AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

BĂ©ryllium

Le bĂ©ryllium est l'Ă©lĂ©ment chimique de numĂ©ro atomique 4, de symbole Be. Dans le tableau pĂ©riodique, c'est le premier reprĂ©sentant des mĂ©taux alcalino-terreux. Son nom vient du grec ÎČÎźÏÏ…Î»Î»ÎżÏ‚ / beryllos qui dĂ©signait l'aigue-marine ou l'Ă©meraude.

BĂ©ryllium
Image illustrative de l’article BĂ©ryllium
Position dans le tableau périodique
Symbole Be
Nom BĂ©ryllium
Numéro atomique 4
Groupe 2
Période 2e période
Bloc Bloc s
Famille d'éléments Métal alcalino-terreux
Configuration Ă©lectronique [He] 2s2
Électrons par niveau d’énergie 2, 2
Propriétés atomiques de l'élément
Masse atomique 9,012 183 1 ± 0,000 000 5 u
Rayon atomique (calc) 112 pm
Rayon de covalence 96 ± 3 pm[1]
État d’oxydation 2
ÉlectronĂ©gativitĂ© (Pauling) 1,57
Oxyde AmphotĂšre
Énergies d’ionisation[2]
1re : 9,322 70 eV 2e : 18,211 14 eV
3e : 153,896 61 eV 4e : 217,718 65 eV
Isotopes les plus stables
Iso AN PĂ©riode MD Ed PD
MeV
7Betraces
{syn.}
53,22 jΔ0,8627Li
9Be100 %stable avec 5 neutrons
10Betraces
{syn.}
1,387 MaÎČ–0,55610B
Propriétés physiques du corps simple
État ordinaire Solide (diamagnĂ©tique)
Masse volumique 1,848 g·cm-3 (20 °C)[3]
SystĂšme cristallin Hexagonal compact
Dureté (Mohs) 5,5
Couleur Blanc-gris métallique
Point de fusion 1 287 °C[3]
Point d’ébullition 2 471 °C[3]
Énergie de fusion 12,20 kJ·mol-1
Énergie de vaporisation 292,40 kJ·mol-1
Volume molaire 4,85×10-6 m3·mol-1
Pression de vapeur 10 mmHg 1 860 °C)[4]
Vitesse du son 13 000 m·s-1 Ă  20 °C
Chaleur massique 1 825 J·kg-1·K-1
ConductivitĂ© Ă©lectrique 31,3×106 S·m-1
Conductivité thermique 201 W·m-1·K-1
Solubilité sol. dans HCl,

H2SO4 dilué[5]

Divers
No CAS 7440-41-7[6]
No ECHA 100.028.318
No CE 231-150-7
Précautions
SGH[7]
SGH06 : ToxiqueSGH08 : Sensibilisant, mutagÚne, cancérogÚne, reprotoxique
Danger
H301, H315, H317, H319, H330, H335, H350i, H372, P201, P260, P280, P284, P301, P305, P310, P338 et P351
SIMDUT[8]
BĂ©ryllium massif :
D2A : MatiĂšre trĂšs toxique ayant d'autres effets toxiques
D2A, D2B,
Béryllium pulvérulent :
B4 : Solide inflammableD1A : MatiÚre trÚs toxique ayant des effets immédiats graves
B4, D1A, D2A, D2B,
NFPA 704
Transport[9] - [10]
;;

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

Dans les conditions normales de température et de pression, le corps simple est un métal d'aspect gris acier, léger et fragile. Le béryllium métallique, ses alliages et ses composés chimiques sont toxiques et peuvent provoquer une inflammation des poumons appelée bérylliose.

Caractéristiques notables

Bloc de béryllium.

Le béryllium a le point de fusion le plus élevé de tous les métaux légers. Il est plus léger (2700->1850 kg*m^3) mais plus fragile que l'aluminium: Son module de Young est plus de 6 fois plus élevé (67,5 ->294 GPa) , mais sa résistance élastique est plus faible (180->60MPa)..

Sa ductilité est approximativement d'un tiers plus grande que celle de l'acier. Il possÚde une excellente conductivité thermique, est non magnétique et résiste à l'acide nitrique concentré.

Il est fortement perméable aux rayons X, et libÚre des neutrons quand il est frappé par des particules alpha, comme celles émises par le radium ou le polonium.

Aux conditions normales de température et de pression, le béryllium résiste à l'oxydation quand il est exposé à l'air. Il se forme une fine couche d'oxyde qui lui donne sa capacité à rayer le verre.

Dans la nature, on le trouve principalement sous forme d'oxydes ou d'aluminosilicates complexes appelĂ©s bĂ©ryls, dont les reprĂ©sentants prĂ©cieux les plus connus sont l'Ă©meraude et l'aigue-marine. On l'exploite Ă  partir d'une trentaine de minerais (bertrandite et bĂ©ryl surtout). Les principales mines mondiales sont aux États-Unis, en Chine et au Mozambique. Aucune n'est ouverte en Europe.

Utilisations

Le bĂ©ryllium est utilisĂ© dans de nombreux domaines, ce qui a conduit Ă  le mentionner dans la liste des 27 matiĂšres premiĂšres minĂ©rales critiques mais du fait de sa toxicitĂ© (cf. #ToxicitĂ©) il est, lĂ  oĂč cela est possible, remplacĂ© par des matĂ©riaux de substitution.

Alliages

Le béryllium est principalement employé comme agent durcissant dans certains alliages, notamment le Moldmax, un alliage de cuivre-béryllium utilisé pour la fabrication de moules pour matiÚres plastiques. Ces alliages sont à la fois légers, rigides, résistants à la chaleur et possÚdent un faible coefficient de dilatation.

Le béryllium est également incorporé dans certains alliages spéciaux, par exemple des matériaux utilisables pour le frottement.

On les retrouve dans les clubs de golf, les balanciers de montre (anti-magnétique), les gyroscopes, des applications spatiales (les miroirs du télescope spatial James Webb sont en béryllium) et aéronautiques. Il a été utilisé en Formule 1 pour son rapport exceptionnel entre son module d'élasticité et sa densité, puis pour la réalisation d'étriers de frein et de pistons sous la forme d'alliages Aluminium-Béryllium. Il a été utilisé également pour la fabrication de siÚges de soupapes et de guides de soupapes en particulier pour un usage en compétition automobile puis interdit dans les moteurs de compétition en raison de sa haute toxicité. Il avait été utilisé avant cela dans l'aéronautique pour les ressorts de soupapes des moteurs à pistons (bronze au béryllium).

Il permet également de fabriquer des outils non déflagrants pour l'industrie des explosifs.

La marque Porsche expérimenta le béryllium pour la fabrication de disques de freins afin de réduire la masse de ceux-ci (le gain de masse pour les 4 disques en béryllium en lieu et place des disques en acier étaient de l'ordre de dix à quinze kilogrammes selon l'auto), une premiÚre fois à Hockenheim en 1966 dans les 906 [11] mais la faible fiabilité et le coût de ceux-ci firent revenir les ingénieurs à des disques conventionnels en acier pour le reste de la saison. Les disques en béryllium furent par la suite expérimentés en course de cÎte, toujours par Porsche, sur la 909 "Bergspyder" avec plus de succÚs, le faible poids de l'auto (moins de 400 kg à sec), la légÚreté aidant naturellement à réduire les besoins en dissipation de l'énergie cinétique et la faible durée d'exploitation de l'auto (quelques kilomÚtres maximum), les disques en béryllium toléraient suffisamment les besoins pour cette utilisation spécifique[12]. Ils furent à nouveau testés en vue de courses de sport-prototypes sur la 908/3[13] jusqu'en 1969 mais de nouveau avec des résultats peu concluants. Le coût trÚs élevé ne permettant pas la mise en application sur les autos "clientes" alors nécessaire pour les programmes de développement de la marque et la forte toxicité de ces éléments pour les pilotes et les mécaniciens poussÚrent le constructeur à cesser le développement d'éléments de friction en béryllium.

Domaine nucléaire

Mélangé à un émetteur alpha, comme l'américium, ou gamma de forte énergie s'il est utilisé comme source de neutrons de longue durée de vie nécessaire au fonctionnement des réacteurs.

RĂ©actions mises en Ɠuvre :

4
2
He
+ 9
4
Be
⟶1
0
n
+12
6
C
;
1
0
n
+ 9
4
Be
⟶ 21
0
n
+ 24
2
He
– 1,57 MeV ;
Îł+ 9
4
Be
⟶1
0
n
+ 24
2
He
– environ 2,0 MeV.

Le béryllium est également utilisé comme modérateur sous forme d'oxyde (la glucine) dans quelques réacteurs nucléaires et comme source complémentaire de neutrons dans le réacteur expérimental à fusion ITER.

Filtre à neutrons, pour obtenir des faisceaux de neutrons « propres » débarrassés d'autres particules.

Autres applications

L'oxyde de bĂ©ryllium est utilisĂ© en Ă©lectronique, particuliĂšrement en haute frĂ©quence et dans le domaine de la haute tension. Ce corps possĂšde en effet la propriĂ©tĂ© d'ĂȘtre un bon isolant Ă©lectrique (faibles pertes diĂ©lectriques), tout en ayant une bonne conductivitĂ© thermique. Cependant son utilisation comme isolant dans les semi-conducteurs, (entre les pastilles de silicium et les boĂźtiers), a largement cĂ©dĂ© la place Ă  d'autres matĂ©riaux beaucoup moins toxiques comme l'alumine.

Ses emplois comme isolant et matériau de contact extérieur dans l'électronique, ainsi que son incorporation dans les graisses silicones ont été aussi abandonnés, du fait des risques trÚs importants pour la santé.

Dans les applications « grand public », des fabricants d'enceintes, par exemple Yamaha (NS-1000), Focal JMlab, TAD (matĂ©riel professionnel et haut de gamme Pioneer), et de membranes comme Electrofusion Products, l'utilisent pour former des membranes de haut-parleurs d'aigus de trĂšs haute qualitĂ©, capable de reproduire des frĂ©quences jusqu'Ă  60 000 hertz. En effet, la rigiditĂ© et la lĂ©gĂšretĂ© du matĂ©riau sont des atouts pour cet usage (frĂ©quence propre de la membrane trĂšs Ă©levĂ©e).

En géomorphologie et en paléosismologie, l'isotope 10Be, créé par les rayons cosmiques, est utilisé pour la datation par isotopes cosmogéniques de surfaces ou pour la détermination de taux d'érosion.

Les glaciologues ont trouvĂ© deux pics de concentration en bĂ©ryllium dans les carottes glaciaires polaires au nord comme au sud : dans le forage Vostok[14] - [15], dans le forage Byrd[16], dans le forage GRIP[15] et dans le dĂŽme C (projet EPICA)[17], vers −40 000 ans. On pense qu'ils sont dus Ă  l'Ă©vĂ©nement de Laschamp, une courte pĂ©riode d'affaiblissement du champ magnĂ©tique terrestre[18] qui aurait permis une irradiation de la Terre entraĂźnant la production d'isotopes cosmogĂ©niques. Ce double pic est utilisĂ© pour tenter de caler les datations des forages glaciaires.

Le bĂ©ryllium a Ă©tĂ© employĂ© en dentisterie oĂč il entre dans la composition d'alliages destinĂ©s Ă  la rĂ©alisation de prothĂšses dentaires (couronnes, armatures de bridge). Sa capacitĂ© Ă  faciliter l'adhĂ©sion de la cĂ©ramique l'a fait incorporer Ă  un grand nombre d'alliages, prĂ©cieux ou non prĂ©cieux, destinĂ©s Ă  la rĂ©alisation de chapes pour couronnes ou bridges cĂ©ramo-mĂ©tal. Depuis 2002, la norme ISO limite le bĂ©ryllium Ă  0,02 % de la masse totale. Cependant, nombreux sont ceux qui ont encore en bouche des alliages dont la teneur en bĂ©ryllium dĂ©passe cette norme.

Autre utilisations de ses propriĂ©tĂ©s cristallines : FenĂȘtre Ă  rayons X, par exemple fenĂȘtre d'un tube Ă  rayons X ou d'un dĂ©tecteur de rayons X : la fenĂȘtre isole l'intĂ©rieur de l'appareil de l'environnement.

Isotopes

Le bĂ©ryllium possĂšde 12 isotopes connus, avec un nombre de masse variant entre 5 et 16. Seul 9Be est stable et reprĂ©sente la quasi-intĂ©gralitĂ© du bĂ©ryllium naturel. Deux des radioisotopes du bĂ©ryllium ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©s dans la nature : 10Be d'une demi-vie de 1,39 million d'annĂ©es, et 7Be d'une demi-vie de 53,22 jours ; tous deux sont des nuclĂ©ides cosmogĂ©niques crĂ©Ă©s par interaction entre les rayons cosmiques avec les noyaux des atomes de l'air. Les autres radioisotopes ont des demi-vies trĂšs courtes et ne sont dĂ©tectables que dans les instruments qui ont servi Ă  les crĂ©er artificiellement.

Histoire

Le nom bĂ©ryllium vient du mot grec ÎČÎźÏÏ…Î»Î»ÎżÏ‚ (berullos), bĂ©ryl, qui vient lui-mĂȘme de bĂȘrullos, cristal. À une Ă©poque il Ă©tait nommĂ© glucinium (symbole : Gl), du grec ÎłÎ»Ï…Îșύς (glukĂșs), doux, un qualificatif dĂ» au goĂ»t sucrĂ© de ses sels.

Cet élément aurait été découvert par Louis-Nicolas Vauquelin, en 1798, sous forme d'oxyde (BeO) dans le béryl et dans les émeraudes. Friedrich Wöhler et Antoine Bussy l'isolÚrent indépendamment en 1828 en faisant réagir du potassium sur du chlorure de béryllium. Sa masse atomique fut déterminée par le chimiste suédoispreciser lequel.

La production de bĂ©ryllium Ă  Ă©chelle industrielle ne commence vĂ©ritablement qu'aprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale. Durant les annĂ©es 1920, elle est initialement soutenue par Siemens & Halske en Europe et par Union Carbide et Carbon Corporation aux États-Unis[19]. Dans les annĂ©es 1930, les seuls producteurs au monde sont les États-Unis et l'Allemagne. Alors qu'en AmĂ©rique du Nord, le marchĂ© est sĂ©parĂ© entre The Beryllium Corporation (utilisation des brevets de Hugh S. Cooper) et The Brush Beryllium Company (patentes de Michael G. Corson), l'Europe reste sous la domination de l'entreprise allemande H. Vaccumschmelze AG, cette derniĂšre produisant sous licences de Siemens[20].

Toxicité

PrĂ©sentation - Écotoxicologie

Le bĂ©ryllium est un mĂ©tal trĂšs toxique, non radioactif. Il est classĂ© parmi les Ă©lĂ©ments les plus toxiques comme l'arsenic (As), le cadmium (Cd), le chrome (Cr), le plomb (Pb), le thallium (Tl) et le mercure (Hg). Le bĂ©ryllium agit comme un poison cancĂ©rigĂšne, affectant les membranes cellulaires et se liant Ă  certaines protĂ©ines rĂ©gulatrices dans les cellules. Le bĂ©ryllium peut rester dĂ©tectable dans l’urine jusqu'Ă  10 ans aprĂšs l’exposition. Il est classĂ© cancĂ©rogĂšne de catĂ©gorie 1 par l'Union europĂ©enne et est donc en France soumis au dĂ©cret CMR 2001-97 du (qui vaut pour toute exposition au bĂ©ryllium).

Le béryllium est écotoxique (et notamment cancérigÚne)[21]. C'est le plus petit des cations métalliques. Et s'il semble relativement peu mobile dans les eaux à pH neutre ou alcalin, il l'est par contre dans les sols ou milieux naturellement acides (fréquent dans une grande partie du monde) ou rendus acides par l'Homme.

La faible abondance naturelle du bĂ©ryllium (3×10-4 %) fait qu'il ne pose pas de problĂšme environnemental particulier, mais il peut ĂȘtre concentrĂ© dans les charbons et dans les roches granitiques comme les pegmatites sous forme de plusieurs minĂ©raux : bertrandite, bĂ©ryl... Il circule alors avec une biodisponibilitĂ© et une propension encore mal Ă©valuĂ©e Ă  se concentrer dans certains organes ou chez certaines espĂšces[22] - [23]. Les usages thermiques du charbon en ont injectĂ© une quantitĂ© significative dans l'atmosphĂšre, dont les retombĂ©es ont enrichi les milieux autour des sites industriels et urbains utilisant le charbon (souvent associĂ© Ă  des pluies acides, notamment pour les charbons Ă  forte teneur en soufre).

Il y a des polémiques sur son emploi en dentisterie dans les prothÚses dentaires.

La détection du béryllium dans le corps humain à des doses trÚs élevées est toujours associée à des effets nocifs (de gravité variable). Le béryllium est :

Ceci se traduit par des effets sur la santé, qu'on classe en plusieurs catégories :

Effets non cancérigÚnes

L’inhalation de « grandes » concentrations de bĂ©ryllium (plus de mg par mĂštre cube d’air), ou une inhalation prolongĂ©e (plus d'une dizaine d'annĂ©es) mĂȘme de faibles doses, peut engendrer une maladie nommĂ©e maladie chronique du bĂ©ryllium ou bĂ©rylliose (ou CBD pour Chronic Beryllium Disease). Cette maladie affecte les poumons, prĂ©sente de nombreux points communs avec la pneumonie et peut Ă©voluer vers une insuffisance cardiorespiratoire grave.

ModĂšle animal : Alors que l'ingestion du bĂ©ryllium par le corps humain n'a pas montrĂ© d'effets directs et nocifs sur l'estomac et l'intestin, l’ingestion du bĂ©ryllium par des animaux engendre la prĂ©sence de lĂ©sions au niveau de ces organes.

Sensibilisation : Certaines personnes deviennent hypersensibles au bĂ©ryllium (elles dĂ©veloppent une rĂ©action allergique Ă  cet Ă©lĂ©ment). Chez quelques personnes, l’exposition directe du bĂ©ryllium (contact cutanĂ©) a causĂ© des lĂ©sions de la peau avec ou sans granulomatose et des inflammations des voies respiratoires.

Effets cancérigÚnes

Plusieurs Ă©tudes[24] ont Ă©tĂ© faites sur l’augmentation du nombre de dĂ©cĂšs dus Ă  un cancer du poumon chez les personnes employĂ©es dans des usines utilisant le bĂ©ryllium.

Sources de contamination du corps humain

La contamination du corps humain par le béryllium se fait principalement par 4 voies :

  • par inhalation d’air contenant des particules de bĂ©ryllium (poussiĂšres, fumĂ©es, vapeurs, nanoparticules issues de l'abrasion) ;
  • par ingestion d'aliments et d'eau contaminĂ©s ;
  • Ă  la suite de la corrosion des alliages bĂ©rylliĂ©s prĂ©sents en bouche ;
  • par contamination cutanĂ©e et transcutanĂ©e, trĂšs sensibilisante « L’apport de l’absorption cutanĂ©e est de plus en plus suspectĂ©e dans le dĂ©veloppement de la sensibilisation »[25] - [26].

Contamination par les eaux potables

On peut le trouver dans les eaux naturelles et les effluents industriels Ă  l'Ă©tat de traces. En gĂ©nĂ©ral, la concentration du bĂ©ryllium dans les eaux naturelles et les eaux usĂ©es varie entre 0,1 et 500 ÎŒg/L, mais quand cette concentration dĂ©passe 0,2 ÎŒg/L, on commence Ă  parler d’un problĂšme environnemental[27].

Contamination par l'air

Le bĂ©ryllium peut ĂȘtre trĂšs nocif quand il est inhalĂ©. En fait, il y a une grande corrĂ©lation entre le taux de bĂ©ryllium dans l’urine humaine et celui dans l’air, ce qui prouve que la contamination dans le corps humain n’est pas due seulement Ă  des pollutions des eaux mais aussi de l’atmosphĂšre.

Contamination par les prothĂšses dentaires

Au contact de la salive tout alliage contenant du béryllium se corrode et libÚre des ions qui diffusent dans les tissus environnants et sont en partie ingérés. La corrosion est d'autant plus forte avec ces alliages que le béryllium, métal trÚs réactif, réagit en présence de tout autre métal. L'intoxication chronique qui résulte de la diffusion permanente d'ions béryllium dans le corps est un facteur de dérÚglement du systÚme immunitaire, en particulier chez les personnes allergiques (ou sensibilisées au béryllium à la suite d'un contact prolongé).

Les dentistes (au fraisage) et les prothésistes dentaires y sont également exposés par leur travail (en 1990, 50 % des prothésistes dentaires utilisaient un alliage au béryllium).

Béryllium et santé des travailleurs

Les maladies respiratoires et pulmonaires induites par l'exposition au bĂ©ryllium (Be) et Ă  des particules en contenant sont connues et ont Ă©tĂ© trĂšs Ă©tudiĂ©es ; Elles ont permis de montrer qu'une exposition au Be excĂ©dant 100 ÎŒg/m3 pouvait causer des pneumopathies graves, alors qu’une exposition chronique cause des dĂ©sordres pulmonaires dits « maladies chroniques causĂ©es par le bĂ©ryllium » (MCB) ou bĂ©rylliose.

Selon l'Institut national de recherche et de sĂ©curitĂ©[28], en France environ 12 000 salariĂ©s sont exposĂ©s au bĂ©ryllium dont 6 000 en mĂ©canique gĂ©nĂ©rale, 3 000 prothĂ©sistes dentaires et de nombreux autres (fabrication de composants Ă©lectroniques et d'instrumentation scientifique, optique Ă©lectronique, bijouterie, usinage par enlĂšvement de matiĂšre ou abrasion, recyclage des dĂ©chets, utilisation de poudres Ă  base de sels de bĂ©ryllium destinĂ©es Ă  enduire l'intĂ©rieur des tubes Ă  fluorescence, fabrication d'aluminium avec un risque plus Ă©levĂ© pour les fondeurs et conducteurs de cuves d'Ă©lectrolyse


Ce produit n'a pas d'odeur et est indĂ©tectable par les moyens habituels. De plus, bien des produits en contenant n’ont pas de fiche de donnĂ©es de sĂ©curitĂ©, ce qui explique qu'il est trop souvent oubliĂ© dans l’évaluation environnementales et des risques professionnels, et que la valeur limite pourrait ĂȘtre assez souvent dĂ©passĂ©e. (« les entreprises concernĂ©es ne sont pas toujours conscientes du danger auxquelles elles exposent certains de leurs travailleurs » rĂ©-alertait l'INRS en 2009[28].

Cette maladie (tableau no 33 des maladies professionnelles), est par ailleurs selon l'INRS encore « souvent non-diagnostiquée et probablement sous-déclarée » et elle est d'autant plus facilement confondue avec la sarcoïdose que les patients ignorent généralement qu'ils ont été en contact avec du béryllium[28].

Valeur Limite d'Exposition Professionnelle (VLEP VLEP 8H) : elle Ă©tait de 2 Â”g/m3 en France et dans plusieurs pays mais elle devra sans doute prochainement ĂȘtre revue Ă  la baisse car « des Ă©tudes Ă©pidĂ©miologiques ont incitĂ© des organismes amĂ©ricains Ă  proposer en 2006 une valeur beaucoup plus basse »[28] - [29].

La valeur d'exposition moyenne pondĂ©rĂ©e (VEMP) est de 0,15 Â”g/m3 selon l’annexe 1 du RĂšglement sur la santĂ© et la sĂ©curitĂ© du travail (RSST) (2007). La VEMP prĂ©cĂ©dente de 2 Â”g/m3, toujours en vigueur dans diffĂ©rents pays, ne permet pas d’éviter la sensibilisation au bĂ©ryllium[30].

Tests : Depuis la fin des annĂ©es 1980 un test de laboratoire est couramment utilisĂ© pour dĂ©celer la sensibilisation d’un travailleur au bĂ©ryllium; il s’agit du test de prolifĂ©ration des lymphocytes en prĂ©sence de bĂ©ryllium le beryllium lymphocyte proliferation test (BeLPT).

C'est par exemple le test le plus utilisĂ© pour dĂ©tecter si les ouvriers travaillant sur des rĂ©acteurs nuclĂ©aires prĂ©sentent des symptĂŽmes du CBD ou Chronic Beryllium Disease. Un test positif indique que le systĂšme immunitaire de l'individu est capable de rĂ©agir Ă  la prĂ©sence de bĂ©ryllium dans l'organisme et que le patient prĂ©sente un risque trĂšs Ă©levĂ© de dĂ©velopper cette maladie durant l'exposition[31]. mais il existe une controverse dans la communautĂ© scientifique quant Ă  sa valeur prĂ©dictive pour la bĂ©rylliose. Une personne pourra avoir un BeLPT positif sans ĂȘtre nĂ©cessairement porteuse d’une bĂ©rylliose. Sachant qu’une bĂ©rylliose peut prendre jusqu’à 30 ans Ă  se dĂ©velopper chez une personne sensibilisĂ©e, la corrĂ©lation BeLPT et bĂ©rylliose chronique n’est pas significative Ă  un instant donnĂ©[32].

La sensibilisation par contact cutanĂ© avec de faibles doses Ă©tant possible, de bonnes pratiques de nettoyage et dĂ©contamination sont recommandĂ©es pour rester sous la valeur seuil de 0,2 ÎŒg/100 cm2 de Be (trĂšs difficile pour les surfaces de matĂ©riaux contenant du Be[33]).

Mesures de protection des travailleurs: En milieu contaminĂ©, et dans les usines oĂč le bĂ©ryllium est omniprĂ©sent, le personnel est particuliĂšrement exposĂ©s. Des protections adaptĂ©es (gants, masques, gants et vĂȘtements de protection Ă©pais) rĂ©duisent le risque.

La dĂ©contamination de surfaces polluĂ©s par du Be se fait d'abord par aspiration des poussiĂšres au moyen d'un aspirateur garni d’un « filtre Ă  haute efficacitĂ© » (HEPA) puis d'un nettoyage humide avec dĂ©tergent. Certains produits nettoyants acides peuvent extraire du Be de surfaces en contenant. Nettoyer avec un produit moins agressif (neutre ou basique diminue par exemple la contamination d'une surface en alliage cuivre-bĂ©ryllium, surface en y maintenant une contamination infĂ©rieure Ă  3,0 ÎŒg/100 cmÂČ (valeur Ă  ne pas dĂ©passer au Canada, pour les zones contenant du Be, avec mesures de maĂźtrise de l’exposition et port d’équipements de protection).

Un second cycle de nettoyage est recommandĂ© lorsque la contamination de surface reste supĂ©rieure Ă  0,2 ÎŒg/100 cmÂČ. Si le Be est prĂ©sent dans un matĂ©riau devenant pulvĂ©rulent (bĂ©ton se dĂ©gradant par exemple), ce dernier peut ĂȘtre stabilisĂ© (scellant, rĂ©sine, huile de lin...).

Sources

  • World Health Organisation, Geneva 2001 : « BĂ©ryllium and BĂ©ryllium compounds » Concise international of chemical assesment document 32
  • Soil Investigation and Human Health Risk Assessment for the Rodney Street Community, Port Colborne: March 2002, Appendix 2 Page 32 of 106
  • U.S Department of Health and Human Services, public health services Agency for toxic Substances and Disease Registry « Toxicological Profile of BĂ©ryllium » september 2002
  • T.D. Luckey and B. Venugopal. In: Metal Toxicity in Mammals, Part 1. Physiologic and Chemical Basis For Metal Toxicity, Plenum Press, New York (1977), p. 43.
  • W.R. Griffith and D.N. Skilleter. In: Metals and Their Compounds in the Environment, VCH, Weinheim (1991), p. 775.

Notes et références

  1. (en) Beatriz Cordero, VerĂłnica GĂłmez, Ana E. Platero-Prats, Marc RevĂ©s, Jorge EcheverrĂ­a, Eduard Cremades, Flavia BarragĂĄn et Santiago Alvarez, « Covalent radii revisited », Dalton Transactions,‎ , p. 2832 - 2838 (DOI 10.1039/b801115j)
  2. "Ionization Energies of Atoms and Atomic Ions," in CRC Handbook of Chemistry and Physics, 91st Edition (Internet Version 2011), W. M. Haynes, ed., CRC Press/Taylor and Francis, Boca Raton, FL., p. 10-203
  3. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC Press Inc, , 90e éd., 2804 p., Relié (ISBN 978-1-420-09084-0)
  4. « BERYLLIUM, ELEMENTAL » dans la base de données Hazardous Substances Data Bank, consulté le 1 mai 2010
  5. (en) Thomas R. Dulski, A manual for the chemical analysis of metals, vol. 25, ASTM International, , 251 p. (ISBN 0803120664, lire en ligne), p. 71
  6. Base de données Chemical Abstracts interrogée via SciFinder Web le 15 décembre 2009 (résultats de la recherche)
  7. Numéro index 004-001-00-7 dans le tableau 3.1 de l'annexe VI du rÚglement CE N° 1272/2008 (16 décembre 2008)
  8. « Béryllium » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009
  9. EntrĂ©e « Beryllium Â» dans la base de donnĂ©es de produits chimiques GESTIS de la IFA (organisme allemand responsable de la sĂ©curitĂ© et de la santĂ© au travail) (allemand, anglais), accĂšs le 26 mars 2011 (JavaScript nĂ©cessaire)
  10. SIGMA-ALDRICH
  11. (en) « Chassis 906-147. 1966 Porsche 906 chassis information », sur conceptcarz.com (consulté le )
  12. « 1968 Porsche 909 Bergspyder - Images, Specifications and Information », sur Ultimatecarpage.com (consulté le )
  13. (en) Jörg Thomas Födisch, Jost Neßhöver, Dieter Roßbach et Harold Schwarz, Porsche 908 : The Long Distance Runner, Veloce Publishing Ltd, , 240 p. (ISBN 978-1-84584-201-7, prĂ©sentation en ligne)
  14. Raisbeck, G. M., F. Yiou, D. Bourles, C. Lorius, J. Jouzel and N. I. Barkov, Evidence for two intervals of enhanced 10Be deposition in Antarctic ice during the last glacial period, Nature, 326, 273−277, 1987
  15. (en) F. Yiou, G. M. Raisbeck, S. Baumgartner, J. Beer, C. Hammer et al., « Beryllium 10 in the Greenland Ice Core Project ice core at Summit, Greenland », Journal of Geophysical Research Oceans, vol. 102, no C12,‎ , p. 26783-26794 (DOI 10.1029/97JC01265).
  16. Beer, J., S. J. Johnsen, G. Bonani, R. C. Finkel, C. C. Langway, H. Oeschger, B. Stauffer, M. Suter and W. Wölfi, 10Be peaks as time markers in polar ice cores. dans The last deglaciation: Absolute and radiocarbon chronologies, E. Bard and W. S. Broecker, Ă©diteurs. Springer−Verlag, New York, 1992.
  17. EPICA annual report. Rapport technique, 2002.
  18. Wagner, G., J. Beer, C. Laj, C. Kissel, J. Masarik, R. Muscheler and H. A. Synal, Chlorine−36 evidence for the Mono Lake event in the Summit GRIP ice core, Earth Planet. Sci. Lett., 181, 1−6, 2000.
  19. (en) Johann Boillat, « From Raw Material to Strategic Alloys. The Case of the International Beryllium Industry (1919-1939) », sur 1st World Congress on Business History, At Bergen - Norway, (DOI 10.13140/rg.2.2.35545.11363, consulté le ).
  20. (en) Johann Boillat, « Birth of a Military Sector. The Case of the International Beryllium Industry (1919-1939) » in : Garufo Francesco et Morerod Jean-Daniel (éd.), Laurent Tissot, une passion loin des sentiers battus., Neuchùtel, Alphil-Presses universitaires, , 396 p. (ISBN 978-2-88930-195-9), p. 41-64
  21. Shayne C. Gada, Beryllium ; in Encyclopedia of Toxicology (Seconde Ă©dition), Pages 265-267 ; doi:10.1016/B0-12-369400-0/00124-1
  22. W.M. Edmunds, Beryllium: Environmental Geochemistry and Health Effects ; Encyclopedia of Environmental Health, 2011, Pages 293-301 (Résumé)
  23. Anna L. Hargreaves, Douglas P. Whiteside, Grant Gilchrist, Concentrations of 17 elements, including mercury, in the tissues, food and abiotic environment of Arctic shorebirds ; Science of The Total Environment, Volume 409, Issue 19, 1 September 2011, Pages 3757-3770
  24. Chronic Beryllium Disease and Cancer Risk Estimates with Uncertainty for Beryllium Released to the Air from the Rocky Flats Plant
  25. Day G.A., Stefaniak A.B., Weston A., Tinkle S.S. (2006). Beryllium exposure: dermal and immunological considerations. Int Arch Occup Environ Health. 79: 161-164.
  26. Tinckle S.S., Antonini J.M., Rich B.A., Robert J.R., Salmen R., Depree K., Adkins E.J. (2003). Skin as a route of exposure and sensitization in chronic beryllium disease Environ Health Perspect. 111: 1202-1208
  27. « Définition et synonymes de béryllium », sur sensagent.com (consulté le ).
  28. Dossier INRS : Le béryllium, métal discret mais dangereux (mis à jour avril 2009)
  29. La troisiĂšme ConfĂ©rence internationale sur le bĂ©ryllium (Philadelphie, octobre 2007, a rĂ©sumĂ© l’état des connaissances sur le sujet avec comme principale conclusion que la valeur de 2 Â”g/m3 (ACGIH, TWA) ne protĂ©geait pas la santĂ© des travailleurs, quel que soit le type de particule de bĂ©ryllium (forme, taille et composition chimique)
  30. (Kreiss, 1996; Henneberger, 2001; Kolanz, 2001; Deubner, 2001) citĂ©s par le rapport canadien "Nettoyage et dĂ©contamination des lieux de travail oĂč il y a prĂ©sence de bĂ©ryllium techniques et solutions nettoyantes" (IRSST
  31. Policy Analysis and Clinical Research on Occupational Beryllium Exposure at DOE Sites (CRESP)
  32. DĂ©veloppement de marqueurs et validation d'outils de diagnostic pour le dĂ©pistage de l'hypersensibilitĂ© induite par le bĂ©ryllium ; Fournier, Michel; Bernier, Jacques; Brousseau, Pauline; Cyr, Daniel; Viel, G.; SauvĂ©, SĂ©bastien Études et recherches / Rapport R-556, MontrĂ©al, IRSST, 2008, 30 pages

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes



Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.