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Kimméridgien

Le KimmĂ©ridgien est le deuxiĂšme Ă©tage stratigraphique du Jurassique supĂ©rieur (Malm). Il s'Ă©tend de -157,3 ± 1,0 Ă  -152,1 ± 0,9 millions d'annĂ©es[1]. Sa durĂ©e est d'environ 5 millions d'annĂ©es.

Kimméridgien
Notation chronostratigraphique j6
Notation française j6
Notation RGF j6
Stratotype initial Argiles gris-foncé de Kimmeridge.
Stratotype courant 57° 36â€Č 00″ N, 6° 12â€Č 00″ O
Niveau Étage / Âge
Époque / SĂ©rie
- PĂ©riode / SystĂšme
-- Érathùme / Ère
Jurassique supérieur
Jurassique
MĂ©sozoĂŻque

Stratigraphie

DĂ©butFin
157,3 ± 1,0 Ma152,1 ± 0,9 Ma

Paléogéographie et climat

Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Formation des argiles de Kimmeridge, exposées en falaises à Kimmeridge Bay (comté de Dorset). Argiles grises à noires alternant avec des calcaires ou dolomies beiges à bruns. Stratotype historique du Kimméridgien.

Faune et flore

Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Bryozoaires des schistes bitumineux kimméridgiens d'Estonie

Historique et Ă©tymologie

L'Ă©tage KimmĂ©ridgien a Ă©tĂ© dĂ©fini prĂšs du village de Kimmeridge situĂ© prĂšs de Bournemouth sur la cĂŽte du Dorset en Angleterre. Le terme de KimmĂ©ridgien a Ă©tĂ© introduit par le naturaliste et palĂ©ontologue français Alcide d'Orbigny Ă  partir de 1842[2] - [3]. En 1856-1858 Carl Albert Oppel agrandit le KimmĂ©ridgien en y incluant l’étage Corallien sous-jacent que d’Orbigny avait dĂ©fini quelques annĂ©es auparavant [4]. L’acception trĂšs large du terme KimmĂ©ridgien d’Oppel lui faisait inclure Ă©galement tout le Jurassique terminal jusqu’à la base du CrĂ©tacĂ©. En 1865 il amputera la partie supĂ©rieure de « son » KimmĂ©ridgien pour crĂ©er l’étage Tithonique[5]. Ces limites et la biozonation de l’étage ont ensuite Ă©tĂ© amplement discutĂ©es.

Le Colloque du Jurassique Ă  Luxembourg en 1962 place la biozone d’ammonites Ă  Pictonia baylei Ă  la base du KimmĂ©ridgien pour la province palĂ©ogĂ©ographique dite sub-borĂ©ale[6].

Stratotype

Stratotype historique

La formation des argiles de Kimmeridge qui affleurent sur les falaises cĂŽtiĂšres du Dorset dans le sud de l’Angleterre constituent le stratotype historique de l'Ă©tage KimmĂ©ridgien. Il s’agit d'argiles laminĂ©es grises Ă  noires avec des intercalations de marnes, de calcaires Ă  coccolithes et de dolomies[7].

Stratotype, PSM

Un Point Stratotypique Mondial (PSM) a Ă©tĂ© prĂ©-sĂ©lectionnĂ© pour la base du KimmĂ©ridgien. Il se situe prĂšs du lieu-dit Flodigarry , dans la formation gĂ©ologique de Staffin Bay, au nord de l’üle de Skye sur la cĂŽte nord-ouest de l’Écosse. Il s’agit d’argiles gris-foncĂ© livrant des ammonites appartenant aux provinces faunistiques sub-borĂ©ale et borĂ©ale[8] - [9]. Ce PSM n’est pas encore formellement entĂ©rinĂ© par la communautĂ© des stratigraphes. Il faut chercher les raisons de ces difficultĂ©s historiques et actuelles de dĂ©finition des limites du KimmĂ©ridgien et de sa biozonation dans le provincialisme marquĂ© qui intervient Ă  compter de l’Oxfordien moyen[8]. Des entitĂ©s palĂ©obiogĂ©ographiques se singularisent en Europe avec, du nord au sud :

  • un domaine borĂ©al avec :
    • au nord une province borĂ©ale (Groenland, Ecosse),
    • au sud une province sub-borĂ©ale (Angleterre, Normandie) ;
  • un biome franco-germanique (Bassins parisien et aquitain, Allemagne septentrionale), sĂ©parant les domaines borĂ©al et tĂ©thysien ;
  • un domaine tĂ©thysien avec :
    • au nord une province submĂ©diterranĂ©enne (Jura souabe, sud-est de la France, nord de l’Espagne),
    • au sud une province mĂ©diterranĂ©enne (Italie du nord-est, sud de l’Espagne).

Ces particularitĂ©s biogĂ©ographiques ont conduit Ă  l’établissement d’échelles biostratigraphiques (basĂ©es sur les ammonites) diffĂ©rentes pour chacune de ces provinces. La rĂ©conciliation de ces biozonations est dĂ©licate et ralentit le processus de dĂ©signation d’un PSM de rĂ©fĂ©rence pour la base du KimmĂ©ridgien Ă  l’échelle mondiale.

De mĂȘme le PSM de la base du Tithonien, qui marquerait le sommet du KimmĂ©ridgien, n’a pas encore Ă©tĂ© choisi[8].

Formation kimméridgienne calcaire du Creux-du-Van dans le Jura suisse (150 m de hauteur) : des rapaces y nichent.

Subdivisions

Au vu du provincialisme biogĂ©ographique Ă©voquĂ© ci-dessus, les subdivisions de l’étage ne sont pas encore dĂ©finitives. Pour le Biome franco-germanique, intermĂ©diaire entre les deux grands domaines palĂ©ogĂ©ographiques (borĂ©al et tĂ©thysien) d’Europe, les principales subdivisions sont les suivantes :

Échelle stratigraphique du KimmĂ©ridgien biome franco-germanique (Bassins parisien et aquitain, Allemagne septentrionale). Sous-Ă©tages et zones et sous-zones d’ammonites[10] - [11].
Étage Sous-Ă©tage Zone Sous-zone
KimméridgiensupérieurAutissiodorensisIrius
Autissiodorensis
EudoxusContejeani
Caletanum
Orthocera
MutabilisLallierianum
Mutabilis
inférieurCymodoceChatellaillonensis
Cymodoce
RupellenseRupellense

La zone Ă  Planula et une partie de la zone Ă  Bimammatum de l’Oxfordien supĂ©rieur de la TĂ©thys serait Ă  inclure dans la partie basale du KimmĂ©ridgien[8].

Paléogéographie et faciÚs

On retrouve les faciĂšs argileux du KimmĂ©ridgien du Dorset de l'autre cĂŽtĂ© de la Manche en Normandie (falaises d’Octeville-sur-Mer, etc.).

Par sa richesse en matiÚre organique, la formation des argiles de Kimmeridge constitue une roche-mÚre d'excellente qualité à l'origine, en particulier, d'une grande partie des champs d'hydrocarbures de la province pétroliÚre de la mer du Nord, à cheval sur la frontiÚre entre la Grande-Bretagne et la NorvÚge[12].

Anecdote

Chablis semble ĂȘtre le seul vignoble d'AOC avec ChĂąteau Chalon (vin jaune) Ă  faire expressĂ©ment rĂ©fĂ©rence Ă  la gĂ©ologie pour la qualitĂ© de son vin. En effet, un jugement de 1923 indique le KimmĂ©ridgien comme Ă©lĂ©ment essentiel des meilleurs chablis avec en sous-sol une formation marno-calcaire renfermant de grandes quantitĂ©s de minuscules huĂźtres fossiles : les Exogyra virgula.

Paléontologie

Les diffĂ©rentes provinces biogĂ©ographiques abritent des faunes marines diffĂ©rentes. Par exemple, pour les ammonites, la famille des Ataxioceratidae prĂ©dominante en province submĂ©diterranĂ©enne est remplacĂ©e par les sous-familles de Taramelliceratinae, Aspidoceratinae, Idoceratinae en province mĂ©diterranĂ©enne. Le biome franco-germanique est « rythmĂ© par l’alternance d’influences tĂ©thysiennes ou borĂ©ales et par le dĂ©veloppement de populations endĂ©miques d’origine soit tĂ©thysienne (Lithacosphinctes, Tolvericeras, Aspidoceras, Orthaspidoceras,...), soit borĂ©ale (Eurasenia, Pararasenia) »[10].

Les argiles de Kimmeridge sont rĂ©putĂ©es pour leur faune de vertĂ©brĂ©s marins fossiles : « crocodiles Â», plĂ©siosaures, pliosaures, ichthyosaures[13].

Références

  1. « Charte stratigraphique internationale (2012) » [PDF], sur http://www.stratigraphy.org/ (consulté le )
  2. Alcide d'Orbigny, Paléontologie française. Terrains jurassiques. 1, Céphalopodes, Masson éditeurs, Paris, 1842-1851, 2 volumes
  3. Alcide d'Orbigny, Cours élémentaire de paléontologie et de géologie stratigraphique, Masson éditeur, Paris, 1849-1852, 2 volumes
  4. (de)Carl Albert Oppel, Die Juraformation Englands, Frankreichs und des sĂŒdwestlichen Deutschlands, nach ihren einzelnen Gliedern eingeteilt und verglichen, Stuttgart, Ebner & Seubert, 1856–1858, 857 p.
  5. (de)Carl Albert Oppel, Die Tithonische Etage. Zeitschrift der Deutschen Geologischen Gesellschaft, volume 17, 1865, p. 535-558
  6. Pierre-Louis Maubeuge, Colloque du Jurassique Ă  Luxembourg 1962, Publication de l’Institut Grand-Ducal, Section des Sciences Naturelles, Physiques et MathĂ©matiques, Luxembourg, 1964, 948 p.
  7. (en) « Astrochronology of the late Jurassic Kimmeridge Clay (Dorset, England) and implications for Earth system processes », Earth and Planetary Science Letters, vol. 289, nos 1-2,‎ , p. 242–255 (ISSN 0012-821X, DOI 10.1016/j.epsl.2009.11.013, lire en ligne, consultĂ© le ).
  8. (en) F.M. Gradstein, J.G Ogg, M. Schmitz et G. Ogg, The Geologic Time Scale 2012, Elsevier, , 1176 p. (ISBN 978-0-444-59448-8, lire en ligne)
  9. Andrzej Wierzbowski et al., « A potential stratotype for the Oxfordian/Kimmeridgian boundary: Staffin Bay, Isle of Skye, UK », Volumina Jurassica, vol. 4, no 4,‎ , p. 17-33 (ISSN 1731-3708, rĂ©sumĂ©).
  10. Groupe français d'Ă©tude du Jurassique, Biostratigraphie du Jurassique ouest-europĂ©en et mĂ©diterranĂ©en : zonations parallĂšles et distribution des invertĂ©brĂ©s et microfossiles, Élie Cariou et Pierre Hantzpergue (coordonateurs), Bulletin Centre recherches Elf Exploration-Production, MĂ©moire 17, 1997, 440 p., 6 figures, 79 tableaux, 42 planches
  11. Pierre Hantzpergue, Les ammonites kimméridgiennes du haut-fond d'Europe occidentale. Biochronologie, systématique, évolution, paléogéographie, Cahiers de paléontologie, éditions du CNRS, 1989, 428 p.
  12. « Les champs pétrolifÚres de la Mer du Nord », sur https://www2.ac-lyon.fr (consulté le )
  13. (en) David B. Weishampel, Peter Dodson, Halszka OsmĂłlska, « Dinosaur distribution (Late Jurassic, Europe) », dans : The Dinosauria, 2nd, Berkeley : University of California Press, 2004, p. 545–549, (ISBN 0-520-24209-2)

Voir aussi

Articles connexes

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