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Cantine

À l’origine meuble de voyage, puis magasin, la cantine est aussi depuis la fin du XIXe siĂšcle un lieu oĂč l’on sert Ă  boire et Ă  manger aux personnes d’une collectivitĂ©, et, plus rĂ©cemment, un service gĂ©nĂ©ralement subventionnĂ© de restauration collective.

Grande salle compartimentĂ©e, comportant table et chaises, et dont les murs sont dĂ©corĂ©s de motifs (personnages, frise d’oiseaux, dessins gĂ©omĂ©triques) inspirĂ©s par les fresques Ă©gyptiennes antiques. La couleur orange domine l’ensemble.
Cantine de l’universitĂ© d’État de Iekaterinbourg, Russie.

La cantine se différencie du restaurant par le fait que ses repas sont gratuits ou bon marché, tout ou partie du cout[N 1] étant pris en charge par la collectivité ou l'employeur.

La cantine concerne toutes les classes d’ñge et se retrouve sur tous les continents. Elle a un impact social important en matiĂšre de santĂ©, d’éducation, de fonctionnement des armĂ©es, prisons, entreprises et Ă©coles. Elle dĂ©coule de choix personnels, politiques et Ă©conomiques. Les repas qu’elle propose reflĂštent l’évolution de la sociĂ©tĂ© quant aux habitudes alimentaires et diĂ©tĂ©tiques.

Histoire du mot : du mobilier Ă  la restauration collective

Étymologie

La majoritĂ© des dictionnaires et encyclopĂ©dies actuels[1] retient la mĂȘme origine que le Dictionnaire historique de la langue française : cantine serait empruntĂ© Ă  l’italien cantina[2] - [3]« cave, cellier » (aprĂšs 1250), dĂ©rivĂ© lui-mĂȘme de canto « angle » d’oĂč « coin retirĂ©, dĂ©barras[4] », et s’entend sur le fait que la premiĂšre dĂ©finition du terme se trouve dans le Dictionnaire françois, contenant les mots et les choses de Pierre Richelet (Ă©dition de 1680[5]).

Au XVIIe siĂšcle, Gilles MĂ©nage proposait comme origine canova[6] (cave) et AmĂ©dĂ©e Tardieu au XIXe siĂšcle, le latin quintana[7] (en rĂ©fĂ©rence Ă  SuĂ©tone, Ner. 26), lieu des camps romains oĂč l’on vendait toutes sortes de choses. Mais rĂ©cemment, HĂ©lĂšne Cuvigny a dĂ©menti cette derniĂšre hypothĂšse[N 2].

Pierre Larousse indique que cantine vient de « canton[8] » dont la signification primitive Ă©tait celle de coin, d’angle. Le terme « canton » est d’origine germanique : on le trouve en ancien haut-allemand (kant = coin, extrĂ©mitĂ©), en anglo-saxon (cant), en anglais (cantle), mais aussi en occitan (cantou[N 3]), en ancien provençal (can = cĂŽtĂ©, bord), en italien (canto ou cantone et cantina) et en espagnol (canton et cantina). En polonais „kąt”, et surtout il faut noter « kącina » ce qui Ă©tait une forme de lieu de culte dans la religion slave primitive.

Meuble

Coffret en bois, couvercle relevé, dans lequel sont rangés des flacons en verre.
Cantine à usage médical.

Historiquement, la cantine[9] est d’abord un meuble conçu pour le transport de vivres. Par extension, le terme s’applique Ă  la malle contenant les effets personnels des officiers en dĂ©placement. Le mot est attestĂ© au XVIIe siĂšcle comme une malle Ă  compartiments pour le transport de bouteilles et parfois de vivres.

À gauche, dessin d’une sphĂšre posĂ©e sur quatre pieds et surmontĂ©e de l’anneau d’un bouchon qui permet d’introduire de l’eau bouillante. À droite, la sphĂšre ouverte laisse voir deux disques qui bouchent des manchons (petits fours) pouvant contenir au chaud des viandes cuites. Dans la partie rabattue, posĂ©e sur un brasier, on peut cuire des lĂ©gumes ou une soupe. Cette partie fait office de gamelle, mais on peut aussi y loger pain, serviette, couteaux, cuillers et fourchettes.
Viollet le Duc : dessin d’une cantine du XVIIe siĂšcle conservĂ©e au musĂ©e de Cluny. Fer battu et Ă©tamĂ©, 40 cm de hauteur.

L’utilisation d’un tel mobilier est cependant plus ancienne. Durant tout le Moyen Âge, nobles et marchands, trĂšs souvent sur les grands chemins, transportaient avec eux les ustensiles nĂ©cessaires Ă  la vie matĂ©rielle — et notamment couteaux, petite vaisselle de table, coupes, Ă©pices, cordiaux dans de petits flacons. EugĂšne Viollet-le-Duc prĂ©cise que les cantines des capitaines d’armĂ©e pouvaient permettre le transport et le maintien au chaud des repas d’une journĂ©e, voire la prĂ©paration de lĂ©gumes ou de soupes[10].

Au XIXe siĂšcle, un dĂ©cret impĂ©rial[11] français rĂ©glemente le transport des bagages des officiers de troupes en campagne, ce qui donne une idĂ©e prĂ©cise du nombre de cantines : un colonel ou lieutenant-colonel a droit Ă  deux cantines d’effets et une de cuisine, un chef de bataillon ou d’escadron Ă  une d’effets et une de cuisine, un officier de tout autre grade Ă  une cantine d’effets et chaque compagnie ou escadron peut emporter une cantine de cuisine. On utilise le mĂȘme mot pour dĂ©signer, aujourd’hui encore, la malle d’effets personnels — dont les livres et cahiers de notes — des officiers en dĂ©placement.

Magasin

Photographie de soldats faisant la file devant une camionnette-cantine prĂšs de la porte de Brandebourg
Cantine mobile de la NAAFI (Navy, Army and Air Force Institutes) anglaise Ă  Berlin en 1945.

DĂšs le XVIIIe siĂšcle, la cantine est aussi le magasin de distribution de nourriture, de boissons et de tabac de troupe pour les soldats[12]. Ce magasin peut ĂȘtre fixe ou ambulant (simple charrette d’abord, puis automobile ou wagon.

À la moitiĂ© du siĂšcle suivant, le terme dĂ©signe Ă©galement ce mĂȘme magasin dans une collectivitĂ© civile : hospice, Ă©cole, prison, etc.

Lieu et service de restauration

Au XIXe siĂšcle, la cantine indique Ă  la fois le meuble, le magasin et le rĂ©fectoire oĂč l’on prend ses repas en commun — que ce lieu relĂšve de l’initiative individuelle ou collective, qu’on y mange le repas qu’on a apportĂ© et fait rĂ©chauffer ou celui qui a Ă©tĂ© confectionnĂ© dans sa cuisine par des prĂ©posĂ©s.

Au XXe siĂšcle s’ajoute la notion de service de restauration par l’augmentation et l’agrandissement des cantines qui mettent Ă  disposition des repas prĂ©parĂ©s sur place ou Ă  l’extĂ©rieur, dans des cuisines centrales. La cantine ne constitue qu’une partie de la restauration collective qui sert des repas hors du domicile. Selon sa taille, et Ă  condition que la cuisine ne soit pas prĂ©parĂ©e sur place, la cantine peut faire partie ou non du catering, la branche industrielle qui approvisionne en repas un grand groupe de personnes.

La cantine offre une nourriture qui peut ĂȘtre trĂšs simple comme fort Ă©laborĂ©e. Dans les pays industrialisĂ©s, la cuisine traditionnelle de mets destinĂ©s Ă  ĂȘtre consommĂ©s directement sur place est progressivement remplacĂ©e Ă  la cantine, grĂące aux liaisons chaude et froide, par une cuisine de terminaison, une cuisine d’assemblage ou une cuisine de composition, intĂ©grant des produits Ă©laborĂ©s en amont, prĂ©cuits ou surgelĂ©s[13].

Selon les secteurs d’activitĂ© et les rĂ©gions du monde, la cantine, au XXIe siĂšcle, dĂ©signe donc un meuble, un magasin, un lieu et un service.

Dans les pays anglophones, le terme canteen s’applique à la fois à la gamelle, au lieu et au service. Dans les internats anglais, la partie magasin d’une cantine est le tuckshop.

Dans le monde

Europe

Le long des murs rythmĂ©s par des colonnades, d’une longue et haute salle, chichement Ă©clairĂ©e par deux hautes baies deux rangĂ©es de tablĂ©es et bancs se font face. Au fond, sous une grande croix, se trouve placĂ©e perpendiculairement la table rĂ©servĂ©e aux supĂ©rieurs.
RĂ©fectoire de l’abbaye du Mont-Saint-Michel.

La « restauration collective autogĂ©rĂ©e » apparait Ă  la fin du XIXe siĂšcle. Cependant, la pratique d’une restauration collective est bien antĂ©rieure. On peut citer en exemple la rĂšgle de saint BenoĂźt qui fait du repas des moines en commun au rĂ©fectoire une obligation, ou le Studium de Trets (deuxiĂšme moitiĂ© du XIVe siĂšcle).

Au XVIe siĂšcle, les religieux organisent rĂ©guliĂšrement, au sein des collĂšges, des rĂ©fectoires Ă  l’image de ceux existant dans les monastĂšres. Le repas se prend sur de grandes tablĂ©es de 16 Ă  25 places, et le silence est la rĂšgle. Au XVIIIe siĂšcle, la congrĂ©gation des FrĂšres des Écoles chrĂ©tiennes offre le couvert pour l’instruction primaire. Cependant, au XIXe siĂšcle, les Ă©lĂšves des internats Ă©tant souvent sous-nourris, les familles fournissent rĂ©guliĂšrement des complĂ©ments[14].

Dans les annĂ©es 1880, les casernes militaires intĂšgrent progressivement des rĂ©fectoires. Ceux-ci demeurent en revanche encore rares dans les prisons. En juillet 1885, Édouard de Tocqueville, frĂšre d’Alexis de Tocqueville, produit un rapport auprĂšs de la SociĂ©tĂ© d’économie charitable sur « les sociĂ©tĂ©s alimentaires et les restaurants coopĂ©ratifs dans les grands Ă©tablissements industriels ». À l’occasion de l’Exposition universelle de 1900 Ă  Paris, un restaurant coopĂ©ratif est mis en place. En parallĂšle, les repas des ouvriers s’amĂ©liorent, grĂące Ă  la mise en place de coopĂ©ratives de consommation dans le cadre de la naissance du mouvement mutualiste. Dans l’instruction publique enfin, Victor Duruy prescrit le service de soupe et d’aliments chauds dans des salles d’asiles en 1869. Les lois Jules Ferry favorisent ensuite sa multiplication, pour les Ă©lĂšves les plus Ă©loignĂ©s de leur foyer. D’abord pris en charge par les caisses des Ă©coles, puis par les mairies, ce service adopte une optique sociale, ce repas Ă©tant alors le plus consistant de la journĂ©e pour beaucoup d’enfants. Ainsi, peu Ă  peu, Ă  l’usine comme Ă  l’école, la gamelle laisse place Ă  la cantine[14].

Cette photo en gros plan de l’angle d’une cantine en libre-service montre des gens attablĂ©s, une partie de comptoir, des armoires frigos pour les boissons. Le bleu roi des murs domine.
Cantine des bureaux de Google Ă  Hambourg.

Les habitudes alimentaires de chaque pays dĂ©terminent la frĂ©quentation de la cantine et sa gestion. LĂ  oĂč se pratique la journĂ©e de travail continue (pays nordiques et Pays-Bas par exemple), le repas de midi se rĂ©sume souvent Ă  un en-cas ; on y trouve peu de cantines. Dans les pays oĂč le repas de midi est traditionnellement copieux (comme la France, l’Allemagne, l’Italie), les cantines sont nombreuses et gĂ©nĂ©ralement gĂ©rĂ©es par des sociĂ©tĂ©s de restauration collective qui peuvent d’ailleurs relever du secteur des micro-sociĂ©tĂ©s familiales (comme en Espagne, au Portugal, dans le sud de l’Italie). On note aussi une diffĂ©rence entre la gestion de la cantine scolaire qui recourt encore Ă  des mĂšres au foyer pour la prĂ©paration des repas (en Allemagne par exemple) et celle de la cantine d’entreprise, gĂ©nĂ©ralement professionnalisĂ©e[15].

Au cours du XXe siĂšcle, les rĂšgles d’hygiĂšne (en provenance de la profession hospitaliĂšre) et les principes nutritionnels (sous l’impulsion du secteur Ă©ducatif) s’imposent en Europe. En rĂ©sumĂ©, il a fallu plusieurs siĂšcles pour passer du rĂ©fectoire oĂč les gens mangeaient le plat obligatoire au libre-service oĂč chacun compose son menu.

Afrique

PlanisphĂšre prĂ©sentant le degrĂ© de faim dans le monde en 2007. L’Afrique contient clairement les rĂ©gions oĂč ce degrĂ© est le plus Ă©levĂ©.
Carte de la faim dans le monde : en bordeaux, les rĂ©gions gravement affectĂ©es oĂč de 55 Ă  75 % de la population souffre de la faim, en rouge celles qui sont trĂšs sĂ©rieusement touchĂ©es avec 40 Ă  55 %, en orange vif les contrĂ©es sĂ©rieusement atteintes (de 25 Ă  40 %), en orange pĂąle modĂ©rĂ©ment affectĂ©es (de 10 Ă  25 %), en jaune lĂ©gĂšrement touchĂ©es (2,5 Ă  10 %). Le gris signale un manque de donnĂ©es, le vert les pays industrialisĂ©s oĂč la faim concerne malgrĂ© tout de 1 Ă  2,5 % des gens.

Dans le continent le plus pauvre du monde, l’importante disparitĂ© des ressources et des coutumes crĂ©e des situations inĂ©gales qui permettent difficilement les comparaisons. Dans les rĂ©gions les plus pauvres, la cantine cependant, qu’elle soit humanitaire ou scolaire, constitue un levier de base pour lutter contre la sous-alimentation et la faim.

Vente de nourriture devant une école élémentaire de ThiÚs (Sénégal).

Au niveau scolaire, la cantine permet l’augmentation du nombre d’élĂšves, amĂ©liore leur Ă©tat de santĂ© et donc leurs performances, et engendre un dĂ©veloppement local – quand elle existe. Diverses associations caritatives et privĂ©es ont aidĂ© et aident encore Ă  leur crĂ©ation et Ă  leur survie, ce qui ne va pas de soi[N 4]. Le repas est souvent composĂ© d’une bouillie de manioc, de maĂŻs, ou de riz cuit Ă  l’huile avec du « bouillon kub » cuite sur un feu de bois, le combustible Ă©tant parfois apportĂ© par les enfants eux-mĂȘmes[16]. Selon les endroits, les enfants mangent dans une salle avec tables et bancs, ou simplement dehors, assis sur le sol. Il arrive qu’ils rentrent chez eux avec leur portion pour la partager en famille[17].

La CĂŽte d’Ivoire fait figure d’exemple dans le dĂ©veloppement des cantines scolaires ; elle a instaurĂ© un programme de pĂ©rennisation des cantines avec l’aide du Programme alimentaire mondial et rĂ©ussi Ă  crĂ©er 4 000 cantines en 15 ans dans 50 % des Ă©coles primaires existantes. La cantine scolaire s’y inscrit dans une perspective d’amĂ©lioration de l’éducation et de dĂ©veloppement communautaire ; les habitants sont aidĂ©s, pendant quatre ans, par l’État et des bailleurs de fonds, mais doivent apprendre Ă  gĂ©rer l’approvisionnement et le mode de gestion du service. La cinquiĂšme annĂ©e, ils doivent ĂȘtre autonomes. Ce programme est transfĂ©rable dans d’autres pays et a Ă©tĂ© citĂ©, lors de la TICAD III (3e ConfĂ©rence internationale de Tokyo sur le dĂ©veloppement de l'Afrique) en novembre 2003, comme l’un des programmes Ă  inscrire dans les politiques prioritaires de dĂ©veloppement africain[18]. Au niveau supĂ©rieur, certaines universitĂ©s possĂšdent une cantine, d’autres pas. Les Ă©tudiants de l’universitĂ© de l’Ogun (Nigeria), par exemple, se logent et se nourrissent dans les villages voisins car c’est une universitĂ© non rĂ©sidentielle. Dans le mĂȘme Ă©tat, l’universitĂ© Obafemi Awolowo de Ife, par contre, possĂšde sa cantine Awolowo hall, ouverte de 11 Ă  17 heures et oĂč l’on sert un repas Ă  base de manioc[19].

Au niveau des entreprises, la cantine fait partie des revendications syndicales de base. Une Ă©tude rĂ©alisĂ©e Ă  partir de questionnaires remplis par des salariĂ©s indique indique que si au Cap-Vert, 75 % des personnes interrogĂ©es ont accĂšs Ă  ce service, 75 % des GhanĂ©ens, par contre, doivent apporter leur repas ou aller manger Ă  l’extĂ©rieur. En Tanzanie, la plupart des entreprises publiques ont une cantine ; pourtant, l'insatisfaction causĂ©e par ce service pousse 53 % des employĂ©s Ă  apporter leur propre manger. Le taux de mĂ©contentement des reprĂ©sentants syndicaux quant au problĂšme de la cantine est de 32 % au Zimbabwe, 52 % en Tanzanie, 75 % au Ghana, 89 % en GuinĂ©e, 90 % au Burkina Faso. Il arrive que, lorsque rien n’a Ă©tĂ© prĂ©vu dans l’entreprise, les travailleurs passent la journĂ©e sans manger ; quant Ă  boire, l’eau potable manque et certains doivent utiliser l’eau d’une riviĂšre proche[20].

La qualitĂ© microbiologique des aliments, tant Ă  la cantine qu’à la rue, est rarement bonne, tantĂŽt Ă  cause du manque d’eau potable, tantĂŽt Ă  cause du manque de place qui ne permet pas le respect des rĂšgles d’hygiĂšne, tantĂŽt Ă  cause de la mauvaise exposition des denrĂ©es, tantĂŽt Ă  cause des additifs. Il en rĂ©sulte des problĂšmes de sĂ©curitĂ© alimentaire, des maladies diarrhĂ©iques, des risques d’intoxications[21] et des rumeurs crĂ©ant des soupçons d'ajout de formol, glutamate ou vitamines Ă  la nourriture servie[22].

Amérique du Nord

Photographie en noir et blanc. Des femmes en uniforme blanc servent les portions de nourriture sur les plateaux qu’étudiants et Ă©tudiantes font glisser devant elles sur un comptoir rainurĂ©. Les Ă©tudiants sont en costume-cravate, les Ă©tudiantes sont Ă©lĂ©gamment vĂȘtues.
Utilisation du plateau pour le transport du repas, Université de Bonn, 1961.

Aux États-Unis, Walter Scott est connu pour avoir le premier utilisĂ© une cantine roulante, tractĂ©e par chevaux, Ă  Providence en 1872, pour offrir cafĂ© et sandwichs Ă  ses collĂšgues du Providence Journal[23]. Son succĂšs a entrainĂ© la production commerciale de fourgons-restaurants Ă  Worcester en 1887, par Thomas Buckley, et a dĂ©bouchĂ© sur la crĂ©ation des Diners et des chaines de fast food.

En, 1946, le prĂ©sident Harry S. Truman signe le Richard B. Russell National School Lunch Act qui permet de fournir gratuitement, ou Ă  faible cout, des repas dans les cantines scolaires par le biais de subventions aux Ă©coles publiques – et qui permet en mĂȘme temps de rĂ©soudre partiellement le problĂšme du cout des denrĂ©es alimentaires par l’absorption des excĂ©dents agricoles. Vingt ans plus tard, le prĂ©sident Lyndon Johnson signe le Child Nutrition Act (CNA) pour aider Ă  la fourniture de repas dans les Ă©coles publiques et dans les institutions privĂ©es Ă  but non lucratif.

Appliquant ses promesses faites aux gros revenus et aux entreprises, Ronald Reagan réduit dans les années 1980 les subventions sociales et notamment celles prévues pour les repas de cantine, renforçant ainsi les inégalités[24].

En 2001, le pourcentage d’élĂšves ayant droit Ă  la cantine subventionnĂ©e rĂ©gule la rĂ©duction accordĂ©e pour la connexion internet des Ă©coles et des bibliothĂšques[25].

Au dĂ©but du XXIe siĂšcle, la cantine amĂ©ricaine est dĂ©nommĂ©e cafeteria (canteen dans les Ă©coles). Elle se prĂ©sente toujours sous forme de libre-service, et depuis 2008 l’usage du plateau traditionnel pour transporter mets et boissons est supprimĂ© dans la plupart des universitĂ©s pour raison d’économie[26]. Dans les Ă©coles supĂ©rieures, ce service engage souvent les Ă©lĂšves dans son personnel.

Au QuĂ©bec, il est trĂšs rare qu’une entreprise possĂšde une cantine. Ce service, plus frĂ©quent dans les institutions scolaires et les hĂŽpitaux, se nomme cafĂ©tĂ©ria. Dans cette province canadienne, la cantine dĂ©signe un petit restaurant rapide, que l’on nomme maintenant « casse-croĂ»te », qui sert des mets peu Ă©laborĂ©s Ă  emporter (comme la guĂ©dille, la poutine et le sandwich Ă  la viande fumĂ©e). Il en va de mĂȘme pour la « cantine mobile » qui se dĂ©place entre les entreprises et les chantiers de construction, lors des pauses de travail, pour offrir des boissons chaudes ou fraiches et des aliments lĂ©gers Ă  grignoter et des sandwichs[27]. La popote roulante, d'autre part, est un service de restauration Ă  domicile offert par des bĂ©nĂ©voles aux aĂźnĂ©s et aux personnes en perte d'autonomie.

Amérique latine

Groupe d’enfants en uniforme vert et jaune qui reçoivent au comptoir d’une cantine scolaire, une assiette avec un peu de nourriture et un Ă©norme morceau de pain.
Enfants de l’école Bona Espero, Alto ParaĂ­so de GoiĂĄs, BrĂ©sil.

Les cantines Ă©tablies lors de la construction du canal de Panama prouvent l’existence de discrimination sociale : la Compagnie du Canal proposait aux cadres blancs amĂ©ricains des restaurants (menu au choix, 30 cents), aux travailleurs europĂ©ens des chapiteaux en tĂŽle avec tables et chaises (menu fixe, 13 cents) et aux Antillais et Hindous les traverses de la voie ferrĂ©e ou le sol (ration en gamelle, 5 cents, la nourriture Ă©tant acheminĂ©e par le « train de la cantine » jusqu’aux points les plus Ă©loignĂ©s du chantier). Les rations de ces derniers procurant de substantiels bĂ©nĂ©fices Ă  l’entreprise, elle faisait pression sur les ouvriers pour qu’ils utilisent son systĂšme et n’apportent pas leur propre repas[28]. Au XXe siĂšcle, la discrimination entre cadres et ouvriers existe parfois encore, comme ailleurs dans le monde.

La nourriture proposĂ©e dans les cantines d’entreprises n’est pas forcĂ©ment de qualitĂ© et les travailleurs ne peuvent parfois la pallier en apportant leur repas car les horaires de travail sont mal dĂ©finis[29].

En AmĂ©rique latine comme ailleurs, le rĂŽle des cantines est essentiel dans la lutte contre la pauvretĂ© dans les mĂ©tropoles et la gestion laĂŻque est quasiment toujours assurĂ©e par des femmes au sein de mouvements fĂ©ministes. Les femmes ont pris en charge l’exĂ©cution des programmes d’aides alimentaires. Au PĂ©rou, Ă  la suite du programme d’urgence sociale d’Alberto Fujimori, leur travail a permis la crĂ©ation de 4 000 cantines populaires Ă  Lima en quelques mois. En association avec l’État, elles ont aussi montĂ© des « ComitĂ©s du Verre de lait » qui gĂšrent les stocks de lait en poudre, les lieux de prĂ©paration et la distribution d’un million de verres par jour. C’est au dĂ©part de ces actions sociales, et sous l’égide de Maria Elena Moyano, que sont nĂ©s des ComitĂ©s fĂ©minins de dĂ©fense de l’économie et de la tranquillitĂ© populaire. Leur capacitĂ© Ă  rĂ©gler les problĂšmes a semblĂ© suffisamment dangereuse pour que le Sentier lumineux mĂšne une sĂ©rie d’attaques contre les cantines populaires et enfin assassine Maria Elena Moyano en 1992[30]. Villa el Salvador Ă  Lima est un exemple d’autogestion populaire ; dans chaque quartier (regroupant quelque 1 300 personnes) se trouve une cantine[31].

Dans les campagnes pauvres, le repas offert Ă  la cantine scolaire incite aussi Ă  la scolarisation[32].

Asie

En Asie, l’existence de la cantine, et son importance, sont variables selon les pays, les habitudes culturelles ou religieuses. De trĂšs nombreuses universitĂ©s utilisent cependant ce service.

Au Japon, il n’y a gĂ©nĂ©ralement pas de cantine dans les Ă©coles car le rĂŽle traditionnel de la mĂšre est de prĂ©parer le bentƍ (la gamelle) – ce qui prouve son attachement Ă  l’enfant – comme elle le fait aussi pour son mari[33]. Les Ă©lĂšves mangent souvent le repas en classe, avec leur professeur. Sans ĂȘtre vraiment populaires, des cantines scolaires existent cependant ; un projet de suppression de l’une d’elles Ă  Saitama a soulevĂ© de vives protestations de femmes ĂągĂ©es de 20 Ă  40 ans[34]. Les cantines (歩生食栂 Gakusei shokudĂŽ – salle Ă  manger collective pour les Ă©tudiants), oĂč peuvent se cĂŽtoyer Ă©tudiants et fonctionnaires, sont plus frĂ©quentes dans les universitĂ©s.

Dans les entreprises, la cantine oĂč les employĂ©s vont manger leur bentƍ est appelĂ©e « cuisine ».

En ThaĂŻlande, la prise en charge par l’État du cout de la cantine scolaire pour les familles pauvres est l’un des facteurs qui explique l’avance du pays sur ses voisins[35]. Les cantines pour adultes n’existent gĂ©nĂ©ralement que pour les organismes publics ou excentrĂ©s.

Chine

Coffre fermĂ© Ă  quatre Ă©tages et couvercle, maintenus par une sorte de cadre en bois dont la partie supĂ©rieure, ouvragĂ©e, est surmontĂ©e d’un anneau.
Grande cantine (106 × 85 × 53 cm) qui Ă©tait transportĂ©e par deux hommes portant chacun l’extrĂ©mitĂ© d’une barre passant dans l’anneau. Dynastie Qing, 1740.

En chinois, 逐盒 can he dĂ©signe la cantine pour transporter la nourriture prĂȘte Ă  consommer, aussi bien la boite rectangulaire Ă  usage unique que le porte-manger mĂ©tallique et le coffre Ă  plateaux superposĂ©s pour les prĂ©sents rituels de nourriture, et 食栂 shi tang la salle de cantine, lieu collectif ; 逐掅 can ting (mais c’est une coĂŻncidence, cela se prononce « ts’an t’ing[36] ») dĂ©signe la salle Ă  manger en gĂ©nĂ©ral.

La tradition du repas pris dans la communautĂ© familiale est aussi forte qu’en Occident. Mais, d’autre part, la tradition qui veut que les travailleurs soient nourris par celui qui les emploie, Ă©tant donnĂ© que le lieu de travail peut ĂȘtre Ă©loignĂ© du foyer et que le travailleur vit en collectivitĂ© et ne rejoint sa famille qu’aux fĂȘtes ou Ă  la morte-saison, est depuis toujours beaucoup plus banale qu’en Occident. Il y a donc des dortoirs sur les chantiers, dans les entreprises, dans les bases des services publics, et mĂȘme dans les administrations.

Histoire

Les ouvrages classiques contiennent des prĂ©ceptes sur la nĂ©cessitĂ© de servir aux travailleurs de la bonne nourriture en abondance si on veut qu’ils travaillent bien. Des cantines sur le modĂšle de l’Occident ont existĂ© dĂšs la fin du XIXe siĂšcle dans les concessions Ă©trangĂšres des grandes villes cĂŽtiĂšres (Shanghai, Tianjin, Canton...).

Dans l’organisation socialiste, Ă  partir des annĂ©es 1950, l’unitĂ© de travail (danwei ć•äœ), qui rĂ©unit les familles de travailleurs autour d’une activitĂ© Ă©conomique, possĂšde une cantine (shitang) qui assure trois repas par jour aux travailleurs et dont le bĂątiment est un centre de la vie collective. Les images de propagande montrent des Ă©glises et des halls de temples transformĂ©s en cantines. Dans les communes populaires (unitĂ©s de travail agricole Ă  la campagne), la cantine — oĂč les familles, y compris les petits enfants, sont tenues d’aller manger — devait libĂ©rer les mĂšres de famille pour la production et briser dĂ©finitivement l’inĂ©galitĂ©. L’expĂ©rience des communes populaires n’a durĂ© que quelques annĂ©es autour de 1959 mais a marquĂ© les consciences[37].

Au début du XXIe siÚcle, les unités de travail ont perdu leur emprise sur la vie personnelle des travailleurs mais la cantine et sa salle sont restées. Il est courant de commencer la journée de travail par un déjeuner entre collÚgues[38].

Chantiers

Sur les chantiers de construction et de travaux publics des villes, le personnel, qui vient de trĂšs loin, est nourri et logĂ© gratuitement sur place, dans des dortoirs sous tente ou dans des constructions mobiles. Les repas sont livrĂ©s par des artisans spĂ©cialisĂ©s et distribuĂ©s aux Ă©quipes. Il n’y a pas de locaux collectifs pour les consommer sinon ceux qui sont improvisĂ©s sur les lieux, et donc pas Ă  proprement parler de cantine. Les symboles du prestige social du mingong (le travailleur de la campagne venu sur un chantier en ville) sont le casque de plastique jaune qu’il remet sur sa tĂȘte pour sortir en ville les jours de repos, et le grand bol en fer Ă©maillĂ© dans lequel on lui sert ses repas[39].

Entreprises modernes

Dans les entreprises des zones industrielles modernes, la cantine d’entreprise est identique Ă  l’europĂ©enne. La restauration est confiĂ©e Ă  un professionnel (Eurest et Sodexo opĂšrent dans ce secteur). Le repas est gratuit. Pour retenir son personnel, l’entreprise ne lĂ©sine gĂ©nĂ©ralement pas et un comitĂ© d’usagers gĂšre la subvention.

La situation dans les industries, Ă  la campagne et dans les petites villes, est trĂšs variĂ©e, selon qu’il s’agit d’une entreprise locale dont le personnel vit Ă  proximitĂ©, ou d’une implantation de l’extĂ©rieur qui traite souvent son personnel comme celui des chantiers, sans le prestige qui y est attachĂ©.

En ville

Dans les bureaux et les commerces, ou dans les ateliers citadins, il n’y a pas de cantines. Des artisans installent des Ă©tals de plats prĂ©parĂ©s dans la rue et dans les cours, et livrent sur place. Les repas emportĂ©s dans des boites en plastique Ă  usage unique (canhe) sont consommĂ©s sur le lieu de travail.

Dans l’enseignement
Dans une trĂšs grande salle d’architecture moderne, parsemĂ©e de massifs piliers carrĂ©s bordeaux et blancs, des Ă©tudiants sont assis Ă  des tables pour 4 personnes et y mangent ou y discutent. Dans un angle de la salle, une TV est allumĂ©e.
Cantine de l’UniversitĂ© des Sciences et Technologies de Hefei, Anhui.

Les Ă©coles primaires 氏歩 xiaoxue (« petit enseignement ») ont des cantines qui servent le repas de midi, et souvent les trois repas de la journĂ©e. C’est un aspect de l’éducation que les parents paient dans les frais globaux de scolaritĂ©. À la campagne, oĂč l’argent manque, ils contribuent souvent en nature[40].

La situation des écoles secondaires 䞭歊 zhongxue (« moyen enseignement ») qui correspondent aux collÚges et lycées est variée : ces établissements ne possÚdent pas toujours une cantine et les lycéens font alors appel aux ressources de la restauration de rue.

Les Ă©tudiants des universitĂ©s et des instituts d’enseignement supĂ©rieur 性歊 daxue (« grand enseignement ») vivent sur des campus qui sont de vĂ©ritables villes, oĂč toute la gamme de restauration est disponible, des Ă©tals de rue avec plats prĂ©parĂ©s aux restaurants classiques de qualitĂ©[41]. Les cantines (shitang) sont organisĂ©es comme les espaces de restauration bon marchĂ© des centres commerciaux en ville. Une grande salle Ă©quipĂ©e de tables et chaises est bordĂ©e d’éventaires avec cuisines, tenus par des cuisiniers indĂ©pendants, qui proposent plats et boissons. L’usager prend un plateau Ă  l’entrĂ©e, va se servir ou commander aux Ă©ventaires de son choix, paie et s’installe Ă  une table. Il peut aussi emporter la nourriture pour la consommer au dortoir ou dehors (les rĂšgles varient selon les lieux). L’universitĂ© prend en charge le bĂątiment avec son mobilier, et le personnel qui nettoie, ramasse les plateaux, lave la vaisselle. Les cuisiniers fournissent la nourriture et l’équipement de cuisine, et Ă©quilibrent leur exploitation. Cela permet de maintenir des prix bas. C’est aussi un des rares espaces oĂč les Ă©tudiants, qui vivent en chambrĂ©es de quatre Ă  huit, peuvent se rĂ©unir en groupe hors des lieux de l’enseignement ou des activitĂ©s sociales rĂ©glĂ©es[42] - [43].

Inde

En Inde, oĂč le repas est traditionnellement prĂ©parĂ© par la femme et portĂ© sur le lieu de travail s’il n’est pas possible de manger Ă  la maison, des cantines existent mais nombre de citadins de grandes villes comme Bombay ou Chennai prĂ©fĂšrent utiliser les services des dabbawalas, livreurs de nourriture. Ce mĂ©tier, qui s’est vĂ©ritablement dĂ©veloppĂ© dans les annĂ©es 1950, dĂ©coulerait directement de la cantine des administrations anglaises[44] : un Anglais, lassĂ© de la nourriture de sa cantine, aurait demandĂ© Ă  son serviteur de lui apporter un repas prĂ©parĂ© Ă  la maison et cette pratique ayant sĂ©duit d’autres Anglais, aurait engendrĂ© le mĂ©tier de « porteur de casse-croute » ; la clientĂšle des dabbawalas est composĂ©e de petits fonctionnaires, d’employĂ©s, de commerçants, d’artisans qui peuvent ainsi, sans que leurs Ă©pouses ne doivent se lever aux aurores pour prĂ©parer le repas, manger une nourriture-maison et respecter les diverses rĂšgles et prescriptions religieuses quant Ă  la prĂ©paration et Ă  l’absorption de la nourriture.

Photographie d’une assez grande salle oĂč sont disposĂ©es des groupes de tables avec des chaises en plastique. Des ventilateurs sont suspendus au plafond. Quelques Ă©tudiants sont attablĂ©s.
Cantine universitaire Ă  Chennai, Inde.

La prĂ©fĂ©rence des Indiens pour une nourriture prĂ©parĂ©e en famille ou Ă©ventuellement par des khanawalis (cuisiniĂšres de repas-maison), gĂ©nĂ©ralement de la mĂȘme caste que leurs clients, fait qu’ils consomment peu Ă  la cantine les repas prĂ©parĂ©s par l’entreprise mais, le plus souvent, le repas qu’on leur y apporte. Les repas de la cantine d’entreprise sont gĂ©nĂ©ralement consommĂ©s par les hommes Ă  tout faire. Les cantines universitaires sont fonctionnelles comme partout dans le monde mais la convivialitĂ© y a moins d’importance Ă©tant donnĂ© le rapport particulier des Indiens Ă  la nourriture.

L’Inde a mis sur pied le plus grand programme de cantines scolaires du monde, le Mid-day Meal Scheme[45] : il offre un repas gratuit, tous les jours ouvrables, Ă  120 millions d’enfants. NĂ© dans le Tamil Nadu et dans le Gujarat, ce programme a Ă©tĂ© appliquĂ© Ă  l’Inde entiĂšre aprĂšs une dĂ©cision historique prise par la Cour suprĂȘme de l’Inde en novembre 2001. Le gouvernement y a consacrĂ© prĂšs de 864 millions d’euros en 2006-2007[46]. Parce que cette mesure encourage les parents Ă  mettre tous leurs enfants Ă  l’école, elle est perçue comme un outil pour combattre la discrimination et favoriser la scolarisation des fillettes[45] ; les autoritĂ©s doivent veiller Ă  la qualitĂ© des aliments et de l’eau pour faire de cette cantine scolaire une arme contre la malnutrition et les maladies[45].

Typologie

Au XXIe siĂšcle dans les pays dĂ©veloppĂ©s, la cantine est souvent frĂ©quentĂ©e depuis le plus jeune Ăąge (Ă  la crĂšche et Ă  l’école maternelle) jusqu’aux derniĂšres annĂ©es de la vie (dans les maisons de retraite) ; on en trouve dans les entreprises, dans l’administration, dans les hĂŽpitaux, les prisons, l’armĂ©e


  • Dans une salle lumineuse dont l’un des cĂŽtĂ©s est vitrĂ© et dĂ©corĂ© de plantes en pots disposĂ©s sur l’appui de fenĂȘtre intĂ©rieur, des enfants de maternelle sont assis, par groupes de 6 ou 7, Ă  des tables rectangulaires ou rondes, et mangent Ă  la cuiller le repas servi dans des assiettes de faĂŻence.
    Cantine d’une Ă©cole allemande, 1968.
  • Une trentaine de garçons et filles du niveau primaire sont assis sur des bancs Ă  de longues tables rectangulaires et mangent, qui dans un bol, qui dans une assiette, surveillĂ©s par une femme en uniforme et coiffe blanche, le repas servi grĂące aux surplus alimentaires.
    Cantine de l’école Penasco, Nouveau-Mexique.
  • Dans une salle dĂ©corĂ©e de tableaux, des rangĂ©es de longues tables et chaises oĂč sont assis de jeunes marins en T-shirts blancs qui viennent de terminer leur gĂąteau de dessert et leur cafĂ©. Certains fument une cigarette. Deux serveurs sont en pantalon sombre et veste blanche.
    Marins anglais sur le Drachenfels, 1961.
  • Dans une salle dĂ©corĂ©e de tableaux, aux fenĂȘtres garnies de voilages et tentures, des personnes ĂągĂ©es sont attablĂ©es par groupes de 9 ou 10 et attendent les plats que des serveuses en tablier blanc apportent sur une desserte.
    À la maison de repos de Altenheim, 1956.

Cantine de l’armĂ©e

Photographie de la cantine militaire de Saint-Avold : de part et d’autre d’une allĂ©e centrale, des tables avec bancs sont disposĂ©es. Au bout de l’allĂ©e, un comptoir servant de bar auquel sont adossĂ©s des soldats et une fillette posant pour le photographe.
Cantine Ă  l’armĂ©e.

La cantine militaire, en tant que lieu de fourniture de boissons, peut ĂȘtre tenue dans une maison choisie par son entrepreneur ou dans une citadelle occupĂ©e uniquement par l’armĂ©e. Sa construction obĂ©it, dans ce dernier cas, Ă  des rĂšgles prĂ©cises, telles celles dĂ©crites par Bernard Forest de BĂ©lidor en 1729[47].

Des soldats allemands, en tabliers blancs et toques, posent pour le photographe autour de charrettes munies d’énormes roues ; de la vapeur s’élĂšve de la seconde charrette.
« Roulante » allemande en 1914.

Au XVIIIe siĂšcle, un grand nombre de soldats consomment beaucoup de boissons alcoolisĂ©es dans les tavernes des villes de garnison ou dans les cabarets ambulants qui suivent les rĂ©giments en marche. L’armĂ©e, en crĂ©ant des « cantines rĂ©gimentaires » oĂč la biĂšre coute moins cher que l’alcool fort, tente de rĂ©soudre le problĂšme. Mais dans certains cas, la construction mĂȘme de la cantine favorise l’alcoolisme[48]. Les rĂšglements deviennent cependant peu Ă  peu plus sĂ©vĂšres, allant parfois jusqu’à la crĂ©ation de « cantines sĂšches » oĂč l’alcool est totalement absent[49]. Rien n’empĂȘche cependant les militaires d’aller se dĂ©saltĂ©rer en ville, posant des soucis d’ordre public aux municipalitĂ©s, et l’alcoolisme reste l’un des problĂšmes majeurs de l’armĂ©e.

Soldats russes en cantine
Photo Pyotr Bernstein (1941)

L’importance des cantines ambulantes (dites « cantines roulantes », expression simplifiĂ©e dans l’armĂ©e française actuelle en « roulantes ») pour les troupes, en temps de guerre, est reconnue tant au point de vue physique que moral ; la prise pour cibles prioritaires des vĂ©hicules de cantine a, par exemple, provoquĂ© la dĂ©moralisation des attaquants lors de la bataille de Suomussalmi et contribuĂ© Ă  la victoire des Finlandais contre les troupes soviĂ©tiques pourtant largement supĂ©rieures en nombre. D’une armĂ©e Ă  l’autre, la qualitĂ© de l’approvisionnement est variable (de la boite-repas aux repas copieux offerts dans un « environnement raffinĂ©[50] »).

La cantine pour officiers et sous-officiers est habituellement appelée le mess.

Cantine de prison

Depuis le dĂ©but du XIXe siĂšcle, la cantine de prison fournit — selon les Ă©poques, les lieux et les catĂ©gories de dĂ©tenus — un complĂ©ment apprĂ©ciĂ© de vivres, boissons, tabac (de mĂ©diocre qualitĂ©, d’oĂč l’appellation « tabac de cantine ») et objets de premiĂšre nĂ©cessitĂ©, papier, encre, plumes, journaux ; selon les cas aussi (gestion par l’administration ou par un entrepreneur privĂ©), les tarifs sont modĂ©rĂ©s[51] ou non[N 5]. La cantine fournit ainsi un service prĂ©cĂ©demment rendu par le geĂŽlier[52]. Certains pays rĂšglementent fort prĂ©cisĂ©ment la cantine de leurs maisons d’arrĂȘt[N 6].

En France d’avant-guerre, les rations alimentaires sont dĂ©finies en fonction des catĂ©gories de dĂ©tenus ; prĂ©venus, accusĂ©s et dĂ©tenus politiques peuvent recevoir leur repas de l’extĂ©rieur et acheter Ă  la cantine. Les repas fournis aux dĂ©tenus sont volontairement insuffisants pour ne pas dĂ©passer ce que mangent les catĂ©gories sociales les plus pauvres[53], pour participer Ă  la pĂ©nitence et obliger les prisonniers Ă  travailler au mieux afin d’obtenir avec leur pĂ©cule, jadis appelĂ© le « denier de poche », un complĂ©ment alimentaire Ă  la cantine. Pendant la guerre, la pĂ©nurie des matiĂšres premiĂšres oblige les dĂ©tenus au chĂŽmage, ce qui ne leur permet plus de cantiner (c’est-Ă -dire faire des achats Ă  la cantine de la prison). C’est ce qui se passe dĂšs 1941. La mortalitĂ© s’accroit et pour parer la crise, des associations caritatives comme la SociĂ©tĂ© de Saint-Vincent-de-Paul sont autorisĂ©es Ă  acheter Ă  la cantine pour les dĂ©tenus malades ou indigents.

En France encore, depuis la fin du XXe siĂšcle, pour cantiner, le dĂ©tenu, qui a prĂ©alablement Ă©tĂ© informĂ© du prix de vente des objets et denrĂ©es, doit remplir un bon de commande qui est relevĂ© le matin et transmis Ă  la cantine ; celle-ci est tenue, par cahier des charges, de fournir un conditionnement en petites quantitĂ©s et d’éviter toute rupture de stocks. La commande est livrĂ©e le lendemain, en fin de journĂ©e, sauf s’il s’agit d’un achat particulier, hors liste, qui doit ĂȘtre fait par commande « Ă  l’extĂ©rieur » avec autorisation de l’autoritĂ© pĂ©nitentiaire[54].

Le paiement de la commande est effectué par déduction sur la quantité disponible au compte nominatif ouvert dans la prison[55]. La privation de cantine constitue donc une punition et, à ce titre, fait partie des instruments de gestion de la prison[56].

La cantine de prison est parfois le seul lieu oĂč les prisonniers peuvent parler entre eux, Ă©changer des informations, voire prĂ©parer une Ă©vasion. Ainsi, les protagonistes de l’évasion d’Alcatraz de 1962 ont fait connaissance Ă  la cantine de la prison. Dans cette prison de haut niveau de sĂ©curitĂ©, il Ă©tait difficile pour les prisonniers de communiquer entre eux, et la cantine Ă©tait presque le seul moyen pour Ă©changer des nouvelles, ou bien communiquer un plan d’évasion.

Cantine d’entreprise

Photo en noir et blanc de l’extrĂ©mitĂ© d’une grande salle. À droite, sur un comptoir, une vingtaine de plats partiellement servis attendent d’ĂȘtre complĂ©tĂ©s par des femmes en tablier blanc. Au centre, un homme moustachu, en tablier de travail, s’avance parallĂšlement au comptoir et semble rouler une cigarette. À gauche, quelques hommes attablĂ©s mangent et discutent.
Cantine de l’usine Grundig, 1959.

La rĂ©volution industrielle modifie le tissu et les habitudes sociales. Au XIXe siĂšcle, la cantine d’entreprise doit faire face aux habitudes culturelles : le repas de midi Ă©tant traditionnellement prĂ©parĂ© par la femme au foyer, nombre d’époux rentraient manger chez eux. Lorsque la femme Ă©tait elle-mĂȘme ouvriĂšre, si elle obtenait une pause de midi plus longue pour pouvoir rentrer Ă  la maison accueillir la famille avec un repas chaud, elle ne pouvait que rĂ©chauffer des plats cuits Ă  l’avance. Si elle ne pouvait retourner au foyer, l’homme devait se contenter d’un repas froid, ou de rĂ©chauffer lui-mĂȘme la nourriture qu’il avait emportĂ©e ou encore, si le budget du mĂ©nage le permettait, d’aller Ă  la cantine mais les ouvriers refusaient gĂ©nĂ©ralement d’y manger[57].

Des cantines d’entreprises ont existĂ© dĂšs la premiĂšre moitiĂ© du XIXe siĂšcle et certains patrons s’en sont fĂ©licitĂ©s, estimant qu’elles rĂ©gulaient le commerce d’alimentation et contribuaient Ă  diminuer l’alcoolisme[N 7]. Cette derniĂšre affirmation doit ĂȘtre relativisĂ©e, car il va ĂȘtre frĂ©quent de voir les ouvriers dĂ©penser la plus grande partie de leur paye Ă  la cantine comme ils pouvaient le faire au bistrot du patelin[58]. Et l’ingĂ©niositĂ© des amateurs d’alcool compense l’interdiction de consommer de telles boissons hors repas — lorsque interdiction il y a[59].

La premiĂšre cantine française autogĂ©rĂ©e serait celle crĂ©Ă©e Ă  la Banque de France, en 1866[60]. Un certain nombre d’industriels, comme Henri De Gorge, Gustave BoĂ«l, Ernest Solvay ou Georges Gaillard tentent d’amĂ©liorer les conditions de vie des ouvriers et crĂ©ent des citĂ©s ouvriĂšres, des corons ou simplement des cantines. DĂšs 1913, le service de cantine est parfois sous-traitĂ©.

En Autriche-Hongrie, la firme GrĂ€f & Stift, qui produit des vĂ©hicules motorisĂ©s pour l’armĂ©e, crĂ©e en fĂ©vrier 1917 une premiĂšre cantine d’entreprise qui prĂ©pare pour un prix modique trois repas par jour. Les ouvriers qui le dĂ©sirent peuvent emporter le repas chaud pour le manger chez eux[61]. Une aide prĂ©cieuse car la PremiĂšre Guerre mondiale a provoquĂ© des pĂ©nuries alimentaires dans tous les pays belligĂ©rants dĂšs 1915 et la situation ne va cesser d’empirer au fil du temps. La mauvaise situation alimentaire suscite des revendications sociales et mĂȘme des grĂšves. Un systĂšme d’élection de dĂ©lĂ©guĂ©s est mis en place pour contrĂŽler la cantine des ouvriers du Landsturm de Wöllersdorf et parer aux nombreuses allusions de ponctions par les responsables. En 1918, la cantine de l’usine de munitions de Wöllersdorf ne propose plus au menu qu’« un petit morceau de pain, de chou et d’une sorte de cafĂ© noir[62] ».

En France, la restriction des denrĂ©es alimentaires durant la Seconde Guerre mondiale et l’Occupation, favorise le recours Ă  la cantine. Puis, en 1945, la crĂ©ation des comitĂ©s d’entreprise, dont la restauration collective devient une des prĂ©rogatives, entraine la multiplication des cantines qui vont progressivement ĂȘtre appelĂ©es « restaurant d’entreprise[63] ».

La mise en place des journĂ©es continues, c’est-Ă -dire avec une courte interruption pour le repas de midi, « nĂ©cessitera d’importants changements dans les habitudes (alimentaires), en particulier un petit dĂ©jeuner plus copieux et un diner servi plus tĂŽt (
). Pour aider Ă  mettre au point cette « journĂ©e continue », il faut encore des cantines scolaires pour les enfants des femmes qui travaillent, des restaurants d’entreprises[64] ».

Si l’existence d’une cantine est perçue positivement par les ouvriĂšres, d’autres femmes ne l’envisagent que comme un pis-aller et non comme remplaçant rĂ©ellement la cuisine familiale. Elles ne prennent pas en compte le gain de temps des trajets et considĂšrent le service collectif de repas comme un substitut de cuisine « vite-faite » qui ne peut remplacer leur propre pratique de « vraie » cuisine[65].

À la fin du XXe siĂšcle et dans les pays industrialisĂ©s, manger Ă  la cantine est totalement entrĂ© dans les mƓurs, ce qui satisfait le patronat car l’« objectif rattachĂ© Ă  ce service est de fournir une saine nutrition au salariĂ© afin de lui permettre de se maintenir en bonne condition physique et de garder un bon moral. Si le salariĂ© a plus d’énergie pour travailler, il y a moins de risques d’accidents au travail et plus de chances d’accroitre son rendement[66] ». Les bons gestionnaires d’entreprises veillent donc Ă  la qualitĂ© de leur cantine car les investissements dans l’alimentation permettent de rĂ©duire les jours de congĂ©s de maladie et le nombre d’accidents. Cet aspect du management n’est cependant pas encore suffisamment entrĂ© dans les mƓurs des entreprises et, en 2005, l’Organisation internationale du travail (OIT) tient ce problĂšme en trĂšs sĂ©rieuse considĂ©ration[67].

Cantine scolaire

Croquis d’enfant attablĂ©s dans une piĂšce mansardĂ©e ; deux femmes en longue robe et tablier servent les plats.
Cuisine populaire pour enfants par Max Liebermann.

La cantine scolaire fut, au dĂ©part et dans les pays industrialisĂ©s, une rĂ©ponse Ă  la nĂ©cessitĂ© sociale de prĂ©server la santĂ© des enfants nĂ©cessiteux[68]. Elle exerce toujours cette fonction, mĂȘme dans les pays dits riches[N 8].

Dans les pays les moins avancés

L’organisation d’une cantine scolaire peut ĂȘtre le rĂ©sultat d’initiatives prises par des associations locales[69] mais dĂ©coule le plus souvent des actions du Programme alimentaire mondial (PAM) alimentĂ©es par les contributions des pays riches, en dons monĂ©taires ou en dons d’aliments[70]. Le PAM a Ă©tabli, en effet, un programme d’alimentation scolaire afin de pallier les dĂ©ficiences nutritionnelles dont souffrent les enfants et d’inciter les gouvernements et collectivitĂ©s locales Ă  prendre des mesures concrĂštes pour amĂ©liorer la vie de leurs concitoyens. Dans ce cadre, les autoritĂ©s de divers pays ont amorcĂ© depuis les annĂ©es 1985-1990 des plans de pĂ©rennisation des cantines scolaires, l’objectif gĂ©nĂ©ral Ă©tant de doter chaque Ă©cole d’une cantine. L’aide du PAM varie en fonction des rĂ©gions et des dons qu’il reçoit ; elle peut ĂȘtre constituĂ©e de nourriture comme de matĂ©riel[71]. Les cantines permettent d’amĂ©liorer la nutrition et participent de ce fait Ă  l’évolution positive d’un pays[72].

En Afrique, l’existence de cantines aide Ă  la scolarisation des fillettes et, par consĂ©quent, Ă  l’émancipation fĂ©minine[73]. Mais le continent africain manque de systĂšmes efficaces de restauration collective et la cantine n’y est pas forcĂ©ment un service organisĂ© : l’appellation « cantine scolaire » est parfois attribuĂ©e Ă  un ensemble de marchands de rue qui offrent des possibilitĂ©s de repas[74].

Comme au XIXe siĂšcle dans les pays occidentaux (et par exemple Ă  Mouy, en France), c’est la prĂ©sence d’une cantine scolaire et donc l’assurance d’un repas qui, dans bien des pays, incite les parents Ă  envoyer l’enfant Ă  l’école. Ainsi, Ă  Bonsaaso (Ghana), le taux de recrutement Ă  l’école a quasiment doublĂ© aprĂšs l’installation de cantines scolaires[75]. Cependant, le cout du transport, des fournitures et de la cantine doit ĂȘtre souvent compensĂ© par le travail de l’enfant, obstacle Ă  sa prĂ©sence rĂ©guliĂšre aux cours.

Dans les pays développés

De façon gĂ©nĂ©rale, la cantine scolaire permet Ă  ceux qui ne peuvent rentrer chez eux, en raison du travail parental ou d'une distance Ă©cole-maison trop grande, d’avoir un repas chaud. Elle constitue aussi pour les Ă©lĂšves un lieu et un temps d’échange, de sociabilitĂ© et de socialisation.

Quatre adolescentes aux cheveux longs sont attablées à une petite table carrée ; les bleus vifs et le rouge dominent dans cette peinture.
Cantine de collĂšge par Philip Absolon.

La modicitĂ© du repas[N 9] impliquant des aliments nourrissants mais bon marchĂ©, les plats proposĂ©s, s’ils apportent bien un pourcentage calorique journalier[76], ne respectent pas forcĂ©ment les principes diĂ©tĂ©tiques ; aussi une lĂ©gislation est-elle intervenue dans les pays dĂ©veloppĂ©s. Cependant, si la nourriture servie aux Ă©lĂšves est au XXIe siĂšcle contrĂŽlĂ©e sur le plan de l’hygiĂšne et de l’équilibre diĂ©tĂ©tique, rien n’empĂȘche l’enfant de dĂ©laisser certains aliments au profit d’autres, car au XXe siĂšcle, les cantines sont passĂ©es progressivement du service d’une nourriture identique pour tous au libre-service qui permet Ă  chacun de prĂ©server son rĂ©gime alimentaire personnel en fonction de ses gouts, d’impĂ©ratifs mĂ©dicaux ou de convictions religieuses.

Selon les lieux et les rĂ©seaux d’enseignement, le menu est parfois portĂ© Ă  la connaissance du public. Cela permet aux parents de choisir les mets servis Ă  la maison pour Ă©quilibrer l’ensemble des repas sur le plan diĂ©tĂ©tique.

La cantine scolaire aborde, surtout en Occident, un nouveau rĂŽle de dimension culturelle, celui d’exemple, car elle constitue l’un des rares lieux Ă©ducatifs sur le plan alimentaire. Elle doit dĂ©velopper une mission d’information diĂ©tĂ©tique, car l’enfant qui la frĂ©quente n’y prend que quatre repas par semaine, soit un septiĂšme de ses repas hebdomadaires[N 10] alors que l’alimentation des jeunes devient partout dans le monde un enjeu de sociĂ©tĂ© et un enjeu de santĂ© publique. Cette dimension Ă©ducative se heurte encore aux pressions Ă©conomiques. Jane Goodall constate que les chaines de fast-food comme McDonald’s, Domino's ou Taco Bell, qui distribuent des repas mal Ă©quilibrĂ©s, se voient octroyer le marchĂ© des cantines aux États-Unis « alors que les programmes d’éducation physique sont rognĂ©s pour des raisons budgĂ©taires[77] ». Par ailleurs, avant mĂȘme de parler diĂ©tĂ©tique, la cantine doit aider parents et enseignants Ă  informer l’enfant sur les produits de base.

« Lors d’une tentative d’amĂ©lioration des repas de cantine au Royaume-Uni, les Ă©coliers reçurent des pommes ou des oranges entiĂšres, certains ne savaient pas ce que c’était, ils n’avaient jamais eu affaire Ă  un fruit entier de leur vie[77]. »

Elle participe Ă  l’éducation du gout des enfants par la qualitĂ© et la diversitĂ© des produits consommĂ©s, la valorisation du patrimoine culinaire, et une approche ludique des repas Ă  l’occasion de semaines thĂ©matiques, telle que la semaine du gout en France. Les plus jeunes sont la premiĂšre cible, puisqu’ils n’ont pas encore fini de dĂ©velopper leur palais.

Le type de denrĂ©es disponibles localement et les fortes traditions alimentaires culturelles ont Ă©galement un Ă©norme impact sur le type de menu : en Italie, on sert plutĂŽt des spaghettis Ă  la sauce tomate en entrĂ©e, suivis de poulet frit avec pommes de terre rĂŽties et d’un fruit[78] ; en ThaĂŻlande, des nouilles prĂ©cĂšdent le riz et le dessert[79] ; en revanche, au Japon la consommation de la viande de baleine a trĂšs fortement chutĂ© ces derniĂšres dĂ©cennies, y compris dans la restauration scolaire[80].

En cas de modification des pratiques alimentaires scolaires, l’information et la concertation entre les pouvoirs organisateurs, les responsables de la restauration et les parents est indispensable pour obtenir un rĂ©sultat positif Ă  long terme quant Ă  la diĂ©tĂ©tique car il faut changer les mentalitĂ©s, lutter contre les barriĂšres culturelles et faire admettre que les habitudes traditionnelles ne sont pas forcĂ©ment les bonnes[N 11]. Il est Ă©galement nĂ©cessaire de former et motiver particuliĂšrement le personnel encadrant, qu’il soit salariĂ© ou bĂ©nĂ©vole.

Le fait de servir, dans les pays dĂ©veloppĂ©s, deux sortes de lĂ©gumes en deux services date du dĂ©but du XXIe siĂšcle et est encore rare ; cela constitue une amĂ©lioration sur le plan diĂ©tĂ©tique si on compare Ă  des menus plus anciens ou plus « traditionnels » qui n’étaient composĂ©s que de viande et d’un lĂ©gume (style boulettes-purĂ©e) ou mĂȘme d’un plat de pĂątes. Ce qui se gĂ©nĂ©ralise, c’est l’usage d’étiquettes de diverses couleurs pour attirer l’attention des jeunes sur les mets Ă  ne manger qu’occasionnellement, sur ceux que l’on doit consommer avec prudence et enfin sur ceux qui sont conseillĂ©s sur le plan diĂ©tĂ©tique[81].

La cantine scolaire laïque française

DĂšs le milieu du XIXe siĂšcle, l’utilitĂ© d’instaurer une cantine scolaire dans tous les villages, pendant une partie de l’hiver, est Ă©voquĂ©e par M. Marniquet-Gilbin pour assurer la frĂ©quentation des cours et rendre l’instruction obligatoire plus attrayante et permettre, en cas de conflit, l’approvisionnement des mĂšres et des enfants[82].

À Paris, Louise Michel crĂ©e une cantine en 1870 pour les Ă©lĂšves de l’externat qu’elle a fondĂ©. L’an suivant, la Commune de Paris propose, parmi de nombreuses rĂ©formes, la gratuitĂ© de la cantine scolaire. En 1882, les Lois Jules Ferry crĂ©ent l’école laĂŻque et obligatoire ; la ville de Paris offre aussitĂŽt une aide alimentaire aux Ă©lĂšves pauvres de ses Ă©coles. Ses cantines accueillent exclusivement les enfants de familles nĂ©cessiteuses ou nombreuses ou ceux Ă  qui l’heure et demie d’interclasse ne permet pas de rentrer chez eux. L’instauration de cantines scolaires dĂ©coule cependant d’initiatives individuelles et non du pouvoir central, et dans de difficiles conditions d’existence : inconfort des locaux (souvent dans des prĂ©aux couverts et non dans des locaux spĂ©cifiques), manque d’hygiĂšne, repas gras et peu variĂ©s...

L’affiche reprĂ©sente un mur de larges blocs beiges sur lequel sont placardĂ©es des affiches que lit un groupe de femmes et d’hommes de classes sociales diverses (bourgeois bien habillĂ©s, ouvriers en tenue de travail). Tous sont reprĂ©sentĂ©s de dos ; une femme tient par la main une enfant qui, elle, tourne le dos au mur et regarde un chien placĂ© Ă  l’avant-plan. Le titre gĂ©nĂ©ral de l’affiche, en grands caractĂšres rouges est « L’Alcool ! voila l’Ennemi ». Les textes des affiches collĂ©es au mur parlent de « Guerre Ă  l’alcool », « Omnibus pour Charenton !! », « Distillation DĂ©gradation DĂ©gustation DĂ©solation », « Savez-vous ce que boit cet homme, dans ce verre qui vacille en sa main tremblante d’ivresse ? – Il boit les larmes, le sang, la vie de sa femme et de ses enfants », etc. Le placard central reprĂ©sente une immense bouteille verte dont l’étiquette ne comporte que deux mots, « Absinthe » « Poison ! », situĂ©s au-dessus et en dessous d’un crĂąne rouge.
Affiche de FrĂ©dĂ©ric Christol (1850-1933) mettant en garde contre les mĂ©faits de l’alcool, 1910.

Les enfants apportent leur boisson, souvent alcoolisĂ©e – le vin, le cidre, le poirĂ©, la biĂšre, Ă©tant considĂ©rĂ©s comme des boissons naturelles. Dans les annĂ©es 1900, alors que se dĂ©veloppent les mouvements anti-alcooliques, les instituteurs commencent Ă  apprendre aux Ă©lĂšves les ravages de l’alcoolisme[83] mais ces boissons sont autorisĂ©es Ă  la cantine et cela ne doit pas Ă©tonner car dĂšs le plus jeune Ăąge, l’enfant Ă©tait parfois alimentĂ© avec de l’alcool. La mĂšre elle-mĂȘme, pour enrichir son lait, consommait de l’alcool, et pour sevrer l’enfant, on ajoutait peu Ă  peu diverses denrĂ©es (pain, Ɠuf, purĂ©e de lĂ©gumes) au lait, puis des « trempettes », c’est-Ă -dire du pain Ă©crasĂ© dans du cidre[84]. L’usage des boissons alcoolisĂ©es n’est limitĂ©, en France, que depuis 1956 aux Ă©lĂšves de plus de 14 ans qui peuvent consommer au repas 1/8 de litre de vin coupĂ© d’eau Ă  3 % vol. ou de la biĂšre ou du cidre lĂ©ger[85]. La ration alimentaire se modifie peu Ă  peu sous l’influence de la mĂ©decine scolaire et des encore rares hygiĂ©nistes.

Les cantines scolaires furent prĂ©sentĂ©es, dans la section des « ƒuvres auxiliaires et complĂ©mentaires de l’école » de l’Exposition universelle internationale de 1900 Ă  Paris, par des documents statistiques et des photographies. L’exposition prouvait que l’installation pouvait ĂȘtre peu couteuse et que le personnel de cuisine Ă©tait ordinairement composĂ© de la concierge de l’école parfois aidĂ©e de son mari[86].

La crise Ă©conomique des annĂ©es trente provoque l’augmentation des cantines (de plus de 46 % en cinq ans) et la secrĂ©taire d’État Ă  l’Éducation nationale CĂ©cile Brunschwig lance une enquĂȘte sur les cantines scolaires ; le rapport conclut que « l’école publique est actuellement trĂšs loin de pouvoir donner aux enfants une alimentation normale ». L’État oblige alors chaque Ă©cole Ă  avoir une cantine mais les repas y restent mal proportionnĂ©s. Le nombre d’enfants dĂ©pendant de la cantine augmente durant la Seconde Guerre mondiale et malgrĂ© l’attribution de quotas de rationnement supplĂ©mentaire aux cantines, les enfants subissent des retards de croissance importants. La gratuitĂ© de la cantine scolaire est l’une des revendications de la propagande communiste clandestine sous le rĂ©gime de Vichy[87].

La transformation des cantines en « restaurants d’enfants », dans l’aprĂšs-guerre, est due Ă  l’ancien maitre d’école Raymond Paumier[N 12] qui parvient Ă  convaincre autoritĂ©s, enseignants et parents de la nĂ©cessitĂ© d’une formation diĂ©tĂ©tique, d’une normalisation des locaux, de la sĂ©lection du personnel et de la prise en considĂ©ration par le gouvernement de projets de loi quant Ă  l’alimentation rationnelle[88].

Selon l’ñge des Ă©lĂšves et le type d’établissement scolaire, l’organisation de la « restauration hors foyer » (RHF) ou « restauration hors domicile » (RHD) incombe au XXIe siĂšcle aux municipalitĂ©s, aux collectivitĂ©s et/ou au ministĂšre de l’Éducation nationale[68].

La cantine scolaire laĂŻque française s’inscrit dans la lignĂ©e du courant Ă©ducatif laĂŻc clairement issu de Condorcet et le mouvement de l’éducation populaire. Mais, au nom du principe de laĂŻcitĂ© et en fonction de la tendance politique, la cantine semble tenue ou non Ă  offrir certains aliments[89], l’extrĂȘme droite allant jusqu’à affirmer que « l’achat de produits Ă  label religieux « cacher » ou « halal » par une administration publique est un dĂ©lit pĂ©nal puisqu’une administration publique ne peut subventionner aucun culte ni directement, ni indirectement[90] ». Le vif dĂ©bat entre ceux qui demandent l’introduction de plats casher ou halal et les tenants d’une alimentation gĂ©nĂ©rale, qui vont parfois jusqu’à exclure de la cantine des Ă©lĂšves refusant de manger des mets non prĂ©parĂ©s selon leur code religieux, a provoquĂ© une prise de position du Mouvement contre le racisme et pour l'amitiĂ© entre les peuples (MRAP).

Le Syndicat national de la restauration collective estime, en 2006, Ă  6 000 000 le nombre d’élĂšves français qui dĂ©jeunent rĂ©guliĂšrement Ă  la cantine, Ă  6 000 le nombre de cantines scolaires françaises, Ă  1 000 000 000 le nombre de repas servis annuellement dans ces cantines[91].

Le fait, pour des enfants du deuxiÚme flux migratoire asiatique, de ne pas fréquenter la cantine rend les services de santé scolaire plus vigilants et entraine des contrÎles médicaux plus stricts[92].

L’organisation de la cantine scolaire

Gros plan d’une affichette de format A4 horizontal glissĂ©e dans une chemise plastique et agrafĂ©e Ă  un panneau de bois. Dans un encadrĂ© gras, et sous le titre « N’oublie pas de « badger » dĂšs le matin ta prĂ©sence », l’avis annonce : « DĂšs le jeudi 21 septembre et ce pour tous les jours d’école (y compris le samedi), les enfants viendront : - obligatoirement « badger » leur prĂ©sence dĂšs leur arrivĂ©e Ă  l’école, - Ă©ventuellement leur inscription Ă  la cantine ou Ă  l’étude surveillĂ©e. Tous les enfants de l’école devront donc avoir en permanence leur badge dans leur cartable. »
Rappel de l’obligation de pointer Ă  l’école. En arrivant Ă  l’école, l’enfant doit sĂ©lectionner sur une borne les services qu’il veut utiliser dans la journĂ©e, et notamment celui de la cantine.

En 2004, le Groupement des industries de l’interconnexion, des composants et des sous-ensembles Ă©lectroniques, qui suggĂ©rait dans un livre blanc que les mĂ©thodes biomĂ©triques soient utilisĂ©es notamment pour l’organisation du dĂ©jeuner Ă  la cantine, reçoit le Big Brother Award « Orwell Novlang », exprimant les rĂ©ticences dans la sociĂ©tĂ© devant ce qui est considĂ©rĂ© comme une menace contre la vie privĂ©e.

Dans les annĂ©es 2000, divers Ă©tablissements scolaires avaient cependant dĂ©jĂ  instaurĂ© des dispositifs de contrĂŽle biomĂ©trique d’accĂšs Ă  leur cantine, soit en respectant les recommandations de la CNIL (reconnaissance palmaire) soit en contrevenant Ă  la loi (reconnaissance des empreintes digitales)[93]. D’autres ont adoptĂ© les badges Ă  puce pour la facturation de la cantine scolaire et de la garderie, comme en 2007 dans l’école primaire de Saint-MĂ©dard-d'Eyrans en 2007, ou celle de La BruyĂšre (Namur) en 2008[94].

En 2011, le programme national pour l'alimentation prévoit de nouvelles rÚgles pour les cantines[95]

Cantine en temps de guerre

Ce long bĂątiment d’un seul Ă©tage, au toit plat, semble ĂȘtre enfoncĂ© dans la pente d’un terrain herbeux que clĂŽture un bois de feuillus. La façade en briques est percĂ©e de deux portes et de six petites fenĂȘtres.
Cantine du camp de travail de Gross-Rosen.

La cantine se rĂ©vĂšle au XXe siĂšcle un service aussi indispensable, si ce n'est plus, en temps de guerre qu’en temps de paix. Elle rĂ©pond cependant Ă  des besoins diffĂ©rents selon les circonstances.

Cantine de travail

Dessin de trois femmes travaillant Ă  un tour dans une usine. Par la fenĂȘtre, derriĂšre elles, on aperçoit un bĂątiment portant le sigle YWCA (Young Women's Christian Association). Un texte en anglais prĂ©cise que 25 000 livres sont immĂ©diatement nĂ©cessaires pour pourvoir Ă  des salles de repos, des cantines et des hĂŽtels.
Affiche de guerre : collecte de fonds pour fournir salles de repos, cantines et hébergements aux travailleuses.

La guerre oblige Ă  produire davantage d’armement, de vĂ©hicules de transports, etc. et conduit donc Ă  une concentration de soldats ou de travailleurs en un mĂȘme lieu. La cantine assure le repas. Elle le fait Ă©galement pour les travailleurs dĂ©portĂ©s mais dans des conditions qui se dĂ©gradent au fil du temps, les rĂ©serves alimentaires s’épuisant[96] - [97].

La pĂ©nurie de main d’Ɠuvre traditionnelle masculine — beaucoup d’hommes Ă©tant au front — offre aux femmes l’opportunitĂ© de jouer un grand rĂŽle dans le maintien de la production industrielle destinĂ©e tant Ă  l’effort de guerre qu’aux besoins civils ; cela implique des emplois parfois fort Ă©loignĂ©s du foyer et la crĂ©ation d’infrastructures d’accueil, logement et cantine pour laquelle des fonds sont collectĂ©s auprĂšs du public.

Cantine pour prisonniers de guerre

Diverses personnes ont tĂ©moignĂ© de l’organisation et de la triste qualitĂ© des cantines pour prisonniers de guerre. La Convention (III) de GenĂšve relative au traitement des prisonniers de guerre du 12 aoĂ»t 1949 a dĂ©cidĂ© que tous les camps destinĂ©s aux prisonniers de guerre doivent ĂȘtre dorĂ©navant pourvus d’une cantine pour leur procurer aliments et objets usuels au prix maximal du commerce local. Les bĂ©nĂ©fices issus de ces ventes constituent un fonds spĂ©cial utilisable au profit des prisonniers ; lors de la dissolution d’un camp, le solde crĂ©diteur du fonds est remis Ă  une organisation internationale pour servir « au profit des prisonniers de guerre de la mĂȘme nationalitĂ© que ceux qui ont contribuĂ© Ă  constituer ce fonds. En cas de rapatriement gĂ©nĂ©ral, ces bĂ©nĂ©fices seront conservĂ©s par la Puissance dĂ©tentrice, sauf accord contraire conclu entre les Puissances intĂ©ressĂ©es[98]. »

Cantine humanitaire

Photo en noir et blanc. DerriĂšre une table-bureau abritĂ©e par une barriĂšre en bois se pressent six hommes affairĂ©s en complet veston, pour la plupart chapeautĂ©s ; devant la barriĂšre un soldat anglais reçoit un ticket de repas (il « est vu acceptant un ticket » dit la lĂ©gende en anglais. La scĂšne se passe dans un angle rĂ©duit formĂ© de panneaux d’avis et donne une impression de confusion.
Distribution de tickets alimentaires Ă  la gare du Nord durant la PremiĂšre Guerre mondiale.

Grùce aux associations caritatives (YMCA, Croix-Rouge, Armée du salut et autres), des cantines sont périodiquement créées ; dÚs la PremiÚre Guerre mondiale, l'Union des Femmes de France installe par exemple des cantines de gare.

Ainsi, aprĂšs l’effondrement du TroisiĂšme Reich, se pose le problĂšme des millions de rĂ©fugiĂ©s civils gĂ©nĂ©ralement originaires de l’Europe de l’Est, qui vont rester longtemps maintenus dans des camps et qu’il faut nourrir dans une Allemagne oĂč rĂšgne la pĂ©nurie alimentaire alors que chaque rĂ©fugiĂ© doit bĂ©nĂ©ficier d’un rĂ©gime de 2 000 calories pour pouvoir se rĂ©tablir. « Dans de nombreux camps, les 2 000 calories incluent 1 250 calories provenant d’un pain noir, humide et extrĂȘmement peu appĂ©tissant[N 13]. » Parmi ces rĂ©fugiĂ©s, des centaines de milliers d’enfants, dont certains vont pouvoir bĂ©nĂ©ficier de cantines organisĂ©es par les pays europĂ©ens : les enfants de Vienne peuvent ĂȘtre nourris Ă  la cantine organisĂ©e par les SuĂ©dois, 80 000 enfants norvĂ©giens mangent les repas de cantine scolaire organisĂ©s par le Danemark[99]. Autre exemple : pendant la guerre civile d'Espagne, une cantine est organisĂ©e pour les rĂ©fugiĂ©s juifs allemands qui n’ont pu fuir l’Espagne[100].

Cantine futuriste

Par le biais de la FoodTech, la restauration robotisée est mise à l'essai à Wuhan (Chine) en 2022 dans le cadre de la gestion de la crise de la Covid-19. Proposant des plats variés (parfois jusqu'à 300) et personnalisables, ces nouvelles cantines fournissent des repas en moins d'une minute[101].

Cantine et société

La cantine a jouĂ© un important rĂŽle sur le plan social dĂšs le XVIIIe siĂšcle. Outre son rĂŽle de palliatif Ă  la pauvretĂ©, elle a comblĂ© peu Ă  peu le besoin de multiples personnes qui n’ont ni le dĂ©sir ni la possibilitĂ© de rentrer chez elles, de se rendre dans un lieu de restauration privĂ© ou encore de se nourrir Ă  leur poste de travail.

La cantine a modifiĂ© les rĂšgles traditionnelles de la commensalitĂ© puisqu’elle provoque des rencontres de hasard, et en crĂ©e parfois de nouvelles par le libre choix de ses commensaux sur base des affinitĂ©s.

Cantine contre gamelle, choix personnel, politique, Ă©conomique

L’instauration de la cantine bouleverse des habitudes ethnographiques millĂ©naires. Claude Fischler Ă©crit en 1996[102] :

« Alors que, tout au long de l’évolution historique, on a assimilĂ© la maison au foyer, c’est-Ă -dire Ă  la cuisine, l’alimentation s’identifie de moins en moins nĂ©cessairement Ă  l’univers domestique. »

La cantine a constituĂ© un passage obligĂ© dans ce processus. Mais elle a provoquĂ© (et rĂ©vĂ©lĂ©) une rivalitĂ©, voire un conflit, entre milieux familial et collectif, entre « la gamelle » et la « cantine ». La gamelle, pour la plupart des gens, c’est le rĂ©cipient indispensable, d’abord en bois, puis en tĂŽle Ă©maillĂ©e, en fer battu, en aluminium[103] ou en plastique, qui a servi longtemps Ă  transporter la nourriture prĂ©parĂ©e Ă  la maison, gĂ©nĂ©ralement par la mĂšre, la sƓur ou l’épouse – au point que certains jeunes gens n’imaginaient le mariage que parce qu’il fallait quelqu’un pour prĂ©parer le panier-repas.

La gamelle n’est pas l’apanage de l’homme, les femmes aussi l’utilisent, comme mode de transport ou comme rĂ©cipient Ă  manger[104], mais souvent pour des plats prĂ©parĂ©s par elles-mĂȘmes[105]. La gamelle, c’est un repas froid ou chaud si l’on peut le faire rĂ©chauffer sur le poĂȘle de la classe ou Ă  la cantine[106], ou qu’il soit rĂ©chauffĂ© au bain-marie dans d’autres cas[107], mais c’est un repas sans risque, qu’on absorbe avec confiance – pas comme l’« aliment-service » fourni Ă  la cantine par l’industrie agro-alimentaire.

  • Double gamelle en tĂŽle Ă©maillĂ©e.
    Double gamelle en tÎle émaillée[N 14].
  • Gamelle mĂ©tallique ouverte et garnie.
    Gamelle métallique ouverte et garnie[N 15].
  • Gamelle japonaise en bois.
    Gamelle japonaise en bois[N 16].
  • Étal de gamelles de fantaisie.
    Étal de gamelles de fantaisie[N 17].

La gamelle fait partie de la culture enfantine, « boite Ă  tartine » rĂ©cupĂ©rĂ©e par les marques et qui crĂ©e une compĂ©tition sociale entre les parents, particuliĂšrement aux États-Unis. La gamelle fait partie de la culture ouvriĂšre ; on en consomme le contenu entre ouvriers du mĂȘme bord, Ă  l’écart des chefs, « entre soi » ; on prĂ©fĂšre mĂȘme manger sa gamelle au vestiaire, assis par terre, plutĂŽt que d’aller Ă  la cantine oĂč se cĂŽtoient cadres, employĂ©s et ouvriers. La cantine expose l’ĂȘtre humain Ă  une confrontation avec d’autres, de sexe, de niveaux et de classes sociales parfois diffĂ©rents, ce qui peut poser problĂšme[108].

D’une certaine façon, la gamelle est Ă  l’origine de la cantine, un local rĂ©servĂ© pour y rĂ©chauffer et y manger le contenu de la gamelle[109]. Peu Ă  peu, de la soupe puis des repas sont proposĂ©s dans la cantine, ce qui amĂšne la disparition de la gamelle[84].

La cantine peut ĂȘtre pour certains libĂ©ratoire des contraintes familiales mais constitue aussi une restriction – voire une privation – de libertĂ©, quant Ă  la maniĂšre de s’alimenter, pour des raisons Ă©ducatives, politiques ou religieuses : des utopistes[110] Ă  Mao Zedong, en passant par les sionistes, les rĂ©gimes totalitaires de CorĂ©e ou du Cambodge[111], les gestionnaires de camps ou d’entreprises, le fait de forcer les gens Ă  se rassembler pour manger un repas prĂ©parĂ© hors du foyer impose le changement radical du mode de vie traditionnel et conditionne l’individu Ă  accepter de nouvelles rĂšgles de sociĂ©tĂ©.

Certains choix religieux prĂ©sentent les mĂȘmes exigences : Saint Benoit, par exemple, inscrit dans sa RĂšgle la cuisine commune[112] et le repas commun des moines au rĂ©fectoire[113] au mĂȘme rang que les offices, ce qui impose une hiĂ©rarchie (comme dans une famille) et interdit la constitution de petits groupes de commensaux (comme des amis) Ă  l’intĂ©rieur de la communautĂ©.

En France, comme dans nombre de pays europĂ©ens, une alternative Ă  la « contrainte » de la cantine comme Ă  celle de la gamelle est apparue avec l’instauration des titres restaurant. Cette facultĂ©, qui n’autorise cependant pas les employeurs Ă  s’exonĂ©rer de l’obligation, prĂ©vue par le Code du travail[114], de mise en place d’un lieu de restauration, y compris au sein des petites entreprises (allant a minima d’un « emplacement », permettant de se restaurer dans de bonnes conditions de santĂ© et de sĂ©curitĂ©, Ă  la « cantine »), leur offre cependant la possibilitĂ© de substituer l’octroi de « chĂšques restaurants » au paiement des indemnitĂ©s de petit dĂ©placement (destinĂ©es Ă  l’indemnisation de la « gamelle » lorsque le repas au domicile ou dans l’entreprise est rendu impossible du fait de l’éloignement) comme dans le secteur du bĂątiment et des travaux publics par exemple (voir la prime de panier). Élargie Ă  d’autres secteurs d’activitĂ© et d’autres situations par conventions collectives, elle a Ă©galement permis Ă  une partie des salariĂ©s de retrouver une certaine libertĂ© dans le choix de leur lieu de repas (alternative Ă  la « cantine ») et dans celui de leur mode d’alimentation (alternative Ă  la « gamelle »).

RĂŽle de socialisation

La cantine est aussi un lieu de diffusion de l’information, qu'elle soit officielle ou officieuse[115] (potins, rumeurs, affichage, sonorisation d'annonces).

La cantine, Ă©tant gĂ©nĂ©ralement un local assez vaste, sert partout de lieu de rassemblement pour les communications[116], discours et fĂȘtes[117], activitĂ© politique et syndicale[118], culturelle[119] et mĂȘme scolaire[120]. Elle matĂ©rialise un espace Ă  usage collectif qui autrement n’existerait pas.

En Belgique, dans le Sillon Sambre-et-Meuse, la cantine a constituĂ©, au XXe siĂšcle, un lieu de rassemblement et de convivialitĂ© – en dehors des heures de repas – pour les travailleurs immigrĂ©s, et particuliĂšrement pour les Italiens qui s’y retrouvaient le dimanche pour bavarder, jouer aux cartes ou aux boules (sorte de jeu de pĂ©tanque) en mangeant ensemble un plat de leur pays comme la pizza[121]. À Houdeng-GƓgnies, Ă  proximitĂ© des ascenseurs Ă  bateaux du Canal du Centre, les usines BoĂ«l firent construire, peu aprĂšs la Seconde Guerre mondiale des logements en matĂ©riaux robustes pour les travailleurs immigrĂ©s Ă  la suite des accords signĂ©s entre la Belgique et l’Italie. Cette « cantine des Italiens » est aujourd’hui un musĂ©e de l’immigration italienne[122].

En France, l’ancienne cantine des fondeurs d’AntoignĂ© Ă  Sainte-Jamme-sur-Sarthe est aussi devenue un lieu de mĂ©moire. L’installation d’une cantine a parfois permis la survie d’une Ă©cole ou la repopulation d’un village (comme Ă  Villers-en-Arthies[123] dans les annĂ©es 1990). La cantine a inspirĂ© Coluche pour le lancement des Restos du CƓur[124] - [125].

Réputation de la cantine dans les pays européens

Photographie d’une assiette en plastique moulĂ© Ă  deux compartiments ; dans le plus petit, une matiĂšre verte ressemblant Ă  des petits pois en sauce, dans le grand une plus grosse boule d’aliment ressemblant Ă  de la purĂ©e de pomme de terre ou de riz, nappĂ©e partiellement d’une sauce gluante brune qui recouvre aussi la boule de nourriture contigĂŒe, ressemblant Ă  une purĂ©e de foie.
Dans un hĂŽpital de New York, aliments pulvĂ©risĂ©s et moulĂ©s pour ressembler Ă  des tranches de bƓuf et des petits pois ; ces derniers sont, en fait, de la purĂ©e de brocoli.

Pour le petit enfant, aller Ă  la cantine, c’est ne plus manger le repas prĂ©parĂ© par le parent, c’est devoir changer d’habitudes alimentaires, c’est devoir parfois – ou souvent – se forcer ou ĂȘtre forcĂ© Ă  avaler des mets qu’on n’aime pas, de subir Ă©ventuellement les lazzi des autres Ă©lĂšves et des professeurs, et connaĂźtre la honte[126]. Le cĂŽtĂ© Ă©motif joue un rĂŽle, mais il ne peut justifier la mauvaise rĂ©putation qu’ont les cantines depuis des dĂ©cennies.

Cette mauvaise rĂ©putation n’est pas nouvelle. Sylvie-Anne MĂ©riot fait remonter son origine Ă  l’Ancien RĂ©gime, Ă©poque oĂč la nourriture collective consistait en des soupes lĂ©gĂšres, lĂ©gumes cuits Ă  l’eau et fromages dessĂ©chĂ©s, servis dans les hospices aux exclus de la sociĂ©tĂ© (pauvres et mendiants, malades et handicapĂ©s[127]
). L’image nĂ©gative de la cantine, qui existe dans tous les milieux, est au XXIe siĂšcle principalement alimentĂ©e par la monotonie et la tristesse des repas qui furent proposĂ©s dans les annĂ©es 1930[128] et le sont encore parfois : pĂątes, boulettes, purĂ©e, petits pois, jambon ou Ă©pinards[129]
 Une nourriture parfois rare[N 18], souvent lourde, voire indigeste, de la ragougnasse, qui a menĂ© des Ă©lĂšves, comme Auguste Angellier, ou des prisonniers, comme ceux de la prison de Nancy en 1972[130], Ă  la rĂ©volte. L’obligation de manger « toute son assiette » est aussi difficilement acceptable – sauf lorsqu’on aime ça Ă  en mourir[131].

Les gens ont Ă©galement mis en doute la qualitĂ© nutritionnelle des aliments ou leur origine, comme l’exprime clairement Pierre Perret[132] :

Je comprends pas maman que ça t’affole
Ça qu’on mange Ă  la cantine de l’école
Ils l’ont bien prĂ©cisĂ© tout est pulvĂ©risĂ©
Traité piqué aseptisé ça peut pas nous peser
Crois-moi qu’avec toutes ces vitamines
Le chlorate et la pénicilline
Qu’y a dans les Ă©pinoches
Et les chipolatas
Y a pas un astibloche
Qui viendrait y faire sa casbah
(...)

Question de la bidoche y a rien Ă  redire
Tout ce qui est pas au granulé on le vire
Le directeur est formel
Y dit que ça serait mortel
Si tout d’un coup comme ça on bouffait des trucs naturels
Tout ce qui est douteux y fait le sacrifice
Il l’envoie aux vioques dans les hospices
Ça part dans les casernes aux cuisines des prisons
Ça y a suffi d’une fois qu’ça y a fait crever ses cochons

Pour certains, la cantine est aussi synonyme de pauvretĂ© car son image est associĂ©e Ă  celle de l’aide alimentaire[N 19].

La cantine toutefois a aussi un cĂŽtĂ© ludique[133] et parfois mĂȘme d’excellents aspects : l’actrice Barbara Schulz apprĂ©cie le homard servi Ă  la cantine de la production amĂ©ricaine French Kiss, les repas du lycĂ©e de l'EmpĂ©ri sont rĂ©putĂ©s[N 20], etc.

Étant donnĂ© « l’existence de risques de dĂ©sĂ©quilibre alimentaire plus importants pour les Ă©lĂšves qui ne dĂ©jeunent jamais Ă  la cantine et pour ceux qui grignotent, Ă  midi ou en dehors des repas[134] », il est probable que la cantine, toutes rĂ©putations confondues, va continuer longtemps encore de jouer son rĂŽle social.

Le poids Ă©conomique de la restauration collective

En Europe, la restauration collective reprĂ©sente prĂšs de la moitiĂ© des repas consommĂ©s hors foyer[135]. Si la part de marchĂ© de la restauration commerciale croĂźt, le nombre de repas servis en restauration collective demeure en France depuis l’aprĂšs-guerre, supĂ©rieur et en croissance[136]. En 1995, les 3 milliards de repas servis en restauration collective se rĂ©partissent ainsi : 1,1 milliard de repas servis dans 42 500 Ă©tablissements scolaires et universitaires, 1 milliard dans 3 500 Ă©tablissements sociaux et de santĂ©, 500 millions en entreprises, 200 millions dans les Ă©tablissements militaires, 150 millions dans les centres de loisir et 55 millions dans 190 prisons[137], chiffres stables en 2004[138].

De plus en plus externalisĂ©e dans les pays occidentaux, la conception des repas a donnĂ© naissance Ă  un secteur de la restauration collective dite « concĂ©dĂ©e »[136], dominĂ© aujourd’hui par trois grandes entreprises europĂ©ennes : la britannique Compass Group et les françaises Sodexo et Elior, qui devancent l’amĂ©ricaine Aramark Corporation. ReprĂ©sentant en Europe 22 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2004 et 31 % de la restauration collective en 2005, le nombre de repas concĂ©dĂ©s en France a Ă©tĂ© multipliĂ© par 4,5 entre 1973 et 1990[137]. Dans ces pays, en 2004, 56 % des activitĂ©s de la restauration collective concĂ©dĂ©e sont rĂ©alisĂ©s en entreprise, 21 % dans le secteur santĂ© et social, et 18 % en cantine scolaire et universitaire[135].

En France en 2017, la gestion concédée représente 40 % des repas servis et varie suivant les secteurs. Quasiment absente des restaurants universitaires, elle passe à 8 % dans le second degré et 70 % dans le premier degré [139].

Dans une case, des enfants prĂ©sentent leur assiette Ă  une femme assise prĂšs d’un rĂ©cipient mĂ©tallique cabossĂ©, posĂ© Ă  mĂȘme le sol, et rempli d’une sorte de purĂ©e de lĂ©gumes verts et orange.
Plat unique au Malawi.
Tableau d’affichage Lectovisuel noir rainurĂ©, en matiĂšre synthĂ©tique, encadrĂ© d’aluminium, sur lequel on a accrochĂ© des lettres (certaines manquent) pour donner le menu du 21 mars 1963 : assortiment de cĂ©rĂ©ales sĂšches, blĂ© entier Ă  la vapeur, 1 Ɠuf brouillĂ©, 2 lait, compote de fruits, pain grillĂ©, pain, beurre, cafĂ©.
Menu de la cantine à la prison d’Alcatraz.

La cantine ne propose de menu que dans les pays industrialisés ; celle des pays pauvres ne peut généralement que proposer un plat unique réalisé avec les ingrédients immédiatement disponibles.

Les menus sont diffĂ©rents selon les rĂ©gions du monde et correspondent aux habitudes culturelles de leurs habitants. Cela peut aller du simple (un plat principal et un dessert) Ă  l’élaborĂ© (entrĂ©e, plat principal, fromage, dessert). Il n’existe donc pas de menu type.

Partout dans le monde cependant, la composition du menu doit tenir compte de différents facteurs ou contraintes :

  • le type de cuisine et de matĂ©riel mis Ă  disposition (sans friteuse, ni frites ni beignets) ;
  • le budget disponible pour l’achat des aliments et le paiement des frais de fonctionnement (personnel, Ă©nergie, etc.[140]) ;
  • l'offre des aliments sur le marchĂ© ;
  • les dĂ©sirs des convives et habitudes alimentaires ;
  • les apports nutritionnels et l'Ă©quilibre diĂ©tĂ©tique. Pour ce dernier point, les collectivitĂ©s font de plus en plus appel Ă  des diĂ©tĂ©ticiens qui Ă©tablissent les menus sur une durĂ©e de 15 jours.

L’établissement des menus dĂ©pend aussi des rĂ©glementations qu’impose la santĂ© publique en matiĂšre de sĂ©curitĂ© alimentaire, de sĂ©curitĂ© sanitaire des aliments et, depuis peu, de prĂ©vention contre l’obĂ©sitĂ©. De nombreuses actions mises en place par les diffĂ©rents pouvoirs organisateurs[141] concernent les menus des cantines.

Dans les pays industrialisĂ©s, sous la pression de l’opinion publique et d’associations comme Slow Food, la qualitĂ© diĂ©tĂ©tique des menus s’accroit et les aliments d’origine biologique prennent peu Ă  peu une place croissante[81]. L'ONG Greenpeace attire l'attention sur les questions autant de santĂ© publique que de durabilitĂ© et d'empreinte Ă©cologique dans les cantines scolaires [142]. En France, la part des achats d'aliments d'origine biologique dans la restauration collective est estimĂ©e Ă  2,9 % par l'Agence Française pour le DĂ©veloppement et la Promotion de l'Agriculture Biologique[143].

D’autre part, le type de poisson servi aux enfants soulĂšve parfois une critique sur le plan de l’environnement. Certains reprochent l’utilisation de poissons vivant menacĂ©s de disparition, comme la sĂ©baste ou le grenadier de roche en France[144] ou la baleine au Japon[145].

Architecture

Il n’y a pas d’architecture-type de cantine. En fonction de la volontĂ©, des finances de l’autoritĂ© organisatrice (Ă©cole, entreprise, association, etc.) et du nombre de personnes Ă  alimenter, l’espace de la cantine peut ĂȘtre un simple prĂ©au, un baraquement (sur les chantiers de construction par exemple), une petite, moyenne ou immense salle.

  • Simple local, ni tables, ni chaises, nourriture posĂ©e au sol.
    Simple local, ni tables, ni chaises, nourriture posée au sol[N 21].
  • Local couvert mais ouvert, tables identiques et bancs alignĂ©s.
    Local couvert mais ouvert, tables identiques et bancs alignés[N 22].
  • Local fermĂ© sans fenĂȘtres, bancs attachĂ©s aux tables, en enfilade.
    Local fermĂ© sans fenĂȘtres, bancs attachĂ©s aux tables, en enfilade[N 23].
  • Local sous combles avec tables et chaises rigoureusement identiques et alignĂ©es.
    Local sous combles avec tables et chaises rigoureusement identiques et alignées[N 24].
  • Grande et haute salle vitrĂ©e, Ă  l’étage, tables de couleurs diffĂ©rentes selon les rangĂ©es et chaises.
    Grande et haute salle vitrĂ©e, Ă  l’étage, tables de couleurs diffĂ©rentes selon les rangĂ©es et chaises[N 25].
  • Salle gigantesque sur pilier central, compartimentĂ©e, tables de formes variables et chaises.
    Salle gigantesque sur pilier central, compartimentée, tables de formes variables et chaises.

Dans la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle, se produit une uniformisation de la structure des cantines, surtout dans les pays industrialisĂ©s. Pour des raisons Ă©conomiques (rĂ©duction des coĂ»ts de main d’Ɠuvre), les cantines des Ă©coles secondaires importantes, des universitĂ©s et des grandes entreprises sont dĂ©sormais conçues pour le libre-service.

À Marçon, la cantine scolaire « Marca », construite en 1959 d’aprĂšs les plans Ă©tablis par Le Corbusier avec AndrĂ© Wogenscky, a Ă©tĂ© classĂ©e monument historique en 2001[146].

Dans l’argot, les jargons et les rĂ©gionalismes

  • La cantine de caserne est nommĂ©e le « tapis de grives[148] ».
  • La cantine de prison est le « tapis de malades[148] ».
  • « Cantine », ou encore « cantoche », est le terme souvent utilisĂ© par les Ă©coliers et adolescents pour dĂ©signer la restauration scolaire[N 26].
  • La cantine de l’École normale supĂ©rieure s’appelle le « pot ».
  • Dans le vocabulaire de la marine, la cantine commune pendant l’armement ou le dĂ©sarmement d’un navire s’appelle la « cayenne ».
  • Dans le vocabulaire de l’armĂ©e, la cantine pour les militaires du rang dans une caserne s’appelle l’« ordinaire » ; la cantine des officiers et sous-officiers est le mess.
  • La « cantine » quĂ©bĂ©coise est quasiment l’équivalent d’un snack-bar amĂ©ricain : un petit restaurant « rapide » au bord d’une route ou d’une rue, sans places assises – sauf Ă©ventuellement quelques tables de pique-nique Ă  l’extĂ©rieur – et sans serveur. Les mets y sont parfois de qualitĂ© mais toujours peu Ă©laborĂ©s : sandwichs en tous genres, poutine, guĂ©dille...
  • La « cantine » est aussi un rĂ©gionalisme suisse signifiant gamelle (le rĂ©cipient), selon le Robert historique d’Alain Rey.
  • La « cantine » est encore un rĂ©gionalisme suisse dĂ©finissant une tente dressĂ©e lors d'une fĂȘte en plein air, oĂč l'on peut se restaurer et parfois danser, Ă©couter des discours (patriotiques, politiques, etc.) ou assister Ă  des concerts Ă  l'abri des Ă©lĂ©ments[149].
  • La « cantine » est, dans certaines rĂ©gions de France, un rĂ©cipient pour conserve ; ainsi, dans le pays lyonnais, est-elle un bocal cylindrique en verre, largement ouvert dans le haut, pour la mise en conserve des fruits Ă  l'eau-de-vie[150].
  • La « cantine » est le nom de la boutique dans les marchĂ©s de Dakar[151].
  • La cantina italienne est un lieu de stockage et de vieillissement des vins, alcools et charcuteries.
  • La cantina espagnole est l’endroit oĂč on garde les boissons et oĂč on boit ; c’est un synonyme de bar. Le terme est encore utilisĂ© pour le lieu de restauration dans les gares de chemin de fer, mais il est peu Ă  peu remplacĂ© par cafeteria.

Dans les arts

Au cinéma

  • Consultations de nourrissons et cantine maternelle, impasse des Allemands de Hippolyte De Kempeneer, Belgique, 1918. Une cantine Ă  destination des mĂšres est l’un des deux sujets de ce documentaire.
  • Les Temps modernes de Charlie Chaplin, États-Unis, 1936. À la cantine de la prison, Charlot se demande si la nourriture servie est tombĂ©e du plafond.
  • Le DĂ©serteur / Je t’attendrai de LĂ©onide Moguy, France, 1939. La presse reproduit les lĂ©gendes des photographies du film rĂ©alisĂ© en 1939 et distribuĂ© en 1940 comme film de propagande et de mobilisation contre l’Allemagne « Les soldats au repos : on boit un verre et on joue Ă  la belote. 1918-1940 : l’atmosphĂšre de la cantine n’a pas changĂ©. ».
  • Listen to Britain de Humphrey Jennings, Royaume-Uni, 1942. Dans ce documentaire sur la Seconde Guerre mondiale, le rĂ©alisateur filme des femmes allant chercher du thĂ© Ă  la cantine ambulante. À deux reprises, Jennings revient sur le menu de la cantine qu’il a d’abord filmĂ© en plan plein cadre (bouillon Ă©cossais, cabillaud pommes sautĂ©es, saucisse grillĂ©e, lĂ©gumes verts, gĂąteau au citron, confiture) ; il insiste ainsi sur la nostalgie qu’évoque une nourriture opulente en pĂ©riode de rationnement.
  • Stage Door Canteen de Frank Borzage, États-Unis, 1943. Des femmes travaillent bĂ©nĂ©volement dans une cantine pour soldats.
  • Hollywood Canteen de Delmer Daves, États-Unis, 1944. Ce film relate la crĂ©ation et la vie d’une cantine qui a accueilli, de 1942 Ă  1945, quelque trois millions de soldats et dont les cantiniĂšres et serveuses furent des vedettes d'Hollywood.
  • The Seafarers de Stanley Kubrick, États-Unis, 1953. Le long travelling de la scĂšne de la cantine laisse transparaĂźtre le style que Stanley Kubrick dĂ©veloppera par la suite dans ses longs mĂ©trages.
  • The Blues Brothers de John Landis, États-Unis, 1980. La scĂšne finale se dĂ©roule dans la cantine de la prison.
  • SalĂ©, sucrĂ© de Ang Lee, TaĂŻwan, 1994. À la cantine de l’école, les enfants mangent ce que leurs parents leur ont donnĂ©, dans une gamelle faite d’assiettes en acier inoxydable emboitĂ©es et serrĂ©es par une courroie. Seuls les plus dĂ©laissĂ©s mangent le repas prĂ©parĂ© par la cantine.
  • Vivre ! de Zhang Yimou, Chine, 1994. La cantine municipale est l’une des manifestations du changement social.
  • Ça commence aujourd'hui de Bertrand Tavernier, France, 1999. Une scĂšne dĂ©crit l’affrontement entre le maire et le directeur de l’école primaire au sujet du non-paiement de la cantine.
  • Les Fautes d'orthographe de Jean-Jacques Zilbermann, France, 2003. La qualitĂ© de la nourriture Ă  la cantine de l’internat rassemble dans la rĂ©volte Ă©lĂšves et professeurs.
  • La Cuisine des cantines : Les coulisses de la restauration scolaire d'Isabelle Brokman, France, 2006, DVD. La rĂ©alisatrice fait le point sur les cantines scolaires en partant de l’exemple d’une Ă©cole de Tours.
  • Nos enfants nous accuseront de Jean-Paul Jaud, France, 2008. Une commune du Gard dĂ©cide de passer aux aliments biologiques pour la cantine scolaire.

Dans la littérature

  • La Cantine Chapuzot de Jean Drault, Librairie BlĂ©riot, Henri Gautier Successeur, Paris, sans date, ca 1893. Jean Drault, Ă©crivain et critique thĂ©Ăątral d’extrĂȘme droite, y traite, avec facĂ©tie et une moquerie parfois bon enfant, les pratiques habituelles de l’armĂ©e Ă  une Ă©poque oĂč le fonctionnement de celle-ci subit des critiques sarcastiques, bouffonnes ou amĂšres de Georges Courteline, d’Alphonse Allais et de son beau-frĂšre Charles Leroy, et d’autres encore.
  • Fond de cantine (recueil de poĂšmes) de Pierre Drieu la Rochelle, Éditions de la Nouvelle Revue française, 1920, publiĂ© Ă  compte d’auteur. Au sortir de la guerre, le jeune Ă©crivain traumatisĂ© par elle, exprime sa dĂ©sillusion de la paix, son pressentiment de l’arrivĂ©e d’un monde nouveau.
  • Un barrage contre le Pacifique (roman) de Marguerite Duras, Gallimard, 1950. C’est Ă  la cantine de Ram que surgit l’espoir et une rencontre qui modifie profondĂ©ment le rĂ©cit[152].
  • L’Éden cinĂ©ma (thĂ©Ăątre) de Marguerite Duras, Mercure de France, 1977. La cantine de RĂ©am y constitue cette fois un lieu ambivalent : celui de l’amour déçu, du rĂȘve non abouti, de l’exploitation de la fille par la mĂšre mais aussi celui d’une entente heureuse possible entre les membres de la famille, ce que traduit une valse imposĂ©e par une didascalie[152].
  • La Cantine des Italiens de Claude Favry, Labor, 1996. L’auteur y fait notamment l’historique des citĂ©s ouvriĂšres et y dĂ©crit le fonctionnement de la Cantine des Italiens du phalanstĂšre BoĂ«l Ă  Houdeng-GƓgnies, les catĂ©gories de personnes qui la frĂ©quentaient ; il y cite aussi divers tĂ©moignages.
  • Embrouilles Ă  la cantine d’HervĂ© Mestron, Archipoche Éditions, 2008. Sous forme d’enquĂȘte policiĂšre, cet auteur de livres pour adultes et jeunes traite des mystĂšres de la restauration scolaire.
  • Faims d'enfance de Axel Gauvin, Seuil, 1987, se dĂ©roule dans une cantine.

La littérature pour la jeunesse utilise logiquement le thÚme de la cantine ; sont ainsi parus notamment :

  • PiĂ©gĂ© dans le corps d’une dame de cantine ! de Todd Strasser, Barad, 2000 ;
  • La Cantine, c’est pas bon ! de Madeleine Brunelet, Actes Sud Junior, 2002 ;
  • Les dinosaures de la cantine de Kochka, Belin, 2005 ;
  • Gaffi : Repas magique Ă  la cantine de MĂ©rel, Nathan, 2005 ;
  • Ça swingue Ă  la cantine de Fanny Joly, Pocket Jeunesse, 2005 ;
  • Effroyable cantine de Marie MĂ©lisou, Rouge Safran, 2006 ;
  • La Cantine morbide de Loup Ragout de Richard Petit (romancier), Boomerang Jeunesse, 2007 ;
  • Louise ne veut pas manger Ă  la cantine, Collectif, Nathan, 2008.

Dans les arts graphiques

Si le repas est un thĂšme frĂ©quent en peinture, il est le plus souvent interprĂ©tĂ© dans un cadre familial ou de banquet, rarement dans celui d’une cantine. Outre Max Liebermann et Philip Absolon dont des Ɠuvres illustrent cet article :

Une gouache de Salvador DalĂ­ fut accrochĂ©e dans la cantine de la prison de Rikers Island de 1965 Ă  1981. Cette Ɠuvre fut volĂ©e en mars 2003 par un directeur adjoint et trois agents pĂ©nitentiaires qui furent arrĂȘtĂ©s et inculpĂ©s ; elle n’a jamais Ă©tĂ© retrouvĂ©e[153].

MĂ©tier : cantinier et cantiniĂšre

Le métier

Portrait photographique sĂ©pia d’une jolie femme en uniforme, prise de trois-quart. La cantiniĂšre porte une jupe ballonnĂ©e au-dessus d’un pantalon long. Sur la jupe un tablier blanc. Le haut de l’uniforme est constituĂ© d’une veste cintrĂ©e, moulante, Ă  longues manches, boutonnĂ©e Ă  l’avant et se terminant en pointe qui repose sur le tablier ; l’échancrure en V du col laisse apercevoir la chemise blanche soigneusement fermĂ©e jusqu’au cou ; la chemise dĂ©passe aussi des manches jusqu’à reposer sur le dos de la main. Le marquage de la taille fine est accentuĂ© par une dĂ©coration de boutons qui part de chaque Ă©paule et descend vers la pointe de la veste. La femme, portant une coiffe qui emprisonne les cheveux, porte une sacoche en bandouliĂšre et tient Ă  la main une baguette.
CantiniĂšre d’un rĂ©giment de zouaves, 1855.

Le cantinier est d’abord celui qui porte la cantine (coffret), puis celui qui tient la cantine et vend boisson et nourriture, enfin celui qui s’occupe de la cantine (rĂ©fectoire). Ce mĂ©tier a Ă©tĂ© exercĂ© par des hommes et des femmes ; il est ancien : une lĂ©gende cite l’existence d’une vivandiĂšre dans la bataille de Montaperti, au XIIIe siĂšcle.

CantiniĂšre ou vivandiĂšre ? Le mĂ©tier fut le mĂȘme au XIXe siĂšcle, mais la vivandiĂšre Ă©tait attachĂ©e au quartier-gĂ©nĂ©ral Ă  la diffĂ©rence de la cantiniĂšre qui rĂ©sidait Ă  la caserne. Plusieurs de ces femmes ont reçu des distinctions honorifiques comme la MĂ©daille de Sainte-HĂ©lĂšne et certaines ont mĂȘme Ă©tĂ© dĂ©corĂ©es de la LĂ©gion d'honneur[154]. La romanciĂšre Edmonde Charles-Roux, qui n’était pas cantiniĂšre mais ambulanciĂšre puis infirmiĂšre pendant la Seconde Guerre mondiale, blessĂ©e Ă  Verdun en portant secours Ă  un lĂ©gionnaire, outre la Croix de guerre et la LĂ©gion d’honneur, a cependant reçu la distinction de « vivandiĂšre d’honneur » du RĂ©giment de marche de la LĂ©gion Ă©trangĂšre.

Dans l’armĂ©e, la cantiniĂšre est l’épouse du cantinier ou la femme (obligatoirement mariĂ©e en France) qui exerce la fonction de cantinier. Dans le rĂ©giment français en parade, la cantiniĂšre marche derriĂšre la musique menĂ©e par le tambour-major et quelques pas en avant de l’état-major, ce qui indique bien l’importance dans laquelle on la tient. C’est aussi, gĂ©nĂ©ralement, une femme courageuse et compatissante.

« La cantiniĂšre a pour suivre les troupes une petite charrette, attelĂ©e d’un ou deux chevaux ; c’est dans cet Ă©quipage que, lors des manƓuvres, elle se rend sur le terrain. Pendant le repos, elle dĂ©bite aux officiers et aux soldats son tabac et ses liqueurs. En campagne, elle se dĂ©voue pour son rĂ©giment ; plus d’une fois, au fort de la bataille, on l’a vue aller de rang en rang porter la goutte aux soldats, et braver la mitraille pour aller donner un peu d’eau aux blessĂ©s. Elle ne compte pas, ces jours-lĂ , elle ne vend pas, elle donne[155]. »

La cantiniĂšre française de l’armĂ©e ne vend pas seulement des denrĂ©es alimentaires et du tabac. De la RĂ©volution française Ă  la fin du XIXe siĂšcle, elle propose aussi un papier Ă  lettres dĂ©corĂ© de vignettes imprimĂ©es (d’abord par gravure sur bois et souvent coloriĂ©es Ă  la main, puis au pochoir) qui remporte un franc succĂšs auprĂšs des conscrits. On appelle ces documents des « lettres de cantiniĂšres[156] ».

Dans les collÚges et les institutions scolaires privées du XIXe siÚcle, la charge de cantiniÚre pour la préparation des repas est traditionnellement celle de la femme du directeur, ce qui explique probablement la féminisation au XXe siÚcle des métiers de la restauration collective, alors que la restauration traditionnelle est majoritairement masculine[157].

La cantiniĂšre dans les arts

Sur un fond de couleur sĂ©pia et devant un paysage estompĂ©, la danseuse est reprĂ©sentĂ©e debout, main droite Ă  la taille, et tenant de la gauche un Ă©tendard au-dessus de sa tĂȘte. Elle porte un chapeau noir en forme de galette, Ă  rubans de couleurs, inclinĂ© sur ses cheveux foncĂ©s, une robe bleu-gris au corsage lacĂ© et fortement Ă©chancrĂ©, Ă  manches longues boutonnĂ©es aux poignets, Ă  la jupe ample arrĂȘtĂ©e Ă  hauteur des genoux et recouverte d’un tablier blanc. Quelques fleurs Ă  la lisiĂšre du bĂ©ret, un mantelet Ă  passementerie posĂ© sur l’épaule droite, des chaussures montantes mais sans talon, un ruban repliant partiellement le tablier ajoutent leur note de rouge et Ă©gaient l’ensemble.
Fanny Cerrito dans le rĂŽle de Kathi, la VivandiĂšre du ballet de Saint-LĂ©on / Cerrito / Pugni, Londres, 1844.

La littérature (principalement les romans), le théùtre, le ballet, l'opéra ou la chanson, essentiellement du XIXe siÚcle, fourmillent de ces personnages de cantiniÚre ou vivandiÚre au caractÚre intrépide et généreux, souvent présentées comme la mascotte du régiment :

VivandiÚre du régiment,
C’est Catin qu’on me nomme.
Je vends, je donne et bois gaiement
Mon vin et mon rogomme.

J’ai le pied leste et l’Ɠil mutin,
Tintin, tintin, tintin, r’lin tintin ;
J’ai le pied leste et l’Ɠil mutin :
Soldats, voilĂ  Catin !

Photographie en noir et blanc. Devant une roulotte en bois, bĂąchĂ©e, porte ouverte, Ă  l’intĂ©rieur de laquelle on accĂšde par un escalier de deux marches, le metteur en scĂšne donne des indications Ă  l'actrice. Tous deux sont de profil, lui en vĂȘtement de ville (pantalon et pull d’oĂč dĂ©passe le col clair d’une chemise), elle en costume de scĂšne : cheveux serrĂ©s en petit chignon sur la nuque, corsage Ă  longues manches sombres recouvert d’une casaque plus claire serrĂ©e Ă  la taille par une ceinture qui retient une sacoche que l’on devine portĂ©e au cĂŽtĂ© gauche, et longue jupe sombre Ă  petits motifs clairs rĂ©pĂ©titifs.
Gisela May en répétition pour MÚre courage et ses enfants de Bertolt Brecht sous la direction de Manfred Wekwerth (Berliner Ensemble).
  • Dans MĂšre Courage et ses enfants, Bertolt Brecht en donne une image beaucoup plus sombre, et correspondant probablement davantage Ă  la vie de ces femmes en temps de conflits, en choisissant la cantiniĂšre comme exemple de mĂšre de condition sociale modeste confrontĂ©e aux calamitĂ©s qu’impose toute guerre, tirant sa cantine misĂ©rable sur les champs de bataille.
Les géants de Oudezeele : Julia la souriante cantiniÚre se trouve derriÚre Jeannot le boulanger. Cheveux frisés, pommettes rouges saillantes, nez pointu surmonté de lunettes en ailes de papillon, Julia porte une blouse à fond blanc et motifs de feuillages et fleurs bleues, un collier de perles vertes et un tablier blanc à bavette, garni de dentelle blanche.
Le « cuisinier » et la « cantiniÚre » de Oudezeele.

La cantiniĂšre dans le folklore

La cantiniÚre est entrée dans le folklore :

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Raymond Paumier, Un homme se penche sur leur assiette, Max BrĂ©zol, Paris, 1967.
  • Jean-Paul Aron, Le Mangeur au XIXe siĂšcle, 1973, 310 p. (rĂ©Ă©dition en 1989, Payot (ISBN 2-228-88112-0)).
  • M.-L PiĂ©rard, Cantines municipales : Ă  boire et Ă  manger, Éditions Chiron, 1986 (ISBN 2-70270-350-X).
  • Marcel Chachignon, Bon appĂ©tit les enfants ! Histoire de la restauration scolaire des origines Ă  nos jours, UPRM, 1993.
  • Jasper Becker, (en) Hungry Ghosts : China's Secret Famine, John Murray, 1996, rĂ©Ă©ditĂ© par The Free Press, 1997, 352 p. (ISBN 0-684-83457-X).
  • Sylvie-Anne MĂ©riot, « Le Cas de la restauration collective en France et aux États-Unis », in Jean Gadrey (dir.), HĂŽtellerie-restauration : hĂ©berger et restaurer l’emploi, La Documentation française, 2002, 200 p. (ISBN 2-11-005007-1).
  • Xiaomin Yang, La Fonction sociale des restaurants en Chine, Éditions L’Harmattan, 2006, 310 p. (ISBN 2-296-01530-1).
  • SĂ©bastien Demorand, Emmanuel Rubin, JĂ©rĂŽme Bryon, Sophie Brissaud, Cantines : Recettes cultes corrigĂ©es par les chefs, Librairie AcadĂ©mique Perrin, Paris, 2006, 146 p. (ISBN 2-262-02542-8).
  • Kilien Stengel, Une cantine peut-elle ĂȘtre pĂ©dagogique ? la place de la transmission dans la restauration scolaire, L'Harmattan, Paris, 2012, 138 p. (ISBN 9782296964198).

Notes et références

Notes

  1. Cet article applique les recommandations orthographiques en usage depuis le Rapport de 1990 sur les rectifications orthographiques.
  2. Corrigenda : Quintana, la femme mĂ©tamorphosĂ©e en taxe Ă  La Route de Myos Hormos (dans FIFAO, 48, 2e Ă©d. 2006, p. 691, n. 9 (ISBN 2-7247-0340-5)), elle note Ă  propos du quintana de SuĂ©tone : Cette fonction de la via quintana ressort de Tite Live (41.2.11) et de SuĂ©tone (Ner. 26) ; chez ce dernier, on voit comment quintana en vient par mĂ©tonymie Ă  signifier « marchĂ© » : dans sa jeunesse, NĂ©ron avait instituĂ© une quintana dans son palais mĂȘme, oĂč le butin de ses rapines nocturnes perpĂ©trĂ©es Ă  travers la ville Ă©tait vendu aux enchĂšres : quintana domi constituta, ubi partae et ad licitationem dividendae praedae pretium absumeretur. L’éditeur de la CUF traduit astucieusement quintana « cantine », mot qui dĂ©signe, entre autres, un « endroit oĂč l’on vend des boissons, de la nourriture, de menus objets aux membres d’une collectivitĂ© » (TrĂ©sor de la langue française). Mais l’étymologie de « cantine » ne remonte pas Ă  quintana.
  3. En Auvergne et dans le sud du Massif central par exemple, on appelle cantou le coin de la cheminĂ©e oĂč l’on s’installait autrefois pour surveiller la cuisson des repas Description en ligne
  4. Exemple : en 2009, des bĂ©nĂ©voles de l’Association pour le dĂ©veloppement des Ă©coles en Afrique (AGAPO) dĂ©couvrent que l’école de Koundou (Mali) qu’ils ont crĂ©Ă©e ne possĂšde plus de nourriture depuis trois mois. « Face Ă  la crise, qui frappe durement lĂ -bas Ă©galement, le rĂ©flexe de survie a Ă©tĂ© de vendre toute la rĂ©colte, une fois la rĂ©partition des besoins annuels pour chaque famille faite. Nous avons donc trouvĂ© une solution provisoire pour assurer un minimum de repas, en allant chercher en 4X4, 600 kilos de mil soit 12 jours de cantine, Ă  3 heures du village, en direction du Burkina Faso oĂč est partie la majoritĂ© des rĂ©coltes maliennes. », citation issu du paragraphe "RĂ©cit de voyage"
  5. Exemples de différence de tarifs dans des prisons françaises au 1er avril 2000 :
    • kg de confiture : 10 F Ă  Fresnes, 14,80 F Ă  Villepinte ;
    • un tube de dentifrice : 11,90 F Ă  Fresnes 5,45 F Ă  Fleury, 12,50 F Ă  Villepinte ;
    • kg de sucre en morceaux : 9,90 F Ă  Fresnes, 8,60 F Ă  Villepinte, 10,20 F Ă  Bois d’Arcy ;
    • 1 boite de RicorĂ© de 100 g : 9,10 F Ă  Fresnes, 9,30 F Ă  Fleury, 12,50 F Ă  Villepinte, 8,50F Ă  Bois d’Arcy ;
    • kg de bananes : 12 F Ă  Fresnes, 18,50 F Ă  Villepinte ;
    • 1 bloc de correspondance (50 feuilles grand format : 10,70 F Ă  Fresnes, 5,30 F Ă  la SantĂ©, 7,35 F Ă  Villepinte ;
    • 1 paquet de 25 enveloppes : 3,80 F Ă  Fresnes, 3,55 F Ă  La SantĂ©, 4,20 F Ă  Villepinte ;
    • 1 plat cuisinĂ© : entre 16 et 20 F Ă  La SantĂ© ;
    • 1 boite de thon Ă  l’huile : 3,95 F Ă  La SantĂ©, 6 F Ă  Villepinte ;
    • 1 l de lait : 3,20 F Ă  La SantĂ©, 3,19 F Ă  Fleury, 4,30 F Ă  Villepinte ;
    • 1 paquet de La vache qui rit : 6 F Ă  La SantĂ©. À Villepinte, marque distributeur : 9 F ;
    • 1 thermoplongeur (indispensable pour se faire la cuisine ou chauffer un cafĂ©) : 122 F Ă  La SantĂ©, 70 F Ă  Villepinte.
  6. Exemple de rĂ©glementation dans la toute jeune Belgique : ArrĂȘtĂ© royal portant rĂšglement pour les pistoles et les cantines des maisons d’arrĂȘt et de suretĂ© civiles et militaires du 7 avril 1833, dans Pasinomie, Collection des Lois, dĂ©crets, arrĂȘtĂ©s et rĂšglements gĂ©nĂ©raux qui peuvent ĂȘtre invoquĂ©s en Belgique, T. XIV, Administration centrale de la Pasicrisie, Bruxelles, 1833.
  7. Dans une lettre de mars 1845 au comte J. Arrivabene sur la condition des travailleurs dans les usines de la sociĂ©tĂ© de la Vieille-Montagne, Charles de BrouckĂšre fait mention de l’utilitĂ© de la cantine. La Revue nationale de Belgique relate ce texte : « Un usage dont M. de BrouckĂšre a pu apprĂ©cier les bons effets, c’est, dit-il, l’établissement des cantines dans les fabriques. Des hommes, sans autoritĂ© sur les travailleurs, y fournissent toutes les marchandises nĂ©cessaires Ă  la vie de l’ouvrier (les liqueurs fortes sont exclues), de bonne qualitĂ© et au prix marchand. Ces cantines forcent la concurrence Ă  ĂȘtre honnĂȘte et loyale ; elles assurent la consommation de denrĂ©es bonnes et utiles ; deviennent un lieu de distraction et de rassemblement, sous la surveillance des maĂźtres, et contribuent Ă  diminuer l’usage immodĂ©rĂ© des boissons spiritueuses. ». Dans Revue nationale de Belgique, Decq, 1844, p. 190-191.
  8. À la suite des trop nombreux malaises d’élĂšves d’un collĂšge de Roubaix (France), une enquĂȘte a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e auprĂšs de 500 jeunes en 1996. Les rĂ©sultats ont fait Ă©tat de ce que 50 Ă©lĂšves n’avaient rien mangĂ© de la journĂ©e et qu’une centaine ne pouvaient frĂ©quenter la cantine Ă  cause d’un tarif trop Ă©levĂ© pour eux (13 francs/repas). Le collĂšge a donc Ă©tĂ© amenĂ© Ă  organiser un petit dĂ©jeuner copieux quasiment au prix coutant. Florence Quille, La Croix, 22 novembre 1996.
  9. Dans certains pays, la cantine est gratuite Ă  l’école primaire et secondaire, comme en Finlande depuis 1948, en SuĂšde depuis 1973.
  10. La rĂšgle gĂ©nĂ©rale veut que la cantine soit automatiquement ouverte quatre jours sur sept c’est-Ă -dire les jours de la semaine oĂč les enfants ont cours toute la journĂ©e. Les Ă©coles qui offrent le service d’une garderie ou d’activitĂ©s « parascolaires » le mercredi aprĂšs-midi ouvrent gĂ©nĂ©ralement la cantine ce jour-lĂ  aussi.
  11. Les parents n’admettent pas, par exemple, la rĂ©duction de la quantitĂ© de viande servie Ă  leurs enfants. Autres exemples dans AmĂ©liorer l’offre en matiĂšre d’alimentation saine dans les Ă©coles et les collectivitĂ©s : expĂ©riences et pistes pour relever le dĂ©fi, Fondation Roi Baudouin, Bruxelles, juin 2008, p. 23.
  12. Raymond Paumier fut le fondateur du premier restaurant d’enfants Ă  Montgeron. Il obtint d’abord que les Ă©coliers disposent de la salle des fĂȘtes pour leur dĂ©jeuner, puis que la commune investisse dans un grand pavillon oĂč l’entresol fut converti en cuisine et les piĂšces en salles de restauration. Émilie Forestier, Le service public de la restauration collective Ă  l’échelon communal, MĂ©moire pour le DESS Management du secteur public : collectivitĂ©s et partenaires, Institut d’études politiques de Lyon, 2002 en ligne
  13. Rapport de Earl Harrison au prĂ©sident des États-Unis Harry S. Truman remis le 24 aout 1945.
  14. Description de l’image par souci d’accessibilitĂ© : deux rĂ©cipients cylindriques en tĂŽle Ă©maillĂ©e grise tachetĂ©e de blanc (rouillĂ©e en divers endroits), avec couvercle, sont attachĂ©s cĂŽte Ă  cĂŽte par une piĂšce de la mĂȘme matiĂšre sur laquelle est fixĂ©e une poignĂ©e arrondie pour le transport.
  15. Description de l’image par souci d’accessibilitĂ© : photo des diffĂ©rents Ă©lĂ©ments qui composent une gamelle ronde Ă  plateaux ; dans un des plateaux, du riz safranĂ© est dĂ©corĂ© d’amandes sĂšches, dans l’autre un ravier en verre (ou en plastique) qui contient des lamelles de poivron rouge est dĂ©posĂ© sur un lit d’olives noires. La luminositĂ© et l’éclat des couleurs rendent cette gamelle fort appĂ©tissante.
  16. Description de l’image par souci d’accessibilitĂ© : photo d’une boite carrĂ©e en bois sombre, Ă  deux compartiments, avec son couvercle.
  17. Description de l’image par souci d’accessibilitĂ© : gros plan sur une trentaine de « boites Ă  tartines » placĂ©es les unes contre les autres sur des planches formant Ă©tagĂšres. La plupart des boites, trĂšs colorĂ©es, sont dĂ©corĂ©es de personnages de BD ou de dessins animĂ©s. Le tout forme un ensemble joyeux et ludique.
  18. La petitesse de la portion a laissĂ© des traces dans la mĂ©moire collective française au point de voir un mĂ©decin conseiller, dans le cadre de la lutte individuelle contre l’obĂ©sitĂ©, de « diminuer vos portions d’une cuillerĂ©e Ă  soupe toutes les deux semaines jusqu’à la portion d’un plat de cantine » (Dr Yen Bui, Maigrir en faisant des Ă©conomies, BoD - Books on Demand, 2009, 164 p. (ISBN 978-2-8106-0112-7), p. 33.
  19. Aide sociale, Les Restos du CƓur, PAM, Care International, etc. Ce sentiment n’est pas qu’europĂ©en : Ă  Saint Louis de Bourdon en HaĂŻti, « le service de la cantine est considĂ©rĂ© par la SƓur directrice comme un don, c’est-Ă -dire une action caritative, car c’est surtout avec le « manger sinistrĂ© » donnĂ© par les organismes d’assistance alimentaire comme le CARE (Centre amĂ©ricain de nutrition) que les autres Ă©coles arrivent Ă  faire fonctionner leur cantine. Cela a un sens pĂ©joratif pour les enfants issus de familles aisĂ©es. La cantine est considĂ©rĂ©e comme une « Ɠuvre de charitĂ© » pour les populations pauvres et non comme un service social nĂ©cessaire au bon fonctionnement de l’établissement ». Louis Auguste Joint, SystĂšme Ă©ducatif et inĂ©galitĂ©s sociales en HaĂŻti : le cas des Ă©coles catholiques, L’Harmattan, Paris, 2007, 526 p. (ISBN 978-2-296-01970-6).
  20. L’École polytechnique de Verviers est aussi connue pour la qualitĂ© de sa cantine. Elle propose chaque jour, au prix de 2,70 €, deux menus de quatre services (entrĂ©e, potage, plat, dessert), variant les viandes au long de la semaine (deux viandes rouges, deux blanches – porc et volaille –, une « rose » – veau –, un poisson) et offre, en fonction du marchĂ©, des mets tels que thon rouge, marcassin, cochon de lait braisĂ©, canard aux figues... Michel Vargas, Il prĂ©pare 800 menus par jour Ă  l’EPV, quotidien La Meuse, Éd. Sud-Presse, 21 septembre 2008.
  21. Description de l’image par souci d’accessibilitĂ© : de trĂšs jeunes bonzes, vĂȘtus du kesa, se tiennent cĂŽte Ă  cĂŽte, debout, en deux rangĂ©es qui se font face. Entre elles, une multitude de plats et bols, posĂ©s au sol, contiennent la nourriture. DerriĂšre chaque rangĂ©e de moines, on aperçoit des civils assis au sol et des gamelles.
  22. Description de l’image par souci d’accessibilitĂ© : dans la pĂ©nombre d’une sorte de prĂ©au couvert, qui donne sur une pelouse et laisse apercevoir, une cinquantaine de mĂštres plus loin un bĂątiment moderne, blanc et rose, illuminĂ© par le soleil, des tables rectangulaires pour quatre Ă  six personnes, au plateau blanc et piĂštement rose pĂąle, sont flanquĂ©s de simples bancs peints en rose eux aussi. Sur la droite, trois courtes volĂ©es d’escalier donne accĂšs Ă  une sorte de galerie.
  23. Description de l’image par souci d’accessibilitĂ© : photo de la cantine de l’école Calhan, au Colorado. Trois longues rangĂ©es de 7 tables rectangulaires brunes, placĂ©es cĂŽte Ă  cĂŽte, auxquelles sont attachĂ©s des bancs bleus, sont rĂ©servĂ©es aux Ă©lĂšves. Dans le fond de la salle chichement Ă©clairĂ©e par des nĂ©ons intĂ©grĂ©s au plafond, d’autres tables plus claires avec chaises sont placĂ©es perpendiculairement aux rangĂ©es, prĂšs d’un tableau mural encadrĂ© des drapeaux des États-Unis et du Colorado.
  24. Description de l’image par souci d’accessibilitĂ© : photo de la Cantine universitaire de Passau crĂ©Ă©e en 1979. 24 tables pour 12 personnes, Ă  plateau de stratifiĂ© blanc et pieds en bois clair comme celui des chaises, sont alignĂ©es de part et d’autre d’une longue et haute salle dont la charpente en bois apparente repose de chaque cĂŽtĂ© de la salle sur 6 piliers blancs. Les suspensions modernes d’éclairage ne doivent servir que le soir car tout un cĂŽtĂ© de la salle est largement vitrĂ©. Tout le long de ces fenĂȘtres, des jardiniĂšres blanches et bois clair sont garnies de plantes vertes. LuminositĂ© et calme rĂšgnent ici. Une vingtaine de personnes Ă  peine sont prĂ©sentes, soit arrivant dans la cantine, soit assises le plus souvent par groupe de deux, soit quittant le lieu.
  25. Description de l’image par souci d’accessibilitĂ© : la cantine remplie d’hommes et femmes est fermĂ©e par d’immenses parois vitrĂ©es qui laissent voir les bĂątiments modernes environnants. Dans un angle, deux banderoles verticales sont suspendues et vantent notamment les desserts disponibles.
  26. Avec « cantoche », les Ă©lĂšves perpĂ©tuent sans le savoir le vocabulaire des poilus qu’on retrouve dans François DĂ©chelette, L’argot des poilus Dictionnaire humoristique et philologique du langage des soldats de la grande guerre de 1914 Argots spĂ©ciaux des aviateurs, aĂ©rostiers, automobilistes, etc., Jouve, Paris, 1918.

Références

  1. Voir entre autres le TLFi, le Dictionnaire Hachette de la langue française 2000, le Grand Robert de la langue française 2005, le Petit Robert 2007 et le Petit Larousse 2009.
  2. Cf. Ottorino Pianigiani, Vocabolario Etimologico della Lingua Italiana, 1907.
  3. Voir aussi « CNTRL, article « cantine » »
  4. Cf. A. Rey, Dictionnaire historique de la langue française, t. I, p. 340 (cantine), 341 (canton) et 388 (chant).
  5. DĂ©finition que l’on peut consulter sur Gallica, p. 108 : Petite cave dont on se sert Ă  l’armĂ©e pour mettre des bouteilles.
  6. Dans son Dictionnaire etymologique de la langue françoise [1650], Paris, nouv. Ă©d. 1750, t. I, p. 298 (en ligne) : caisse, dans laquelle on porte des fioles de vin en voyage [...]. CitĂ© dans Émile LittrĂ© (dir.), Dictionnaire de la Langue française par E. LittrĂ© de l’AcadĂ©mie française, Paris, 2e Ă©d., 1873 (en ligne).
  7. IndiquĂ©, ici aussi, dans le LittrĂ©, citant (la) SuĂ©tone. À propos des sources de Tardieu, voir plus prĂ©cisĂ©ment dans ses ouvrages et ses contributions aux publications de l’École nationale des chartes et de l’AcadĂ©mie des inscriptions et belles-lettres.
  8. Larousse du XIXe siĂšcle, 3, Paris, 1867, p. 290 (cantine) et 292 (canton).
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  10. EugĂšne Viollet-le-Duc, Ustensiles : Cantine, dans Dictionnaire raisonnĂ© du mobilier français de l’époque carolingienne Ă  la Renaissance, vol. 2, Paris, 1871, p. 49-51 avec 2 figures. (Description d’une cantine du XVIIe siĂšcle, en ligne).
  11. DĂ©cret impĂ©rial du 24 fĂ©vrier 1860 dans J.B. Duvergier, Collection complĂšte des lois, dĂ©crets, ordonnances, rĂšglements et avis du Conseil d’état, T. LX, Ch. Bonnet et cie, Paris, 1860, p. 47. Texte du dĂ©cret impĂ©rial relatif aux Ă©quipages de campagne des corps de troupe, pour le transport des bagages des officiers, en ligne
  12. Abel Boyer, Dictionnaire royal françois-anglois et anglois-françois, tiré des meilleurs auteurs qui ont écrit dans ces deux langues, Jean-Marie Bruyset, Lyon, 1780.
  13. François-Henri Bolnot, La nouvelle restauration scolaire Informations historiques et techniques en ligne)
  14. Sylvie-Anne MĂ©riot, Le Cuisinier nostalgique : entre restaurant et cantine, CNRS Ă©ditions, 2002, 332 p. (ISBN 2-271-05967-4), p. 34-35 et p. 41-42.
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  26. La presse quotidienne et spĂ©cialisĂ©e s’est faite l’écho de l’étude publiĂ©e en 2008 par le groupe de restauration Aramark Corporation : « USA : les plateaux de cafĂ©tĂ©rias au rancart pour moins manger et moins gĂącher », Restho news, 28 juillet 2008
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  54. Bulletin officiel de la Concurrence, de la Consommation et de la RĂ©pression des fraudes, Sommaire N° 08 du 25 juillet 2000, DĂ©cision no 2000-D-27 du Conseil de la concurrence en date du 13 juin 2000 relative Ă  une saisine de l’Union fĂ©dĂ©rale des consommateurs du Val-d’Oise.
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  57. Alf LĂŒdtke (dir.), Histoire du quotidien, Éd. de la Maison des sciences de l’homme, Paris, 1994, 341 p. (ISBN 978-2-7351-0459-8), p. 140 : « En 1925 encore, chez Krupp, seulement un quart environ des ouvriers frĂ©quentaient les cantines. »
  58. Elsy Schneider-Nobs, Choindez : de roc, de fer et de feu, Éditions Cabedita, 2001 (ISBN 2-88295-337-2), p. 12 et 26.
  59. Guy Caro cite le cas de salariĂ©s achetant un Ɠuf dur Ă  la cantine pour pouvoir consommer de l’alcool, mais ne mangeant pas l’Ɠuf, l’emportant au contraire avec eux pour le reprĂ©senter le lendemain Ă  la cantine et pouvoir Ă  nouveau commander Ă  boire (Guy Caro, dans De l’alcoolisme au savoir-boire, Éditions L’Harmattan, 2007 (ISBN 978-2-296-02357-4), p. 125.)
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  61. Irmgard Roux, Les relations commerciales de l’Autriche avec les PECO, un siĂšcle de partenariat privilĂ©giĂ© ou l’effet Habsbourg, Tectum Verlag DE, 2001 (ISBN 3-8288-8321-4), p. 65.
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  70. En 2005, le don de 254 tonnes de viande en boite par le gouvernement espagnol a permis de nourrir 265 000 Ă©lĂšves ivoiriens pendant environ trois mois. Don de l’Espagne au PAM en CĂŽte d’Ivoire, Panapress, 26 octobre 2005.
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  75. « Un plan onusien fait bondir l’inscription Ă  l’école au Ghana », Panapress, 7 mai 2008.
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  80. François Dumas et Louise Auvitu, « Chasse Ă  la baleine : ici au Japon, personne n'en mange mais l'interdiction est salutaire », leplus.nouvelobs.com,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
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  102. Claude Fischler, La « macdonalisation » des mƓurs dans J.-L. Flandrin et M. Montanari, Histoire de l’alimentation, Fayard, Paris, 1996, 915 p. (ISBN 2-213-59457-0), p. 868.
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  104. Françoise Ega, Lettres Ă  une noire : rĂ©cit antillais, Éditions L’Harmattan, 1978, 230 p. (ISBN 2-85802-071-X), p. 92.
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  107. GĂ©rard Namer, DĂ©rision et vocation, ou, mĂ©moires d’un sociologue de la connaissance, Éditions L’Harmattan, 2004, 220 p. (ISBN 2-7475-7087-8), p. 15.
  108. Claire Couratier et Christian Miquel, Les études qualitatives : théorie, applications, méthodologie, pratique, Paris, L'Harmattan, coll. « Pour comprendre », , 244 p. (ISBN 978-2296029088), p. 40
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  110. Voir Thomas More, l’Utopie, les Ɠuvres de Charles Fourier, et la critique : Jörg Steiner, Der Kollege, Der Kollege, Frankfurt am Main, 1996
  111. Christian Godin, La TotalitĂ© : Volume 6, La totalitĂ© rĂ©alisĂ©e : l’histoire, Éditions Champ Vallon, 2003, 748 p. (ISBN 2-87673-380-3), p. 137.
  112. RĂšgle de saint BenoĂźt, chapitre 37, traduction Bonaventure Sodar, 1947
  113. Ibid, chapitre 43
  114. Articles R 4228-22 et suivants du Code du travail
  115. Luc Boltanski, L’amour et la justice comme compĂ©tences : trois essais de sociologie de l’action, Éditions MĂ©tailiĂ©, 1990, 381 p. (ISBN 2-86424-083-1).
  116. VĂ©ronique Guienne Bossavit, VĂ©ronique Guienne, Être consultant d’orientation psychosociologique : Ă©thique et mĂ©thodologies, Éditions L’Harmattan, 1994, 298 p. (ISBN 2-7384-2500-3), p. 45.
  117. BibliothĂšque universelle et revue suisse, T. XXIII, no 129, Bureaux de la BibliothĂšque universelle, Lausanne, 1868, p. 296 et 298. Certaines cantines sont spĂ©cialement construites pour les fĂȘtes et peuvent accueillir jusqu’à 4 000 personnes ! (Dans Revue belge de numismatique et de sigillographie, SociĂ©tĂ© royale de numismatique, 1863, p. 162.)
  118. Amar Benamrouche, GrĂšves et conflits politiques en AlgĂ©rie, Karthala Éditions, 2000, 374 p. (ISBN 2-84586-055-2), p. 282.
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  120. Dans les ghettos polonais, les lieux servant de cantine pour les enfants servent aussi de classes de cours. JoĂ«l Kotek, Raul Hilberg, L’insurrection du ghetto de Varsovie, Éditions Complexe, 1994, 150 p. (ISBN 2-87027-543-9).
  121. Soumagne initiatives. Bulletin d’information de l’Echevinat des indĂ©pendants, 7, Soumagne, juin 2008 (En ligne).
  122. Circuit touristique de La LouviĂšre.
  123. Site officiel de la commune
  124. Citation, dans le site officiel des « Restos du CƓur » d'un texte de Coluche Ă©mis sur Europe 1, septembre 1985
  125. L'appel de Coluche sur Europe 1 en septembre 1985 en MP3.
  126. Antoinette Grisel, Souovenin de cantĂšne Souvenir de cantine.
  127. Le Cuisinier nostalgique, op. cit., p. 36-37
  128. Didier Nourrisson, op. cit., p. 76.
  129. Une diĂ©tĂ©ticienne de l’hĂŽpital de Besançon, Florence Schaller-Lanier, a Ă©valuĂ© la qualitĂ© des repas cuisinĂ©s Ă  la maison d'arrĂȘt de Dijon et Ă  rĂ©sumĂ© la situation en trois mots : monotonie, tristesse et carences. Le travail de Florence Schaller-Lanier en milieu carcĂ©ral a Ă©tĂ© primĂ© par le Cerin en 1999 (Cerin, Bulletin de liaison trimestriel destinĂ© aux professionnels et aux bĂ©nĂ©voles impliquĂ©s dans la prise en charge et l’aide aux populations dĂ©munies, no 7, octobre 1999.
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  140. En France, un repas de cantine coute en moyenne 1,37 € pour les aliments, 0,24 â‚Ź pour la main d’Ɠuvre du fournisseur, 3,66 â‚Ź pour les frais de personnel de cantine, 0,61 â‚Ź pour les frais d’eau, Ă©nergie, entretien, 0,€ pour la gestion. L’utilisateur paie en moyenne 3,66 â‚Ź, le reste Ă©tant pris en charge par la collectivitĂ©. Information en ligne
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  160. Texte de la chanson
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