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Cryoconservation

La cryoconservation, appelĂ©e aussi cryosuspension, cryofixation ou cryoprĂ©servation, est un procĂ©dĂ© oĂč des cellules ou tissus entiers sont conservĂ©s en les refroidissant Ă  trĂšs basse tempĂ©rature, typiquement 77 K ou −196 °C (le point d'Ă©bullition de l'azote liquide). À ces tempĂ©ratures extrĂȘmement basses, toute activitĂ© biologique est suspendue[1], y compris les rĂ©actions biologiques qui provoqueraient la mort cellulaire. Cependant, en l'absence de solutions cryoprotectrices, le gel nuit aux cellules conservĂ©es alors qu'elles approchent des tempĂ©ratures basses (lors du refroidissement) ou des tempĂ©ratures ambiantes (lors du rĂ©chauffement).

Cryoconservation des pousses. Bac ouvert d'azote liquide Ă  l'arriĂšre plan.

Processus de cryoconservation

Pour la conservation d'ĂȘtre humains (et humanoĂŻde) le processus peut ĂȘtre commencĂ© aprĂšs la dĂ©claration de mort lĂ©gal de la personne. Quand un individu meurt, les cellules ne reçoivent plus d'oxygĂšne, ce qui cause inĂ©vitablement leur mort[2]. NĂ©anmoins, dans un environnement offrant des tempĂ©ratures basses, les cellules ont un besoin qui est plus faible en oxygĂšne car le mĂ©tabolisme est ralenti. C'est pourquoi un refroidissement rapide est essentiel[2].

Température

On suppose que l'entreposage cryogĂ©nique offre une longĂ©vitĂ© infinie aux cellules, mais on a du mal Ă  dĂ©terminer la durĂ©e rĂ©elle de la conservation. Dans des expĂ©riences sur des graines sĂ©chĂ©es, les chercheurs ont remarquĂ© des degrĂ©s variĂ©s de dĂ©tĂ©rioration selon la tempĂ©rature de conservation, mĂȘme ultra-basse. En dessous de −136 °C (137 K), l'activitĂ© vitale se ralentit dans une large mesure, et les tempĂ©ratures infĂ©rieures Ă  −196 °C (77 K, le point d'Ă©bullition du diazote) sont considĂ©rĂ©es comme idĂ©ales pour conserver des Ă©chantillons importants.

Risques

En général, les phénomÚnes pouvant abßmer les cellules durant la cryoconservation se produisent lors du gel. Ils comprennent les effets de solution, la formation de glace hors et au sein des cellules ou encore la déshydratation. On peut réduire la portée de ces effets grùce aux cryoprotecteurs.

Une fois congelĂ©s, les tissus sont relativement bien protĂ©gĂ©s. NĂ©anmoins, des estimations fondĂ©es sur l'accumulation de dĂ©gĂąts Ă  l'ADN par des rayonnements pendant une conservation cryogĂ©nique ont indiquĂ© un entreposage maximal de 1 000 ans.

Effets de solution : la formation de cristaux de glace dans l'eau gelĂ©e repousse les solutĂ©s, entraĂźnant une situation oĂč ceux-ci deviennent concentrĂ©s dans l'eau liquide restante. Des concentrations Ă©levĂ©es de certains solutĂ©s peuvent s'avĂ©rer trĂšs nuisibles.

Formation de glace hors des cellules : lorsque les tissus se refroidissent lentement, l'eau s'Ă©chappe des cellules et la glace se forme dans l'espace entre cellules. Trop de glace entre les cellules peut produire un effet d'Ă©crasement.

Formation de glace au sein des cellules : alors que certains organismes et tissus peuvent supporter un certain degré de glace hors des cellules, un niveau important est toujours dévastateur[3].

Déshydratation : la fuite d'eau (qui forme la glace extracellulaire) entraßne également la déshydratation de la cellule.

Techniques principales pour Ă©viter les dommages cellulaires

Les techniques principales pour empĂȘcher les dĂ©gĂąts liĂ©s Ă  la cryoconservation sont une combinaison Ă©tablie de gel rĂ©glĂ© et un procĂ©dĂ© plus rĂ©cent de gel Ă©clair, la vitrification.

Congélation lente

La congélation lente englobe une série de techniques bien établies mises au point au début des années 1970. Ces techniques ont permis la premiÚre naissance à partir d'un embryon congelé, Zoe Leyland en 1984. Depuis lors on s'est servi de machines capables de congeler le tissu d'une maniÚre lente et réglée dans le domaine de la biologie humaine, animale et cellulaire. On estime que 20 % des bébés-éprouvettes sont conçus à partir d'un embryon soumis à une congélation lente.

Il est possible d'éviter le gel intracellulaire si le refroidissement est assez réglé pour permettre une quantité suffisante d'eau de quitter la cellule. Le pas varie selon la taille de la cellule et la perméabilité (fluide) : un taux de refroidissement typique d'environ 1 °C par minute convient à de nombreuses cellules mammifÚres aprÚs traitement avec cryoprotecteurs comme le glycérol ou le DMSO (Diméthylsulfoxyde), or ce taux n'est pas universellement le meilleur.

Plusieurs Ă©tudes indĂ©pendantes ont dĂ©montrĂ© que les embryons congelĂ©s grĂące Ă  la technique de congĂ©lation lente peuvent, Ă  certains Ă©gards, ĂȘtre meilleurs que des embryons frais dans le domaine de la fĂ©condation in vitro. Ces Ă©tudes ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©es Ă  la confĂ©rence de la SociĂ©tĂ© amĂ©ricaine de la mĂ©decine de la reproduction (American Society for Reproductive Medicine (en)) en San Francisco, en 2008. Les Ă©tudes indiquent que l'utilisation d'embryons congelĂ©s, au lieu de frais, rĂ©duit le risque de mort-nĂ©s et accouchements prĂ©maturĂ©s, mais on cherche encore Ă  expliquer prĂ©cisĂ©ment les facteurs en jeu[4].

Vitrification

Les développeurs d'une nouvelle technique, la vitrification, depuis 2000 prétendent que cette méthode fournit les bienfaits de la cryopréservation sans les dégùts dus à la formation des cristaux de glace[5]. Dans le domaine de la cryoconservation clinique, la vitrification nécessite en général l'ajout de cryoprotecteurs avant le refroidissement. Ces cryoprotecteurs ont un effet anti-gel, ils baissent le point de congélation, tout en augmentant la viscosité. Au lieu de se cristalliser, la solution sirupeuse devient une glace amorphe en se vitrifiant. Au lieu d'un changement de phase d'un liquide à un solide, l'état non cristallisé est comme un liquide solide et la transformation se produit sur une petite plage de températures connue sous le nom de température de transition vitreuse.

Le refroidissement rapide encourage la vitrification de l'eau, et une vitrification sans cryoprotecteurs peut se faire par une chute de tempĂ©rature extrĂȘmement rapide (des mĂ©gakelvins par seconde). Le taux nĂ©cessaire pour parvenir Ă  l'Ă©tat vitrĂ© en eau pure Ă©tait considĂ©rĂ© comme impossible jusqu'en 2005[6].

Pour atteindre la vitrification, il faut normalement une augmentation de la viscosité et une baisse du point de congélation. De nombreux solutés produisent les deux effets, mais des molécules plus massives tendent à produire un effet plus important, surtout en ce qui concerne la viscosité.

Chez les mĂ©thodes Ă©tablies de la vitrification, le solutĂ© doit noyauter la membrane cellulaire afin de hausser la viscositĂ© et rĂ©duire le point de congĂ©lation au sein de la cellule. Les sucres ne pĂ©nĂštrent pas facilement cette membrane, alors que les solutĂ©s capables de le faire (comme le dimĂ©thylsulfoxyde) sont souvent toxiques Ă  haute concentration. Un des dĂ©fis principaux de la cryoprĂ©servation par vitrification est de limiter les dĂ©gĂąts provoquĂ©s par le cryoprotecteur, Ă  cause de cette toxicitĂ©. Des mĂ©langes de cryoprotecteurs et l'utilisation d'inhibiteurs de glace ont permis Ă  Twenty-First Century Medicine de vitrifier un rein de lapin jusqu'Ă  −135 °C avec son cocktail vitrifiant. AprĂšs le rĂ©chauffement, le rein a Ă©tĂ© greffĂ© avec succĂšs Ă  un lapin, de maniĂšre tout Ă  fait fonctionnelle et viable, capable de maintenir l'animal en vie avec ce seul rein [7].

Tissus gelables

En gĂ©nĂ©ral, la cryoconservation se prĂȘte aux Ă©chantillons fins et aux parcelles de ceux-ci, que l'on peut vite refroidir sans avoir recours Ă  de grandes quantitĂ©s de cryoprotecteurs toxiques. En consĂ©quence, la prĂ©servation sous gel des foies et des cƓurs humains est encore un but trĂšs lointain. NĂ©anmoins, une combinaison correcte de cryoprotecteurs et de cycles de refroidissement et rinçage lors de leur rĂ©chauffement permet, dans beaucoup de cas, une cryoconservation rĂ©ussie de matĂ©riaux biologiques, surtout de suspensions de cellules ou d'Ă©chantillons de tissus fins. Des exemples comprennent :

  • le sperme ;
  • le sang ;
  • Ă©chantillons de tissus comme les tumeurs et les coupes histologiques ;
  • Ɠufs ;
  • embryons de 2, 4 ou 8 cellules lors de leur congĂ©lation ;
  • tissu des ovaires ;
  • graines ou pousses de plantes, pour leur sauvegarde.

En plus, des efforts sont en cours pour cryoprĂ©server les humains, un domaine appelĂ© la cryonie, oĂč soit le cerveau, soit le corps entier est soumis aux procĂ©dĂ©s de cryoconservation. Bien que d'innombrables cellules, vaccins, tissus et Ă©chantillons aient Ă©tĂ© dĂ©congelĂ©s et utilisĂ©s sans problĂšme, on n'a pas du tout rĂ©ussi Ă  faire de mĂȘme en ce qui concerne des corps ou cerveaux. Les partisans de la cryonie prĂ©tendent qu'il serait possible d'employer les techniques actuelles pour prĂ©server les humains afin de les raviver et restaurer grĂące Ă  des techniques trĂšs avancĂ©es Ă  venir.

Sperme

Le sperme restera viable aprĂšs une cryoprĂ©servation presque infinie, son plus long entreposage rĂ©ussi Ă©tant de 22 ans[8]. La conservation gelĂ©e s'avĂšre utile pour ceux qui veulent reporter une fĂ©condation ou pour ceux sur le point de subir une vasectomie pour garder l'option d'engendrer des enfants.

Tissu testiculaire

La cryoconservation du tissu testiculaire immature est une méthode en cours de développement pour offrir la capacité de reproduction à de jeunes garçons ayant besoin de thérapies chimiothérapeutiques. Les résultats des expériences animales sont prometteurs, puisque des petits sont nés aprÚs la greffe de cellules ou de tissus testiculaires congelés. Cependant, aucune de ces options pour rétablir la fertilité ne se sont révélées efficaces ou sûres chez l'homme[9].

ƒufs

La congĂ©lation des ovocytes est une technique nouvelle oĂč les Ɠufs d'une femme sont extraits, congelĂ©s et entreposĂ©s. Plus tard, lorsqu'elle est prĂȘte Ă  une grossesse, on peut dĂ©geler, fĂ©conder puis transfĂ©rer ces Ɠufs dans l'utĂ©rus en tant qu'embryons.

Tissu d'ovaires

La congélation d'ovocytes a permis pour la premiÚre fois en France à une femme de tomber enceinte malgré un cancer et le suivi d'une chimiothérapie aprÚs la phase de rémission[10].

Cryoconservation naturelle

La tolĂ©rance au gel, dans laquelle les organismes survivent Ă  l'hiver en gelant leurs fonctions vitales, est connue chez quelques vertĂ©brĂ©s: cinq espĂšces de grenouilles (Grenouille des bois, Rainette faux-grillon de l'Ouest, Pseudacris crucifer, Dryophytes versicolor, Dryophytes chrysoscelis), une de salamandres (Hynobius keyserlingi), un de serpents (Couleuvre rayĂ©e) et trois de tortues (Tortue peinte, Terrapene carolina, Terrapene ornata)[11]. Les tortues serpentines et les lĂ©zards des murailles survivent Ă©galement au gel nominal, mais il n’a pas Ă©tĂ© Ă©tabli qu’ils Ă©taient adaptatifs Ă  l'hivernage. Dans le cas de la grenouille des bois, l’un des cryoprĂ©servateurs est le glucose ordinaire, dont la concentration augmente d’environ 19 mmol/l lorsque les grenouilles sont refroidies lentement[11].

Références

  1. http://www.cryonext.net/la-cryoconservation.html.
  2. (en-US) « How Cryopreservation Works », sur Tomorrow Biostasis (consulté le ).
  3. http://simpfri.cemagref.fr/Cenenaire_AFF/Presentations_colloque/Francais/05-Session-2-Mericka-Fran%C3%A7ais.pdf.
  4. http://www.asrm.org/error.aspx?aspxerrorpath=/Professionals/Meetings/sanfrancisco2008/Abstracts2008.pdf.
  5. http://www.alcor.org/cryonics/cryonics2000-4.pdf.
  6. (en) S. V. Bhat, « Vitrification and Glass Transition of Water: Insights from Spin Probe ESR », Physical Review Letters, vol. 95, no 23,‎ , p. 235702 (DOI 10.1103/PhysRevLett.95.235702, lire en ligne, consultĂ© le ).
  7. (en) Gregory M Fahy, Brian Wowk et al., « Physical and biological aspects of renal vitrification », Organogenesis, vol. 5, no 3,‎ , p. 167 (PMID 20046680, DOI 10.4161/org.5.3.9974, lire en ligne, consultĂ© le ).
  8. (en) « Planer », sur planer.com (consulté le ).
  9. (en) Wyns, Christine, Curaba, Mara et Vanabelle, Bernard, « Options for fertility preservation in prepubertal boys », sur Oxfordjournals.org, (consulté le ).
  10. « Un bébé malgré la chimiothérapie », sur sante.lefigaro.fr (consulté le ).
  11. (en) Jon P. Costanzo, Richard E. Lee et Michael F. Wright, « Glucose loading prevents freezing injury in rapidly cooled wood frogs », American Journal of Physiology (en),‎ , R1549–R1553 (lire en ligne [PDF]).

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

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