Accueil🇫🇷Chercher

Fusible réarmable PTC

Un fusible réarmable CTP (CTP = coefficient en température positif), ou fusible réarmable PTC (nommé en anglais polymeric positive temperature coefficient device (PPTC) - ou plus généralement polyfuse ou polyswitch) est un composant électronique passif utilisé pour protéger contre les défauts de surintensité dans les circuits électroniques. Il s'agit en fait d'une thermistance non linéaire qui retourne à un état conducteur une fois que le courant a chuté, faisant plutôt office de disjoncteur, permettant ainsi au circuit de fonctionner à nouveau sans ouvrir le châssis ou remplacer un composant. Les fusibles réarmables CTP sont souvent utilisés dans les alimentations d'ordinateur, notamment à cause de la norme PC 99 et dans les applications où le remplacement de pièces est difficile (nucléaire, aérospatiale...)[1].

Fusibles réarmables CTP / PTC

Une autre application de tels dispositifs est la protection de haut-parleurs audio, en particulier des tweeters, de dégâts quand ils sont sur-sollicités : en mettant une résistance ou une ampoule en parallèle avec le dispositif PPTC, il est possible de concevoir un circuit qui limite le courant total dans le tweeter à une valeur sûre sans le couper totalement, permettant ainsi au haut-parleur de continuer à travailler sans dégâts quand l'amplificateur y injecte une puissance excessive. Un simple fusible protégera aussi le haut-parleur, mais devra être remplacé pour permettre à nouveau le fonctionnement[2].

Ces composants sont vendus par différentes compagnies sous des marques variées, entre autres « PolySwitch » (TE Connectivity)[3], Semifuse (ATC Semitec), « Fuzetec » (Fuzetec Technology), Polyfuse (Littelfuse) et Multifuse (Bourns, Inc.).

Un composant PPTC est caractĂ©risĂ© par un courant permanent admissible (ou ampacitĂ©). Quand le courant passant dans le composant (qui a une petite rĂ©sistance Ă©lectrique dans l'Ă©tat passant) dĂ©passe la limite, le composant chauffe au-delĂ  d'une tempĂ©rature-seuil et la rĂ©sistance augmente soudainement de plusieurs ordres de grandeur Ă  une valeur « dĂ©clenchĂ©e », typiquement des centaines de kilo-ohms, ce qui limitera fortement le courant en raison de l'impĂ©dance finie de la source. Le courant de dĂ©clenchement peut varier de 20 mA Ă  100 A, suivant le composant et le circuit.

Un composant CTP polymère comprend typiquement une matrice organique isolante cristalline, qui est chargée de particules de noir de carbone pour la rendre conductrice. À l'état froid, le polymère est dans un état cristallin, avec le carbone forcé à rester dans les régions entre les cristaux, formant un grand nombre de chaînes conductrices et lui conférant une faible « résistance initiale » lui permettant de passer un courant de maintien. Si un courant excessif (le courant de déclenchement passe à travers le composant, l'échauffement par effet Joule du composant sera suffisant pour passer de l'état cristallin à l'état amorphe, ce qui est lié à une expansion de volume. Cette expansion sépare les particules de carbone et casse ainsi les chaînes conductrices, entraînant une augmentation de la résistance, qui entraîne à son tour une augmentation de l'échauffement, une augmentation de la résistance… jusqu'à ce que le courant dans le circuit baisse fortement. À l'état déclenché, il reste un faible courant dans le composant, nécessaire pour maintenir la température correspondant à cet état (haute résistance, température élevée) — le composant fonctionne de manière bistable. Le matériau critique utilisé dans ces fusibles réarmables, qui est un composite plastique-noir de carbone, fut découvert par l'auteur et scientifique Fred Kohler, et breveté comme le brevet américain #3.243.753, du 29/03/1966[4].

Une fois l'alimentation éteinte et le défaut (surcharge ou court-circuit) corrigé, le composant se refroidit, ce qui permet au matériau actif de regagner sa structure cristalline originale, restaurant ainsi l'état basse résistance dans lequel il peut à nouveau transporter le courant nominal spécifié. L'essentiel de ce refroidissement prend en général quelques secondes, mais ces dispositifs garderont une résistance légèrement plus élevée pendant des heures, tendant lentement à regagner la valeur initiale.

Comme ce genre de composant a une résistance inhéremment plus élevée qu'un fusible métallique ou un disjoncteur, son utilisation peut être difficile ou impossible dans les circuits qui ne tolèrent aucune réduction significative de la tension de travail, forçant le concepteur de choisir un de ces derniers.

Comme les fusibles métalliques, on doit tenir compte des conditions ambiantes : température et dissipation thermique ; une température élevée et un environnement ne permettant pas une bonne dissipation thermique réduisent le courant de maintien (nécessitent un détarage), et vice versa.

Dans les circuits enrobés (avec une résine rigide, voire tendre, par exemple à base de silicone), les fabricants recommandent de laisser un espace libre autour du fusible pour permettre la dilatation associée au fonctionnement, ce qui peut être obtenu en plaçant un petit capuchon sur le composant avant l'enrobage.

Certains dispositifs Ă©lectroniques tels que la Transient Blocking Unit (TBU)[5] sont en fait des disjoncteurs Ă©lectroniques miniatures. Ils sont nettement plus rapides que les fusibles rĂ©armables CTP, mais prĂ©sentent une rĂ©sistance tendanciellement plus importante, et ne sont disponibles que pour des courants modestes : ils sont plutĂ´t adaptĂ©s Ă  la protection de lignes de transmission de signaux.

Paramètres du composant / définitions

  • RĂ©sistance initiale : la rĂ©sistance du composant, après fabrication
  • Tension nominale : la tension appliquĂ©e maximale que le fusible peut couper sans dĂ©gât
  • Courant de maintien : courant permanent admissible minimal garanti
  • Courant de dĂ©clenchement : courant garantissant un dĂ©clenchement (diffĂ©rence avec le courant de maintien est due aux tolĂ©rances de fabrication)
  • Temps de dĂ©clenchement : temps (maximal) avant dĂ©clenchement, pour un certain courant au-delĂ  du courant de maintien
  • État dĂ©clenchĂ© : Ă©tat haute rĂ©sistance dĂ» Ă  une surcharge
  • Courant de fuite : courant rĂ©siduel Ă  l'Ă©tat dĂ©clenchĂ©
  • Cycles de dĂ©clenchement : nombre garanti de cycles de dĂ©clenchement (Ă  tension et courant nominaux) supportĂ©s sans dĂ©faillance
  • Endurance en dĂ©clenchement : temps garanti supportĂ© sans dĂ©faillance par le composant Ă  l'Ă©tat dĂ©clenchĂ©, sous tension nominale
  • Dissipation de puissance : puissance dissipĂ©e par le composant dans son Ă©tat dĂ©clenchĂ©
  • DĂ©tarage (allègement de rĂ©gime) thermique : effet de la tempĂ©rature sur le courant de maintien (courbe de dĂ©tarage)
  • HystĂ©rèse : intervalle d'hystĂ©rèse de courant entre le courant de dĂ©clenchement (augmentation) et le courant de rĂ©enclenchement (diminution)

Références

  1. PTC Overcurrent Protection for Universal Serial Bus Circuit Designs
  2. Loudspeaker application note
  3. PolySwitch est le premier produit de ce type, ayant été inventé par Raychem Corporation (devenu entre-temps TE Connectivity, http://www.te.com) et introduit au début des années 1980. Ce nom — indépendamment de la marque — est souvent utilisé génériquement par les électroniciens pour décrire ce type de composant.
  4. http://www.paper.edu.cn/index.php/default/scholar/downpaper/zhengqiang-6
  5. Dispositif de Bourns, Inc., http://www.bourns.com/ProductLine.aspx?name=tbu


Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.