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Tithonien

Le Tithonien est le troisiĂšme et dernier Ă©tage stratigraphique du Jurassique supĂ©rieur (Malm). Il s'Ă©tend de -152,1 ± 0,9 Ă  ≃ -145,0 millions d'annĂ©es[1]. Il est prĂ©cĂ©dĂ© du KimmĂ©ridgien et est suivi par le Berriasien (CrĂ©tacĂ©). Il se substitue depuis 1990 au Portlandien. Sa durĂ©e est d'environ 7 millions d'annĂ©es.

Tithonien

Stratigraphie

DĂ©butFin
152,1 ± 0,9 Ma≃145,0 Ma

Historique et Étymologie

Le terme de Tithonische Etage a Ă©tĂ© introduit par le palĂ©ontologue allemand Carl Albert Oppel en 1865[2]. Son nom est inhabituel pour un Ă©tage gĂ©ologique, car il n'est pas liĂ© Ă  une rĂ©gion ou une localitĂ© oĂč le stratotype de l'Ă©tage est dĂ©fini Ă  l'origine. Il est empruntĂ© Ă  la mythologie grecque. Tithon (΀ÎčΞωΜός), fils de LaomĂ©don, tomba amoureux d'Éos, la dĂ©esse de l'aurore. S'il se retrouve en stratigraphie, c'est qu'il tend les bras Ă  l'aurore du CrĂ©tacé  Oppel n’a donc pas indiquĂ© un stratotype prĂ©cis mais une suite d’affleurements situĂ©s entre la Pologne et l’Autriche. Le palĂ©ontologue allemand Melchior Neumayr dĂ©montre en 1873[3] que la limite entre KimmĂ©ridgien et Tithonien est proche de celle dĂ©finie par le naturaliste et palĂ©ontologue français Alcide d'Orbigny Ă  partir de 1842[4] - [5] entre ses Ă©tages KimmĂ©ridgien et Portlandien (dĂ©fini dans l’üle de Portland dans le comtĂ© du Dorset dans le Sud de l’Angleterre).

Cependant une comprĂ©hension diffĂ©rente de l’étage portlandien selon les rĂ©gions et les pays a conduit finalement la commission stratigraphique internationale et l'Union internationale des sciences gĂ©ologiques (UISG) Ă  retenir le terme de Tithonien en [6]. L'ancien nom de "Tithonique", encore parfois utilisĂ©, est obsolĂšte[1].

Dans la province palĂ©obiogĂ©ographique dite borĂ©ale (Russie, Scandinavie, Groenland, etc.) le gĂ©ologue russe Serguei N. Nikitin a crĂ©Ă© en 1881 un Ă©tage Volgien basĂ© sur la biozonation des ammonites[7]. Il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© depuis que l’étage Volgien correspond Ă  peu prĂšs au Tithonien. La commission stratigraphique internationale, en 1990, a laissĂ© la possibilitĂ© d’utiliser le nom Volgien pour les provinces borĂ©ales et subborĂ©ales, mĂȘme si le terme Tithonien prime pour cet intervalle de temps[1].

Stratotype

Stratotype historique

Il n’y a pas de stratotype de rĂ©fĂ©rence dans la dĂ©finition du Tithonien donnĂ©e par Oppel, mais une suite de coupes gĂ©ologiques et affleurements indiquĂ©e entre la Pologne et l’Autriche.

Stratotype, PSM

Encore plus que pour le KimmĂ©ridgien le provincialisme extrĂȘme du Tithonien rend trĂšs complexe la dĂ©finition des limites et de la biozonation du Tithonien.

Base du Tithonien

Les diffĂ©rentes provinces palĂ©obiogĂ©ographiques ont conduit Ă  l’établissement d’échelles biostratigraphiques distinctes pour chacune de ces provinces et mĂȘme, au sein d’une province, de zonations diffĂ©rentes en fonction des marqueurs choisis (ammonites, calpionelles, nannofossiles, magnĂ©tostratigraphie) [6].

Le Point Stratotypique Mondial (PSM) pour la dĂ©finition officielle de la base de l’étage est cependant en cours de sĂ©lection. Il sera choisi dans des sĂ©diments pĂ©lagiques bien dĂ©veloppĂ©s du domaine tĂ©thysien. Ceci devrait mettre un terme Ă  de longues controverses et Ă  un long travail qualifiĂ© de dĂ©fi rĂ©barbatif par James G. Ogg et Linda A. Hinnov (2012)[6].

Plusieurs sites sont étudiés :

Dans ces rĂ©gions appartenant au domaine tĂ©thysien, la base du Tithonien sera dĂ©terminĂ©e Ă  partir de l’apparition des ammonites Hybonoticeras aff. hybonotum et Glochiceras lithographicum (base de la zone Ă  Hybonotum), et immĂ©diatement suivie par l’occurrence des premiĂšres ammonites du genre Gravesia.

Toit du Tithonien

De mĂȘme le PSM de la base du premier Ă©tage du CrĂ©tacĂ©, le Berriasien, qui marquerait le toit du Tithonien, n’a pas encore Ă©tĂ© choisi[6].

Le sommet du Tithonien correspond au toit du systĂšme Jurassique. La limite entre les systĂšmes Jurassique/CrĂ©tacĂ© est singuliĂšre car elle n’est pas marquĂ©e par un Ă©vĂ©nement global. C’est une diffĂ©rence majeure avec les limites des deux systĂšmes prĂ©cĂ©dents : limites Jurassique/Trias et Trias/Permien et celle du systĂšme qui suit le Jurassique : limite CrĂ©tacĂ©/PalĂ©ogĂšne, qui sont toutes affectĂ©es par des phĂ©nomĂšnes d’extinctions massives.

Outre le provincialisme palĂ©obiogĂ©ographique soulignĂ© plus haut, la partie supĂ©rieure de l’étage est marquĂ©e par une rĂ©gression marine de premier ordre. Sur une partie de l’Europe, les sĂ©diments dĂ©posĂ©s indiquent des milieux peu profonds, laguno-lacustres, constituĂ©s d’argiles, de marnes et de calcaires fins avec des Ă©vaporites (exemples : comtĂ©s du Dorset et du Sussex de l'Est, Boulonnais, Jura, Charentes, calcaire de Solnhofen en BaviĂšre, etc.). Ce faciĂšs appelĂ© Purbeckien, un temps considĂ©rĂ© comme un Ă©tage Ă  part entiĂšre, est difficile Ă  dater. On considĂšre aujourd’hui qu’il se situe Ă  cheval sur la limite Tithonien-Berriasien (premier Ă©tage du systĂšme CrĂ©tacĂ©) qui vient immĂ©diatement au-dessus du Tithonien.

Subdivisions

Au vu du provincialisme biogĂ©ographique Ă©voquĂ© ci-dessus, les subdivisions de l’étage Ă  une Ă©chelle globale ne sont pas encore dĂ©finitives.

Paléogéographie et FaciÚs

FormationLocalisationDescriptionPhoto
Calcaires tithoniensSaint-Pierre-de-ChartreuseLes sommets du chaßnon central du massif de la Chartreuse, comme la Scia et le Roc d'Arguille, sont constitués de calcaires du Tithonien supérieur. Cette couche de calcaire s'étend vers l'ouest en plan incliné depuis le sommet. Les calcaires plus anciens (Tithonien moyen et inférieur) affleurent à la faveur de l'érosion, sur les versants est et sud[8].Roc d'Arguille

Paléontologie

Le calcaire de Solnhofen dans le sud de l’Allemagne est un des sites les plus cĂ©lĂšbres au monde pour la qualitĂ© de conservation et la variĂ©tĂ© de ses fossiles.

Les diffĂ©rentes provinces biogĂ©ographiques abritent des faunes marines distinctes. Par exemple, pour les ammonites, les genres Hybonoticeras, Semiformiceras, Richterella, Simoceras, Burckhardticeras, Micracanthoceras, Simplisphinctes, Paraulacosphinctes, Durangites, Franconites, Danubisphinctes, Sublithacoceras, Lemencia, Isterites, Pseudovirgatites, etc. abondent en domaine tĂ©hysien (sud de l’Espagne, Balkans, sud-est de la France, sud de l’Allemagne, 
), tandis qu’en domaine borĂ©al (Grande-Bretagne, Boulonnais, Groenland, 
), les genres Pectinatites, Pavlovia, Virgatopavlovia, Progalbanites, Glaucolithites, Galbanites, Titanites, Paracraspedites, Subcraspedites, etc. dominent[9].

Le biome franco-germanique (Bassins parisien et aquitain) montre dans la partie basale de l’étage des faciĂšs pĂ©lagiques Ă  ammonites essentiellement du genre Gravesia qui, en s'Ă©loignant parfois de leur biome vers le nord ou vers le sud, facilitent les corrĂ©lations entre les diffĂ©rentes rĂ©gions. Mais dans ce biome, les environnements laguno-lacustres du faciĂšs purbeckien s’installent rapidement et, en l’absence d’ammonites, empĂȘchent toute corrĂ©lation stratigraphique[9] - [10].

Faune

Fossile de Gyrodendron lobatum du Tithonien, un corail trouvé à Nattheim, dans le Bade-Wurtemberg, Allemagne.

Vertébrés

La faune était caractérisée par les Thalattosuchia, animaux marins ayant la forme de crocodiles :

Références

  1. « Charte stratigraphique internationale (2012) » [PDF], sur http://www.stratigraphy.org/ (consulté le )
  2. (de)Carl Albert Oppel, Die Tithonische Etage. Zeitschrift der Deutschen Geologischen Gesellschaft, volume 17, 1865, p. 535-558
  3. (de) Melchior Neumayr, Die Fauna des Schichten mit Aspidoceras acanthicum, Abhandlungen der Kais.-Königl. Geologischen Reichsanstalt, volume5, no 6, 1873, p. 141-257
  4. Alcide d'Orbigny, Paléontologie française. Terrains jurassiques. 1, Céphalopodes, Masson éditeurs, Paris, 1842-1851, 2 volumes
  5. Alcide d'Orbigny, Cours élémentaire de paléontologie et de géologie stratigraphique, Masson éditeur, Paris, 1849-1852, 2 volumes
  6. (en) F.M. Gradstein, J.G Ogg, M. Schmitz et G. Ogg, The Geologic Time Scale 2012, Elsevier, , 1176 p. (ISBN 978-0-444-59448-8, lire en ligne)
  7. (ru)Serguei N. Nikitin,Jurassic formations between Rogbinsk, Mologa, and Myshkin, Materials on the Geology of Russia, no 10, 1881, p. 199-331
  8. « Roc d'Arguille, partie nord de la montagne de Pravouta, habert et collet de Pravouta », geol-alp.com
  9. Groupe français d'Ă©tude du Jurassique, Biostratigraphie du Jurassique ouest-europĂ©en et mĂ©diterranĂ©en : zonations parallĂšles et distribution des invertĂ©brĂ©s et microfossiles, Élie Cariou et Pierre Hantzpergue (coordonnateurs), Bulletin Centre recherches Elf Exploration-Production, MĂ©moire 17, 1997, 440 p., 6 figures, 79 tableaux, 42 planches
  10. Pierre Hantzpergue, Les ammonites kimméridgiennes du haut-fond d'Europe occidentale. Biochronologie, systématique, évolution, paléogéographie, Cahiers de paléontologie, éditions du CNRS, 1989, 428 p.

Voir aussi

Articles connexes

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