Cytochrome c oxydase
La cytochrome c oxydase, ou complexe IV de la chaßne respiratoire aérobie, est une oxydoréductase membranaire qui catalyse la réaction de réduction du dioxygÚne. Cette enzyme est située dans la membrane plasmique de nombreuses bactéries et dans la membrane mitochondriale interne chez les eucaryotes aérobies.
N° EC | EC |
---|---|
N° CAS | |
Cofacteur(s) | Cu2+ |
IUBMB | Entrée IUBMB |
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IntEnz | Vue IntEnz |
BRENDA | Entrée BRENDA |
KEGG | Entrée KEGG |
MetaCyc | Voie métabolique |
PRIAM | Profil |
PDB | RCSB PDB PDBe PDBj PDBsum |
GO | AmiGO / EGO |
Réaction catalysée
Les 4 électrons servant à la réduction complÚte du dioxygÚne en eau sont transférés à l'enzyme par quatre cytochromes[3] - [4] - [5] :
- 4 ferrocytochrome c + O2 + 8 H+matriciel 4 ferricytochrome c + 2 H2O + 4 H+intermembranaire.
Structure et fonctionnement
Le complexe IV de la chaßne respiratoire, également appelé cytochrome a3, est une grosse protéine membranaire intégrale possédant plusieurs groupes prosthétiques métalliques et 14 sous-unités protéiques chez les mammifÚres[6], dont onze sont encodées par des gÚnes du noyau cellulaire et trois proviennent du génome mitochondrial. Il contient deux hÚmes, l'un appartenant à un cytochrome a et l'autre appartenant à un cytochrome a3, ainsi que deux centres à cation de cuivre, notés centres CuA et CuB[7].
Le cytochrome a3 et le centre CuB forment un centre binuclĂ©aire qui est le site de rĂ©duction de l'oxygĂšne O2 en H2O[3]. Ă l'Ă©tat le plus oxydĂ©, les cations mĂ©talliques Fe3+ et Cu2+ de ce centre binuclĂ©aire sont distants de 4,5 Ă ; et sont coordonnĂ©s Ă un anion hydroxyde HOâ.
Deux ferrocytochromes c rĂ©duits par le complexe III (coenzyme Q-cytochrome c rĂ©ductase) Ă l'Ă©tape prĂ©cĂ©dente de la chaĂźne respiratoire, se lient Ă proximitĂ© du centre binuclĂ©aire CuA, auquel ils cĂšdent leur Ă©lectron. CuA cĂšde Ă son tour ces Ă©lectrons au cytochrome a, qui les transfĂšre au centre binuclĂ©aire a3-CuB. Les cations mĂ©talliques de ce dernier sont rĂ©duits Ă l'Ă©tat Fe2+ et Cu+, tandis que l'anion hydroxyde est protonĂ© pour donner une molĂ©cule d'eau, qui est Ă©liminĂ©e. Le site vacant entre les deux ions mĂ©talliques est occupĂ© par une molĂ©cule d'oxygĂšne, qui est rapidement rĂ©duite en acceptant d'une part deux Ă©lectrons du Fe2+ pour former un dĂ©rivĂ© oxo Fe4+=O, d'autre part deux Ă©lectrons issus pour l'un du Cu+ et pour l'autre de l'hydroxyle ionisĂ© âOâ du rĂ©sidu de Tyr-244 converti en radical tyrosyle âOâą, pour former, aprĂšs protionation, un anion hydroxyde HOâ liĂ© au centre CuB.
Un troisiĂšme ferrocytochrome c cĂšde son Ă©lectron au centre binuclĂ©aire a3-CuB, lequel permet de rĂ©duire le radical âOâą terminal du rĂ©sidu tyrosyle en groupe âOâ susceptible de redonner un hydroxyle âOH par protonation, tandis qu'un autre proton est donnĂ© Ă l'hydroxyde HOâ liĂ© au centre CuB pour former une seconde molĂ©cule d'eau H2O, qui est libĂ©rĂ©e. Un quatriĂšme ferrocytochrome c cĂšde alors son Ă©lectron au centre CuA, ce qui a pour effet de dissocier le complexe Fe4+=O en Fe3+ et en anion hydroxyde HOâ liĂ© au centre CuB oxydĂ© Ă l'Ă©tat Cu2+, rĂ©tablissant l'Ă©tat initial.
Les Ă©tudes par cristallographie aux rayons X ont mis en Ă©vidence une modification post-traductionnelle inhabituelle liant l'atome de carbone C6 du rĂ©sidu de Tyr-244 Ă l'atome d'azote Δ de la chaĂźne latĂ©rale du rĂ©sidu d'His-240 (selon la numĂ©rotation des rĂ©sidus de l'enzyme bovine). Cette modification post-traductionnelle joue un rĂŽle dĂ©terminant dans la capacitĂ© du centre binuclĂ©aire a3-CuB de recevoir quatre Ă©lectrons afin de pouvoir rĂ©duire une molĂ©cule d'oxygĂšne O2 en deux molĂ©cules d'eau H2O. On avait d'abord pensĂ© que la formation d'eau passait par la formation de peroxyde d'hydrogĂšne, ce qui Ă©tait susceptible de produire des anions superoxyde O2âąâ, mais il s'est avĂ©rĂ© plus probable que le mĂ©canisme consiste en un transfert direct de quatre Ă©lectrons Ă une molĂ©cule d'oxygĂšne avec rupture de la liaison OâO, ce qui Ă©viterait la formation d'ions superoxyde.
Inhibiteurs
Les anions cyanure CNâ, sulfure S2â, azoture N3â ainsi que le monoxyde de carbone CO sont des inhibiteurs compĂ©titifs du complexe IV[8], ce qui conduit Ă l'asphyxie de la cellule. Le mĂ©thanol CH3OH est mĂ©tabolisĂ© en acide formique HCOOH, lequel est un autre inhibiteur de la cytochrome c oxydase. Des taux Ă©levĂ©s d'ATP dans la matrice mitochondriale conduisent Ă©galement Ă l'inhibition de cette enzyme[9].
Notes et références
- (en) Tomitake Tsukihara, Hiroshi Aoyama, Eiki Yamashita, Takashi Tomizaki, Hiroshi Yamaguchi, Kyoko Shinzawa-Itoh, Ryosuke Nakashima, Rieko Yaono et Shinya Yoshikawa, « The Whole Structure of the 13-Subunit Oxidized Cytochrome c Oxidase at 2.8 à », Science, vol. 272, no 5265,â , p. 1136-1144 (PMID 8638158, DOI 10.1126/science.272.5265.1136, Bibcode 1996Sci...272.1136T, lire en ligne)
- (en) Kazumasa Muramoto, Kunio Hirata, Kyoko Shinzawa-Itoh, Shinji Yoko-o, Eiki Yamashita, Hiroshi Aoyama, Tomitake Tsukihara et Shinya Yoshikawa, « A histidine residue acting as a controlling site for dioxygen reduction and proton pumping by cytochrome c oxidase », Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, vol. 104, no 19,â , p. 7881-7886 (PMCID 1876541, DOI 10.1073/pnas.0610031104, JSTOR 25427587, Bibcode 2007PNAS..104.7881M, lire en ligne)
- MĂ„rten Wikström, Klaas Krab et Vivek Sharma, « Oxygen Activation and Energy Conservation by Cytochrome c Oxidase », Chemical Reviews, vol. 118, no 5,â , p. 2469â2490 (ISSN 0009-2665, PMID 29350917, PMCID PMC6203177, DOI 10.1021/acs.chemrev.7b00664, lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) Shinya Yoshikawa, Atsuhiro Shimada et Kyoko Shinzawa-Itoh, « Respiratory Conservation of Energy with Dioxygen: Cytochrome c Oxidase », Metal Ions in Life Sciences, vol. 15,â , p. 89-130 (PMID 25707467, DOI 10.1007/978-3-319-12415-5_4, lire en ligne)
- (en) Gereon M. Yee et William B. Tolman, « Transition Metal Complexes and the Activation of Dioxygen », Metal Ions in Life Sciences, vol. 15,â , p. 131-204 (PMID 25707468, DOI 10.1007/978-3-319-12415-5_5, lire en ligne)
- (en) Eduardo Balsa, Ricardo Marco, Ester Perales-Clemente, Radek Szklarczyk, Enrique Calvo, Manuel O. LandĂĄzuri et JosĂ© Antonio EnrĂquez, « NDUFA4 Is a Subunit of Complex IV of the Mammalian Electron Transport Chain », Cell Metabolism, vol. 16, no 3,â , p. 378-386 (PMID 22902835, DOI 10.1016/j.cmet.2012.07.015, lire en ligne)
- (en) T. Tsukihara, H. Aoyama, E. Yamashita, T. Tomizaki, H. Yamaguchi, K. Shinzawa-Itoh, R. Nakashima, R. Yaono et S. Yoshikawa, « Structures of metal sites of oxidized bovine heart cytochrome c oxidase at 2.8 à », Science, vol. 269, no 5227,â , p. 1069-1074 (PMID 7652554, PMCID 1995Sci...269.1069T, DOI 10.1126/science.7652554, lire en ligne)
- (en) Jose-Ramon Alonso, Francesc Cardellach, SĂČnia LĂłpez, Jordi Casademont et Ăscar MirĂł, « Carbon Monoxide Specifically Inhibits Cytochrome C Oxidase of Human Mitochondrial Respiratory Chain », Pharmacology & Toxicology, vol. 93, no 3,â , p. 142-146 (PMID 12969439, DOI 10.1034/j.1600-0773.2003.930306.x, lire en ligne)
- (en) Susanne Arnold et Bernhard Kadenbach, « Cell Respiration is Controlled by ATP, an Allosteric Inhibitor of Cytochrome-c Oxidase », FEBS Journal, vol. 249, no 1,â , p. 350-354 (PMID 9363790, DOI 10.1111/j.1432-1033.1997.t01-1-00350.x, lire en ligne)