Centre de données
Un centre de donnĂ©es (en anglais data center ou data centre), ou centre informatique[1] est un lieu (et un service) oĂč sont regroupĂ©s les Ă©quipements constituants d'un systĂšme d'information (ordinateurs centraux, serveurs, baies de stockage, Ă©quipements rĂ©seaux et de tĂ©lĂ©communications, etc.). Ce regroupement permet de faciliter la sĂ©curisation, la gestion (notamment l'exĂ©cution de calculs et le refroidissement) et la maintenance des Ă©quipements et des donnĂ©es stockĂ©es.
Techniquement, un centre de données fournit des services informatiques en environnement contrÎlé (climatisation, poussiÚres, alimentation, etc.) et sécurisé (systÚme anti-incendie, contre le vol et l'intrusion, etc.), munis d'une alimentation d'urgence et redondante.
OpĂ©rationnellement, un centre de donnĂ©es peut ĂȘtre exploitĂ© par une entreprise de façon interne ou mis Ă la disposition de plusieurs entreprises en tant que service externe. Lorsqu'un centre de donnĂ©es est utilisĂ© commercialement pour fournir une prestation de service Ă des particuliers ou des entreprises, on parle de cloud (nuage) ou de dĂ©matĂ©rialisation[2], une solution interne (rapiditĂ©, sĂ©curitĂ© des donnĂ©es hĂ©bergĂ©es notamment) et cloud (robustesse, maintenance, location de services Ă la demande) pouvant ĂȘtre hybridĂ©es.
Terminologie
Le terme « centre de données » est la traduction de l'anglais data center / data centre[3] - [4]. Frédéric Bordage, expert en informatique durable et en sobriété numérique, lui préfÚre le terme « centre informatique »[5]. En effet, un centre informatique comporte non seulement des baies de stockage des données, mais aussi des serveurs, qui effectuent les traitements. D'autre part, sauf dans une logique de cloud computing intégral, les données sont réparties entre les centres informatiques et les terminaux des utilisateurs.
Description et histoire
Un centre de données est un bùtiment sécurisé contre l'intrusion et les risques naturels et technologiques, abritant différents équipements électroniques, des ordinateurs, des systÚmes de stockage et des équipements de télécommunications. Le centre peut occuper une piÚce, un étage ou de grands immeubles.
On y retrouve des serveurs 1U (surnommés « boßtes à pizza ») ou plus, « U » correspondant à une unité de hauteur de 4,445 cm (1,75 pouce), empilés dans des baies, lesquelles sont arrangées pour former des rangées simples, ce qui permet de circuler facilement parmi les serveurs, tant à l'avant qu'à l'arriÚre. Quelques appareils, ordinateurs centraux par exemple, sont de dimensions semblables à ces baies. Ils sont souvent placés à leurs cÎtés.
Avant la bulle Internet, des millions de mÚtres carrés destinés à abriter de tels centres furent construits dans l'espoir de les voir occupés par des serveurs. Depuis, la concentration des centres s'est poursuivie, avec le développement de centres spécialisés pour lesquels les défis les plus importants sont la maßtrise de la climatisation et surtout de la consommation électrique. Ce mouvement a été intégré dans l'informatique durable et vise à aboutir à des centres de traitement de données dits écologiques pour lesquels sont apparus des outils spécialisés[6].
Vers 2008, les centres de données Hyperscale (centre de données d'au moins 250 000 serveurs, dont la climatisation est optimisée) ont été créés pour les besoins croissants d'Amazon et Google note Bill Carter du projet Open Compute (créé en 2011 pour permettre à Facebook d'économiser l'énergie consommée par ses serveurs).
L'importance prise par les stockages de données associées à une activité et les mouvements d'acquisitions entre les entreprises peuvent pousser celles-ci à acquérir en interne des technologies ou à rechercher des prestataires spécialisés sur les centres de données, ayant la capacité d'assurer une interopérabilité entre des stockages de données disparates[7].
Fonctions
Un centre de données informatique (CDI, à ne pas confondre avec un centre de traitement informatique, CTI) regroupe des serveurs qui stockent des données au moyen de baies de stockage. La plupart des centres de données effectuent également des opérations sur ces données, de sorte qu'ils jouent également le rÎle de CTI.
Les données et bases de données sont souvent devenues cruciales pour le fonctionnement des entreprises et de la société en général. Un nombre croissant de données sont dites personnelles ou sensibles, raison pour laquelle de hauts niveaux de sécurité et de service sont demandés aux centres de données, pour assurer l'intégrité et le fonctionnement de leurs appareils et éviter les attaques par déni de service.
Composantes
Elles doivent pour chaque centre assurer la bonne connexion réseau (internet, intranet, etc.) et une haute disponibilité du systÚme d'information. Pour cela, des applications logicielles gÚrent les tùches essentielles de l'« activité métier » des clients. Parmi ces applications, on retrouve des gestionnaires de bases de données, des serveurs de fichiers et des serveurs d'applications.
Composantes physiques
- Climatisation (précise et stable)
- ContrĂŽle de la poussiĂšre (filtration de l'air)
- Unité de distribution de l'énergie
- Bloc d'alimentation d'urgence, et une unité de secours (Générateur, UPS)
- SystÚme perfectionné d'alerte d'incendie
- Extinction automatique des incendies (par micro-gouttelettes ou gaz inerte)
- Plancher surélevé
- Conduites pour cĂąbles au-dessus et au-dessous du plancher
- Surveillance par caméras en circuit fermé
- ContrÎle des accÚs, ainsi que sécurité physique
- Surveillance 24/7 des serveurs dédiés (ordinateurs)
- Service de sécurité continuellement présent
- Cùbles de paires torsadées de cuivre en Ethernet (Fast ou Gigabit) pour liaisons inter-[jarretiÚres/switches/routeurs/firewall]
- Fibres optiques pour liaisons intersites ou inter-[jarretiĂšres/switches/routeurs/firewall]
Climatisation
La climatisation entretient une température homogÚne d'environ 20 degrés Celsius, essentielle car le fonctionnement des systÚmes informatiques génÚre beaucoup de chaleur, et deviennent défectueux au-delà d'un certain seuil de température[8].
Un centre de traitement moderne est conçu pour optimiser le refroidissement de tous les serveurs, et donc réduire le coût énergétique de l'installation, permettant d'aussi réduire le coût d'hébergement.
La climatisation est gĂ©nĂ©ralement testĂ©e dĂšs la rĂ©ception du centre, couramment avec des aĂ©rothermes gĂ©nĂ©rant de l'air chaud, ou avec des bancs de charge (rackables) pouvant ĂȘtre insĂ©rĂ©s dans les baies si celles-ci sont dĂ©jĂ prĂ©sentes.
La climatisation et les systÚmes de refroidissement représentent de 40 à 50 % de la consommation énergétique des data-centers[9] - [10].
Organisation de la climatisation
Au minimum, de l'air chaud est aspiré et de l'air froid insufflé sans organisation particuliÚre, mais l'architecture du site est de plus en plus conçue pour éviter que l'air chaud et l'air froid se mélangent trop vite, afin d'économiser l'énergie. Des caches obturent les parties inutilisées des baies, pour ne pas perturber le flux d'air froid prévu.
Des couloirs chauds alternent avec des couloirs froids, un couloir sur deux insuffle l'air froid, par le cÎté avant des serveurs, via des baies grillagées, l'autre couloir aspire l'air chaud par l'arriÚre. Certains équipements réseau (ex: commutateurs réseau) peuvent avoir le refroidissement avant arriÚre ou arriÚre avant selon les besoins, ce qui simplifie le cùblage. Le rendement est meilleur, mais l'air chaud peut encore partiellement se mélanger, à l'air froid en bout de rangée de baie ou par-dessus les baies[11]
Utilisation d'un cube de confinement avec corridor chaud, ou froid, selon les choix des constructeurs. Le « cube » dans lesquelles sont placées les baies, comporte un plafond et des portes à double ou triple vitrage, réduisant considérablement les échanges de température, seul un cÎté des baies échange l'air, avec les serveurs orientés en fonction du choix corridor chaud ou corridor froid. C'est aujourd'hui la solution optimale[12].
L'immersion du systÚme dans un fluide réfrigérant (huile ou fluide minéral) est possible, encore expérimentale et réservée à des serveurs à haute intensité de flux de données et devant les traiter massivement[13].
SystĂšmes de production de l'air froid
Le compresseur frigorifique est la base des systĂšmes de refroidissement, cependant, ils peuvent comporter des bains liquides permettant d'amĂ©liorer le rendement. Le free cooling (refroidissement Ă air, Ă©ventuellement associĂ© Ă une pompe Ă chaleur) permet de limiter le recours Ă des refroidisseurs et ainsi de rĂ©duire la facture Ă©nergĂ©tique. Le free cooling n'est intĂ©ressant que dans les implantations oĂč l'air extĂ©rieur est froid suffisamment longtemps durant l'annĂ©e. La climatisation peut ĂȘtre complĂ©tĂ©e par un refroidissement Ă eau (hydrocooling), l'eau Ă©tant 4 000 fois plus efficace que l'air pour extraire et Ă©vacuer la chaleur, la chaleur Ă©vacuĂ©e pouvant Ă©ventuellement ĂȘtre rĂ©cupĂ©rĂ©es.
La chaleur, plutĂŽt qu'Ă©vacuĂ©e Ă l'air libre, peut ĂȘtre valorisĂ©e dans des installations proches (voir section infra).
Composantes réseau
Les composantes réseau sont notamment[15] :
- les switch et routeurs ;
- les commutateurs ;
- les pare-feu ;
- les passerelles ;
- les systÚmes de détection d'intrusion logicielle.
Sécurité
L'environnement physique des centres est sous stricte surveillance.
La surveillance du bon fonctionnement de la climatisation, elle-mĂȘme essentielle au bon fonctionnement du matĂ©riel Ă©lectronique.
L'alimentation de secours peut ĂȘtre fournie via un UPS et un gĂ©nĂ©rateur Ă©lectrique ou via un groupe tournant (no-break) couplĂ© Ă un accumulateur cinĂ©tique.
Dans le but de prévenir une perte d'alimentation électrique, toutes les composantes électriques, y compris les systÚmes de secours, sont habituellement doublées. Les serveurs dits essentiels sont de plus alimentés par un systÚme qui fait appel à deux sources électriques indépendantes à l'intérieur du centre.
Les centres ont habituellement un plancher surélevé de 60 cm, fait de dalles amovibles. Cet espace permet la libre circulation de l'air, tout comme il facilite le cùblage d'alimentation et de données par des chemins de cùble différents. Cependant, des centres de données sont sans plancher technique (alimentation par le dessus des racks, afin de supporter plus facilement des éléments lourds de type mainframe (IBM z10, etc.).
Ils ont souvent des systÚmes complexes de prévention et d'extinction des incendies. Les centres modernes sont souvent équipés de deux systÚmes d'alarme. Le premier détecte les particules chaudes émises par les composantes surchauffées de l'équipement, particules qui provoquent souvent un feu. De cette façon, il est possible d'éliminer à sa source un foyer d'incendie (parfois, il suffit d'éteindre un ensemble à soudure pour éliminer le risque d'incendie). Un deuxiÚme systÚme sert à activer un ensemble d'activités si un début d'incendie se manifeste. Ces systÚmes sont également dédiés à une portion du centre de traitement de données. Couplés à d'excellentes portes anti-feu et autres appareils de confinement, il est possible de contrÎler le feu et de l'éteindre sans affecter le reste du bùtiment.
Les systÚmes conventionnels d'extinction du feu sont aussi nocifs que le feu pour les composants électroniques, c'est pourquoi des procédés alternatifs ont été développés. Certains utilisent l'azote, l'Argonite, le FM-200 ou le FK-5-1-12 (Novec 1230), alors que d'autres se rabattent sur l'émission de fines particules d'eau ultra-pure (cette eau n'est pas électriquement conductrice, ce qui n'endommage pas les composants électroniques).
La sécurité est également essentielle au fonctionnement de tels centres. L'accÚs physique en est restreint au personnel autorisé, des caméras vidéo permettent de suivre les personnes sur place, des gardes de sécurité veillent à l'intégrité du lieu quand le centre est grand ou contient des informations considérées comme essentielles ou sensibles.
Gestion thermique des centres de données
Les centres de traitement de donnĂ©es Ă©mettent beaucoup de chaleur. Ils doivent ĂȘtre continuellement rĂ©frigĂ©rĂ©s ou tempĂ©rĂ©s, par des systĂšmes eux-mĂȘmes consommateurs d'Ă©nergie. La consommation Ă©nergĂ©tique cumulĂ©e reprĂ©sente ainsi environ 1 % de la demande mondiale d'Ă©lectricitĂ© en 2018[13] - [16]
Dans un centre de traitement de données, les onduleurs et la climatisation absorbent la moitié de l'énergie consommée (début du XXIe siÚcle). Les serveurs modernes (2012) peuvent supporter jusqu'à 45 °C, mais demandent une température de 20 à 35 °C[17]. Un centre de taille moyenne requiert environ 600 000 mÚtres cubes d'air brassé par an[17].
L'efficience Ă©nergĂ©tique du serveur et du centre de donnĂ©es est l'objet d'amĂ©liorations, de leur conception Ă leur utilisation, notamment par adaptation du besoin Ă la puissance du serveur et par l'adoption du free cooling par eau ou air. MalgrĂ© les progrĂšs faits sur les composants, plus efficients, les serveurs tendent Ă ĂȘtre de plus en plus compacts et denses (par surface).
De la fin des années 2000 à 2012, la part des serveurs virtuels est passée de 10 à 50 %. Ceux-ci peuvent aussi contribuer à optimiser la gestion des flux d'énergie[18].
Microsoft, justifiant que la majeure partie de la population vit prĂšs des cĂŽtes alors que les serveurs en sont Ă©loignĂ©s (ce qui allonge les dĂ©lais de latence dans les connexions), teste en un « centre de donnĂ©es immergĂ© » en mer (baptisĂ© Natick Project)[19]. Construit par Naval Group (ex-DCNS, français), il doit consommer 5 % de l'Ă©nergie qui serait nĂ©cessaire pour le mĂȘme service Ă terre. Il doit ĂȘtre testĂ© un an, bien que la structure soit prĂ©vue pour ĂȘtre immergĂ©e cinq ans, un premier serveur Ă©tant de capacitĂ© Ă©quivalente Ă quelques milliers de PC individuels, soit de quoi stocker prĂšs de cinq millions de films numĂ©risĂ©s[19]. Le systĂšme est immergĂ© dans un cylindre amarrĂ© sur le fond au large de l'archipel des Orcades (nord de l'Ăcosse). Il est tĂ©lĂ©opĂ©rĂ© et son alimentation provient dâĂ©nergies marines renouvelables[19].
Récupération de chaleur
L'importante chaleur extraite des serveurs est gĂ©nĂ©ralement rejetĂ©e Ă l'air libre. L'Ă©nergie extraite peut ĂȘtre valorisĂ©e, mais sa tempĂ©rature relativement faible la limite Ă un transport sur moins d'un kilomĂštre, alors que les serveurs sont souvent isolĂ©s en banlieue. Des projets variĂ©s sont nĂ©anmoins testĂ©s ou exploitĂ©s[17].
Dans les années 2010, des expériences visent à récupérer cette énergie et à la réutiliser pour des besoins énergétiques locaux ou de proximité (chauffage, réseau de chaleur, eau chaude sanitaire).
L'expérience la plus large d'Europe a été mise en place en France à Marne-La-Vallée (Seine-et-Marne), dans le parc d'activités de Val d'Europe, s'étalant aujourd'hui sur 40 ha. Le réseau de chauffage urbain de ce parc utilise la chaleur produite par le data center de la banque Natixis. à terme, ce data center compte fournir prÚs de 26 millions de kilowattheures par an, permettant de chauffer 600 000 m2 de bùtiments tout en évitant l'émission de 5 400 tonnes de CO2[20].
Ă Amsterdam, lâuniversitĂ© d'Amsterdam reçoit une eau gratuitement chauffĂ©e par le centre de donnĂ©es d'Equinix. Ă Roubaix, cinq centres dâOVHcloud, hĂ©bergeur français, sont refroidis par eau et contribuent Ă chauffer des bĂątiments proches. Ă Clichy, Global Switch chauffe une serre tropicale. En Suisse, IBM chauffe la piscine d'Uitikon[21]. Ă Montluçon, une « chaudiĂšre numĂ©rique » complĂ©tĂ©e par une pompe Ă chaleur fournit l'eau chaude de 48 logements[17]. Ă MontrĂ©al (Canada), un « silo de serveurs », grand comme un bĂątiment de ville, est passivement refroidi et voit sa chaleur rĂ©cupĂ©rĂ©e par une centrale en toiture et distribuĂ©e aux voisins ; il est testĂ© Ă l'Ă©co-campus Hubert-Reeves dans le Technoparc de MontrĂ©al (en)[22].
RĂ©seau
Les communications à l'intérieur d'un centre se font maintenant presque exclusivement par Internet Protocol. Il contient donc des routeurs, des commutateurs et tout autre équipement qui permet d'assurer la communication entre les serveurs et le monde extérieur. La redondance est parfois obtenue en faisant usage de multiples équipements réseau de marques différentes.
Quelques serveurs servent à fournir aux utilisateurs de la société les services Internet et Intranet de base dont ils ont besoin : courriel, proxy, DNS, fichiers, etc.
Des équipements de sécurité réseau y sont aussi présents : pare-feu, VPN, systÚmes de détection d'intrusion, etc. ainsi que des systÚmes de monitoring du réseau et de certaines applications.
Applications
Les serveurs tendent Ă ĂȘtre virtualisĂ©s. En France, un tiers des serveurs hĂ©bergĂ©s dans des centres de donnĂ©es serait virtualisĂ© et un cinquiĂšme Ă haute densitĂ© en 2011. Ces taux devaient doubler dâici 2013[23].
Le but principal d'un centre de traitement de donnĂ©es est d'exĂ©cuter des applications qui traitent des donnĂ©es essentielles au fonctionnement d'une sociĂ©tĂ©. Ces applications peuvent ĂȘtre conçues et dĂ©veloppĂ©es en interne par l'entreprise cliente ou par un fournisseur de progiciel de gestion d'entreprise. Il peut s'agir typiquement de ERP et CRM.
Souvent, ces applications sont réparties dans plusieurs ordinateurs, chacun exécutant une partie de la tùche. Les composantes les plus habituelles sont des systÚmes de gestion de base de données, des serveurs de fichiers, des serveurs d'applications et des middleware.
Gestion de la capacitĂ© dâun centre de donnĂ©es
La capacitĂ© dâutilisation dâun centre de donnĂ©es peut ĂȘtre limitĂ©e par plusieurs paramĂštres. Sur le long terme, les principales limites que rencontreront les exploitants seront la surface utilisable, puis la puissance disponible.
Dans la premiĂšre phase de son cycle de vie un centre de donnĂ©es verra une croissance plus rapide de sa surface occupĂ©e que de lâĂ©nergie consommĂ©e.
Avec la densification constante des nouvelles technologies des matériels informatiques, le besoin en énergie va devenir prépondérant, équilibrant puis dépassant le besoin en superficie (deuxiÚme puis troisiÚme phase du cycle).
Le dĂ©veloppement et la multiplicitĂ© des appareils connectĂ©s, des besoins en stockage et traitements des donnĂ©es font que les besoins des centres de donnĂ©es croissent de plus en plus rapidement. Il est donc important de dĂ©finir une stratĂ©gie de dĂ©veloppement du centre de donnĂ©es avant dâĂȘtre « dos au mur ». Le cycle de dĂ©cision, conception, construction est de plusieurs annĂ©es. Il est donc important dâinitier cette rĂ©flexion stratĂ©gique lorsque le centre de donnĂ©es atteint 50 % de son Ă©nergie consommĂ©e.
Le maximum dâoccupation dâun centre de donnĂ©es doit se stabiliser autour des 85 % tant en Ă©nergie quâen superficie occupĂ©e. En effet, les ressources ainsi mĂ©nagĂ©es serviront dâespace de manĆuvre pour gĂ©rer les remplacements de matĂ©riel et permettra ainsi la cohabitation temporaire des anciennes et nouvelles gĂ©nĂ©rations.
Si cette limite vient Ă ĂȘtre dĂ©passĂ©e durablement, il ne devient plus possible de procĂ©der au remplacement des matĂ©riels, ce qui conduit inexorablement vers lâĂ©touffement du systĂšme dâinformation.
Le centre de donnĂ©es est une ressource Ă part entiĂšre du SystĂšme dâinformation (SI), avec ses propres contraintes de temps et de gestion (durĂ©e de vie 25 ans), il doit donc ĂȘtre pris en compte dans le cadre des plans Ă moyens termes du SI (entre trois et cinq ans).
Localisation des centres de traitement de données
Le critĂšre de proximitĂ© aux bassins d'usagers[24], d'importance pour les opĂ©rateurs, se double dâune garantie de sĂ©curitĂ© et de connectivitĂ© stable. Le coĂ»t dâinstallation est un autre facteur dĂ©cisif : les entreprises cherchent des zones d'accueil dont le prix du foncier et le coĂ»t de construction du bĂąti sont les plus bas possibles. Les politiques dâallĂ©gements fiscaux en leur faveur peuvent se rĂ©vĂ©ler Ă ce titre un levier dâattractivitĂ© majeur, mĂȘme si la rĂ©glementation nationale a Ă©voluĂ© vers un cadre plus contraignant. Ainsi, depuis 2022 en France, « lâĂ©ligibilitĂ© Ă lâabattement de la TICFE sera conditionnĂ©e Ă lâadoption dâun systĂšme de management de lâĂ©nergie et Ă lâadhĂ©sion Ă un rĂ©fĂ©rentiel officiel de bonnes pratiques en matiĂšre dâĂ©nergie »[25].
En 2011, on dĂ©nombrait 2 087 centres de traitement de donnĂ©es dans le monde. Le Groupement des industries de lâĂ©quipement Ă©lectrique, du contrĂŽle-commande et des services associĂ©s (GimĂ©lec) estime Ă 130 le nombre de centres de traitement de donnĂ©es d'offreurs en France, dont 40 % en rĂ©gion parisienne[26]. Une dizaine d'annĂ©es plus tard, leur nombre serait montĂ© Ă prĂšs de 260 entitĂ©s sur le sol français[27]. Dans ce pays, les centres de traitement sont dispersĂ©s sur l'ensemble du territoire ou concentrĂ©s dans des zones liĂ©es au rĂ©seau urbain dans les dĂ©partements de Paris, d'Ăle-de-France (essentiellement Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis), le Nord et les Bouches-du-RhĂŽne ; l'ouest et la rĂ©gion RhĂŽne-Alpes sont Ă©galement des zones privilĂ©giĂ©es[28].
MĂ©l Hogan relĂšve quant Ă lui 500 000 centres de donnĂ©es dans le monde en 2011, avançant mĂȘme le chiffre de trois millions comme Ă©tant une estimation plus rĂ©aliste (estimations par Emerson Network Power et par The Register respectivement)[29]. En 2019, le site danois datacentermap.com recense 4 798 centres de traitement de donnĂ©es dans 122 pays dans le monde[30], dont 1 756 aux Ătats-Unis et 149 en France[31].
Les services informatiques des grandes entreprises sont gĂ©nĂ©ralement implantĂ©s dans des centres de traitement de donnĂ©es, dĂ©diĂ©s ou mutualisĂ©s. Les plus gros centres dans le monde sont ceux des gĂ©ants de l'internet comme Google, qui utilise des infrastructures modulaires en conteneurs, qui peuvent hĂ©berger jusqu'Ă 1 160 serveurs[32] (voir Plateforme Google), ou Facebook qui a Ă©tendu son centre de traitement de Prineville dans l'Oregon[33]. Amazon a lui aussi implantĂ© son centre de traitement dans l'Oregon, compte tenu du faible coĂ»t de l'Ă©nergie dans cet Ătat[34]. Apple a construit son plus gros centre Ă Maiden en Caroline du Nord[35], pour soutenir sa stratĂ©gie de dĂ©veloppement de l'iCloud[36].
Enjeux énergétiques
En 2018 les cinq premiÚres entreprises mondiales en capitalisation boursiÚre sont Apple, Amazon, Alphabet, Microsoft et Facebook, qui dépassent des géants pétrogaziers que sont Shell et ExxonMobil (en , l'entrée en bourse de Saudi Aramco change la donne, puisque la capitalisation de cette entreprise dépasse 2 000 milliards de dollars[37]). Ces nouveaux géants et les GAFAM en général contribuent au réchauffement des milieux et au réchauffement climatique par l'énergie grise qu'ils consomment[13]. Cette tendance devrait s'amplifier du fait du développement mondial d'Internet, de la vidéo en ligne, de la téléphonie sans fil, des objets connectés, du big data et de la technologie blockchain. Un rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique de 2017 sur le numérique et l'énergie estime que la quantité de données à stocker et manipuler par les centres de données devrait tripler entre 2014 et 2020, ce qui doit inciter à les gérer avec la plus grande vigilance ; dans un premier temps, l'optimisation énergétique devrait permettre de limiter l'augmentation de la consommation à 3 % entre 2014 et 2020[13], mais ni l'informatique quantique, ni la bio-informatique ne semblent assez mûres pour permettre un saut technologique.
En 2018, 200 tĂ©rawatts-heures (TWh) ont Ă©tĂ© nĂ©cessaires au fonctionnement des centres de donnĂ©es, soit 1 % de la demande mondiale d'Ă©lectricitĂ©[13], Ă©quivalents Ă la production d'environ la moitiĂ© des rĂ©acteurs nuclĂ©aires de France (379,1 TWh[38] en 2017. L'augmentation de leur efficacitĂ© nullifiera encore jusqu'en 2028 lâaugmentation de la consommation induite par un accroissement du trafic, selon Dale Sartor (responsable du Centre d'expertise sur l'efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique dans les centres de donnĂ©es du laboratoire national Lawrence-Berkeley, du DOE), mais la demande en Ă©lectricitĂ© devrait ensuite de nouveau augmenter rapidement[13]. En 2020, la consommation mondiale atteint 650 tĂ©rawatts-heures, soit entre 1 % et 3 % de la production Ă©lectrique mondiale[17].
Deux enjeux sont donc de réduire la consommation informatique mondiale d'énergie et de valoriser sa chaleur de récupération (voir section Gestion thermique des centres de données).
Le seul refroidissement du matĂ©riel informatique contribue directement Ă 0,3 % aux Ă©missions totales de carbone, alors que la totalitĂ© de l'informatique Ă©met 2 % de toutes les Ă©missions mondiales, Ă©nergie grise non comprise[13]. L'empreinte carbone de l'informatique devrait encore beaucoup augmenter, de mĂȘme que son empreinte eau (en 2014, les data centers amĂ©ricains ont consommĂ© 100 milliards de litres d'eau dans les tours de refroidissement). La consommation Ă©lectrique de l'informatique dans le monde dĂ©passera probablement 20 % du total mondial avant 2030, dont le tiers pour les seuls centres de donnĂ©es[13]. La prospective reste dĂ©licate dans le domaine informatique, oĂč l'innovation est rapide, mais si la cryptomonnaie (comme Bitcoin ou Ethereum) et la blockchain ou l'IA se dĂ©veloppent sans se dĂ©carboner[39] et sans Ă©conomiser l'Ă©nergie, notamment dans un contexte de gaspillage d'Ă©nergies et d'obsolescence programmĂ©e, la demande en Ă©nergie et en Ă©lectricitĂ© sera encore trĂšs supĂ©rieure[13].
Anders Andrae, expert en TIC durables chez Huawei Technologies Ă Kista en SuĂšde, estime que sans effort important, la consommation Ă©lectrique des centres de donnĂ©es pourrait ĂȘtre multipliĂ©e par 15 entre 2015 et 2030, pour atteindre 8 % de la demande mondiale en Ă©lectricitĂ©[40], mais ce chiffre est controversĂ©[13].
Une hypothĂšse inverse est qu'une partie des donnĂ©es sera stockĂ©e et exploitĂ©e sur les millions d'ordinateurs selon le principe d'un centre de donnĂ©es distribuĂ©e[41] (voir infra), mĂȘme si des centres de donnĂ©es sĂ©curisĂ©s resteront a priori nĂ©cessaires pour les donnĂ©es sensibles, Ă©conomique, militaires, de renseignement, de santĂ© et personnelles notamment.
Le bas coût de l'énergie dans les années 2000-2010, permis par le gaz de schiste et la crise de 2008, ainsi que l'absence de taxe carbone ou de taxe générale sur les activités polluantes des centres de données, n'ont pas encouragé les économies d'énergie, mais des progrÚs sont faits[13].
De nombreux serveurs rĂ©alisent aussi des taches inutiles ; ainsi Jonathan Koomey a-t-il constatĂ© en 2018 que presque un quart d'un Ă©chantillon de 16 000 petits serveurs installĂ©s dans des placards, gaines et sous-sols d'entreprises effectuaient en « zombies » des tĂąches obsolĂštes que des techniciens ou logiciels avaient oubliĂ© de dĂ©sactiver. Selon une Ă©tude du Berkeley National Laboratory, transfĂ©rer l'activitĂ© de 80 % des serveurs de petits centres de donnĂ©es amĂ©ricains vers des centres de trĂšs grande envergure plus performants entraĂźnerait une Ă©conomie de 25 % de leur consommation dâĂ©nergie[42].
Le Bitcoin, nĂ© en 2008, consommait dĂ©jĂ Ă lui seul 20 TWh dâĂ©lectricitĂ© par an dans le monde en 2018, l'Ă©quivalent d'un peu moins de 10 % de la consommation des centres de donnĂ©es, selon Alex de Vries (consultant en donnĂ©es chez PwC)[43], mais il pourrait ne pas se dĂ©velopper autant que ce qu'espĂšrent ses promoteurs, ou migrer vers des types de blockchains humaines[44] ou moins Ă©nergivores, ou pourrait finalement ne pas rĂ©pondre aux besoins de confiance dans les transactions[45]. L'utilisation gĂ©nĂ©ralisĂ©e de la blockchain par les bourses serait plus prĂ©occupant.
Enjeux environnementaux
Le développement massif des centres de données au début du xxie siÚcle (notamment pour le compte de sociétés de services comme Google, Amazon ou OVH en France) a rapidement soulevé des enjeux environnementaux, notamment liés :
- à leur consommation de métaux rares ou précieux et de terres rares ;
- à une consommation croissante d'électricité de l'ensemble des centres de données.
Les impacts environnementaux se concentrent d'une part lors de la fabrication : des bùtiments, des équipements liés aux bùtiments (groupes froid, groupes électrogÚnes, onduleurs, etc.) et des équipements informatiques et télécoms qu'ils contiennent ; d'autre part à l'utilisation du centre de données. La fabrication concentre les pollutions et l'épuisement des stocks de ressources non renouvelables. L'utilisation se traduit essentiellement par des émissions de gaz à effet de serre (liées à la production de l'énergie consommée par le centre de données) et des émissions des déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE).
L'empreinte Ă©cologique globale des centres de donnĂ©es grandit rapidement, mais elle aurait pu ĂȘtre rĂ©duite par une optimisation et un partage des ressources (de 25 % environ en 2010)[46] et pourrait encore l'ĂȘtre (voir ci-dessous).
Ămissions indirectes de gaz Ă effet de serre
Selon les études, les centres de données seraient responsables de 1 %[47] à 2 %[48] des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2020, soit un impact comparable à celui du transport aérien[48]. Les centres informatiques représenteraient prÚs de 15 % de l'impact environnemental du numérique à l'échelle mondiale, tandis que les équipements utilisateurs en concentrent les deux tiers, et le réseau la part restante[49]. En 2018, les centres de données étaient responsables de 0,3 % des émissions mondiales[13].
Selon l'association française The Shift Project, le numérique dans son ensemble était responsable de 3,7 % des émissions de CO2 mondiales en 2018, contre 2,5 % en 2013[50]. La consommation électrique des centres de données de l'Union européenne est estimée[51] à 104 Twh en 2020[52] - [53].
Amélioration du bilan carbone
Une partie de la chaleur qu'ils émettent est parfois récupérée et exploitée par les serveurs et les systÚmes de stockage, notamment pour des raisons économiques (coproduction) et commerciales (image de marque).
Deux leviers pour améliorer le bilan carbone sont les économies d'énergie d'une part et l'écoconception avec valorisation de la chaleur produite d'autre part. Des mesures compensatoires (compensation carbone) sont aussi envisagées ou utilisées par certains acteurs. En 2011, le centre GrenoblIX est devenu le premier centre de données « écologique » en France.
Consommation d'électricité
MalgrĂ© des gains d'efficience Ă©nergĂ©tique des processeurs et en matiĂšre d'optimisation des rĂ©seaux[54] et d'efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique des matĂ©riels informatiques[55], en raison de l'explosion des besoins, les gros centres de traitement de donnĂ©es sont des systĂšmes physiques et cybernĂ©tiques (Cyber-Physical System[56] - [57]) qui consomment des quantitĂ©s importantes et croissantes d'Ă©lectricitĂ©[58]. Un centre de donnĂ©es de 10 000 m2 consommerait autant qu'une ville de 50 000 habitants[59] et un grand centre de donnĂ©es consomme 100 MW soit 1/10e de la production dâune centrale thermique[60].
« à l'échelle européenne, la Commission estimait en 2008 que les centres de données consommaient 56 TWh[61], dont la moitié pour refroidir les bùtiments[21] ».
Une des principales métriques utilisées pour évaluer l'efficacité énergétique d'un centre de données est l'indicateur d'efficacité énergétique ou PUE (pour Power Usage Effectiveness en anglais). Cet indicateur évalue la surconsommation électrique due à tous les équipements non informatiques du datacenter. Un datacenter idéal aurait un indicateur d'efficacité énergétique de 1, c'est-à -dire la totalité de la consommation électrique du datacenter serait consommée par les équipements informatiques.
La crise de l'Ă©nergie de 2022 rĂ©duit les bĂ©nĂ©fices des opĂ©rateurs de centres de donnĂ©es, les coĂ»ts Ă©nergĂ©tiques passant de 50 âŹ/MWh dĂ©but 2021 Ă 200 âŹ/MWh dĂ©but 2022 et Ă©tant attendus Ă 500 âŹ/MWh en 2023[62].
Alternative distribuée
Pour rĂ©pondre Ă ces trois enjeux et aprĂšs que l'expĂ©rience SETI@home a montrĂ© l'intĂ©rĂȘt du calcul distribuĂ© (en utilisant dans ce cas des ordinateurs personnels connectĂ©s Ă lâInternet), certains opĂ©rateurs comme AMD ont envisagĂ© de dĂ©centraliser leurs centres de traitement de donnĂ©es en un rĂ©seau distribuĂ© tel que proposĂ© par[57] d'unitĂ©s (petits centres de traitement de donnĂ©es bĂ©nĂ©ficiant chacun d'une Ă©olienne, maillĂ©s entre eux par des fibres optiques[63]).
Des installateurs et propriétaires de centres de traitement de données et des producteurs d'énergie[64] pourraient à l'avenir associer leurs investissements dans un réseau électrique intelligent, éventuellement intégré dans l'« Internet de l'énergie » que Jeremy Rifkin propose dans son concept de troisiÚme révolution industrielle.
Le cloud computing pourrait alors Ă©voluer vers un modĂšle totalement dĂ©centralisĂ©, nĂ©cessitant une « gestion dynamique du refroidissement »[65] - [66] (refroidir lĂ oĂč il faut et quand il faut, et passivement tant que possible[66]), ainsi qu'une conception diffĂ©rente de la sĂ©curitĂ© des serveurs et de leurs donnĂ©es, de la gestion distribuĂ©e des donnĂ©es, de la gestion de l'Ă©nergie[67] et de la capacitĂ© des rĂ©seaux de centres de traitement de donnĂ©es Ă s'autoadapter aux fluctuations des besoins, mais aussi de l'Ă©nergie disponible[68]. Leurs rĂ©ponses doivent ĂȘtre plus Ă©lastiques[69], sans augmentation globale des consommations d'Ă©nergie, dans le cadre d'un green cloud[70] qui reste Ă inventer.
Au dĂ©but des annĂ©es 2000, une solution complĂ©mentaire des prĂ©cĂ©dentes apparait, qui pourraient ĂȘtre rĂ©servĂ©e aux donnĂ©es Ă fortement sĂ©curiser. Elle consiste Ă dĂ©velopper des rĂ©seaux de serveurs en grande partie virtuels (ou plus prĂ©cisĂ©ment partagĂ©s et distribuĂ©s, utilisant une partie des ressources des ordinateurs familiaux et d'entreprises ou les utilisant quand leur propriĂ©taire ne les utilisent pas ou les sous-utilisent[71], ce qui demande aussi de repenser la sĂ©curitĂ© informatique). Pour cela, des systĂšmes d'allocation sĂ©curisĂ©e des ressources et de rĂ©partition des tĂąches (Ă©ventuellement diffĂ©rĂ©es quand elles ne sont pas urgentes) doivent encore ĂȘtre testĂ©s et validĂ©s Ă grande Ă©chelle. Dans tous les cas la recherche et dĂ©veloppement est Ă dĂ©velopper[72].
Radiateurs numériques : C'est un pseudo radiateur électrique (il irradie la chaleur fatale informatique sous forme de chaleur utile. Les cartes mÚres et leurs processeurs remplacent tout ou partie de l'élément chauffant à effet joule[73].
En 2013, une expérience propose de délocaliser des serveurs chez des particuliers en lieu et place de radiateurs[74].
Le , dans le cadre du Projet Natick, Microsoft et Naval Group ont immergĂ© leur premier datacenter au large des Orcades en Ăcosse fonctionnant complĂštement en autonomie avec des Ă©nergies renouvelables.
Indicateurs environnementaux
Les indicateurs proposés par le Green Grid sont les suivants[75] :
- le green energy coefficient (GEC) quantifie la part dâĂ©nergie renouvelable consommĂ©e par un centre informatique. Il se calcule en divisant la quantitĂ© dâĂ©lectricitĂ© consommĂ©e (kWh) issue de sources primaires renouvelables par la consommation totale du centre de donnĂ©es ;
- lâenergy reuse factor (ERF) mesure la quantitĂ© dâĂ©nergie utilisĂ©e en dehors du centre de donnĂ©es. Cet indicateur est calculĂ© en divisant la quantitĂ© dâĂ©nergie rĂ©utilisĂ©e (kWh) par la quantitĂ© totale dâĂ©nergie consommĂ©e par le centre informatique (kWh). LâĂ©nergie rĂ©utilisĂ©e peut prendre diffĂ©rentes formes : chaleur, Ă©lectricitĂ©, etc. ;
- le carbon usage effectiveness (CUE) permet dâextrapoler un volume dâĂ©missions de gaz Ă effet de serre (GES) Ă partir de la consommation Ă©lectrique du centre de donnĂ©es. On le calcule en divisant le total des Ă©missions dâĂ©quivalent CO2 (kgCO2eq) par le total de la quantitĂ© dâĂ©nergie consommĂ©e (kWh) par le centre informatique.
L'organisme Uptime Institute a défini une certification des centres de traitement de données en quatre catégories, appelées « Tier ».
Perspectives de régulation
Diverses prĂ©conisations sont formulĂ©es pour prĂ©server lâĂ©cosystĂšme social urbain ou rural en jeu. Si certains Ă©lus locaux en appellent Ă des moratoires communaux ou nationaux â Ă l'image des Pays-Bas en 2019[76] â, le corps citoyen et militant[77] prĂ©conise Ă court terme un travail de pĂ©dagogie auprĂšs des populations dâaccueil pour pallier le manque de transparence. Ă Marseille, dont l'effet d'Ăźlot de chaleur urbain est renforcĂ© par la prĂ©sence de nombreux centres de donnĂ©es Ă proximitĂ© des nĆuds de raccordement Ă©lectrique et numĂ©rique[78] - [27], SĂ©bastien Barles, conseiller mĂ©tropolitain Ă Aix-Marseille-Provence, plaide par exemple pour la crĂ©ation de commissions locales d'information[79], comme cela a pu ĂȘtre mis en place au sujet du nuclĂ©aire.
Des dispositions lĂ©gislatives spĂ©cifiques sont Ă©galement Ă©voquĂ©es pour l'attribution et l'exploitation du foncier occupĂ©, notamment selon une logique de compensation. Lâoccupation ou lâoctroi des sols pourrait ainsi ĂȘtre conditionnĂ©e Ă un ratio dâemplois crĂ©Ă©s ou Ă une contribution financiĂšre Ă la transition Ă©cologique au bĂ©nĂ©fice du territoire concernĂ©[80].
Notes et références
- cf la section terminologie
- Livre Blanc « Datacenters, une chance pour la France », sur globalsecuritymag.fr.
- Commission dâenrichissement de la langue française, « centre de donnĂ©es », sur FranceTerme, ministĂšre de la Culture (consultĂ© le ).
- « centre de traitement de données », Grand Dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française (consulté le ).
- Frédéric Bordage, Sobriété numérique, les clés pour agir, Buchet Chastel, 2019, p. 56.
- Thierry Lévy-Abégnoli, Climatisation et serveurs : vers des salles informatiques plus vertes, ZDNet France, le .
- « Infrastructure : vers la consolidation et la convergence », ZDNet,â (lire en ligne).
- Les progrĂšs des Ă©quipements informatiques, Christophe Auffray, ZDNet France, le .
- « Ănergie consommĂ©e par les data centers », sur planetoscope.com (consultĂ© le ).
- « La climatisation, bĂȘte noire des datacenters », sur Actu-Environnement (consultĂ© le ).
- Christophe Auffray, Des couloirs chauds et froids, ZDNet France, le .
- Christophe Auffray, Des corridors froids pour accroßtre le rendement énergétique, ZDNet France, le .
- (en) N. Jones, « How to stop data centres from gobbling up the worldâs electricity : The energy-efficiency drive at the information factories that serve us Facebook, Google and Bitcoin », Nature, no 561,â , p. 163-166 (DOI 10.1038/d41586-018-06610-y).
- datadock.eu Caractéristiques techniques - Refroidissement.
- (en) Mauricio Arregoces et Maurizio Portolani, Data Center Fundamentals, (ISBN 9781587050237), p. 150.
- Voir la section « Enjeux énergétiques ».
- BenoĂźt Berthelot, « La lourde facture environnemental des data center », Capital,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- Baptiste Roux, Dit Riche, Centres de donnĂ©es nouveaux ou existants : lâimportance de lâurbanisation Green-IT, Cleantech Republic, .
- Et si on immergeait les data centers dans les océans ?, batiactu.com, .
- « Se chauffer grĂące Ă l'Ă©nergie des serveurs informatiques », Le Monde,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- « Se chauffer grùce à l'énergie des serveurs informatiques », Le Monde,
- François Huot, Centre de données : Deux approches différentes , mais révolutionnaires [PDF], sur Directioninformatique.com (archive), .
- Markess International, Datacenters & Clouds PrivĂ©s dâEntreprise, Approches â Perspectives 2013 [PDF]
- belghaoutilina, « Les enjeux derriÚre la localisation des data centers », Comment voit-on la ville ?, sur HypothÚses.org, (consulté le ).
- Anastasia Gachet, « Data centers : la réduction de la TICFE conditionnée à partir du », sur APL, (consulté le ).
- « Carte des datacenters de Paris », sur france-datacenter.fr (consulté le ).
- « Dans la peau de l'info. Ce qu'il faut savoir sur les data centers, et pourquoi Marseille veut freiner leur installation », sur Franceinfo, (consulté le ).
- Cartographie des centres de donnĂ©es en France Ă lâĂšre du cloud computing, sur markess.fr
- (en) Mél Hogan, « Data flows and water woes: The Utah Data Center », Big Data and Society, .
- (en) Data Center Map, « Colocation data centers », sur datacentermap (consulté le ).
- (en) Data Center Map, « Colocation France », sur datacentermap (consulté le ).
- (en) Inside A Google Data Center | Data Center Knowledge
- (en) Facebook Datacenter Category at Data Center Knowledge.
- (en) Amazon Building Large Data Center in Oregon, Data Center Knowledge.
- (en) « The Apple Data Center FAQ. », sur Data Center Knowledge, (consulté le ).
- (en) Timothy Prickett Morgan, « A peek inside Apple's iCloud data center », sur theregister.co.uk, (consulté le ).
- « Aramco atteint une valorisation de 2 000 milliards de dollars », La Liberté, .
- « Le nuclĂ©aire en chiffres », sur ĂlectricitĂ© de France, (consultĂ© le ).
- (en) J. Truby, « Decarbonizing Bitcoin: Law and policy choices for reducing the energy consumption of Blockchain technologies and digital currencies », Energy research & social science, 2018 (résumé).
- (en) A.S. Andrae et T. Edler, « On global electricity usage of communication technology : trends to 2030 », Challenges, volume 6, numéro 1, 2015, p. 117-157.
- (en) Attias V & Bramas Q, Tangle analysis for IOTA cryptocurrency [PDF], 2018.
- (en) A. Shehabi et al., United States Data Center Energy Usage Report (LBNL), 2016.
- (en) A. de Vries, « Bitcoin's Growing Energy Problem » [PDF], Joule, no 2, volume 5, 2018, p. 801-805.
- (en) Kopp H, Kargl F, Bösch C & Peter A, « uMine: a Blockchain based on Human Miners », 2018.
- (en) M. CampbellâVerduyn et M. Goguen, « Blockchains, trust and action nets: extending the pathologies of financial globalization », Global Networks, vol. 19, no 3,â , p. 308-328 (DOI 10.1111/glob.12214, prĂ©sentation en ligne).
- (en) Saurabh Kumar Garg, Chee Shin Yeo, Arun Anandasivam, Rajkumar Buyya, « Environment-conscious scheduling of HPC applications on distributed Cloud-oriented datacenters », Journal of Parallel and Distributed Computing, vol. 71, no 6,â , p. 732â749 (lire en ligne [PDF]).
- « Les data centers, un gouffre Ă©nergĂ©tique ? », sur RĂ©seau Ătudiant pour une SociĂ©tĂ© Ăcologique et Solidaire, .
- Joarson, « Data center : lâimpact des infrastructures sur lâenvironnement et les solutions possibles », sur LeBigData.fr, (consultĂ© le ).
- Frédéric Bordage, Sobriété numérique, les clés pour agir, Buchet Chastel, 2019, p. 57.
- Hugues FerrebĆuf (dir.), Lean ICT - Pour une sobriĂ©tĂ© numĂ©rique, The Shift Project, , 88 p. (prĂ©sentation en ligne, lire en ligne [PDF]), p. 59.
- (en) Howard Geller, « ACEEE 1996 Summer Study on Energy Efficiency in Buildings: profiting from energy efficiency », Energy Policy, vol. 25, no 5,â , p. 541â542 (ISSN 0301-4215, DOI 10.1016/s0301-4215(97)89666-8).
- (en) EU Code of Conduct on Data Centre Energy Efficiency : Participant Guidelines and Registration Form, Ispra, European Energy Efficiency Platform, Commission européenne, , 21 p..
- Commission européenne, Joint Research Centre, Trends in data centre energy consumption under the European code of conduct for data centre energy efficiency., Publications Office, (DOI 10.2760/358256).
- (en) S. Nedevschi, L. Popa1, G. Iannaccone, S. Ratnasamy, D. Wetherall, « Reducing Network Energy Consumption via Sleeping and Rate- Adaptation », in Proceedings of the 5th USENIX Symposium on Networked Systems Design & Implementations (NSDIâ08), San Francisco, CA, April 2008.
- (en) M. Elnozahy, M. Kistler, R. Rajamony, « Energy-Efficient Server Clusters », Power-Aware Computer Systems, 2003, p. 179-197.
- National Science Foundation. Cyber-physical systems. Technical report, NSF Workshop on Cyber-Physical Systems, 2006. NSF Workshop on Cyber-Physical Systems.
- (en) L Rao, X Liu, Le Xie, Wenyu Liu, Minimizing electricity cost: Optimization of distributed internet data centers in a multi-electricity-market environment [PDF], INFOCOM, 2010 Proceedings, 2010, 9 pages.
- (en) G. Chen, W. He, J. Liu, S. Nath, L. Rigas, L. Xiao, F. Zhao. « Energy- Aware Server Provisioning and Load Dispatching for Connection- Intensive Internet Services », in Proceedgins of the 5th USENIX Symposium on Networked Systems Design & Implementation (NSDIâ08), San Francisco, CA, April 2008.
- Quand l'informatique sert aussi Ă se chauffer, Bati Actu,
- « Numérique : le grand gùchis énergétique », sur CNRS Le journal (consulté le ).
- La citation originale, « 56 milliards de kilowatts », est manifestement erronée et a été corrigée suivant la source sur laquelle elle se fonde : Code of Conduct on Data Centres Energy Efficiency [PDF].
- Ridha Loukil, « La crise énergétique met les opérateurs de datacenters sous pression », sur L'Usine nouvelle, (consulté le ).
- « Installer une fibre optique coûte entre 5 000 euros et 15 000 euros par kilomÚtre, contre 475 000 euros pour une ligne électrique », source : (en) Steve Kester Greening the Cloud: AMD promotes promising research on Renewable-Powered Data Centers.
- (en) L. Parolini, B. Sinopoli et B. Krogh, Reducing Data Center Energy Consumption via Coordinated Cooling and Load Management, Hot-Power â08: Workshop on Power Aware Computing and Systems, ACM, 2008.
- (en) Cullen E. Bash, Chandrakant D. Patel, Ratnesh K. Sharma, Dynamic thermal management of air cooled data centers ; IEEE, 2006
- (en) Chandrakant D. Patel, Cullen E. Bash, Ratnesh Sharma, Smart Cooling of Data Centers, p. 129-137, ASME 2003 International Electronic Packaging Technical Conference and Exhibition (InterPACK2003), 6-11 juillet 2003, Maui, Hawaii, volume 2 (ISBN 0-7918-3690-8).
- (en) R. Raghavendra, P. Ranganathan, V. Talwar, Z. Wang, and X. Zhu, No power struggles: coordinated multi-level power management for the data center, in ASPLOS XIII: Proceedings of the 13th international conference on Architectural support for programming languages and operating systems. New York, NY, USA: ACM, 2008, p. 48C59.
- (en) J. Heo, D. Henriksson, X. Liu, T. Abdelzaher, « Integrating Adaptive Components: An Emerging Challenge in Performance-Adaptive Systems and a Server Farm Case-Study », in Proceedings of the 28th IEEE Real- Time Systems Symposium (RTSSâ07), Tucson, Arizona, 2007.
- (en) J. Liu, F. Zhao, X. Liu, W. He, « Challenges Towards Elastic Power Management in Internet Data Centers », icdcsw, p. 65-72, 2009 29th IEEE International Conference on Distributed Computing Systems Workshops, 2009.
- (en) L. Liu, H. Wang, X. Liu, X. Jin, W.B. He, Q.B. Wang, and Y. Chen, « GreenCloud: a new architecture for green data center », Proceedings of the 6th international conference industry session on Autonomic computing and communications industry session, Barcelona, Spain: ACM, 2009, p. 29-38.
- (en) Graupner, S., Kotov, V. ; Trinks, H., Resource-sharing and service deployment in virtual data centers (Conference Publications) IEE, Systems Workshops, ; (ISBN 0-7695-1588-6).
- (en) Cullen E. Bash, Chandrakant D. Patel & Ratnesh K. Sharmaa, Efficient Thermal Management of Data CentersâImmediate and Long-Term Research Needs Efficient Thermal Management of Data CentersâImmediate and Long-Term Research Needs ; volume 9, numĂ©ro 2, 2003 DOI 10.1080/10789669.2003.10391061, p. 137-152 (rĂ©sumĂ©).
- Annexe relative Ă l'arrĂȘtĂ© du relatif Ă lâagrĂ©ment des modalitĂ©s de prise en compte des systĂšmes Qrad de chauffage par recyclage de la chaleur fatale informatique dans la rĂ©glementation thermique 2012, ministĂšre de la Transition Ă©cologique et solidaire, ministĂšre de la CohĂ©sion des territoires et des relations avec les collectivitĂ©s territoriales, 2019, numĂ©ro NOR : TERL1909697A.
- Anne Drif, « Quand les ordinateurs deviennent radiateurs », Les Ăchos, .
- Data center : trois nouveaux indicateurs environnementaux, greenit.fr, 27 novembre 2012.
- Yves Gr et montagne, « Le gouvernement néerlandais prolonge le moratoire et veut bloquer les implantations de datacenters hyperscale », sur DCmag (consulté le ).
- « à Marseille, la démesure des data centers », sur Reporterre (consulté le )
- médialab Sciences Po, « Les implications écologiques des data centers à Marseille », sur médialab Sciences Po (consulté le ).
- « à Marseille, la démesure des data centers », sur Reporterre (consulté le ).
- « Qu'apportent les data centers à Marseille ? », sur 20 Minutes (France), (consulté le ).
Voir aussi
Articles connexes
- Ordinateur central
- Serveur informatique
- Serveur lame
- Client-serveur
- Centre de traitement de données modulaire
- Grappe de serveurs
- Hyperconvergence
- Open Compute Project
- Gestion de l'infrastructure d'un centre de données
- Gestion énergétique des centres de calcul
- Indicateur d'efficacité énergétique
Bibliographie
- (en) Barroso, Luiz André et Hölzle, Urs (2009) The datacenter as a computer: An introduction to the design of warehouse-scale machines ; Synthesis Lectures on Computer Architecture ; (ISBN 9781598295566) ; PDF, 120 p.
- (en) Corcoran P.M & Andrae A (2014). On thin-clients and the cloud; can smartphones and tablets really reduce electricity consumption? . In Consumer Electronics (ICCE), 2014 IEEE International Conference on (p. 81-84). IEEE.
- (en) Kandula S, Sengupta S, Greenberg A, Patel P & Chaiken R (2009) The nature of data center traffic: measurements & analysis ; Microsoft Research ; Proceedings of the 9th ; PDF, 7 p.
- (en) Chaiken, B. Jenkins, P. Ă ke Larson, B. Ramsey, D. Shaki b, S. Weaver, and J. Zhou. (2008) SCOPE: Easy and Ecient Parallel Processing of Massive Data Sets. In VLDB
- (en) Fichter K & Hintemann R (2014) Beyond Energy: The Quantities of Materials Present in the Equipment of Data Centers. Journal of Industrial Ecology, 18(6), 846-858.
- (en) P. Ruiu, A. Bianco, C. Fiandrino, P. Giaccone & D. Kliazovich, « Power comparison of cloud data center architectures », IEEE International Conference on Communications (ICC), Institute of Electrical and Electronics Engineers,â (DOI 10.1109/ICC.2016.7510998, prĂ©sentation en ligne, lire en ligne [PDF]).
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- CritÚres de sélection d'un centre de traitement de données
- Syntec - Datacenters et dĂ©veloppement durable - Ătat de l'art et perspectives
- Visite du centre de traitement de données de Free
- Visite des centres de données de Google et plus d'information sur les centres de données Google : efficacité énergétique, sources d'énergies, sécurité, etc.
- Data Center Map