Forces de Keesom
Les forces de Keesom décrivent l'énergie interne statistique résultant d'une interaction intermoléculaire entre dipôles permanents. Elles ont été nommées en l'honneur de Willem Hendrik Keesom qui a énoncé la forme du potentiel interatomique de dipôles[1] et sa valeur moyenne statistique dans un milieu à l'équilibre thermodynamique[2].
Les forces de Keesom sont liées à l'électronégativité. Elles apparaissent dans un milieu contenant des molécules polaires (dipôles permanents), d'où leur nom d'interaction « dipôle / dipôle ». Les forces de Keesom, tout comme les forces de Debye (dipôle permanent / dipôle induit) et de London (dipôle induit / dipôle induit) sont une composante des forces de Van der Waals.
Potentiel créé par deux dipôles
On étudie l'interaction entre deux dipôles de moments dipolaires permanents respectifs et éloignés d'une distance dans un milieu où la permittivité est . L'orientation de chaque dipôle est donnée en coordonnées sphériques par les angles de colatitude et de longitude , l'axe z étant porté par les deux dipôles. Par application de la loi de Coulomb l'interaction dipôle / dipôle s'écrit[3] - [4] :
où
L'énergie est minimale pour et vaut .
D'une façon générale : le potentiel peut être répulsif aussi bien qu'attractif. Sa moyenne angulaire est nulle :
Moyenne statistique pour un milieu en équilibre thermodynamique
À l'échelle microscopique le système est formé par un couple de molécules polaires de type 1 et 2 en interaction. La position relative (définie par et ) de ces deux dipôles obéit à une distribution statistique calculable par la physique statistique en utilisant la fonction de partition. La moyenne statistique vaut :
soit en introduisant la quantité où est la température thermodynamique et la constante de Boltzmann
Le calcul de cette dernière intégrale est fait en utilisant un développement en série de , sous la condition . Le résultat est le suivant[3] :
La force de Keesom s'en déduit :
La force est attractrice et infinie à l'origine. Elle ne décrit l'interaction que pour des distances assez grandes pour lesquelles il n'y a pas de recouvrement des nuages électroniques. Elle ne constitue donc qu'une partie du potentiel d'interaction. À ce titre il serait hasardeux de vouloir prédire des propriétés quelconques macroscopiques à partir de cette seule quantité.
Références
- (nl) W. N. Keesom, Proceedings of the Koninklijke Nederlandse Akademie van Wetenschappen, Vol. 15, 1912, p. 240
- (de) W. N. Keesom, Zeitschrift für Physik, Vol. 22, p. 129 et 643, 1921
- (en) Ron Reifenberger, « Inter-Molecular Forces: Keesom Force », sur Purdue University,
- (en) Joseph Oakland Hirschfelder, Charles Francis Curtiss et Robert Byron Bird, Molecular Theory of Gases and Liquids, John Wiley and Sons, (ISBN 978-0-471-40065-3)