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Polyol

Un polyol ou polyalcool ou « glycol Â» est un composĂ© organique caractĂ©risĂ© par un certain nombre de groupes hydroxyle (-OH).

Structure du xylitol, un polyol au goût sucré.

De formule chimique générale CnH2n+2On, ils possÚdent au moins deux groupes alcool[1].

Nomenclature des glycols

La terminologie des glycols, bien que triviale, est encore largement utilisĂ©e en 2012, mĂȘme dans le milieu scientifique.

Les premiers termes en sont :

Ces glycols forment une large gamme d'éthers de glycol utilisés principalement comme solvants.

Toxicologie

Pas d'effets toxiques sérieux pour une majorité des polyols sauf dans le cas de l'éthylÚne glycol (ainsi que de certains autres éthers de glycol) hautement toxique, voire mortel par ingestion aprÚs métabolisation. Les polyols, considérés peu toxiques et utilisés comme édulcorants pour la plupart, peuvent provoquer des effets secondaires sous forme de flatulences, douleurs abdominales et ont un effet laxatif lorsqu'ils sont ingérés en trop grande quantité.

Polyols pour fabriquer des polymĂšres

Les polyols sont utilisés pour fabriquer des polymÚres comme les polyesters et les polyuréthanes : les polyols (notamment le sorbitol) sont utilisés comme base dans l'industrie pour la réalisation des mousses de polyuréthane en y ajoutant de l'isocyanate pour la polymérisation. Les polyols servent de chaßnes de base aux polymÚres, dont les propriétés varient, entre autres, selon la longueur de chaßne.

Polyols en tant qu'additifs alimentaires

Le principal intĂ©rĂȘt des polyols pour l'industrie alimentaire rĂ©side dans leur utilisation en tant qu'Ă©dulcorants Ă  faible valeur calorique. Certains d'entre eux possĂšdent une chaleur de dissolution nĂ©gative, produisant une sensation de froid recherchĂ©e dans certaines applications (notamment de confiserie).

À l'exception de l'Ă©rythritol, au schĂ©ma mĂ©tabolique particulier, la plupart des polyols sont absorbĂ©s partiellement au niveau intestinal et influencent donc peu ou pas la glycĂ©mie post-prandiale. Le glycĂ©rol peut entrer directement dans la voie de la glycolyse via le glycĂ©raldĂ©hyde-3-phosphate. Ceci explique sa valeur calorique plus Ă©levĂ©e.

Le second intĂ©rĂȘt des polyols en application alimentaire rĂ©side dans leur capacitĂ© de liaison de l'eau, permettant un abaissement significatif de l'activitĂ© de l'eau. Le glycĂ©rol reste le composĂ© le plus efficace du groupe pour cet usage mais, sa chaleur de dissolution positive et son arriĂšre-goĂ»t marquĂ©, limitent son usage.

Nature du sucre polyol Nombre de groupes OH E Nom Pouvoir Ă©dulcorant
(saccharose = 1,0)
Contenu calorique
(kcal/g)
Monosaccharide polyols Triols E422 Glycérol (glycérine) 0,6 [3] 4,3 [3]
TĂ©traols E968 Érythritol[2] 0,7 [1] 0,2 [1]
Pentols (pentanols) E967 Xylitol 1,0 [2] 2,4 [1]
Arabitol (lyxitol)
Ribitol (adonitol)
Hexols E420 Sorbitol (Gulitol) 0,6 [1] 2,6 [1]
Dulcitol (galactitol) 0,25[3]
E421 Mannitol 0,5 [2] 1,6 [1]
Heptols Volemitol
Disaccharide polyols Neuf fonctions OH E965 Maltitol 0,9 [1] 2,1 [1]
E953 Isomaltitol 0,5 [1] 2,0 [1]
E966 Lactitol (lactositol) 0,4 [1] 2,0 [1]
Sources :

[1] (en) « Calorie Control Council »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?)
[2] (en) Antonio Zamora, Carbohydrates
[3] (en) Jeremy Keough, Glycerol

Polyols chez les végétaux

Les vĂ©gĂ©taux ont la facultĂ© de synthĂ©tiser leur biomasse Ă  partir des molĂ©cules minĂ©rales simples (eau, sels minĂ©raux du sol et dioxyde de carbone). Cette autotrophie repose sur un pigment localisĂ© dans le chloroplaste, la chlorophylle qui utilise la lumiĂšre comme source d'Ă©nergie et la transforme en Ă©nergie chimique via la chaĂźne de la photosynthĂšse. Lors de la photosynthĂšse, le dioxyde de carbone atmosphĂ©rique absorbĂ© par les stomates des feuilles est combinĂ© Ă  l'hydrogĂšne provenant de la photolyse de l'eau. Cette rĂ©action conduit Ă  un dĂ©gagement d'oxygĂšne et Ă  la rĂ©duction du gaz carbonique qui se traduit par la formation de trioses phosphates prĂ©curseurs du cycle de Calvin dans le chloroplaste. Les trioses phosphates sont transformĂ©s en amidon transitoire ou exportĂ©s dans le cytosol pour donner le saccharose, forme principale de transport Ă  longue distance du carbone. La nuit, l'amidon est Ă©vacuĂ© vers le cytoplasme sous forme de glucose pouvant ĂȘtre dĂ©gradĂ© par la glycolyse pour fournir de l'Ă©nergie Ă  la cellule, ou synthĂ©tisĂ© en saccharose. Chez certains vĂ©gĂ©taux, le rĂŽle de transport Ă  longue distance du carbone est assurĂ©, parallĂšlement au saccharose, par des tridiholosides dĂ©rivant du saccharose par addition d'une ou deux molĂ©cules de galactose ou par des polyols comme le mannitol et le sorbitol.

Nature biochimique

Les polyols sont considĂ©rĂ©s comme des dĂ©rivĂ©s d’oses et sont obtenus par la rĂ©duction du groupement aldĂ©hyde ou cĂ©tone d’un glucide. Les polyols peuvent ĂȘtre classĂ©s en deux groupes :

  • les alditols ou polyols aliphatiques qui ont une chaĂźne linĂ©aire d’atomes de carbone ;
  • les cyclitols ou polyols cycliques qui sont des dĂ©rivĂ©s du cyclohexane.

Suivant la longueur de leur chaßne carbonée, les alditols sont désignés sous le nom de pentitols, hexitols, heptitols, etc. Les alditols les plus courants chez les plantes sont les hexitols (chaßne à six atomes de carbone). Chaque aldose produit un seul alditol dont le nom dérive de cet ose, par exemple mannose donne le mannitol.

Il a Ă©tĂ© estimĂ© qu’environ 30 % de la production primaire de carbone sur terre passait par la synthĂšse de polyols chez les plantes et chez les algues[4]. Les polyols sont prĂ©sents dans l’ensemble du monde vĂ©gĂ©tal et mycĂ©lien. Ainsi, chez les champignons, les lichens et beaucoup d’algues marines, les polyols constituent souvent le principal assimilat. Chez les plantes supĂ©rieures, 17 alditols ont Ă©tĂ© identifiĂ©s dont 13 chez les angiospermes[5]. Les plus frĂ©quemment rencontrĂ©s sont :

  • le galactitol (ou dulcitol), surtout prĂ©sent chez les CĂ©lastracĂ©es (fusain)[6], les ScrofulariacĂ©es (muflier, digitale) et les OrobanchacĂ©es (orobanche) ;
  • le sorbitol, principal produit photosynthĂ©tique chez plusieurs espĂšces de RosacĂ©es ligneuses comme le pommier (Malus), le poirier (Pyrus), le prunier (Prunus)[7] ;
  • le mannitol, prĂ©sent dans une centaine d’espĂšces de vĂ©gĂ©taux supĂ©rieurs dont les RubiacĂ©es (cafĂ©ier), les OlĂ©acĂ©es (troĂšne, frĂȘne, olivier) et les ApiacĂ©es (cĂ©leri, carotte, persil).

RĂŽles

Chez les plantes, les rÎles physiologiques proposés pour les polyols sont multiples : intervention dans la tolérance aux stress abiotiques et biotiques et forme de transport et de stockage de squelettes carbonés.

Tolérance au stress salin :

Beaucoup de stress environnementaux auxquels les plantes sont soumises semblent conduire Ă  une diminution du potentiel hydrique. Selon les espĂšces vĂ©gĂ©tales, la sensibilitĂ© des plantes et leur rĂ©ponse aux changements de potentiel hydrique dus Ă  la sĂ©cheresse, aux faibles tempĂ©ratures ou Ă  une salinitĂ© Ă©levĂ©e, varient. Cependant, l’un des moyens utilisĂ©s par des organismes tels que les champignons, les algues, les vĂ©gĂ©taux supĂ©rieurs pour tolĂ©rer ces stress est la synthĂšse et l’accumulation de composĂ©s solubles de faibles poids molĂ©culaires pour augmenter le potentiel osmotique des cellules et maintenir la turgescence. Ces composĂ©s sont appelĂ©s des solutĂ©s compatibles. Ils sont osmotiquement actifs et ils peuvent s’accumuler Ă  de trĂšs hautes concentrations dans le cytosol sans pour autant interfĂ©rer avec le mĂ©tabolisme cellulaire. Parmi ces composĂ©s se trouve le mannitol (polyol acyclique), ainsi que d’autres substances inorganiques (ions) ou organiques (hexoses et certains acides aminĂ©s) pouvant Ă©galement intervenir dans l’ajustement osmotique.

Ce genre d'action de protection s'exerce aussi chez certains animaux. En tĂ©moigne l'action d'antigel exercĂ©e chez les larves de libellule Ă©meraude, capables de rĂ©sister ainsi jusqu'Ă  −20 °C.

PolymĂšres polyols

Ce terme est utilisé, entre autres, pour un certain nombre de polymÚres que l'on obtient par addition d'oxydes d'alcÚnes à un sucre par exemple mais aussi du glycérol.
Des substituts au polyuréthane expansé (sans gaz expansion, par exemple avec pulvérisation à chaud) apparaissent sur le marché[8]

Références

  1. Oilfield Glossary: Term 'glycol'
  2. Parlement europĂ©en et Conseil de l'europe, « Directive 2006/52/CE du Parlement europĂ©en et du Conseil du 5 juillet 2006 », Journal officiel de l'Union europĂ©enne, no L 204,‎ , p. 10-22 (lire en ligne). [PDF]
  3. [PDF] (en) D Glaser, « Specialization and phyletic trends of sweetness reception in animals », Pure Appl. Chem., vol. 74, no 7,‎ , p. 1153–1158 (lire en ligne).
  4. Bieleski, 1982
  5. Lewis, 1984
  6. (en) Peter M. Collins, Dictionary of carbohydrates, Boca Raton, CRC Press, , 1282 p. (ISBN 0-8493-3829-8), p. 480-481
  7. Escobar GutiĂ©rrez A.J. 1995. PhotosynthĂšse, partition du carbone et mĂ©tabolisme du sorbitol dans les feuilles adultes de pĂȘcher (Prunus persica (L.) Batsch). ThĂšse de doctorat de l'universitĂ© de Poitiers, France.
  8. Icynene, Brochure technique (présentation de deux types de mousses sans gaz d'expansion), 20 p., cité à titre d'exemple ; consulté oct. 2013

Voir aussi

Bibliographie

  • Bieleski R.L., 1982. Sugar alcohols. In Loewus F., Tanner W., Ă©d. Encyclopedia of Plant Physiology, vol. 13. Berlin, Springer-Verlag. p. 158–192.
  • Lewis D.H., 1984. Physiology and metabolism of alditols. In Lewis D.H., Ă©d., Storage Carbohydrates in Vascular Plants. Cambridge, UK, Cambridge University Press. p. 157–179.

Articles connexes

Lien externe

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