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Jurassique

Le Jurassique est une pĂ©riode gĂ©ologique qui s’étend de −201,3 Ă  −145 millions d'annĂ©es (Ma)[4].

Jurassique

Stratigraphie

DĂ©butFin
Point stratotypique mondial 201,3 ± 0,2 Ma
(extinction du Trias-Jurassique)
≃145,0 Ma
Fossiles stratigraphiques ammonites
brachiopodes (régionalement)

Paléogéographie et climat

Taux de O2 atmosphérique env. 26 %vol[1]
(130 % de l'actuel)
Taux de CO2 atmosphĂ©rique env. 1 950 ppm[2]
(7 fois le niveau d'avant la révolution industrielle)
Température moyenne 16,5 °C[3]
(+3 °C par rapport à l'actuel)

Contexte géodynamique

Faune et flore

Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Reconstitution du nord de l'Allemagne sous le Jurassique. On y voit deux Compsognathus Ă  l'avant-plan et un Archaeopteryx sur une branche Ă  droite, ainsi qu'un Brachiosaurus (en marron clair) Ă  l'arriĂšre-plan.

Évolution

Le Jurassique constitue la période, ou le systÚme intermédiaire, de l'Úre Mésozoïque, laquelle est aussi connue sous le nom d'« Úre des reptiles ».

Le dĂ©but du Jurassique est marquĂ© par une extinction massive d’espĂšces (l’extinction du Trias-Jurassique). Le systĂšme jurassique se subdivise en trois sĂ©ries gĂ©ologiques :

  • Jurassique infĂ©rieur,
  • Jurassique moyen et
  • Jurassique supĂ©rieur[5]

autrefois dénommées, respectivement : Lias, Dogger et Malm.

La base du premier étage géologique du Jurassique, l'Hettangien est officiellement définie par un Point Stratotypique Mondial (PSM) qui marque ainsi la base du systÚme jurassique.

Par contre, le PSM de la base du premier Ă©tage du CrĂ©tacĂ©, le Berriasien, qui marquerait le toit du Jurassique, n’a pas encore Ă©tĂ© choisi[5].

Le naturaliste allemand Alexander von Humboldt propose, en 1795, le terme de « calcaire ou terrain du Jura » pour dĂ©signer la sĂ©rie Ă  dominance calcaire des monts du Jura, correspondant aux sĂ©diments riches en fossiles dĂ©posĂ©s au fond des mers de l’ùre secondaire. Sa place stratigraphique au sein du Secondaire, entre le Trias et le CrĂ©tacĂ©, est Ă©tablie par le gĂ©ologue Ami BouĂ© en 1829. La mĂȘme annĂ©e[6], le gĂ©ologue et naturaliste français Alexandre Brongniart Ă©rige cet ensemble lithologique en systĂšme, sous le nom de Jurassique d’aprĂšs les calcaires trouvĂ©s dans le massif jurassien[7].

Cette pĂ©riode de l’ùre MĂ©sozoĂŻque suit le Trias et prĂ©cĂšde le CrĂ©tacĂ©.

Subdivisions

Le Jurassique est divisé en trois séries, le Jurassique inférieur ou Lias, le Jurassique moyen ou Dogger et le Jurassique supérieur ou Malm. Les subdivisions et leur ùges associés, selon l'échelle des temps géologiques 2012 de la Commission internationale de stratigraphie, s'établissent ainsi[5] - [8] :

SystĂšme SĂ©rie Étage Age (Ma)
Crétacé Inférieur Berriasien plus récent
Jurassique SupĂ©rieur Tithonien 145,0 ±0,8 – 152,1 ±0,9
KimmĂ©ridgien 152,1 ±0,9 – 157,3 ±1,0
Oxfordien 157,3 ±1,0 – 163,5 ±1,0
Moyen Callovien 163,5 ±1,0 – 166,1 ±1,2
Bathonien 166,1 ±1,2 – 168,3 ±1,3
Bajocien 168,3 ±1,3 – 170,3 ±1,4
AalĂ©nien 170,3 ±1,4 – 174,1 ±1,0
InfĂ©rieur Toarcien 174,1 ±1,0 – 182,7 ±0,7
Pliensbachien 182,7 ±0,7 – 190,8 ±1,0
SinĂ©murien 190,8 ±1,0 – 199,3 ±0,3
Hettangien 199,3 ±0,3 – 201,3 ±0,2
Trias Supérieur Rhétien plus ancien

Paléogéographie

Reconstitution de la géographie au Jurassique inférieur (200 Ma).
Marnes du Jurassique dans le sud d’IsraĂ«l.

Pendant le Jurassique infĂ©rieur et moyen, le supercontinent PangĂ©e se divise en Laurasia au nord et Gondwana au sud. La Laurasia se scinde Ă  son tour en AmĂ©rique du Nord et Eurasie tandis que le Gondwana se divise en Afrique, AmĂ©rique du Sud et Antarctique vers la fin du Jurassique supĂ©rieur et durant le CrĂ©tacĂ©. L’ocĂ©an Atlantique Nord date de cette pĂ©riode, sa partie sud n’apparaĂźt qu’à partir du CrĂ©tacĂ©[9]. L’ocĂ©an TĂ©thys se ferme et le bassin de la NĂ©otĂ©thys ou TĂ©thys alpine apparaĂźt.

Les enregistrements gĂ©ologiques en Europe de l'Ouest sont nombreux et riches, ils indiquent la prĂ©sence de mers tropicales peu profondes, la plus grande partie du continent est submergĂ©e durant de longues pĂ©riodes. En revanche, les sites datant du Jurassique en AmĂ©rique du Nord sont parmi les plus pauvres du MĂ©sozoĂŻque sur ce continent avec trĂšs peu d’affleurements. Bien qu’une mer Ă©picontinentale, la Sundance Sea ait laissĂ© des dĂ©pĂŽts marins en AmĂ©rique du Nord, la majoritĂ© des sĂ©diments dans cette rĂ©gion sont d’origine continentale[10]. On trouve aussi des affleurements du Jurassique en Russie, Inde, AmĂ©rique du Sud, Japon, Australasie, Maghreb, pĂ©ninsule Arabique, etc.

Le premier de plusieurs batholites massifs se met en place le long de la cĂŽte Ouest de l’AmĂ©rique du Nord, l’orogenĂšse est trĂšs active le long de cette cĂŽte[11].

Climat

À l’instar du Trias, il ne semble pas y avoir eu de terre proche des pĂŽles ; le climat Ă©tait chaud : il n’existe aucun indice de pĂ©riode glaciaire pendant cette pĂ©riode.

Le climat du Jurassique Ă©tait gĂ©nĂ©ralement plus chaud que celui d'aujourd'hui, d'environ 5 °C Ă  10 °C, avec un dioxyde de carbone atmosphĂ©rique probablement quatre fois plus Ă©levĂ©. Les forĂȘts ont probablement poussĂ© prĂšs des pĂŽles, oĂč elles ont connu des Ă©tĂ©s chauds et des hivers froids, parfois neigeux ; il est peu probable qu'il y ait eu des calottes glaciaires Ă©tant donnĂ© les tempĂ©ratures estivales Ă©levĂ©es qui ont empĂȘchĂ© l'accumulation de neige, bien qu'il ait pu y avoir des glaciers de montagne[12]. Les dropstones et les glendonites dans le nord-est de la SibĂ©rie depuis le Jurassique infĂ©rieur au Jurassique moyen indiquent des hivers froids[13]. Les profondeurs de l'ocĂ©an Ă©taient probablement 8°C plus chaudes qu'aujourd'hui, et les rĂ©cifs coralliens ont augmentĂ© de 10° de latitude plus au nord et au sud. La zone de convergence intertropicale (ZCIT) existait probablement au-dessus des ocĂ©ans, rĂ©sultant en de vastes zones dĂ©sertiques dans les basses latitudes[12].

Le début du Jurassique a probablement été marqué par un pic thermique correspondant à l'extinction et à l'éruption du Trias-Jurassique de la province magmatique centre atlantique. La premiÚre partie du Jurassique a été marquée par l'intervalle froid du Jurassique inférieur entre 199 et 183 millions d'années. Il a été terminé par le pic des températures mondiales d'environ 4 à 8°C pendant la premiÚre partie du Toarcien correspondant à l'événement anoxique océanique du Toarcien et l'éruption des grandes provinces ignées du Karoo-Ferrar dans le sud du Gondwana, avec l'intervalle chaud du Toarcien s'étendant jusqu'à la fin de la période il y a environ 174 millions d'années[13].

Faune

Marine

GastĂ©ropodes et bivalves, Jurassique du sud d’IsraĂ«l. La piĂšce de monnaie placĂ©e en rĂ©fĂ©rence a un diamĂštre de 23 mm[14].

Durant le Jurassique les formes de vie les plus évoluées dans les mers sont les poissons et des reptiles marins. Ces derniers incluent des ichtyosaures, plésiosaures, des pliosaures et des crocodiles marins, Teleosauridae et Metriorhynchidae.

Dans le monde des invertébrés plusieurs groupes apparaissent, entre autres les rudistes, les bélemnites et de nombreuses espÚces de bivalves.

Les ammonites (au sens large, c'est-à-dire la sous-classe des Ammonoidea) sont apparues pendant le Dévonien[15]. Les ammonites « vraies », c'est-à-dire l'ordre des Ammonitida, apparaissent quant à elles à la fin du Trias[15].

Au Jurassique, elles deviennent trĂšs communes et extrĂȘmement variĂ©es, constituant ainsi le principal groupe utilisĂ© pour la biostratigraphie de cette pĂ©riode (voir les exemples de biozonation par ammonites pour les Ă©tages Pliensbachien et Callovien)[16].

Le plancton apparaßt lui aussi pendant cette période.

Terrestre

Sur terre, les Archosauria restent dominants. Le Jurassique marque le dĂ©but de l’« Ăąge d’or des dinosaures » qui culminera au CrĂ©tacĂ©[17] : Sauropodes, Camarasaure, Diplodocus et Brachiosaure, pour ne citer qu’eux, sont trĂšs communs. Leurs sources principales de nourriture consistent en prairies, fougĂšres, Cycadales et Bennettitales. Certains dinosaures se sont adaptĂ©s pour consommer des conifĂšres plus Ă©levĂ©s. Les principaux prĂ©dateurs de ces grands herbivores sont des saurischiens appartenant au sous-ordre des ThĂ©ropodes : Ceratosaurus, Megalosaurus, Allosaurus, etc. Vers la fin du Jurassique, durant le Malm, les premiers oiseaux Ă©voluent Ă  partir des Coelurosauria, les premiers fossiles d’Archaeopteryx datent du KimmĂ©ridgien[18].

Les ornithischiens sont moins nombreux et plus petits que les saurischiens. Toutefois, les Stégosaures et de petits ornithopodes jouent un rÎle écologique important. Dans les airs, les ptérosaures dominent et remplissent plusieurs niches écologiques occupées de nos jours par les oiseaux.

Flore

Les conditions climatiques arides du Trias dĂ©clinent rĂ©guliĂšrement durant le Jurassique, plus spĂ©cialement aux latitudes Ă©levĂ©es ; le climat chaud et humide permet le dĂ©veloppement de jungles luxuriantes qui couvrent une grande partie des terres[19]. Les conifĂšres continuent Ă  dominer la flore, ils constituent le groupe le plus diversifiĂ© et la majoritĂ© des arbres. On trouve parmi eux des Araucariaceae, Cephalotaxaceae, Pinaceae, Podocarpaceae, Taxaceae et Taxodiaceae ainsi que les groupes maintenant Ă©teints des Cheirolepidiaceae et des Bennettitales aux latitudes plus basses[20]. Les Cycadophytes, les Ginkgoaceae, Cyatheales et fougĂšres sont aussi communs. Les Ginkgos sont principalement prĂ©sents dans les latitudes moyennes et dans l’hĂ©misphĂšre nord tandis que les Podocarpaceae le sont dans l’hĂ©misphĂšre sud[19].

Représentations dans les arts

Au dĂ©but du XXe siĂšcle, l'Ă©crivain français Fernand Mysor consacre plusieurs Ă©crits au Jurassique. Son roman Les Semeurs d'Ă©pouvante, paru en 1923, a pour sous-titre Roman des temps jurassiques et met en scĂšne un aventurier et une aventuriĂšre qui se retrouvent projetĂ©s par hypnose dans le passĂ© jusqu'au Jurassique, oĂč ils affrontent notamment un Megalosaurus[21]. Mysor compose Ă©galement plusieurs poĂšmes regroupĂ©s sous le nom de PoĂšmes des Temps jurassiques.

Le mot « Jurassique » a été utilisé pour le titre du roman de Michael Crichton Jurassic Park, paru en 1990, puis pour le titre du film Jurassic Park de Steven Spielberg qui adaptait librement le roman en 1993, ainsi que ses diverses suites. Le nom est cependant trompeur, car le Tyrannosaurus rex, figure de proue du film, et quelques autres espÚces de dinosaures qui y sont représentées, sont des animaux ayant vécu durant le Crétacé et non au Jurassique.

Notes et références

  1. (de) teneur en oxygÚne dans l'atmosphÚre au Phanérozoïque
  2. (en) dioxyde de carbone au Phanérozoïque
  3. (en) température de la Terre
  4. (en)http://www.stratigraphy.org/ICSchart/ChronostratChart2015-01.pdf
  5. [PDF] « International chronostratigraphic chart (2012) », sur http://www.stratigraphy.org/
  6. Alexandre Brongniart, Tableau des terrains qui composent l’écorce du Globe ou Essai sur la Structure de la Partie connue de la Terre, F.G. Levrault, Paris, 1829, 435 p. Ressource Gallica disponible
  7. EncyclopĂŠdia universalis, vol. 13, EncyclopĂŠdia universalis, , p. 202.
  8. (en) F.M. Gradstein, J.G Ogg, M. Schmitz et G. Ogg, The Geologic Time Scale 2012, Elsevier, , 1176 p. (ISBN 978-0-444-59448-8, lire en ligne)
  9. (en) Christopher J. Scotese, Paleomap Project
  10. carte des sédiments datant du Jurassique en Amérique du Nord
  11. (en) Monroe, James S., and Reed Wicander. (1997) The Changing Earth: Exploring Geology and Evolution, 2nd ed. Belmont: West Publishing Company, 1997. (ISBN 0-314-09577-2)
  12. (en) Bruce W. Sellwood et Paul J. Valdes, « Jurassic climates », (DOI 10.1016/S0016-7878(59)80068-7), p. 5–17
  13. (en) Christopher R. Scotese, Haijun Song, Benjamin J.W. Mills et Douwe G. van der Meer, « Phanerozoic paleotemperatures: The earth's changing climate during the last 540 million years », (ISSN 0012-8252, DOI 10.1016/j.earscirev.2021.103503, Bibcode 2021ESRv..21503503S), p. 103503
  14. « 10 New Sheqalim », sur Numista (consulté le ).
  15. Pierre Clairambault, Ammonoïdés, EncyclopÊdia Universalis [en ligne], consulté le 4 avril 2015. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/ammonoides/
  16. Patrice Lebrun, « Ammonites du Jurassique – Tome 1 », MinĂ©raux & Fossiles, no 24 (Hors sĂ©rie),‎ (ISSN 0335-6566)
  17. « Encyclopédie Larousse en ligne - dinosaure », sur larousse.fr (consulté le ).
  18. (en) David Lambert, The Ultimate Dinosaur Book, Dorling Kindersley, , 38-81 p. (ISBN 1-56458-304-X)
  19. (en) Haines, Tim (2000) Walking with Dinosaurs: A Natural History, New York: Dorling Kindersley Publishing, Inc., p. 65 (ISBN 0-563-38449-2)
  20. (en) Behrensmeyer, Anna K., Damuth, J.D., DiMichele, W.A., Potts, R., Sues, H.D. & Wing, S.L. (eds.) (1992), Terrestrial Ecosystems through Time: the Evolutionary Paleoecology of Terrestrial Plants and Animals, University of Chicago Press, Chicago and London, (ISBN 0-226-04154-9) (cloth), (ISBN 0-226-04155-7)
  21. Le Loeuff (2016), p. 217-222.

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Kazlev, M. Alan (2002) Paleos website .
  • (en) Mader, Sylvia (2004) Biology, eighth edition.
  • (en) Ogg, Jim; June, 2004, Overview of Global Boundary Stratotype Sections and Points (GSSP's) http://www.stratigraphy.org/gssp.htm Accessed April 30, 2006.
  • (en) Stanley, S.M. and Hardie, L.A. (1998), Secular oscillations in the carbonate mineralogy of reef-building and sediment-producing organisms driven by tectonically forced shifts in seawater chemistry, Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology 144 : 3-19.
  • (en) Stanley, S.M. and Hardie, L.A. (1999), Hypercalcification; paleontology links plate tectonics and geochemistry to sedimentology, GSA Today 9 : 1-7.
  • (en) Taylor, P.D. and Wilson, M.A., 2003, Palaeoecology and evolution of marine hard substrate communities, Earth-Science Reviews 62: 1-103 .

Articles connexes

Liens externes

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