Streaming
Le streaming [ËstÉčiËmÉȘĆ][1] (du verbe anglais transitif to stream, « transfĂ©rer en mode continu »), flux[2], lecture en continu, lecture en transit, diffusion en continu[3] ou diffusion en mode continu[4], est un procĂ©dĂ© de diffusion d'un flux audio ou vidĂ©o en « direct » ou en lĂ©ger diffĂ©rĂ©.
TrÚs utilisé sur Internet et sur les réseaux de téléphonie mobile, le streaming permet la lecture d'un flux audio ou vidéo (cas de la vidéo à la demande) à mesure qu'il est diffusé. Il s'oppose ainsi à la diffusion par téléchargement de fichiers qui nécessite de récupérer l'ensemble des données d'un morceau ou d'un extrait vidéo avant de pouvoir l'écouter ou le regarder.
Les flux audio et le flux vidéo se distinguent de la radiodiffusion et de la télédiffusion par leurs caractéristiques techniques : stricto sensu, la lecture en continu reste un téléchargement car il y a un échange de données brutes entre un client et un serveur, mais le stockage est provisoire et n'apparaßt pas directement sous forme de fichier sur le disque dur du destinataire. Les données sont téléchargées en continu dans la mémoire vive, sont analysées à la volée par l'ordinateur ou le smartphone et rapidement transférées vers un écran ou un lecteur multimédia (pour affichage), puis remplacées par de nouvelles données. Les flux audio ou vidéo de streaming sont généralement fournis par des plateformes qui proposent des films, séries (vidéos à la demande) ou morceaux musicaux.
Histoire
Dans les années 1920, le scientifique George O. Squier dépose un brevet pour un systÚme de transmission et de diffusion de signaux sur des lignes électriques qui se nommera plus tard Muzak. C'est la premiÚre technologie permettant d'écouter de la musique en streaming sans l'usage de la radio[5]. Les décennies qui suivent ne voient que trÚs peu de progrÚs se réaliser en la matiÚre, la technologie étant trÚs coûteuse et donc difficile à développer.
Dans les annĂ©es 1990, du fait de l'Ă©largissement de la bande passante et l'amĂ©lioration de l'accĂšs aux rĂ©seaux, ainsi que la gĂ©nĂ©ralisation de l'utilisation de protocoles tels que le http et le html et la commercialisation d'Internet, les tentatives de streaming sont nombreuses. Le , le groupe Severe Tire Damage (en) est le premier groupe Ă se produire en direct sur Internet depuis le Xerox PARC[6] - [7] - [8] - [9] - [10]. La bande est diffusĂ©e en direct en Australie notamment. En parallĂšle, Microsoft dĂ©veloppe l'application Microsoft TV, testĂ©e avec Connectix QuickCam. En 1995, RealNetworks[11] diffuse un match de baseball entre les Yankees de New York et les Mariners de Seattle sur Internet. Le de cette mĂȘme annĂ©e, le cinĂ©ma Paramount Ă Seattle accueille le premier concert symphonique diffusĂ© sur Internet. En 2000, la premiĂšre projection publique de cinĂ©ma numĂ©rique d'Europe, par Philippe Binant, en France[12].
DĂ©veloppement commercial
En 1995, Microsoft dĂ©veloppe un lecteur multimĂ©dia connu sous le nom ActiveMovie, premiĂšre version de ce qui sera plus tard la plateforme de diffusion de streaming Windows Media Player 6.4, elle-mĂȘme lancĂ©e en 1999. En , Apple se lance dans le streaming avec l'application QuickTime 4. Le streaming est ensuite gĂ©nĂ©ralisĂ© sur Internet avec des formats tels que RealPlayer et Windows media, faisant ensuite place Ă des sites spĂ©cialisĂ©s tels que YouTube et Dailymotion dans les annĂ©es 2000[13].
Apparition du live streaming
La demande croissante des consommateurs de streaming conduit l'industrie à développer un certain nombre de technologies, dont le streaming en direct, aussi appelé live streaming. En 2008, YouTube annonce l'arrivée de vidéo en live streaming sur son site Internet : « le live streaming est quelque chose que nous souhaitions développer depuis de nombreuses années, mais nous n'avions jamais eu les ressources pour le faire correctement. Désormais, avec Google, nous espérons pouvoir le faire cette année »[13]. En 2014, une étude de l'AISP dénonce les dérives du live streaming, apparemment cible privilégiée des hackers qui profiteraient des sites illégaux pour voler les données bancaires et personnelles des internautes[14].
Selon l'OCDE, fin 2014, le streaming vidéo devait représenter bientÎt 90 % du trafic Internet mondial[15].
Utilisation du streaming
Une étude[16] a été publiée en par Hadopi à partir de questionnaires en ligne sur la consommation journaliÚre des participants en biens culturels dématérialisés : musique, films, séries, jeux vidéo, livres électroniques. Les résultats de cette étude montrent que le streaming est devenu la principale source de consommation des biens culturels.
Le streaming est devenu une mĂ©thode de piratage trĂšs rĂ©pandue. Une grande partie du dĂ©veloppement des logiciels nĂ©cessaires et de sites Internet a lieu en Europe, oĂč les frontiĂšres nationales entre les pays permettent aux utilisateurs de capter les signaux de tĂ©lĂ©vision de pays voisins sans pouvoir se rendre dans le site officiel des chaĂźnes TV en raison des restrictions contractuelles des diffuseurs. Notamment en raison des droits tĂ©lĂ© d'Ă©vĂ©nements sportifs comme la coupe du monde de football. Il peut aussi ĂȘtre utilisĂ© pour regarder des films gratuitement.
« Dâune façon gĂ©nĂ©rale, les rĂ©sultats mettent en valeur lâimportance du streaming, pratiquĂ© par 84 % des consommateurs (contre seulement 49 % pour le tĂ©lĂ©chargement). La musique est de loin le bien culturel le plus consommĂ© (plus de 23 titres par semaine et par consommateur, soit plus de 60 000 titres). Les films, les sĂ©ries, les livres et les jeux vidĂ©o sont consommĂ©s dans des proportions comparables entre elles : entre 2,4 et 5,7 biens par semaine et par consommateur. Les livres et les jeux vidĂ©o correspondent Ă une consommation plus isolĂ©e, pratiquĂ©e par bien moins dâinternautes. Globalement, câest la consommation gratuite qui sâimpose significativement »[17].
Pour la musique, 92 % des internautes interrogĂ©s pour cette Ă©tude effectuĂ©e par Hadopi dĂ©clarent ĂȘtre allĂ©s sur un site licite ou/et labellisĂ© (YouTube, Deezer, Spotify, Dailymotion). Pour visionner les sĂ©ries, les internautes interrogĂ©s ont aussi citĂ© des plateformes françaises lĂ©gales comme M6replay (13 %) et Pluzz/France TV replay (13 %). Pour les films en streaming, YouTube (18 %) tient une nouvelle fois la corde, suivi par Canal+ (7 %)[16].
En cinq ans, la croissance des plateformes dâĂ©coute musicale (gratuites ou non, sans tĂ©lĂ©chargement requis pour lâaccĂšs Ă la musique) telles que Spotify ou Deezer, a explosĂ©, passant de 8 millions dâabonnĂ©s en 2010 Ă 68 millions en 2015 (selon l'IFPI et Le Monde[18]) et ce nombre ne cesse de se multiplier. Cette Ă©volution entraĂźne la crĂ©ation de nombreuses nouvelles plateformes.
Ce fort dĂ©veloppement du streaming musical gĂ©nĂšre des recettes dĂ©sormais prises en compte par certaines maisons de disques et labels indĂ©pendants. Ces derniers portent un intĂ©rĂȘt plus grand aux plateformes et sâadaptent Ă ces nouvelles formes de distribution musicale innovantes en Ă©valuant lâimpact et les perspectives quâelles peuvent offrir. En effet, fin des annĂ©es 2010, le streaming musical est perçu comme un des facteurs potentiels pour relancer l'industrie musicale face au dĂ©clin des ventes de disques. Cependant, en 2019, selon une Ă©tude de l'Association of European Performers' Organisations, 90 % des artistes diffusant leurs Ćuvres musicales sur les plates-formes de streaming perçoivent une rĂ©munĂ©ration annuelle d'un montant infĂ©rieur Ă mille euros. Selon une Ă©tude amĂ©ricaine publiĂ©e la mĂȘme annĂ©e, parmi 1,6 million d'artistes dont la production musicale est proposĂ©e en tĂ©lĂ©chargement, 0,1 % accumule prĂšs de 90 % des Ă©coutes[19].
Dans le cadre du streaming de livres, Amazon reste un acteur majeur avec la Kindle[20] et son offre d'abonnement illimité.
Lâexplosion de lâutilisation des plateformes offrant du streaming entraĂźne une augmentation sensible du trafic sur les rĂ©seaux des opĂ©rateurs et pourrait amener des risques de saturation pour les rĂ©seaux mobiles Ă haut dĂ©bit.
Concernant le marché français, la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, confie, en , une mission de médiation à Marc Schwartz, dont l'objectif est de trouver un terrain d'entente entre les plates-formes de streaming musical (Spotify, Deezer, Apple Music, Tidal, Fnac Jukebox, Qobuz, Napster, etc.) et l'industrie de la création, sur le partage de la valeur[21]. Mais dans les faits, les plateformes de streaming commencent déjà à apporter des revenus plus importants à ce marché. D'aprÚs des chiffres diffusés en 2017 par le Syndicat national de l'édition phonographique (le SNEP), la consommation de streaming payant se développe de plus en plus. Vingt-huit milliards de titres sont diffusés en flux continu en 2016 contre dix-huit milliards un an plus tÎt, et un tiers des Français consomment désormais de la musique sous cette forme au moins une fois par mois[22].
Possibilités de fraude
Début 2017, le Syndicat national de l'édition phonographique (SNEP) détecte des anomalies dans le nombre de lectures pour certains artistes de rap, soit un gonflement artificiel du nombre de streams[23]. Un logiciel relativement simple permet de générer 20 000 lectures par semaine. Le groupe de funk californien Vulfpeck appelle ses fans à faire jouer leurs morceaux en boucle depuis leur compte Spotify pour augmenter artificiellement le nombre d'écoutes et financer une tournée[24].
Poids dans le trafic mondial
Selon le rapport The Global Internet Phenomena, publié par la société américaine Sandvine en 2018, le streaming pÚse 58 % de la bande passante mondiale[25].
Logiciels et formats de la lecture en flux
Les principaux formats utilisés actuellement sont :
- Advanced Streaming Format, conçu pour le logiciel Windows Media Player ;
- Adobe Flash, conçu pour Adobe Flash Player ; Pour des raisons de sĂ©curitĂ©, et de popularitĂ© de plus en plus exĂ©crable au fil du temps[26], en grande partie due Ă sa grande facilitĂ© de propagation de menaces et virus de toutes sortes, le protocole Flash est dĂ©jĂ rendu obsolĂšte par Adobe, qui ne le maintient plus que par des mises Ă jour de sĂ©curitĂ© jusqu'en 2020[27]. Son successeur, le HTML5[28], ne s'est pas encore imposĂ© sur la toile - les habitudes de programmation, les descripteurs multimĂ©dia et d'accessibilitĂ© n'Ă©tant pas encore optimisĂ©s dĂ©but 2012[29] - s'ajoute Ă cela une controverse concernant les verrous numĂ©riques DRM au sein mĂȘme du code (lire la section « Controverse - Verrou numĂ©rique »). Ceci explique que Flash soit toujours en sursis, surtout du fait de sa grande popularitĂ© passĂ©e auprĂšs des dĂ©veloppeurs de sites Internet ;
- RealMedia, conçu pour le logiciel Real Player ;
- QuickTime, framework de transport de données conçu pour QuickTime Player et lu par plusieurs logiciels ;
- SHOUTcast, protocole créé initialement pour Winamp.
Les nouveaux formats Ă©mergent utilisant la technologie de streaming adaptatif sont :
- HTTP Live Streaming, conçu pour le lecteur Quicktime (à partir de la version X) et le iPhone OS (à partir de la version 3) ;
- MPEG-DASH, un format standardisé en 2012 par la norme ISO/IEC 23009.
- Microsoft Smooth Streaming, conçu pour le plugin Silverlight ;
- Adobe Dynamic Streaming, conçu pour Adobe Flash Player (à partir de la version 10) ;
D'autres solutions de lecture de flux en continu existent sur la base de plugins. Streamplug permet la lecture en continu audio, éventuellement par chiffrage et un modÚle de sécurité basé sur Open Digital Rights Language (en).
Aspects juridiques
Statut juridique du flux continu
Le flux continu fait aujourdâhui lâobjet de dĂ©bats quant Ă son statut juridique et Ă sa lĂ©galitĂ©, malgrĂ© le dĂ©veloppement considĂ©rable quâil connaĂźt depuis quelques annĂ©es ainsi que la progression de la consommation de musique en ligne sans tĂ©lĂ©chargement quâil a engendrĂ©e.
En effet, le silence lĂ©gislatif concernant le sujet a menĂ© Ă certaines tentatives jurisprudentielles pour clarifier le rĂ©gime juridique applicable au flux continu, mais celui-ci pose toujours des problĂšmes relatifs au respect du droit dâauteur, notamment Ă travers le droit de reprĂ©sentation dâun auteur.
Comme le dispose lâarticle L.122-1 du Code de la propriĂ©tĂ© intellectuelle, « le droit dâexploitation appartenant Ă lâauteur comprend le droit de reprĂ©sentation et le droit de reproduction ».
DâaprĂšs lâarticle L.122-2 du Code de la PropriĂ©tĂ© Intellectuelle, « la reprĂ©sentation consiste dans la communication de lâĆuvre au public par un procĂ©dĂ© quelconque, et notamment : 1° Par rĂ©citation publique, exĂ©cution lyrique, reprĂ©sentation dramatique, prĂ©sentation publique, projection publique et transmission dans un lieu public de lâĆuvre tĂ©lĂ©diffusĂ©e ; 2° Par tĂ©lĂ©diffusion. La tĂ©lĂ©diffusion sâentend de la diffusion par tout procĂ©dĂ© de tĂ©lĂ©communication de sons, dâimages, de documents, de donnĂ©es et de messages de toute nature. Est assimilĂ©e Ă une reprĂ©sentation lâĂ©mission dâune Ćuvre vers un satellite. »
Or, le flux continu peut ĂȘtre dĂ©fini comme un procĂ©dĂ© de reprĂ©sentation dâune Ćuvre via une tĂ©lĂ©diffusion par support numĂ©rique. Ainsi, pour ĂȘtre lĂ©gal, il nĂ©cessite un accord prĂ©alable de lâauteur de lâĆuvre pour sa diffusion, Ă travers le droit de reprĂ©sentation qui lui appartient.
Ensuite, lâarticle L.122-3 du Code de la PropriĂ©tĂ© Intellectuelle pose le principe selon lequel « La reproduction consiste dans la fixation matĂ©rielle de lâĆuvre par tous procĂ©dĂ©s qui permettent de la communiquer au public dâune maniĂšre indirecte. Elle peut sâeffectuer notamment par imprimerie, dessin, gravure, photographie, moulage et tout procĂ©dĂ© des arts graphiques et plastiques, enregistrement mĂ©canique, cinĂ©matographique ou magnĂ©tique (âŠ) ».
Toutefois, le flux continu se caractĂ©rise principalement par le fait que le fichier diffusĂ© sur le site source nâest en principe pas stockĂ© dĂ©finitivement sur le disque dur de lâordinateur du destinataire, mais seulement de façon temporaire dans la mĂ©moire vive de son ordinateur. Par consĂ©quent, le droit de reproduction doit ĂȘtre Ă©cartĂ© des moyens de protection envisageables dâun auteur contre la mise en ligne de son Ćuvre sur un site de lecture directe. En effet, la reproduction temporaire dans la mĂ©moire vive dâun ordinateur rĂ©pond aux exceptions au droit de reproduction prĂ©vues par lâarticle L.122-5 du Code de PropriĂ©tĂ© Intellectuelle.
DâaprĂšs ce dernier, « Lorsque lâĆuvre a Ă©tĂ© divulguĂ©e, l'auteur ne peut interdire :
(âŠ) 6° La reproduction provisoire prĂ©sentant un caractĂšre transitoire ou accessoire, lorsqu'elle est une partie intĂ©grante et essentielle d'un procĂ©dĂ© technique et qu'elle a pour unique objet de permettre l'utilisation licite de lâĆuvre ou sa transmission entre tiers par la voie d'un rĂ©seau faisant appel Ă un intermĂ©diaire ; toutefois, cette reproduction provisoire qui ne peut porter que sur des Ćuvres autres que les logiciels et les bases de donnĂ©es ne doit pas avoir de valeur Ă©conomique propre.
Toutefois, lâĆuvre est reproduite sur le serveur du fournisseur de service et, Ă ce titre, une autorisation de lâauteur doit ĂȘtre obtenue. »
Sanctions de lâabsence dâautorisation de lâauteur de lâĆuvre diffusĂ©e sur le site source
Par consĂ©quent, lorsque lâauteur ou ses ayants droit nâa pas donnĂ© lâautorisation de mettre en ligne son Ćuvre sur un site source, celui qui la diffuse, et qui donc lâhĂ©berge sur le site, se rend coupable de contrefaçon, punissable pĂ©nalement par lâarticle L.335-3 du Code de PropriĂ©tĂ© Intellectuelle. En effet, ce dernier dispose quâ« est Ă©galement un dĂ©lit de contrefaçon toute reproduction, reprĂ©sentation ou diffusion, par quelque moyen que ce soit, d'une Ćuvre de l'esprit en violation des droits de l'auteur, tels qu'ils sont dĂ©finis et rĂ©glementĂ©s par la loi ».
En outre, il convient de noter que la mise en ligne dâun simple lien hypertexte diffusĂ©e en flux de façon non autorisĂ©e donc illĂ©gale et qui serait hĂ©bergĂ©e sur un site diffĂ©rent est Ă©galement punissable pour le diffuseur comme de la complicitĂ© Ă la contrefaçon, prĂ©vue et sanctionnĂ©e Ă lâarticle 121-7 du Code pĂ©nal. En effet, selon ce dernier, « Est complice d'un crime ou d'un dĂ©lit la personne qui sciemment, par aide ou assistance, en a facilitĂ© la prĂ©paration ou la consommation ».
Jurisprudence
La jurisprudence est actuellement assez floue en la matiĂšre, les lois concernĂ©es Ă©tant assez archaĂŻques, elles ne pourraient que donner cours Ă des mesures de rĂ©pression qui dĂ©natureraient une grande partie des utilisateurs de lecture en continu. Le lĂ©gislateur nâintervenant pas de façon claire, il se montre toutefois de plus en plus contentieux et apparaĂźt aujourdâhui en raison de lâabsence dâautorisation de lâauteur ou de ses ayants droit pour la mise en ligne de son Ćuvre sur un site source (YouTube, Dailymotion, Megavideo, etc.). Le site internet « Chacal Stream », dont lâobjet Ă©tait de rĂ©pertorier des liens permettant de regarder des vidĂ©os a notamment Ă©tĂ© fermĂ© et sanctionnĂ© pour ne pas avoir demandĂ© lâaccord prĂ©alable des auteurs et producteurs de films mis Ă la disposition du public grĂące Ă son rĂ©pertoire. Il en est de mĂȘme pour VidĂ©otribe qui accuse d'une fermeture du site pour « contexte actuel de criminalisation du webmaster, des utilisateurs et mĂȘme des visionneurs », si on en croit leurs mots. Aussi, le site Blogmusik qui proposait une Ă©coute en ligne de musique de façon gratuite et illimitĂ©e, a Ă©tĂ© fermĂ© par ses crĂ©ateurs en 2007 sur pression de la SACEM en raison de lâabsence dâautorisation de diffusion des Ćuvres musicales par leurs auteurs ou ayants droit.
Ses crĂ©ateurs ont alors crĂ©Ă© le site Deezer, premier site français de lecture seule permettant une Ă©coute de musique en ligne via une inscription gratuite, Ă avoir nĂ©gociĂ© la diffusion lĂ©gale par rĂ©munĂ©ration en proportion des recettes publicitaires avec les sociĂ©tĂ©s de gestion des droits dâauteur et maisons de disques. Enfin, le site amĂ©ricain de streaming lĂ©gal de vidĂ©os Hulu, tout comme le site de flux continu musical suĂ©dois Spotify, font aujourdâhui figures dâexemple par leur capacitĂ© Ă offrir un service gratuit et illimitĂ© au public grĂące Ă un modĂšle de financement public par la publicitĂ©.
La fraude des fausses Ă©coutes
Une Ă©tude du Centre national de la musique publiĂ©e en janvier 2023 montre que d'aprĂšs les indications de trois plateformes de streaming musical (Spotify, Qobuz et Deezer), entre un milliard et trois milliards de « streams » en France « au moins » seraient faux en 2021, ce qui concerne entre 1 % et 3 % des Ă©coutes en ligne (des fake streams)[30]. Des sociĂ©tĂ©s vendant en effet Ă des labels ou des artistes « des nombres d'Ă©coutes gonflĂ©s par des robots ou personnes physiques, dans le but de gĂ©nĂ©rer un revenu, dâamĂ©liorer la performance dâun titre dans les palmarĂšs et/ou dâorienter un systĂšme de recommandation (playlists, recherche)[31] ».
Autorité
En 2022, l'ARCOM est créée en France. L'une des missions de cette autorité est de lutter contre le streaming illicite, notamment sportif[32].
Union européenne
Dans l'union européenne, la notion de online audio and video streaming services et la notion de services de diffusion audio et vidéo en flux continu est notamment abordée dans les versions anglaise et française de la directive (UE) 2019/790 du 17 avril 2019 sur le droit d'auteur et les droits voisins dans le marché unique numérique[33] - [34].
Ailleurs dans le monde
Le streaming, comme toute application utilisant les infrastructures internet, est international : une requĂȘte lancĂ©e depuis un ordinateur ou un smartphone dans un pays peut s'exĂ©cuter sur un serveur dans un centre de donnĂ©es dans un autre pays (souvent les Ătats-Unis). Les questions juridiques, dĂ©jĂ complexes Ă l'Ă©chelle d'un pays, notamment sur les aspects de propriĂ©tĂ© intellectuelle et de droit d'auteur, devraient donc ĂȘtre envisagĂ©es Ă l'Ă©chelle internationale, et tenir compte de l'Ă©tat du droit sur la question dans d'autres pays que la France.
Impact environnemental
Streaming audio
Les Ă©missions de gaz Ă effet de serre (GES) de la musique en ligne sont estimĂ©es entre 200 et 350 millions de kilogrammes par an aux Ătats-Unis, selon une Ă©tude de 2019[35]. Cela reprĂ©sente une hausse significative par rapport Ă l'Ăšre prĂ©-numĂ©rique, dont la consommation de plastique pour les supports d'enregistrement s'accompagnait d'Ă©missions estimĂ©es aux alentours de 140 millions de kilogrammes en 1977 (Ăšre du vinyle), 136 millions de kilogrammes en 1988 (Ăšre de la cassette) et 157 millions en 2000 (Ăšre du CD)[36].
Ces Ă©missions de GES liĂ©es au streaming musical peuvent ĂȘtre diminuĂ©es, par exemple en alimentant les centres de donnĂ©es par des Ă©nergies renouvelables, dans les pays dont l'Ă©lectricitĂ© est fortement carbonĂ©e. Au niveau individuel, une solution consiste Ă tĂ©lĂ©charger la musique afin de l'Ă©couter hors-ligne, ce qui rĂ©duit la nĂ©cessitĂ© d'une connexion constante[37]. Le service de musique en ligne Spotify utilise Ă ce propos un systĂšme de cache qui permet de rĂ©duire le dĂ©bit nĂ©cessaire au streaming de pistes audios lorsqu'elles sont Ă©coutĂ©es plusieurs fois[38]. Une autre solution est l'achat de CD physiques, qui s'avĂ©rerait plus Ă©coresponsable s'ils sont lus plus de 27 fois[37].
Streaming vidéo
Dans un rapport de , lâassociation The Shift Project estime lâimpact du visionnage de vidĂ©os Ă la demande Ă 300 millions de tonnes Ă©quivalent CO2 par an (MtCOâĂ©q/an), soit 1âŻ% des Ă©missions de dioxyde de carbone mondiales, dont 27 âŻ% seraient imputables aux vidĂ©os pornographiques. La cause principale de ces Ă©missions serait, selon le rapport, la consommation dâĂ©lectricitĂ© des centres de donnĂ©es utilisĂ©s pour le stockage des vidĂ©os, principalement produite Ă partir de combustibles fossiles. Lâassociation juge en consĂ©quence le modĂšle insoutenable dans le futur et dĂ©fend une rĂ©gulation par les Ătats dans une logique de sobriĂ©tĂ© numĂ©rique[39]. Au cours dâune interview, le rapporteur affirme par ailleurs que « regarder une Ă©mission de 30 minutes [sur Netflix] revient Ă Ă©mettre 1,6 kg de dioxyde de carbone, lâĂ©quivalent dâun trajet en voiture de 3,9 miles [6,28 km] »[40], information par la suite diffusĂ©e par les mĂ©dias[41].
Ces chiffres sont cependant contestĂ©s[42]. En 2019, une Ă©tude menĂ©e par Chris Preist, de lâuniversitĂ© de Bristol estime lâimpact environnemental de la plateforme YouTube Ă 10 MtCOâĂ©q/an, soit six fois moins que celle issue du rapport du Shift Project[42] - [43]. En , George Kamiya, analyste de l'International Energy Agency, relĂšve des erreurs de conversion et de failles dans les hypothĂšses de modĂ©lisation retenues par le rapport. Sans prĂ©tendre calculer les Ă©missions totales de gaz Ă effets de serre dues Ă la vidĂ©o Ă la demande, il produit une estimation pour le visionnage de vidĂ©os sur Netflix infĂ©rieure dâun facteur 90. Lâune de ses critiques du rapport porte sur les modalitĂ©s dâintĂ©gration au calcul des Ă©missions liĂ©es aux infrastructures fixes et appareils Ă©lectroniques[44].
The Shift Project reconnaĂźt une erreur de calcul pour lâĂ©quivalence donnĂ©e entre visionnage de vidĂ©os sur Netflix lors de lâinterview, mais dĂ©fend sa mĂ©thodologie et soutient en consĂ©quence que les rĂ©sultats du rapport sont inchangĂ©s[40]. Ainsi, sur la question de la prise en compte des Ă©missions liĂ©es aux infrastructures fixes, lâorganisme Ă©crit dans son rapport de 2020 DĂ©ployer la sobriĂ©tĂ© numĂ©rique quâ« inclure la partie fixe dans le comptage permet de comprendre comment se dĂ©veloppent et pourquoi sont dĂ©ployĂ©es nos infrastructures, en lien avec les usages quâelles supportent et rendent possibles »[45]. Cependant, il admet Ă©galement que « rĂ©duire la quantitĂ© de donnĂ©es nâinflue pas directement sur la consommation des rĂ©seaux de maniĂšre significative, parce que la partie fixe de la consommation est trĂšs importante »[45].
Notes et références
- Prononciation en anglais standard retranscrite selon la norme API.
- Commission dâenrichissement de la langue française, « flux (en) », sur FranceTerme, ministĂšre de la Culture (consultĂ© le ).
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- Déployer la sobriété numérique, (lire en ligne [PDF]), p. 93.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :