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Doublage en cuivre

Le doublage en cuivre d'une coque de navire est une méthode d'antifouling consistant en l'apposition de plaques de cuivre à l'extérieur des œuvres vives.

Graduations sur la coque du Cutty Sark, doublée avec du cuivre.
Étrave d'un navire recouvert de cuivre du début du XIXe siècle, retrouvé dans les eaux ultra-profondes du golfe du Mexique. La majeure partie du bois de la coque s'est désintégrée, mais le cuivre qui recouvrait la coque a conservé sa forme. La couleur vert-de-gris est due à l'oxydation (crédit photo : NOAA Okeanos Explorer Program).

Histoire

MalgrĂ© quelques usages recensĂ©s au Ve siècle av. J.-C.[1], la technique est mise en pratique pour la première fois dans la Royal Navy, peu avant la guerre d'indĂ©pendance des États-Unis, pour prĂ©venir les dommages causĂ©s par le taret commun[2]. En 1761, la frĂ©gate HMS Alarm (en) est doublĂ©e de cuivre Ă  titre d'expĂ©rience[3]. Un second navire l'est en 1765, puis un troisième en 1770 et un cinquième en 1776. En 1777, on en est au neuvième. Mais très vite, un problème majeur apparaĂ®t. En effet, Ă  l'Ă©poque, la corrosion aqueuse est un phĂ©nomène inconnu, et le cuivre du doublage rĂ©agit avec l'eau salĂ©e et les clous mĂ©talliques de la coque, dĂ©tĂ©riorant ceux-ci en quelques annĂ©es. L'amirautĂ© remet alors en question la technique. Finalement, elle suggère aux chantiers navals d'utiliser des clous faits d'alliage et non de mĂ©tal pur, ce qui rĂ©sout le problème. Le doublage en cuivre est confirmĂ© Ă  partir de 1783[3]. Un vaisseau de 74 canons nĂ©cessitait 14 tonnes de cuivre pour un coĂ»t de 1 500 livres sterling de l’époque Ă  comparer au coĂ»t de 262 ÂŁ du bois. Les avantages de l'augmentation de la vitesse et de temps en mer justifiant les coĂ»ts impliquĂ©s[4]. La flotte marchande britannique suit l'exemple de la flotte de guerre, un seul navire doublĂ© est enregistrĂ© Ă  la Lloyd's of London en 1777; 275 (soit 3 % de la marine marchande) en 1786 et 18 % de la flotte en 1816[5].

En France, ce n'est qu'à partir de 1778 que des essais sont menés[6]. En effet, en juillet de cette année, la frégate Iphigénie ramène au port de Brest le cutter HMS Lively[7]. doublé en cuivre. En juillet commence alors un chantier de doublage de la coque de l'Iphigénie à partir des données recueillies sur le cutter capturé. Le doublage fini, le navire est envoyé en Amérique, où, à son arrivée, le capitaine Kersaint se rend compte que le cuivre est altéré, voire percé en de nombreux endroits[6]. Il renvoie alors en France un mémoire où il consigne ses remarques ainsi que quelques conseils relatifs aux changements à apporter à la technique utilisée. En octobre 1779, la frégate Surveillante rentre au port après un combat acharné contre le HMS Quebec. Ayant été doublée en mai de la même année, son désarmement donne lieu à de nouvelles plaintes concernant le doublage[8]. Une nouvelle tentative est faite en décembre 1779 sur la Néréide, en recouvrant le cuivre d'une sorte de vernis. À son retour d'Espagne, la frégate est inspectée, et il s'avère que la partie de la coque doublée de cette manière a mieux résisté[9]. Les navires suivants, doublés avec cette méthode, rapportent des observations contraires. Après quelques années et plusieurs expériences, on se rend enfin compte que le fer et le cuivre cohabitent très mal. Le problème est résolu en appliquant entre la coque et le doublage des enduits à base de suif et de goudron[10], isolation insuffisante, l'électrolyse des métaux provoqua rapidement la destruction de ces vaisseaux. Réalisées dès 1785, avec des œuvres vives chevillées en bronze, des bordés fixés par des gournables et des ferrures de gouvernail en bronze, les nouvelles constructions donnèrent finalement satisfaction[11].

La technique se généralise alors sur les navires de guerre de l'époque, jusqu'à ce que l'utilisation de la peinture antifouling ne la supplante.

Cette technique est encore, bien que rarement, utilisée de nos jours[12].

Notes et références

  1. GlobalSecurity.org
  2. (en) Harris, « Copper and shipping in the eighteenth century », The Economic History Review, vol. 19, no 3,‎ , p. 550–568 (DOI 10.1111/j.1468-0289.1966.tb00988.x, lire en ligne [PDF]).
  3. Outline of Ship-Building in Four Parts
  4. (en) Nicholas Rodger, The Commend of the Ocean : a Naval History of Britain, 1649-1815, Londres, Allen Lane, , 907 p. (ISBN 0-7139-9411-8), p. 375.
  5. (en) Mike McCarthy, Ships' Fastenings : From Sewn Boat to Steamship, Texas A&M University Press, , 108-109 p. (ISBN 1-58544-451-0, lire en ligne).
  6. Encyclopédie méthodique, p. 77
  7. Ships of the Old Navy, « HMS Lively »
  8. Encyclopédie méthodique, p. 78
  9. Encyclopédie méthodique, p. 79
  10. Encyclopédie méthodique, p. 80
  11. Jacques Gay, « Le fer dans la marine en bois : l'exemple de la flotte de guerre française (1665-1815) », Histoire & Mesure, vol. 3, no 1,‎ , p. 53–86 (DOI 10.3406/hism.1988.1290, lire en ligne, consulté le )
  12. Étude de la FNPPSF.

Bibliographie

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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