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Ordovicien

L’Ordovicien est le second des six systĂšmes gĂ©ologiques constituant le PalĂ©ozoĂŻque. Il s’étend de - 485,4 Â± 1,9 Ă  - 443,4 Â± 1,5 millions d'annĂ©es (Ma). Il est prĂ©cĂ©dĂ© par le Cambrien et suivi par le Silurien.

Ordovicien

Stratigraphie

DĂ©butFin
Point stratotypique mondial 485,4 ± 1,9 Ma
(Extinction du Cambrien-Ordovicien)
Point stratotypique mondial 443,8 ± 1,5 Ma
(Extinction Ordovicien-Silurien)

Subdivisions

Paléogéographie et climat

Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
PlanisphĂšre de l'Ordovicien (460 Ma)
Taux de O2 atmosphérique env. 13,5 %vol[1]
(68 % de l'actuel)
Taux de CO2 atmosphĂ©rique env. 4 200 ppm[2]
(15 fois le niveau d'avant la révolution industrielle)
Température moyenne 16 °C[3]
(+2 °C par rapport à l'actuel)

Contexte géodynamique

Faune et flore

Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Diorama du Muséum américain reconstituant la faune marine de l'Ordovicien.

Évolution

L’Ordovicien a Ă©tĂ© dĂ©fini par Charles Lapworth en 1879 pour rĂ©soudre un problĂšme de paternitĂ© de certaines couches gĂ©ologiques. Adam Sedgwick et Roderick Murchison ont placĂ© ces couches respectivement dans le Cambrien et le Silurien[4]. Lapworth reconnaĂźt que les fossiles prĂ©sents dans les strates disputĂ©es sont distincts de ceux du Cambrien ou du Silurien et les attribue Ă  un nouveau systĂšme, nommĂ© Ordovicien en rĂ©fĂ©rence aux Ordovices, un peuple brittonique de l’actuel Pays de Galles.

Les couches gĂ©ologiques de l’Ordovicien renferment aujourd’hui de vastes rĂ©servoirs de pĂ©trole et de gaz naturel dans certaines rĂ©gions du monde. Il correspond Ă  une Ă©poque oĂč l'ocĂ©an global et l'atmosphĂšre terrestre se sont refroidis, conjointement Ă  une explosion de la biodiversitĂ© sur la planĂšte.

Datation

L’Ordovicien dĂ©bute avec un Ă©pisode d’extinction d’espĂšces important, l’extinction du Cambrien-Ordovicien. Il se finit par une autre extinction massive, l’extinction Ordovicien-Silurien oĂč 60 % des genres et 85 % des espĂšces disparaissent[5].

Subdivisions

L’Ordovicien se divise en trois Ă©poques[6] - [7] :

Supérieur
Hirnantien(445,2 ± 1,4 à 443,4 ± 1,5 Ma)
Katien(453,0 ± 0,7 à 445,2 ± 1,4 Ma)
Sandbien(458,4 ± 0,9 à 453,0 ± 0,7 Ma)
Moyen
Darriwilien(467,3 ± 1,1 à 458,4 ± 0,9 Ma)
Dapingien(470,0 ± 1,4 à 467,3 ± 1,1 Ma)
Inférieur
Floien(477,7 ± 1,4 à 470,0 ± 1,4 Ma)
Trémadocien(485,4 ± 1,9 à 477,7 ± 1,4 Ma)

Paléogéographie

Le niveau de la mer est Ă©levĂ© pendant l’Ordovicien, la transgression marine du TrĂ©madocien est celle oĂč le niveau de la mer est le plus haut dont il reste des traces.

Les continents de l’hĂ©misphĂšre sud sont groupĂ©s en un supercontinent : Gondwana. Le Gondwana est issu de la fracture d’un supercontinent encore plus ancien : Rodinia. Au dĂ©but de l’Ordovicien, Gondwana est situĂ© aux latitudes Ă©quatoriales et se dĂ©place vers le pĂŽle Sud. De petits terranes, qui se sĂ©parent du Gondwana y seront rĂ©-accrĂ©tĂ©s durant l’Ordovicien moyen. Ces Ă©vĂšnements orogĂ©niques ont laissĂ© des traces comme la prĂ©sence en Europe d’ophiolites, de granites et de roches mĂ©tamorphiques de cet Ăąge (massifs cristallins des Alpes : aiguilles Rouges, Belledonne).

Tout comme l’AmĂ©rique du Nord et l’Europe, Gondwana est en partie couvert de mers peu profondes. Les roches de l’Ordovicien sont principalement sĂ©dimentaires, les sĂ©diments marins qui en forment la plus grande partie sont constituĂ©s en grande partie de calcaire ; les schistes et le grĂšs sont bien moins frĂ©quents.

L’orogenĂšse taconienne se produit lors de la collision de Baltica et de Laurentia. Vers la fin de cette pĂ©riode, le Gondwana Ă©tait proche du pĂŽle et largement recouvert de glaciers, le climat se refroidit alors que la biodiversitĂ© croĂźt.

Stratigraphie

La base de l'Ordovicien, et donc la limite supérieure du Cambrien, est marquée par la premiÚre apparition du conodonte Iapetognathus fluctivagus.

Vie

Ordovicien, climat et explosion de la biodiversité

Selon une Ă©tude[8] publiĂ©e en 2008, il y aurait une relation forte entre biodiversitĂ© marine et changement climatique, et l'explosion de la biomasse et de la biodiversitĂ© marine, dont la trace a Ă©tĂ© conservĂ©e par les fossiles datant d'il y a 460 millions d'annĂ©es, a coĂŻncidĂ© avec un refroidissement global Ă  la fin duquel le nombre de genres et de familles d'ĂȘtres vivants avait triplĂ© ou quadruplĂ© par rapport Ă  l'Ă©poque prĂ©cĂ©dente.

Cette corrélation a été établie via la mesure des variations du rapport de deux isotopes de l'oxygÚne dans certains minéraux conservés dans les éléments de conodontes de ces époques (le ratio entre les isotopes de l'oxygÚne étant indicateur de la température de l'eau de mer dans laquelle vivaient ces animaux). Il y a plus de 490 millions d'années, avant l'Ordovicien, l'atmosphÚre terrestre était plus riche en CO2, ce qui la maintenait dans un état plus chaud (par effet de serre induit par ce gaz). La température des océans atteignait alors 45 °C, température peu favorable à un taux élevé d'oxygÚne dissous. La biodiversité a contribué, via la photosynthÚse et la production de « puits de carbone » à pomper et fixer le CO2 atmosphérique. Il y a environ 460 millions d'années, les mers se sont lentement refroidies, et ce refroidissement progressif a été contemporain d'une explosion de la biodiversité. Il semble que la biodiversité ait favorisé un refroidissement, et que ce refroidissement ait favorisé le développement de cette biodiversité. L'apparition des récifs coralliens a notamment joué un rÎle important.

Timothy Lenton, de l'université d'Exeter (Royaume-Uni), complÚte ce scénario en ajoutant que l'altération des roches, engendrée par les végétaux colonisant les continents, induit elle-aussi une réaction chimique consommatrice de CO2. La teneur en gaz carbonique aurait ainsi diminué de moitié, provoquant une baisse de température globale de 5 °C et donc une glaciation il y a 460 Ma, la glaciation de l'Ordovicien supérieur. Le développement des plantes terrestres aurait donc contribué à la disparition de nombreuses plantes marines.

Le délitement continu des roches amÚne des quantités importantes de phosphore et de fer dans les océans, ce qui favorise le développement du phytoplancton et crée ainsi un gros puits de carbone marin. Ceci induit une autre période de glaciation environ 15 Ma plus tard[9].

Flore

Des spores fossiles attribuĂ©es Ă  des plantes de type terrestre ont Ă©tĂ© trouvĂ©s dans les sĂ©diments de l'Ordovicien supĂ©rieur. Avasculaires, elles Ă©taient semblables aux hĂ©patiques modernes, descendant probablement d'algues vertes du groupe des Streptophytes, communes au Cambrien supĂ©rieur. À cette Ă©poque, leur extension se limitait aux rives et aux lignes de cĂŽtes oĂč elles formaient un tapis ras, comme les Bryophytes modernes.

Les premiers champignons terrestres datent de la mĂȘme pĂ©riode. Des hyphes et des spores ont Ă©tĂ© datĂ©s de 460 Ma. Ils auraient pu jouer un rĂŽle crucial dans la colonisation des terres par les plantes. GrĂące Ă  la symbiose mycorhizienne, ils auraient rendu les minĂ©raux nutritifs disponibles pour les cellules vĂ©gĂ©tales[10].

Faune

Lumachelle extrait de la formation Liberty
« CimetiĂšre » marin de l’Ordovicien, il y a environ 450 millions d’annĂ©es. On reconnait des ophiures, des cystoĂŻdes, des Ă©toiles de mer et des trilobites fossiles retrouvĂ©s Ă  Arfoud, au Maroc, et exposĂ©s au MusĂ©e cantonal de gĂ©ologie de Lausanne, en Suisse.

Bien que moins connu que l’explosion cambrienne, l’ordovicien est aussi une pĂ©riode de radiation Ă©volutive : le nombre de genres d'animaux marins quadruple, rĂ©sultant en 12 % de la faune connue du PhanĂ©rozoĂŻque[11]. Les Trilobites, brachiopodes inarticulĂ©s et ÉocrinoĂŻdes du Cambrien laissent la place aux espĂšces qui vont dominer le reste du PalĂ©ozoĂŻque tels que des Cephalopoda, des Crinoidea et des brachiopodes articulĂ©s ; en particulier les trilobites sont largement remplacĂ©s par d’autres espĂšces sur les plateaux continentaux, leur succĂšs personnifiant la diversitĂ© accrue des organismes sĂ©crĂ©tant des coquilles Ă  base de carbonates de l’Ordovicien comparĂ© au Cambrien[12].

En AmĂ©rique du Nord et en Europe, l’Ordovicien est une Ă©poque de mer continentale peu profonde riche en vie. En particulier les trilobites et les brachiopodes sont variĂ©s et nombreux. Les premiers ectoproctas apparaissent ainsi que les rĂ©cifs de coraux. Les coraux isolĂ©s sont plus anciens et datent au moins du Cambrien. Les mollusques, qui remontent eux aussi au Cambrien ou Ă  l’Édiacarien, deviennent communs, plus spĂ©cialement les bivalves, Gastropoda et Nautiloidea. Il a Ă©tĂ© longtemps considĂ©rĂ© que les premiers VertĂ©brĂ©s datent de cette Ă©poque mais des dĂ©couvertes rĂ©centes en Chine ont montrĂ© leur prĂ©sence probable au dĂ©but du Cambrien. Les graptolites sont prolifiques dans les ocĂ©ans.

Références

  1. (de) teneur en oxygÚne dans l'atmosphÚre au Phanérozoïque
  2. (en) dioxyde de carbone au Phanérozoïque
  3. (en) température de la Terre
  4. (en) Michael G. Bassett, « 100 years of Ordovician geology », Episodes, vol. 2, no 2,‎ , p. 18-21 (lire en ligne [PDF])
  5. (en) David Jablonski, « Extinction in the fossil record », Philosophical Transactions of the Royal Society B, vol. 344, no 1307,‎ , p. 11-17 (DOI 10.1098/rstb.1994.0045, lire en ligne).
  6. (en) [PDF] « International chronostratigraphic chart (2012) », sur http://www.stratigraphy.org/.
  7. Gradstein et al. 2012.
  8. étude conduite par le Laboratoire INSU-CNRS PaléoEnvironnements et PaléobioSphÚre de Lyon et l'Australian National University de Canberra ; Did cooling oceans trigger Ordovician biodiversification : evidence from conodont thermometry, Science, 25 juillet 2008.
  9. Paléoclimatologie - L'apparition des plantes sur les continents élucide certains épisodes glaciaires. Dans Science & Vie, n° 1135, avril 2012, p. 31.
  10. (en) Redecker, D., Kodner, R. et Graham, L. E., « Glomalean fungi from the Ordovician », Science, vol. 289, no 5486,‎ , p. 1920-1921 (PMID 10988069, DOI 10.1126/science.289.5486.1920, Bibcode 2000Sci...289.1920R)
  11. (en) Dougal Dixon et al., Atlas of Life on Earth, (New York: Barnes & Noble Books, 2001), p. 87.
  12. (en) John D. Cooper, Richard H. Miller, et Jacqueline Patterson, A Trip Through Time: Principles of Historical Geology, (Columbus: Merrill Publishing Company, 1986), pp. 247, 255-9.

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) F.M. Gradstein, J.G Ogg, M. Schmitz et G. Ogg, The Geologic Time Scale 2012, Elsevier, , 1176 p. (ISBN 978-0-444-59448-8, lire en ligne)
  • (en) Stig M. Bergström, Xu Chen, Juan Carlos GutiĂ©rrez-Marco et Andrei Dronov, « The new chronostratigraphic classification of the Ordovician System and its relations to major regional series and stages and to ÎŽ13C chemostratigraphy », Lethaia, vol. 42, no 1,‎ , p. 97-107 (DOI 10.1111/j.1502-3931.2008.00136.x)

Liens externes

Articles connexes

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