Degré centigrade
LâĂ©chelle de tempĂ©rature centigrade est une Ă©chelle de tempĂ©rature relative, inventĂ©e en 1742 par l'astronome et physicien suĂ©dois Anders Celsius. L'Ă©chelle centigrade fait correspondre son zĂ©ro avec la tempĂ©rature de la glace fondante et 100 avec la tempĂ©rature d'Ă©bullition de l'eau sous une pression atmosphĂ©rique normale (1 013,25 hPa).
Elle est légÚrement différente de l'échelle de température Celsius[1].
Dans la pratique, la mesure peut s'effectuer au moyen d'un thermomÚtre à colonne de mercure. On place le thermomÚtre dans un mélange d'eau liquide/glace et on marque la hauteur de mercure, qui indique le niveau zéro. Puis on porte l'eau à ébullition et on marque le point 100. L'intervalle entre les deux est enfin divisé en 100 graduations. Contrairement aux thermomÚtres électroniques à condition de pression fixe, le thermomÚtre à mercure ne se dérÚgle pas, son zéro et ses variations de hauteur restant stables.
Historique
à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siÚcle, l'idée avait été établie qu'il fallait baser les échelles thermométriques, soit sur un point fixe et un taux de dilatation, soit sur deux points fixes, le choix du ou des point(s) fixe(s) restant en bonne partie arbitraire :
- l'Ă©chelle RĂ©aumur avait son zĂ©ro au point de congĂ©lation de l'eau, tandis que d'autres Ă©chelles le plaçaient ailleurs afin d'Ă©viter d'avoir des tempĂ©ratures positives et nĂ©gatives dans un mĂȘme contexte (comme une journĂ©e d'hiver, par exemple) ;
- Le zéro pouvait correspondre à un étalon trÚs froid, comme c'était le cas de l'échelle RÞmer et de son descendant direct, l'échelle Fahrenheit ;
- Celsius connaissait également le thermomÚtre Delisle, qui avait son zéro au point d'ébullition de l'eau et croissait avec le froid, ayant donc une échelle inversée mais qui évitait les températures négatives (dans le contexte de la vie quotidienne).
En 1742, l'échelle définie par Anders Celsius avait son zéro au point d'ébullition de l'eau et 100 degrés à son point de congélation. L'année suivante, le Français Jean-Pierre Christin inverse l'échelle, qui est désormais croissante du froid vers le chaud[2] - [3].
Carl von LinnĂ© est toutefois souvent citĂ© comme responsable de l'inversion de l'Ă©chelle Celsius aprĂšs la mort de son inventeur, en 1744. On lui attribue parfois mĂȘme l'Ă©chelle Celsius originale, en faisant rĂ©fĂ©rence Ă son ouvrage Hortus Cliffortianus, publiĂ© en 1737, cinq ans avant Celsius. Cependant, une Ă©tude attentive dudit ouvrage montre que les quelques tempĂ©ratures qui y sont citĂ©es ne peuvent pas ĂȘtre en degrĂ©s Celsius. LinnĂ© rencontra Fahrenheit en Hollande et il est clair qu'il se mit Ă utiliser l'Ă©chelle Fahrenheit une fois revenu en SuĂšde. Il semble que LinnĂ© ait abandonnĂ© cette derniĂšre lorsqu'il apprit l'existence des travaux de Celsius.
AprĂšs la mort de Celsius en 1744, des thermomĂštres graduĂ©s selon l'Ă©chelle Celsius moderne apparaissent en mĂ©tĂ©orologie sous diffĂ©rents noms, tels Celsius Novum, Ekström et Strömer. LinnĂ© suivait ces dĂ©veloppements avec grand intĂ©rĂȘt et se fit fabriquer un thermomĂštre Ă Ă©chelle moderne par le fabricant d'instruments de mesure Daniel Ekström aux alentours de 1744. L'Ă©chelle directe est mentionnĂ©e dans une dissertation Ă©crite par Samuel Naucler en 1745, mais il n'attribue pas son invention. L'histoire des thermomĂštres publiĂ©e dans le Journal de l'AcadĂ©mie suĂ©doise royale des sciences, en 1749 par Pehr Wargentin, secrĂ©taire de l'AcadĂ©mie, mentionne Celsius, son successeur Martin Strömer et le fabricant d'instruments Ekström lorsqu'elle discute de l'Ă©chelle directe, mais LinnĂ© n'est pas mentionnĂ© du tout. Il semble bien que nous ne puissions attribuer le crĂ©dit de cette invention Ă une seule personne en particulier.
C'est lors de la 9e Conférence générale des poids et mesures (CGPM), en 1948, que le SystÚme International tranche entre les trois termes « degré centigrade », « degré centésimal » et « degré Celsius », en faveur de ce dernier.
Risque de confusion
Le degrĂ© centĂ©simal dĂ©signe aussi un angle plan Ă©gal au 1â400e d'un cercle[4] ; c'est un synonyme de grade ou gon (son symbole est « gon »).
Autres échelles de température
DiffĂ©rentes Ă©chelles sont utilisĂ©es pour mesurer la tempĂ©rature : lâĂ©chelle Newton (Ă©tablie vers 1700), RĂžmer (1701), Fahrenheit (1724), RĂ©aumur (1731), Delisle (1738), centigrade (de Celsius) (1742), Rankine (1859), kelvin (1848), Leyden (ca. 1894 ?), Celsius (1948).
Ăchelle â TempĂ©rature â |
Kelvin | Celsius | Centigrade (historique) | Fahrenheit | Rankine | Delisle | Newton | RĂ©aumur | RĂžmer | ||
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originelle | historique | actuelle | |||||||||
ZĂ©ro absolu | 0 | â273,15 | â273,197 | â459,67 | 0 | 559,725 | â90,14 | â218,52 | â135,90 | ||
Plus basse tempĂ©rature naturelle relevĂ©e Ă la surface de la Terre par tĂ©lĂ©dĂ©tection[alpha 2] | 180,0 | â93,2 | â135,8 | 323,9 | 289,8 | â30,8 | â74,6 | â41,4 | |||
MĂ©lange eau/sel de Fahrenheit | 0 | ||||||||||
Origine de l'Ă©chelle Celsius moderne | 273,15 | 0 | 32 | 491,67 | 150 | 0 | 0 | 7,5 | |||
Point de fusion de l'eau (Ă pression atmosphĂ©rique)[alpha 3] | 273,150 089(10) | 0,000 089(10) | 0 | 32 | 32 | 32,000 160(18) | 491,670 160(18) | â 150 | â 0 | â 0 | â 7,5 |
Point triple de l'eau | 273,160 0(1) | 0,010 0(1) | 32,018 0(18) | ||||||||
Température moyenne à la surface de la Terre | 288 | 15 | 59 | 518,67 | 127,5 | 4,95 | 12 | 15,375 | |||
Température moyenne du corps humain | 309,95 | 36,8 | 98,24 | 557,91 | 94,8 | 12,144 | 29,44 | 26,82 | |||
Plus haute température naturelle enregistrée à la surface de la Terre[alpha 4] | 329,8 | 56,7 | 134 | 593,67 | 67,5 | 18,7 | 45,3 | 33,94 | |||
Point d'Ă©bullition de l'eau (Ă pression atmosphĂ©rique) | 373,133 9 | 99,983 9 | 100 | â 212 | 212 | 211,971 | 671,641 | 0 | 33 | 80 | 60 |
Point de fusion du titane | 1 941 | 1 668 | 3 034 | 3 494 | â2 352 | 550 | 1 334 | 883 | |||
TempĂ©rature estimĂ©e de la surface du Soleil | 5 800 | 5 526 | 9 980 | 10 440 | â8 140 | 1 823 | 4 421 | 2 909 | |||
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Notes et références
- L'Ă©cart entre les deux Ă©chelles est minime : 25â1 000 °C prĂ©cisĂ©ment Ă 100 °C.
- Leduc et Gervais 1985, p. 26.
- Parrochia 1997, p. 97-98.
- Dictionnaire de l'AcadĂ©mie Française, 8e Ă©dition, 1932â1935.
- NASA, « La Nasa identifie l'endroit le plus froid de la Terre », Le Figaro, (consulté le ).
- Commission de climatologie, « Communiqué de presse no 956 », Organisation météorologique mondiale, (consulté le ).
Bibliographie
- Richard Leduc et Raymond Gervais, Connaßtre la météorologie, Sillery, Presses universitaires du Québec, , 305 p. (ISBN 978-2-7605-2044-8, lire en ligne)
- Daniel Parrochia, MĂ©tĂ©ores : essai sur le ciel et la citĂ©, Seyssel, Ăd. Champ Vallon, , 250 p. (ISBN 978-2-87673-238-4, lire en ligne)