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Gilles-Éric Séralini

Gilles-Éric Séralini, né le à Bône en Algérie, est un biologiste français, professeur de biologie moléculaire à l'université de Caen. Il a été cofondateur, administrateur et membre de l'association Criigen jusqu'en 2018.

Gilles-Éric Séralini
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Opposé à la culture de plantes génétiquement modifiées (OGM), il s'est fait notamment connaître du grand public pour ses études sur les OGM et les pesticides, et en particulier en 2012 pour une étude très médiatisée qui semblait démontrer l'effet toxique d'un OGM et du RoundUp sur des rats.

Biographie

Jeunesse

Gilles-Éric Séralini est né en Algérie en 1960[1] d'un père technicien dans les télécommunications et d'une mère institutrice. La famille s’installe à Thonon-les-Bains, puis à Nice où Gilles-Éric Séralini obtient son baccalauréat à 16 ans[2]. Il soutient sa thèse de doctorat en biochimie et biologie moléculaire à l'université de Montpellier-II en 1987.

Parallèlement, il écrit et publie ses poésies : Il n'est source que bonheur (ISBN-092085-919-4)[3], Ciel à brûler[4]en 1985, illustrées par Cyril de La Patellière tout en dirigeant une association littéraire niçoise initiée par Menica Rondelly : Art et poésie sur la Côte d'Azur. Dans ce cadre il préface également certains ouvrages d'art (Nice ou la Terre lumineuse de Cyril de La Patellière (ISBN 978-2-904853-01-2) ). Puis, en 2020, il fait paraître Nos maisons ont souvent un arbre dans le cœur aux éditions Muse (ISBN-978-620-2-29596-3).

Début d'une carrière de chercheur

Gilles-Éric Séralini effectue ensuite des recherches fondamentales dans deux laboratoires en Ontario puis au Québec pendant quatre ans[5]. Il devient professeur de biologie moléculaire à l'université de Caen en 1991 et s'attache à l'étude du système hormonal puis des effets des polluants sur la santé

Il deviendra ensuite chercheur à l'Institut de biologie fondamentale et appliquée (IBFA) de l'université de Caen et codirecteur du pôle Risque qualité et Environnement durable de la Maison de la recherche en sciences humaines[6] (pôle associé au CNRS).

Recherche sur les OGM

En 1997, Gilles-Éric Séralini commence à s'intéresser aux OGM et signe l'appel lancé par le botaniste Jean-Marie Pelt, qui demande, au nom du principe de précaution, un moratoire sur les cultures transgéniques, le temps d'en évaluer les risques[7].

Il est expert depuis 1998 pour le gouvernement français, l'Union européenne et plus récemment pour le Canada et l'Inde[8]. Il a ainsi été membre, de 1998 à 2007, de la Commission du génie biomoléculaire chargée d'évaluer les risques des OGM, au sein du ministère de l'Agriculture et du ministère de l'Environnement.

Il fonde en 1999, avec Corinne Lepage, le Comité de recherche et d'information indépendantes sur le génie génétique (Criigen), que rejoignent quelques chercheurs reconnus, tel Pierre-Henri Gouyon, professeur au Muséum national d'histoire naturelle[7]. Gilles-Éric Séralini est d'ailleurs resté président du conseil scientifique du Criigen jusqu'en 2018[9].

Il a été membre de la Commission Borloo-Lepage au Grenelle de l’environnement entre 2007 et 2008 afin de contribuer à une réforme réglementaire visant à réévaluer les biotechnologies au sein de l’Union européenne[10] - [11].

Il est principalement connu pour ses travaux sur la toxicité de l'herbicide Roundup sur des cellules en culture ainsi que sur celles des adjuvants dans les herbicides. Une de ses publications, très médiatisée, semblait démontrer en 2012 l'effet toxique d'un OGM et du RoundUp sur des rats captifs; cette publication a été plus tard contredite par un expérimentation plus rigoureuse[12].

Il a à de nombreuses reprises exprimé son opposition à l'utilisation des plantes génétiquement modifiées en agriculture[13].

Engagement politique

Le , lors d’un meeting des Verts à Caen, Gilles-Éric Séralini apporte son soutien à la candidature de Dominique Voynet pour la présidentielle de 2007[14].

En , Gilles-Éric Séralini copréside le comité de soutien de la liste « Caen, écologiste et citoyenne » présentée par Europe Écologie Les Verts pour les élections municipales de 2014[15].

En , Gilles-Éric Séralini apporte publiquement son soutien à la liste du Calvados pour Normandie Écologie présentée par Europe Écologie Les Verts pour les élections régionales de 2015[16].

Travaux

Gilles-Éric Séralini co-dirige, avec le sociologue Frédérick Lemarchand, le pôle Risques, Qualité et Environnement durable de la Maison de la recherche en sciences humaines de l'université de Caen[17]. L’objectif du pôle est d’améliorer l’expertise, la recherche fondamentale et la communication sur les risques et vulnérabilités, par des connaissances pluridisciplinaires, intégrant les données et les logiques de l’environnement physique, biologique, chimique, économique et social.

Il a dirigé de 1991 à 2010 une douzaine de thèses expérimentales notamment sur les potentiels liens entre les perturbations des hormones sexuelles et divers types de cancers[10].

Étude publiée en 2007 sur la toxicité du maïs MON863

Cette étude[18] fut rendue possible par la décision de la cour d'appel de Münster de rendre publiques les données sources confidentielles d'études toxicologiques de Monsanto[19]. Elle suggère que le maïs MON 863 de Monsanto, produisant une protéine insecticide d'origine bactérienne, provoquerait des signes de toxicité hépatique et rénale chez les animaux qui en consomment : une augmentation de 20 à 40 % des graisses dans le sang des femelles, de 10 % du taux de sucre, de la masse pondérale du foie et du corps. Par ailleurs, les reins sont le plus touchés chez les mâles, ce qui provoque une perte de poids. Des tests comparables ont mis au jour des différences au niveau du foie et des reins avec le colza GT 73[20].

Cette étude entendait remettre en question la validité des études sur lesquelles les agences gouvernementales s'appuient pour autoriser les OGM. Les conclusions de l'équipe de Criigen furent critiquées par une équipe de chercheurs soutenue et financée par Monsanto[21], mais aussi par le comité scientifique du Haut Conseil des biotechnologies[22] selon lequel l'étude « n'apporte aucun élément scientifique recevable susceptible d’imputer aux trois OGM ré-analysés une quelconque toxicité hématologique, hépatique ou rénale ». Après examen approfondi de l'étude, l'EFSA conclut que cette étude comporte des « résultats trompeurs » et « que l’article ne présente pas de justification scientifique valide susceptible de remettre en question la sécurité du maïs MON 863 »[23].

En 2017, deux quotidiens européens (La Stampa et The Guardian), accusent l'EFSA d'avoir copié-collé, dans un rapport sur la dangerosité du glyphosate publié en 2015, une centaine de pages issues des demandes de ré-autorisation de l'entreprise Monsanto, qui a breveté ce composé chimique[24] - [25]. Auditionné au Parlement européen en octobre 2017, José Tarazona, chargé de l'évaluation des pesticides à l'EFSA, reconnaît effectivement que l'agence, pour évaluer le potentiel de risque d'un produit, se fonde habituellement sur les analyses réalisées par les industriels eux-mêmes[26]. De plus, comme le relève la journaliste Stéphane Horel, ces études de toxicité réalisées par l'industrie pour obtenir une autorisation de l'EFSA ne sont jamais rendues publiques (au nom du secret commercial), ce qui empêche les chercheurs académiques de vérifier les protocoles et les résultats[27]. Sachant que l'EFSA n'a pas non plus les moyens de vérifier si ces données industrielles sont valides et complètes, cela signifie que personne ne peut jamais contrôler ces données servant à mettre des produits sur le marché[27].

Étude médiatisée sur la toxicité du Roundup et du maïs OGM NK 603

En , la revue américaine Food and Chemical Toxicology publie une étude dirigée par Gilles-Éric Séralini faisant état d'effets tumorigènes et toxiques du maïs génétiquement modifié NK 603 et de l'herbicide RoundUp sur des rats nourris pendant deux ans avec ce dernier. Cette étude a eu un grand retentissement médiatique et a relancé la controverse sur les OGM[28] - [29]. La manière dont a été orchestrée la sortie de cette étude a été fortement critiquée par les scientifiques et par la presse.

Saisi pour avis le par les autorités compétentes françaises (ministère des Affaires sociales et de la Santé, le ministère délégué auprès du ministère de l’Économie et des Finances, chargé de l’économie sociale et solidaire et de la consommation, le Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, le ministère de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt), le Haut Conseil des biotechnologies a rendu le un avis invalidant très largement la méthodologie scientifique suivie et concluant « que l’article, essentiellement descriptif, ne permet d’établir aucune relation de causalité entre des événements observés durant l’étude et la consommation de maïs NK603, traité ou non avec du RoundUp »[30] - [31].

Pour Cédric Villani, « cette étude représente un accroc à la déontologie scientifique avec comme conséquence possible un effilochage des liens de confiance entre les scientifiques et la société, la fragilisation du lien de confiance entre les scientifiques eux-mêmes, et accessoirement le risque, par effet boomerang, de desservir la cause pour laquelle les auteurs de l’étude luttent »[32]. Ces propos ont été mis en perspective par Florence Piron (anthropologue, professeure d’éthique) et Thibaut Varin de l'Université Laval au Canada[33] en introduisant la notion de cadre normatif de la recherche : « Ce serait donc son manque de loyauté envers ce cadre normatif qui ferait de Séralini le délinquant et même le danger pour la science qui inspira tant de réactions passionnées chez ses commentateurs critiques. Inversement, c’est peut-être son audace à aller à l’encontre de ce cadre normatif qui suscita et suscite encore autant de soutien à son endroit. »

Pour Sylvestre Huet, président de l'Association des journalistes scientifiques de la presse d'information (AJSPI) « l'étude du professeur Séralini pose une question redoutable. Est-elle seulement médiocre, dans sa conception qui interdisait d'espérer des réponses robustes aux questions posées, et dans sa présentation dont le texte de l'article qui fait le silence sur les résultats mêmes de l'expérience qui contredisent les conclusions des auteurs ? Ou a-t-on affaire à ce type de publications identifié par l'historienne des sciences Naomi Oreskes dans son livre Marchands de doutes ? »[34].

Les résultats de l'étude ont mobilisé la communauté scientifique qui les a rejetés dans sa grande majorité[35] - [36], sur la base d'analyses statistiques menées à partir des éléments contenus dans l'article et qui ne permettent pas de conclure à un effet toxique des maïs OGM ou du Roundup[37]. Plusieurs commentateurs soupçonnent ce rejet d'être motivé par des conflits d'intérêts[38] - [39].

Invité à se prononcer sur cette étude, Dominique Gombert, directeur de l'évaluation des risques de l'Anses reconnaît que l'étude de M. Séralini a le mérite d'être « ambitieuse et originale », en traitant la question des effets à long terme des OGM et des résidus de produits phytopharmaceutiques. Mais elle comporte des « faiblesses d'ordre statistique et explicatif qui ne permettent pas de remettre en cause les évaluations précédentes ». L'Anses pointe néanmoins « la nécessité de s'attaquer à la question du risque chronique »[40].

Moins d'un an après, en l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a publié les principes directeurs pour effectuer des études de toxicité de deux années sur les aliments entiers[41]. Ce document indique notamment la taille exigée des échantillons pour obtenir un résultat exploitable en fonction du taux d'incidence chez le témoin et la différence détectable recherchée[42]. Ce document montre que compte tenu du fort taux d'incidence des tumeurs chez les témoins (> 45 %), des groupes d'au moins 40 animaux sont nécessaires pour observer une différence de 30 %, et pas moins de 27 588 sont nécessaires pour mettre en évidence un effet de 1 %. Ces éléments statistiques confirment l'absence de différence significative entre animaux traités et non traités dans l'étude publiée par G.-É. Séralini.

En , A. Wallace Hayes, le rédacteur en chef de la revue américaine Food and Chemical Toxicology annonce le retrait de l'article en estimant que s'il n'avait « relevé ni fraude, ni mauvaise interprétation des données », « les données présentées, si elles n'étaient pas incorrectes, ne permettaient pas de conclure[43]. » L'équipe Séralini a rejeté cette décision et dénoncé l'arrivée de Richard Goodman, ancien salarié de Monsanto, au Comité éditorial de la revue[43].

« In fine, l'éditeur en chef annonce à Mr Séralini que son article est retiré parce qu'il est « inconclusif ». Cette raison pourra sembler peu convaincante, car elle ne fait pas partie des causes de rétractation listées dans les guidelines de la revue. Il serait facile de trouver de nombreux articles dont les conclusions n'ont pas été confirmées et qui auraient pu avoir le même sort » observe le journaliste scientifique Sylvestre Huet[44] dans Libération en .

À la suite du retrait de l'étude, le journaliste du Monde Stéphane Foucart écrit en : « En retirant l'article, FCT prive les recherches ultérieures d'éléments de comparaison, de confrontation, d'analyse. Pour inconclusives qu'elles sont aujourd'hui (ce que nient les auteurs), rien ne dit que dans l'avenir ces données — considérées comme intègres par la revue elle-même — ne seront pas utiles ou éclairantes. La décision de FCT ne semble donc pas motivée par les exigences de la science, mais plutôt par la volonté de faire place nette — ce qui satisfait les industriels concernés[45]. » Cette déclaration ignorait toutefois la pratique habituelle lors de la rétractation des articles académiques pour cause de manquements à l'intégrité scientifique, qui consiste à maintenir l'accès à l'article lui-même[46] tout en indiquant en toute transparence au lecteur son caractère nul et non avenu ainsi que les raisons qui ont conduit à cette décision.

En , la revue scientifique Environmental Sciences Europe, republie l'étude dans une version légèrement remaniée[47], accompagnée des données brutes, ouvrant la voie à des contre-expertises. Selon Winfried Schröder, un des éditeurs de la revue : « Nous souhaitons permettre une discussion rationnelle concernant l’article de Séralini et al. (Food Chem Toxicol 2012, 50:4221–4231) en le republiant. La compétition méthodologique est l’énergie nécessaire au progrès scientifique. Le seul objectif est de permettre la transparence scientifique et, sur cette base, une discussion qui ne cherche pas à cacher, mais bien à se concentrer sur ces controverses méthodologiques nécessaires[48]. »

Un article supplémentaire sur la possible influence des conflits d'intérêts dans les critiques contre ces travaux et leurs auteurs a été publié à la même occasion[49].

En , une fuite de documents internes appelés les « Monsanto Papers » a permis de démontrer a posteriori le rôle que Monsanto avait eu dans le retrait de l'article. Par exemple le rédacteur en chef A. Wallace Hayes et le tiers expert Bruce Chassy ont tous deux été liés financièrement à Monsanto[50] - [51]. Avec certains détracteurs de Séralini comme Henry Miller, Monsanto a recouru à des nègres littéraires, une technique (aussi appelée « ghostwriting » en anglais) qui consiste à écrire un article et à le faire endosser par un scientifique renommé qui prétend en être l'auteur[52].

L'étude de Séralini aura engendré le lancement de plusieurs études européennes et françaises visant à explorer les effets à long-terme (au delà des 90 jours des protocoles standards)[53]. Avec les premières publications issues de ces travaux, il semble que ces protocoles contredisent les conclusions de l'étude de Séralini : avec six mois de recul (dans le cadre de l'expérience GMO90plus[54]), les rats alimentés en maïs génétiquement modifié (MON810 ou NK603) ne présenteraient aucune preuve d'effet biologique significatif[12].

En 2018, Robert Francis Kennedy Jr. fait partie de l'équipe juridique qui traduit Monsanto en justice et déclare : « Nous nous sommes fortement appuyés sur les recherches et le conseil du Dr Seralini pour remporter cette victoire[55]. »

Étude de neuf pesticides majeurs sur la toxicité de leur formulations commerciales comparée à la toxicité de leur principe actif déclaré (2013)

Dans cette étude[56] a été testée la toxicité de neuf pesticides en comparant celle de leur principe actif déclaré et celle de leurs formulations commerciales (mélanges principe actif et adjuvants). Jusqu'alors, seule la toxicité du principe actif était prise en compte, les adjuvants étant déclarés « inertes ». Les tests ont été faits sur trois types de cellules humaines avec mesures de la dégradation membranaire, des activités mitochondriales, et des activités caspases. Ont été testés trois herbicides, trois fongicides et trois insecticides. Les auteurs allèguent que, dans huit cas sur neuf, les formulations sont en moyenne des centaines de fois plus toxiques que leurs principes actifs déclarés[57]. Les auteurs de l'étude remettent en cause le calcul de la dose journalière admissible pour les pesticides du fait que celle-ci est calculée sur la toxicité du principe actif seul. Une étude précédente sur la toxicité des formulations contenant du glyphosate (en 2012, dont G.-É. Séralini est également auteur) avait abouti aux mêmes conclusions[58].

Étude sur l'alimentation des vaches avec le maïs Bt 176

En il publie dans une revue nigériane[59] un article rappelant les effets négatifs des OGM observés chez le producteur bovin allemand Gottfried Glöckne. D'après le Criigen, cette affaire démontrerait que le premier OGM commercialisé aurait été toxique[60].

Distinctions

En , Gilles-Éric Séralini reçoit de la fondation Denis-Guichard, présidée par son ami Jean-Marie Pelt, le prix Denis-Guichard 2001 «  pour l'ensemble des recherches, ses expertises sur les OGM et ses activités en faveur d'une évaluation scientifique indépendante et éthique  »[61].

En 2008, il est fait chevalier de l’ordre national du Mérite, sur proposition du ministère de l'Écologie pour l'ensemble de sa carrière en biologie[62]. L'insigne lui a été remis par Nathalie Kosciusko-Morizet[63].

En , le site internet du Criigen annonce le prix du «  scientifique international de l’année 2011  » , décerné au professeur Gilles-Éric Séralini par l'« International Biographical Centre of Cambridge (en) »[64], « pour ses nombreux travaux de recherche sur les effets des OGM et des pesticides sur la santé  ». Il a toutefois annoncé supprimer cette mention de son CV lorsqu'il a été révélé que « pour obtenir ce « prestigieux » diplôme, comportant la photo de l’heureux élu, il suffit d’adresser par retour de courrier la modique somme de 370 dollars[65]. »

En 2015, en Allemagne, la Fédération des scientifiques allemands (VDW)[66] engagée pour la science responsable[67] et l'Association internationale des juristes contre les armes atomiques (IALANA), co-décernent à Gilles-Éric Séralini le prix du Lanceur d'alerte 2015[68].

En , à l'occasion de l'Environmental Health Symposium de San Diego aux États-Unis, il reçoit le prix Theo-Colborn[69] devant plus de 300 chercheurs et médecins.

Procès en diffamation

Condamnation puis relaxe de Marc Fellous pour diffamation

Le , Gilles-Éric Séralini poursuit devant les tribunaux Marc Fellous, professeur de génétique à l'université Paris 7 pour diffamation à la suite de propos tenus dans le cadre d'une demande d'équivalence de temps d'antenne formulée auprès du CSA[70]. À l'époque, Marc Fellous était président de l'Association française des biotechnologies végétales (AFBV), association de promotion des biotechnologies végétales, dont les OGM[71]. La 17e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris a condamné Marc Fellous, le , estimant que l'imputation faite à Gilles-Éric Séralini « d'avoir failli à son obligation de probité intellectuelle en raison de sa dépendance à l'égard de Greenpeace, dont il recevrait une aide financière pour ses travaux », était diffamatoire[72] - [73]. Elle précise : « Mettant en cause son indépendance à l'égard d'un organisme supposé financer ses travaux », ces propos « portent d'autant plus atteinte à l'honneur […] de Gilles-Éric Séralini que Marc Fellous revendique sa qualité de président d'une association qui se présente comme « une ONG créée en , strictement indépendante » »[74]. En revanche, elle n'a pas jugé diffamatoire le qualificatif de « chercheur militant », pas plus que l'assimilation de M. Séralini à des « marchands de peurs »[74]. Marc Fellous a été condamné à 4 000 euros de remboursement de frais de justice, 1 000 euros d’amende avec sursis et 1 euro de dommages et intérêts[75].

Second procès de Gilles-Éric Séralini et du Criigen envers Marc Fellous

Accusé de « faux » et « usage de faux » pour usage de la signature d'un collègue, lors du procès en diffamation intenté par Gilles-Éric Séralini et mis en examen le à la suite de la plainte de Gilles-Éric Séralini et du Criigen contre lui, l'audience s'étant tenue le , Marc Fellous est relaxé par délibéré rendu le . Après ce délibéré le parquet n'a pas fait appel.

Condamnation du journal Marianne et de Jean-Claude Jaillette pour diffamation

Le tribunal de grande instance de Paris a condamné Jean-Claude Jaillette, et Maurice Szafran pour le journal Marianne, le [76] - [77] - [78] - [79] :

  • pour diffamation envers un fonctionnaire public, le professeur Séralini ;
  • pour diffamation publique, envers les chercheurs de l'équipe du professeur Séralini, et envers le Criigen.

Le Corinne Lepage avait annoncé avoir, avec Gilles-Éric Séralini, porté plainte en diffamation contre « des assertions de fraude et données falsifiées publiées dans Marianne par Jean-Claude Jaillette »[80]. Celui-ci se défendra de n'avoir fait que citer un article de scientifiques publié dans la revue Forbes où il était question d'un « parfum de fraude »[81], arguant que dans les milieux scientifiques anglo-saxons la fraude misconduct démarre dès qu'il y a omission volontaire de certaines données ou la création d'un protocole visant spécifiquement à obtenir des résultats conformant l’hypothèse de départ.

Jean-Claude Jaillette, et Maurice Szafran pour le journal Marianne, sont condamnés à verser 6 000 euros de dommages et intérêts, ainsi que 3 000 euros au titre des frais de justice. De plus :

  • Jean-Claude Jaillette est condamné à une amende de 500 euros avec sursis, et de 1 000 euros à verser à la partie civile ;
  • Maurice Szafran est condamné à une amende de 1 000 euros sans sursis, ayant déjà été condamné, et de 2 000 euros à verser à la partie civile[82].

Ils doivent également publier, à leurs frais, un communiqué annonçant la condamnation, pour 3 000 euros hors taxes.

Le , la cour d'appel de Paris confirme la condamnation pour diffamation, y ajoutant un total de 6 000 euros supplémentaires au titre des frais de justice[83].

Questions controversées

Livre Tous Cobayes ! et documentaire associé

La publication de l'étude de 2012 sur le maïs génétiquement modifié NK 603 a été très médiatisée et a coïncidé avec le lancement du livre Tous Cobayes ! ainsi que d'un documentaire associé Tous cobayes ?. Ce mode opératoire est exceptionnel dans la publication de travaux scientifiques. Il a fait l'objet de critiques suggérant une « opération de communication savamment menée » et également l'objet d'accusations de conflit d'intérêts[84]. Dans un communiqué commun[85], l'Académie d'agriculture de France, l'Académie nationale de médecine, l'Académie nationale de pharmacie, l'Académie des sciences, l'Académie des technologies et l'Académie vétérinaire de France écrivent : « Quant aux conflits d’intérêt dont [Gilles-Éric] Séralini accuse continuellement les scientifiques de tous bords et de toutes origines, on peut se poser la question de l’absence de tels conflits d’intérêt pour lui-même et ceux qui l’entourent quand on connaît leur engagement écologique et les soutiens financiers qu’ils ont obtenus par des groupes de distribution fondant leur publicité sur l’absence d’OGM dans les produits alimentaires qu’ils proposent à leurs clients. »

Après que l'étude de 2012 a été republiée en 2014, certaines analyses statistiques menées sur les données brutes ont conduit à une absence de démonstration de risque lié à la consommation des OGM utilisés dans l'étude[86] - [87] - [88].

À la suite de cette intervention des Académies, 140 scientifiques français ont publié dans la presse une tribune intitulée « Science et conscience », selon laquelle « le fait qu’un groupe d’une douzaine de personnes prétendant représenter six académies ait décidé d’un communiqué commun sans débat est contraire au fonctionnement normal de ces institutions et interroge sur la vision de la science et de la technologie (et de leur utilité sociale) ayant présidé à une telle décision »[89].

Entreprise Sevene Pharma

Gilles-Éric Séralini a publié des études concernant des traitements à base de plantes destinés à « détoxifier » l'organisme[90], en particulier les granules homéopathiques de l'entreprise Sevene Pharma. Des études de Gilles-Éric Séralini ont été financées par Sevene Pharma, des salariés de l'entreprise en étant par ailleurs coauteurs, comme Cécile Décroix-Laporte, directrice générale de la société Sevene Pharma Monoblet[91]. Le jury de la thèse de doctorat de Céline Gasnier, intitulée Mécanismes d'intoxication de cellules de mammifères par les herbicides à base de glyphosate et de détoxification comprenait à la fois Gilles-Éric Séralini, Cécile Decroix-Laporte et Joël Spiroux de Vendômois, président du Criigen[92]. En 2012, le laboratoire de recherche de Caen dirigé par Gilles-Éric Séralini a perçu de la société Sevene Pharma par deux fois des rémunérations de prestations pour des conférences auprès des professionnels de santé, et une rémunération en 2011 pour une formation de biochimie auprès des visiteurs médicaux de la société[93].» Gilles-Éric Séralini reconnaît avoir étudié des produits de la société dans le cadre de l'encadrement d'une thèse et de deux publications[94].

En , le blog Agriculture et Environnement a publié une enquête fouillée[95] de Gil Rivière-Wekstein[96] dévoilant les liens entre plusieurs cadres et actionnaires de Sevene Pharma et le mouvement Invitation à la vie (IVI) classé en 1995 et 1996 dans la catégorie « sectes[97] guérisseuses pseudo-catholiques » par la commission d'enquête parlementaire sur les sectes. La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires continuerait à les surveiller, tout en reconnaissant au Monde qu'IVI « n'a pas fait l'objet de signalements de dérive sectaire »[94] depuis ce classement datant de 1995. Les documents sur lesquels s'appuient Gil Rivière-Wekstein montrent que Daniel Chauvin, qui préside le directoire de Sevene Pharma et détient 10 % des parts de la société, est aussi président de l'association IVI, ainsi que d'autres membres historiques du mouvement sont actionnaires de l'entreprise, comme Anne de Constantin (qui a préfacé un livre de la fondatrice du mouvement) ou encore Marie d'Hennezel, propriétaire du domaine du Mazet, où sont cultivées les plantes à partir desquelles sont fabriqués les remèdes « détoxifiants » de Sevene Pharma étudiés et promus par Gilles-Éric Séralini[98]. À l'époque de la publication de l'enquête, la direction commerciale de Sevene Pharma était basée au siège d'IVI à Boulogne-Billancourt.

Daniel Chauvin, dans un droit de réponse dans la revue Agriculture et Environnement confirma les déclarations de Gilles-Éric Séralini[99]. Interrogé par le journaliste Stéphane Foucart dans le journal Le Monde[94], Gilles-Éric Séralini démentit toute relation avec IVI et déclara ignorer les liens entre IVI et Sevene Pharma. Le même journaliste accuse également Agriculture et Environnement d'être une « société de consulting » au service de l'agro-industrie[94].

En 2015, dans sa déclaration de financement et de conflit d'intérêts à l'occasion d'une nouvelle publication dans PLOS One, il confirme le financement de ses travaux (depuis cinq ans) par Sevene Pharma et sa rémunération à l'occasion de conférences organisé par cette même entreprise[98].

Soutien d’un scientifique climato-sceptique

Qualifié « de négateur du changement climatique » par le journaliste de Libération Sylvestre Huet, le statisticien Paul Deheuvels est intervenu à plusieurs reprises en soutien à Gilles-Éric Séralini[44]. À l’occasion d’une audition de l'OPECST à l'Assemblée nationale le sur l’étude controversée de Gilles-Éric Séralini[100], Sylvestre Huet, en sa qualité de président de l'Association des journalistes scientifiques de la presse d'information (AJSPI), a déclaré qu’« il est troublant de constater que le soutien majeur mis en avant par Gilles-Éric Séralini lors de son audition précédente à l’Assemblée fut le statisticien Paul Deheuvels, de l’Académie des sciences. Troublant, car M. Deheuvels a remis, en , au nom du Club de l'horloge, le prix Lyssenko au climatologue Jean Jouzel pour dénoncer une soi-disant imposture de la communauté scientifique en climatologie[101]. »

Quelques jours plus tard, le , Gilles-Éric Séralini était l’invité de l’émission Libre Journal des sciences et des techniques, animée par Paul Deheuvels à Radio Courtoisie[102].

Paul Deheuvels est à nouveau intervenu pour soutenir Gilles-Éric Séralini lors d'une conférence de presse tenue à Bruxelles le . Le journaliste du Monde Stéphane Foucart a trouvé « cocasse » que « le statisticien a appelé à ce que la science puisse être produite sans pressions extérieures », car « M. Deheuvels, climato-sceptique notoire, a décerné en , au nom du Club de l'horloge (proche de l'extrême droite), le prix Lyssenko de la « désinformation scientifique » au climatologue Jean Jouzel, médaillé d'or du CNRS et l'un des scientifiques français les plus cités[103]… »

Controverses sur ses distinctions

L'International Biographical Centre (en) (IBC), situé à Ely, Cambridgeshire, qui lui a remis le prix du «  scientifique international de l’année 2011  » et à ne pas confondre avec l’université de Cambridge[64].

Œuvres

Articles scientifiques

D'après sa présentation sur le site du Criigen en 2015, Gilles-Éric Séralini est auteur sur 91 publications[104].

Ouvrages

  • Le Sursis de l'espèce humaine, Belfond, 1997 (prix Compagnie Philips Éclairage de la vulgarisation scientifique 1998, remis par le festival Science Frontières[105]) ; rééd. revue et augmentée sous le titre Nous pouvons nous dépolluer !, Josette Lyon, 2009.
  • L'Évolution de la matière, de la naissance de l'Univers à l'ADN, éditions Pocket, collection « Explora », 1994.
  • OGM : le vrai débat, Flammarion, coll. « Dominos », , 128 p. (ISBN 978-2-08-035733-5).
  • Ces OGM qui changent le monde, Flammarion, (présentation en ligne). Nouvelles éditions revues et augmentées en 2004 et 2010.
  • Après nous le déluge ?, Flammarion, , 186 p. (ISBN 978-2-08-210549-1, présentation en ligne). Coauteur : Jean-Marie Pelt.
  • Génétiquement incorrect, Flammarion, , 321 p. (ISBN 978-2-08-210094-6, présentation en ligne).
  • Tous cobayes! : OGM, Pesticides, Produits chimiques, Paris, Flammarion, , 224 p. (ISBN 978-2-08-126236-2).
  • Nous pouvons nous dépolluer, Paris, Ed. Josette Lyon, , 327 p. (ISBN 978-2-84319-188-6).
  • Gilles-Éric Séralini et Jérôme Douzelet, Plaisirs cuisinés ou poisons cachés : dialogue entre un chef et un scientifique, Actes Sud, , 216 p. (ISBN 978-2-330-03433-7)
  • Gilles-Éric Séralini et Jérôme Douzelet, Le Goût des pesticides dans le vin, Actes Sud, , 144 p. (ISBN 978-2-330-09300-6).
  • Gilles-Éric Séralini et Jérôme Douzelet, L'Affaire Roundup à la lumière des Monsanto Papers, Actes Sud, , 190 p. (ISBN 9782330140588).

Participation à des ouvrages collectifs

  • Vous avez dit cancer ? Des causes environnementales à la prévention, Jouvence, 2010.
  • Médecines et Alimentation du futur, Le Courrier du Livre, 2009.
  • Aux origines des plantes : Des plantes et des hommes, Fayard, 2008.
  • Regards croisés sur le commerce équitable, L'Harmattan, 2006.
  • Santé et Droits de l'homme, vol. 2, Médecine et Hygiène, 2006.
  • Ensemble sauvons notre planète, Guy Trédaniel, 2005.
  • Dictionnaire des risques : Approche socioanthropologique, Armand Colin, 2003.
  • La Guerre au vivant, Agone, 2001.
  • Les Organismes génétiquement modifiés face au droit, Annonces de la Seine, 2000.
  • Transgénique : Le Temps des manipulations, Frison-Roche, 1998.
  • Génie génétique : Des chercheurs citoyens s'expriment, Sang de la Terre/Écoropa, 1997.

Participation à des documentaires

Gilles-Éric Séralini est l'un des protagonistes des documentaires Severn, la voix de nos enfants (2010) et Tous cobayes ? (2012) réalisés par Jean-Paul Jaud. Il apparaìt également en 2009, dans le documentaire The Idiot Cycle (en).

Philosophie des sciences

Notes et références

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Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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