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Force de van der Waals

En physique et en chimie, une force de van der Waals, interaction de van der Waals ou liaison de van der Waals est un potentiel interatomique dĂ» Ă  une interaction Ă©lectrique de faible intensitĂ© entre deux atomes ou molĂ©cules, ou entre une molĂ©cule et un cristal. Elle reprĂ©sente la moyenne statistique de toutes les configurations possibles pour l'interaction, pondĂ©rĂ©es par leur probabilitĂ© Ă  l'Ă©quilibre thermodynamique. Cette moyenne conduit Ă  une force attractive. Ces forces ont Ă©tĂ© nommĂ©es en l'honneur du physicien nĂ©erlandais Johannes Diderik van der Waals (1837 - 1923), prix Nobel de physique 1910, qui fut le premier Ă  introduire leurs effets dans les Ă©quations d'Ă©tat des gaz en 1873 (voir Équation d'Ă©tat de van der Waals).

TĂȘte et pattes avant d'un Gecko (espĂšce non prĂ©cisĂ©e, queue en forme de feuille)

Formulation

Les forces de van der Waals sont dues à l'interaction entre dipÎles, qu'il s'agisse des dipÎles permanents des molécules ou des dipÎles induits par l'interaction. La distance importante entre molécules autorise un calcul de perturbations sous forme d'un développement multipolaire dont on ne retient que les premiers termes qui sont alors statistiquement moyennés. On obtient :

  • l'interaction Ă©lectrostatique entre deux multipĂŽles permanents. On les appelle les forces de Keesom ;
  • l'interaction entre un multipĂŽle permanent et un multipĂŽle induit (effets d'induction). On les appelle les forces de Debye ;
  • l'interaction Ă©lectrostatique entre deux multipĂŽles induits (effets de dispersion). On les appelle les forces de London.

L'énergie potentielle des forces de van der Waals peut donc se formuler de la façon suivante :

Les trois termes de cette expression peuvent ĂȘtre dĂ©composĂ©s de la maniĂšre suivante :

Cette énergie est liée aux forces de Keesom, dues à l'interaction entre deux molécules polaires.

L’interaction dipĂŽle-dipĂŽle est beaucoup plus faible qu’une interaction ion-dipĂŽle puisque l'interaction se produit entre charges partielles. L’énergie potentielle typique de ce type d’interaction est de l’ordre de 2 kJ/mol. Elle varie de façon inversement proportionnelle avec la distance Ă  la puissance 6 entre le centre des dipĂŽles de chacune de ces molĂ©cules[1].

Cette énergie est liée aux forces de Debye, dues à l'interaction entre une molécule polaire et un dipÎle induit.

Cette énergie est liée aux forces de London, dues à l'interaction entre deux dipÎles induits.

Ici, on a utilisé les notations suivantes :

  • est la constante diĂ©lectrique du vide ;
  • la permittivitĂ© relative du milieu ;
  • la constante de Planck ;
  • la constante de Boltzmann ;
  • la tempĂ©rature thermodynamique (en K) ;
  • la distance moyenne entre les molĂ©cules considĂ©rĂ©es ;
  • et les moments dipolaires des molĂ©cules considĂ©rĂ©es ;
  • et les frĂ©quences Ă©lectroniques d'ionisation (en Hz) ;
  • et les polarisabilitĂ©s Ă©lectroniques.

Ces forces peuvent s'exprimer de maniÚre différente, lorsque les distances entre les molécules mises en jeu deviennent plus grandes que quelques nanomÚtres. Il faut alors prendre en compte les effets de retard dus à la propagation de la lumiÚre avec une vitesse finie (forces de Casimir-Polder).

L’interaction ion-dipîle et l’hydratation des ions en solutions

L’interaction ion-dipĂŽle rĂ©sulte de l’attraction d’un anion orientĂ©e par la charge partielle positive d’un dipĂŽle ou de l’attraction d’un cation orientĂ©e par la charge partielle nĂ©gative d’un dipĂŽle. L’énergie potentielle est nĂ©gative et augmente Ă  l’inverse du carrĂ© de la distance comme l’indique la formule suivante :

[2]

oĂč :

  • est le moment dipolaire ;
  • est la charge de l’ion ;
  • est la permittivitĂ© du vide ;
  • est la permittivitĂ© relative du milieu ;
  • est la distance sĂ©parant le milieu du dipĂŽle et l’ion.

L’énergie potentielle typique de ce type d’interactions est d’environ 15 kJ/mol. Cette attraction devient nulle Ă  grande distance (entre le dipĂŽle et l’ion). Cette interaction est responsable de l’hydratation des ions en solution[3].


Les forces de van der Waals s'obtiennent en dérivant l'expression de l'énergie de van der Waals . Il s'ensuit qu'elles varient en .

Effets

À trĂšs longue distance, oĂč il ne peut plus ĂȘtre question de liaison chimique, les forces de van der Waals entrent dans le cadre de l'Ă©lectrodynamique quantique : Ă  courte et longue distance, elles se dĂ©crivent proprement comme dues Ă  l'Ă©change des particules virtuelles entre les atomes. On entre alors dans le cadre des forces de Casimir, dĂ©croissant en .

Les liaisons de van der Waals n'entrent pas dans le cadre des liaisons chimiques, en ce sens que les électrons restent liés à leurs atomes (ou molécules) respectifs (les termes d'échanges restent négligeables). Elles sont à l'origine du terme de pression négative intervenant en correctif dans l'équation des gaz parfaits. Elles sont essentielles pour appréhender les forces entre atomes de gaz noble.

Pour les trĂšs courtes distances on entre alors dans le domaine de la chimie, oĂč les diverses liaisons (liaison hydrogĂšne, liaison mĂ©tallique...) deviennent compĂ©titives, et peuvent l'emporter.

Les forces de van der Waals participent ainsi à la physisorption, et entrent en jeu dans le phénomÚne de capillarité.

Ces forces sont Ă  l'origine des forces de contact entre les solides et peuvent expliquer la capacitĂ© des geckos Ă  adhĂ©rer aux surfaces. Par plusieurs moyens, des chercheurs tentent de mettre en application cette qualitĂ© sous la forme d’un produit adhĂ©sif. Le but que les chercheurs se sont fixĂ© est de crĂ©er un produit Ă©tant deux cents fois plus adhĂ©rent que le matĂ©riel naturel (gecko)[4] - [5]. La DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency) est prĂ©sentement en train de dĂ©velopper un moyen qui permettrait Ă  un soldat de grimper un mur Ă  une vitesse de 0,5 m/s dans le cadre du projet Z-Man. Les expĂ©riences en laboratoire mettent Ă  l’essai de nouvelles technologies nano adhĂ©sives reprenant les propriĂ©tĂ©s des forces de van der Waals. Des chercheurs tels que les Dr. Ali Dhinojwala, Betul Yurdumakan, Nachiket Raravikar et Pulickel Ajayan Ă  l’UniversitĂ© d’Akron et l’Institut Polytechnique Rensselaer de New-York aux États-Unis ont mis au point un matĂ©riel Ă  base de colonnes de nanotubes qui rĂ©agirait un peu comme les pattes d’un gecko bien que quatre fois plus collant que celles-ci. L’avantage de cette nanotechnologie est le fait que le matĂ©riel adhĂšre solidement mais qu’il peut ensuite ĂȘtre retirĂ© sans perdre aucune adhĂ©rence et par consĂ©quent ĂȘtre rĂ©utilisĂ©[6]. Les dĂ©veloppements financĂ©s par la DARPA auprĂšs de l'UniversitĂ© du Massachusetts ont donnĂ© lieu Ă  la crĂ©ation en d'un matĂ©riau baptisĂ© "Geckskin" (litt. peau de gecko) capable de supporter plusieurs centaines de kilogrammes avec environ 100 cmÂČ de produit[7].

Notes et références

  1. P. W. Atkins, Chimie GĂ©nĂ©rale, Inter Editions, 1992.
  2. http://chimge.unil.ch/En/inter/1II07.htm
  3. P. W. Atkins, Physical Chemistry, Freeman 5th edition, 1996, chapitre 22.
  4. Synthetic gecko foot-hairs leading to reusable adhesives, consulté le 30 avril 2009.
  5. Gecko-like glue is said to be stickiest yet, consulté le 30 avril 2009.
  6. Nanotube adhesive sticks better than a gecko's foot, consulté le 30 avril 2009.
  7. (en) « News & Events / UMass Amherst », sur UMass Amherst (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • (en) D. A. McQuarrie et J. D. Simon, Physical Chemistry : a Molecular Approach, University Science Books, , 1270 p. (ISBN 978-0-935702-99-6)
  • (en) A. J. Stone, The Theory of Intermolecular Forces, Oxford University Press, , 339 p. (ISBN 978-0-19-967239-4, lire en ligne)

Voir aussi

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