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Compétition (biologie)


Dans le domaine de la biologie, la relation de compĂ©tition est une interaction caractĂ©risĂ©e par la rivalitĂ© entre les espĂšces vivantes pour l'accĂšs aux ressources limitĂ©es du milieu. Elle fait partie de facteurs biotiques et donc des relations entre les ĂȘtres-vivants. Elle peut ĂȘtre interspĂ©cifique (entre membres d'espĂšces diffĂ©rentes) ou intraspĂ©cifique (entre membres de la mĂȘme espĂšce).

La compĂ©tition en Ă©cologie et biologie, est la « rivalitĂ© » entre espĂšces vivantes pour l'accĂšs aux ressources du milieu. En rĂ©alitĂ©, cette « compĂ©tition » met souvent en jeu des associations d'organismes, d'espĂšces ou des guildes entiĂšres, ainsi que des phĂ©nomĂšnes complexes de bioconstruction, de symbioses, mutualisme, etc., avec des espĂšces pionniĂšres, des espĂšces fondatrices capables d'augmenter la capacitĂ© d'accueil d'un milieu. Des systĂšmes de rĂ©gulation par auto-inhibition ou prĂ©dation (par exemple : relation prĂ©dateur-proie) de la compĂ©tition rendent la coexistence de nombreuses espĂšces possibles[1], mĂȘme dans les milieux trĂšs pauvres (oligotrophes) qui sont d'ailleurs souvent les plus riches en biodiversitĂ©.

La compétition par exploitation

La compĂ©tition par exploitation est la forme de compĂ©tition la plus rĂ©pandue et rĂ©sulte d'interactions indirectes entre compĂ©titeurs (Ă  l’échelle intraspĂ©cifique, c’est-Ă -dire au sein d’une mĂȘme espĂšce ou Ă  l’échelle interspĂ©cifique, c’est-Ă -dire entre espĂšces diffĂ©rentes). Elle Ă©merge lorsque deux entitĂ©s ou plus dĂ©pendent de l’utilisation de la mĂȘme ressource, rĂ©duisant ainsi la disponibilitĂ© de celle-ci pour chacun des compĂ©titeurs, sans qu’il y ait une interaction directe entre eux (voir compĂ©tition par interfĂ©rence).

Certains auteurs dĂ©finissent des critĂšres prĂ©cis pour encadrer les situations oĂč la compĂ©tition par exploitation se produit [2], notamment dans le cas de la compĂ©tition interspĂ©cifique :

  • deux ou plusieurs espĂšces doivent partager une ressource ;
  • la survie et/ou la reproduction des espĂšces compĂ©titrices doit ĂȘtre limitĂ©e par la disponibilitĂ© de cette ressource ;
  • la prĂ©sence d’une espĂšce doit affecter nĂ©gativement l’acquisition des ressources par l’autre espĂšce ;
  • les mĂ©canismes d’interfĂ©rence et autres doivent ĂȘtre exclus.

En termes de compĂ©tition par exploitation, la compĂ©titivitĂ© peut ĂȘtre indexĂ©e sur la capacitĂ© d’une espĂšce Ă  acquĂ©rir et utiliser efficacement une ressource limitante, sa rĂ©sistance face Ă  une diminution de cette ressource, mais aussi par sa capacitĂ© Ă  rĂ©duire la disponibilitĂ© de la ressource pour ses voisins[3] - [4] Cette compĂ©titivitĂ© peut dĂ©pendre de divers facteurs selon les espĂšces et ressources considĂ©rĂ©es : densitĂ©, biomasse totale, taille de l’organisme. Ces facteurs peuvent influencer le rĂ©sultat de la compĂ©tition de façons diffĂ©rentes, bien que la taille ait gĂ©nĂ©ralement moins d’impact dans la compĂ©tition par exploitation que dans la compĂ©tition par interfĂ©rence[5].

La ressource faisant l’objet de la compĂ©tition par exploitation peut ĂȘtre variĂ©e : chez les plantes notamment, on retrouve la compĂ©tition pour les nutriments, mais aussi celle pour l’eau, l’espace en sous-sol et au-dessus de la terre, ainsi que pour la lumiĂšre. La compĂ©tition pour la lumiĂšre est particuliĂšre dans le sens oĂč elle est asymĂ©trique : les plantes les plus grandes rĂ©duisent la disponibilitĂ© en lumiĂšre pour les plantes les plus petites d’une quantitĂ© supĂ©rieure Ă  leur propre utilisation. Ceci explique pour certains auteurs la double rĂ©ponse des communautĂ©s de plantes Ă  un gradient en ressources croissant, Ă  savoir une diminution de la diversitĂ© en espĂšce et un dĂ©calage du type d’espĂšces allant de petites plantes Ă  croissance lente vers de grandes plantes Ă  croissance rapide [6].

Les impacts de la compĂ©tition par exploitation sont divers : fuite vers des niches Ă©cologiques moins occupĂ©es, effets nĂ©gatifs sur les paramĂštres dĂ©mographiques et physiologiques (survie ou taux de fĂ©conditĂ© en baisse) [7], diminution du taux de croissance corporelle [5], ou encore adaptations comportementales [8]. Dans certains cas, elle peut mener Ă  l’exclusion compĂ©titive[3], Ă  savoir la disparition de la population la moins compĂ©titive.

Dans le cas de la compĂ©tition par exploitation intraspĂ©cifique, un modĂšle adaptĂ© est celui de la densitĂ©-dĂ©pendance de premier ordre, Ă  savoir le modĂšle logistique, que dĂ©crit l’équation suivante :

dN / dt reprĂ©sentant la variation temporelle des effectifs N au cours du temps t, r est le taux de croissance intrinsĂšque de la population considĂ©rĂ©e, et K la capacitĂ© de charge du milieu occupĂ©. On dĂ©finit notamment K comme le nombre d’individus Ă  partir duquel une ressource limitante du milieu est surexploitĂ©e au point que la croissance de la population ne peut se maintenir. Ainsi, plus le nombre d’individus s’approche de K, plus la compĂ©tition pour l’exploitation de cette ressource limitante est forte, et plus les effets sur la fĂ©conditĂ© et la mortalitĂ© de chaque individu sont nĂ©fastes jusqu’à atteindre un Ă©quilibre Ă  N = K oĂč la population ne croĂźt plus. En effet, lorsque la population s’approche de la capacitĂ© de charge, la compĂ©tition impose un coĂ»t de plus en plus grand sur chaque individu. Ce coĂ»t dĂ©pend lĂ  encore de la situation et de la ressource considĂ©rĂ©e. Par exemple, chez certains primates dont les ressources alimentaires sont rĂ©parties en Ăźlots dispersĂ©s, un groupe de trop grande taille conduira Ă  une dĂ©plĂ©tion rapide des Ăźlots Ă  proximitĂ© et donc Ă  une augmentation du temps passĂ© Ă  se dĂ©placer vers les Ăźlots situĂ©s plus loin[9] - [10].

La compétition par exploitation est ainsi un processus clé régulant la dynamique des communautés et est considérée comme un des principaux mécanismes expliquant le succÚs de nombreuses espÚces invasives[4].

Il est donc important de trouver des solutions face aux espĂšces qui souffrent de la compĂ©tition par exploitation Ă  cause des espĂšces invasives. Dans certaines rĂ©gions, un retrait des espĂšces invasives est mis en place [3]. Il existe Ă©galement la possibilitĂ© de crĂ©er des zones d’espĂšces protĂ©gĂ©es, oĂč les espĂšces les plus affectĂ©es auront une quantitĂ© de ressources nĂ©cessaire et un habitat stable afin d’avoir une reproduction qui permet la continuitĂ© de l’espĂšce. De nos jours, les mesures prises sont nombreuses, mais les nouvelles solutions adoptĂ©es doivent intĂ©grer des stratĂ©gies prĂ©ventives, afin d’anticiper les processus de compĂ©tition, et d’éviter une perte de la biodiversitĂ©.

La compétition apparente

La compétition apparente est une compétition indirecte (comme la compétition par exploitation), qui a lieu par le biais d'un consommateur (prédateur ou parasite). Il y a compétition apparente entre deux populations (N1 et N2) quand l'augmentation de la densité en consommateur (P) due à la présence d'une premiÚre proie (N1) cause une diminution de la densité d'une seconde proie (N2). Dans ce cas la présence de N1 cause une diminution de N2 (il y a donc un effet de compétition), par le biais d'un prédateur (P)[11].

La compétition par interférence

La compĂ©tition par interfĂ©rence correspond Ă  une compĂ©tition intraspĂ©cifique ou interspĂ©cifique. Elle se caractĂ©rise par interaction directe (agressions, vols, territorialitĂ©) ou indirecte (bloquer l’accĂšs, empoisonnement) entre les individus pour une ressource limitante. Cette ressource peut ĂȘtre une source d’alimentation, un habitat ou un partenaire sexuel.

Les changements globaux sont des enjeux majeurs aujourd’hui et ont aussi un impact sur la compĂ©tition par interfĂ©rence. En effet, le changement climatique produit des grands flux de populations vers des habitats plus propices crĂ©ant des chevauchement d’habitats entre les populations. De plus, par les activitĂ©s anthropiques, on retrouve de plus en plus d’espĂšces invasives qui entrent en compĂ©tition par interfĂ©rence avec les espĂšces natives.

Ces nouveaux compĂ©titeurs peuvent surpasser les espĂšces natives en termes de compĂ©tition par interfĂ©rence pouvant mener Ă  l’exclusion compĂ©titive de ces espĂšces avec l’aide, notamment, d’effets Allee.

Généralités

La compĂ©tition par interfĂ©rence dĂ©pend de la densitĂ© de population, de l’ñge des organismes considĂ©rĂ©s, et des espĂšces elles-mĂȘmes[12]. Elle se caractĂ©rise par une diminution de la fitness des individus d’une population par l’action directe d’une autre population compĂ©titrice.

Un compĂ©titeur peut ĂȘtre reconnu de maniĂšre innĂ©e ou par apprentissage aprĂšs une premiĂšre rencontre. En compĂ©tition intraspĂ©cifique, la distinction entre un compĂ©titeur et un pair se fait par apprentissage par exemple, avec les chants d’oiseaux qui sont diffĂ©rents entre populations d’une mĂȘme espĂšce.

Comme toute stratĂ©gie, elle est soumise aux diffĂ©rents mĂ©canismes Ă©volutifs. L’évolution peut sĂ©lectionner l’incorporation du mĂȘme phĂ©notype que les compĂ©titeurs dominants (mimĂ©tisme). Ainsi, les espĂšces subordonnĂ©es subissent moins de compĂ©tition et ont accĂšs aux ressources. Certaines thĂ©ories Ă©voquent mĂȘme l’hypothĂšse que la compĂ©tition intraspĂ©cifique par interfĂ©rence aurait un lien avec l’évolution de certaines stratĂ©gies telles que la dĂ©fense de territoires ou la formation de harems (appropriation des ressources pour maximiser sa fitness).

Par exemple, elle est plus forte entre les carnivores et peut se manifester par du harcÚlement. Chez les organismes de plus petites tailles comme les bactéries, la compétition par interférence se fait par la sécrétion de toxine[13].

Les compétitions par interférence sont souvent illustrées entre des espÚces proches mais il existe des cas entre espÚces éloignées.

ModÚle mathématique

Il existe un modĂšle (dĂ©veloppĂ© par Priyanga Amarasekare) [14]permettant de calculer la dynamique d’une ressource (1) et de deux populations (2) et (3) de consommateurs de cette ressource. Dans ce modĂšle, les deux populations sont en compĂ©tition pour cette ressource et interagissent directement par interfĂ©rence mais Ă©galement indirectement par exploitation. Les deux types de compĂ©tition sont indissociables ici car elles ont le mĂȘme impact sur les dynamiques considĂ©rĂ©es.

Avec :

: Abondance de la ressource

: Croissance de la ressource

: Abondance du consommateur 1

: Abondance du consommateur 2

: RĂ©ponse fonctionnelle (consommation) du consommateur i

: Nombre de descendants produits par unité de ressource consommée

: Mortalité intrinsÚque de i, indépendante de la ressource ou de j

: Effet de l’interfĂ©rence et de l’exploitation de j sur i, par individu

: Coût ou bénéfice de i à exploiter et interférer avec j

Construction du modĂšle

reprĂ©sente la dynamique de la ressource R en absence de consommateur avec :  la croissance de cette ressource.

représente la dynamique de la population de consommateurs 1 sans compétiteur avec :

  • l'abondance du consommateur 1,
  • le nombre de descendants produits par unitĂ© de ressource consommĂ©e,
  • le taux de consommation de la ressource par la population 1 (rĂ©ponse fonctionnelle),
  • la mortalitĂ© intrinsĂšque de la population 1, indĂ©pendante de la ressource.

On ajoute à la dynamique (5) l'effet de l'arrivée d'une population compétitrice 2 qui a deux composantes :

  • L'effet de l'interfĂ©rence et de l'exploitation de la population 2 sur la dynamique de la population 1, par individu : toujours positif.
  • Le coĂ»t ou bĂ©nĂ©fice de la population 1 Ă  exploiter et interfĂ©rer avec la population 2, par individu : toujours positif.

On obtient alors :

On peut en déduire la dynamique de la population 2 :

Enfin, on soustrait l'impact des populations 1 et 2 sur la ressource Ă  partir de l'Ă©quation (4) :

Interprétation du modÚle

Dans le cas oĂč l’interaction apporte un bĂ©nĂ©fice Ă  une seule ou aux deux populations, on utilise « - » devant qui reprĂ©sente les bĂ©nĂ©fices apportĂ©s Ă  i par l’interaction qui sont rĂ©investis dans la reproduction.

Dans le cas oĂč l’interaction engendre un coĂ»t pour les deux populations (soit le sens classique de la compĂ©tition), on utilise « + » devant qui peut nous permettre d’interprĂ©ter en partie la dynamique :

  • Si = 1, le coĂ»t de l’interfĂ©rence pour i est Ă©gal Ă  l’impact de cette interfĂ©rence sur la dynamique de j.
  • Si < 1, le coĂ»t de l’interfĂ©rence pour i est infĂ©rieur Ă  l’impact de cette interfĂ©rence sur la dynamique de j.
  • Si > 1, le coĂ»t de l’interfĂ©rence pour i est supĂ©rieur Ă  l’impact de cette interfĂ©rence sur la dynamique de j.


En somme, P. Amarasekare dĂ©montre que, dans ce modĂšle, deux espĂšces en compĂ©tition par interfĂ©rence pour une mĂȘme ressource ne peuvent pas coexister dans le cas oĂč elle n’apporte que des coĂ»ts aux deux espĂšces. L’une des deux espĂšces va exclure l’autre de l’environnement. Les causes possibles Ă©tant :

  • Une dominance de l’espĂšce excluante.
  • Un effet de prioritĂ© (“priority effect”), oĂč l’espĂšce excluante a une abondance basale plus importante que l’espĂšce exclue.

En effet, le rĂ©sultat d’une compĂ©tition par interfĂ©rence dĂ©pend de la taille initiale des populations.


En considĂ©rant le cas d’un bĂ©nĂ©fice de l'interfĂ©rence pour l’une des deux espĂšces, la coexistence est possible si et seulement si l’espĂšce qui interfĂšre le moins est celle qui est meilleure en termes d’exploitation de la ressource.

Interférence directe

La compĂ©tition par interfĂ©rence directe correspond Ă  une compĂ©tition oĂč il y a mise en place de stratĂ©gies d’agressions, de vol ou d’appropriation de ressources. Il doit donc y avoir un contact social, un lien physique entre les 2 organismes[15]. Les interfĂ©rences directes sont souvent asymĂ©triques, c’est-Ă -dire qu’il y a des dominants qui affectent fortement les autres compĂ©titeurs et qui ont accĂšs Ă  la plus grande partie de la ressource et des subordonnĂ©s qui sont brimĂ©s par les dominants et ont accĂšs Ă  une faible part de la ressource. On retrouve plusieurs exemples d’interfĂ©rence directe.

Par exemple, l’espĂšce Colobus guereza est une espĂšce de singe qui s'organise en diffĂ©rents groupes. Chaque groupe occupe une zone vitale et des zones d’alimentation. Les combats ont donc lieu pour avoir accĂšs Ă  des ressources prĂ©sentes dans des zones de groupes diffĂ©rents ou pour les dĂ©fendre. Lorsque des groupes d’individus de la mĂȘme espĂšce combattent entre eux, c’est ce que l’on appelle la thĂ©orie BGC (Between-Group Competition)[16] avec 8 prĂ©dictions validĂ©es chez les C. guereza par Tara R. Harris. Chez cette espĂšce, il n’y a que les mĂąles qui prennent part au combat. Le groupe gagnant prend alors le territoire de l’autre et se nourrit des mĂȘmes ressources que le groupe perdant. Mais les guereza sont conscients des densitĂ©s des diffĂ©rents arbres prĂ©sents. Ils peuvent alors entrer en combat pour avoir accĂšs Ă  un seul arbre rare. Une hiĂ©rarchie entre les groupes se met en place oĂč les meilleurs compĂ©titeurs ont accĂšs Ă  plus de ressources et de meilleure qualitĂ© que les groupes subordonnĂ©s, ce qui entraĂźne un meilleur succĂšs reproductif et donc une meilleure fitness. En effet, les femelles appartenant aux groupes supĂ©rieurs ont donc accĂšs Ă  plus de nourriture et peuvent donc dĂ©penser plus d’énergie dans la reproduction. Les guereza sont des frugivores et sont donc en manque de nutriments comme le sodium que l’on peut trouver uniquement dans l'eucalyptus, qui ne se trouve que dans une zone limitĂ©e. À nouveau, on remarque la mise en place d’une hiĂ©rarchie entre groupes puisque les zones vitales des groupes supĂ©rieurs se trouvent Ă  une dizaine de mĂštres de cette zone alors que les groupes infĂ©rieurs parcourent une centaine de mĂštres tous les jours pour obtenir cette ressource.

La compĂ©tition par interfĂ©rence peut empĂȘcher la restauration locale d’une espĂšce en danger.

Elle agit directement sur les aires de reproduction dont l’accĂšs diminue pour l’espĂšce la moins compĂ©titive.

En effet, en SuĂšde, NorvĂšge et Finlande, les populations de renards polaires sont en danger d’extinction[17]. MalgrĂ© une protection active depuis plus de 90 ans, les populations ont eu beaucoup de difficultĂ© Ă  se restaurer. Par exemple, le renard roux a Ă©tendu son territoire au fil des annĂ©es en raison du rĂ©chauffement climatique, ainsi les renards roux et arctiques se partagent une partie de leur domaine vital. Les renards roux, plus compĂ©titifs que les renards polaires, accaparent les terriers de reproduction de meilleure qualitĂ© par des comportements agressifs et les renards polaires les Ă©vitent spatialement alors qu’ils les utilisaient traditionnellement (avant que les renards roux Ă©tendent leur territoire).

Les renards polaires utilisent deux fois plus les terriers de reproduction de bonne qualitĂ© en l’absence de renards roux dans le voisinage que lorsque ceux-ci sont Ă  proximitĂ© (c’est-Ă -dire Ă  une distance de six Ă  dix kilomĂštres). Cependant, certains renards polaires se reproduisent mĂȘme en prĂ©sence de renards roux Ă  proximitĂ© ce qui entraĂźne un comportement trĂšs agressif des renards roux par des morsures et mĂȘme meurtrier par l’attaque des petits.

La compĂ©tition par interfĂ©rence interspĂ©cifique se joue Ă  une Ă©chelle locale entre individus mĂȘme si ces mĂȘmes espĂšces peuvent coexister Ă  une Ă©chelle rĂ©gionale. Certaines espĂšces peuvent exclure l’espĂšce la moins compĂ©titive d’une partie de leur zone d’habitat oĂč ils se reproduisent et se nourrissent. Cela peut avoir un effet significatif sur la population si la zone de refuge est moins adĂ©quate que celle d’origine.

Par exemple, les terriers utilisĂ©s pour la reproduction des renards polaires ont des altitudes significativement plus hautes que ceux des renards roux. Ils utiliseraient donc des refuges de compĂ©tition pour Ă©viter la rencontre avec l’espĂšce la plus compĂ©titive. Or pour les renards polaires la disponibilitĂ© en ressources alimentaires est un facteur dĂ©terminant pour la reproduction et cette accessibilitĂ© est diminuĂ©e par le recul dans les hautes altitudes ce qui peut avoir un effet sur la restauration de la population.

Ces compĂ©titions interspĂ©cifiques sont de plus en plus nombreuses Ă  Ă©chelle globale avec l’introduction d’espĂšces invasives comme la fourmi d’Argentine Linepithema humile. Cette fourmi Ă  la particularitĂ© de ne pas faire de compĂ©tition intraspĂ©cifique ce qui permet une bonne croissance de la colonie[18]. La fourmi d’Argentine est trĂšs compĂ©titive, elle bloque et accapare l’accĂšs aux ressources alimentaires dĂ©jĂ  utilisĂ©es par une autre espĂšce et dĂ©place les espĂšces locales. Elle diminue la densitĂ© de population d’espĂšces natives au Japon, Ă  Hawaii, en Californie ou encore en Afrique du Sud grĂące Ă  la combinaison d’une grande densitĂ© d’ouvriĂšres, d’un recrutement rapide et d’un comportement interspĂ©cifique trĂšs agressif.

En prĂ©sence d’une ressource alimentaire, une colonie de fourmis d’Argentine est capable d’évincer presque entiĂšrement la colonie d’espĂšce locale en moins de vingt minutes. Le recrutement de congĂ©nĂšres chez la fourmi d’Argentine est jusqu’à 10 fois plus important que pour les espĂšces natives et la densitĂ© de fourmis d’espĂšces locales ayant accĂšs Ă  la ressource diminue fortement jusqu’à ĂȘtre quasiment nul.

Elle adopte alors un comportement agressif oĂč elle mord et tire la pĂąte de son adversaire. Principalement, elle combat en tendant son abdomen, attrapant et mordant son opposant ce qui peut ĂȘtre aussi accompagnĂ© de dĂ©fenses chimiques. Les combats sont gĂ©nĂ©ralement en un contre un, mais la fourmi d’Argentine peut recruter jusqu’à six individus pour attaquer simultanĂ©ment la mĂȘme fourmi native.

Pour les espĂšces locales des broussailles cĂŽtiĂšres d’Australie, les rĂ©ponses Ă  ces agressions varient : certaines sont trĂšs combatives comme Pheidole, d’autres telles que Iridomirmex bicknelli se dĂ©placent frĂ©nĂ©tiquement et se montrent agressives mais combattent moins frĂ©quemment que les autres espĂšces locales.

D’autre part, la fourmi d’Argentine est territoriale ce qui explique son caractĂšre invasif. En effet, pendant qu’un nombre d’individus de la colonie de fourmis d’Argentine accapare les ressources alimentaires, trĂšs souvent une autre partie cherche activement et rĂ©ussit Ă  pĂ©nĂ©trer le nid de l’espĂšce locale.

Comme pour l’exemple prĂ©cĂ©dent, d’autres espĂšces de fourmis comme Mytmecocystus mimicus et Pogonomyrmex entrent en compĂ©tition directe. Ici, Mytmecocystus mimicus vole la nourriture de Pogonomyrmex en l’attendant proche de leur nid, nommĂ© du cleptobiose[19]. Elles vont leur faire une inspection, si Pogonomyrmex porte des proies telles que des termites, alors Mytmecocystus mimicus va l’attaquer fĂ©rocement et voler la proie. L’inspection d’une fourmi Pogonomyrmex se fait souvent par deux ou trois Mytmecocystus.

Cette compétition semble étrange au départ car Mytmecocystus mimicus est plutÎt un prédateur et un charognard alors que Pogonomyrmex se nourrit essentiellement de végétaux.

Mais en rĂ©alitĂ© cette compĂ©tition est surtout prĂ©sente lors de la saison des pluies oĂč les corps des termites sortent de la terre et donc est plus simple de se nourrir de termites ou autres proies et leur procure plus d’énergie.

Interférence indirecte

La compĂ©tition par interfĂ©rence indirecte correspond Ă  une compĂ©tition oĂč il n’y a pas de contact physique. C’est-Ă -dire que cette compĂ©tition peut se faire en bloquant l’accĂšs Ă  la ressource ou bien par la sĂ©crĂ©tion de substances chimiques[20].

Un exemple de compĂ©tition par interfĂ©rence indirecte est celle entre 2 espĂšces de fourmis Pogonomyrmex barbatus et Novomessor cockerelli. Ces deux espĂšces de fourmis ont des niches Ă©cologiques qui se chevauchent et se battent pour la mĂȘme ressource, des graines[21]. Avant le lever du soleil, les fourmis A. cockerelli vont boucher l’entrĂ©e de certains nids des fourmis P. barbatus avec des petits cailloux. La consĂ©quence de cette obstruction est la diminution du temps de recherche de ressources pour P. barbatus, ce qui permet Ă  A. cockerelli d’obtenir plus de ressources.

De plus, ces interactions peuvent dĂ©pendre de l’ñge des nids et de leurs distances entre eux. En effet, les nids jeunes de P. barbatus sont plus susceptibles d’ĂȘtre bouchĂ©s lorsqu’ils se trouvent prĂšs des nids de A. cockerelli mais les nids d’ñge moyen sont plus susceptibles d’ĂȘtre bouchĂ©s lorsqu’ils sont Ă©loignĂ©es[22]. Un deuxiĂšme exemple de compĂ©tition par interfĂ©rence indirecte est la production de toxines dirigĂ©es contre d’autres cellules, chez les microorganismes tels que Pseudomonas aeruginosa et Escherichia coli. La compĂ©tition intervient lors de la prĂ©sence de gĂ©notypes Ă©trangers. Elle va affecter la survie ou la reproduction d’une autre bactĂ©rie. On observe les effets de cette compĂ©tition par diffĂ©rentes rĂ©ponses de stress de la cellule. Ces rĂ©ponses ont pour but de la protĂ©ger. On va observer les rĂ©ponses de stress Ă  la suite de dĂ©gĂąts touchant l’enveloppe bactĂ©rienne ou l’ADN directement. En effet, elle influence la sĂ©lection naturelle, chez les bactĂ©ries, avec la sĂ©crĂ©tion de toxines spĂ©cifiques ou de molĂ©cules bĂ©nĂ©fiques par exemple. Il est alors prouvĂ© que les toxines sont Ă  l’origine de la coĂ©volution des mesures dĂ©fensives. Enfin, la compĂ©tition a un effet important sur l’évolution des rĂ©seaux de rĂ©gulation des bactĂ©ries.

Références

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