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Trappeur

Un trappeur est un chasseur professionnel d'Amérique du Nord, se servant généralement de trappes, afin de vendre des fourrures non abîmées par des coups de feu ou des pointes de flèche. Il se distingue des coureurs des bois et des voyageurs, qui étaient employés à faire la traite des fourrures et dont l'activité était principalement commerciale.

Trappeur ou trappeuse
Trappeur posant avec des fourures de renard. Photographie prise sur l'île Unimak en Alaska
personne, activité
Sous-classe dechasseur professionnel Modifier
Domaine correspondant à l'occupationpiégeage Modifier
Utilisepiège à animal Modifier
Forme féminine du libellétrappeuse, לוכדת Modifier

Histoire

Les trappeurs sont solitaires ou vivent avec leurs familles Ă  l'Ă©cart des villes dans la nature.
Avant l'apparition des routes, le canoë, était avec le cheval le moyen de transport le plus utilisé par les « voyageurs » (Charles Deas, vers 1845).
Trappeur canadien (dessin de Delort).
Trappeurs naviguant sur le Missouri.

Étymologie

Le mot « trappeur Â» est apparu en français au XIXe siècle, d'après l'anglais amĂ©ricain « trapper », d'abord traduit par « piĂ©geur »[1]. Le terme anglais dĂ©rive toutefois du français « trappe » qui, selon le LittrĂ©[2] peut dĂ©signer le piège formĂ© par une « pièce de fer s'engageant dans les dents du cric des berlines » ou encore celui « formĂ© d'un trou pratiquĂ© en terre et recouvert de branchages, ou d'une bascule ».

En moyen français, « trappe » ou « trape » (1175[3]) dĂ©signe dĂ©jĂ  une embĂ»che, un piège[4](1530), ou de « trapel Â»[1] - [5] (1500). Le dĂ©rivĂ© « trapper » (Larousse, 1876), « chasser comme le font les trappeurs » depuis l'anglais to trap n'a pas fait florès, mais on peut noter[6] le retour en français du Canada du terme « trapper », issu du moyen français, et ayant survĂ©cu Ă  travers les dialectes, avec le sens de « faire le trappeur » (le sens originel Ă©tait « prendre un animal ou quelqu'un par ruse »).

Historique

Les premiers comptoirs et postes de traite organisĂ©s datent du dĂ©but du XVIIe siècle au QuĂ©bec. Ils Ă©taient français, puis hollandais sur le bassin de l'Hudson dans l'État de New York et Ă  partir de 1614 Ă  Manhattan. Les marchands achetaient les peaux aux trappeurs blancs, mais aussi en Ă©changeaient Ă  des indiens contre des outils, armes, alcool et objets divers. En 300 ans, plusieurs centaines de postes de traite ont rĂ©coltĂ© des dizaines de millions de peaux, jusque dans les zones les plus reculĂ©es et giboyeuses. Pour les seules annĂ©es 1820-1860, on estime que 2 000 Ă  3 000 trappeurs chassaient dans les Rocheuses.

Cette activité a été décrite dans de nombreux romans d'aventure relatant la vie de personnages de fiction ou ayant existé, tels que Davy Crockett, mais le métier est de moins en moins pratiqué.

Face au recul de certaines espèces (disparition dans certaines zones) et face à la demande sociale, à la fin du XXe siècle, la réglementation de la trappe a été renforcée, nécessitant au Canada deux jours de cours et le certificat de trappeur, puis un apprentissage avec un trappeur professionnel avant d’avoir le droit à une « ligne de trappe » (concession de terres publiques et/située en zone de Parc donnant droit à un trappeur de piéger et vendre les fourrures issues des animaux dépecés). Le piégeage sur terrain privé nécessite un permis de chasse, de respecter la loi et les dates de chasse et le type de pièges (le permis de chasse ne donne pas le droit de trapper).

Activité

La trappe

Au mois de novembre, quand les animaux à fourrure prennent leur plus beau poil, les trappeurs tendaient leurs pièges, équipés de traîneaux et de raquettes pour se déplacer dans la neige. En fin d’hiver, en mars/avril, ils allaient vendre ou échanger les produits de leur saison de trappe dans les comptoirs et postes commerciaux. Les trappeurs ont ainsi fait disparaître le castor de plusieurs régions d’Amérique du Nord. Puis ils ont eu à faire face à la concurrence des élevages de renards, rats musqués, et mustélidés en Amérique du Nord, mais aussi en Europe.

Les peaux Ă©taient vendues selon le cours du moment et selon leur qualitĂ©. Vers 1920, les peaux d’une saison de trappe pouvaient encore rapporter jusqu’à 500 dollars, bien que la moyenne soit plutĂ´t de 200 dollars[7].

De nos jours

La réglementation varie selon les pays et implique dans tous les cas un permis de piégeage et le respect de certaines conditions. Au Québec il faut au préalable aussi avoir réussi son cours de piégeur, Pour pratiquer la trappe, il faut posséder un permis de chasse (pour le petit gibier pour piéger de petits mammifères) et aussi avoir la mention P sur son certificat de chasseur. Le piégeage peut être réglementé selon la saison, la région, le pays ou l'évolution du statut de protection (ou de "déprédateur") des espèces (ex : au Québec, les animaux à fourrure sont notamment : le castor, la martre, le raton laveur, l'ours, l'hermine, le coyote, le loup, le renard, le rat musqué, le lynx roux, la loutre, l'écureuil... sans oublier la moufette et le vison. Le colletage est toujours pratiqué au Québec comme activité de chasse. Il vise notamment le lièvre via la pose de collet en laiton. La fourrure, passée de mode, voire mal vue par le grand public, n'est généralement pas récoltée ; le piégeage est alors pratiqué pour la viande de ce petit mammifère. Le lièvre n'est pas considéré comme un animal à fourrure, donc pas besoin de permis de piégeur mais il faut avoir un permis de colletage.

Les trappeurs sont typiquement nord-américains, disséminés dans l'ensemble des États des États-Unis, par exemple, en Alaska, dans le Montana, ou encore en Caroline du Nord et au Canada.

En 2019, la Californie est le premier État au monde Ă  interdire la trappe, alors qu'elle fut Ă  l'Ă©poque des pionniers l'une des principales sources de revenus, (avant la ruĂ©e vers l'or). Cette activitĂ© Ă©tait en dĂ©clin chronique depuis des dĂ©cennies, au point de coĂ»ter Ă  l'État plus qu'elle ne rapporte pour financer son encadrement : les 68 trappeurs encore prĂ©sents en 2017 (presque 75 fois moins nombreux que les 5 000 trappeurs dĂ©clarĂ©s vers 1919), n'ont pas gĂ©nĂ©rĂ© de bĂ©nĂ©fices suffisants pour financer le travail de surveillance/rĂ©gulation de l'Office de la pĂŞche et de la faune sauvage, ce que la lĂ©gislation impose ; selon le dĂ©partement de la pĂŞche et de la faune de la Californie : pour 1 568 mammifères d'une dizaine d'espèces officiellement piĂ©gĂ©s en 2017 (renards gris, coyotes, castors, blaireaux notamment), seuls 1 241 ont Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©s vendus pour un revenu total estimĂ© Ă  moins de 9 000 dollars, ce qui ne financerait pas mĂŞme « une fraction des coĂ»ts d'un seul garde-chasse »)[8]. Notant que continuer Ă  encadrer cette activitĂ© serait une manière dĂ©guisĂ©e de la « subventionner Â», ce qui n'a Ă©tĂ© reconnu justifiĂ© d'intĂ©rĂŞt public que pour les espèces dĂ©prĂ©datrices, l'assemblĂ©e de Californie via une nouvelle loi (sur la protection de la faune sauvage, datĂ©e du ) interdit cette activitĂ©. La California Fish and Game Commission avait dĂ©jĂ  votĂ© 3 voix contre 2 pour interdire le piĂ©geage commercial du lynx roux dans tout l'État (qui abrite sa sous-espèce Lynx rufus fasciatus). Cette fois c'est l'ensemble des espèces (non classĂ©es dĂ©prĂ©datrices) qui est concernĂ©. Cette loi interdit sur tout le territoire (public ou privĂ©) toute utilisation de pièges de trappeurs destinĂ© au piĂ©geage d'animaux, hormis si ceux-ci sont classĂ©s dĂ©prĂ©dateurs nuisant aux activitĂ©s agricoles ou domestiques (rats, taupes, etc.)[8]. Selon Judie Mancuso (fondatrice et prĂ©sidente de l'ONG Social Compassion in Legislation[9]), qui a soutenu le projet de loi, « La signature de ce projet de loi est le rĂ©sultat de donnĂ©es convaincantes et d'un revirement de l'opinion publique concernant la cruautĂ© envers les animaux ».

L'interdiction concerne tant les usages commerciaux que récréatifs et une interdiction de vente des fourrures dans l’État serait à l'étude[10]. La Californie est ainsi le premier État à interdire le piégeage des fourrures[8].

Il s'agit aussi pour les Ă©lus :

  • de limiter des pratiques cruelles (longues agonies dans les pièges, et mise Ă  mort violentes par asphyxie ou coups pour ne pas abimer les fourrures) et le braconnage (selon le Los Angeles Times, cette loi fait suite Ă  la dĂ©couverte en 2013 d'un piège Ă  lynx roux illĂ©galement installĂ© et camouflĂ© près du Parc national de Joshua Tree [720 000 acres oĂą les grands fĂ©lins sont considĂ©rĂ©s comme espèces-clĂ© pour l’écosystème et les habitats protĂ©gĂ©s par le Parc][8]. cette dĂ©couverte a entrainĂ© une enquĂŞte et des plaintes qui ont rĂ©vĂ©lĂ© que « piĂ©ger, tuer et Ă©corcher des lynx roux pour approvisionner les marchĂ©s de la fourrure en Chine, en Russie et en Grèce » Ă©tait une pratique cachĂ©e dans cet Etat[8].
  • de permettre un retour Ă  une faune plus Ă©quilibrĂ©e, car la trappe a en Californie jouĂ© un rĂ´le important dans la disparition du loup et du carcajou ainsi que dans le « dĂ©clin sĂ©vère des loutres de mer, Martre de Pennant, autres mustĂ©lidĂ©s, castors et autres espèces Ă  fourrure »[8].

Les trappeurs dans la culture

Trappeurs célèbres

Au cinéma

Dans les jeux Vidéo

  • Dans le jeu vidĂ©o Red Dead Redemption 2 Ă©ditĂ© par rockstar games, le trappeur est un commerçant rencontrĂ© dans les Ă©tendues sauvages avec qui le joueur peut faire commerce de fourrures. Le trappeur peut Ă©galement confectionner des vĂŞtements grâce aux parties d'animaux rĂ©coltĂ©es par le joueur.

Notes et références

  1. Analyse et traitement informatique de la langue française, TrĂ©sor de la langue française informatisĂ©, depuis et . Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article : « trappeur ».
  2. Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, (œuvre écrite), , [lire en ligne].
  3. Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française, (dictionnaire étymologique), Dictionnaires Le Robert, Paris, .
  4. Frédéric Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, Paris, (BNF 32174314, lire sur Wikisource, lire en ligne), « trape ».
  5. Frédéric Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, Paris, (BNF 32174314, lire sur Wikisource, lire en ligne), « trapel ».
  6. Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française, (dictionnaire étymologique), Dictionnaires Le Robert, Paris, .
  7. L’Encyclopédie de la jeunesse, tome 6, Société Grolier, édition de 1923, Montréal, pp. 2038-2040.
  8. Louis Sahagun & Phil Willon (2019) [ https://www.latimes.com/california/story/2019-09-04/fur-trapping-ban-california-law California becomes first state to ban fur trapping after Gov. Newsom signs law ] | article du Los Angeles Times |publié le 04 septembre
  9. [https://www.socialcompassioninlegislation.org/campaigns
  10. Science et Avenir et AFP (2019) Les trappeurs sont officiellement hors-la-loi en Californie, brève publiée le 05.09.2019

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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