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Cuirassier

Un cuirassier est un cavalier militaire lourdement équipé et armé. Les cuirassiers étaient protégés par une cuirasse, ce qui leur a donné leur nom. La première mention du terme de cuirassiers remonte à 1484 en référence à une unité autrichienne d'une centaine d'hommes servant au sein de l'armée de l'empereur Maximilien Ier. Les cuirassiers firent leur première apparition en France en 1665.

Cuirassier français pendant la Guerre franco-prussienne de 1870 par Alphonse de Neuville.

Origines

Cuirassiers de Pappenheim tirant au pistolet.

Les nouvelles tactiques de l'infanterie, comme celles mises en œuvre par l'infanterie suisse pendant la Renaissance, ainsi que le développement des armes à feu, vont amener à reconsidérer le rôle de la cavalerie : la mort du chevalier Bayard, tué par un arquebusier dans l'une des dernières charges d'une bataille perdue, est à ce propos particulièrement emblématique.

L’évolution principale est l’apparition d’un nouveau corps de cavalerie, équipé et combattant de façon innovante, les cuirassiers. Le cuirassier est équipé d’arme à feu (pistolet) ; il est moins lourdement défendu que le chevalier armé d’une lance. L’usage de l’arme à feu impose une nouvelle tactique de combat : la charge au galop, ou même au trot, interdit le tir. Étant donné l’imprécision des armes à feu de l’époque, la seule allure adoptable est le pas. La tactique de la caracole est mise au point pour tenir compte de cette contrainte : les cuirassiers sont disposés sur plusieurs rangs ; le premier rang, arrivé à portée de tir, tourne à gauche et fait feu sur l’ennemi, puis se replie derrière en dernier rang. Les rangs suivants font de même[1]. Cette tactique, qui ne requiert pas d’allure rapide, exécutée par des cavaliers moins lourdement armés que les lanciers, permet d’équiper les cuirassiers de chevaux moins coûteux, et ainsi d’augmenter leurs effectifs.

Les cuirassiers dans l'armée française

Création des régiments de cuirassiers en France[2]

Issus de la grosse cavalerie de l’Ancien régime, et de la cavalerie de bataille de la Révolution française, les premiers régiments de cuirassiers sont véritablement créés en France en 1801, sous le Consulat. Loin de procéder d’une quelconque mode militaire, ce nouveau type de cavalerie constitue véritablement l’un des bras armés de la tactique napoléonienne.

Bonaparte vient d’accéder au pouvoir à la fin de l’année 1799. Tirant les enseignements de sa victorieuse campagne de 1800 en Italie, il profite des trois années de paix qui s’ensuivent pour réorganiser complètement son armée et notamment ses troupes à cheval. Rationalisant leur composition, le Premier Consul crée progressivement, entre et , une nouvelle subdivision : les cuirassiers. Tirant leur nom du port d’un plastron et d’une dossière en fer appelés cuirasse dont l’usage est alors tombé en désuétude dans la cavalerie française depuis près d’un demi-siècle, ces régiments vont être regroupés en brigades et en divisions et constituer les fameux corps de réserve de cavalerie de la Grande Armée. Douze puis bientôt quatorze régiments seront ainsi créés pour participer à toutes les campagnes et illustrer brillamment les grands principes de la tactique napoléonienne depuis leur éclatant succès sur le plateau de Pratzen, lors de la bataille d’Austerlitz le , jusqu’à leur évanouissement dans les charges désespérées sur les pentes de mont Saint-Jean, lors de la bataille de Waterloo le .

Cuirassiers français sous le Ier Empire

Troupier du 8e cuirassier en 1809.
Cuirassier de l'armée napoléonienne, lors d'une reconstitution historique.

La rĂ©forme de NapolĂ©on Bonaparte du 1er vendĂ©miaire an XII ayant menĂ© Ă  une totale rĂ©organisation de la cavalerie française et Ă  la crĂ©ation de 12 rĂ©giments de cuirassiers, ceux-ci sont organisĂ©s en 4 escadrons de 2 compagnies, Ă  raison de 200 hommes par escadron. En 1807, le rĂ©giment passe de 4 Ă  5 escadrons avec un effectif de 1 040 hommes. MalgrĂ© la suppression du 5e escadron en 1809, l’effectif ne diminuera pas. Un 13e et un 14e rĂ©giment sont constituĂ©s en 1808 et en 1812.

Les cuirassiers faisaient partie avec les carabiniers de la cavalerie lourde, aux côtés des dragons et lanciers (cavalerie de ligne) et des hussards et chasseurs à cheval (cavalerie légère).

La taille minimale des cuirassiers était fixée à 1,73 m. Outre la cuirasse (équipement dont étaient dépourvus les trompettes), ils recevaient une carabine - aussi appelé mousqueton -, une latte (un sabre droit), et deux pistolets. La sellerie se composait d'une schabraque liserée aux couleurs régimentaires en peau de mouton couvrant les fontes, d'une couverture de selle carrée et d'un porte-manteau rectangulaire timbré du n° du régiment. La puissance de leurs charges était telle, qu’ils étaient surnommés familièrement « Les gros frères » ou « Les hommes de fer » : Balzac, dans le Colonel Chabert, et Victor Hugo, dans les Misérables, ont décrit ces charges comme faisant trembler tout le champ de bataille. Les cuirassiers furent commandés par les plus grands généraux de l'ère napoléonienne: Murat, Ney, La Tour-Maubourg, d'Hautpoul, Espagne, etc.

Régiments français de cuirassiers

Lieutenant de cuirassiers, officier d'ordonnance à un général commandant un corps d'armée, en grande tenue par Édouard Detaille (1880).
Cuirassiers à Paris, en août 1914.

Dans l’armée française, le rouge est la couleur traditionnelle des cuirassiers. Leurs régiments sont appelés familièrement Cuirs (1er Cuirs, 2e Cuirs, etc.)

  • 1er cuirassiers : appelĂ© Turenne-Cavalerie ou Colonel GĂ©nĂ©ral de Cavalerie sous l’Ancien RĂ©gime, il a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en 1631 et fut commandĂ© par Turenne de 1651 Ă  1657. Sa devise est Certum Monstrat Iter (« il montre le chemin »). Il faisait partie depuis le du 1er-11e rĂ©giment de cuirassiers basĂ© Ă  Carpiagne. RenommĂ© en 2009, 4e rĂ©giment de dragons.
  • 2e cuirassiers : crĂ©Ă© en 1635 par Richelieu, il a pris le nom de Cardinal-Duc, puis de Royal-Cavalerie en 1643. Sa devise est E Pluribus Impar (« Sans Ă©gal parmi les meilleurs »). Dissous en 1991 pour intĂ©grer le 1er-11e rĂ©giment de cuirassiers.
  • 3e cuirassiers : Commissaire-GĂ©nĂ©ral crĂ©Ă© en 1645 et a Ă©tĂ© dissous en 1815.
  • 4e cuirassiers : crĂ©Ă© en 1643 sous le nom de La Reine-Mère, il a pris le nom de La Reine en 1666.
  • 5e cuirassiers : crĂ©Ă© en 1653 et appelĂ© Stanislas-Roi en 1725, puis Royal Pologne en 1737.
  • 6e cuirassiers : Il faisait partie en 1994 du 6e-12e rĂ©giment de cuirassiers basĂ© Ă  Olivet. RenommĂ© en 2009, 12e rĂ©giment de cuirassiers.
  • 7e cuirassiers : crĂ©Ă© en 1659 Ă  partir de plusieurs rĂ©giments Ă©trangers au service de la France.
  • 8e cuirassiers : crĂ©Ă© en 1665 ancien Cuirassiers du Roi.
  • 9e cuirassiers: crĂ©Ă© en 1666 sous le nom de Artois. Dissous en 1946.
  • 10e cuirassiers : crĂ©Ă© en 1643 sous le nom de Royal-Cravates. Dissous en 1940.
  • 11e cuirassiers : crĂ©Ă© Ă  la suite du regroupement de compagnies de carabiniers en 1693, il est l’hĂ©ritier du Royal Roussillon, lui-mĂŞme issu en 1668 du rĂ©giment de Montclar Catalan. Il faisait partie depuis le du 1er-11e rĂ©giment de cuirassiers basĂ© Ă  Carpiagne. RenommĂ© en 2009, 4e rĂ©giment de dragons.
  • 12e rĂ©giment de cuirassiers d'Olivet : crĂ©Ă© en 1668, le rĂ©giment est appelĂ© Dauphin cavalerie, ce rĂ©giment est le dernier rĂ©giment de cuirassiers encore en activitĂ© dans l'armĂ©e française contemporaine. Il est basĂ© Ă  Olivet (Loiret) et a pour de vise In periculo ludunt (« Au danger, mon plaisir »).
  • 13e cuirassiers: crĂ©Ă© en 1807, dissous en 1814, recrĂ©Ă© en 1891, dissous en 1913 pour former le 32e rĂ©giment de dragons.
  • 14e cuirassiers polonais
  • 14e cuirassiers
  • 15e cuirassiers: Seuls les souvenirs militaires du Colonel de Gonneville font mention Ă  ce rĂ©giment. Il aurait Ă©tĂ© formĂ© Ă  l'aide des dĂ©pĂ´ts des 2e, 3e, 4e Cuirassiers lors du siège de Hambourg entre et . L'existence de ce rĂ©giment est donc Ă  prendre avec prĂ©caution. Dans les diffĂ©rents ordres de bataille de cette pĂ©riode on ne trouve aucune mention au 15e Cuirassiers.

La mécanisation du XXe siècle a transformé ces régiments en régiments blindés. Certains ont gardé le titre de régiments de cuirassiers et sont équipés des matériels blindés les plus puissants, tels que les chars d'assaut AMX-30 et AMX 56 Leclerc.

Cuirassiers français durant la Première Guerre mondiale

En 1914, les régiments de cuirassiers participent principalement aux opérations de couverture, ainsi qu'à la bataille de la Marne et à la course à la mer.

En 1915, la guerre de mouvement ayant laissé place à la guerre de position, les régiments sont engagés dans la guerre des tranchées et abandonnent la cuirasse[4]. Le les 4e, 5e, 8e, 9e, 11e et 12e régiments de cuirassiers, sont démontés et deviennent des « régiments de cuirassiers à pied » et prennent les noms de 4e, 5e, 8e, 9e, 11e et 12e régiments de cuirassiers à pied

En avril 1917, la 1re division provisoire de cuirassiers à pied, composée des 4e, 9e et 11e régiments de cuirassiers à pied, sous les ordres du général Brécart est créée.

En janvier 1918, la 1re division provisoire de cuirassiers à pied devient la 1re division de cuirassiers à pied, toujours sous les ordres du général Brécart et la 2e division de cuirassiers à pied composée des 5e, 8e et 12e régiments de cuirassiers à pied, sous les ordres du général Brécart est créée.
Ces divisions à pied sont engagées dans la quatrième bataille de Champagne, la seconde bataille de la Somme, l'offensive Meuse-Argonne... tandis que les régiments montés sont engagés dans les actions de poursuite des troupes allemandes.

Après la victoire certains régiments de cuirassiers sont dissous :

Les régiments restant sont remontés.

Paronymie

Kuirassier-Regiment von Seydlitz, Prusse 1757 d'après Richard Knötel. Les cuirassiers prussiens ne portaient que la demi-cuirasse frontale.

Notes et références

  1. Frédéric Chauviré, « Le problème de l’allure dans les charges de cavalerie du XVIe au XVIIIe siècle », Revue historique des armées, 249 | 2007, mis en ligne le 1er août 2008. Consulté le 16 août 2010.
  2. Olivier Lapray & André Jouineau, « Officiers et soldats des cuirassiers 1800-1815 », Histoire & Collections 2011.
  3. « Cuirassier blessé, quittant le feu », sur Musée du Louvre (consulté le ).
  4. Les Cuirassiers de France 1665-2009

Voir aussi

Cuirassier italien de la fin du XIXe siècle.

Bibliographie

  • Olivier Lapray, « Dictionnaire des officiers de cuirassiers 1804-1815 », Histoire & Collections 2008.
  • Olivier Lapray & AndrĂ© Jouineau, « Officiers et soldats des cuirassiers 1800-1815 », Histoire & Collections 2011.
  • Patrick Bouhet, « Cuirassiers : La force de frappe de NapolĂ©on », Guerres & Histoire,‎ , p. 72-76 (ISSN 2115-967X)
  • Les Ă©poux belges Liliane et Fred Funcken avec leurs sĂ©ries d'Ă©tudes :
+ Le Costume et les Armes des soldats de tous les temps (2 tomes) ;
+ L'Uniforme et les Armes des soldats de la guerre en dentelle (XVIIIe siècle) (id.) Casterman 1975 (ISBN 2203143150) pour le tome 1 et 1976 (ISBN 2203143169) pour le tome 2;
+ L'Uniforme et les Armes des soldats du Premier Empire (id.) ;
+ L'Uniforme et les Armes des soldats du XIXe siècle (id.) ;
+ L'Uniforme et les Armes des soldats de la guerre 1914-1918 (id.) ;

Articles connexes

Liens externes

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