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Praséodyme

Le praséodyme est un élément chimique, de symbole Pr et de numéro atomique 59.

Praséodyme
Image illustrative de l’article PrasĂ©odyme
Praséodyme dans une ampoule contenant de l'argon.
Position dans le tableau périodique
Symbole Pr
Nom Praséodyme
Numéro atomique 59
Groupe –
Période 6e période
Bloc Bloc f
Famille d'éléments Lanthanide
Configuration Ă©lectronique [Xe] 4f3 6s2
Électrons par niveau d’énergie 2, 8, 18, 21, 8, 2
Propriétés atomiques de l'élément
Masse atomique 140,907 66 ± 0,000 02 u[1]
Rayon atomique (calc) 185 pm (247 pm)
Rayon de covalence 203 ± 7 pm[2]
État d’oxydation 3
ÉlectronĂ©gativitĂ© (Pauling) 1,13
Oxyde Base
Énergies d’ionisation[3]
1re : 5,473 eV 2e : 10,55 eV
3e : 21,624 eV 4e : 38,98 eV
5e : 57,53 eV
Isotopes les plus stables
Iso AN PĂ©riode MD Ed PD
MeV
141Pr100 %stable avec 82 neutrons
142Pr{syn.}19,12 hÎČ-
Δ
2,162
0,745
142Nd
142Ce
143Pr{syn.}13,57 jÎČ-0,934 MeV143Nd
Propriétés physiques du corps simple
État ordinaire solide
Masse volumique 6,773 g·cm-3[1]
SystĂšme cristallin Hexagonal compact
Couleur blanc argenté
Point de fusion 931 °C[1]
Point d’ébullition 3 520 °C[1]
Énergie de fusion 6,89 kJ·mol-1
Énergie de vaporisation 296,8 kJ·mol-1
Volume molaire 20,8×10-6 m3·mol-1
Pression de vapeur 1,333 224×10-6 Pa (1 193 K)
Vitesse du son 2 280 m·s-1 Ă  20 °C
Chaleur massique 193 J·kg-1·K-1
ConductivitĂ© Ă©lectrique 1,48×106 S·m-1
Conductivité thermique 12,5 W·m-1·K-1
Divers
No CAS 7440-10-0
No ECHA 100.028.291
Précautions
SGH[4]
SGH02 : Inflammable
Danger
H250, P222, P231 et P422

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.
Échantillon de prasĂ©odyme.
Échantillon de prasĂ©odyme.

Le prasĂ©odyme est un mĂ©tal, couleur gris argent, du groupe des terres rares. Il fait partie de la famille des lanthanides. À tempĂ©rature ambiante, il est ductile, mallĂ©able et s'oxyde lentement Ă  l'air. On le conserve dans de l'huile minĂ©rale, car il rĂ©agit fortement avec l'eau.

Son nom vient des mots grecs prason (Ï€ÏÎŹÏƒÎżÎœ - « le poireau ») et didymos (ÎŽÎŻÎŽÏ…ÎŒÎżÏ‚ - « jumeau »), en raison de la couleur verte de son nitrate.

Les chimistes ont longtemps cru que le mélange d'oxyde de praséodyme-néodyme était un corps simple jusqu'à ce que Carl Auer von Welsbach les sépare en 1885.

Propriétés physiques

Le praséodyme est un métal doux, argenté, malléable et ductile du groupe des lanthanides. Il est un peu plus résistant à la corrosion dans l'air que l'europium, le lanthane, le cérium et le néodyme mais il produit une couche verte d'oxyde peu adhérente qui éclate lorsqu'elle est exposée à l'air[5]. Le métal est ainsi exposé de nouveau à l'oxydation. On conserve donc, en général, le praséodyme, sous huile ou en ampoules scellées.

Au contraire d'autres métaux de terres rares qui se montrent antiferromagnétiques et/ou ferromagnétiques à basse température, Pr est paramagnétique à n'importe quelle température supérieure à 1 K[6].

Propriétés chimiques

Le praséodyme métallique ternit lentement à l'air et brûle à 150 °C pour former les oxydes de praséodyme (III et IV):

12 Pr + 11 O2 → 2 Pr6O11

Le praséodyme est relativement électropositif et réagit lentement avec de l'eau froide et plus rapidement avec de l'eau chaude pour former l'hydroxyde de praséodyme :

2 Pr (s) + 6 H2O (l) → 2 Pr(OH)3 (aq) + 3 H2 (g)

Le praséodyme métallique réagit avec tous les halogÚnes.

2 Pr (s) + 3 F2 (g) → 2 PrF3 (s) [vert]
2 Pr (s) + 3 Cl2 (g) → 2 PrCl3 (s) [vert]
2 Pr (s) + 3 Br2 (g) → 2 PrBr3 (s) [vert]
2 Pr (s) + 3 I2 (g) → 2 PrI3 (s) [vert]

Il se dissout facilement dans l'acide sulfurique dilué pour constituer une solution qui contient les ions verts de Pr(III) sous forme de complexes [Pr(H2O)9]3+

2 Pr (s) + 3 H2SO4 (aq) → 2 Pr3+(aq) + 3 SO42− (aq) + 3 H2 (g)

Composés

Dans ses composés, le praséodyme se présente dans les états +2, +3 et/ou +4. Le praséodyme (IV) est un oxydant puissant, il oxyde l'eau instantanément en oxygÚne (O2) ou l'acide chlorhydrique en chlore. Ainsi en solution aqueuse, l'état d'oxydation +3 est le maximum.
Les sels de praséodyme sont jaune verdùtre et, en solution, montrent un simple spectre d'absorption dans la région visible avec une bande dans le jaune orangé à 589-590 nm et trois bandes dans la région bleu/violet à 444, 468 et 482 nm environ. Ces positions varient légÚrement selon le contre-ion. L'oxyde de praséodyme lorsqu'il est obtenu par calcination de sels comme l'oxalate ou le carbonate dans l'air est de couleur noire (avec des reflets brun-vert) et contient du praséodyme +3 et +4 dans une proportion variable dépendant des conditions de la réaction. Sa formule est conventionnellement écrite : Pr6O11.

Les composés moléculaires de praséodyme se trouve principalement dans l'état d'oxydation +III comme tout autre lanthanides. Plusieurs exemples contiennent un ion praseodyme(II)[7]. Au contraire, il existe uniquement un exemple de composé moléculaire de Pr(IV)[8].

Autres composés du praséodyme

Isotopes

Naturellement, le prasĂ©odyme est composĂ© d'un isotope stable, le 141Pr ; ce qui en fait un Ă©lĂ©ment monoisotopique. Trente huit radioisotopes ont Ă©tĂ© caractĂ©risĂ©s dont le plus stable est 143Pr avec une demi-vie de 13,57 jours et 142Pr avec une demi-vie de 19,12 heures. Tous les autres isotopes radioactifs ont une demi-vie moindre que 6 heures et la majoritĂ© a une demi-vie moindre que 33 secondes. Cet Ă©lĂ©ment a aussi six isomĂšres nuclĂ©aires, les plus stables Ă©tant 138mPr (tÂœ 2,12 heures), 142mPr (tÂœ 14,6 minutes) and 134mPr (tÂœ 11 minutes).

La plage de poids atomiques des isotopes va de 120,955 u (121Pr) Ă  158,955 u (159Pr). Le premier type de dĂ©sintĂ©gration avant l'isotope stable, 141Pr, est une capture Ă©lectronique et le premier type aprĂšs cet isotope est une radioactivitĂ© bĂȘta. Le premier produit de radioactivitĂ© avant 141Pr sont les isotopes de l'Ă©lĂ©ment 58 (cĂ©rium) et les produits primaires aprĂšs 141Pr sont les isotopes de l'Ă©lĂ©ment 60 (nĂ©odyme).

Histoire

DĂ©couvertes des terres rares.
Yttrium (1794)

Yttrium



Terbium (1843)



Erbium (1843)
Erbium

Erbium



Thulium (1879)



Holmium (1879)

Holmium



Dysprosium (1886)






Ytterbium (1878)

Ytterbium

Ytterbium



Lutécium (1907)




Scandium (1879)








CĂ©rium (1803)

CĂ©rium


Lanthane (1839)

Lanthane


Didyme (1839)
Didyme

NĂ©odyme (1885)



Praséodyme (1885)



Samarium (1879)

Samarium

Samarium



Europium (1901)





Gadolinium (1880)







Prométhium (1947)


Diagrammes des découvertes des terres rares. Les dates entre parenthÚses sont les dates d'annonces des découvertes[9]. Les branches représentent les séparations des éléments à partir d'un ancien (l'un des nouveaux éléments conservant le nom de l'ancien, sauf pour le didyme).

En 1841, Carl Gustaf Mosander sépare la terre rare didyme de l'oxyde de lanthane. En 1874, Per Teodor Cleve découvre que le didyme est en fait deux éléments et, en 1879, Lecoq de Boisbaudran isole une nouvelle terre, le samarium du didyme extrait du minerai samarskite. En 1885, le chimiste autrichien, baron Carl Auer von Welsbach, sépare le didyme en deux éléments le praséodyme et le néodyme qui donnent des sels de couleurs différentes.

Dans la fin des annĂ©es 1920, Leo Moser (fils de Ludwig Moser, fondateur de la cristallerie Moser Ă  l'actuelle Karlovy Vary, en RĂ©publique tchĂšque, Ă  ne pas confondre avec Leo Moser, mathĂ©maticien) recherche l'utilisation du prasĂ©odyme dans la coloration du verre. Il en rĂ©sulte un verre jaune-vert qu'il nomme « Prasemit ». Cependant, la mĂȘme couleur peut ĂȘtre atteinte avec des colorants coĂ»tant une petite fraction du coĂ»t de celui Ă  base de prasĂ©odyme. Moser a aussi mĂ©langĂ© le prasĂ©odyme avec du nĂ©odyme pour produire le verre « Heliolite » qui fut plus acceptĂ©. Le premier emploi commercialement important de prasĂ©odyme purifiĂ© et qui perdure aujourd'hui est la coloration de la cĂ©ramique.

Par sĂ©paration classique, il est difficile de purifier le prasĂ©odyme. Beaucoup moins abondant que le lanthane et le nĂ©odyme dont il doit ĂȘtre sĂ©parĂ©, le prasĂ©odyme est dispersĂ© dans un grand nombre de fractions et le rendement de la purification est faible. Historiquement, l'offre de prasĂ©odyme a toujours dĂ©passĂ© la demande, c'est pourquoi il est parfois offert moins cher que le nĂ©odyme plus abondant. InutilisĂ© tel quel, le prasĂ©odyme a Ă©tĂ© souvent utilisĂ© en mĂ©lange avec le lanthane et le cĂ©rium. Ce mĂ©lange est appelĂ© LCP selon les premiĂšres lettres de ses composants ; remplaçant les mĂ©langes traditionnels de lanthanides, il est produit Ă  partir de la monazite ou de la bastnĂ€site, LCP Ă©tant ce qui reste aprĂšs extraction par solvant du nĂ©odyme recherchĂ© et de toutes les terres plus lourdes, plus rares et de plus grande valeur. Cependant LC (le mĂ©lange simple de lanthane et de cĂ©rium) commence Ă  supplanter LCP.

Origine

Le prasĂ©odyme est contenu en petites quantitĂ©s dans la croĂ»te terrestre (9,5 ppm). On le trouve dans les minerais de terres rares monazite et bastnĂ€site. On l'extrait de ces minerais par Ă©change d'ions ou extraction par solvant Ă  contre-courant.

Utilisations

Photographie d'un verre au praséodyme.
Verre au praséodyme.
  • Pierre Ă  briquet : le prasĂ©odyme entre dans la composition du mischmĂ©tal, base des pierres Ă  briquet.
  • Colorant du verre : il colore le verre en vert. En combinaison avec le nĂ©odyme, il colore les verres de protection solaire jusqu'aux lunettes de soudeur.
  • Colorant pour cĂ©ramiques : les pigments zircon (ZrSiO4) dopĂ©s au Pr donnent un jaune vif Ă©clatant. Dans la fluorine (CaF2), le prasĂ©odyme donne une couleur rouge.
  • Autres utilisations : dans les aimants permanents, en alliage avec le cobalt en substitution du samarium dans les phases Sm1-xPrxCo5. En additif dans les verres optiques « flint ». Comme composant de catalyseur dans l'industrie du pĂ©trole.
  • Amplificateur EDFA : une fibre optique dopĂ©e au prasĂ©odyme entre dans la composition d'un amplificateur optique de type EDFA.
  • Compositions rĂ©fractaires
  • AlliĂ© avec du nickel, le prasĂ©odyme a un fort effet magnĂ©tocalorique, ce qui a permis aux scientifiques de s'approcher Ă  moins d'un milliĂšme de degrĂ© du zĂ©ro absolu.

Notes et références

  1. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC Press Inc, , 90e éd., 2804 p., Relié (ISBN 978-1-420-09084-0)
  2. (en) Beatriz Cordero, VerĂłnica GĂłmez, Ana E. Platero-Prats, Marc RevĂ©s, Jorge EcheverrĂ­a, Eduard Cremades, Flavia BarragĂĄn et Santiago Alvarez, « Covalent radii revisited », Dalton Transactions,‎ , p. 2832 - 2838 (DOI 10.1039/b801115j)
  3. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC, , 89e Ă©d., p. 10-203
  4. SIGMA-ALDRICH
  5. (en) « Rare-Earth Metal Long Term Air Exposure Test » (consulté le )
  6. M. Jackson "Magnetism of Rare Earth" The IRM quarterly col. 10, No. 3, p. 1, 2000
  7. Matthew R. MacDonald, Jefferson E. Bates, Joseph W. Ziller et Filipp Furche, « Completing the Series of +2 Ions for the Lanthanide Elements: Synthesis of Molecular Complexes of Pr2+, Gd2+, Tb2+, and Lu2+ », Journal of the American Chemical Society, vol. 135, no 26,‎ , p. 9857–9868 (ISSN 0002-7863 et 1520-5126, DOI 10.1021/ja403753j, lire en ligne, consultĂ© le )
  8. AurĂ©lien R. Willauer, Chad T. Palumbo, Farzaneh Fadaei-Tirani et Ivica Zivkovic, « Accessing the +IV Oxidation State in Molecular Complexes of Praseodymium », Journal of the American Chemical Society, vol. 142, no 12,‎ , p. 5538–5542 (ISSN 0002-7863 et 1520-5126, DOI 10.1021/jacs.0c01204, lire en ligne, consultĂ© le )
  9. (en) Episodes from the History of the Rare Earth Elements, Springer Netherlands, coll. « Chemists and Chemistry », (ISBN 9789401066143 et 9789400902879, DOI 10.1007/978-94-009-0287-9), xxi.

Voir aussi

Liens externes



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