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Surveillante (1778)

La Surveillante est une frĂ©gate de classe IphigĂ©nie de 32 canons de la Marine française. Elle prend part aux opĂ©rations navales de la guerre d'indĂ©pendance des États-Unis, et devient cĂ©lĂšbre pour son combat en contre la frĂ©gate britannique HMS Quebec ; en 1783, elle est dĂ©signĂ©e pour apporter la nouvelle de la fin des hostilitĂ©s en AmĂ©rique. Par la suite, elle prend part aux guerres de la RĂ©volution française, et est sabordĂ©e pendant l'ExpĂ©dition d'Irlande aprĂšs avoir subi d'importants dĂ©gĂąts au cours d'une tempĂȘte. L'Ă©pave est localisĂ©e en 1979 et son site est dĂ©sormais protĂ©gĂ©.

Surveillante
illustration de Surveillante (1778)
Combat entre la frégate française La Surveillante et la frégate britannique HMS Quebec, 6 octobre 1779. Auguste-Louis de Rossel.

Type Frégate
Classe Iphigénie
Histoire
A servi dans Pavillon de la marine royale française Marine royale française
Chantier naval Lorient
Quille posée août 1777
Lancement 26 mars 1778
Commission mai 1778
Statut Sabordée en janvier 1797
Caractéristiques techniques
Longueur 44,2 mĂštres
MaĂźtre-bau 11,2 mĂštres
Tirant d'eau 4,9 mĂštres
DĂ©placement 620 tonnes
Caractéristiques militaires
Armement 32 canons :
Pavillon France

Service dans la marine française

Construction et débuts

La quille de la Surveillante est posĂ©e en Ă  Lorient, elle est la deuxiĂšme frĂ©gate de la classe IphigĂ©nie, une sĂ©rie de frĂ©gates de 32 canons portant des canons de 12 livres. Elle est conçue et dessinĂ©e par LĂ©on Guignace. LancĂ©e le , elle est commissionnĂ©e en mai de la mĂȘme annĂ©e. Le mĂȘme mois, elle retourne en cale sĂšche afin que sa coque soit doublĂ©e au moyen de plaques de cuivre, devenant le deuxiĂšme navire Ă  appliquer une pratique qui se rĂ©pand alors au sein de la Marine royale française.

AprĂšs ces travaux, la Surveillante reprend la mer et est impliquĂ©e dans les opĂ©rations navales de la guerre d'indĂ©pendance des États-Unis ; aprĂšs avoir brĂ»lĂ© le Lord Cardiff et coulĂ© le corsaire Old England de 18 canons le lors de la croisiĂšre d'hiver, elle capture le HMS Spitfire (traduisez le Crache-feu) le . Celui-ci Ă©tait armĂ© de 20 caronades de 18 et ne consentit Ă  se rendre qu'aprĂšs avoir dĂ©montĂ© toute son artillerie et constatĂ© la perte des trois quarts de son Ă©quipage tuĂ©s ou mis hors de combat. C'Ă©tait le dĂ©but de l'Ă©poque de l'Alliance franco-espagnole.

Cinq jours avant son combat contre le Québec, la flotte marchande de Saint-Domingue, sous l'escorte d'un vaisseau de guerre et de deux frégates de l'escadre du comte d'Estaing, fait son entrée à Rochefort. Vingt-six de ces bùtiments sont heureusement rentrés et le reste en d'autres ports. La division sortie de Brest aux ordres de Monsieur de Chenisey, pour aller à la rencontre de cette flotte, était composée de multiples vaisseaux. Le Scipion, l'Hercule et le Pluton, français, de 74, l'Arrogant et le Saint-Michel, espagnols de 70 canons et de frégates la Surveillante, l'Hermione, la Gentille, Le capitaine du Couëdic reçoit sa part de la vente du butin du bateau HMS Flox[1].

l'Aigrette, la Néréide et du cutter l'Expédition commandé par l'enseigne de vaisseau Alexandre-Amable de Roquefeuil. Ce dernier jouera un rÎle important dans le combat qui suit, en effet il se heurtera au cutter Rambler tenu par le lieutenant George.

Ces cutters étaient appelés également mouche en France et possédaient 10 canons de quatre.

Combat contre le HMS Quebec

Le , au large d'Ouessant, la Surveillante, commandĂ©e par le lieutenant du CouĂ«dic de Kergoualer, rencontre le HMS Quebec (32), commandĂ©e par le captain George Farmer. Un violent combat de trois heures et demie s'ensuit alors. Les deux frĂ©gates subissent des dĂ©gĂąts considĂ©rables et de lourdes pertes, Ă©tant toutes deux dĂ©mĂątĂ©es. La bataille prend fin quand le Quebec, tirant Ă  travers ses propres voiles qui Ă©taient tombĂ©es et recouvraient son pont et ses sabords, prend feu et explose. La Surveillante, qui faisait eau, a 30 morts et 85 blessĂ©s Ă  son bord.

Le capitaine français du Couëdic met à la mer le seul canot qui lui reste pour recueillir tous les marins anglais qui avaient survécu à l'explosion. Ces derniers unissent leurs forces à celles des Français pour sauver la Surveillante. Ensemble, ils parviennent à regagner Brest le lendemain, et, en remerciement, les Anglais sont traités en naufragés et non en prisonniers de guerre.

Iconographie

De nombreux tableaux et dessins sont faits de cette bataille, notamment par Auguste-Louis de Rossel (dont un des trois tableaux commandés est exposé au Musée de la Marine à Paris), George Carter et par Robert Dodd. Un magnifique tableau du combat se trouvait au Musée de la Coopération de Blérancourt prÚs de Soissons. Pierre Julien Gilbert, peintre brestois a réalisé Le Québec en feu. Il est au musée des Beaux-Arts de Brest. Auguste Biard et Albert Dawant ont réalisé plusieurs tableaux représentant la descente du commandant du Couëdic hors de la Surveillante. Il était généralement entouré de ses trois neveux présents au combat.

Une aquarelle bien romantique d'Alfred Paris[2] est celle du pilote J.B. Le Mancq (tenant haut le drapeau blanc aux fleurs de lys) au combat de la Surveillante et du Québec. La lithographie serait de Charles Gillot (1853-1903) parue dans le livre Marins de France de Raimes.

  • Combat du
  • Gravure d'aprĂšs l'aquarelle de George Carter.
    Gravure d'aprĂšs l'aquarelle de George Carter.

Fin de la guerre d'indĂ©pendance des États-Unis

Le roi Louis XVI avait fait restaurer Ă  l'identique ce prestigieux bateau. Il la confie au baron de Valois (Jacques de La Motte-Valois). Cette frĂ©gate allait accompagner les vaisseaux en partance vers les AmĂ©riques. Le , la Surveillante, en compagnie de l'ÉveillĂ©, de son sister-ship La Gentille et du cotre GuĂšpe, elle capture le HMS Romulus en baie de Chesapeake.

À l'Ă©tĂ© 1783, elle est dĂ©signĂ©e, en compagnie de la frĂ©gate britannique HMS Medea, pour porter en AmĂ©rique la nouvelle de la Paix de Paris qui met fin Ă  la guerre entre la France et la Grande-Bretagne. Le baron de Valois dĂ©cĂšde en 1785 Ă  l'Ile-de-France (actuelle Ile Maurice), l'annĂ©e mĂȘme de l'Affaire du collier oĂč sa jeune sƓur (Jeanne de Valois-Saint-RĂ©my comtesse de la Motte) Ă©tait impliquĂ©e.

Guerres de la Révolution française

Pendant les guerres de la RĂ©volution française, en 1796, elle prend part Ă  l'ExpĂ©dition d'Irlande mais, gravement endommagĂ©e pendant une tempĂȘte, elle n'est pas jugĂ©e assez fiable pour pouvoir rentrer en France. Elle est sabordĂ©e en baie de Bantry.

Bicentenaire du combat

À l'occasion du bicentenaire[3] de cet Ă©pique combat, en 1979, un ensemble d'activitĂ©s regroupa les familles des combattants Ă  Paris pour une journĂ©e mĂ©morable. Une messe Ă  Notre-Dame, une exposition au MusĂ©e de la Marine et un grand dĂ©jeuner... La mĂ©daille de Paris et M. M. Moufle avaient exĂ©cutĂ© une splendide mĂ©daille en bronze. Les descendants de Farmer Ă©taient devenus Français, ce qui facilita les choses...

DĂ©couverte de l'Ă©pave

AprĂšs l'explosion du BĂ©telgeuse en 1979, l'Ă©pave de la Surveillante est dĂ©couverte par 23 mĂštres de fond dans la baie de Bantry. Le site de l'Ă©pave est dĂ©sormais protĂ©gĂ© en tant que mĂ©morial, et une maquette au 1⁄6 est exposĂ©e au musĂ©e de Bantry.

Notes et références

  1. Général comte de Cornulier LuciniÚre, Les veillées Nantaises, Nantes, 1910
  2. Grand livre de la Marine, page 72.
  3. Revue Point de vue et images du monde, De l'École militaire au MusĂ©e de la Marine, la famille du CouĂ«dic cĂ©lĂšbre le 200e anniversaire du combat de la Surveillante et du Quebec, par Arnaud Chaffanjon, Paris le 2 novembre 1979, page 26.

Bibliographie

  • Journal historique et littĂ©raire de Luxembourg du , pp. 379 Ă  382 et 440 Ă  445, Nouvelles de Paris (avec rĂ©cit du combat), 1779.
  • Auguste AimĂ© KerneĂŻs, Les FrĂ©gates « la Surveillante » et la« Nymphe », SociĂ©tĂ© acadĂ©mique de Brest, 1892.
  • Sous la direction de l'Amiral Jean Lefebvre, les marines française et britannique face aux États-Unis (1776-1865), Vincennes, 1999.
  • Chevalier de Lostanges, Relation du combat de la FrĂ©gate française la Surveillante contre la frĂ©gate anglaise le QuĂ©bec., Paris, 1817.
  • Jacques Mordal, 25 siĂšcles de guerre sur mer, tome 1, Ed Marabout universitĂ©, Verviers, 1959.
  • RenĂ© Jouan, Histoire de la Marine française des origines jusqu'Ă  la rĂ©volution, Paris, 1932.
  • RenĂ© Jouan, Histoire de la Marine française de la RĂ©volution Ă  nos jours, Paris, 1932.
  • Claude FarrĂšre, Histoire de la Marine française, Paris, 1956.
  • GĂ©nĂ©ral-comte (Gustave) de Cornulier-LuciniĂšre, Les VeillĂ©es nantaises, la Surveillante et du CouĂ«dic de Kergoualer, Nantes, 1910.
  • Georges Lacour-Gayet, La Marine militaire de France sous le rĂšgne de Louis XVI, Paris, HonorĂ© Champion, , 719 p. (BNF 30709972, lire en ligne).
  • Michel VergĂ©-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'Histoire maritime, Paris, Ă©ditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1508 p. (ISBN 2-221-08751-8 et 2-221-09744-0).
  • Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines Ă  nos jours, Rennes, Ouest-France, , 427 p. [dĂ©tail de l’édition] (ISBN 2-7373-1129-2, BNF 35734655).
  • RĂ©mi Monaque, Une histoire de la marine de guerre française, Paris, Ă©ditions Perrin, , 526 p. (ISBN 978-2-262-03715-4).
  • Emmanuel Boulard et Alain Popieul, Le grand livre de la Marine, Histoire de la marine française des origines Ă  nos jours avec prĂ©face de Didier Decoin, Éditions Michel Lafon et MusĂ©e national de la Marine, Neuilly-sur-Seine, 2015.

Liens externes

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