importance pour les AmĂ©rindiens, en particulier pour les OjibwĂ©s qui ont — prĂ©cise-t-il — au moins six mots diffĂ©rents pour le nommer selon son aspect, son Ăąge et son sexe, et six mots pour dĂ©crire ses constructions, et qui le chasse pour sa viande et sa fourrure, mais qui parfois aussi l'adoptent comme un enfant de la famille : dans son journal Indien, il observe, Ă  Fort-Union, une AmĂ©rindienne en train d'allaiter un jeune castor (environ six semaines selon Morgan, qui ajoute « Ce sont d’excellents animaux de compagnie, propres et inoffensifs, ils s’apprivoisent et deviennent affectueux. J’en veux un ! ». Il cite par leur nom les personnes qui lui apportent des histoires ou tĂ©moignages et va lui-mĂȘme mesurer la hauteur, longueur et profondeur des barrages de castor[92]. LĂ  oĂč il est il les dĂ©nombre, dĂ©crit et cartographie les territoires et ramifications des canaux creusĂ©s par les castors, il observe et rĂ©colte des bois tranchĂ©s par les dents de castor, et fait mĂȘme collecter des crĂąnes (98, p.51) parmi ceux que disposent les piĂ©geurs autochtones sur les buissons et branches d’arbres (p. 279)[92]. En 1861 pour enregistrer des tĂ©moignages des barrages qui rĂ©gressent sous la pression de piĂ©geage du castor, il fait venir des photographes estimant qu'il « Ă©tait impossible de donner mĂȘme une faible reprĂ©sentation de ces barrages par le dessin. Seul l’art photographique pouvait rendre compte d’un sujet aussi complexe et en fixer pour l’éternitĂ© les particularitĂ©s » (p. 17)[92].

Enjeux de la colonisation de l'Amérique du Nord

Mais il y a deux siĂšcles, les iroquois considĂ©raient la chasse au castor, dont les peaux Ă©taient vendues aux blancs certes comme « la plus fatigante car pratiquĂ©e en hiver dans la neige et la glace », mais aussi comme « la plus lucrative »[96]. PourchassĂ© par les trappeurs partout oĂč les hommes Ă©taient prĂ©sents, le castor a failli disparaĂźtre au XIXe siĂšcle Ă  cause de la traite des fourrures pratiquĂ©e en AmĂ©rique du Nord, notamment par des colons qui venaient alimenter le marchĂ© europĂ©en qui avait largement surexploitĂ© ses populations de castor europĂ©en. Sa fourrure Ă©tait utilisĂ©e pour confectionner des vĂȘtements et des toques. Les coureurs des bois en consommaient aussi parfois la chair.

Chapeau en castor du XVIIe siĂšcle (reproduction exposĂ©e au musĂ©e de Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons). La fabrication d'un chapeau de feutre de bonne qualitĂ© Ă©tait un procĂ©dĂ© compliquĂ©. Une des Ă©tapes du procĂ©dĂ© consistait Ă  sĂ©parer les gros poils extĂ©rieurs des poils fins, qui sont proches de la peau. Les vieilles pelisses en castor Ă©taient donc extrĂȘmement prĂ©cieuses pour les Français puisque ces poils Ă©taient dĂ©jĂ  relĂąchĂ©s, facilitant donc le procĂ©dĂ© de feutrage.
Peaux de castor, musée de Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons.

En Nouvelle-France, la fourrure destinée au marché européen était surtout celle du castor, lequel était trÚs demandé en Europe, notamment, en raison de la demande de fourrure pour les chapeaux alors que le piégeage en Europe avait déjà fortement fait régresser le Castor européen.

Gestion des populations

D'aprĂšs les donnĂ©es scientifiques disponibles pour les populations gĂ©rĂ©es (par le piĂ©geage en gĂ©nĂ©ral, et parfois par stĂ©rilisation) et non gĂ©rĂ©es[97] de castor, cette espĂšce est territoriale et adaptable, et elle stabilise sa population une fois que les territoires lui convenant sont colonisĂ©s (avec en gĂ©nĂ©ral une zone tampon d'environ km entre chaque colonie, maintenue par le marquage olfactif du castor lui-mĂȘme).

Selon les Ă©cologues MĂŒller-Schwarze & Schulte (1999) « les castors sont adaptables et ont besoin de peu de gestion par les humains ; cette gestion et le contrĂŽle du nombre de castor dĂ©coule des conflits castor-humains, et ne sont pas justifiĂ©s par les besoins des castors eux-mĂȘmes »[97]. Cependant l'histoire rĂ©cente des barrages de castors et des zones humides qu'ils crĂ©ent, ou de leur rĂ©introduction est parfois aussi une histoire de conflits sociaux ou avec certaines activitĂ©s humaines, qui fait l'objet d'Ă©tudes[98].
Sur la base de retours d'expĂ©rience de nombreuses solutions techniques ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©es et testĂ©es au Canada pour gĂ©rer les effets de la prĂ©sence du castor (bois coupĂ©, barrages, obturation de ponceau etc.) lĂ  oĂč ces effets gĂȘnent les activitĂ©s humaines. Ces solutions ont Ă©tĂ© rĂ©unies dans un guide technique par le ministĂšre chargĂ© de l'environnement[99].

Symbole du Canada

Voir Catégorie :symbole du Canada

Un symbole associé à l'histoire du développement du pays

Symbole de la Compagnie de la Baie d'Hudson en 1914.

Le castor a une valeur Ă©conomique et symbolique trĂšs importante au Canada parce qu'il est associĂ© Ă  l'histoire du dĂ©veloppement du pays, en particulier au commerce des fourrures Ă  l'Ă©poque coloniale (Ă  cette Ă©poque les peaux de castor canadien se vendaient trĂšs cher en Europe oĂč le castor europĂ©en avait Ă©tĂ© pourchassĂ© jusqu'Ă  la limite de l'extinction)[100] La Compagnie de la Baie d'Hudson a ainsi fondĂ© sa prospĂ©ritĂ© sur la trappe du castor. Aujourd'hui, grĂące aux techniques de prĂ©servation de la faune, le castor, le plus gros rongeur du Canada, survit et prospĂšre Ă  nouveau dans une grande partie du pays[101].

Armoiries proposées par Frontenac

En 1673, le gouverneur Frontenac propose des armoiries pour la ville de QuĂ©bec, mais celles-ci ne sont pas autorisĂ©es; sa proposition combine des fleurs de lys du Royaume de France, avec le castor sur un mĂȘme Ă©cu, preuve que l'animal est considĂ©rĂ© comme un important symbole canadien[102].

Commémoration de la bataille de Québec (1690)

En 1690, pour commémorer la résistance victorieuse de Frontenac à la Bataille de Québec, la médaille Kebeca Liberata (Québec libérée) est frappée : une femme assise y symbolise la France, tandis qu'un castor à ses pieds symbolise le Canada[102].

Timbres-poste et monnaie

Épreuve de 5 cents en laiton du Canada reprĂ©sentant un castor.

Cet animal, reconnu comme patient et travailleur, figure sur plusieurs timbres et piĂšces de monnaie. Il a Ă©tĂ© confirmĂ© comme emblĂšme officiel du Canada le , lorsqu'une « loi portant reconnaissance du castor (castor canadensis) comme symbole de la souverainetĂ© du Canada » reçut la sanction royale. Notons que le castor faisait dĂ©jĂ  partie de l’identitĂ© canadienne bien avant l'adoption de cette loi.

EmblÚme des Canadiens-Français

Le castor, emblÚme des Canadiens-français, apparaßt sur le drapeau illustrant la couverture de l'Histoire des Canadiens-Français de Benjamin Sulte.
Le castor, emblÚme des Canadiens-français, apparaßt sur les armoiries de Montréal (version conservée au Chùteau Ramezay).

Le castor est aussi un symbole des Canadiens-Français, et on le retrouve sur certaines versions du drapeau des Patriotes. En 1833, Jacques Viger, le premier maire, donne Ă  la ville de MontrĂ©al ses armoiries. La devise Concordia Salus, Le salut par la Concorde, exprime le souhait d'une bonne entente entre les diffĂ©rents groupes ethniques formant le tissu dĂ©mographique urbain Ă  cette Ă©poque trĂšs troublĂ©e. Les symboles reprĂ©sentent: les Canadiens-Français (le castor), les Anglais, les Écossais et les Irlandais.

Mascotte officielle des Jeux olympiques

Le castor a été choisi comme mascotte officielle des Jeux olympiques de Montréal en 1976. Baptisée « Amik », qui signifie « castor » en algonquin, la mascotte est ceinturée d'une bande rouge arborant l'emblÚme officiel et symbolisant le ruban auquel est attachée la médaille remise aux vainqueurs[103].

Autres apparitions comme symbole

Images

Notes et références

  1. Bailey V (1922) Beaver habits, beaver control, and possibilities in beaver farming (No. 1078). US Dept. of Agriculture.
  2. Kay CE (1994) The impact of native ungulates and beaver on riparian communities in the Intermountain West. Natural Resources and Environmental Issues, 1(1), 6.
  3. Naiman R., Johnston C. & Kelley J., (1988) Alteration of North American Streams by Beaver, Biscay, 38 (II):753 - 762 (PDF, 10 pages)
  4. Coleman R & Dahm C (1990) Stream geomorphology : effects on periphyton standing crop and primary production, J. N. Am. Benthol. Sot., 9 : 293 - 302
  5. Hammerson G.A (1994), Beaver (Castor canadensis) Ecosystem Alterations, Management and Monitoring Natural Areas Journal, 14 : 44 - 57
  6. Gurnella.M.(1998), The hydrogeomorphological effects of beaver dam-building activity, Progressin Physical Geography, 22 (2):167-189 (PDF, 24 p)
  7. Aslan A. & Blum M. D. (1999), Contrasting styles of Holocene avulsion, Texas Gulf Coastal Plain. In : N.D. Smith et J.J. Rogers (eds.), Fluvial Sedimentology VI, International Association of Sedimentologists Special Publication, 28 : 193 - 209
  8. Woo M.K. & Waddington J.M. (1990), Effects of beaver dams on subarctic wetland hydrology, Arctic, 43 : 223 - 230 (PDF, 8 pages)
  9. (en) L.S. Lavrov, « Evolutionary development of the genus Castor and taxonomy of the contemporary beavers of Eurasia », Acta zoologica Fennica, no 174,‎ , p. 87-90 (ISSN 0001-7299)
  10. Backhouse F (2002) Rethinking the beaver ; Has there ever been a national symbol more loathed or misunderstood? Has there ever been a more important time for the beaver to flourish? (2 pages) ; Canadian geographic
  11. Rupert P Un long voyage de 90 000 km, qui a commencĂ© par un simple pas en avant: voici la vie extraordinaire de David Thompson, le plus grand gĂ©ographe d’AmĂ©rique du Nord., Parks Canada
  12. Litalien, R., Palomino, J. F., & Vaugeois, D. (2007) La mesure d’un continent. Atlas historique de l’AmĂ©rique du Nord, 1492-1814.
  13. Sheridan TE (2012) Arizona: A History, Revised Edition ; University of Arizona Press, 1er février 2012 (voir p. 52/488)
  14. « Angels of Hudson Bay - Ottertooth », sur www.ottertooth.com (consulté le )
  15. « HBC Heritage — James et Maud Watt », sur www.patrimoinehbc.ca (consultĂ© le )
  16. Lavrov, L.S. & Orlov, V.N. (1973) Karyotypes and taxonomy of modern beavers (Castor, Castoridae, Mammalia). Zoologische Zhurnal, 52, 734–742.
  17. (en) S. Lahti et M. Helminen, « The beaver Castor fiber (L.) and Castor canadensis (Kuhl) in Finland », Acta Theriologica, vol. 19, no 13,‎ , p. 177-189 (DOI 10.4098/AT.arch.74-13)
  18. Mellink E a LuĂ©vano J (1998) Status of beavers (Castor canadensis) in Valle de Mexicali, Mexico. Bulletin of Southern California Academy of Sciences 97(3): 115–120
  19. Lavrov L. S. 1974. Morphological types of Palaearctic beavers ofCastor genus and some aspects of their taxonomy. [In: First International Theriological Congress, Moscow, 1974. Transactions, Vol. 1]. Nauka, Moscow: 344.
  20. Svendsen GE (1978), Castor and anal glands of the beaver (Castor canadensis). Journal of mammalogy, 59(3), 618-620. extrait (1re page)
  21. Rosell, F., & Sun, L. (1999). Use of anal gland secretion to distinguish the two beaver species Castor canadensis and C. fiber.
  22. Muller-Schwarze, D., Morehouse, L., Corradi, R., Zhao, C. H., & Silverstein, R. M. (1986). Odor images: responses of beaver to castoreum fractions. In Chemical Signals in Vertebrates 4 (p. 561-570). Springer US (résumé).
  23. Sun, L., & MĂŒller‐Schwarze, D. (1998). Anal gland secretion codes for relatedness in the beaver, Castor canadensis. Ethology, 104(11), 917-927 (rĂ©sumĂ©)
  24. Engelhart A & MĂŒller-Schwarze D (1995), Responses of beaver (Castor canadensis Kuhl) to predator chemicals. Journal of Chemical Ecology, 21(9), 1349-1364.
  25. Svendsen GE (1980) Patterns of scent-mounding in a population of beaver (Castor canadensis). Journal of chemical ecology, 6(1), 133-148 (résumé et extrait)
  26. Lizarralde, M. S., Bailliet, G., Poljak, S., Fasanella, M., & Giulivi, C. (2008). Assessing genetic variation and population structure of invasive North American beaver (Castor canadensis Kuhl, 1820) in Tierra del Fuego (Argentina). Biological Invasions, 10(5), 673-683.
  27. Lizarralde, M.S. (1993), Current status of the introduced beaver (Castor-canadensis) population in Tierra-del-Fuego, Argentina. Ambio 22, 351±58
  28. Saveljev, A. & Milishnikov, A. (2002) Biological and genetic peculiarities of cross-composed and aboriginal beaver populations in Russia Acta Zoologica Lituanica, 12, 397–402
  29. Dewas et al. 2012
  30. Parker, H., Nummi, P., Hartman, G., & Rosell, F. (2012) Invasive North American beaver Castor canadensis in Eurasia: a review of potential consequences and a strategy for eradication. Wildlife Biology, 18(4), 354-365.
  31. Castor canadensis American Beaver
  32. L. Lafontaine & C. Caroff (1999) http://www.reseau-loutres.org/docsliste/castimpact.pdf version française de Collen, P. (1997). Review of the potential impacts of re-introducing Eurasian beaver Castor fiber L. on the ecology and movement of native fishes, and the likely implications for current angling practices in Scotland. Scottish Natural Heritage Review , 86 : 1-53 ; traduction/adaptation : L. Lafontaine & C. Caroff - © G.M.B. 1999. Voir chap 4 http://www.reseau-loutres.org/docsliste/castimpact.pdf L. 4 : Impact de l'activité du castor sur les biocénoses aquatiques (synthÚse bibliographique) in Lafontaine, L. et coll., 2000. Dispersion des populations de castors Castor fiber galliae réintroduits dans les Monts d'Arrée (FinistÚre).
  33. James Kavanagh (1994) Nature of California p. 28 Waterford Press. (ISBN 0-9640225-9-1)
  34. Aeschbacher A. and Pilleri G. (1983) Observations on the building behaviour of the Canadian beaver (Castor canadensis) in captivity. [In: Investigation on beavers. G. Pilleri, ed.]. Brain Anatomy Institute, Berne, 1: 83 - 98
  35. Photo aérienne mappée Barrage de castor considéré comme le plus long du monde, avec Google Earth
  36. Service canadien de la faune (1987) Le castor. MinistĂšre des Approvisionnements et Service Canada Ă©dition, Ottawa, Environnement Canada, 6 p. (Collection La faune de l'arriĂšre-pays) (Table GIR)
  37. Busher, P. 1996. “Food caching behavior of beaver (Castor canadensis): Selection and use of woody species.” American Midland Naturalist 135: 343-348
  38. Barnes, D. M. and A. Mallik (1996). Use of woody plants in construction of beaver dams in northern Ontario ; Canadian Journal of Zoology 74: 1781-1786.
  39. Buech, R (1995) Sex differences in behavior of beavers living in near-boreal lake habitat ; Canadian Journal of Zoology 73: 2133-2143 (résumé).
  40. Françoise Patenaude (1984) The Ontogeny of Behavior of Free-living Beavers (Castor canadensis) ; Blackwell Verlag GmbH Issue Zeitschrift fĂŒr Tierpsychologie Zeitschrift fĂŒr Tierpsychologie ; Vol. 66, no 1, pages 33–44, January-December 1984 DOI:10.1111/j.1439-0310.1984.tb01353.x (rĂ©sumĂ©))
  41. Naiman, R.J., Pinnay, G., Johnston, C.A. & Pastor, J. (1994) Beaver influences on the long-term biogeochemical characteristics of boreal forest drainage networks. Ecology, 75, 905–921.
  42. Naiman, R.J., Elliott, S.R., Helfield, J.M. & O’Keefe, T.C. (2000) Biophysical interactions and the structure and dynamics of riverine ecosystems: the importance of biotic feedbacks. Hydrobiologia, 410, 79–86.
  43. François-René Chateaubriand (vicomte de) (1829), Voyages en Amérique, en Italie, etc. LefÚvre ; 464 pages (Voir p. 105-106)
  44. U.S. Fish and Wildlife Service (1994) Endangered and threatened wildlife and plants; determination of endangered status for Hungerford’s crawling water beetle (Brychius hungerfordi). Federal Register, 59, 10580-10584
  45. Mourant, A., Lecomte, N., & Moreau, G. (2018). Indirect effects of an ecosystem engineer: how the Canadian beaver can drive the reproduction of saproxylic beetles. Journal of Zoology, 304(2), 90-97|résumé.
  46. (p=0,001)
  47. Ray, A. M., Rebertus, A. J., & Ray, H. L. (2001). Macrophyte succession in Minnesota beaver ponds. Canadian Journal of Botany, 79(4), 487-499 (résumé)
  48. Ils n’en font pas au travers des grandes riviùres ou des grands fleuves.
  49. US Fish and Wildlife Service, 1993
  50. (en) P.D. Johnson et K.M. Brown, « Intraspecific life history variation in the threatened Louisiana pearlshell mussel, Margaritifera hembeli », Freshwater Biology, vol. 40,‎ , p. 317–329 (lire en ligne)
  51. Aleksiuk, M., and Cowan, I.McT. 1969. The winter metabolic depression in Arctic beavers (Castor canadensis Kuhl) with comparisons to California beavers. Can. J. Zool. 47: 965 -979.
  52. Smith, D.W., Peterson, R.O., Drummer, T.D., and Sheputis, D.S. (1991) Over-winter activity and body temperature patterns in northern beavers. Can. J. Zool. 69: 2178-2182.
  53. Novakowski, N.S. 1967. The winter bioenergetics of a beaver population in northern latitudes. Can. J. Zool. 45: 1107 - 11 17
  54. Buech, R.R. 1987. Environmental relations and adaptive strategies of beavers (Castor canadensis) in a near-boreal region. Ph. D. thesis, University of Minnesota, Minneapoli
  55. Claude L. Potvin, Jacques Bovet (1975), Annual cycle of patterns of activity rhythms in beaver colonies (Castor canadensis) ; Journal of comparative physiology 1975, Volume 98, Issue 3, p. 243-256 (résumé)
  56. Coles, R.W. 1967. Thermoregulation of the beaver. Ph. D. thesis, Harvard University, Cambridge, Mass
  57. MacArthur, R. A., and Dyck, A. p. 1990. Aquatic thermoregulation of captive and free-ranging beavers (Castor canadensis). Can. J. Zool. 68: 2409-2416
  58. Dyck, A.P., and MacArthur, R.A. 1993. Seasonal variation in the microclimate and gas composition of beaver lodges in a boreal environment. J. Mammal. 74: 180 - 188
  59. MacArthur, R. A. 1989. Energy metabolism and thermoregulation of beaver (Castor canadensis). Can. J. Zool . 67: 65 1 - 657
  60. Belovsky, G.E. 1984. Summer diet optimization by beaver. Am. Midl. Nat. 111: 209-222
  61. Aleksiuk, M. (1970). The seasonal food regime of arctic beavers. Ecology, 264-270 (résumé)).
  62. Schwartz, C.C., Regelin, W.L., and Franzmann, A.W. (1988), Estimates of digestibility of birch, willow, and aspen mixtures in moose. J. Wildl. Manage. 52: 33-37
  63. Dyck, A. P., & MacArthur, R. A. (1993). Daily energy requirements of beaver (Castor canadensis) in a simulated winter microhabitat. Canadian journal of zoology, 71(10), 2131-2135.
  64. Naiman, R.J., Melillo, J.M., and Hobbie, J.E. (1986), Ecosystem alteration of boreal forest streams by beaver (Castor canadensis) ; Ecology, 67: 1254 - 1269.
  65. Lowry, M.M. (1993), Groundwater elevations and temperature adjacent to a beaver pond in central Oregon. thÚse de l'Université de l'Oregon, PDF, 134 pages
  66. Dittbrenner, B. J., Pollock, M. M., Schilling, J. W., Olden, J. D., Lawler, J. J., & Torgersen, C. E. (2018). Modeling intrinsic potential for beaver (Castor canadensis) habitat to inform restoration and climate change adaptation. PloS one, 13(2), e0192538.
  67. Mumma, M. A., Gillingham, M. P., Johnson, C. J., & Parker, K. L. (2018). Where beavers (Castor canadensis) build: testing the influence of habitat quality, predation risk, and anthropogenic disturbance on colony occurrence. Canadian Journal of Zoology, (ja).
  68. Touihri, M., Labbé, J., Imbeau, L., & Darveau, M. (2018). North American Beaver (Castor canadensis Kuhl) key habitat characteristics: review of the relative effects of geomorphology, food availability and anthropogenic infrastructure. Ecoscience, 25(1), 9-23|résumé.
  69. Payne NF (1981) Accuracy of aerial censusing for beaver colonies in Newfoundland. The Journal of Wildlife Management, 1014-1016 (résumé)
  70. Lafond, R., Leblanc, Y., Pilon, C., & Société de la faune et des parcs du Québec. Direction du développement de la faune. (2003). Bilan du plan d'inventaire aérien des colonies de castors au Québec(1989-1994). [Québec]: Société de la faune et des parcs du Québec, Direction du développement de la faune, PDF, 81 p
  71. Castor canadensis sur le site de l'UICN (en)
  72. Jean-Louis Senotier, Pierre Cabard, Roger Dupuis, Jean-Pierre Jolivet, Denis Miege, « Recensement de la population de Castor d’Europe (Castor d’Europe (Castor fiber L.) de la Loire et de ses affluents en rĂ©gion Centre », Recherches Naturalistes en RĂ©gion Centre, no 2,‎ , p. 33-43 (ISSN 1287-3748, lire en ligne)
  73. selon Jean-Pierre Quéré, Henri Le Louarn in "Les rongeurs de France: Faunistique et biologie" et selon l'ONCFS
  74. LUCY SHERRIFF, « Why beavers were parachuted into the Idaho wilderness 73 years ago », sur nationalgeographic.com,
  75. Elmo W. Heter : transplanting beavers by airplane and parachute- (https://www.jstor.org/stable/3796322) The Journal of Wildlife Management. » Vol 14 no 2, avril 1959 p. 143-147
  76. Article d’ intitulĂ© « Airborne Beavers Fight Floods » Des castors aĂ©rotransportĂ©s combattent les inondations, Mechanix Illustrated.
  77. Jones BM (2017) ; C21C-1135 Landsat time series analysis documents beaver migration into permafrost landscapes of arctic Alaska ; New Orleans Ernest N. Morial Convention Center - Poster Hall D-F ; 12 décembre
  78. (2017) Beavers accelerate thawing of Arctic’s permafrost | Science News, 22 dĂ©cembre
  79. Jonse BM & al. (2017) C21C-1135: Landsat time series analysis documents beaver migration into permafrost landscapes of arctic Alaska ; New Orleans Ernest N. Morial Convention Center - Poster Hall D-F 12 décembre
  80. Fayer R., Santín M., Trout JM, DeStefano S, Koenen K & Kaur. (2006), “Prevalence of Microsporidia, Cryptosporidium spp., and Giardia spp. in beavers (Castor canadensis) in Massachusetts”. Journal of Zoo and Wildlife Medicine, 37(4), 492-497
  81. Zhou, L., R. Fayer, J. M. Trout, U. M. Ryan, F. W. Schaeffer, and L. Xiao (2004), Genotypes of Cryptosporidium species infecting fur-bearing mammals differ from those of species infecting humans. Appl. Environ. Microbiol. 70: 7574–7577.
  82. Beaver, Ontario Fur Managers Federation.
  83. Bloomquist CK (2007), Demographic characteristics and spatial organization ofunexploited beavers in southern Illinois M.S.thesis, Southern Illinois University, Carbondale
  84. Carillo CD, Bergman DL, Taylor JD, Viehover P et Disney M (2009) An overview of historical beaver management in Arizona. Proceedings of the Wildlife Dama ge Management Conference 13:234–242.
  85. Peter E. Busher & Paul J. Lyons (1999) Long-Term Population Dynamics of The North American Beaver Castor Canadensis on Quabbin Reservation, Massachusetts, and Sagehen Creek, California ; in "Beaver Protection, Management, and Utilization in Europe and North America" 1999, voi rpp 147-160 (résumé)
  86. "Beavers are the largest rodents in North America, and their population is estimated to be between 6 and 12 million animals", Animal and Plant Health Inspection Service ; United States Department of Agriculture
  87. (en) https://www.census.gov/main/www/popclock.html Current Population Clock]- U.S. Census Bureau, Ă©valuation mise Ă  jour chaque minute
  88. Hartman AM (1975) Analysis of conditions leading to the regulation of water flow by a beaver. Psychol. Rec. 25: 427 - 431
  89. Cornuet JM et Luikart G (1996), Description and power analysis of two tests for detecting recent population bottlenecks from allele frequency data. Genetics 144:2001–2014
  90. Crawford J, Liu, Z, Nelson, Nielsen C & Bloomquist C (2008), Isolation and characterization of microsatellite loci in the beaver (Castor canadensis). Molecular Ecology Resources 8:616–618 (rĂ©sumĂ©)
  91. Pelz-Serrano K, Munguia-Vega A, Piaggio AJ, Neubaum M, Munclinger P, PĂĄrtl A, Van Riper III C & Culver M (2009), Development of nine new microsatellite loci for the American beaver, Castor canadensis (Rodentia: Castoridae), and cross-species amplification in the European beaver, Castor fiber. Culver M. Mol Ecol Resour. 2009 Mar; 9(2):551-4. Epub 2009 Jan 31.
  92. Rousseau J (1958) L'Indien de la forĂȘt borĂ©ale, Ă©lĂ©ment de la formation Ă©cologique. National Museums of Canada., voir p 46
  93. Saillant F (1991) Le rhume et la grippe: Recettes québécoises de médecine populaire. Ethnologie française, 126-134|résumé
  94. François-René Chateaubriand (vicomte de) (1829), Voyages en Amérique, en Italie, etc| LefÚvre, 464 pages (voirp 105)
  95. J. Tanner Trente ans de captivité chez les Ojibwa [1789-1823], Pierrette Désy (éd.). Classiques uqac.ca.
  96. Sane AM (1801) "Tableau historique, topographique et moral, des peuples des 4 parties du monde.(etc.)" (Vol. 2). Buisson. Voir pages 410,
  97. MĂŒller-Schwarze D& Schulte BA (1999) Behavioral and ecological characteristics of a “climax” population of beaver (Castor canadensis). In "Beaver protection, management, and utilization in Europe and North America" (p. 161-177). Springer US (rĂ©sumĂ©)
  98. Pilliod, D. S., Rohde, A. T., Charnley, S., Davee, R. R., Dunham, J. B., Gosnell, H.,... & Nash, C. (2018). Survey of Beaver-related Restoration Practices in Rangeland Streams of the Western USA. Environmental management, 61(1), 58-68|résumé.
  99. Guide de gestion de la déprédation du castor
  100. BrĂšve histoire du Canada
  101. À propos du Castor canadien
  102. encyclopédie canadienne
  103. Le castor, représenté sur les rubans des jeux olympiques de Montréal.

Voir aussi

Bibliographie

  • Blond G (1956) La vallĂ©e des castors, d'aprĂšs le film de Walt Disney, images Milotte A et E, prod. Barraud M, Payot - Lausanne
  • (en) M Dewas, J Herr, L Schley, C Angst, B Manet, P Landry et M Catusse, « Recovery and status of native and introduced beavers Castor fiber and Castor canadensis in France and neighbouring countries », Mammal Review, vol. 42(2),‎ , p. 144-165 (lire en ligne)
  • (en) Buech RR (1985) Methodologiesfor observing beavers (Castor canadensis) during theactivity period. In: BrookesRP (ed) Nocturnal Mammals. Pennsylvania StateUniversity, Pennsylvania, p. 29–34
  • (en) Gallant, D., C.H. BĂ©rubĂ©, E. Tremblay, & L. Vasseur, « An extensive study of the foraging ecology of beavers (Castor canadensis) in relation to habitat quality », 2004, in Canadian Journal of Zoology, [lire en ligne].
  • (en) Kim Long, Beavers : A Wildlife Handbook, Boulder, Johnson Books, , 182 p. (ISBN 978-1-55566-251-6, OCLC 43657168, LCCN 00035234), p. 37
  • (en) Hood GA, Bayley SE (2008) The effects of high ungulate densities on foraging choices by beaver (Castor canadensis) in the mixedwood boreal forest. Can J Zool 86:484–496. doi:10.1139/Z08-029
  • (en) Hood GA, Bayley SE (2009) A comparison of riparian plant community response to herbivory by beavers (Castor canadensis) and ungulates in Canada’s boreal mixed-wood forest. For Ecol Manag 259:1979–1989. doi:10.1016/j.foreco.2009.07.052
  • (en) Johnston CA & Naiman RJ (1987) Boundary dynamics at the aquatic-terrestrial interface: the influence of beaver and geomorphology. Landscape Ecology, 1(1), 47-57.
  • (en) King SL, Keeland BD. & Moore JL (1998), Beaver lodge distribution and damage assessments in a forested wetland ecosystem in the southern United States ; Forest Ecology and Management 108: 1-7 NA(2119)
  • (en) McDowell DM, Naiman RJ (1986) Structure and function of a benthic invertebrate stream community as influenced by beaver (Castor canadensis). Oecologia 68:481–489. doi:10.1007/BF00378759
  • (en) MĂŒller-Schwarze D& Schulte BA (1999) Behavioral and ecological characteristics of a “climax” population of beaver (Castor canadensis). In Beaver protection, management, and utilization in Europe and North America (p. 161–177). Springer US (rĂ©sumĂ©).
  • (en) Rosell F, BozsĂ©r O, Collen P, Parker H (2005) Ecological impact of beavers Castor fiber and Castor canadensis and their ability to modify ecosystems. Mamm Rev 35:248–276. doi:10.1111/ j.1365-2907.2005.00067.x
  • (en) Russell KR, Moorman CE, Edwards JK, Metts BS, Guynn DC (1999) Amphibian and reptile communities associated with beaver (Castor canadensis) ponds and unimpounded streams in the piedmont of South Carolina. J Freshw Ecol 14:149–158
  • (en) Stevens CE, Paszkowski CA, Lee Foote A (2007) Beaver (Castor canadensis) as a surrogate species for conserving anuran amphibians on boreal streams in Alberta, Canada. Biol Conserv 134:1–13. doi:10.1016/j.biocon.2006.07.017
  • (en) Golden Doug (2006) When the Beaver Was the King ; Infinity Publishing, 100 pp (avec Google book)
  • Ennos A. Mills (trad. A.R. BĂ©huret), Dans le monde des castors, Éditions BĂ©huret, , 194 p..

Références taxinomiques

Liens externes

Vidéographie

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.