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Plan XVII

Le plan XVII est un plan militaire de l'Armée française préparé en 1913, applicable à partir du et mis en œuvre le 2 août de la même année, au déclenchement de la Première Guerre mondiale. Il doit son nom au fait d'être le 17e depuis la fin de la guerre franco-allemande de 1870.

Peinture représentant un train de mobilisés à quai, avec des civils les saluant.
Albert Herter, Le Départ des poilus, , 1926, peinture de douze mètres sur cinq, exposée dans le hall Alsace de la gare de Paris-Est.

Il s'agit d'un plan de mobilisation et de concentration des forces françaises. Il prévoit l'augmentation massive des effectifs grâce à l'arrivée des réservistes (c'est la mobilisation), puis le transport par chemin de fer des troupes (la concentration), sous la protection des unités frontalières (la couverture). La majeure partie du corps de bataille est envoyée le long des frontières franco-belge et franco-allemande (de Givet à Belfort), avec une variante pour faire face à une invasion de la Belgique par les armées allemandes. Les autres puissances militaires ont leur plan équivalent ; le plus connu est le plan allemand, surnommé le « plan Schlieffen ».

Le plan est mis en œuvre sous les ordres du commandant en chef français, le général Joffre. Il implique des offensives françaises en Haute-Alsace (à partir du ), sur le plateau lorrain (à partir du ) et dans l'Ardenne belge (à partir du ), toutes vouées à l'échec.

La planification française de 1871 à 1914

Principes de la planification

Les dĂ©faites lors de la guerre franco-allemande de 1870 entraĂ®nent une refonte complète de l'ArmĂ©e française, en imitant le modèle prussien, avec d'abord le passage Ă  la conscription en 1872 (loi Cissey)[1], puis la crĂ©ation de 19 Â« rĂ©gions de corps d'armĂ©e » (chacune fournissant un corps d'armĂ©e dès le temps de paix)[2] en 1873. Cette armĂ©e de conscrits nĂ©cessite une sĂ©rieuse planification pour la mettre sur le pied de guerre. Le « plan de mobilisation et de concentration » dĂ©signe l'ensemble des documents prĂ©voyant le transport, le dĂ©ploiement et l'organisation de cette armĂ©ep. 57_3-0">[3] (la marine de guerre n'est pas concernĂ©e par le plan, mis Ă  part pour le transport maritime). Le plan ne prĂ©voit pas le dĂ©tail des opĂ©rations qui doivent suivre, mais il est Ă©tabli en fonction d'elles et les dĂ©termine[4]. Le plan est rĂ©gulièrement mis Ă  jour, variant en fonction des diffĂ©rentes lois sur le recrutement (qui dĂ©terminent les effectifs), des commandants en chef successifs (qui sont plus ou moins offensifs), de la situation internationale (qui dĂ©termine les adversaires probables) et des renseignements sur le dispositif adverse (fournis par le 2e bureau)p. 3_5-0">[5].

Après le début de la mobilisation, le déploiement des troupes (appelé « concentration ») doit se faire essentiellement par chemin de fer, d'où la création de la Commission supérieure des chemins de fer qui travaille avec les différentes compagnies ferroviaires pour adapter le réseau aux besoins militaires. Les grandes lignes des plans successifs sont arrêtées au sein de l'État-Major de l'Armée par le bureau des opérations (3e bureau) ainsi que par le bureau des chemins de fer (4e bureau), puis validées par le Conseil supérieur de la guerre, avant d'être transmises aux bureaux militaires affectés à chaque compagnie ferroviaire (bureaux dirigés par les commissaires techniques des réseaux)[6], qui se chargent des études de détail et de la rédaction des documents à envoyer à chaque unité[7] (livrets de marche et fiches itinéraires)[8], le tout entrant en fonction au printemps.

Ces plans prévoient dans le détail le transport ferroviaire (et maritime dans le cas des unités de l'armée d'Afrique) des différentes unités. Chacune se voit attribuer une date de départ à partir de celle du début de la mobilisation (par exemple le 7e jour) de son ou de ses lieux de garnison (certains régiments sont dispersés entre plusieurs casernes) : les premières troupes à partir sont celles affectées à la couverture, puis vient le tour des unités d'active, ensuite de la réserve pour finir par la territoriale et la logistique. Les corps d'armée, dispersés sur l'ensemble du territoire, sont affectés chacun à une ligne ferroviaire pour les déployer (« concentrer ») dans l'Est de la France, les regroupant finalement en un petit nombre d'armées.

Plans antérieurs au plan XVII

L'ArmĂ©e française, qui se rĂ©organise au dĂ©but de la Troisième RĂ©publique, Ă©tablit et rĂ©vise rĂ©gulièrement son plan de mobilisation destinĂ© Ă  la mettre en ordre de bataille pour affronter la menace aux frontières : l'État-Major Ă©labore successivement seize plans entre 1875 et 1914, soit un tous les deux ansp. 2_Ă _40_9-0">[9].

Le passage d'un plan au suivant est dĂ©terminĂ© par l'Ă©volution des menaces (probabilitĂ© d'une guerre avec tel ou tel État voisin), un changement d'attitude (stratĂ©gie dĂ©fensive ou offensive), l'augmentation des effectifs (crĂ©ation de rĂ©giments et dĂ©veloppement de la rĂ©serve), la production d'armements (plus modernes et nombreux), la construction de fortifications (le système SĂ©rĂ© de Rivières, puis sa modernisation), la modification de la couverture (de plus en plus renforcĂ©e) et l'amĂ©lioration du rĂ©seau ferroviaire (dĂ©placements plus massifs et rapides). La principale menace reconnue Ă©tant l'ArmĂ©e allemande ; les deux États s'espionnent mutuellement (mais le secret des plans est conservĂ©), se livrent une course aux armements et rĂ©agissent rapidement au dĂ©veloppement de leur adversairep. 3_5-1">[5].

Les premiers plans, du no I de 1875 au no VII de 1884, sont dĂ©fensifs : l'initiative est laissĂ©e aux forces allemandes, les armĂ©es françaises intervenant seulement en contre-offensive en s'appuyant sur les fortifications toutes neuves du système SĂ©rĂ© de Rivièresp. 4-10_10-0">[10]. La remise en cause des forts maçonnĂ©es et surtout le dĂ©but des tensions germano-russes permettent Ă  l'État-Major de l'armĂ©e d'ĂŞtre un peu plus audacieuse, les plans nos VIII Ă  XIII de 1887 Ă  1895 envisagent une prudente offensive en Lorrainep. 12-26_11-0">[11]. Puis, malgrĂ© l'alliance franco-russe, les plans nos XIV Ă  XVI de 1898 Ă  1909 reviennent Ă  une posture dĂ©fensive par manque de confiance dans les unitĂ©s de rĂ©servistes, laissĂ©es dans un premier temps en arrièrep. 29-36_12-0">[12]. En 1911, la proposition du gĂ©nĂ©ral Michel d'amalgamer la rĂ©serve Ă  l'active (pour pouvoir se dĂ©ployer jusqu'Ă  la mer du Nord) est refusĂ©e par les autres officiers-gĂ©nĂ©raux, son propre Ă©tat-major[13] et par le gouvernement, qui remplace Michel par Joffre le p. 37-39_14-0">[14]. L'État-Major de l'armĂ©e modifie ensuite Ă  la marge le plan XVI, avec les variantes no 1 de et no 2 d'[15].

Entre-temps, la situation Ă©volue : la rencontre Ă  Paris du avec les reprĂ©sentants du War Office britannique permet d'espĂ©rer le soutien de la British Army ; la rĂ©union Ă  Saint-PĂ©tersbourg du 18/[n 1] avec les chefs de l'État-Major gĂ©nĂ©ral russe voit la promesse mutuelle de passer Ă  l'offensive dès le 15e jour de mobilisation ; l'attitude pacifique italienne permet d'affecter ailleurs l'armĂ©e des Alpesp. 39-40_17-0">[16]. Dès le , Joffre prĂ©voit d'ĂŞtre offensif : il s'agit d'organiser « l'offensive française et non la parade et la riposte Ă  une offensive allemande[17]. » L'Ă©tude du gĂ©nĂ©ral Demange Ă  l'automne 1912, très dĂ©fensive[18], est rejetĂ©e. En 1913, l'augmentation des crĂ©dits militaires et des effectifs permet la crĂ©ation d'unitĂ©s d'active (pas moins de 28 rĂ©giments), ce qui permet de crĂ©er dès le temps de paix une division d'infanterie (la 43e DI), deux divisions de cavalerie (les 9e et 10e DC) ainsi qu'un corps d'armĂ©e (le 21e CA) et de prĂ©voir la formation de trois divisions de rĂ©serve (les 23e, 24e et 25e DR) et de trois divisions territoriales supplĂ©mentaires par rapport au plan XVI de 1909p. 47_20-0">[19]. Cela entraĂ®ne une refonte du dĂ©ploiement : un 17e plan de mobilisation et de concentration est donc prĂ©parĂ© pour tenir compte de ces Ă©volutionsp. 43_21-0">[20].

Plan XVII de 1914

Photographie en buste d'un officier moustachu portant un képi à feuilles de chêne, un dolman à brandebourgs et quatre décorations.
Le chef d'État-Major général de l'Armée (et généralissime désigné) est en 1913-1914 le général Joseph Joffre, issu du génie et spécialiste du transport ferroviaire.

Le plan de mobilisation et de concentration XVII de l'ArmĂ©e française est prĂ©parĂ© sous forme d'Ă©bauche gĂ©nĂ©rale (ce document est appelĂ© Bases du plan XVII)p. 44_22-0">[21] par l'État-Major au dĂ©but de l'annĂ©e 1913, sous l'autoritĂ© du chef de l'État-Major gĂ©nĂ©ral, ce dernier le prĂ©sentant devant le Conseil supĂ©rieur de la guerre qui le valide lors de la sĂ©ance du ; le ministre de la Guerre Eugène Étienne l'accepte le [22], puis les diffĂ©rents documents sont prĂ©parĂ©s et envoyĂ©s aux unitĂ©s Ă  la fin de l'hiver (par exemple les gĂ©nĂ©raux dĂ©signĂ©s comme commandants d'armĂ©e se voient adresser le une directive[23] par le gĂ©nĂ©ral Émile Belin, major-gĂ©nĂ©ral de l'État-Major en remplacement d'Édouard de Castelnau[24]). Toutes les brigades de gendarmerie doivent mettre Ă  jour leur journal de mobilisation (conservĂ© au coffre-fort) et convoquer individuellement tous les rĂ©servistes pour procĂ©der Ă  l'Ă©change de leur fascicule de mobilisation annexĂ© au livret militaire[25] ; ces distributions sont rĂ©alisĂ©es essentiellement de mars Ă  , avec des exceptions qui ont attendu fin juillet[26].

Si le plan de couverture est exécutable dès fin (à la suite de la création du 21e corps)[27], les plans de mobilisation et de concentration deviennent applicables en remplacement des plans antérieurs le [28] ; l'ensemble (comprenant le plan de renseignement) est approuvé par le général Joseph Joffre le . Il est prévu que chaque unité de l'armée doit passer par trois temps : sa mobilisation, puis sa concentration et enfin sa participation aux opérations.

Rapports de force

Parmi les puissances europĂ©ennes, le plan reconnaĂ®t l'Allemagne comme le principal adversaire probable de la France. Pour l'Italie, « tout porte Ă  croire qu'elle restera, au dĂ©but, sur l'expectative, et se tiendra prĂŞte Ă  intervenir, après les premiers Ă©vĂ©nements, du cĂ´tĂ© oĂą elle se sentira en mesure de satisfaire ses dĂ©sirs de conquĂŞte »[29]. L'Autriche-Hongrie est estimĂ©e comme incapable d'intervenir contre la France : elle est supposĂ©e affronter des adversaires dans les Balkans et sur sa frontière avec la Russiep. 66-67_31-0">[30]. L'Espagne n'a plus guère les moyens d'ĂŞtre agressive. La Russie est l'alliĂ©e de la France par la convention militaire du (ratifiĂ©e par Alexandre III le et par le gouvernement français le )[n 1]. Quant au Royaume-Uni, il n'est plus vu comme un adversaire probable depuis l'« Entente cordiale », laissant mĂŞme espĂ©rer un soutien. La Belgique et la Suisse sont strictement neutres.

En face, l'ArmĂ©e allemande aligne 25 corps d'armĂ©e en temps de paix, complĂ©tĂ©s par des corps de rĂ©serve en cas de mobilisation que l'État-Major estime aux alentours d'une quinzaine[32]. Le dĂ©ploiement allemand est supposĂ© massif le long des frontières occidentales de l'empire (estimĂ© par le 2e bureau Ă  20 corps d'active, dont six en couverture, dix corps de rĂ©serve, huit divisions de cavalerie et huit divisions de rĂ©serve)[33], avec peu de troupes laissĂ©es Ă  l'Est, malgrĂ© la puissance de l'ArmĂ©e russe (qui dispose dès le temps de paix de 37 corps d'armĂ©e et est capable d'aligner 150 divisions en cas de guerre). Pour contrer une attaque brusquĂ©e (lors des premiers jours du conflit, voire sans dĂ©claration de guerre comme l'ont fait les Japonais Ă  Port-Arthur en 1904), il faut prĂ©voir un dispositif de « couverture » pour protĂ©ger la concentration, en avant des fortifications du Nord-Est. Comme la flotte de guerre française est surclassĂ©e par l'allemande, il est prĂ©vu de la concentrer en MĂ©diterranĂ©e ; un dĂ©barquement cĂ´tier Ă©tant donc possible, il faut maintenir des divisions le long du littoral. Enfin, le passage des forces allemandes par le territoire de la Belgique[n 2] ou de la Suisse est envisagĂ©, que ce soit avec l'autorisation de ces États ou non, ce qui impose d'Ă©tendre le dĂ©ploiement aux frontières avec ces deux États.

De la part de l'ArmĂ©e russe, l'État-Major français espère beaucoup. Elle a des effectifs plĂ©thoriques avec ses 150 divisions mobilisables (114 d'infanterie et 36 de cavalerie), mais sa mobilisation nĂ©cessite trois mois[34]. Par la convention de 1894, les Russes se sont engagĂ©s qu'en cas de guerre avec seulement l'Allemagne ils attaqueraient celle-ci avec toutes leurs forces ; en cas de guerre avec l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie, 800 000 Russes seraient dĂ©ployĂ©s face Ă  la première, le reste des troupes face Ă  la seconde[35]. Joffre fait deux visites Ă  Saint-PĂ©tersbourg, en et en p. 71_38-0">[36], recevant comme promesse du gĂ©nĂ©ral Jilinski (chef de l'État-Major gĂ©nĂ©ral) que la Russie lancerait sa première offensive dès le 15e jour après le dĂ©but de la mobilisation, en utilisant ses troupes d'active[37].

Le soutien du Royaume-Uni est incertain, mais des nĂ©gociations sont menĂ©es entre Ă©tat-major, prĂ©parant une cobelligĂ©rance. Sur le plan naval, la puissante Royal Navy prendrait en charge la mer du Nord et la Manche, tandis que la Marine nationale se concentrerait en MĂ©diterranĂ©e. Sur le plan terrestre, la petite mais professionnelle British Army ne dispose que de six divisions d'infanterie et une de cavalerie, dont tout ou partie peut ĂŞtre envoyĂ© dans le Nord de la Francep. 73_40-0">[38].

Vis-Ă -vis de la Belgique, l'État-Major attend d'elle surtout l'autorisation de passer sur son territoire, car le franchissement de la frontière sans son autorisation rendrait impossible le soutien britannique. La neutralitĂ© interdit aux militaires belges et suisses de prĂ©parer une collaboration avec les puissances voisines et les oblige Ă  disposer leurs troupes sur la dĂ©fensive contre tous leurs voisins. Le plan français n'Ă©voque les six divisions belges que pour mĂ©moire, ayant plus de considĂ©ration pour les capacitĂ©s de l'ArmĂ©e suisse (six grosses divisions Ă  trois brigades chacune)p. 69-70_41-0">[39]. Les fortifications belges (autour de Liège, de Namur et d'Anvers) ne sont pas Ă©voquĂ©es, car les Français estiment que les forces allemandes ne dĂ©passeront pas la ligne Sambre et Meuse :

« Pour envahir la Belgique, nos adversaires ne disposeront tout au plus que de dix corps d'armée […] Eh bien général, voici un double décimètre, veuillez mesurer la distance qui sépare Malmedy de Lille et calculer le développement dangereux pour leurs troupes d'un mouvement aussi excentrique par rapport à leur ligne d'invasion. Ce serait une grave imprudence de leur part ! Mais ils ne commettront pas cette faute et nous n'aurons pas cette chance-là ! »

— Castelnau (sous-chef de l'État-Major de 1911 à 1913) au général Lebas (gouverneur de Lille)[40].

Mobilisation

La mobilisation désigne la mise sur le pied de guerre de l'armée, que ce soit par augmentation des effectifs des unités déjà existantes en temps de paix (les unités de l'active), ou par création de formations (les unités de la réserve et de la territoriale)[41].

Active

Carte de France, avec l'emplacement des places fortes du Nord-Est.
En 1914, le territoire français (mĂ©tropole et AlgĂ©rie) est subdivisĂ© en 21 rĂ©gions militaires. Carte de l'organisation en 1907, avec les fortifications, les limites des 19 rĂ©gions militaires mĂ©tropolitaines de l'Ă©poque (il manque la 21e rĂ©gion, crĂ©Ă©e en 1913) et du rĂ©seau ferroviaire.

L'« active » dĂ©signe les hommes sous l'uniforme en temps de paix, qu'ils fassent leur service militaire (de leurs 21 Ă  leurs 23 ans) ou qu'ils soient des professionnels (nombreux au sein du corps des officiers, des troupes coloniales et de la LĂ©gion Ă©trangère), ainsi que les unitĂ©s composĂ©es majoritairement de ces militaires[42], en opposition Ă  la rĂ©serve et Ă  la territoriale qui ne sont levĂ©es qu'Ă  l'occasion de la mobilisation ou d'entraĂ®nements de courtes pĂ©riodes. L'État-Major français bĂ©nĂ©ficie d'une augmentation (Ă  sa demande) des moyens mis Ă  sa disposition dès le temps de paix, grâce Ă  une sĂ©rie de textes lĂ©gislatifs renforçant les effectifs de l'armĂ©e, ces textes Ă©tant appliquĂ©s progressivement :

  • la loi des cadres de l'infanterie du crĂ©ant dix rĂ©giments d'infanterie (portant les unitĂ©s d'active Ă  173 RI, 12 d'infanterie coloniale, 12 de tirailleurs, 4 de zouaves et 31 BCP)[n 3], portant l'effectif par compagnie Ă  140 hommes (200 dans les corps frontaliers, toutes poussĂ©es Ă  250 lors de la mobilisation) et augmentant le nombre d'officiers d'active pour encadrer la rĂ©serve[43] ;
  • le dĂ©cret du crĂ©ant huit rĂ©giments de tirailleurs et deux de zouavesp. 45_47-0">[44] ;
  • la loi des cadres de la cavalerie du , crĂ©ant quatre rĂ©giments (portant les unitĂ©s Ă  12 de cuirassiers, 32 de dragons, 23 de chasseurs, 14 de hussards, 6 de chasseurs d'Afrique et 4 de spahis)[n 4] ; chaque corps d'armĂ©e doit avoir un rĂ©giment en soutien, le reste formant dix divisionsp. 46_49-0">[45] ;
  • la loi du (loi Barthou, ou « loi des Trois ans ») portant Ă  trois ans le service militaire (la classe 1912 est incorporĂ©e en octobre, la classe 1913 en novembre)p. 46_49-1">[45] ;
  • le dĂ©cret du crĂ©ant le 21e corps Ă  Épinal[46] et la 43e division Ă  Saint-DiĂ© (permettant de renforcer la couverture) ;
  • la loi du crĂ©ant cinq rĂ©giments d'artillerie lourde (destinĂ©s aux armĂ©es, Ă©quipĂ©s avec des obusiers de 120 mm Baquet et de 155 mm Rimailho) et 14 batteries Ă  cheval (portant le total Ă  30 batteries, regroupĂ©es en dix groupes destinĂ©s aux divisions de cavalerie, Ă©quipĂ©es avec des canons de 75 mm)[n 5].

La crĂ©ation du protectorat français au Maroc occupe depuis 1912 de nombreuses unitĂ©s de l'armĂ©e d'Afrique[n 6], donc le 19e corps dans sa totalitĂ© ne peut plus ĂŞtre envoyĂ© en mĂ©tropole ; en compensation, les divisions de Constantine et d'Alger doivent fournir chacune une division d'infanterie lors de la mobilisation, qui prendront les numĂ©ros 37 et 38. La crĂ©ation de la 44e division d'infanterie est prĂ©vue Ă  partir d'unitĂ©s d'active des 14e et 15e rĂ©gions militaires stationnĂ©es dans les Alpes et libĂ©rĂ©es en cas de neutralitĂ© italiennep. 47_20-1">[19].

Divisions d'active en [47]
RĂ©gions militaires
(corps d'armée)
Sièges des régions Divisions stationnées en temps de paix
GMPParis1re DC (Paris), 7e DC (Melun) et 1re DIC (Paris)
IreLille1re DI (Lille) et 2e (Arras) DI
IIeAmiens3e DI (Amiens), 4e DI (Mézières) et 4e DC (Sedan)
IIIeRouen5e DI (Rouen) et 6e DI (Paris)
IVeLe Mans7e DI (Paris) et 8e DI (Le Mans)
VeOrléans9e DI (Orléans) et 10e DI (Paris)
VIeChâlons-sur-Marne12e DI (Reims), 40e DI (Saint-Mihiel), 42e DI (Verdun), 3e DC (Compiègne) et 5e DC (Reims)
VIIeBesançon14e DI (Belfort), 41e DI (Remiremont) et 8e DC (Dole)
VIIIeBourges15e DI (Dijon) et 16e DI (Bourges)
IXeTours17e DI (Châteauroux), 18e DI (Angers) et 9e DC (Tours)
XeRennes19e DI (Rennes) et 20e DI (Saint-Servan)
XIeNantes21e DI (Nantes), 22e DI (Vannes) et 3e DIC (Brest)
XIIeLimoges23e DI (AngoulĂŞme) et 24e DI (PĂ©rigueux)
XIIIeClermont-Ferrand25e DI (Saint-Étienne) et 26e DI (Clermont-Ferrand)
XIVeLyon27e DI (Grenoble), 28e DI (Chambéry) et 6e DC (Lyon)
XVeMarseille29e DI (Nice), 30e DI (Avignon) et 2e DIC (Toulon)
XVIeMontpellier31e DI (Montpellier) et 32e DI (Perpignan)
XVIIeToulouse33e DI (Montauban), 34e DI (Toulouse) et 10e DC (Montauban)
XVIIIeBordeaux35e DI (Bordeaux) et 36e DI (Bayonne)
XIXeAlgerdivisions d'Alger, d'Oran et de Constantine
XXeNancy11e DI (Nancy), 39e DI (Toul) et 2e DC (Lunéville)
XXIeÉpinal13e DI (Chaumont) et 43e DI (Saint-Dié)

RĂ©serve et territoriale

soldat barbu embrassant sa femme et son fils.
Victor Prouvé, Les adieux d'un réserviste ou Pour la Patrie, 1887. Cet homme porte au col le numéro du 26e RI, en garnison à Nancy de 1887 à 1917.

La « réserve » désigne au début du XXe siècle des unités composées majoritairement d'hommes encore jeunes (de 24 à 34 ans) ayant terminé leur service militaire et ayant été rendus à la vie civile (appelés « réservistes »), mais rappelés pour une courte période d'entraînement ou lors d'une mobilisation[48]. En plus des réservistes qui complètent les unités d'active, le plan XVII prévoit de lever lors de la mobilisation des régiments et bataillons « de réserve » (anciennement appelés « régiments régionaux » et « régiments de place »), composés essentiellement avec des réservistes encadrés par un petit « cadre d'active ».

Le recours aux réservistes est au centre de nombreux débats politiques, notamment lors du débat sur la loi des Trois ans : alors que la gauche y est favorable, une grande partie du commandement militaire, autour du général de Castelnau, soutenue par la droite du Parlement, exprime des doutes sur leur valeur tactique. Le député Paul Bénazet déclare : « Comment voulez-vous que, dans l'ouragan de la bataille, l'homme marié ne songe pas à la femme et aux enfants dont il est le soutien ? ». Ils constituent pourtant un apport essentiel lorsque le conflit s'inscrira dans la durée[49].

Un régiment d'infanterie de réserve est créé au sein du dépôt de chacun des régiments d'infanterie (le nouveau portant le numéro de l'ancien augmenté de 200), tandis qu'un bataillon supplémentaire est créé au dépôt de chacun des bataillons de chasseurs à pied (le nouveau portant le numéro de l'ancien augmenté de 40). Les régiments de réserve ne sont désormais plus prévus comme les régiments d'active avec trois bataillons, mais avec seulement deux pour améliorer leur encadrement (officiers et sous-officiers plus nombreux). Il n'a pas de création de nouveaux régiments dans la cavalerie ou le génie, mais d'une part une augmentation des effectifs, avec d'autre part la création dans les régiments de cavalerie d'un 5e et d'un 6e escadrons et dans le génie de plusieurs nouvelles compagnies et détachements. Ces unités de réserve sont affectées soit à la constitution de divisions de réserve (le plan XVI prévoyait de créer 22 DR, le plan XVII 25)[50], soit au renforcement des corps d'armée, à raison d'un régiment de réserve (remplacé par deux bataillons de chasseurs à pied dans les zones forestières) par division.

La « territoriale » dĂ©signe alors des unitĂ©s composĂ©es majoritairement des hommes les plus âgĂ©s (de 35 Ă  48 ans). En cas de mobilisation ou lors des courtes pĂ©riodes d'entrainement, des rĂ©giments d'infanterie territoriale, des escadrons territoriaux de cavalerie, des groupes territoriaux d'artillerie et des bataillons territoriaux du gĂ©nie sont crĂ©Ă©s[51]. Plusieurs de ces unitĂ©s doivent ĂŞtre regroupĂ©es pour former douze divisions d'infanterie territoriale (DIT), qui peuvent ĂŞtre soit des divisions territoriales de campagne (huit DTC), soit de place (quatre DTP, avec peu de mobilitĂ©)p. 55_58-0">[52].

Divisions créées en cas de mobilisation[47]
RĂ©gions
militaires
Sièges des régions Divisions d'active Divisions de réserve Divisions de territoriale
IreLille-51e DR (Arras)-
IIeAmiens-52e DR (Mézières)81e DTC (Amiens)
IIIeRouen-53e DR (Rouen)82e DTC (Rouen)
IVeLe Mans-54e DR (Le Mans)83e DTP (Chartres) et 84e DTC (Laval)
VeOrléans-55e DR (Orléans)-
VIeChâlons-56e (Châlons), 69e (Reims) et 72e DR (Verdun)-
VIIeBesançon-57e DR (Belfort)-
VIIIeBourges-58e DR (Dijon)-
IXeTours-59e DR (Angers)85e (Châteauroux) et 86e DTP (Angers)
XeRennes-60e DR (Rennes)87e DTC (Saint-Servan)
XIeNantes-61e DR (Vannes)88e DTC (Nantes)
XIIeLimoges-62e DR (AngoulĂŞme)89e DTP (AngoulĂŞme)
XIIIeClermont-Ferrand-63e DR (Clermont-Ferrand)-
XIVeLyon44e DI (Lyon)64e (Grenoble) et 74e DR (Chambéry)-
XVeMarseille-65e (Nice) et 75e DR (Avignon)-
XVIeMontpellier-66e DR (Montpellier)90e DTC (Perpignan)
XVIIeToulouse-67e DR (Montauban)91e DTC (Toulouse)
XVIIIeBordeaux-68e DR (Bordeaux)92e DTC (Bordeaux)
XIXeAlger37e (Philippeville) et 38e DI (Alger)--
XXeNancy-70e (Neufchâteau) et 73e DR (Toul)-
XXIeÉpinal-71e DR (Épinal)-

Moyens mobilisés

Les forces armées françaises doivent augmenter massivement lors de la mobilisation pour se mettre sur le pied de guerre. En métropole, le nombre d'unités (en dehors de celles restant aux dépôts) doit passer selon le plan :

  • de 598 bataillons d'infanterie Ă  1 525 (642 d'active, 406 de rĂ©serve et 410 de territoriale), d'environ 1 100 hommes (regroupĂ©s en quatre compagnies de 254 fantassins) ;
  • de 300 escadrons de cavalerie Ă  545 (316 d'active, 176 de rĂ©serve et 37 de territoriale) d'environ 120 hommes (en quatre pelotons de 30 cavaliers) ;
  • de 816 batteries d'artillerie Ă  1 468 (1 042 d'active, 265 de rĂ©serve et 161 de territoriale), chacune de quatre canons (un groupe est en gĂ©nĂ©ral composĂ© de trois batteries) ;
  • de 189 compagnies et dĂ©tachements du gĂ©nie Ă  508[53].
Photo noir et blanc montrant des boulangers tirant du four un pain cuit.
Essai de fours Ă  pain mobiles par l'armĂ©e Ă  Argenteuil en mai 1914 : il faut nourrir plus de 3 millions d'hommes.

Les 43 divisions d'infanterie, les trois divisions d'infanterie coloniale (la 1re DIC doit ĂŞtre fractionnĂ©e lors de la mobilisation) et les dix divisions de cavalerie du temps de paix passent Ă  leur effectif du temps de guerre (18 000 hommes pour une DI et 5 250 pour une DC), et sont dans le mĂŞme temps renforcĂ©es par trois autres divisions d'active (les 37e et 38e d'Afrique, ainsi que la 44e des Alpes), 25 divisions de rĂ©serve (chacune de 18 000 hommes) et 12 divisions de territoriale (chacune de 15 000 hommes). L'ensemble de ces 95 divisions reprĂ©sente une force de 1 681 100 hommes, auxquels se rajoutent les garnisons (821 400), les dĂ©pĂ´ts (680 000), les garde-voies (210 000), les Ă©lĂ©ments d'armĂ©e (187 500) et les troupes dispersĂ©es aux colonies[54]. Ce sont 3 580 000 hommes qui sont concernĂ©s par la mobilisation. S'y rajoutent diffĂ©rents services, tels que les unitĂ©s aĂ©ronautiques, ou le service automobile[55].

Chaque division d'infanterie est composĂ©e de deux brigades d'infanterie Ă  deux rĂ©giments, plus un escadron de cavalerie, un rĂ©giment d'artillerie (Ă  trois groupes) et une compagnie du gĂ©nie. Chaque division de cavalerie est composĂ©e de trois brigades Ă  deux rĂ©giments, plus un groupe cycliste, un groupe d'artillerie et un dĂ©tachement de sapeurs cyclistes. Chaque corps d'armĂ©e est composĂ© de deux divisions d'infanterie (sauf le 6e corps Ă  trois divisions) avec en prime des unitĂ©s non-endivisionnĂ©es Ă  raison d'un rĂ©giment de cavalerie (Ă  quatre escadrons), d'un rĂ©giment d'artillerie (Ă  quatre groupes) et d'un bataillon du gĂ©nie (Ă  quatre compagnies)p. 47-48_62-0">[56].

Concentration

La « concentration » dĂ©signe le transport et le dĂ©ploiement des diffĂ©rentes troupesp. 75_63-0">[57], dont l'organisation et les zones de concentration dĂ©pendent de leurs missions ; ces missions Ă©tablies par l'État-Major dĂ©pendent elles de la topographie (le relief et les massifs forestiers), du rĂ©seau ferroviaire, du contexte diplomatique (l'attitude des États voisins), de la volontĂ© plus ou moins offensive du commandant français et des intentions prĂŞtĂ©es aux adversaires.

Organisation

Photo noir et blanc de quatre généraux portant képi.
Les grandes manœuvres de l'Est en 1912 : les généraux Castelnau et Joffre avec deux arbitres (brassard blanc à la manche). Les brigades, divisions et corps d'armée ne sont regroupés en temps de paix qu'à l'occasion des manœuvres d'automne.

Le plan prévoit l'envoi sur le théâtre d'opérations du Nord-Est de la quasi-totalité des unités d'active, pour faire jeu égal avec celles allemandes. L'État-Major appréhende l'emploi des unités de réserve : « Sans doute on ne saurait dans aucun cas assimiler des unités de réserve à des unités actives. C'est à ces dernières unités que le commandement fera surtout appel pour l'exécution des manœuvres offensives dont dépend le succès des opérations, comptant sur leur instruction meilleure, sur leur entrainement supérieur et sur la solidarité des liens tactiques qui unissent tous leurs éléments »[58]. Le plan XVII renforce l'encadrement de la réserve (avec quelques officiers d'active) et prévoit de les déployer en arrière pour prendre le temps d'améliorer leur cohésion.

Tous les corps d'armĂ©e (20 plus le corps colonial) se trouvant en mĂ©tropole doivent ĂŞtre regroupĂ©s au sein de cinq armĂ©es dĂ©ployĂ©es dans l'Est, celles-ci renforcĂ©es par sept divisions de cavaleriep. 77_65-0">[59]. Trois divisions de cavalerie sont prĂ©vues pour former un corps de cavalerie sur le flanc gauche, tandis que la majoritĂ© des divisions de rĂ©serve est regroupĂ©e par trois au sein de quatre « groupes de divisions de rĂ©serve » (GDR). L'armĂ©e des Alpes, chargĂ©e de la surveillance de la frontière italienne, doit ĂŞtre surtout composĂ©e des divisions de rĂ©serve locales. Quant aux divisions territoriales, elles doivent ĂŞtre affectĂ©es Ă  la dĂ©fense du camp retranchĂ© de Paris, ainsi qu'Ă  l'observation des littoraux (en cas de dĂ©barquement ennemi) et de la frontière espagnole (de part et d'autre des PyrĂ©nĂ©es). Quelques unitĂ©s sont laissĂ©es en rĂ©serve gĂ©nĂ©rale : le commandant en chef doit ainsi disposer des 37e, 38e et 44e DI (qui peuvent ĂŞtre envoyĂ©es sur Laon, Besançon ou Châlons)[60], tandis que le ministre de la Guerre conserve le contrĂ´le de la 67e DR (qui doit se concentrer au camp de Mailly) ainsi que des 61e et 62e DR (dans l'agglomĂ©ration parisienne)p. 78_67-0">[61].

Plusieurs commandements sont attribués dès le temps de paix : le chef de l'État-Major général de l'Armée (Joffre) est le commandant en chef (« généralissime ») désigné, les commandants d'armée, de GDR et du corps de cavalerie sont choisis parmi les autres membres du Conseil supérieur de la guerre (Archinard, Michel, Laffon de Ladébat, Langle de Cary, Dubail, Sordet, Ruffey, Castelnau, Lanrezac, d'Amade, Belin et Ébener)[62], tandis que les commandants des corps d'armée et des divisions d'active sont déjà en place. Il reste à nommer les commandants des divisions de réserve et de territoriale. Le déploiement, la chaîne de commandement, la coopération interarmes et la tactique sont testés régulièrement à presque toutes les échelles (corps, divisions et brigades) lors des grandes manœuvres annuelles, en automne. Par exemple du 3 au , les manœuvres de cavalerie au camp de Sissonne voient la réunion de trois divisions de cavalerie sous les ordres du général Sordet, reconstituant ainsi temporairement le futur corps de cavalerie[63]. Quant aux membres de l'État-Major de l'Armée et ceux de l'École de guerre, ils s'entraînent en participant à deux exercices chaque année, l'un en hiver sur carte, l'autre au printemps sur le terrain (« voyage d'état-major »[n 7], à Bar-le-Duc en 1912, Auxerre en 1913 et Saint-Quentin en 1914)[64].

Déploiement français prévu par le plan XVII[65]
Commandants
désignés
Zones de
concentration
Composition :
corps et divisions
Effectifs Missions
1re armée
(armée de Dole)
Augustin Dubail autour de Remiremont et Charmes cinq corps (7e, 8e, 13e, 14e et 21e), soit dix DI, plus les 6e et 8e DC 266 452 h. attaquer vers Mulhouse et Sarrebourg
2e armée
(armée de Dijon)
Édouard de Castelnau[n 8] autour de Pont-Saint-Vincent et Neufchâteau cinq corps (9e, 15e, 16e, 18e et 20e), soit dix DI, plus les 2e et 10e DC 323 445 h. attaquer vers Morhange
3e armée
(armée de Châlons)
Pierre Ruffey autour de Saint-Mihiel et Verdun trois corps (4e, 5e et 6e), soit sept DI, plus la 7e DC 237 257 h. surveiller la place de Metz
4e armĂ©e (armĂ©e de Fontainebleau) Fernand de Langle de Cary autour de Saint-Dizier et Bar-le-Duc trois corps (12e, 17e et CAC), soit six DI, plus la 9e DC 159 588 h. en rĂ©serve sur l'Argonne
5e armée
(armée de Paris)
Charles Lanrezac[n 9] d'Hirson Ă  Dun-sur-Meuse cinq corps (1er, 2e, 3e, 10e et 11e), soit dix DI, plus la 4e DC et les 52e et 60e DR 299 350 h. surveiller la frontière belge dans le massif ardennais
Corps de cavalerie AndrĂ© Sordet autour de MĂ©zières 1re, 3e et 5e DC 15 750 h. s'avancer dans l'Ardenne en cas d'invasion de la Belgique
1er groupe de
divisions de réserve
Louis Archinard autour de Luxeuil, Vesoul et MontbĂ©liard 58e, 63e et 66e DR 54 000 h. surveiller la frontière suisse et servir de rĂ©serve derrière la 1re armĂ©e
2e groupe de
divisions de réserve
LĂ©on Durand sur le Grand CouronnĂ© de Nancy 59e, 68e et 70e DR 54 000 h. servir de rĂ©serve derrière la 2e armĂ©e
3e groupe de
divisions de réserve
Paul Durand sur les Hauts de Meuse 54e, 55e et 56e DR 54 000 h. servir de rĂ©serve derrière la 3e armĂ©e
4e groupe de
divisions de réserve
MardochĂ©e Valabrègue autour de Vervins 51e, 53e et 69e DR 54 000 h. servir de rĂ©serve derrière la 5e armĂ©e
Armée des Alpes
(armée de Lyon)
Albert d'Amade dans les Alpes et Ă  Lyon 44e DI, 64e, 65e, 74e et 75e DR, ainsi que la 91e DTC 105 000 h. surveiller la frontière italienne
Camp retranchĂ© de Paris Victor-Constant Michel autour de Paris 61e et 62e DR, 83e DTC, 84e, 85e, 86e et 89e DTP 111 000 h. dĂ©fendre le camp retranchĂ©
Places fortes de l'Est - autour de Verdun, de Toul, d'Épinal et de Belfort 72e, 73e, 71e et 57e DR 72 000 h. servir Ă  la dĂ©fense mobile des places fortes
Divisions isolĂ©es Joseph Brugère en arrière du littoral (Hazebrouck, Rouen, Nantes, Valognes, Perpignan et Bordeaux) 81e, 82e, 88e, 87e, 90e et 92e DTC 90 000 h. surveiller le littoral et la frontière espagnole

Chacune des cinq armĂ©es reçoit une douzaine de batteries d'artillerie lourde (la 4e armĂ©e seulement trois batteries), composĂ©es d'obusiers de 120 mm courts et de 155 mm CTR (courts Ă  tir rapide), ainsi que des escadrilles aĂ©ronautiques pour assurer la reconnaissance. Une « artillerie lourde mobile » est mise sous les ordres du groupe d'armĂ©es du Nord-Est, soit quinze batteries de canons de 120 mm longs et six batteries de mortiers de 220 mm[67].

Transport

Carte montrant les lignes convergeant de toute la France vers l'Est.
Schéma représentant les différentes lignes ferroviaires chargées de transporter les corps d'armée.
Photo noir et blanc d'une colonne de fantassins marchant sur une route.
Grandes manœuvres de l'Est en 1901 ; une fois débarqué du train, le fantassin doit marcher de longues étapes, brodequins à clous aux pieds et havresac (l'« as de carreau ») sur le dos, avec du pain pour deux jours.

Le matĂ©riel ferroviaire est rĂ©quisitionnable sur simple avis du ministre de la Guerre[68], avec seulement un avis prĂ©alable (« garde Ă  vous »)[69] : il faut un train pour emporter un bataillon ou un escadron, trois trains pour un rĂ©giment d'infanterie[70], quatre pour un rĂ©giment de cavalerie, sept pour une brigade d'infanterie, 26 pour une division d'infanterie et 117 pour un corps d'armĂ©e[71]. Ces trains sont composĂ©s de 34 (pour un escadron) Ă  47 (pour un bataillon) wagons, ce qui fait des convois longs de 400 mètres, avec selon les besoins des voitures pour voyageurs, des wagons de marchandises (Ă  raison de huit chevaux ou de quarante hommes par wagon)[n 10] et des wagons plats (pour les fourgons et les canons)[n 11]. Toutes les compagnies ferroviaires françaises (de l'Ouest, du Nord, de l'Est, la PLM, d'OrlĂ©ans et du Midi) sont concernĂ©es par la prĂ©paration de la concentration. Les voies ferrĂ©es ont par consĂ©quent Ă©tĂ© largement dĂ©veloppĂ©es pour des raisons militaires, chaque sous-prĂ©fecture a Ă©tĂ© raccordĂ©e (plan Freycinet de 1879 Ă  1914), des doubles voies mènent vers l'Est (notamment celles de Paris Ă  Nancy et de Paris Ă  Belfort), tandis que certaines gares sont agrandies (par exemple la gare de Paris-Est).

Dix lignes traversant le territoire mĂ©tropolitain ont Ă©tĂ© prĂ©parĂ©es par l'Instruction gĂ©nĂ©rale sur l'exĂ©cution de la concentration du , rectifiĂ©e le [73], la majoritĂ© d'entre elles prĂ©vue pour assurer le transport des troupes de deux rĂ©gions militaires (deux corps d'armĂ©e et les divisions de rĂ©serve) jusqu'Ă  des gares de dĂ©barquement (« ateliers de dĂ©barquement ») en arrière de leur zone de concentration. Ces lignes sont intĂ©gralement affectĂ©es au transport militaire dès le dĂ©but de la pĂ©riode de concentration, avec « toilette » (Ă©vacuation) des trains civils au dĂ©but de la mobilisation[74]. Chaque ligne a des haltes-repas avec des boulangeries de campagne, des distributions de cafĂ©, des feuillĂ©es improvisĂ©es, des infirmeries[75] ainsi qu'une « gare rĂ©gulatrice » (GR de concentration). Ces gares rĂ©gulatrices sont dirigĂ©es chacune par une commission rĂ©gulatrice qui gère le trafic (les « marches ») et donne les ordres pour l'aval (les itinĂ©raires jusqu'au point de dĂ©barquement)[76]. Chaque train reçoit une fiche itinĂ©raire (du point de dĂ©part jusqu'Ă  la gare rĂ©gulatrice) envoyĂ©e lors de la mobilisation au chef de la gare de dĂ©part, ainsi qu'un ordre de transport (le double de celui reçu par le commandant de l'unitĂ© transportĂ©e)[77]. Ă€ partir de la gare rĂ©gulatrice, la locomotive est conduite alternativement par deux Ă©quipes, avec un wagon-dortoir pour l'Ă©quipe au repos ; un autre wagon sert de rĂ©serve de combustible[77]. Chaque ligne doit avoir la capacitĂ© pour un trafic de 56 convois par jour (56 marches), dont 48 prĂ©vus pour le transport des troupes, quatre en surnombre (dites « marches blanches », pour les imprĂ©vus ou pour les parcs de siège) et quatre pour le service. Deux lignes de rocade, transitant par l'agglomĂ©ration parisienne, sont « outillĂ©es », c'est-Ă -dire prĂŞtes en cas de mobilisation[n 12], celle de Dole Ă  Laon capable d'accueillir 56 marches et celle de Chagny Ă  Busigny pour 30 marches. Pour accĂ©lĂ©rer la couverture et la concentration par rapport Ă  celles des plans prĂ©cĂ©dents, la frĂ©quence, la vitesse (qui passe de 25-30 Ă  30-35 km/h selon les profils de voies) et la charge (qui passe de 480 tonnes Ă  550) des trains sont augmentĂ©es[78]. Les lignes doivent ĂŞtre protĂ©gĂ©es lors de la couverture par le dispositif restreint de sĂ©curitĂ© (DRS, fournis par l'active et la police), puis par les gardes des voies et communications (GVC, fournis par la territoriale) ; en cas de destruction par des agents ennemis, huit compagnies de sapeurs de chemins de fer sont Ă  disposition des commissions rĂ©gulatrices[79].

Ces lignes doivent transporter du 2e au 4e jour de la mobilisation le second échelon des corps de couverture (les corps d'armée casernés à proximité de la frontière allemande) ; les 3e et 4e jours, la cavalerie ; du 4e au 10e jour, tous les corps d'armée en commençant par les divisions « hâtives » des 2e, 5e et 8e corps (du 4e au 6e jour) ; le 11e jour, un « blanc » (sans aucun train) de 12 heures est prévu pour rattraper les retards[80] ; au 13e jour, toutes les divisions de réserve doivent être débarquées ; le 16e jour, c'est l'arrivée d'une partie des unités de l'armée d'Afrique ; enfin le 17e jour, toutes les divisions territoriales, les parcs et la logistique doivent être en place[81]. Une onzième et douzième lignes sont prévues pour transporter un corps expéditionnaire britannique (l'« armée W », du nom du major-général Wilson) si jamais le Royaume-Uni participe au conflit. Le cas des troupes d'outre-mer est particulier : le 19e corps (essentiellement recruté et stationné en Algérie) doit fournir deux divisions (la 37e et la 38e) qui doivent traverser la Méditerranée sur des navires réquisitionnés et sous la protection des escadres françaises pour débarquer à Sète et à Marseille. Les troupes coloniales présentes dans les colonies ne sont pas prévues par le plan de mobilisation et de concentration. Il est prévu aussi d'assurer par les voies ferrées le ravitaillement des armées (nourriture, fourrage et essence), les évacuations (de matériel, de civils et de militaires malades ou blessés), ainsi que les approvisionnements des places fortes. Le redéploiement d'une partie des unités après la concentration est envisagé[82]. Cinq lignes doivent être conservées après la fin de la concentration, à raison d'une gare régulatrice par armée : Gray pour la 1re armée, Is-sur-Tille pour la 2e, Troyes pour la 3e, Châlons pour la 4e et Reims pour la 5e armée[83].

Lignes ferroviaires prévues pour la concentration des troupes[84]
Régions d'origine Troupes à concentrer Principales gares de départ Gares de transit Principales gares de débarquement
Ligne A 7e et 14e régions éléments du 7e corps et 8e DC (en couverture), puis 14e corps, 66e DR et AL Valence Grenoble, Chambéry et Lyon Bourg-en-Bresse, Lons-le-Saunier, Besançon (gare régulatrice), Vesoul, Lure et Luxeuil autour de Plombières, Épinal et Bruyères (14e corps)
Ligne B 8e, 13e et 21e régions éléments du 21e corps et 6e DC (en couverture), puis 8e et 13e corps, 58e, 63e, 64e et 74e DR Clermont-Ferrand, Saint-Étienne, Bourges et Dijon Auxonne, Gray (gare régulatrice), Vaivre, Port-sur-Saône, Port-d'Atelier et Jussey autour de Darney (8e corps), Châtel et Charmes (13e corps)
Ligne C 15e et 16e régions 15e et 16e corps Nice, Toulon, Marseille, Avignon, Montpellier et Perpignan remontant la rive droite du Rhône, passant par Mâcon, Dijon, Is-sur-Tille (gare régulatrice), Chalindrey, Langres et Merrey autour de Vittel (16e corps) et Mirecourt (15e corps)
Ligne D 9e, 18e et 20e régions éléments du 20e corps (en couverture), puis 9e et 18e corps, 59e et 68e DR, AL Rueil et Fontainebleau Bayonne, Bordeaux, Châteauroux, Angers et Tours Orléans, Montargis, Sens, Troyes, Bar-sur-Seine, Bricon (gare régulatrice) et Chaumont autour de Neufchâteau (18e corps), Toul et Pont-Saint-Vincent (9e corps)
Ligne E 12e et 17e régions 7e DC (en couverture), puis 10e DC, 12e et 17e corps, 67e DR Toulouse, Montauban, Périgueux et Angoulême Limoges, Bourges, Cosne-sur-Loire, Clamecy, Auxerre, Saint-Florentin, Troyes-Saint-Julien (gare régulatrice), Brienne-le-Château et Wassy autour de Joinville, Gondreville (17e corps), Vaucouleurs, Pagny-sur-Meuse et Commercy (12e corps)
Ligne F 5e région éléments du 6e corps (en couverture), puis 5e corps, CAC, 55e, 65e et 75e DR, AL Poitiers Brest, Cherbourg, Orléans, Étampes, Melun et Paris Noisy-le-Sec et Nangis ou Fontainebleau et Montereau, puis Flamboin, Nogent-sur-Seine, Troyes-Preize (gare régulatrice), Mailly-le-Camp et Vitry-le-François aux alentours de Revigny-sur-Ornain, de Bar-le-Duc, de Ligny-en-Barrois (corps colonial), de Saint-Mihiel et de Troyon (5e corps)
Ligne G 4e, 6e et 11e régions éléments du 6e corps (en couverture), puis 4e et 11e corps, 54e et 56e DR, 9e DC et AL Le Mans Vannes, Nantes, Mans et Paris via Dreux, Versailles, Choisy-le-Roi, Noisy-le-Sec, Meaux, La Ferté-Milon, Fismes, Reims (gare régulatrice) et Suippes autour de Sainte-Menehould (11e corps) et de Verdun (4e corps)
Ligne H 3e et 10e régions 3e et 10e corps, 53e et 60e DR Rennes, Saint-Servan, Évreux, Rouen et Paris via Mantes, Pontoise, Creil, Compiègne, Soissons, Laon (gare régulatrice) et Reims près de Rethel (3e corps) et de Vouziers (10e corps)
Ligne I 2e région éléments du 2e corps (en couverture), puis 52e DR et AL Douai Amiens via Ham, Laon (gare régulatrice), Montcornet, Mézières, Sedan autour de Stenay et de Dun (2e corps)
Ligne K 1re région 1er corps et 51e DR Lille et Arras via Douai, Valenciennes et Avesnes autour de Hirson (gare régulatrice) et de Rimogne (1er corps)
Lignes W (hypothétiques) - British Expeditionary Force ports du Havre et de Rouen (pour l'infanterie), de Calais et de Boulogne-sur-Mer (pour la cavalerie et la logistique) l'une par Amiens, Arras, Douai, Cambrai, Busigny, Nouvion et Wassigny, l'autre via Amiens, Chaulnes, Ham et Saint-Quentin entre Le Cateau et Maubeuge.
Ligne de rocade - -par Dole, Dijon, Nuits-sous-Ravières[n 13], Montereau, Moret, Melun, Brunoy, la Grande Ceinture est de Villeneuve-Saint-Georges au Bourget, puis par Villers-Cotterêts, Soissons et Laon
Ligne de rocade - -par Chagny, Montchanin, Nevers, Saincaize, Bourges, Vierzon, Les Aubrais, la Grande Ceinture ouest de Juvisy à Achères, puis par Pontoise, Creil, Compiègne, Tergnier et Busigny

Le transport des unités du corps de cavalerie au tout début de la concentration emprunte d'autres axes ferroviaires :

Couverture

Pour assurer la protection de la mobilisation et de la concentration dès le premier jour, des mesures prĂ©ventives ainsi qu'un dispositif de « couverture » sont prĂ©vus par le plan pendant les six premiers jours après l'ordre de mobilisationp. 83-84_99-0">[86]. Une des craintes de l'État-Major est l'« attaque brusquĂ©e », dĂ©finie comme « l'irruption sur le territoire national des troupes ennemies avant que les troupes de couverture aient pu rejoindre leurs emplacements prĂ©vus »[87]. En cas de tension diplomatique, l'Instruction sur la prĂ©paration de la mobilisation prĂ©voit six groupes de mesures prĂ©ventives Ă  prendre successivement, avant la mobilisation :

  • groupe A (mesures de prĂ©caution), rappel des officiers, des permissionnaires et des troupes en dĂ©placement ;
  • groupe B (mesures de surveillance), surveillance de la frontière et des bureaux tĂ©lĂ©graphiques et tĂ©lĂ©phoniques ;
  • groupe C (mesures de protection), garde des ouvrages fortifiĂ©s et des ouvrages d'art ;
  • groupe D, surveillance et protection du littoral ;
  • groupe E (mesures d'organisations prĂ©paratoires), convocation pour exercice des gendarmes, de certains rĂ©servistes et des territoriaux gardes des voies de communication frontaliers, location des chevaux nĂ©cessaires ;
  • groupe F (mesures prĂ©paratoires aux opĂ©rations), chargement des dispositifs de mines (pour dĂ©truire les ouvrages d'art frontaliers), feu sur les aĂ©ronefs suspects, exercice de mobilisation des garnisons frontalières, interruption des lignes Ă©lectriques internationales[88].

Les unitĂ©s chargĂ©es de la couverture ont dès le temps de paix des effectifs supĂ©rieurs (200 hommes par compagnie au lieu de 140, passant Ă  240 lors de la mobilisation par rappel des rĂ©servistes frontaliers)[n 14], un premier Ă©chelon est prĂ©positionnĂ© dans des casernes Ă  proximitĂ© des frontières, leur rĂ©partition est plus dense qu'ailleurs, leur mobilisation doit comporter plus d'Ă©lĂ©ments d'active que les autres unitĂ©s et elles doivent ĂŞtre dĂ©ployĂ©es en premier. Les fortifications du Nord-Est (notamment les places fortes de Belfort, d'Épinal, de Toul et de Verdun) doivent ĂŞtre mises rapidement sur le pied de guerre, avec des rĂ©servistes et des territoriaux levĂ©s essentiellement localement qui doivent creuser des tranchĂ©es, poser des rĂ©seaux de barbelĂ©s et mettre en place des batteries dans les intervalles entre les forts. La couverture est assurĂ©e par cinq corps d'armĂ©e, chacun renforcĂ© d'une division de cavalerie, dont le gĂ©nĂ©ral est dĂ©signĂ© responsable d'un secteur, sous l'autoritĂ© directe du commandant en chef jusqu'Ă  l'arrivĂ©e des diffĂ©rents Ă©tats-majors d'armĂ©e (au matin du 5e jour) :

Photo noir et blanc de deux cavaliers observant Ă  la jumelle.
Deux cavaliers d'un régiment de dragons en mission de reconnaissance. Une grande partie de la cavalerie est casernée dans le Nord-Est ; la couverture est notamment confiée à cinq divisions de cavalerie, chaque escadron accompagné par un bataillon d'infanterie.

soit au total 127 bataillons, 168 escadrons de cavalerie et 159 batteries d'artillerie[91]. Leur mission dans le cadre du plan XVII consiste « au début, à arrêter les reconnaissances ou détachements de l'ennemi qui chercheraient à pénétrer sur le territoire, ultérieurement, à retarder la marche des corps plus considérables qui pourraient troubler le débarquement et la concentration des armées »[92]. Ces corps sont théoriquement disponibles en deux échelons : le premier entre la 3e et la 8e heure de la mobilisation, le second du 2e au 4e jour ; la 12e division de Reims (la troisième du 6e corps) doit servir de réserve. La couverture doit être renforcée entre le 4e et le 6e jour par trois divisions « hâtives » (renforts de couverture) fournies temporairement par le 2e corps (la 3e division d'Amiens), par le 5e corps (la 9e division d'Orléans qui passe temporairement au 6e corps) et le 8e corps (la 15e division de Dijon qui est prêtée au 21e corps)[93]. Toutes ces unités doivent se retrancher (creuser des tranchées, batteries, abris et magasins, ainsi que déboiser les glacis) pendant la période de couverture, s'appuyant sur des terrassements exécutés dès le temps de paix, sur les hauteurs au nord et au sud de Montmédy, sur les Hauts de Meuse, sur le Grand Couronné de Nancy et aux débouchés de la forêt de Charmes[94] (plateaux d'Ortoncourt et d'Essey) ; vers le 11e jour, les divisions de réserve doivent relever les troupes de couverture[95]. Les unités affectées aux place-fortes du Nord-Est doivent terminer leur mobilisation au 7e jour ; celles du Sud-Est du 6e au 10e jour. Dans le Sud-Est, la couverture doit être assurée par huit groupes de chasseurs alpins (cinq dans la 14e région et trois dans la 15e). Le 10e jour de la mobilisation, ces groupes doivent être relevés par des bataillons alpins de réserve.

Opérations

Le plan XVII prépare la mobilisation et la concentration de l'Armée française, deux actions qui sont interdépendantes des premières opérations militaires que souhaite mener l'État-Major. Les grandes lignes de ces premières opérations sont décrites dans les Directives pour la concentration[23] de , envoyées aux généraux désignés comme commandants des différentes armées françaises.

Il est prĂ©vu de passer Ă  l'offensive dès que les corps d'active sont dĂ©ployĂ©s, conformĂ©ment aux règlements qui viennent d'ĂŞtre mis en vigueur, tel que le Règlement sur la conduite des grandes unitĂ©s d'[96] et le Règlement sur le service des armĂ©es en campagne de [97], ainsi qu'aux engagements pris par la France envers la Russie, les deux nations devant lancer des offensives simultanĂ©es Ă  partir du 15e jour de leur mobilisation[98]. Pour mener ces offensives, les Ă©tats-majors sont largement dotĂ©es de cartes du Nord-Est de la France (dites cartes d'Ă©tat-major, au 1/80 000), de l'Est de la Belgique (quatre feuilles imprimĂ©es Ă  partir de l'automne 1913)[99] et d'une partie de l'Allemagne (jusqu'au mĂ©ridien de Stuttgart, cartes aux 1/80 000 et 1/200 000 Ă©ditĂ©es en 1912[99], complĂ©tĂ©s par des cartes allemandes[n 15], bien plus prĂ©cises, au 1/25 000)[100].

« L'intention du général commandant en chef est de se porter, toutes forces réunies, à l'attaque des armées allemandes. L'intervention des armées françaises se manifestera sous la forme de deux actions principales, se développant : L'une à droite, dans les terrains entre les massifs forestiers des Vosges et la Moselle en aval de Toul. L'autre à gauche, au nord de la ligne : Verdun, Metz. Ces deux actions seront étroitement soudées par des forces agissant sur les Hauts-de-Meuse et en Woëvre. »

— Directives pour la concentration, « Directive générale : intentions du général commandant en chef », février 1914[23].

Trois offensives prévues

Carte surchargée avec des flèches, celles françaises envahissant l'Alsace et la Lorraine allemandes.
Schéma montrant les mouvements offensifs déterminés par le plan XVII : en bleu les armées et fortifications françaises, en rouge les fortifications allemandes.
Un officier français et une Alsacienne se prennent dans les bras au-dessus d'une borne frontière allemande.
« En Alsace ! », dessin de Georges Scott publié dans L'Illustration du . La reprise de l'Alsace-Moselle est un impératif aux yeux des nationalistes français.

Deux grandes offensives françaises sont prévues, l'une sur le plateau lorrain entre Vosges et Metz par les 1re et 2e armées, l'autre dans le Thionvillois entre Luxembourg et Diedenhofen (ou dans le Luxembourg belge en cas d'invasion de la Belgique) par les 4e et 5e armées.

Un groupement détaché de la 1re armée, comprenant le 7e corps et la 8e DC, doit attaquer en Haute-Alsace dès le 4e jour de la mobilisation, sur ordre du commandant en chef. « Sa mission particulière est de retenir en Alsace, en les attaquant, les forces adverses qui tenteraient de déboucher sur le versant occidental des Vosges, au nord de la Schlucht, et de favoriser le soulèvement des populations alsaciennes restées fidèles à la cause française. » De plus, ce groupement doit bloquer les ponts sur le Rhin de Bâle à Neuf-Brisach[101], avec comme objectif la prise de Colmar, puis dans un second temps l'investissement de Strasbourg[102].

À partir du 12e jour de la mobilisation, l'essentiel de la 1re armée (quatre corps) « doit se tenir prête à attaquer dans la direction générale Baccarat, Sarrebourg, Sarreguemines, la droite du gros de ses forces suivant la crête des Vosges, son extrême droite dans la plaine d'Alsace pour appuyer au Rhin le dispositif général », tandis que la 2e armée (cinq corps) attaquera de même « en direction générale Château-Salins, Sarrebruck »[103], les deux armées séparées par la zone des étangs.

L'encerclement de la place de Metz par l'ouest et le nord-ouest est confiée à la 3e armée (trois corps, commandée par le général Ruffey, qui est artilleur), complétée au sud-ouest sur les Hauts de Meuse par le 3e GDR et au sud-est sur le Grand Couronné par le 2e GDR[104], ces deux derniers s'appuyant sur des fortifications.

La 4e armée (trois corps) est maintenue temporairement en seconde ligne et « doit se tenir prête à partir du 12e jour de la mobilisation : soit à déboucher en Woëvre méridionale, pour coopérer ultérieurement à l'action de la IIe armée ; soit à se porter vers le nord par la région à l'ouest de la Meuse, pour s'engager à la gauche de la IIIe armée, en direction d'Arlon »[105]. La mission de la 5e armée (cinq corps) « est d'agir contre l'aile droite des forces ennemies » : si les opérations se limitent au territoire franco-allemand, cette armée doit déboucher de la tête de pont de Montmédy et attaquer « en direction générale de Thionville et de Luxembourg » ; si les opérations s'étendent aussi au territoire belge, la 5e armée doit attaquer en direction de Neufchâteau[106].

Cas belge et suisse

La concentration française comme le déploiement allemand le long de la frontière franco-allemande peuvent être tournés par l'autre belligérant en passant par le Luxembourg et la Belgique (enveloppement de l'aile gauche française par l'aile droite allemande) ou par la Suisse (enveloppement de l'aile droite française par l'aile gauche allemande). La liberté pour l'Armée française de violer la neutralité belge a été demandée par l'État-Major pendant l'hiver 1911-1912, mais le conseil supérieur de la Défense nationale a refusé lors de sa séance du pour conserver le soutien britannique[107]. Le plan XVII prévoit donc une réaction française en cas d'attaque allemande par le territoire d'un État neutre, attaque estimée limitée soit au Luxembourg belge, soit au Moyen-Pays suisse, envisageant notamment une attaque brusquée allemande contre Bâle ou contre Liège.

Dans le cas d'une violation allemande du territoire suisse (qui peut se limiter à l'avancée de Porrentruy), le plan XVII prévoit d'engager le 1er GDR face à l'est, dans le massif du Jura[102], en s'appuyant sur les fortifications (bien qu'elles soient obsolètes). L'Armée suisse, capable d'une mobilisation très rapide sous la protection de brigades frontière statiques, est estimée capable de défendre ses fortifications, d'autant qu'elle a miné tous les ponts sur le Rhin en amont de Bâle[108]. La possibilité d'une attaque italienne à travers les cols suisses (par le Grand-Saint-Bernard, le Simplon et le Saint-Gothard) est envisagée, mais considérée comme peu probable[109].

Dans le cas d'une violation allemande des territoires luxembourgeois et belge[n 2], une contre-offensive est prĂ©vue avec la 4e armĂ©e en direction d'Arlon et la 5e vers Neufchâteau, l'aile gauche Ă©tant assurĂ©e par le corps de cavalerie (en place dès le 4e jour) et le 4e GDR. L'avancĂ©e française en Belgique, mĂŞme pour faire de la reconnaissance, ne peut s'exĂ©cuter que sur ordre du commandant en chef, une fois que celui-ci obtient l'autorisation du gouvernement[110]. Pour garantir le contrĂ´le des ponts sur la Meuse cĂ´tĂ© belge, le 148e rĂ©giment d'infanterie, casernĂ© Ă  Givet, reçoit pour mission de se transporter sur ordre Ă  Dinant pour de lĂ  occuper rapidement tous les ponts jusqu'Ă  Namur (un convoi automobile de 40 autobus de 35 places chacun est prĂ©vu pour assurer le transport en faisant des rotations)[111]. Comme les informations sur les actions adverses sont primordiales, un « plan de renseignements » est Ă©tabli en , prĂ©voyant l'emploi du « service spĂ©cial » (espionnage), de l'exploration aĂ©rienne et des reconnaissances de cavalerie[112].

Application en 1914

Si la mobilisation, la couverture et la concentration d' se déroulent dans l'ensemble conformément au plan, les premières opérations offensives se terminent toutes par un échec.

Couverture et mobilisation

En , le gouvernement français, privé du président de la République Raymond Poincaré et du président du Conseil René Viviani qui reviennent de leur visite à Saint-Pétersbourg par la mer, hésite à ordonner le lancement de la couverture pour ne pas provoquer des réactions chez ses voisins. Les échanges diplomatiques de la fin juillet et du début d'août confirment les prévisions antérieures : le Luxembourg et la Belgique sont envahis (cette dernière appelant à l'aide), l'Italie, la Suisse[n 16] et l'Espagne restent neutres, tandis que le Royaume-Uni s'engage aux côtés de la France.

Lancement de la couverture

Photo noir et blanc montrant une colonne de cavaliers remontant un boulevard.
La majorité de la cavalerie (sept divisions sur les dix) est affectée à la couverture de la mobilisation, mais les 1er et 2e régiments de cuirassiers sont maintenus à Paris pour servir au maintien de l'ordre du jusqu'au .

Dès le , tous les officiers généraux et les chefs de corps (commandants d'unités) sont rappelés et leurs permissions supprimées[114]. Le 26, toutes les unités en déplacement ont ordre de retourner à leur caserne[n 17] - [116] ; le 4e bureau de l'État-Major, responsable des chemins de fer, alerte les commissions militaires des différents réseaux : « Messieurs, la guerre est inévitable ; rien à faire pour les réseaux autres que l'Est si ce n'est revoir vos instructions et vos documents et préparer l'exécution du plan ; pour le réseau de l'Est il faut immédiatement faire rentrer par les moyens les plus rapides les troupes qui font partie de la couverture et qui sont dans les camps de Châlons et de Mailly ou qui, pour l'artillerie de Nancy en particulier, sont en route par voie de terre pour rejoindre leurs garnisons »[117]. Le 27 au soir, les permissionnaires de la troupe des cinq corps d'armée de la frontière sont rappelés et ces corps appliquent le « dispositif restreint de sécurité »[118] (mesures de protection des voies de communication, notamment des ouvrages d'art). Au milieu de la nuit du 27 au 28, le ministère de la Guerre ordonne le rappel des permissionnaires des corps de l'intérieur[119] ; le 29, le ministre ordonne de faire garder les ouvrages fortifiés, les établissements militaires et les postes de TSF dans les six corps de la frontière (1er à Maubeuge, 2e dans les Ardennes, 6e à Verdun, 20e à Toul, 21e à Épinal et 7e corps à Belfort)[120]. Le rapatriement des unités en manœuvres, le rassemblement du matériel et l'évacuation des wagons inutiles (par exemple les tombereaux) représentent 91 convois dont 56 chargés du 27 au , le tout au milieu du trafic civil (les trains de voyageurs sont pris d'assaut par les retours de vacances)[121].

Le au soir, le ministre de la Guerre ordonne un « exercice mobilisation garnisons extrême frontière » (comportant le déploiement d'une partie des unités d'active) ; « toutefois, pour des raisons diplomatiques, il est indispensable qu'aucun incident ne se produise de notre fait. En conséquence, aucun élément ni aucune patrouille ne devra sous aucun prétexte approcher de la frontière » à moins de dix kilomètres[122]. Les gouverneurs des quatre places de l'Est ont désormais ordre de lancer les travaux de défense (creusement des tranchées, pose des réseaux de barbelés et mise en place des batteries)[123]. Le au matin, les cinq corps d'armée de l'Est appliquent l'ordre d'exercice, tandis que Joffre réclame l'ordre de mobilisation : « il est absolument nécessaire que le gouvernement sache qu'à partir de ce soir tout retard de 24 heures, apporté à la convocation des réservistes et à l'envoi du télégramme de couverture, se traduira par un recul de notre dispositif de concentration, c'est-à-dire par l'abandon initial d'une partie de notre territoire, soit de 15 à 20 kilomètres par jour de retard. Le commandant en chef ne saurait accepter cette responsabilité »[124].

Le , le service ferroviaire entre l'Allemagne et la France est interrompu, on prĂ©pare l'Ă©vacuation des dĂ©pĂ´ts trop proches de la frontière (Pagny-sur-Moselle, Conflans-Jarny, Baroncourt et Audun-le-Roman), ainsi que la mise en service des trente raccordements militaires prĂ©vus[125]. Le Ă  17 h, le conseil des ministres autorise la couverture, puis fait diffuser l'arrĂŞtĂ© de rĂ©quisition des chemins de fer[126]. Le 1er aoĂ»t Ă  18 h, les colonels des rĂ©giments concernĂ©s reçoivent le tĂ©lĂ©gramme « Faites partir troupes de couverture », d'oĂą le dĂ©ploiement en train ou Ă  pied des unitĂ©s des cinq corps et le rappel des rĂ©servistes frontaliers[127], mais toujours Ă  dix kilomètres en arrière de la frontière. Les transports de la couverture sont achevĂ©s le Ă  midi, grâce Ă  un total de 538 trains, dont 293 convois ont servi au transport de troupes (notamment la cavalerie), 196 trains rien que le 1er aoĂ»t[128], auxquels se rajoutent les 89 trains de ravitaillement de la couverture[129] et les mouvements Ă  vide. Les trois divisions Ă  mobilisation hâtive sont en place le [130].

Mobilisation générale

Photo noir et blanc du parvis de la gare.
Foule parisienne devant la gare de l'Est le ; seuls les réservistes ont le droit de franchir les grilles et d'entrer dans la gare à la date indiquée sur leur fascicule de mobilisation.

Le Ă  15 h 45, le gouvernement français dĂ©crète le dĂ©but de la mobilisation gĂ©nĂ©rale pour le [131]. Le tĂ©lĂ©gramme donnant l'ordre de mobilisation est envoyĂ© de Paris Ă  15 h 55 le aux commandants de corps, de division ou de rĂ©giment. La mobilisation nĂ©cessite le transport des rĂ©servistes puis des territoriaux individuellement dans des trains de voyageurs dĂ©diĂ©s aux militaires, les civils ne disposant que des places laissĂ©es vacantes. Ces mouvements se dĂ©roulent en mĂŞme temps que ceux de la couverture et de la concentration, avec 467 trains par jour (affectĂ©s Ă  raison de quatre « trains journaliers » par tronçon de ligne) et 172 trains de banlieue parisienne par jour[129].

La mobilisation se déroule durant la première moitié du mois d'août 1914 sans gros problème : le nombre des insoumis[n 18] est plus faible (1,5 %) que dans les prévisions (13 %)[133] : les brigades de gendarmerie n'ont à réduire que de petits maquis dans le département de la Loire[134] et on déplore quelques auto-mutilations (de l'index gauche ou du mollet)[135] ; les hommes responsables des incidents (surtout liés aux beuveries) sont versés dans les compagnies disciplinaires[136]. Le 1er régiment de cuirassiers est même maintenu trois jours à Paris dans la caserne de l'École militaire par précaution, « pour des motifs de politique intérieure »[137], en renfort de la Garde républicaine. Quant aux insoumis et déserteurs antérieurs à la mobilisation, une amnistie leur est proposée s'ils se rendent volontairement[138].

Il y a 71 000 engagĂ©s volontaires[139], soit qui devancent l'appel (classes 1914 et suivantes : la loi de 1913 autorise les engagements volontaires pour la durĂ©e de la guerre Ă  partir de 17 ans), soit qui se rĂ©engagent (quelques vĂ©tĂ©rans de la guerre de 1870), soit qui sont Ă©trangers (cas de 26 000 hommes, notamment des Alsaciens-Lorrains, des Polonais et des Italiens, qui ne sont pas tous versĂ©s dans la LĂ©gion Ă©trangère)[140].

Incidents de couverture

Le a lieu le premier incident de frontière : une patrouille allemande du Jäger-Regiment zu Pferde Nr. 5 (le 5e régiment de chasseurs à cheval, caserné à Mulhouse) rencontre à Joncherey près de Delle (dans le Territoire de Belfort) une escouade française du 44e régiment d'infanterie (de Montbéliard) placée là en surveillance : l'échange de coups de feu tue les deux commandants, le caporal français Jules André Peugeot (21 ans) et le Leutnant allemand Albert Mayer (22 ans)[141]. D'autres reconnaissances allemandes près de Longwy et de Lunéville vérifient les positions françaises[142].

Le 2 au matin, le chef de l'État-Major général envoie une note au gouvernement : « nous avons dû abandonner des positions qui avaient une certaine importance pour le développement de notre plan de campagne. Nous serons obligés par la suite de reprendre ces positions, ce qui ne se fera pas sans sacrifices »[143]. Il obtient alors « liberté absolue de mouvement pour l'exécution de ses prévisions, dussent-elles conduire au franchissement de la frontière allemande »[144]. Joffre rappelle aux commandants des corps de couverture que « cependant, pour des raisons nationales d'ordre moral, et des raisons impérieuses d'ordre diplomatique, il est indispensable de laisser aux Allemands l'entière responsabilité des hostilités »[145]. Le lendemain , Joffre réunit dans les bureaux du ministère de la Guerre ses cinq commandants d'armée avant de partir rejoindre son Grand Quartier général qui vient d'être créé pour l'occasion, installé à partir du 4 à Vitry-le-François. Le 3 à 18 h 45, l'ambassadeur d'Allemagne transmet au chef du gouvernement français la déclaration de guerre à la France (au motif que des avions français auraient attaqué le territoire allemand)[146].

Le , des éléments de la 6e division de cavalerie allemande accrochent les unités françaises de couverture, à la charnière entre les 4e et 3e armées autour de Mangiennes (dans le Nord de la Woëvre). Cette « affaire de Mangiennes » inquiète l'État-Major jusqu'au lendemain.

Mouvements de concentration

Photo noir et blanc d'une colonne de soldats en marche, entourés par des civils.
Chaque unitĂ© quitte sa caserne pour prendre le train Ă  la date dĂ©finie par le plan de concentration. Ici le dĂ©part de Tours d'un bataillon du 66e rĂ©giment d'infanterie (18e DI du 9e corps) le matin du : trois convois sont prĂ©vus pour les 3 411 hommes du rĂ©giment, qui dĂ©barque Ă  Maron et Chaligny (près de Nancy) le 6 dans l'après-midi[147].

La concentration est prĂ©cĂ©dĂ©e par la couverture, qui s'Ă©tend du 31 juillet 1914 au soir jusqu'au 3 aoĂ»t 1914 Ă  midi, et par la mobilisation, qui s'Ă©tale du 2 au . Pour prĂ©parer la concentration, il faut d'abord mettre en place le matĂ©riel roulant par des trains de ramassage, de rĂ©partition et de combustible, au nombre de 229 lors des quatre premiers jours (du 2 au ), tandis que 60 autres trains assurent chaque jour l'Ă©vacuation du matĂ©riel inutile Ă  destination des rĂ©seaux voisins (« toilette » du rĂ©seau de l'Est)[148] et que le rapatriement des diffĂ©rents dĂ©tachements nĂ©cessite un total de 546 trains[129]. Les trains assurant d'une part la concentration de l'armĂ©e et d'autre part le ravitaillement des places et des troupes (munitions, nourriture et fourrage) dĂ©marrent Ă  partir du matin du , pour finir le 20. Un total de 4 278 trains chargĂ©s ont Ă©tĂ© utilisĂ©s pour la concentration (ce qui fait environ 8 500 voyages en comptant ceux Ă  vide)[149], avec un trafic maximum les 9 (388 trains), 10 (395) et (384)[150].

Au total, pour l'ensemble de la mobilisation et de la concentration, il s'agit de 21 000 marches[149], soit un trafic un peu infĂ©rieur Ă  celui du temps de paix, avec par exemple 1 875 trains le (tout usages confondus), ou 3 054 le 11[151]. En ne comptant pas les troupes prĂ©positionnĂ©es (les corps de couverture), c'est plus de 1 200 000 combattants, près de 400 000 chevaux et 80 000 vĂ©hicules qui ont Ă©tĂ© transportĂ©s[152].

Modifications

L'annonce de l'entrée des troupes allemandes au Luxembourg dès le matin du [153] confirme à l'État-Major français l'hypothèse d'une attaque allemande tentant de déborder la concentration par le flanc en passant par la Belgique (envahie à partir du au matin) ; ordre est donc donné dès le [154] à l'aile gauche française de se déployer pour contrôler les débouchés des Ardennes (comme prévu par la variante du plan XVII)[155] : la 4e armée, jusque-là en réserve, doit s'intercaler entre la 3e et la 5e de Sedan à Montmédy, la 5e armée se décale un peu plus à l'ouest d'Hirson à Charleville, la moitié de la 3e armée se redéploie de Montmédy à Spincourt, tandis que le corps de cavalerie est envoyé en couverture et reconnaissance en avant de la 5e, dans l'Ardenne belge (le gouvernement belge donne l'autorisation aux Français d'entrer en Belgique le à 23 h)[156].

Carte noir et blanc du Nord-Est de la France.
Zones de déploiement des cinq armées françaises prévues par le plan, avant l'application de la variante déplaçant la 5e armée plus au nord-ouest et la 4e armée plus au nord. Sont indiquées aussi les principales lignes ferroviaires, avec leur gares régulatrices.
Soldats en rang sur un quai, devant un paquebot.
Le Petit Journal, : embarquement du 7e BACP pour la campagne du Maroc. Ces chasseurs alpins sont ramenés en métropole dès , malgré les plaintes du général Lyautey. Les autres troupes déployées au Maroc ont été une des variables d'ajustement du plan français.

L'ordre de déplacer la concentration des 5e et 4e armées vers le nord-ouest change immédiatement les quais de débarquement pour leurs corps d'armée : le 11e corps doit arriver désormais autour de Monthois (gares d'Autry, de Challerange, de Grandpré, de Chatel-Chéhéry, de Somme-Py et de Pont-Faverger), le 10e corps autour de Vouziers (gares de Novion-Porcien, d'Amagne, d'Attigny, de Vrizy-Vandy, du Châtelet et de Bazancourt), le 3e corps autour d'Amagne (gares de Poix-Terron, de Novion-Porcien, de Wassigny, d'Amagne, du Châtelet et de Bazancourt), le corps colonial autour de Bar-le-Duc (gares de Sermaize, Revigny et Mussey), le 12e corps autour de Givry-en-Argonne (gares de Villers-Daucourt, de Givry, de Sommeilles et de Sainte-Menehould) et le 17e corps autour de Suippes (gares de Valmy, de Suippes, de Cuperly et de Saint-Hilaire)[157].

Comme le royaume d'Italie reste neutre pendant la crise de juillet, Joffre donne ordre le au matin de ne pas déployer la couverture dans les Alpes : « il est essentiel, pour des raisons diplomatiques, d'éviter jusqu'à nouvel ordre de prendre des mesures pouvant avoir un caractère de défiance vis-à-vis de l'Italie. Les mesures de surveillance qui pourront être prises devront l'être de la façon la plus discrète »[158]. L'Italie notifie sa neutralité aux différents belligérants le . En conséquence, en plus du transfert de l'intégralité des 14e et 15e corps vers le théâtre du Nord-Est, se rajoutent les bataillons d'active de chasseurs alpins, dont le transport, initialement prévu à partir du 13e jour, se fait dès le 8e jusqu'au 11e[159], ainsi que la 44e division (créée à Lyon le avec les garnisons d'active de Chambéry, Briançon, Gap et Nice) qui part le . L'armée des Alpes, créée le et sous les ordres du général Albert d'Amade, est renommée « inspection du Sud-Est » le , avant d'être dissoute le (ordre du 16)[160].

Le besoin de renforts pousse rapidement le ministère à ponctionner beaucoup plus les troupes d'Afrique : dès le , le résident général de France au Maroc Hubert Lyautey reçoit l'ordre de créer une « division de marche d'infanterie coloniale du Maroc », constituée à Rabat le (avec des coloniaux, des zouaves et des tirailleurs) et qui débarque à Bordeaux du 11 au [161]. Le c'est au tour de la division d'Oran de recevoir l'ordre de fournir des renforts, qui forment la 45e division le , troupe qui débarque à Cette le 26[162].

Accidents

Quelques accidents de personne ponctuent la concentration, comme dès le lors du transfert du 21e régiment de dragons de Saint-Omer à Martigny-Leuze (la 3e division de cavalerie étant déployées à la frontière ardennaise dans le cadre de la couverture), pendant lequel un garde-frein tombe de son poste et est broyé par le train juste avant d'arriver à Hirson[163]. Le , un soldat du 61e régiment d'infanterie de Privas « juché sur la cabine de serre frein d'un wagon heurte un ouvrage d'art et est tué net » avant la gare de Givors-Canal[164]. Un autre exemple est un lieutenant d'artillerie de l'armée d'Afrique qui, « pris subitement d'un accès de folie » pendant la traversée de la Méditerranée, tue durant la nuit du 6 au deux hommes et en blesse deux autres à bord du transport la Medjerda, avant d'être abattu (les cadavres sont débarqués à Ajaccio le 7)[165]. Il y a aussi des incendies de wagons, des ruptures d'attelage et des problèmes de locomotive.

Quelques événements plus graves perturbent la concentration : le premier a lieu le à Gondrecourt où un train à l'arrêt est tamponné par le suivant : deux heures d'interruption de trafic[128]. Le à 21 h 40, à hauteur de Brienne, deux trains se tamponnent, culbutant plusieurs wagons sur la voie voisine, ce qui fait dérailler un troisième train arrivant en sens contraire[166] : la ligne E (en provenance de Toulouse) est bloquée le temps de faire venir une grue et de dégager les voies, opérations nécessitant douze heures et son trafic est dirigé par Sommesous et par Jessains sur la ligne D (en provenance de Bordeaux). Mais le à 4 h 30, un second incident (deux trains qui se tamponnent) à Bricon sur la ligne D, saturée, entraîne des retards dans les débarquements des 12e et 17e corps[167]. Le à 6 h 40 près de Mailly, c'est au tour de la ligne F d'être interrompue, avec déviation pour toute la journée par la ligne de Gretz à Sommesous[168] (qu'il faut outiller[n 12]). Le , le train transportant l'état-major de la 55e division de réserve se fait rentrer dedans à Sompuis vers 5 h 30 par un des trains du 313e régiment : le tamponneur a six morts et 25 blessés ; quant au tamponné, le wagon des officiers est « mis en morceaux » avec sept blessés dont le général Louis Leguay ; les convois sur la ligne F ont alors vingt heures de retard[169].

En Méditerranée, la traversée des deux divisions de l'armée d'Afrique (37e et 38e DI) est menacée par des navires de guerre allemands. Le , les croiseurs de la Kaiserliche Marine SMS Goeben et SMS Breslau bombardent l'un Philippeville (douze coups de canons : 10 morts et 18 blessés)[165] et l'autre Bône, avant de prendre la fuite à l'approche des navires britanniques. La traversée française se fait sans problème après cette surprise, sous l'escorte de la flotte de cuirassés venue de Toulon (le Diderot, le Danton, le Jules Michelet, le Vergniaud, l’Edgar Quinet, l’Ernest Renan et le Mirabeau), les deux divisions algériennes débarquant à Sète et à Marseille entre le 4 et .

Derniers transferts

Carte postale noir et blanc montrant les six voies ferrées et les bâtiments.
La gare de Toul vers 1900 : elle est au croisement des lignes Paris-Épernay-Nancy, Orléans-Troyes-Nancy et Dijon-Langres-Verdun, d'où l'aménagement d'une puissante ceinture fortifiée avec une trentaine de forts et ouvrages. Cette gare ne suffit pas au trafic lors de la concentration.

Le , le Grand Quartier gĂ©nĂ©ral envisage le transfert du 18e corps de la 2e armĂ©e Ă  la 5e, ce qui correspond au transport d'environ 38 000 hommes, 13 000 chevaux et 120 canons, qui viennent de dĂ©barquer au sud de Toul en provenance du Sud-Ouest (la 36e DI de Bayonne a fait 50 heures de train du 6 au 10)[170], jusque vers Maubeuge. Ce mouvement de rocade en cours d'opĂ©ration, de 110 trains non prĂ©vus initialement, doit donc couper une partie des lignes alors que la concentration n'est pas encore terminĂ©e. Ce mouvement est ordonnĂ© le , avec application du 16 au 20 Ă  raison de 48 marches le premier jour, dĂ©part des gares de Toul, Foug et Pagny-sur-Meuse, en passant par Revigny, Sainte-Menehould, Amagne, Liart et Hirson, avec commission rĂ©gulatrice Ă  Sorcy[171], pour arriver Ă  Solre-le-Château. Idem pour le 9e corps, retirĂ© Ă  la 2e armĂ©e le pour ĂŞtre affectĂ© Ă  la 4e, avec transfert Ă  partir du 19 de Nancy sur deux lignes, l'une via LĂ©rouville et Verdun pour arriver Ă  Sedan, l'autre via Joinville, Saint-Dizier, Châlons, Reims et Charleville (ce dĂ©tour pour ne pas surcharger la ligne de Paris Ă  Nancy) pour dĂ©barquer Ă  Tournes. Le , un contre-ordre est donnĂ© par le grand quartier gĂ©nĂ©ral, alors que 55 trains sont dĂ©jĂ  partis[172], emportant la moitiĂ© de la 17e DI (le 9e corps est reconstituĂ© dans les Ardennes avec une « 17e division provisoire » et la division marocaine, tandis que la 18e DI reste en Lorraine). Comme cette expĂ©rience de manĹ“uvre de rocade a Ă©tĂ© malgrĂ© tout rĂ©ussie, le major-gĂ©nĂ©ral Émile Belin conclut : « puisque cela a si bien marchĂ© on en fera d'autres »[173].

Le Corps expéditionnaire britannique (British Expeditionary Force), commandé par le Field marshal John French, arrive tardivement. La mobilisation britannique est effective le [174] ; le , les Britanniques annoncent l'arrivée à partir du de quatre divisions d'infanterie[175] : toute l'armée régulière britannique ne traverse pas, une partie étant maintenue dans l'archipel pour repousser un hypothétique débarquement allemand. Quatre divisions d'infanterie et une de cavalerie débarquent du 9 au au Havre, à Rouen et à Boulogne, puis sont transportées par voies ferrées jusqu'au Cateau et Maubeuge, à l'extrémité gauche du dispositif français, et sont opérationnelles à partir du 20 : les 1re (en), 2e, 3e et 5e DI, complétées le 22 par la 19e brigade (en) et le 25 par la 4e DI. La 6e DI ne débarque que le et rejoint le front le .

Le , toutes les unités combattantes sont déployées ; les derniers trains de concentration arrivent le 20 (pour la logistique et les parcs). Les lignes sont réduites à une pour chacune des cinq puis six armées (ordre de création de l'armée d'Alsace le , appliqué à partir du 11), avec donc six gares régulatrices (GR de communication) : Besançon, Gray, Is-sur-Tille, Troyes, Châlons et Reims (avec annexe à Laon). Ces gares reçoivent quotidiennement de l'intérieur les vivres, les munitions, le matériel, les chevaux et les hommes de remplacement, ainsi que le courrier postal ; les wagons sont désormais triés et réexpédiés pour chaque corps d'armée ou groupe de divisions de réserve.

Offensives françaises

Carte représentant les différentes offensives françaises et allemandes.
La bataille des Frontières, en : les offensives françaises sont partout repoussées par les Allemands.

Conformément aux Directives pour la concentration[23] de , les forces françaises passent à l'offensive le plus tôt possible, d'abord en Alsace, puis en Lorraine et dans les Ardennes. Au même moment, l'Armée russe attaque en Prusse-Orientale, alors que sa mobilisation n'est pas terminée.

« Considérant que la guerre a été déclarée par l'Allemagne d'abord à la Russie, et que la France, en tant que notre alliée, a estimé comme de son devoir de venir immédiatement à notre aide, il est naturel et indispensable qu'en vertu de nos obligations d'alliés nous soutenions les Français, puisque les Allemands dirigent contre eux leur offensive principale. Cet appui, nous le leur donnerons, en prononçant le plus rapidement possible notre attaque contre les forces allemandes en Prusse-Orientale. Cette attaque, la Ire armée pourra la commencer pour attirer sur elle le plus possible de forces ennemies. […] L'attaque des armées du front Nord-Ouest pourrait déjà commencer le quatorzième jour de la mobilisation (). »

— Directive du grand-duc Nicolas (commandant en chef) au général Jilinski (chef du front Nord-Ouest), le [176].

Non seulement toutes les offensives françaises et russes sont repoussées par les forces allemandes (batailles des Frontières et de Tannenberg), mais le flanc gauche français est rapidement menacé d'enveloppement, obligeant Joffre à ordonner la retraite.

Échec en Alsace

La première opération française concerne une offensive débouchant de la trouée de Belfort et du col d'Oderen, pour entrer en territoire allemand et conquérir l'Alsace en direction de Colmar. Cette action est confiée au 7e corps d'armée, qui en tant que corps de couverture est à plein effectif dès le . Sa mission est en fait de faire diversion et d'attirer des forces allemandes. Le , le chef du 7e corps, le général Louis Bonneau, reçoit l'ordre du Grand Quartier général de s'avancer à partir du surlendemain[177].

En conséquence, le les Français prennent Thann, Masevaux et Altkirch, en accrochant la couverture allemande qui bat en retraite. Le 8 dans l'après-midi, la 14e DI entre sans combat dans Mulhouse[178]. La réaction allemande a lieu le lendemain , par une double contre-attaque menée par trois divisions d'une part sur Cernay, d'autre part sur Illzach et Riedisheim, obligeant les deux divisions françaises à se retirer le sous la protection de la place fortifiée de Belfort.

En réaction à ce premier échec, Joffre limoge le général Bonneau, créé une armée d'Alsace confiée au général Paul Pau, comprenant le 7e corps (pris sur la 1re armée), la 44e DI et des chasseurs alpins (pris sur l'armée des Alpes), la 57e DR (prise à Belfort) ainsi que les 63e et 66e DR (prises sur le 1er GDR)[179]. Cette armée s'avance vers l'est à partir du , entrant de nouveau dans Mulhouse le 19 (bataille de Dornach), s'approchant de Colmar le 21. Le 25, l'armée se replie de nouveau sur Belfort puis est dissoute, les troupes étant nécessaires ailleurs.

Échec en Lorraine

Dessin d'une bataille au corps-à-corps, les Allemands reculant face à l'attaque française.
La bataille de Morhange, tel que représentée en 1915. Le combat au sabre (ici, des cavaliers de la division de cavalerie bavaroise) et à la baïonnette tient encore une grande place dans l'imaginaire militaire ; il s'agit d'une œuvre de propagande, loin de la réalité des combats de 1914.

La deuxième offensive française est bien plus importante que la première, avec la presque totalité des 1re et 2e armées françaises, soit neuf corps d'armée. Une fois déployées, ces troupes passent à l'offensive vers le nord à partir du , entrant en territoire allemand, la 1re armée en direction de Sarrebourg et la 2e vers Morhange. Le 19, le front forme un arc de cercle en travers du plateau lorrain, les Français s'avançant entre la place de Metz et les Vosges, ce qui les oblige à couvrir leurs flancs avec deux corps de chaque côté. Cette difficulté avait été évoquée avant-guerre par le général Castelnau, commandant désigné de la 2e armée :

« Le système fortifiĂ© d'Alsace-Lorraine rend particulièrement laborieuse et lente la pĂ©nĂ©tration des armĂ©es françaises dans le bassin de la Sarre. Notre offensive dans cette rĂ©gion, soit par la trouĂ©e de Delme, soit par le couloir de Sarrebourg, se heurtera de front Ă  des organisations dĂ©fensives du moment qui ralentiront sa progression et exigeront de longs et violents efforts. Son flanc gauche restera exposĂ© Ă  une contre-attaque dĂ©bouchant de Metz sur un front protĂ©gĂ© de 30 km environ (de la Moselle au fort Sainte-Barbe). Son flanc droit sera de mĂŞme menacĂ© par l'action de forces rĂ©servĂ©es au nord et sous la protection de Strasbourg et dĂ©bouchant par le seuil de Saverne. Enfin cette offensive ne doit ĂŞtre logiquement tentĂ©e que si le couloir de l'Alsace et les ponts du Rhin en amont de Strasbourg sont maĂ®trisĂ©s par nos forces. »

— Édouard de Castelnau, Mémoire pour servir à l'établissement d'un plan de guerre, Paris, Conseil supérieur de la Guerre, , p. 29-30[180].

Le vers 4 h, les Allemands passent à la contre-offensive : le 15e corps français part en déroute, tandis que le 20e perd une partie de son artillerie. Dès 10 h 10, le commandant la 2e armée ordonne la retraite, imitée rapidement par celui la 1re armée. Le , les troupes allemandes prennent Lunéville ; le 23, elles commencent à traverser la Meurthe, s'engageant dans la trouée de Charmes, entre Nancy et la place d'Épinal. Le front se stabilise à partir du lors de la bataille de la trouée de Charmes.

Photo représentant un alignement de tombes dans un cimetière militaire.
La nécropole militaire de Riche, au sud de Morhange : les vainqueurs font enterrer les vaincus dans des fosses après la bataille. Les corps sont regroupés et ré-enterrés après-guerre, les identifiables dans des tombes individuelles.

La victoire des troupes allemandes s'explique d'abord par leur supĂ©rioritĂ© numĂ©rique, la 6e armĂ©e allemande du Kronprinz de Bavière disposait de huit corps d'armĂ©e (renforcĂ©s de six divisions supplĂ©mentaires) face Ă  cinq français[181] ; par une meilleure connaissance du terrain, le 21e corps allemand de Metz et les corps bavarois s'entraĂ®nent depuis 40 ans sur le plateau lorrain ; par une meilleure disposition tactique, le front formant au matin du un vaste arc de cercle menaçant les deux flancs français. Une autre explication, diffusĂ©e par les pĂ©riodiques et les images d'Épinal[182] puis reprise par nombre d'auteurs[183], serait que l'infanterie française aurait chargĂ© Ă  la baĂŻonnette des positions allemandes bĂ©tonnĂ©es et aurait Ă©tĂ© fauchĂ©e par les tirs des mitrailleuses[184] : dans la pratique, le règlement français impose l'emploi du soutien d'artillerie lors d'une attaque[185], l'infanterie ne s'est presque jamais approchĂ©e Ă  moins de 400-500 mètres des lignes adverses[186], tandis que les troupes allemandes manĹ“uvrent et attaquent le 20, utilisant peu leurs mitrailleuses, lourdes et dĂ©pendant des routes[187]. Que ce soit cĂ´tĂ© français ou allemand, les fantassins apprennent très vite Ă  se coucher et Ă  se disperser en tirailleurs pour ne pas se faire immĂ©diatement faucher par les shrapnels et les balles, tandis que les artilleurs abandonnent presque dĂ©finitivement le tir Ă  vue.

Redéploiement face à la Belgique

La violation allemande de la neutralité du Luxembourg et de la Belgique était une éventualité prévue de longue date par l'État-Major[n 2], avec une parade intégrée au plan XVII : déployer deux armées (les 5e et 4e) entre Mézières et Verdun pour contre-attaquer à travers le Luxembourg belge en direction d'Arlon et de Neufchâteau[23]. L'État-Major français estime que l'offensive allemande doit se limiter au sud de l'axe Meuse – Sambre, faute de moyens :

« Pour envahir la Belgique, nos adversaires ne disposeront tout au plus que de dix corps d'armée, douze au maximum, s'ils engagent la totalité de leurs réserves stratégiques (ce qui ne signifie pas leurs contingents de réservistes) y compris les deux corps de la Garde. Eh bien général, voici un double décimètre, veuillez mesurer la distance qui sépare Malmedy de Lille et calculer le développement dangereux pour leurs troupes d'un mouvement aussi excentrique par rapport à leur ligne d'invasion. Ce serait une grave imprudence de leur part ! Mais ils ne commettront pas cette faute et nous n'aurons pas cette chance-là ! »

— Déclaration du général Édouard de Castelnau au général Albert-Isidore Lebas, gouverneur de Lille, à propos du déclassement de la place forte[188].

Dès le au soir[154], le GQG ordonne l'application de la variante. Le , l’Instruction générale[178] considère que les Allemands marchent vers Sedan, voyant l'affaire de Liège comme une action pour sécuriser leur flanc[189], opinion confirmée par les renseignements le 9 : sur les 26 corps d'armée allemands du temps de paix, le deuxième bureau en a localisé 21, à savoir quatre face à la Russie, sept face à la France, dix face à la Belgique et au Luxembourg[190]. Mais le 10, l'aviation française repère des colonnes allemandes marchant à travers la Belgique vers l'ouest[191] ; le 11, des patrouilles de cavalerie allemande sont signalée devant Dinant[192] : les Allemands semblent vouloir étendre leur dispositif jusqu'au nord de la Meuse. Le 12, la réaction du GQG est de déployer la gauche de la 5e armée (le 1er corps) jusqu'à Givet[193]. Le 13, deux autres corps allemands sont identifiés, portant à douze corps leurs forces en Belgique, d'où le renforcement de la 5e armée avec les 37e et 38e divisions (venant d'Algérie), débarquées jusqu'au 16[194]. Le 14, Joffre envoie trois divisions territoriales (les 81e, 82e et 88e divisions) former un barrage de Dunkerque à Maubeuge contre les incursions de la cavalerie allemande[195] ; ces trois divisions forment le « groupe d'Amade », du nom de leur chef. Puis le lendemain , en apprenant que des combats ont eu lieu à Dinant, il ordonne à la 5e armée renforcée par le corps de cavalerie et par le 4e GDR de se redéployer au nord des Ardennes, en passant par Mariembourg et Philippeville : « l'ennemi semble porter son principal effort par son aile droite au nord de Givet. Un autre groupement de forces parait marcher sur le front Sedan, Montmédy, Damvillers »[196].

Pendant ce temps les 4e et 3e armées sont redéployées le long de la Meuse et de la Chiers, de Sedan jusqu'à Étain, la 4e armée doublant de volume en recevant trois corps de renfort (le 2e corps le , le 11e le 16 et le 9e le 20)[197]. L'idée de l'État-Major est que désormais le groupe formé par le Corps expéditionnaire britannique et la 5e armée française fixerait l'aile droite allemande, tandis que les 4e et 3e armées françaises attaqueraient au centre dans les Ardennes[198], encerclant ainsi les Allemands entrés en Belgique. Ainsi, se croyant en situation de supériorité numérique en Belgique (31 divisions d'infanterie franco-britanniques le , sans compter les divisions de réserve, contre une estimation de 24 allemandes), les états-majors français se préparent à passer à l'offensive à partir du de Maubeuge à Longuyon. Mais en face, c'est en réalité 48 divisions d'infanterie allemandes qui approchent (sans compter les deux corps s'occupant d'Anvers et de Namur), car l'État-Major allemand a tout de suite mis en ligne les divisions de réserve. Le 16[199], le 19 puis le 20, le commandant de la 4e armée Fernand de Langle de Cary demande à passer à l'action[200], mais Joffre estime que c'est prématuré : il faut que toute l'aile droite allemande s'avance plus à l'ouest pour pouvoir l'encercler, il faut donc « ne pas dévoiler notre manœuvre avant le moment où elle sera déclenchée »[201]. « Je comprends votre impatience, mais j'estime qu'il n'est pas encore temps de partir. Plus la région Arlon, Audun-le-Roman, Luxembourg sera dégarnie, mieux cela vaudra pour nous »[202]. Le 20 au soir, Joffre donne l'ordre de se mettre en marche à l'aube, la 4e en direction de Neufchâteau et la 3e vers Arlon[203]. Le 21 au soir, la 4e armée, qui a atteint la Semois, reçoit du GQG les ordres suivant : « La IVe armée continuera son mouvement vers le nord dans la zone qui lui a été assignée, et attaquera toute troupe ennemie qui se rencontrera dans cette zone. Le but à poursuivre est d'acculer à la Meuse entre Dinant, Namur et l'Ourthe, toutes les forces ennemies qui se trouveraient dans cette région »[204]. Langle fait donc transmettre à ses unités : « Pas de nouveaux renseignements sur l'ennemi. Aujourd'hui 22 août, offensive générale vers le nord. L'ennemi sera attaqué partout où on le rencontrera […] »[205].

Échec en Belgique

Réservistes belges empêchés de s'embarquer à la gare de l'Est à Paris en 1914 : la rapidité de l'avance allemande et les mouvements des troupes françaises, saturant le réseau ferroviaire, ne leur permettent pas de rejoindre leur pays envahi.

Dans l'Ardenne, l'offensive française est dĂ©tectĂ©e par les Allemands le 21[206] : les 4e et 5e armĂ©es allemandes, composĂ©es de vingt divisions d'infanterie (au lieu des six estimĂ©es par les Français), se dĂ©ploient face au sud. Le , le milieu forestier compartimente le champ de bataille en une quinzaine de batailles parallèles, dans lesquelles les Français en colonne de marche sont pris en embuscade par des Allemands dĂ©ployĂ©s pour un combat de rencontre[207] : dans presque tous les cas ce sont des dĂ©faites françaises, notamment autour de Rossignol (la 3e DIC y perd 11 900 hommes, ses canons et ses trois gĂ©nĂ©raux)[208], d'Ethe (la 7e DI française y laisse un tiers de son effectif)[209] et de Bertrix (le 17e corps y est mis en dĂ©route). Le 23 au matin, Joffre envisage de relancer la 4e armĂ©e Ă  l'offensive : « l'ensemble des renseignements recueillis ne montre devant votre front que trois corps et demi environ. Par suite, il faut reprendre l'offensive le plus tĂ´t possible »[210]. Langle lui rĂ©pond qu'il est dans « la nĂ©cessitĂ© absolue de reformer les unitĂ©s dissociĂ©es sur une position de repli »[211]. Le , la 4e armĂ©e française retraverse la frontière pour se replier derrière la Meuse et la Chiers, poursuivie par les Allemands.

Ă€ l'extrĂ©mitĂ© nord, le Corps expĂ©ditionnaire britannique (quatre divisions d'infanterie), la 4e division belge (dans la position fortifiĂ©e de Namur) et la 5e armĂ©e française (dix divisions) rencontrent Ă  partir du 21 les 1re, 2e et 3e armĂ©es allemandes (qui serrent 24 divisions en première ligne). EnfoncĂ© au centre, menacĂ© sur les flanc, le gĂ©nĂ©ral Charles Lanrezac ordonne la retraite le 23 au soir[212], en mĂŞme temps que les Britanniques.

Le , l'armĂ©e britannique ainsi que les 5e, 4e et 3e armĂ©es françaises sont en retraite : c'est le dĂ©but de la Grande Retraite qui conduit ces troupes jusqu'au sud de la Marne le . Seules les troupes dĂ©ployĂ©es en Lorraine rĂ©sistent en s'appuyant sur les fortifications de l'Est. Le commandement français estime Ă  la fin du mois d'aoĂ»t ses pertes, d'après les Ă©tats reçus au GQG : 206 515 hommes ont Ă©tĂ© perdus, dont 20 253 tuĂ©s, 78 468 blessĂ©s et 107 794 disparus (parmi les disparus figurent les prisonniers ainsi que les blessĂ©s et tuĂ©s abandonnĂ©s sur le champ de bataille)[213]. Les estimations rien que pendant la journĂ©e du 22 sont de 25 000 Français tuĂ©s : « C'est ainsi que la journĂ©e du 22 aoĂ»t 1914 apparaĂ®t comme la plus meurtrière de toute la Première Guerre mondiale pour l'ArmĂ©e française »[214].

Controverse

Carte noir et blanc montrant les villes fortifiées.
Carte simplifiée des fortifications belges, françaises et allemandes en 1914. Les opérations prenaient en compte les places fortes, en s'appuyant dessus, ou en évitant celles de l'adversaire. Une exception : les forts de Liège, tous pris dès août 1914.

À la suite de la série de défaites françaises appelée la bataille des Frontières, les différents acteurs ont cherché à se rejeter mutuellement les responsabilités. On retrouve ces débats chez les auteurs ultérieurs, y compris un siècle après.

Critiques du plan

Traditionnellement, tous les ouvrages et cours sur la Grande Guerre débutent par une présentation, carte à l'appui, du plan Schlieffen face au plan XVII, comparaison toujours aux dépens du plan français, en omettant que, contrairement au plan allemand, le plan XVII n'est pas un plan d'opération mais un plan de concentration[215]. L'historiographie sur le sujet débat plutôt sur ce que voulait faire Joffre une fois les armées déployées.

En 1919, une commission d'enquête parlementaire travaille sur l'abandon du bassin minier de Briey et donc sur les causes des échecs français d'[216] - [217], auditionnant plusieurs généraux dont le maréchal Joseph Joffre. Quand le président de la commission Maurice Viollette interroge le généralissime sur son plan d'opérations, celui-ci déclare ne pas se souvenir qui avait travaillé dessus. Quand on lui demande des traces écrites, il répond « il y en a peut-être, mais ce n'est pas moi qui les ai rédigées », avec en conclusion « vous me demandez un tas de choses auxquelles je ne puis rien vous répondre, je ne sais rien »[218].

Dans les années 1920, les décisions de Joffre sont critiqués par des généraux limogés au tout début de la guerre. Les publications des généraux Charles Lanrezac (Le plan de campagne français et le premier mois de la guerre)[219], Emmanuel Ruffey (qui rend public une note de dans laquelle il propose de déployer des armées au nord de la Sambre)[220], Alexandre Percin (1914 : les erreurs du haut commandement)[221], Émile Edmond Legrand-Girarde (Opérations du 21e corps d'armée)[222] et Edgard de Trentinian (L'État-major en 1914 et la 7e division du 4e corps)[223] ont été sur ce thème particulièrement incisifs. Joseph Gallieni égratigne lui aussi Joffre dès la première page de La bataille de la Marne : « il avait négligé l'expérience des dernières guerres de Mandchourie et des Balkans »[224]. Leur point de vue est immédiatement repris par leurs relations politiques, puis ultérieurement par nombre d'auteurs[225].

« Il [Joffre] n'a pas cherché à arrêter la marche de l'ennemi en Belgique, mais s'est entêté dans des offensives à caractères sentimental en Alsace et en Lorraine, dans des terrains fortifiés par les Allemands depuis quarante ans et où l'espoir de les vaincre était on ne peut plus illusoire. Ses détracteurs ont donc affirmé que son plan de campagne n'était pas le bon et que ses compétences stratégiques frôlaient la nullité. Ce sombre tableau est-il fidèle à la réalité ? Entre l'imbécile et le génie, il y a de la place pour quelques nuances. »

— Jean-Yves Le Naour, 1914 : La grande illusion, 2012[226].

Justification de Joffre

Joffre s'explique, d'une part dans 1914-1915 : la préparation de la guerre et la conduite des opérations édité en 1920, d'autre part dans ses Mémoires éditées en 1932 juste après sa mort. Dans ces dernières, il justifie le fait que le plan XVII n'était pas un plan d'opérations à proprement parler : « j'étais pénétré de cette idée qu'il était impossible de fixer longtemps à l'avance une manœuvre définitive à exécuter ; il faut en effet tenir compte de toutes les inconnues qui compliquaient le problème. […] Je l'ai affirmé devant la commission de Briey : le plan d'opérations ne peut être fait qu'en tenant compte des événements et des renseignements qui arrivent au cours des opérations. Ce n'est pas un immuable schéma qui sera appliqué quoi qu'il advienne ; on ne peut l'établir que quelques jours après la mobilisation, quand les choses se dessinent »[227]. Plus loin : « C'est pour toutes ces raisons qu'il n'y a jamais eu de plan d'opérations écrit. D'ailleurs, personne n'avait à m'en demander compte. Le plan d'opérations est, en effet, essentiellement l'œuvre personnelle du général en chef. Jamais aucun plan d'opérations n'a été établi par l'État-Major de l'Armée dont le travail se limite à la préparation de la concentration. Il est établi sous l'entière responsabilité du général en chef, sans qu'il soit possible de lui en demander communication officielle en vue d'une discussion ou d'une approbation […]. C'est pourquoi je suis fondé à affirmer que le plan d'opérations intégral n'a jamais été écrit »[228].

Joffre réfléchissant, avec derrière lui un coq français maltraitant un aigle allemand.
« Le silencieux : Joffre - Il ne dit rien mais chacun l'entend ». Caricature de Charles Léandre dans Le Rire rouge, .

Le plan XVII est effectivement avant tout logistique : la mobilisation et la concentration sont des affaires essentiellement ferroviaires, domaine de spécialité de Joffre[229]. Pour les aspects opérationnels, le plan prévoit une attitude offensive, mais sans rien prévoir au-delà de l'engagement initial pour pouvoir s'adapter à l'attitude allemande, d'où le maintien de la 4e armée en réserve avec une variante étendant le front à l'ouest de Charleville-Mézières. Joffre présente l'offensive en Lorraine comme une opération secondaire visant à accrocher l'adversaire, tandis que démarrerait juste après « l'effort principal par le Luxembourg et le Luxembourg belge, en menaçant les communications des forces allemandes qui franchissaient la Meuse entre Namur et la frontière hollandaise », l'aile gauche ayant « à contenir les forces allemandes qui déboucheront de la Meuse »[230]. Maurice Gamelin, qui était un proche de Joffre et commandant affecté à l'État-Major en 1914, rajoute : « Si je n'avais peur de paraître pédant, je dirais que cette conception était celle de la bataille d'Austerlitz à l'échelle des masses modernes, les Ardennes belges étant le plateau de Pratzen[231]. »

L'idée de Joffre, une fois que l'invasion allemande de la Belgique est confirmée, est d'abord de les laisser s'y avancer, n'envoyant que le corps de cavalerie pour obtenir quelques renseignements ; de lancer quelques offensives en Alsace et en Lorraine pour satisfaire aux obligations de l'alliance franco-russe[232] et surtout fixer un maximum de soldats allemands, faisant en sorte que l'aile marchante de l'ennemi chargée de déferler sur le Nord de la France soit de cette façon considérablement amoindrie ; enfin, quand celle-ci est très engagée en Belgique, attaquer violemment dans les Ardennes belges pour bousculer le centre de l'ennemi, couper son armée en deux avant de la détruire[233]. D'où l'ordre de Langle aux corps de sa 4e armée : « Il est donc d'une importance capitale que nous laissions l'ennemi s'écouler devant nous, vers le nord-ouest, sans l'attaquer prématurément[234]. » Enfin, le , Joffre ordonne à Langle et Ruffey de lancer leurs armées dans les Ardennes, sur le flanc allemand : « La 4e armée […] attaquera toute troupe ennemie qui se rencontrera dans cette zone. Le but à poursuivre est d'acculer à la Meuse, entre Dinant, Namur et l'Ourthe, toutes les forces adverses qui se trouvent dans cette région[235]. »

Des auteurs expliquent la défaite française à cause de l'habillement trop voyant, le manque de mitrailleuses[n 19], le manque d'artillerie lourde, la faiblesse du renseignement, ou la médiocrité de l'instruction tactique des unités[236]. Joffre et l'historien Jean-Claude Delhez[237] rejettent la responsabilité sur les subordonnés (au premier chef Langle, Ruffey, Maistre et Grossetti) :

« Un des principaux motifs de l'échec de l'offensive fut que notre instrument de combat n'eut pas le rendement qu'on était en droit d'en attendre. Il y eut de nombreuses défaillances dans nos grandes unités, dont plusieurs, surprises ou mal engagées, ont fondu très rapidement et reflué, exposant les unités voisines à des pertes sévères. C'est la période la plus difficile de mon existence.
Dans ces circonstances, le commandant en chef a considéré comme un devoir absolu de relever de leur commandement les chefs à qui incombait la responsabilité de ces défaillances. »

— Joseph Joffre, 1914-1915 : la préparation de la guerre et la conduite des opérations, [238].

Notes et références

Notes

  1. La Russie passe du calendrier julien au grégorien le . Par convention, les dates du XIXe siècle furent converties en y rajoutant douze jours ; pour celles du XXe siècle, il faut rajouter treize jours. La convention franco-russe entre donc en application le du calendrier grégorien, soit le du julien[31].
  2. L'hypothèse d'une attaque allemande Ă  travers le territoire belge a Ă©tĂ© formulĂ©e dans quelque 300 ouvrages, dont un inventaire a Ă©tĂ© publiĂ© par Maxime Lecomte et Camille LĂ©vi, NeutralitĂ© belge et invasion allemande : histoire, stratĂ©gie, Paris, H. Charles-Lavauzelle, , 608 p. (BNF 30810166).
  3. Au , sur les 173 régiments d'infanterie, 164 sont à trois bataillons et neuf sont à quatre bataillons. Les douze régiments d'infanterie coloniale sont à trois bataillons. Les neuf régiments de tirailleurs algériens sont à deux ou six bataillons, pour un total de 40 bataillons. Les quatre régiments de zouaves sont chacun à six bataillons (le 7e bataillon du 4e régiment de zouaves est en formation pendant l'été 1914). S'y rajoutent, deux régiments étrangers à six bataillons, sept bataillons de marche coloniaux, cinq bataillons d'infanterie légère d'Afrique, cinq bataillons d'auxiliaires marocains, 14 goums, 4 régiments de tirailleurs tonkinois, 4 de tirailleurs sénégalais, 3 de tirailleurs malgaches, un de tirailleurs annamites, 2 régiments indigènes du Gabon et du Tchad, ainsi que dix groupes cyclistes (destinés aux divisions de cavalerie) rattachés à des BCP.
  4. Chaque régiment de cavalerie est subdivisé en quatre escadrons, sauf les régiments de spahis qui sont à cinq, six ou neuf, pour un total de 25 escadrons de spahis. Un 5e régiment de spahis est formé le par dédoublement du 2e. S'y rajoutent un escadron de spahis sénégalais et 12 escadrons d'auxiliaires marocains.
  5. L'artillerie française au est organisée en 62 régiments d'artillerie de campagne, dont 42 à neuf batteries (servant d'artilleries divisionnaires) et 20 à douze batteries (artilleries de corps), onze régiments d'artillerie à pied (pour les places fortes), cinq d'artillerie lourde (artilleries d'armée), trois d'artillerie coloniale (aux colonies), deux régiments d'artillerie de montagne et dix groupes d'artillerie d'Afrique.
  6. Au , sont engagĂ©s au Maroc 61 des 102 bataillons, 35 des 62 escadrons et 22 des 39 batteries de l'armĂ©e d'Afrique, ce qui reprĂ©sente une force de 82 000 hommes.
  7. Cf. Henri de Lacroix (général) et Edmond Buat, Un voyage d'état-major de corps d'armée : compte rendu détaillé, Paris, R. Chapelot, , 266 p. (lire en ligne).
  8. Paul Pau était jusqu'au début de 1914 désigné pour prendre le commandement de la 2e armée, mais, atteint par la limite d'âge, il est remplacé par Édouard de Castelnau[24].
  9. Joseph Gallieni était désigné pour prendre le commandement de la 5e armée, mais atteint par la limite d'âge le 24 avril 1914 il est remplacé par Charles Lanrezac[66].
  10. Après la Première Guerre mondiale, l'OCEM normalise les wagons avec la mention « Hommes 40 - Chevaux en long 8 » dessus.
  11. Par exemple, le 125e rĂ©giment d'infanterie de Poitiers s'embarque en trois Ă©lĂ©ments, le premier (un bataillon et une section de mitrailleuses) le dans un train de 49 wagons : deux pour les officiers, 30 pour la troupe, dix pour les chevaux et sept pour les voitures[72].
  12. L'« outillage » d'une ligne ferroviaire désigne le gardiennage des voies, le ravitaillement en eau (une locomotive à vapeur consomme plus d'eau que de charbon), les locomotives de renfort pour les pentes fortes, le personnel roulant pour assurer le service de nuit, les block-systèmes pour réduire la distance entre les trains, etc.
  13. Le tronçon de 18 km entre Saint-Florentin et Laroche sur la ligne PLM n'est pas encore Ă©quipĂ© en 1914 pour recevoir un trafic dense[60].
  14. Exemple avec le 152e rĂ©giment casernĂ© Ă  GĂ©rardmer, dont le dĂ©pĂ´t est Ă  Langres, appartenant au 7e corps (41e division de Remiremont) : ses effectifs d'active sont de 2 296 hommes, la mobilisation rajoutant 994 rĂ©servistes dès le , portant ses effectifs Ă  3 290 hommes[89].
  15. Les cartes topographiques allemandes (appelées Meßtischblatt ou Topographische Karte) sont celles éditées par la section géographique du Grand État-Major général de Berlin et en vente libre dans le commerce.
  16. « Après avoir déclaré que la France respecterait cette neutralité d'une façon absolue, il a demandé ce que la Suisse ferait en cas de violation par l'Allemagne de la gare de Bâle et de l'enclave de Porrentruy. Le chef du Département militaire et le chef de l'État-Major général ont déclaré formellement que la Suisse s'opposerait par tous les moyens à l'utilisation par l'Allemagne de la gare de Bâle, même comme gare de garage, ainsi qu'au passage à travers l'enclave Porrentruy. Les déclarations faites à cet égard ont été absolument catégoriques. » Télégramme de l'attaché militaire français en Suisse, le 28 juillet 1914[113].
  17. Par exemple, un bataillon de 712 hommes du 152e rĂ©giment effectue des « marches de reconnaissances dans les Vosges » du 16 au . De telles manĹ“uvres d'entraĂ®nement sont rĂ©alisĂ©es annuellement par ce rĂ©giment, les compagnies simulant l'interception d'unitĂ©s ennemies en pleine montagne. L'ordre de rentrer leur arrive le 27 Ă  1 h 30 du matin, d'oĂą la marche de Vagney Ă  GĂ©rardmer oĂą le bataillon arrive Ă  6 h 45[115].
  18. « Tout militaire dans ses foyers, rappelé à l'activité, qui, hors le cas de force majeure, n'est pas arrivé à destination au jour fixé par l'ordre de route régulièrement notifié, est considéré comme insoumis, après un délai de trente jours, et puni des peines édictées par l'article 230 du Code de justice militaire »[132].
  19. La dotation en mitrailleuses est la mĂŞme en dans les armĂ©es allemande et française : six mitrailleuses par rĂ©giment d'infanterie (sauf dans la rĂ©serve allemande et la Landwehr, moins bien dotĂ©es), soit un total d'environ 5 000 mitrailleuses de part et d'autre. Par contre, le poids d'une de ces mitrailleuses (23 kg pour la MG 08 et la Saint-Étienne) empĂŞche son emploi offensif et le limite Ă  un usage dĂ©fensif. Les Âľ des pertes de l'Ă©tĂ© 1914 sont dues aux obus.

Références

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Voir aussi

Bibliographie

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