PhotosynthĂšse artificielle
La photosynthÚse artificielle est un procédé chimique qui imite la photosynthÚse naturelle des plantes afin de transformer l'énergie solaire en énergie chimique.
La photosynthĂšse naturelle
DĂ©finition
La photosynthĂšse[1] existe chez les vĂ©gĂ©taux chlorophylliens et chez certaines bactĂ©rie (cyanophycĂ©es). Elle consiste en une suite de rĂ©actions biochimiques provoquĂ©es par la lumiĂšre, le type d'Ă©nergie faisant rĂ©agir des molĂ©cules minĂ©rales simples (CO2, H2OâŠ). Ces rĂ©actions entraĂźnent la production de molĂ©cules organiques glucidiques de masse molaire relativement faible. Certaines de ces molĂ©cules sont polymĂ©risĂ©es en glucides de masse molaire Ă©levĂ©e (amidon pour le stockage, saccharose pour le transport dans d'autres cellules), dâautres enfin sâunissent Ă des molĂ©cules azotĂ©es.
Le phĂ©nomĂšne est caractĂ©risĂ© par une absorption de dioxyde de carbone et par un dĂ©gagement dâoxygĂšne en prĂ©sence de lumiĂšre (ou Ă©ventuellement de maniĂšre retardĂ©e dans le cas des cactĂ©es).
La photosynthÚse est donc un terme dédié à la réaction s'opérant au sein des végétaux au contact de la lumiÚre. On parlera cependant de photosynthÚse artificielle lorsqu'il s'agit d'utiliser l'énergie lumineuse (notamment solaire) afin de réaliser des conversions énergétiques ne nécessitant pas la présence des cellules chlorophylliennes. Un domaine d'application de la photosynthÚse artificielle est l'utilisation de panneaux photovoltaïques.
Rappels sur le rĂŽle de la photosynthĂšse
La photosynthĂšse permet aux organismes qui la pratiquent (vĂ©gĂ©taux, cyanobactĂ©ries, lichens) de stocker de lâĂ©nergie d'origine solaire, principalement sous forme de sucre (de l'amidon pour les plantes) pour rĂ©pondre aux besoins prĂ©sents et futurs de l'organisme[2]. Les organismes qui pratiquent la photosynthĂšse sont autotrophes[3]. Ils peuvent ainsi synthĂ©tiser des matiĂšres organiques (notamment des protĂ©ines) Ă partir de matiĂšres inorganiques et du rayonnement solaire.
Quelques animaux ont, au cours de l'Ă©volution, appris Ă utiliser indirectement le mĂ©canisme de la photosynthĂšse, via des endosymbioses. C'est spĂ©cifiquement le cas des coraux, de quelques vers plats, de l'Ă©ponge d'eau douceâŁâŁ, Spongilla lacustris, de la Salamandre maculĂ©e (seul vertĂ©brĂ© connu Ă ce jour (2011) qui ait pu Ă©tablir une symbiose avec une algue, en l'occurrence Oophila amblystomatis) et de la limace de mer Elysia chlorotica (premier animal dĂ©couvert capable d'utiliser la photosynthĂšse autrement que par symbiose avec une algue ; cette photosynthĂšse est effectuĂ©e par les chloroplastes de sa principale source de nourriture, l'algue Vaucheria litorea). Ă l'Ă©chelle planĂ©taire, les algues et principalement le phytoplancton marin produisent le plus dâoxygĂšne, suivis des forĂȘts. Un domaine de recherche appliquĂ©e, la biomimĂ©tique, s'inspire de la nature pour dĂ©velopper des photosynthĂšses artificielles.
Le mécanisme de la photosynthÚse
La plante capte le dioxyde de carbone (CO2) prĂ©sent dans lâair, et lâeau (H2O) dans le sol. LâĂ©nergie solaire est utilisĂ©e pour oxyder lâeau et rĂ©duire le gaz carbonique afin de synthĂ©tiser des substances organiques (glucides). Cette transformation se dĂ©roule dans les chloroplastes (organites cellulaires) qui contiennent la chlorophylle. Ce pigment assure lâabsorption dâune partie de lâĂ©nergie des rayons solaires (bleus et rouges) qui rendent la photosynthĂšse possible. La photosynthĂšse a lieu au niveau des membranes thylakoĂŻdes, une double membrane pigmentĂ©e qui se trouve Ă lâintĂ©rieur du chloroplaste chez les eucaryotes. Câest dans les thylakoĂŻdes quâa lieu la rĂ©action lumineuse de la photosynthĂšse, lĂ oĂč se situent les photosystĂšmes 1 et 2 (Les photosystĂšmes interviennent dans les mĂ©canismes de la photosynthĂšse en absorbant les photons de la lumiĂšre) et les cytochromes, protĂ©ines colorĂ©es qui transportent les Ă©lectrons. AprĂšs plusieurs rĂ©actions chimiques entre lâĂ©nergie solaire, le COâ et lâH2O, du dioxygĂšne (O2) et du sucre sont produits. L'Oâ est ensuite libĂ©rĂ© dans lâatmosphĂšre, et le sucre (gĂ©nĂ©ralement sous forme d'amidon) est stockĂ© dans les fruits ou reste dans la feuille pour ĂȘtre transfĂ©rĂ© sous forme de saccharose dans la sĂšve Ă©laborĂ©e circulant dans les vaisseaux du phloĂšme.
La phase claire[4] est un ensemble de rĂ©actions photochimiques dont le principe est de capter lâĂ©nergie lumineuse des photons et de la transmettre, via des Ă©lectrons chargĂ©s de cette Ă©nergie, Ă une chaĂźne dâaccepteur dâĂ©lectrons (molĂ©cules ayant des potentiels dâoxydorĂ©duction variables). Elles dĂ©pendent de la lumiĂšre, et durant leur dĂ©roulement, les Ă©lectrons sont transportĂ©s Ă travers les deux photosystĂšmes (PSI et PSII), ce qui permet de produire de lâATP, molĂ©cule riche en Ă©nergie et du NADPH,H+ (potentiel rĂ©ducteur). L'ATP est synthĂ©tisĂ© par la pompe ATP-synthase qui exploite le gradient protonique crĂ©Ă© lors la rĂ©action entre le lumen du thylakoĂŻde et le stroma du chloroplaste. La phase claire permet donc directement la transformation de lâĂ©nergie lumineuse en Ă©nergie chimique, Ă©nergie qui sera forcĂ©ment utilisĂ©e dans la phase sombre. La phase sombre correspond au cycle de Calvin, entiĂšrement enzymatique et indĂ©pendant de la lumiĂšre, au cours duquel lâATP et le NADPH,H+ produits sont utilisĂ©s pour la fixation du dioxyde de carbone en glucide. Lâassimilation du CO2 se fait en quatre Ă©tapes principales, les trois premiĂšres se dĂ©roulant au sein du cycle de Calvin, la fixation du COâ (carboxylation) par la Rubisco puis sa rĂ©duction, la rĂ©gĂ©nĂ©ration de lâaccepteur de COâ et la synthĂšse des sucres.
L'Ă©nergie captĂ©e chaque seconde par la photosynthĂšse â Ă l'Ă©chelle planĂ©taire â est de l'ordre de 100 TJ, et c'est ce qui fournit toute l'Ă©nergie de la biosphĂšre. C'est moins d'un milliĂšme de l'Ă©nergie solaire arrivant sur Terre (1,5 ĂâŻ1018 kWh/an), mais c'est environ 10 fois plus que la consommation Ă©nergĂ©tique mondiale sur un an.
La photosynthĂšse artificielle
Il existe plusieurs types de photosynthĂšses artificielles, tous Ă lâĂ©tat de recherche ou de prototype. Une Ă©quipe du National Renewable Energy Laboratory rapporte en 1998 avoir crĂ©Ă© un dispositif permettant de dissocier l'oxygĂšne et l'hydrogĂšne de l'eau Ă partir d'Ă©nergie solaire[5]. Mais, ce dispositif sâest rĂ©vĂ©lĂ© instable et trop cher[6] - [7]. En 2007, une Ă©quipe de lâuniversitĂ© de Kyoto annonce quant Ă elle avoir inventĂ© un procĂ©dĂ© capable de capter le CO2 atmosphĂ©rique 300 fois plus efficacement que les plantes. NĂ©anmoins, la feuille artificielle (2011), le projet de Daniel Nocera[8], ancien chercheur au MIT (Massachusetts Institute of Technology) est le plus abouti technologiquement (il est le fruit de 25 annĂ©es dâĂ©tudes et est en voie de commercialisation) et est reprĂ©sentatif du principe gĂ©nĂ©ral qui est de dissocier lâeau pour produire de lâoxygĂšne et du dihydrogĂšne. Les projets concurrents utilisent diffĂ©rents matĂ©riaux pour provoquer cette rĂ©action[9].
En 2010, des chercheurs du dĂ©partement de chimie de l'UniversitĂ© de Göteborg, en collaboration avec des Ă©quipes de l'Ăcole polytechnique Chalmers et dâautres universitĂ©s europĂ©ennes, ont observĂ© grĂące aux puissants rayons X de l'European Synchrotron Radiation Facility, les mouvements des atomes au sein de protĂ©ines engagĂ©es dans un processus de photosynthĂšse. L'expĂ©rience, qui a fourni des informations en trois dimensions sur des mouvements de lâordre de 1,3 angström de molĂ©cules, pourrait servir Ă crĂ©er des dispositifs faisant de la photosynthĂšse artificielle afin de produire lâĂ©nergie du futur Ă partir de la lumiĂšre du Soleil[10].
Une Ă©quipe franco-allemande de l'Institut Max Planck et une unitĂ© de recherche du CNRS ont construit en 2020, un chloroplaste artificiel qui convertit le COâ cent fois plus vite que les prĂ©cĂ©dentes constructions semi-synthĂ©tiques[11].
Présentation de la feuille artificielle
La feuille artificielle est composĂ©e dâun assemblage de fines couches de diffĂ©rents mĂ©taux[12] qui catalysent lâoxydation de lâeau une fois plongĂ©e dedans et exposĂ©e au soleil. Elle oxyde lâeau, comme dans la photosynthĂšse naturelle, et rĂ©assemble les atomes qui la composent de façon diffĂ©rente. Ces nouvelles molĂ©cules pourront ĂȘtre utilisĂ©es pour produire de lâĂ©nergie.
Ăquation chimique
Comme dit prĂ©cĂ©demment, la feuille artificielle permet de reproduire lâoxydation de lâeau, puis dâutiliser les atomes et molĂ©cules obtenus pour en former de nouveaux. LâĂ©quation chimique de cette rĂ©action est : 2 H2O â O2 + 4 H+ + 4 eââ O2 + 2 H2
Les produits de la photosynthÚse réalisée à partir de la feuille artificielle sont donc du dioxygÚne et du dihydrogÚne.
Les différents composants et leur utilisation
La feuille artificielle est composée de différents métaux catalyseurs, le cobalt qui catalyse l'oxydation de l'eau, le silicium (utilisé dans les panneaux photovoltaïques) qui collecte les rayons lumineux et un alliage (nickel, molybdÚne, zinc) qui ressoude les électrons et les ions H+.
Le mécanisme
Le silicium collecte lâĂ©nergie lumineuse, ce qui permet Ă lâeau de sâoxyder au contact du cobalt (lâoxydation est Ă©change dâĂ©lectrons) : 2 H2O â O2 + 4 H+ + 4 eâ
Le dioxygĂšne obtenu est sous forme de gaz (de bulles), il sâĂ©chappe donc du milieu. Le silicium recueille les Ă©lectrons qui proviennent des atomes dâhydrogĂšne et les envoie vers lâalliage tandis que les ions H+ se retrouvent dans lâeau. Lâalliage permet ensuite dâassembler les ions H+ et les Ă©lectrons : O2 + 4 H+ + 4 eââ O2 + 2 H2
Ă la fin, nous obtenons ainsi du dioxygĂšne et du dihydrogĂšne, tous deux Ă lâĂ©tat gazeux.
Avantages
Ce type de production d'Ă©nergie se fait en consommant du COâ, donc en luttant contre le rĂ©chauffement climatique[13].
Une feuille artificielle du type de celle de Daniel Nocera, contrairement aux autres technologies qui produisent de lâĂ©nergie Ă partir dâeau et dâĂ©lectricitĂ©, ne nĂ©cessite pas un milieu trĂšs acide ni de l'eau trĂšs pure pour fonctionner. Elle fonctionne dans de lâeau Ă pH neutre, voire dans lâeau de mer. Et, les Ă©lĂ©ments du catalyseur sâautoassemblent si on leur fournit un peu dâĂ©nergie sous forme dâĂ©lectricitĂ©. Et, si le bain dans lequel est plongĂ©e la feuille artificielle contient les Ă©lĂ©ments nĂ©cessaires, les catalyseurs se rĂ©gĂ©nĂ©reront seuls au fur et Ă mesure de leur consommation.
La derniĂšre version de la feuille artificielle utilise des matĂ©riaux peu chers et communs (alors que les versions prĂ©cĂ©dentes utilisaient du platine, de lâiridium ou du ruthĂ©nium rares et toxiques).
Productivité
La feuille artificielle, tout comme la feuille naturelle, ne produit pas directement dâĂ©nergie, mais du dioxygĂšne et du dihydrogĂšne. Ces deux gaz peuvent ensuite ĂȘtre brĂ»lĂ©s ou utilisĂ©s pour faire fonctionner une pile Ă combustible, et donc produire de lâĂ©lectricitĂ©.
La feuille artificielle nâest pas encore compĂ©titive : aujourd'hui, produire 1 kg dâhydrogĂšne Ă partir dâune feuille artificielle coĂ»te entre 5 et 6 âŹ. Mais, produire la mĂȘme quantitĂ© dâhydrogĂšne Ă partir de mĂ©thane revient seulement Ă 2 ⏠et Ă partir de panneaux solaires Ă moins de 2 ⏠probablement aux environs de 2025[14] - [15]. Et, la quantitĂ© dâĂ©lectricitĂ© produite par rapport Ă la quantitĂ© dâĂ©nergie solaire reçue nâatteint que 2,5 % pour la feuille artificielle contre 15 Ă 20 % pour un panneau photovoltaĂŻque. Les laboratoires de lâĂ©cole polytechnique de Stockholm ont atteint un rendement de 300 molĂ©cules par seconde, comparable Ă celui des vĂ©gĂ©taux (100 Ă 400 molĂ©cules par seconde)[16].
Selon Daniel Nocera nĂ©anmoins, une premiĂšre centrale Ă©lectrique, de la taille dâun rĂ©frigĂ©rateur, suffisante pour produire de lâĂ©nergie en quantitĂ©, aurait pu voir le jour dĂšs 2013, avec un usage domestique plausible, mais en consommant de l'eau : une seule feuille immergĂ©e dans 4 litres dâeau suffirait Ă alimenter une maison en Ă©lectricitĂ© pendant une journĂ©e. Il cherche Ă amĂ©liorer son systĂšme pour produire de lâhydrogĂšne Ă 2,5 ⏠le kilo, de maniĂšre Ă le rendre intĂ©ressant pour les pays pauvres ou en voie de dĂ©veloppement.
Production d'Ă©nergie avec les produits de la photosynthĂšse artificielle
La photosynthĂšse artificielle produit deux gaz, du dioxygĂšne et du dihydrogĂšne.
Propriétés des gaz
Le dioxygĂšne ou encore molĂ©cule d'oxygĂšne est une molĂ©cule composĂ©e de deux atomes d'oxygĂšne et de formule chimique Oâ. Incolore, inodore et insipide, il participe Ă des rĂ©actions d'oxydo-rĂ©duction, essentiellement Ă la combustion et la corrosion. Il a Ă©tĂ© dĂ©couvert en 1774 par Joseph Priestley, et baptisĂ© oxygĂšne par Lavoisier en 1778.
Le âŁâŁdihydrogĂšneâŁâŁ[17], aussi appelĂ© molĂ©cule dâhydrogĂšne existe Ă l'Ă©tat gazeux aux conditions normales de pression et de tempĂ©rature. Cette molĂ©cule est composĂ©e de deux atomes d'hydrogĂšne et est de formule chimique Hâ. Elle est prĂ©sente sous forme de traces (0,5 ppmv) dans lâatmosphĂšre. Elle brĂ»le dans l'air en produisant de l'eau, d'oĂč son nom composĂ© Ă©tymologiquement par « hydro », du grec áœÎŽÏÏ (hudĂŽr) signifiant « eau », et « gĂšne », du grec ÎłÎ”ÎœÎœáŸ°Îœ (gennen), « engendrer ». Le dihydrogĂšne a un potentiel Ă©nergĂ©tique inĂ©galable (120 kJ/g contre 50 pour le gaz naturel[18].
Production d'Ă©nergie
LâhydrogĂšne ayant Ă©tĂ© dĂ©couvert il y a 300 ans, de nombreux moyens dâen tirer de lâĂ©nergie ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©s au cours des siĂšcles tels que le voltamĂštre de Hofmann ou le moteur Ă hydrogĂšne qui utilise le principe de la combustion du dihydrogĂšne (H2) et du dioxygĂšne (O2) pour laisser comme produit de l'eau (H2O) et de l'Ă©nergie (l'Ă©nergie dĂ©gagĂ©e par la combustion de 1 kilogramme d'hydrogĂšne Ă©quivaut Ă celle de 3 kilogrammes d'essence). Il s'agit d'une rĂ©action explosive qui actionne un piston de la mĂȘme maniĂšre qu'avec l'essence ou le gazole. La rĂ©action chimique est la suivante : 2 H2 + O2 â 2 H2O + Q (Q : quantitĂ© d'Ă©nergie libĂ©rĂ©e)
Le plus rĂ©cent est la pile Ă combustible[19] - [20] - [21] câest aussi le plus performant. Le principe de la pile Ă combustible est lâinverse de lâĂ©lectrolyse. La pile Ă combustible est constituĂ©e dâune anode et dâune cathode sĂ©parĂ©es par un Ă©lectrolyte, un matĂ©riau non-conducteur. Lâanode est chargĂ©e en hydrogĂšne ce qui signifie que projetĂ©e sur lâanode, le dihydrogĂšne se sĂ©pare en deux molĂ©cules dâhydrogĂšne en libĂ©rant un Ă©lectron. Cet Ă©lectron qui ne peut pas traverser lâĂ©lectrolyte passe par lâanode conductrice, fournit de lâĂ©nergie au systĂšme branchĂ© sur la pile Ă combustible et passe par la cathode. La cathode est chargĂ©e en molĂ©cules de dioxygĂšne. LâĂ©lectron, lâatome dâhydrogĂšne et lâatome oxygĂšne se recomposent en formant de lâeau (HâO, donc un atome dâoxygĂšne et deux atomes dâhydrogĂšne). On rĂ©cupĂšre donc de lâeau et de lâĂ©nergie sous forme de tension Ă©lectrique d'environ 0,7 Ă 0,8 volt et de la chaleur (la tempĂ©rature de fonctionnement varie de 60 Ă 200 °C selon les modĂšles)
Le rendement
Le rendement de la pile Ă combustible est actuellement supĂ©rieur Ă 50 % (par comparaison, un moteur thermique d'automobile a un rendement qui varie entre 25 % et 30 %), ce qui signifie que lâĂ©nergie nĂ©cessaire Ă la production de lâhydrogĂšne et lâoxygĂšne (lâobjectif Ă©tant que cette Ă©nergie soit fournie par le soleil) est rĂ©cupĂ©rĂ©e Ă 50 %. Les 50 % restants sont dissipĂ©s en chaleur. Si lâon adjoint Ă la pile Ă combustible un systĂšme de rĂ©cupĂ©ration de chaleur (pour chauffer de lâeau par exemple), le rendement augmente jusquâĂ 80 % voire 90 %.
Les dangers
La pile Ă combustible ne prĂ©sente pas de danger en elle-mĂȘme, mais ses rĂ©actifs, en particulier lâhydrogĂšne, ont une forte capacitĂ© Ă entrer en combustion. Ainsi, pour l'hydrogĂšne, 20 microjoules sont suffisants, et sa concentration dans l'air peut la faire brĂ»ler ou exploser. Au-delĂ de 12 % de concentration dans lâair, la dĂ©tonation gĂ©nĂšre 20 bars de pression et propage une flamme Ă 2 000 m/s. MalgrĂ© la dispersion rapide de l'hydrogĂšne dans l'air, le risque dâexplosion dans un milieu fermĂ© est important, ce qui explique les recherches engagĂ©es pour trouver un moyen de stocker l'hydrogĂšne sans risque. Les deux techniques de stockage actuelles sont le refroidissement Ă -273° (tempĂ©rature du zĂ©ro absolu) et la compression (>200 bars) mais ne sont pas satisfaisantes en raison de leur consommation d'Ă©nergie et de leur sensibilitĂ© aux fuites. Câest pourquoi le stockage par solidification sous forme dâhydrures est privilĂ©giĂ© (un hydrure est un composĂ© chimique de lâhydrogĂšne avec dâautres Ă©lĂ©ments, par exemple, le mĂ©tal qui se prĂ©sente comme une Ă©ponge). LâhydrogĂšne ainsi stockĂ© se prĂ©sente sous forme de galette mĂ©tallique solide ininflammable. Le processus est parfaitement rĂ©versible et les diffĂ©rents composĂ©s mĂ©talliques nâont pas dâeffet mĂ©moire et peuvent resservir indĂ©finiment.
Avantages
LâĂ©nergie dĂ©-carbonĂ©e devient un enjeu majeur pour l'humanitĂ© confrontĂ©e au rĂ©chauffement climatique et aux pollutions dues aux hydrocarbures fossiles (vĂ©hicules, chauffages, centrale thermique...). Les panneaux photovoltaĂŻques et les autres moyens renouvelables progressent mais sont encore trop limitĂ©s ou coĂ»teux par rapport aux besoins croissants des sociĂ©tĂ©s industrielles et/ou en expansion dĂ©mographique. Le nuclĂ©aire est efficace mais pose des problĂšmes de dĂ©chets, de risques d'attaques terroristes et de prolifĂ©ration nuclĂ©aire militaire.
Les moyens de recueillir l'Ă©nergie solaire autrement que via la biomasse sont encore peu performants. Les plantes utilisent lâĂ©nergie solaire via la photosynthĂšse pour produire du glucose et de la matiĂšre organique. La quantitĂ© dâĂ©nergie absorbĂ©e par les plantes est phĂ©nomĂ©nale mais ne reprĂ©sente quâune toute petite partie de lâĂ©nergie solaire reçue par la terre (3 850 000 exajoules (EJ) par an en 2002). Les panneaux solaires sont une autre façon de rĂ©cupĂ©rer cette Ă©nergie fournie en grande quantitĂ© par le soleil, lâĂ©nergie reçue en une heure correspondant Ă un an de consommation mondiale, et de la transformer en Ă©nergie Ă©lectrique utilisable par lâhomme, mais encore difficile Ă stocker massivement. Bien que le rendement moyen actuel de conversion des panneaux solaires soit passĂ© d'environ 10â% Ă environ 20 % en quelques dĂ©cennies, leur faible surface dans le monde ne leur permet de produire qu'une infime part des besoins mondiaux. Des scientifiques cherchent donc Ă imiter les plantes ou algues en tentant de catalyser une hydrolyse ou une oxydation de lâeau Ă la maniĂšre de la photosynthĂšse. Les produits de cette rĂ©action sont lâoxygĂšne et le dihydrogĂšne, Ă©lĂ©ments qui peuvent ĂȘtre exploitĂ©s comme combustibles ou utilisĂ©s dans une pile Ă combustible pour produire de lâĂ©lectricitĂ©.
Notes et références
- http://www.snv.jussieu.fr/bmedia/Photosynthese-cours/index.htm
- (en) « La photosynthÚse », sur ikonet.com (consulté le ).
- http://www.com.univ-mrs.fr/IRD/atollpol/glossaire/photos.htm
- ORLUC Laurent, la source de la biodiversité, Science et vie no 1043
- « La photosynthĂšse artificielle : de lâĂ©nergie Ă partir de soleil et dâeau », sur Science Ă©tonnante, (consultĂ© le ).
- « Accueil », sur Enerzine, (consulté le ).
- « Breakthrough in Artificial Photosynthesis Could Boost Solar Future / KTH », sur KTH (consulté le ).
- « American Chemical Society », sur American Chemical Society (consulté le ).
- science et vie junior numero 276 septembre
- futura-sciences.com du 12 mai 2010, A l'ESRF, on a photographié des atomes en pleine photosynthÚse !
- Julie Kern, « Des chercheurs ont reproduit la photosynthÚse artificiellement », sur futura-sciences.com,
- http://www.nature.com/nchem/journal/v4/n5/pdf/nchem.1301.pdf
- Aditya Prajapati & Meenesh R. Singh (2019). Assessment of Artificial Photosynthetic Systems for Integrated Carbon Capture and Conversion. ACS Sustainable Chemistry & Engineering, 2019; DOI: 10.1021/acssuschemeng.8b04969
- office parlementaire des choix technos, « L e s m o d e s d e p r o d u c t i o n d e l â h y d r o g Ăš n e », Senat,â , p6/10 (lire en ligne)
- « Le coĂ»t de lâhydrogĂšne dâorigine solaire pourrait atteindre entre 0,7 ⏠et 1,8 âŹ/kg dâici 2030 », sur pv magazine France (consultĂ© le )
- http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/70071.htm
- CEA magazine sur l'hydrogĂšne 2004
- ARTEROU, GUILLET, FRUCHART, FONTECAVE, L'hydrogĂšne une Ă©nergie propre pour demain ?, Pour la Science no 405
- « cea.fr/UserFiles/File/Animatio⊠»(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?).
- http://www.pile-a-combustible.com/
- « Pile à combustible », sur Futura (consulté le ).
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Aditya Prajapati, Meenesh R. Singh. Assessment of Artificial Photosynthetic Systems for Integrated Carbon Capture and Conversion. ACS Sustainable Chemistry & Engineering, 2019; DOI: 10.1021/acssuschemeng.8b04969