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Eugène Étienne

Eugène Étienne est un homme politique français, né le à Oran (Algérie) et mort le à Paris. Il fut avant la Première Guerre mondiale l'un des principaux chefs du « parti colonial », avec Auguste d'Arenberg, et organisa notamment en 1892 le Groupe colonial et des affaires extérieures à la Chambre des députés[1] qui comptait environ deux cents parlementaires [2]. Affilié à l'Alliance démocratique, il était gambettiste.

Biographie

Eugène Étienne, né à Oran, est le fils d'un soldat de la conquête de l'Algérie. Il est employé aux Messageries maritimes et soutient Gambetta à son élection de 1869, avant même la chute du Second Empire. Il est proche d'Émile Bouchet, député radical socialiste. En 1878, il est nommé inspecteur des chemins de fer. En 1879, il fonde un cabinet d'avocats avec Émile Bouchet et Jules Blancsubé. Il est élu sans discontinuer à la Chambre des députés de 1881 à 1919 où il défend les intérêts de l'Algérie française, lui valant le sobriquet de « Notre-Dame des coloniaux »[3]

Eugène Étienne préside la Société Gambetta, il est par ailleurs le chef du parti colonial, le fondateur et président du Comité de l'Asie française, du Comité de l'Afrique française ainsi que du Comité du Maroc. Homme d'affaires avisé, il fut aussi président du conseil d'administration de la Compagnie Générale des Omnibus de Paris[4] et membre du comité consultatif des chemins de fer.

Selon l'historien Charles-Robert Ageron, Eugène Etienne «entraîna la Chambre à exiger la conquête de Madagascar, il fit aboutir l’« Entente cordiale » (1904), ainsi que le protectorat français au Maroc»[5].

Eugène Etienne fonde la Ligue coloniale en 1907 mais comme elle recueillait peu d'adhésions, elle fusionna avec la très populaire Ligue maritime ; de là est née en 1921 la Ligue maritime et coloniale, «première organisation de masse du parti colonial (45 217 adhérents en 1921, peut-être 100 000 en 1930)»[5].

Les intérêts économiques jouent un grand rôle dans l'argumentation d'Eugène Etienne, désireux de promouvoir la colonisation[6]. Il réussit à obtenir le ralliement de milieux d'affaires à la cause du «parti colonial»[6]. L'opinion française étant plus intéressée par la revanche contre l'Allemagne que par la colonisation, Eugène Etienne mise sur une légitimation économique de l'entreprise coloniale pour asseoir son discours de propagande[6].

Il intègre L’Étoile de l’Orient de Mascara en octobre 1889, s'affilie à la loge Cosmos à l’« Orient » de Paris en octobre 1899 et enfin à L’Union de Tlemcen, à l’Orient du même nom, en octobre 1902[7]. Son entrée en franc-maçonnerie serait mue par des motivations carriéristes, et l'idée de profiter des avantages qu'offrent les réseaux d'influence au sein des loges[6]

Il est élu sénateur d’Oran le et meurt l’année suivante[8].

Il meurt d'une crise cardiaque à son domicile 11bis rue Saint-Dominique à Paris. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (94e division)[9].

Hommages passés

Par un arrêté du , le gouverneur général de l'Afrique-Occidentale française (AOF), Ernest Roume, nomma en son honneur le port de la baie du Lévrier (Mauritanie), « Port Étienne »[10], rebaptisée aujourd'hui Nouadhibou.

La commune de Hennaya, actuellement dans la wilaya de Tlemcen (Algérie), avait été baptisée en 1922 « Eugène-Étienne ». C’était un centre de colonisation créé en 1851 par le général Bugeaud[11]. La commune conserve ce nom jusqu’en 1962, avant de redevenir Hennaya.

Une stèle, installée sur la place du Petit-Vichy, au centre d’Oran, a porté la mention « à Eugène Étienne, Oran reconnaissante ». Une des grandes voies d’Oran était dénommée rue Eugène Etienne ; elle porte désormais le nom de rue Mohamed Baghdadi ; à Tlemcen, la rue Eugène Etienne est devenue rue Commandant Djaber.

Une statue d'Eugène Etienne est érigée dans le jardin d'agronomie tropicale de Paris, qui occupe le site de l'ancien jardin d'essai colonial.

Œuvres

Notes et références

  1. Marc Lagana, Le Parti colonial français : éléments d'histoire, Presses universitaires du Québec, 1991, p. 54. consultable sur le site du Google Livres
  2. Jacques Marseille, France et Algérie, journal d'une passion, Paris, Larousse, 2002, p. 143
  3. Arnaud-Dominique Houte, Le triomphe de la République, Normandie, Seuil, , 462 p., p. 138
  4. Jacques Marseille, idem
  5. Histoire coloniale et postcoloniale, « Le « parti colonial », par Charles-Robert Ageron », sur histoirecoloniale.net, (consulté le )
  6. Julie d'Andurain, « Réseaux d’affaires et réseaux politiques : le cas d’Eugène Étienne et d’Auguste d’Arenberg », paru dans Bonin Hubert, Klein Jean-François, Hodeir Catherine (dir), L’Esprit Économique impérial, groupes de pression et réseaux du patronat colonial en France et dans l'Empire, Revue française d’histoire d’outre-mer, SFHOM, , p. 85-102 (en ligne)..
  7. Patrice Morlat, La République des frères, Perrin, , 844 p.
  8. Jean Jolly, Dictionnaire des Parlementaires français (1960/1977)
  9. Paul Bauer, Deux siècles d'histoire au Père Lachaise, Mémoire et Documents, , 867 p. (ISBN 978-2-914611-48-0), p. 318
  10. Jean Abel Gruvel, Les pêcheries des côtes du Sénégal et des rivières du Sud, A. Challamel, Paris, 1908, p. 13 (ISBN 2-11-091134-4)
  11. Yvon Grasset, Eugène Étienne Hennaya, un village qui travaillait dur, in Bulletin de la société Les Amis du vieux Tlemcen, 1956

Voir aussi

Bibliographie

Julie d'Andurain, « Réseaux d’affaires et réseaux politiques : le cas d’Eugène Étienne et d’Auguste d’Arenberg », paru dans Bonin Hubert, Klein Jean-François, Hodeir Catherine (dir), L’Esprit Économique impérial, groupes de pression et réseaux du patronat colonial en France et dans l'Empire, Revue française d’histoire d’outre-mer, SFHOM, , p. 85-102 (en ligne).

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