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Tularémie

La tularĂ©mie est une maladie infectieuse provoquĂ©e par Francisella tularensis, le bacille de Francis (anciennement Pasteurella tularensis), une petite bactĂ©rie qui a la propriĂ©tĂ© de traverser la peau saine. En Europe, la transmission Ă  l’homme se fait par l’intermĂ©diaire d’un liĂšvre dans la grande majoritĂ© des cas, principalement par contact direct[1]. La transmission par piqĂ»re de tiques est Ă©galement possible[1]. C'est le mode principal de transmission en AmĂ©rique du Nord. En France, l’incidence de la maladie est faible, de l’ordre de quelques dizaines de cas par an. La forme clinique ulcĂ©ro-ganglionnaire est la forme le plus frĂ©quemment observĂ©e, mais il existe des formes pulmonaires ou septicĂ©miques graves. Le traitement est variable selon la gravitĂ© clinique et repose sur une antibiothĂ©rapie.

Tularémie
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Lésion tularémique sur la main droite.

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Historique

Dans un article de 2007, le biologiste molĂ©culaire Siro Igino Trevisanato dĂ©crit une maladie qui a sĂ©vi en -1350 au Moyen-Orient et dont les symptĂŽmes et le mode d'infection, connus par des lettres envoyĂ©es au pharaon AkhĂ©naton au sujet d'un flĂ©au Ă  Simyra, rappellent cette maladie. Une dĂ©cennie plus tard, les hittites attaquent cette rĂ©gion et sont Ă  leur tour contaminĂ©s. Les Arzawas voulant conquĂ©rir les terres de leur voisin hittite, ce dernier laisse volontairement dans ses villages pillĂ©s des moutons contaminĂ©s. Il s'agit du premier usage connu d'arme biologique. Cette arme se rĂ©pand dĂšs lors dans toute l'Anatolie puis sur le continent europĂ©en lors des guerres menĂ©es par les ÉgĂ©ens de la GrĂšce antique[2].

La maladie a été décrite pour la premiÚre fois en 1911 par George W.McCoy, un chirurgien militaire, sur des écureuils du lac de Tulare dans le comté de Tulare en Californie. La bactérie Francisella tularensis est isolée l'année suivante chez un patient souffrant d'une deer fly fever (fiÚvre de la mouche du daim), sous le nom de Bacterium tularense. En 1921, Francis décrit précisément la maladie sous le nom de tularémie[3], mais différents synonymes persistent : rabbit fever (fiÚvre du lapin), hare fever (fiÚvre du liÚvre), maladie de Ohara, maladie de Francis


En 1924, Parker, Spencer et Francis isolent la bactérie chez la tique Dermacentor andersoni (en) et démontrent le rÎle des tiques dans la transmission de la bactérie. DÚs 1929, Parker montre qu'il existe une transmission transovarienne de la bactérie, établissant ainsi le rÎle des tiques en tant que réservoir de la maladie.

Étiologie

La tularĂ©mie est une zoonose due Ă  un trĂšs petit coccobacille (0,3 - 0,6 micron) : Francisella tularensis. Le rĂ©servoir principal de la bactĂ©rie est constituĂ© par les lagomorphes et les rongeurs, mais la bactĂ©rie peut infecter bien d'autres espĂšces de vertĂ©brĂ©s et d'invertĂ©brĂ©s. En France, elle atteint essentiellement les populations de liĂšvres et la maladie peut ĂȘtre transmise Ă  l'homme par contact avec les viscĂšres (chasse)[4]. Ainsi les liĂšvres et les tiques reprĂ©sentent les principaux vecteurs de l’infection humaine. Dans les trois quarts des cas, elle est transmise par contact direct de la peau (pĂ©nĂ©tration du germe Ă  travers la peau saine possible mais favorisĂ©e par des Ă©gratignures) avec des animaux infectĂ©s, des vĂ©gĂ©taux, le sol, le matĂ©riel contaminĂ© (clous, lame, etc.) ou par des Ă©claboussures projetĂ©es dans l’Ɠil ou sur des plaies cutanĂ©es (lors d'une tonte de gazon ou un taillage d'arbustes par exemple[5]). Plus rarement, la contamination peut ĂȘtre causĂ©e par des piqures d’insectes Tabanidae et par l'ingestion d’aliments ou d’eau contaminĂ©s.

Ce germe est trĂšs rare en Europe occidentale mais relativement frĂ©quent en Europe orientale et en Scandinavie. Il se dĂ©veloppe dans les macrophages[6]. Il est hautement infectieux, une dizaine de germes suffisant pour dĂ©clencher une infection grave[7]. Sa prolifĂ©ration est facilitĂ©e par l'inhibition de la rĂ©ponse inflammatoire de l'hĂŽte par le germe lui-mĂȘme[7].

Il existe deux types de germes, A et B, sous divisés en plusieurs génotypes : A1a, A1b, A2a, et A2b. Les infections à A1b sont les plus graves[8].

La maladie reste toutefois rare.

SĂ©miologie

L’incubation est classiquement courte (de 1 à 3 jours), mais peut durer jusqu’à 15 jours[9].

La maladie peut revĂȘtir une forme locale (deux tiers des cas[9]) : ganglion qui Ă©volue vers la suppuration (bubon) ou une forme typhoĂŻde, gĂ©nĂ©ralisĂ©e, parfois avec Ă©ruption. Elle peut donner une forme pneumonique, grave.

Il peut exister une dissociation pouls-température, avec une fréquence cardiaque restant plutÎt basse par rapport à la température[10].

Le début est souvent brutal, marqué par une forte fiÚvre, des frissons, une asthénie, des céphalées, des myalgies et arthralgies, et parfois des signes digestifs (nausées, vomissements).

Les signes cliniques rĂ©sultent ensuite de la porte d’entrĂ©e de la bactĂ©rie. À partir de la lĂ©sion au point d’inoculation, la bactĂ©rie diffuse dans le territoire ganglionnaire de drainage, responsable d’importantes adĂ©nopathies.

La dissĂ©mination systĂ©mique peut ensuite survenir, avec une atteinte multiviscĂ©rale. Bien que la tularĂ©mie soit une maladie sĂ©vĂšre lorsqu’elle est due Ă  Francisella tularensis biovartularensis (biovar A), de nombreux cas occasionnĂ©s par d’autres souches de virulence attĂ©nuĂ©e sont trĂšs probablement sous-diagnostiquĂ©s.

Cette atteinte multiviscérale a pour conséquence des manifestations de la maladie sous différentes formes cliniques.

Formes typhoïdique et septicémique

La forme typhoĂŻdique dĂ©bute brutalement par un syndrome pseudogrippal non spĂ©cifique, associant diarrhĂ©e et vomissements, cĂ©phalĂ©es, frissons, myalgies et arthralgies, prostration et amaigrissement. Habituellement, aucun signe d’orientation ne permet de retrouver la porte d’entrĂ©e : il n’existe pas d’atteinte pulmonaire, d’ulcĂ©rations ni d’adĂ©nopathies inflammatoires. L’évolution peut ĂȘtre grave vers un choc septique avec coagulation intravasculaire dissĂ©minĂ©e, hĂ©morragies, dĂ©tresse respiratoire aiguĂ«, confusion, dĂ©faillance d’organes et coma. Elle peut faire suite Ă  l’ingestion ou Ă  l’inhalation de Francisella tularensis. Une bactĂ©riĂ©mie vraie avec hĂ©mocultures positives Ă  Francisella tularensis n’est pas toujours observĂ©e. La forme septicĂ©mique est potentiellement sĂ©vĂšre et lĂ©tale. Toutes les formes de tularĂ©mie peuvent se compliquer d’une septicĂ©mie. Les signes cliniques ne sont pas spĂ©cifiques : fiĂšvre, douleurs abdominales, diarrhĂ©e et vomissements sont frĂ©quemment observĂ©s Ă  un stade prĂ©coce de la septicĂ©mie. Une dissociation pouls-tempĂ©rature est observĂ©e dans moins de 50 % des cas. Le plus souvent, les patients Ă©voluent vers un choc septique avec coagulation intravasculaire dissĂ©minĂ©e, hĂ©morragies, dĂ©tresse respiratoire aiguĂ«, confusion, dĂ©faillance d’organes et coma.

Forme ganglionnaire

La forme ganglionnaire est caractĂ©risĂ©e par la prĂ©sence d’adĂ©nopathies dans un contexte fĂ©brile, sans ulcĂ©ration cutanĂ©e (de 5 % Ă  10 % des formes de tularĂ©mie).

Forme oculoganglionnaire

La forme oculoganglionnaire (de 1 % Ă  2 %) survient aprĂšs contact aĂ©rosolisĂ© ou par auto-inoculation (portage des mains). Des ulcĂ©rations de la cornĂ©e peuvent s’accompagner d’une conjonctivite purulente, d’un chĂ©mosis, d’un ƓdĂšme pĂ©riorbitaire, de nodules ou d’ulcĂ©rations conjonctivaux douloureux. Il existe des adĂ©nopathies prĂ©auriculaires, sous-maxillaires, carotidiennes ou cervicales. Lors de l’épidĂ©mie survenue en SuĂšde en 1966, 26 % des cas confirmĂ©s prĂ©sentaient une conjonctivite.

Forme oropharyngée

Cette forme est observĂ©e aprĂšs ingestion d’eau ou d’aliments contaminĂ©s, aprĂšs inoculation directe par les mains contaminĂ©es ou plus rarement par inhalation de particules aĂ©rosolisĂ©es. Il existe une angine douloureuse avec hypertrophie des amygdales et fausses membranes blanchĂątres. Les stomatites sont plus rares. Un abcĂšs rĂ©tropharyngĂ© ou une adĂ©nite suppurĂ©e rĂ©gionale peuvent ĂȘtre notĂ©s. Au cours de l’épidĂ©mie suĂ©doise, 31 % des cas confirmĂ©s prĂ©sentaient une pharyngite, 9 % prĂ©sentaient des ulcĂ©rations buccales.

Forme pulmonaire

Elle rĂ©sulte de l’inhalation de bactĂ©ries aĂ©rosolisĂ©es (pneumonie primaire) ou est secondaire Ă  une bactĂ©riĂ©mie provenant d’une autre porte d’entrĂ©e (pneumonie secondaire). Aux États-Unis, de 10 Ă  20 % des cas de tularĂ©mie comprennent une atteinte pulmonaire. Lors de l’épidĂ©mie suĂ©doise de 1966 ( Francisella tularensis de type B), parmi les 140 cas confirmĂ©s par sĂ©rologie et suspectĂ©s d’avoir Ă©tĂ© contaminĂ©s par inhalation, 14 patients (10 %) avaient des signes de pneumopathie (dyspnĂ©e, douleur thoracique). La pneumonie primaire serait la forme la plus susceptible d’ĂȘtre observĂ©e en cas d’acte de bioterrorisme par aĂ©rosolisation de bactĂ©ries. La radiographie pulmonaire peut montrer des infiltrats pĂ©ribronchiques qui Ă©voluent typiquement vers une pneumopathie, des Ă©panchements pleuraux et des adĂ©nopathies pĂ©rihilaires. Une pneumopathie interstitielle, des lĂ©sions cavitaires, une fistule bronchopleurale et des calcifications peuvent Ă©galement ĂȘtre observĂ©es. Cependant, les signes radiologiques peuvent ĂȘtre minimes, voire absents. Ainsi, la sĂ©miologie radiologique pulmonaire est hautement variable, pouvant faire Ă©voquer des infections bactĂ©riennes ou fongiques autres, la tuberculose ou une pathologie tumorale. Le diagnostic de pneumonie tularĂ©mique doit ĂȘtre Ă©voquĂ© devant une pneumopathie atypique associĂ©e Ă  une ulcĂ©ration cutanĂ©e ou muqueuse et/ou des adĂ©nopathies localisĂ©es chez un patient ayant des activitĂ©s en milieu rural. Une progression vers une pneumopathie extensive et sĂ©vĂšre avec dĂ©tresse respiratoire, hĂ©moptysie, septicĂ©mie et dĂ©cĂšs peut survenir en l’absence de traitement antibiotique spĂ©cifique.

Diagnostic

Une culture de Francisella tularensis.

Il y a une grande difficultĂ© Ă  mettre le germe en Ă©vidence par culture directe, mĂȘme lorsqu'il est visible en grand nombre dans le pus ganglionnaire, il est rare d'obtenir un dĂ©veloppement. Il en va de mĂȘme de l'hĂ©moculture qui est constamment nĂ©gative. L'inoculation sur un tissu frais permet d'augmenter la rapiditĂ© de culture et la sensibilitĂ©[11]. Pour cette raison, il est prĂ©fĂ©rable d'inoculer le prĂ©lĂšvement Ă  une souris ou un cobaye et de sub-cultiver la rate de l'animal sacrifiĂ© sur milieu artificiel.

Le sĂ©rodiagnostic prend une importance primordiale. On le rĂ©alise de la mĂȘme façon que la sĂ©ro-agglutination de Wright, au moyen d'une suspension de Fr. tularensis rĂ©coltĂ©e sur milieu solide et tuĂ©e. Le sĂ©rodiagnostic est cependant positif qu'aprĂšs deux semaines de maladie[10].

Diagnostic microbiologique

Les prĂ©lĂšvements biologiques pour le laboratoire de bactĂ©riologie Ă  effectuer lors d’une suspicion de tularĂ©mie sont :

  • prĂ©lĂšvement de sĂ©rositĂ©s au point d’inoculation    
  • prĂ©lĂšvement d’exsudats oculaires ou pharyngĂ©s
  • examens des crachats, du liquide pleural
  • hĂ©moculturesLe laboratoire doit ĂȘtre prĂ©venu de la suspicion du diagnostic de tularĂ©mie, afin de pratiquer l’ensemencement des prĂ©lĂšvements sur milieux spĂ©ciaux, et surtout afin de manipuler les liquides biologiques infectĂ©s avec la plus grande prĂ©caution en raison des risques de contamination.

Examen direct

Il est rarement positif à partir de la ponction ganglionnaire. La coloration de Gram est difficile et révÚle un trÚs fin coccobacile à Gram négatif, immobile.

Cultures bactériennes

Elles permettent l’isolement de la bactĂ©rie Ă  partir des liquides biologiques prĂ©levĂ©s (sang, crachats, sĂ©rositĂ©s, ponctions...). L’identification est d’abord prĂ©somptive, appuyĂ©e sur la discordance de croissance en aĂ©robiose entre une gĂ©lose nutritive et une gĂ©lose chocolat supplĂ©mentĂ©e. Quelques caractĂšres d’orientation peuvent aider au diagnostic : catalase faible et oxydase nĂ©gative.  L’isolement de la bactĂ©rie dans le sang aprĂšs hĂ©mocultures est rare. Seulement 20 cas sont rapportĂ©s dans la littĂ©rature et la plupart sont dĂ©crits aux États-Unis. Seulement deux cas de bactĂ©riĂ©mies dus au type B de F. tularensis ont Ă©tĂ© rapportĂ©s en Europe. La bactĂ©riĂ©mie peut ĂȘtre observĂ©e en association avec toutes les formes cliniques de tularĂ©mie.

Immunofluorescence directe

La bactĂ©rie peut ĂȘtre identifiĂ©e par immunofluorescence directe sur des sĂ©crĂ©tions ou par immunohistochimie sur des prĂ©lĂšvements anatomopathologiques, mais ces techniques ne sont pas disponibles en routine.

SĂ©rologie

Le diagnostic sĂ©rologique est la mĂ©thode le plus frĂ©quemment positive, mais ne permet qu’un diagnostic rĂ©trospectif. Il existe des mĂ©thodes d’agglutination ou d'immunoabsorption. Ces rĂ©actions ont une spĂ©cificitĂ© mĂ©diocre, en particulier Ă  la phase initiale. La sĂ©rologie ne se positive qu’au dixiĂšme jour d’évolution et il existe des rĂ©actions croisĂ©es avec les gĂšnes Brucella, Proteus et Yersina. La sĂ©rologie peut rester positive pendant 10 ans et une ascension significative du taux d’anticorps doit ĂȘtre observĂ©e pour poser le diagnostic d’infection aiguĂ«.

Amplification par polymérisation en chaßne

L’amplification gĂ©nique par polymerase chain reaction (PCR) de l’acide dĂ©soxyribonuclĂ©ique de F.Tularensis est possible mais encore peu utilisĂ©e. Elle peut ĂȘtre pratiquĂ©e pour un diagnostic prĂ©coce lors d’une trĂšs forte prĂ©somption clinique. Cette mĂ©thode permet un diagnostic rapide et Ă©vite les risques de contamination liĂ©s aux cultures bactĂ©riennes. RĂ©cemment, une technique de PCR applicable sur des tissus fixĂ©s a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e. Cette technique pourrait permettre le diagnostic de formes atypiques de tularĂ©mie sur des biopsies d’organes infectĂ©s.

IntradermorĂ©action Ă  la tularine  

L’intradermorĂ©action Ă  la tularine permettait de rĂ©aliser un diagnostic relativement prĂ©coce (positive dĂšs le cinquiĂšme jour aprĂšs le dĂ©but des signes). La commercialisation par l'Institut Pasteur Production d’une prĂ©paration pour intradermo-rĂ©action, la tularine, ne se fait plus en France depuis 1976.

Traitement

Le traitement par antibiotiques est empirique, la difficulté de culture du germe ne rendant guÚre possible un antibiogramme.

Le traitement consiste en une antibiothérapie par cyclines (antibiotiques) ou par fluoroquinolones[12] associés à un aminoside (comme la gentamicine[13]) pendant 14 jours.

L’hospitalisation des patients dĂ©pend de la sĂ©vĂ©ritĂ© clinique et du sous-type de F. tularensis prĂ©sumĂ© responsable de la symptomatologie. Le ministĂšre de la santĂ© français recommande cependant l’hospitalisation de tout malade symptomatique. Aucun cas de transmission interhumaine de tularĂ©mie n’a Ă©tĂ© dĂ©crit et l’isolement des malades n’est pas nĂ©cessaire.

La streptomycine et la gentamicine sont bactĂ©ricides contre F. tularensis et sont actuellement les molĂ©cules antibiotiques de choix pour le traitement de la tularĂ©mie. Des traitements alternatifs ont Ă©tĂ© proposĂ©s, mĂȘme si les donnĂ©es cliniques manquent pour valider formellement ces thĂ©rapeutiques. Ainsi, les fluoroquinolones ont montrĂ© avoir une bonne bactĂ©ricidie contre F. tularensis. La ciprofloxacine et la doxycycline ont Ă©tĂ© administrĂ©es avec succĂšs dans de nombreux cas.

Le ministĂšre de la santĂ© français recommande un traitement oral pour les malades prĂ©sentant une forme clinique modĂ©rĂ©e et un traitement intraveineux pour les malades devant ĂȘtre hospitalisĂ©s. Le traitement recommandĂ© repose sur une fluoroquinolone (par exemple, ciprofloxacine 500 mg deux fois par jour, ou ofloxacine 400 mg deux fois par jour) ou la doxycycline (100 mg deux fois par jour) en monothĂ©rapie pendant 14 jours.

Dans les formes sévÚres de la tularémie, on associe deux antibiotiques, par exemple un aminoside et une fluoroquinolone.

Aux Etats-Unis, il existe un vaccin.

Prophylaxie

  • Surveillance dans l'importation de gibier pour repeupler les chasses.
  • PrĂ©caution dans les manipulations d'animaux malades. Ceci vaut Ă©galement au laboratoire oĂč ce germe donne facilement des infections accidentelles.

Surveillance sanitaire

En France, la dĂ©claration obligatoire de la tularĂ©mie humaine avait Ă©tĂ© supprimĂ©e en 1986. Elle a Ă©tĂ© rĂ©instaurĂ©e en 2002 (Circulaire DGS/SD 5 n °2002-492 du relative Ă  la transmission obligatoire de donnĂ©es individuelles Ă  l’autoritĂ© sanitaire en cas de tularĂ©mie[14]). La surveillance Ă©pidĂ©miologique de la tularĂ©mie en France repose donc sur la notification obligatoire des cas et sur l’envoi de la souche isolĂ©e au Centre national de rĂ©fĂ©rence de la tularĂ©mie au laboratoire de l’UnitĂ© zoonoses bactĂ©riennes de l’Agence française de sĂ©curitĂ© sanitaire des aliments (AFSSA) Ă  Maisons-Alfort. Tout mĂ©decin ou biologiste ayant connaissance d’un ou de plusieurs cas humains de tularĂ©mie doit impĂ©rativement alerter le mĂ©decin inspecteur de santĂ© publique de l'Agence RĂ©gional de SantĂ© (ARS), au service veille sanitaire en passant par le Point Focal RĂ©gional (PFR). Celui-ci doit immĂ©diatement en informer l’Institut national de veille sanitaire (INVS) qui diligente une enquĂȘte Ă©pidĂ©miologique. En cas de doute sur l’utilisation Ă  une fin terroriste de F. tularensis, le procureur de la rĂ©publique doit ĂȘtre saisi.

La tularémie est classée comme danger sanitaire de seconde catégorie pour les espÚces animales dans la législation française[15]. La surveillance dans la faune sauvage, principalement le LiÚvre d'Europe est faite par le Réseau SAGIR et le laboratoire de santé animale de Maisons-Alfort de l'Anses. Entre 2002 et 2013, le nombre de cas confirmés variait entre 41 et 121 par an[16]. La majorité des cas sont des LiÚvres d'Europe, mais des cas sont également décrits chez le Lapin de Garenne, le Chevreuil et le Sanglier[16].

Divers

Vu sa propriĂ©tĂ© de traverser la peau intacte, Francisella tularensis a Ă©tĂ© (ou est encore) une arme bactĂ©riologique possible. La faible dose infectante (de 10 Ă  50 bactĂ©ries), la possibilitĂ© d’une contamination par voie inhalĂ©e et la sĂ©vĂ©ritĂ© des infections par F. tularensis font de cette bactĂ©rie un agent potentiellement utilisable dans le cadre d’un acte de bioterrorisme. Ainsi, la bactĂ©rie a Ă©tĂ© classĂ©e par le Center for Disease Control (CDC) dans la catĂ©gorie A des agents potentiels de bioterrorisme, avec les agents de la maladie du charbon (Bacillus anthracis), de la variole, des fiĂšvres hĂ©morragiques virales, de la peste (Yersinia pestis), et de la toxine botulique.

En France, la tularémie fait partie des Maladies infectieuses à déclaration obligatoire depuis 2002[17] et depuis 2011 des dangers sanitaires de 2e catégorie[18]. La tularémie, sous toutes ses formes cliniques, est inscrite au tableau des maladies professionnelles sous le numéro 68 pour le régime général, et sous le numéro 7 pour le régime agricole[19].

Au Québec, elle est une maladie à déclaration obligatoire.

Notes et références

  1. GwenaĂ«l Vourc'h et al., Les zoonoses : Ces maladies qui nous lient aux animaux, Éditions QuĂŠ, coll. « EnjeuxScience », (ISBN 978-2-7592-3270-3, lire en ligne), Qui nous transmet quoi et comment ?, « Comment les zoonoses se transmettent-elles ? », p. 47, accĂšs libre.
  2. (en) Siro Igino Trevisanato, « The ‘Hittite plague’, an epidemic of tularemia and the first record of biological warfare », Medical Hypotheses, vol. 69, no 6,‎ , p. 1371-1374 (lire en ligne)
  3. Francis E, Tularemia, JAMA, 1925;84:1243-1250
  4. Evelyne Moulin, La chasse est mauvaise pour la santé : les chasseurs nous empoisonnent-ils ?, Ardenais, Asclépiades, , 104 p. (ISBN 978-2-915238-35-8)
  5. Feldman KA, Enscore RE, Lathrop SL et al. An outbreak of primary pneumonic tularemia on Martha’s Vineyard, N Engl J Med, 2001;345:1601-1606
  6. Ellis J, Oyston PC, Green M, Titball RW, Tularemia, Clin Microbiol Rev, 2002;15:631-646
  7. Jones CL, Napier BA, Sampson TR, Llewellyn AC, Schroeder MR, Weiss DS, Subversion of host recognition and defense systems by Francisella spp, Microbiol Mol Biol Rev, 2012;76:383-404
  8. Kugeler KJ, Mead PS, Janusz AM et al. Molecular epidemiology of Francisella tularensis in the United States, Clin Infect Dis, 2009;48:863-870
  9. Weber IB, Turabelidze G, Patrick S, Griffith KS, Kugeler KJ, Mead PS, Clinical recognition and management of tularemia in Missouri: a retrospective records review of 121 cases, Clin Infect Dis, 2012;55:1283-1290
  10. James J, Kaul DR, Goldberger ZD, Saint S, Skerrett SJ, Back to nature, N Engl J Med, 2015;373:2271-2276
  11. Petersen JM, Schriefer ME, Gage KL et al. Methods for enhanced culture recovery of Francisella tularensis, Appl Environ Microbiol, 2004;70:3733-3735
  12. PĂ©rez-CastrillĂłn JL, Bachiller-Luque P, MartĂ­n-Luquero M, Mena-MartĂ­n FJ, Herreros V, Tularemia epidemic in northwestern Spain: clinical description and therapeutic response, Clin Infect Dis, 2001;33:573-576
  13. Enderlin G, Morales L, Jacobs RF, Cross JT, Streptomycin and alternative agents for the treatment of tularemia: review of the literature, Clin Infect Dis, 1994;19:42-47
  14. « Bulletin Officiel nïżœ2002-41 », sur solidarites-sante.gouv.fr (consultĂ© le )
  15. ArrĂȘtĂ© du 29 juillet 2013 relatif Ă  la dĂ©finition des dangers sanitaires de premiĂšre et deuxiĂšme catĂ©gorie pour les espĂšces animales (lire en ligne)
  16. (en) Marie Moinet, Anouk Decors, Christiane Mendy et Eva Faure, « Spatio-temporal dynamics of tularemia in French wildlife: 2002–2013 », Preventive Veterinary Medicine, vol. 130,‎ , p. 33–40 (DOI 10.1016/j.prevetmed.2016.05.015, lire en ligne, consultĂ© le )
  17. http://www.invs.sante.fr/surveillance/tularemie/index.htm Surveillance de la tulérémie en France par l'InVS.
  18. Décret no 2012-845 du 30 juin 2012 relatif aux dispositions générales organisant la prévention, la surveillance et la lutte contre les dangers sanitaires de premiÚre et deuxiÚme catégorie
  19. « La tularémie », sur caducee.net (consulté le ).

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

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