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Roundup

Roundup est le nom commercial d'un herbicide produit par la compagnie amĂ©ricaine Monsanto[1] et commercialisĂ© depuis 1975, utilisĂ© en Ă©pandage ou en pulvĂ©risateur manuel. Cet herbicide non sĂ©lectif, d'oĂč le qualificatif d’« herbicide total », avait pour substance active (herbicide) le glyphosate, associĂ©e Ă  un surfactant. C'est un produit toxique[2], irritant et Ă©cotoxique[3] et selon le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) cancĂ©rogĂšne probable[4], mais pas selon les autres agences sanitaires internationales qui se sont prononcĂ©es[5] - [6].

Son usage massif par les agriculteurs depuis la fin des années 1990 (c'était alors l'herbicide le plus vendu au monde) a conduit à l'apparition de mauvaises herbes résistantes au glyphosate[7].

En France, une loi interdisant la vente libre de glyphosate aux particuliers a été adoptée le [8]. La commercialisation de la marque se poursuit pour les non-professionnels sous le nom Roundup mais sa formule est désormais sans glyphosate[9].

La marque Roundup a été rachetée par le groupe Bayer en 2018 mais elle est exploitée sous licence pour le marché des particuliers par la société Evergreen Garden Care[10] - [11] - [12].

Utilisation

Le Roundup est un herbicide systĂ©mique non sĂ©lectif ; son caractĂšre systĂ©mique fait que, lors d'une pulvĂ©risation, le glyphosate est efficace mĂȘme si la pulvĂ©risation n’a atteint qu’une partie de sa cible (la plante).

Ce produit peut ĂȘtre utilisĂ© associĂ© Ă  des cultures gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ©es (OGM) pour y rĂ©sister, comme le soja « Roundup Ready ».

Sur des grandes surfaces de culture, dans les pays et lieux oĂč cela est autorisĂ©, il peut ĂȘtre diffusĂ© par Ă©pandage aĂ©rien.

Il est aussi couramment utilisé comme désherbant domestique et urbain.

Modalité d'action sur la plante

GrĂące au surfactant qui lui est associĂ© dans la formulation commerciale, le glyphosate, sa substance active, pĂ©nĂštre Ă  travers les organes aĂ©riens de la plante, mĂȘme quand celle-ci est protĂ©gĂ©e par une cuticule cireuse.

En effet, les surfactants sont utilisés dans les formulations de lessive pour le dégraissage. La cuticule cireuse est quant à elle composée de dépÎts successifs de cire enrobée dans une couche d'acides gras hydrophobes dont un des rÎles physiologiques principaux est lié à sa nature hydrophobe. Attaqués par les surfactants, les acides gras et les cires n'assurent plus la protection et laissent passer le principe actif dans la sÚve.

VĂ©hiculĂ© par la sĂšve, il migre de son point de pĂ©nĂ©tration jusqu’aux points de croissance (apex, mĂ©ristĂšmes) et Ă  travers toute la plante (tige, feuilles, racines) jusqu'aux cellules.

Au niveau de la membrane cellulaire (bicouche phospholipidique) qui protĂšge la cellule, les surfactants peuvent de nouveau exercer leur action de dĂ©graissage et permettre la pĂ©nĂ©tration des actifs au cƓur de la cellule. C'est le principe utilisĂ© par les collĂ©giens qui, prĂ©levant des cellules Ă©pithĂ©liales extraient l'ADN en dissolvant les parois cellulaires dans du liquide vaisselle.

Le glyphosate bloque alors la synthÚse des acides aminés aromatiques au niveau de tous les organes de réserve (feuille, rhizome, bulbe)[13].

ÉcotoxicitĂ©

Elle est principalement liĂ©e Ă  la toxicitĂ© directe du produit pour les plantes et les algues, mais le surfactant pourrait aussi ĂȘtre un facteur d'Ă©cotoxicitĂ©[2].

Des Ă©tudes notamment au Canada, montrent une augmentation de la concentration des sols en phosphore[14].

Pour les algues le problÚme est complexe puisque certaines algues ont aussi développé des résistances au Glyphosate (ibidem).

En France, des Ă©tudes montrent la prĂ©sence de Glyphosate dans de nombreux cours d'eau (plus de 40% des cours d'eau pour une Ă©tude publiĂ©e par GĂ©nĂ©ration Futures en 2019[15]). Il y a nĂ©anmoins une incertitude sur les Ă©lĂ©ments mesurĂ©s, des syndicats d'agriculteurs pointant trois sources possibles aux AMPA. D'autres Ă©tudes montrent enfin la prĂ©sence non nĂ©gligeable de traces dans les cheveux de personnalitĂ©s du monde Ă©cologique[16] : la prĂ©sence du glyphosate dans la vie quotidienne est telle que mĂȘme leur mode de vie ne suffit pas Ă  les en tenir Ă  l'abri, ce qui pourrait remettre en cause l'Ă©valuation de la prĂ©sence et de la rĂ©manence du produit sur le territoire.

Toxicité

Le problĂšme est triple, du principe actif, des adjuvants et de la synergie des deux (voir ci-dessus).

Les adjuvants (surfactants) en eux-mĂȘmes sont actifs contre la paroi cellulaire et donc nocifs une fois passĂ©es les premiĂšres barriĂšres (Ă©piderme). Ils sont ajoutĂ©s Ă  la formulation car ils permettent l'entrĂ©e du principe actif, comme pour la plante, principe qui peut alors exprimer sa toxicitĂ©. Ils agissent sur la membrane lipidique comme pour une extraction d'ADN[17].

En termes de toxicité aiguë, le glyphosate seul est réputé trÚs peu actif pour les animaux à sang chaud ; cependant ajouté aux additifs et au surfactant qui composent le Roundup, il forme un produit irritant, écotoxique et toxique[2]. Mais cette affirmation de faible toxicité du glyphosate seul est contredite par des travaux scientifiques plus récents comme indiqué ci-dessous.

Outre des additifs dits « mineurs » tels que colorant, agents de texture (antimousse, silicone) dont la toxicité est a priori négligeable, les formulations commerciales de concentrés à base de glyphosate (dont fait partie le Roundup) associent deux substances principales qui agissent synergiquement :

  1. la substance active qu'est le glyphosate ; elle constitue environ 41 % du Roundup dans ses formulations historiquement typiques[2]. Le glyphosate est un inhibiteur de l'enzyme Ă©nolpyruvate-shikimate-3-phosphate-synthase (EPSPS, qui est responsable de la synthĂšse des acides aminĂ©s aromatiques vitaux chez les plantes et certains organismes dits infĂ©rieurs, mais non chez les animaux). AbsorbĂ© isolĂ©ment, le Glyphosate est considĂ©rĂ© comme trĂšs peu toxique pour les mammifĂšres (DL 50> 5 000 mg/kg chez les rongeurs, soit lĂ©gĂšrement plus que le sel)[2]. Le glyphosate a mĂȘme Ă©tĂ© testĂ© (administrĂ© par voie intraveineuse) chez l'Homme comme un agent anti-fongique, sans toxicitĂ© apparente[2]. Ces affirmations sont contestĂ©es dans les donnĂ©es toxicologiques listĂ©es plus bas.
  2. un surfactant (tensioactif éthoxylé dit POEA (polyoxyéthylÚne amine)), à raison de 10 à 20 % du mélange, qui serait responsable des effets toxiques observés des préparations au glyphosate[2] - [18] ;

S'y ajoutent d'éventuelles traces de contaminants liés au processus de fabrication ou de produits de dégradation tels que l'AMPA (produit de dégradation du glyphosate, mais aussi des lessives, ce qui rend difficile l'estimation de sa responsabilité) ou l'isopropylamine.

La proportion de ces substances peut varier suivant les formulations commerciales[2].

Données toxicologiques

Le Roundup est un toxique probable pour l'Homme[4] - [19]. Les formulations commerciales sont connues pour provoquer des symptÎmes graves (« défaillance multiviscérale avec collapsus cardiovasculaire rebelle ») en cas d'ingestion intentionnelle (lors de tentatives de suicide par exemple), supposément en raison de la toxicité du surfactant ou d'une synergie avec ce produit[2].

En outre, certains auteurs ont estimé que le glyphosate ou le surfactant peuvent aussi entraver la fonction mitochondriale[2].

En 2001, sur la base de l'inhibition de la stéroïdogénÚse chez des cellules de Sertoli en culture exposées au Roundup, une étude a suggéré que le glyphosate soit aussi un « perturbateur endocrinien ». Il semble mimer les effets d'un anti-androgÚne, en affectant la protéine StAR ainsi que l'expression et l'activité d'un enzyme important (l'aromatase).

Une autre étude (postérieure) a montré une cytotoxicité directe induite par l'agent tensio-actif, effet par ailleurs depuis démontré, avec une grande variété d'autres molécules tensioactives. On trouve d'ailleurs dans la littérature toxicologique des rapports de cas occasionnels d'ingestion de tensioactif (dont shampooings et produits nettoyants) ayant produit un tableau clinique semblable à ceux observés en cas d'absorption orale de formulations commerciales du glyphosate[2]. Ces produits contenant souvent une petite quantité de biocides (agents conservateurs ou désinfectants), il reste difficile de préciser les réactions de causes à effet et de garantir qu'il n'y a pas eu d'éventuelles synergies entre le surfactant et le biocide.

De plus, Goldstein et al soulignent[2] que de nombreux herbicides, en particulier ceux n'ayant pas de cible spĂ©cifique chez les mammifĂšres, prĂ©sentent nĂ©anmoins une trĂšs faible toxicitĂ© (intrinsĂšque) pour les mammifĂšres ; et ils montrent aussi une « toxicitĂ© importante lors d'ingestion de prĂ©parations commerciales ». Quelques donnĂ©es suggĂšrent que - malgrĂ© leurs poids molĂ©culaire Ă©levĂ© (qui empĂȘche un passage transcutanĂ©), de nombreux tensioactifs prĂ©sentent une biodisponibilitĂ© qui devient considĂ©rable quand ils sont absorbĂ©s par voie orale[2]. La toxicitĂ© de formulations commerciales du glyphosate pourrait rĂ©sulter d'une phosphorylation oxydative mitochondriale induite ou permise par le tensioactif ; effet qui a Ă©tĂ© observĂ© avec plusieurs types de tensioactifs[2].

Plus rĂ©cemment (2007), une Ă©tude conduite par des vĂ©tĂ©rinaires et physiologistes de l'universitĂ© de l'Illinois et de l'universitĂ© d'État du Minas Gerais (BrĂ©sil)[20] montre qu'il a des effets nĂ©fastes sur la reproduction animale en affectant Ă  la fois la synthĂšse des androgĂšnes et des ƓstrogĂšnes. Cette hypothĂšse a Ă©tĂ© testĂ©e en Ă©tudiant les effets in vivo du Roundup sur les testicules et l'Ă©pididyme du canard Colvert (Anas platyrhynchos)[20]. L'exposition des canards mĂąles Ă  l'herbicide a entraĂźnĂ© des modifications dans la structure du testicule et dans la rĂ©gion de l'Ă©pididyme[20]. Elle a aussi modifiĂ© les taux sĂ©riques de testostĂ©rone et d'estradiol, avec des changements observĂ©s (limitĂ©s au testicule) dans l'expression des rĂ©cepteurs aux androgĂšnes[20].

Les effets néfastes les plus visibles concernaient les canaux efférents (canalicules efférents proximaux) et les conduits de l'épididyme, ce qui suggÚre une plus grande sensibilité de ces deux zones au sein des organes génitaux masculins. De plus, les effets étaient généralement dose-dépendants[20]. Les auteurs en ont conclu que le Roundup « peut causer des troubles dans la morphophysiologie de l'appareil génital masculin chez l'animal ».[20]

En 2007 également, une étude de l'université de Caen[21], publiée dans Chemical Research in Toxicology fin , met en évidence l'impact de diverses formulations et constituants de cet herbicide sur des lignées cellulaires humaines (cellules néonatales issues de sang de cordon, des cellules placentaires et de rein d'embryon).

Les auteurs signalent diverses atteintes de ces cellules humaines (nĂ©crose, asphyxie, dĂ©gradation de l'ADN, etc.), induites soit par le glyphosate, soit par un produit de sa dĂ©gradation (AMPA), soit par un adjuvant (POEA) qui facilite son incorporation par les plantes cibles, soit par des formulations commerciales de l'herbicide[22] - [23]. Cette Ă©tude a Ă©tĂ© critiquĂ©e par l'AFSSA notamment pour des raisons mĂ©thodologiques et pour l'interprĂ©tation des rĂ©sultats fin . L'agence estime que « les auteurs [de l'Ă©tude] sur-interprĂštent leurs rĂ©sultats en matiĂšre de consĂ©quences sanitaires potentielles pour l’homme, notamment fondĂ©es sur une extrapolation in vitro-in vivo non Ă©tayĂ©e »[24].

Une étude de 2015 montre que l'analyse du transcriptome reflÚte les dommages hépatiques et rénaux sur des rats exposés de façon chronique à une dose trÚs faible de Roundup (le transcriptome étant l'ensemble des transcrits des cellules d'un organisme , d'un tissu ou d'un organe (ici foie, rein), les transcrits étant les molécules intermédiaires entre les gÚnes et les protéines)[25].

Glyphosate

L'Agence amĂ©ricaine de protection de l’environnement dĂ©taille les effets nocifs sur la santĂ© que pourrait provoquer l’exposition Ă  de fortes doses de cette substance : « Congestion des poumons, accĂ©lĂ©ration du rythme de la respiration » Ă  court terme, « endommagement des reins, effets sur la reproduction » Ă  long terme[26]. Le glyphosate et certains de ses mĂ©tabolites secondaires (AMPA), se retrouvent dans les eaux de certaines rĂ©gions françaises (55 % des nappes superficielles et 2,7 % des nappes souterraines)[27] - [28] - [note 1].

Le , le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a publiĂ© une monographie[29] classant le glyphosate parmi les « cancĂ©rogĂšnes probables ou possibles » pour l’Homme (prĂ©cisĂ©ment dans le Groupe 2A des cancĂ©rogĂšnes probables, de la classification du CIRC[30] ; le Groupe 2B contient les cancĂ©rogĂšnes possibles, le Groupe 1 les cancĂ©rogĂšnes avĂ©rĂ©s). Cette classification repose sur des indications limitĂ©es de cancĂ©rogĂ©nicitĂ© chez l’homme et des indications suffisantes de cancĂ©rogĂ©nicitĂ© chez l’animal de laboratoire. L’évaluation des risques a Ă©tĂ© faite Ă  partir d’études sur les expositions agricoles menĂ©es aux États-Unis, au Canada et en SuĂšde.

Une vaste étude prospective au financement public publiée en 2017 ne révÚle aucune association entre le glyphosate et les cancers[31].

Une étude récente de chercheurs de l'université du Texas à Austin publiée dans la derniÚre édition de la revue Proceedings of the National Academy of Sciences(PNAS) montre que le glyphosate peut augmenter la mortalité des abeilles (Apis mellifera) en agissant sur leur flore intestinale [32].

SuccĂšs commercial

Les spécialités commerciales « Roundup » ont été popularisées et sont largement utilisées en agriculture et dans les conflits armés en milieux forestiers.

Plan Colombie

Il est utilisĂ© en Colombie par le gouvernement, appuyĂ© par les États-Unis, dans le plan Colombie, officiellement pour dĂ©truire les champs de coca, mais dĂ©truit Ă©galement d'importantes portions de la forĂȘt amazonienne[33]. Il a Ă©tĂ© interdit par l'État colombien en 2015[34], puis de nouveau redĂ©marrĂ© en 2021, suite Ă  l'incitation par les prĂ©sidents amĂ©ricains, Donald Trump en 2020, puis Joe Biden, au dĂ©but de son mandat en 2021[35]. Ces fumigations de glyphosate touchent Ă©galement les petits paysans Ă©quatoriens frontaliers[36].

Roundup Ready

À partir de 1996, Monsanto a dĂ©veloppĂ© les cultures Roundup Ready dans lesquelles un gĂšne a Ă©tĂ© introduit, qui leur permet de rĂ©sister au Roundup, auquel elles doivent ĂȘtre associĂ©es. Beaucoup d'agriculteurs utilisent cette technique car elle est beaucoup plus simple pour le dĂ©sherbage des cultures concernĂ©es : maĂŻs, soja. L'attrait des paysans pour une culture prĂ©sentĂ©e comme exigeant moins d'Ă©pandage de produits phytosanitaires, donc plus rentable s'est rĂ©vĂ©lĂ©, selon certaines personnes[37], catastrophique : problĂšmes sanitaires, Ă©rosion et asphyxie des sols, maladies humaines et animales, monoculture, dĂ©pendance vis-Ă -vis de Monsanto, etc.

Cependant, certains problÚmes étaient déjà trÚs présents avant l'introduction du soja RR : la surface était déjà de 6M d'hectares (contre 15 aujourd'hui), la répartition était déjà inégale, la monoculture intensive, les traitements sans précaution exposaient déjà les travailleurs et les riverains à des doses massives de produits phytopharmaceutiques. De plus la dépendance à Monsanto est relative : la plupart des producteurs argentins achÚtent des semences de contrebande et Monsanto récupÚre peu de royalties en Argentine, à tel point qu'ils avaient réduit leur investissement en 2004, quand le marché noir représentait 60 % des semences vendues en Argentine[38]. Par ailleurs, le glyphosate est libre de droit, de nombreuses préparations concurrentes au Round Up sont disponibles sur le marché[39].

Le prix du Roundup a augmenté ces derniÚres années, il devrait rapporter 1,7 à 1,8 milliard de dollars à Monsanto en 2008[40]. L'entreprise semble avoir des problÚmes de capacité de production, et elle a aussi fait face à l'augmentation des cours du pétrole qui a globalement fait augmenter le coût des intrants, aussi bien des engrais que des produits de traitement.

Selon Le Canard enchaĂźnĂ©, l'autorisation de mise sur le marchĂ© français pourrait ĂȘtre entachĂ©e d'illĂ©galitĂ© faute d'avoir mentionnĂ© le POEA, un autre composant essentiel, augmentant la pĂ©nĂ©tration du pesticide dans les cellules de la plante[41]. Monsanto dĂ©clare ne pas utiliser cet adjuvant, qui n'est pas clairement dĂ©fini par Gilles-Éric SĂ©ralini[42] et rappelle au passage que seules les formulations commerciales sont homologuĂ©es. Le , le Mouvement pour les droits et le respect des gĂ©nĂ©rations futures et un agriculteur bio « demandent au ministĂšre de l'Agriculture le « retrait immĂ©diat » de deux herbicides Roundup (Monsanto), dĂ©nonçant une diffĂ©rence entre les produits testĂ©s et les formules dĂ©clarĂ©es dans le cadre des autorisations de mise sur le marchĂ©[43] ». Le rapport de l'AFSSA (voir section toxicitĂ©) considĂšre que l'effet du POEA n'est pas suffisant pour justifier un changement de lĂ©gislation.

En , dans une Ă©tude cosignĂ©e avec le CRIIGEN et publiĂ©e dans la revue Biomed Research International, Gilles-Éric SĂ©ralini affirme « que les produits tels qu’ils Ă©taient vendus aux jardiniers, aux agriculteurs, Ă©taient de 2 Ă  1000 fois plus toxiques que les principes actifs qui sont les seuls Ă  ĂȘtre testĂ©s in vivo Ă  moyen et long terme ». Selon lui, le Roundup serait le plus toxique des neuf pesticides testĂ©s[44].

Interdiction de la vente libre aux particuliers en France

Le , la ministre de l'écologie de France annonce qu'elle souhaite mettre en place une interdiction de la vente libre aux particuliers du Roundup dÚs le [45]. En , l'interdiction n'était pas réellement effective[46].

Au niveau de l'Union europĂ©enne, l’autorisation du glyphosate expirait en et aurait pu ne pas ĂȘtre renouvelĂ©e[47].

Le , aprĂšs vote des États membres, l'autorisation de mise sur le marchĂ© europĂ©en n'est dans un premier temps pas renouvelĂ©e. La proposition de la Commission EuropĂ©enne ne rassemble alors que 52 % des voix alors que 65 % Ă©taient nĂ©cessaires[48].

Le , l'autorisation de mise sur le marchĂ© europĂ©en est finalement renouvelĂ©e pour une pĂ©riode de 18 mois[49]. L’exĂ©cutif europĂ©en dit avoir Â« dĂ©cidĂ© de prolonger l’autorisation du glyphosate pour une pĂ©riode limitĂ©e, jusqu’à ce que l’Agence europĂ©enne des produits chimiques publie son avis, au plus tard Ă  la fin de 2017 ».

Le , le Roundup est finalement interdit à la vente aux particuliers[50]. Un produit appelé Roundup est de nouveau commercialisé, à l'intention des particuliers - mais ce produit ne contient plus de glyphosate.

Condamnations par la justice

voies de dégradation du glyphosate dans le sol

En , la sociĂ©tĂ© Monsanto fut condamnĂ©e par le tribunal correctionnel de Lyon pour publicitĂ© mensongĂšre relative au produit Roundup. Quelques annĂ©es auparavant, la firme avait dĂ©jĂ  fait l'objet d'une condamnation aux États-Unis pour le mĂȘme motif[51]. Depuis, il n'est plus possible pour Monsanto d'indiquer que le Roundup est un produit sans risque pour l'environnement. Le terme biodĂ©gradable sur l'Ă©tiquette des produits est fortement limitĂ© par le jugement amĂ©ricain. La condamnation a Ă©tĂ© confirmĂ©e en appel le et Monsanto a Ă©tĂ© condamnĂ©e Ă  verser une amende de 15 000 euros[52].

L'État de New York a jugĂ© que la mention biodĂ©gradable ne pouvait ĂȘtre utilisĂ©e sans preuve que ce processus soit effectuĂ© dans des dĂ©lais raisonnables (« a reasonably short period of time »)[51].

Le fait est que le glyphosate serait selon Monsanto rapidement dĂ©gradĂ©[53] (des bactĂ©ries du genre Pseudomonas pourraient dĂ©grader le glyphosate en glycine, en passant par un intermĂ©diaire, la sarcosine CH3NHCH2CO2−[54]), ses produits de dĂ©gradation dont l'AMPA s'accumulent en cas d'usage excessif dans les nappes phrĂ©atiques.

Le glyphosate est Ă©galement mis en cause dans l'apparition de la maladie cƓliaque, qui provoque l'intolĂ©rance au gluten[55].

Le , Monsanto a Ă©tĂ© condamnĂ© par le jury d'un tribunal de San Francisco aux États-Unis, Ă  payer prĂšs de 290 millions de dollars de dommages, car jugeant ne pas avoir assez informĂ© de la potentielle dangerositĂ© de son herbicide "Roundup", dont le tribunal a pris la dĂ©cision d'estimĂ© qu'elle pouvait ĂȘtre Ă  l'origine du cancer (lymphome non-hodgkinien) de Dewayne Johnson, un jardinier amĂ©ricain. La firme a annoncĂ© son intention de faire appel de cette dĂ©cision [56]. la Firme est de nouveau condamnĂ©e devant la cour d'appel de Californie[57] le . Toutefois, si la responsabilitĂ© de l'entreprise et du groupe Monsanto a Ă©tĂ© confirmĂ©e, le montant des sanctions a Ă©tĂ© rĂ©duit a 20,4 millions de dollars.

« Monsanto papers »

À l'occasion du procĂšs des documents provenant de la firme Monsanto ont Ă©tĂ© dĂ©classifiĂ©s et prouvent la dĂ©sinformation organisĂ©e autour du glyphosate. Le Monde publie "comment la puissante firme amĂ©ricaine a fait paraĂźtre des articles coĂ©crits par ses employĂ©s et signĂ©s par des scientifiques pour contrer les informations dĂ©nonçant la toxicitĂ© du glyphosate", notamment ceux Ă©crits par SĂ©ralini[58].

La Californie a décidé en 2017 que ce pesticide devait porter une étiquette le qualifiant de « cancérigÚne probable », reflétant les conclusions du Centre international de recherche sur le cancer de l'Organisation mondiale de la santé, présentées deux ans plus tÎt. Mais l'Agence de protection de l'environnement (EPA) a retoqué cette décision en , estimant qu'il est « irresponsable d'exiger la pose d'étiquettes inexactes sur des produits » [59].

Le consortium prĂ©sentĂ© par l'ANSES le pour l'Ă©tude en vue de la rĂ©homologation du Roundup en 2020 jette finalement l'Ă©ponge Ă  la suite de la mise au jour de conflits d'intĂ©rĂȘts non dĂ©clarĂ©s[60].

Apparition de végétaux résistants

L’utilisation intensive du Roundup par les agriculteurs amĂ©ricains a menĂ© Ă  l’apparition rapide d'une dizaine de nouvelles variĂ©tĂ©s d'adventices dont la Vergerette, l'Ambrosia trifida, l'amarante[61] (Amaranthus palmeri) et la Coca[62], rĂ©sistantes au glyphosate, et ce, par sĂ©lection naturelle, principalement sur le continent amĂ©ricain, condamnant paradoxalement ainsi d'importantes surfaces Ă  supporter ces seules plantes. On peut noter que ces plantes ont des propriĂ©tĂ©s mĂ©dicinales (voir articles) et que deux d'entre elles sont liĂ©es Ă  des problĂ©matiques liant peuples indigĂšnes, colonisation voir impĂ©rialisme et souverainetĂ© alimentaire (Coca, Amarante). On note aussi que la Vergerette du Canada a Ă©tĂ© amenĂ©e en Europe qu'elle a colonisĂ©e de façon significative comme nombre d'adventices contre lesquelles le Glyphosate a Ă©tĂ© crĂ©Ă©.

En milieu aquatique, des algues ont aussi développé des résistances (cf. ci-dessus).

Dans la culture

Voir aussi

Bibliographie

  • Charles M. Benbrook, Troubled times amid commercial success for roundup ready soybeans. Glyphosate efficacy is slipping and unstable transgene expression erodes plant defenses and yields, Northwest Science and Environmental Policy Center, Sandpoint (Idaho, USA), 2001.
  • Marie-Monique Robin, Le Roundup face Ă  ses juges, Paris/Issy-les-Moulineaux, La DĂ©couverte, , 277 p. (ISBN 978-2-7071-9739-9).
  • Melisa Cran, Carlos SuĂĄrez, Marion Daugeard, Nina Montes de Oca et Marie-NoĂ«lle CarrĂ©, « ReprĂ©senter les conflits environnementaux frontaliers en AmĂ©rique du Sud, enjeux d’un exercice cartographique », Confins [En ligne], no 15,‎ (DOI https://doi.org/10.4000/confins.7672, lire en ligne)

Filmographie

  • 2017 : Le Roundup face Ă  ses juges, documentaire diffusĂ© sur Arte[63]

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Le glyphosate seul oblige trĂšs rarement Ă  opĂ©rer des traitements de l'eau, mais l'addition des concentrations de diffĂ©rents produits phytopharmaceutiques, notamment d'herbicides interdits et trĂšs rĂ©manents, contraint Ă  un traitement de l'eau dans certains cas (si la concentration cumulĂ©e est supĂ©rieure Ă  0,5 ÎŒg/l).

Références

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  3. (fr) « Monsanto mis à l'amende pour son Roundup », Libération (journal), 27 janvier 2007.
  4. (fr) « Le déherbant Roundup classé cancérigÚne probable », Le Monde, 25 mars 2015.
  5. « Glyphosate : un échec médiatique - ChÚvre Pensante » (consulté le )
  6. « Le glyphosate est-il cancĂ©rogĂšne ? / Afis Science - Association française pour l’information scientifique », sur Afis Science - Association française pour l’information scientifique (consultĂ© le )
  7. (en) « Farmers Cope With Roundup-Resistant Weeds », The New York Times, 3 mai 2010.
  8. « Le glyphosate disparaßt des jardins, mais pas des champs », sur FIGARO, (consulté le )
  9. Roundup, page internet belge, société Evergreen Garden Care
  10. Consoglobe
  11. sos-litiges-58
  12. certification carbone neutre de la société en 2018/19
  13. ACME.
  14. Marie-Pier HĂ©bert, Vincent FugĂšre et Andrew Gonzalez, « Le glyphosate dĂ©verse son phosphore dans les cours d’eau », Ecological Society of America’s Frontiers in Ecology and the Environment,‎ (lire en ligne)
  15. « esticides-le-glyphosate-pollue-les-rivieres-francaises-demontre-une-etude-de-generations-futures »
  16. « test-cheveux-polluants-toxiques-enfants », sur https://www.marieclaire.fr
  17. ShinRa, « Tag: ADN | Sciences au collÚge Duhamel » (consulté le )
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  20. AndrĂ© G. Oliveira, Luiz F. Telles, Rex A. Hess, GermĂĄn A.B. Mahecha, Cleida A. Oliveira , Effects of the herbicide Roundup on the epididymal region of drakes Anas platyrhynchos ; Reproductive Toxicology Volume 23, Issue 2, February 2007, Pages 182–191 DOI:https://dx.doi.org/10.1016/j.reprotox.2006.11.004, (rĂ©sumĂ©).
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