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Stendhal

Henri Beyle, plus connu sous le nom de plume de Stendhal[1] (prononcĂ© [stɛ̃.dal] ou parfois [stɑ̃.dal][N 1]), nĂ© le Ă  Grenoble et mort d'apoplexie le dans le 2e arrondissement de Paris[2], est un Ă©crivain français, connu en particulier pour ses romans Le Rouge et le Noir et La Chartreuse de Parme.

Stendhal
Henri Beyle, alors consul de France.
Fonctions
Consul de France
-
Auditeur au Conseil d'État
-
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
SĂ©pulture
Nom de naissance
Marie-Henri Beyle
Pseudonyme
Stendhal, Henri Stendhal, Stendalis, Louis Alexandre Bombet, Anastase de SerpiĂšre, Don Flegme, William Crocodile, Dominique
Nationalité
Activité
RĂ©dacteur Ă 
Journal de Paris, The New Monthly Magazine (en), The London Magazine
PĂšre
Chérubin Beyle (d)
MĂšre
Henriette Gagnon (d)
Fratrie
Pauline Beyle (d)
Autres informations
Mouvement
Genre artistique
Adjectifs dérivés
« Stendhalien », « Beyliste »
Distinction
ƒuvres principales
signature de Stendhal
Signature
Vue de la sépulture.

Stendhal aurait voulu consacrer sa vie Ă  la rĂȘverie, Ă  la « chasse au bonheur », aux arts et Ă  l'amour ; en vĂ©ritĂ©, il a eu une vie mouvementĂ©e[N 2]. AprĂšs la mort d'une mĂšre trop aimĂ©e, il souffre d'une enfance Ă©touffante Ă  Grenoble auprĂšs d'un pĂšre qu'il mĂ©prise et d'un grand-pĂšre qu'il adore. Il trouve refuge dans la littĂ©rature avant de partir de Grenoble, en 1799, pour aller Ă©tudier Ă  Paris. En rĂ©alitĂ©, il s'est dĂ©couvert une vocation, et abandonne ses Ă©tudes : il veut ĂȘtre comic bard, il rĂȘve d'Ă©crire des comĂ©dies. Ses cousins Daru le forcent Ă  entrer au ministĂšre de la Guerre. C'est ainsi qu'il est envoyĂ© Ă  Milan en . Il dĂ©couvre, Ă©merveillĂ©, en mĂȘme temps la guerre, l'Italie, l'opĂ©ra, l'amour et le bonheur. Il ne cessera de retourner en Italie entre ses missions administratives. De tempĂ©rament timide et romanesque, souffrant de l'hypocrisie de la sociĂ©tĂ© de son temps, il invente pour lui-mĂȘme une « mĂ©thode pratique du bonheur[3] », le « beylisme ».

Perdant son emploi au moment de la chute de l'Empire, il se consacre Ă  ses passions : l'Italie, la musique, la peinture. Il Ă©crit un ouvrage dont on rĂ©sume le titre en Vie de Haydn, Mozart et MĂ©tastase, puis il Ă©crit Histoire de la peinture en Italie, dont il perd le premier manuscrit dans la Retraite de Russie, et Rome, Naples et Florence, journal de sensations plutĂŽt que guide touristique. En 1819, son chagrin d'amour pour Matilde Dembowski lui fait Ă©crire un traitĂ©, De l'amour, tentative d’analyse du sentiment amoureux, paru en 1822, dont Ă  peine quarante exemplaires seront vendus. C'est Ă  partir de 1827, Ă  l'Ăąge de quarante-quatre ans, qu'il se lance dans le roman, avec Armance, mal compris de ses contemporains ; puis c'est Le Rouge et le Noir, paru juste aprĂšs la rĂ©volution de Juillet 1830, qui lui confĂšre une certaine notoriĂ©tĂ©, dont il ne profite pas, ayant Ă©tĂ© nommĂ© consul Ă  Civitavecchia par le gouvernement de Juillet. MalgrĂ© l'ennui dans lequel le plongent ses nouvelles fonctions, Stendhal ne cesse d'Ă©crire : il commence des autobiographies (Souvenirs d'Ă©gotisme, Vie de Henry Brulard) et des romans (Lucien Leuwen, Lamiel), qu'il n'achĂšve pas. Lors de l'un de ses congĂ©s Ă  Paris, il Ă©crit La Chartreuse de Parme, qui suscite l'admiration d'HonorĂ© de Balzac. Il meurt Ă  Paris le , Ă  la suite d'une crise d'apoplexie survenue en pleine rue quelques heures auparavant.

Ses romans de formation Le Rouge et le Noir (1830), La Chartreuse de Parme (1839) et Lucien Leuwen (inachevĂ©) ont fait de lui, aux cĂŽtĂ©s de Balzac, Hugo, Flaubert ou Zola, un des grands reprĂ©sentants du roman français au XIXe siĂšcle. Dans ses romans, caractĂ©risĂ©s par un style Ă©conome et resserrĂ©, Stendhal cherche « la vĂ©ritĂ©, l'Ăąpre vĂ©ritĂ© » dans le domaine psychologique, et campe essentiellement des jeunes gens aux aspirations romantiques de vitalitĂ©, de force du sentiment et de rĂȘve de gloire.

Biographie

Jeunesse, 1783-1799

Le docteur Henri Gagnon, son grand-pĂšre

« Tout mon malheur peut se rĂ©sumer en deux mots : jamais on ne m'a permis de parler Ă  un enfant de mon Ăąge. Et mes parents (
) m'honoraient d'une attention continue. Pour ces deux causes, Ă  cette Ă©poque de la vie si gaie pour les autres enfants, j'Ă©tais mĂ©chant, sombre, dĂ©raisonnable
[4]. » C’est ainsi que Stendhal rĂ©sumera son enfance dans Vie de Henry Brulard.

Chérubin Beyle, son pÚre.

Henri Beyle naĂźt le , 12 rue des Vieux-JĂ©suites[N 3] Ă  Grenoble, fils de ChĂ©rubin Beyle (1747-1819), avocat consistorial, et d'Henriette Gagnon. Il avouera dans son autobiographie, Vie de Henry Brulard : « (À six ans) j'Ă©tais amoureux de ma mĂšre. [
] Je voulais couvrir ma mĂšre de baisers et qu'il n'y eĂ»t pas de vĂȘtements. Elle m'aimait Ă  la passion et m'embrassait souvent, je lui rendais ses baisers avec un tel feu qu'elle Ă©tait souvent obligĂ©e de s'en aller. J'abhorrais mon pĂšre quand il venait interrompre nos baisers[5]. » Elle meurt en couches, le , alors qu'il a sept ans. « LĂ  commence ma vie morale[6] », dira Henri. Fou de chagrin, il ne peut pleurer. Sa tante SĂ©raphie lui reproche son insensibilitĂ©. On lui explique qu'il s'agit de la volontĂ© divine[N 4]. Il en deviendra athĂ©e.

Le jeune Henri a peu d’estime pour son pĂšre, avocat au parlement de Grenoble, homme taciturne, pieux, hypocrite, bourgeois qui ne pense qu’à ses affaires financiĂšres[7]. Le prĂ©cepteur qu'on lui donne, l'abbĂ© Raillane, va dĂ©tĂ©riorer leurs rapports : « Je haĂŻssais l'abbĂ©, je haĂŻssais mon pĂšre, source des pouvoirs de l'abbĂ©, je haĂŻssais encore plus la religion au nom de laquelle ils me tyrannisaient[8]. » Entre son pĂšre, sa tante SĂ©raphie, « ce diable femelle[9] » et l'abbĂ© Raillane, « ennemi jurĂ© de la logique et de tout raisonnement droit[10] », qui l'empĂȘche d'aller se baigner avec les autres enfants par peur de la noyade, le jeune Henri passe une enfance malheureuse attĂ©nuĂ©e par la prĂ©sence bienveillante de son grand-pĂšre maternel, Henri Gagnon, mĂ©decin cĂ©lĂšbre de Grenoble, homme des LumiĂšres, « extrĂȘmement aimable et amusant[11] », qui l'initie Ă  la littĂ©rature : MoliĂšre, FĂ©nelon, Voltaire, Horace, Ovide, Dante, Le Tasse, CervantĂšs, Saint-Simon[12]
 Sa maison place Grenette, avec sa terrasse ensoleillĂ©e (voir l’appartement du docteur Gagnon) devient l'antithĂšse de celle de son pĂšre, « Ă©troite, sombre, humide[13] » et, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, Henri voit dans les valeurs des deux branches de sa famille deux mondes que tout oppose : « Le cĂŽtĂ© Beyle, c'est le pouvoir, l'avarice, l'insensibilitĂ©, l'ombre, le froid, la tristesse, le pĂ©dantisme, la vanitĂ©, [
] l'affection des parents et les « dangers de la libertĂ© ». Contre eux (les Gagnons), la culture, la gaietĂ©, la lumiĂšre, le plaisir, la beautĂ©, la tendresse, la gĂ©nĂ©rositĂ© et la fiertĂ©, la folie des chimĂšres, rattachĂ©s Ă  cette « Italie » dont l'enfant se persuade qu'elle est la patrie des Gagnons [
][14]. »

Tableau représentant la journée des Tuiles de 1788.
La Journée des Tuiles (1788) par Alexandre Debelle, (musée de la Révolution française).
Le jeune Henri Beyle Ă  l'Ă©cole centrale de Grenoble, dessin par Louis-Joseph Jay.

Le , le jeune Henri assiste Ă  la journĂ©e des Tuiles du balcon de son grand-pĂšre, journĂ©e qui annonce celles rĂ©volutionnaires de 1789. Par aversion pour la tyrannie familiale et la religion, Henri se sent « rĂ©publicain enragĂ©[15]. » Sa famille est horrifiĂ©e de l'exĂ©cution de Louis XVI ; lui, exulte. À l'arrivĂ©e des reprĂ©sentants du peuple, son pĂšre, considĂ©rĂ© comme suspect, est incarcĂ©rĂ© durant presque un an. Au printemps 1794, un « bataillon de l'EspĂ©rance » est crĂ©Ă© par les jacobins de Grenoble. Il veut les rejoindre, Ă©crit une fausse lettre officielle, est dĂ©couvert et grondĂ©. En , il est dĂ©livrĂ© de l'abbĂ© Raillane qui, ayant refusĂ© de prĂȘter serment, doit s'enfuir, puis en 1797, c'est sa tante SĂ©raphie qui meurt. À l’ñge de 14 ans, il se sent enfin libre.

Un an plus tĂŽt, le , Ă  l’ñge de 13 ans, il entrait Ă  l'Ă©cole centrale de Grenoble, type d’école crĂ©Ă© par la RĂ©volution pour remplacer les collĂšges religieux. Il s'y fait, enfin, des camarades de son Ăąge et se passionne pour les mathĂ©matiques, science logique par excellence. À l'automne 1798, il fait un coup d'Ă©clat avec ses camarades : ils tirent au pistolet sur l'arbre de la FraternitĂ©. L’adolescence est l’ñge des premiers Ă©mois oĂč la dĂ©couverte de l’amour se mĂȘle Ă  celui de la musique : au jardin de ville de Grenoble, il s'Ă©prend d'une comĂ©dienne, Virginie Kubly, membre d'une troupe itinĂ©rante, qui joue dans des piĂšces de thĂ©Ăątre ou des opĂ©ras. Amoureux fou, il essaye divers instruments de musique et le chant, sans succĂšs.

C'est grĂące Ă  un prix en mathĂ©matique qu'il peut fuir Grenoble en , Ă  l’ñge de 16 ans, pour tenter d’entrer Ă  l'École polytechnique, crĂ©Ă©e cinq ans plus tĂŽt Ă  Paris.

À Paris, 1799-1800

Pauline Beyle, sa sƓur, son amie, sa confidente, son Ă©lĂšve


Henri arrive Ă  Paris au lendemain du coup d'État du 18 Brumaire (). Il est au dĂ©but un opposant Ă  Bonaparte puis Ă  l'Empire, qu'il raille dans son Journal, et auquel il ne se rallie que plus tard[16]. C'est en rĂ©Ă©crivant sa vie qu'il se prĂ©tend plutĂŽt « enchantĂ© que le jeune gĂ©nĂ©ral Bonaparte se fit roi de France[17]. » Il loge prĂšs de l’École polytechnique, alors installĂ©e rue de l’UniversitĂ©, puisqu’il doit y passer le concours d'entrĂ©e. Mais son vĂ©ritable projet intime est « d’ĂȘtre un sĂ©ducteur de femme[18] » et d’écrire des comĂ©dies. DĂ©sirant avec ardeur un cƓur ami, tout en Ă©tant extrĂȘmement timide, n’osant parler aux femmes, il se rĂ©fugie dans la rĂȘverie : « J'Ă©tais constamment profondĂ©ment Ă©mu. Que dois-je donc aimer si Paris ne me plaĂźt pas ? Je me rĂ©pondais : “une charmante femme versera Ă  dix pas de moi, je la relĂšverai et nous nous adorerons, elle connaĂźtra mon Ăąme [
]“ Mais cette rĂ©ponse Ă©tant du plus grand sĂ©rieux, je me la faisais deux ou trois fois le jour, et surtout Ă  la tombĂ©e de la nuit qui souvent pour moi est encore un moment d'Ă©motion tendre[19]
 »

TrĂšs gauche, il se prĂ©sente Ă  son cousin NoĂ«l Daru, et Ă  ses fils Pierre, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral au ministĂšre de la Guerre, et Martial, qui « n’avait ni tĂȘte ni esprit, mais un bon cƓur[20]. »

Pierre Daru, le cousin colérique et bienveillant à la fois.

Dans la solitude de sa petite chambre prĂšs des Invalides, il dĂ©chante. Il n’a nulle envie d’entrer Ă  l’École polytechnique et Paris le dĂ©goĂ»te, Ă  s’en rendre malade : « La boue de Paris, l’absence de montagnes, la vue de tant de gens occupĂ©s passant rapidement dans de belles voitures Ă  cĂŽtĂ© de moi connu de personne et n’ayant rien Ă  faire me donnaient un chagrin profond[21]. » Sa maladie s'aggrave, il est alitĂ©, fiĂ©vreux, dĂ©lirant, perd ses cheveux
 son cousin NoĂ«l Daru lui envoie un bon mĂ©decin puis le fait venir auprĂšs de lui, dans son hĂŽtel particulier de la rue de Lille. Lorsque Henri a repris des forces, il essaye d'Ă©crire des comĂ©dies, mais doute, hĂ©site avec l'OpĂ©ra alors qu'il ne connaĂźt pas les notes, n'arrive Ă  rien[N 5]
 Les repas chez les Daru le mettent au supplice, par manque d'habitude des convenances, par timiditĂ©, il n'ouvre pas la bouche, et se déçoit lui-mĂȘme : « Qu'on juge de l'Ă©tendue de mon malheur ! moi qui me croyais Ă  la fois un Saint-Preux et un Valmont [
], moi qui, me croyant une disposition infinie Ă  aimer et ĂȘtre aimĂ©, croyais que l'occasion seule me manquait, je me trouvais infĂ©rieur et gauche en tout dans une sociĂ©tĂ© que je jugeais triste et maussade, qu'aurait-ce Ă©tĂ© dans un salon aimable[22]! ». Il multiplie les maladresses, les Daru se demandent s’il est imbĂ©cile ou fou[23]. Durant toute cette pĂ©riode, il Ă©crit abondamment Ă  sa jeune sƓur Pauline, sa confidente et son Ă©lĂšve. Il essaye de former son esprit, lui conseille de lire, d’apprendre l’Histoire, l’arithmĂ©tique, l’orthographe, plutĂŽt que de faire des travaux d’aiguille ou de frĂ©quenter les religieuses[24]. Il frĂ©quente Ă©galement quelques Grenoblois Ă  Paris comme Mareste, FĂ©lix Faure, CĂ©sar Pascal, les frĂšres PĂ©rier et leur pĂšre Claude PĂ©rier Milord qu'il dĂ©crit comme «l'avare le plus gai et de la meilleure compagnie»[25].

Il ne sait que rĂ©pondre Ă  NoĂ«l Daru qui le presse de faire quelque chose, au moins se prĂ©parer Ă  passer le concours de Polytechnique de la saison suivante, pour finir par lui imposer, en fĂ©vrier, d’aller travailler, sous les ordres de son fils Pierre, au MinistĂšre de la Guerre qui est en train de prĂ©parer la Bataille de Marengo. Il se rĂȘvait Don Juan ou auteur de comĂ©die Ă  succĂšs, il se retrouve secrĂ©taire. Les dĂ©buts se passent mal : son Ă©criture est illisible, il fait des fautes (il Ă©crit cella au lieu de cela), met trop de « en effet » dans ses lettres, est terrorisĂ© par son cousin, qu’il surnomme le bƓuf furibond : « Tout le monde Ă  la Guerre frĂ©missait en abordant le bureau de M. Daru ; pour moi, j'avais peur rien qu'en regardant la porte[26]. ».

Ses souffrances prennent fin le . Il doit rejoindre la grande Armée avec Pierre et Martial Daru en Italie.

L’éblouissement milanais, 1800-1802

La Scala au milieu du XIXe siĂšcle.

« J’étais absolument ivre, fou de bonheur et de joie. Ici commence une Ă©poque d’enthousiasme et de bonheur parfait[27]. » : c’est le sentiment gĂ©nĂ©ral de la traversĂ©e de la Suisse et de l’arrivĂ©e en Italie dont se souvient Henri lorsqu'il racontera cet Ă©pisode en 1836. « Gai et actif comme un jeune poulain[28] », il est heureusement accompagnĂ© dans son pĂ©riple par le capitaine Burelviller qui lui donne des cours d’équitation et le protĂšge des dangers du voyage. Il porte un sabre dont il ne sait pas se servir, monte pour la premiĂšre fois Ă  cheval, manquant de peu de finir dans un lac, traverse le Grand-Saint-Bernard en longeant des prĂ©cipices, essuie des tirs au fort de Bard
 MalgrĂ© cela, tout l’émerveille. Lui qui a Ă©tĂ© si protĂ©gĂ© durant son enfance[N 6], est fascinĂ© par la nouveautĂ© du danger et de la situation, par la beautĂ© des paysages : « Je ne demandais qu’à voir de grandes choses[28]. »

Angela Pietragrua, la « catin sublime ».

ArrivĂ© Ă  IvrĂ©e, il se rend au spectacle oĂč Il matrimonio segreto de Cimarosa l’éblouit d’un « bonheur divin ». À partir de ce moment, « Vivre en Italie et entendre de cette musique devint la base de tous [ses] raisonnements[29]. » Il arrive Ă  Milan vers le . ImmĂ©diatement cette ville devient pour lui « le plus beau lieu de la terre[30]. » À peine arrivĂ©, il croise Martial Daru qui le croyait perdu. Il le conduit Ă  son logement, Casa d’Adda, dont l’architecture, la cour, le salon, les cĂŽtelettes panĂ©es qu’on lui sert
 tout l’enchante. Ne pouvant « peindre le bonheur fou[31] », Stendhal arrĂȘtera lĂ  sa Vie de Henry Brulard. C’est par son Journal, commencĂ© en , que l’on connaĂźt son Ă©blouissement pour la ville : la beautĂ© des monuments, des femmes, les cafĂ©s, l’opĂ©ra surtout, La Scala, au dĂ©cor fastueux, salon de la ville, oĂč se retrouve toute la bonne sociĂ©tĂ© milanaise, chaleureuse, accueillante, tellement Ă©loignĂ©e de la froideur et de la vanitĂ© parisienne. Le commissaire des guerres pour lequel il travaille, Louis Joinville, lui prĂ©sente sa maĂźtresse, Angela Pietragrua, femme magnifique dont il tombe Ă©perdument, et silencieusement, amoureux.

La bataille de Marengo est livrĂ©e le . À la suite de la victoire, Henri doit accompagner Pierre Daru Ă  la citadelle d’Arona, sur le lac Majeur. Il en profite pour visiter les Ăźles BorromĂ©es. À son retour Ă  Milan, il frĂ©quente Ă  nouveau les bals et les soirĂ©es. Tous ses amis ont trouvĂ© des maĂźtresses italiennes, mais lui, par timiditĂ©, par excĂšs de romantisme, et ceci d'une maniĂšre plus courante alors, va connaĂźtre les femmes par les prostituĂ©es[N 7].

Le , il est nommĂ© sous-lieutenant au 6e rĂ©giment de dragons. En dĂ©cembre, il est envoyĂ© en garnison prĂšs de Brescia. Il s’y ennuie. Il revient Ă  Milan dĂšs qu'il le peut. Au printemps 1801, il tombe malade, probablement la syphilis contractĂ©e auprĂšs des prostituĂ©es. Il restera fiĂ©vreux, avec des pĂ©riodes de rĂ©mission. En , on lui accorde un congĂ© de convalescence. Il revient Ă  Paris dĂ©but 1802.

Paris et Marseille, 1802-1806

Victorine Mounier, qu’il aime « comme le bonheur » sans rĂ©ellement la connaĂźtre.

AprĂšs un passage par Grenoble oĂč il est restĂ© trois mois, il retrouve Paris sous un meilleur jour, puisqu’il continue de recevoir sa solde de sous-lieutenant. Il sort, frĂ©quente les thĂ©Ăątres, les salons, commence Ă  Ă©crire des comĂ©dies, Ă©tudie le comique, suit des cours de danse, d'anglais, de grec ; il lit beaucoup : Hobbes, Destutt de Tracy, Vauvenargues, Hume, Goldoni, Alfieri... Le , il dĂ©missionne de son poste dans l'armĂ©e. Son pĂšre lui envoie 200 francs par mois, pas assez pour Henri qui dĂ©pense pour ses cours, ses livres, son habillement
 car, ne se trouvant pas beau, il tient Ă  son Ă©lĂ©gance[N 8]. Son manque d’argent le fait souffrir ; il lui attribue sa timiditĂ©, son manque d’assurance dans les salons et auprĂšs des femmes : « Un an de luxe et de plaisirs de vanitĂ©, et j'ai satisfait aux besoins que l'influence de mon siĂšcle m'a donnĂ©s, je reviens aux plaisirs qui en sont vraiment pour mon Ăąme, et dont je ne me dĂ©goĂ»terai jamais. Mais dans ce temps de folie, je me serai dĂ©fait de ma timiditĂ©, chose absolument nĂ©cessaire pour que je paraisse moi-mĂȘme ; jusque-lĂ  on verra un ĂȘtre gourmĂ© et factice, qui est presque entiĂšrement l'opposĂ© de celui qu'il cache[32]
 » Dans ses lettres, il partage ce qu'il apprend avec sa sƓur Pauline, lui fait part de ses pensĂ©es. Il flirte avec sa cousine AdĂšle Rebuffel
 pour finir par coucher avec la mĂšre de celle-ci, Madeleine. Le , le Premier Consul se fait couronner Empereur par le Pape. RĂ©action mĂ©prisante d'Henri qui voit passer le cortĂšge : « cette alliance si Ă©vidente de tous les charlatans. La religion venant sacrer la tyrannie, et tout cela au nom du bonheur des hommes[33]. » Il tombe trĂšs amoureux de la sƓur de son ami Édouard Mounier, Victorine Mounier, rencontrĂ©e Ă  Grenoble. La connaissant peu, il lui imagine mille qualitĂ©s et rĂȘve de mariage : « Si j'allais dans les mĂȘmes sociĂ©tĂ©s qu'elle, je suis sĂ»r qu'elle m'aimerait, parce qu'elle verrait que je l'adore et que j'ai une Ăąme, belle comme celle que je lui suppose, que son Ă©ducation [
] doit lui avoir donnĂ©, et qu'elle a sans doute ; et il me semble qu'une fois que nous nous serions sentis, et combien le reste du genre humain est peu propre Ă  mĂ©riter notre amour et Ă  faire notre bonheur, nous nous aimerions pour toujours[32]. » Il Ă©crit d’abord Ă  son frĂšre, dans l’espoir qu'il fera lire les lettres Ă  sa sƓur puis Ă  Victorine elle-mĂȘme, sans recevoir de rĂ©ponse.

Il prend des cours de dĂ©clamation chez Dugazon, afin de bien lire les vers. Il y rencontre MĂ©lanie Guilbert, dite Louason, jeune comĂ©dienne, qui lui fait oublier Victorine. Il en tombe progressivement trĂšs amoureux. TrĂšs intimidĂ©, « [il] n’a pas l’esprit d’avoir de l’esprit[34] » en sa prĂ©sence. Ils se voient tous les jours et s’embrassent beaucoup, mais MĂ©lanie ne veut pas d’un amant de peur de se retrouver enceinte. Henri « commence Ă  [s]’accoutumer au bonheur[35]. » Ils sont amants le , lorsqu'il la rejoint Ă  Marseille oĂč elle a obtenu un rĂŽle au Grand ThĂ©Ăątre. À Marseille, il tente de se faire banquier, avec son ami FortunĂ© Mante, mais, son pĂšre ayant refusĂ© de lui prĂȘter les fonds nĂ©cessaires, c’est un Ă©chec. Sa vie de couple avec MĂ©lanie finit par le lasser, il la trouve bĂȘte, tyrannique et geignarde[36], mais c’est elle qui part en . EnnuyĂ© par la ville, dĂ©sƓuvrĂ©, ruinĂ©, il rentre Ă  Paris le , renoue ses relations avec la famille Daru, leur demande un poste, qu'il obtient. Vers le , il est reçu franc-maçon[N 9]. Le , il suit Martial Daru en Allemagne.

L’Allemagne et l’Autriche, 1806-1810

Wilhelmine von Griesheim surnommée Minette, qui restera longtemps dans son souvenir.

Le , Henri Ă©crit Ă  sa sƓur Pauline : « Nous allons Ă  Cobourg, mais l’empereur est sans doute bien en avant. Nous allons d'ici Ă  Mayence, de Mayence Ă  Wurtzbourg, de Wurtzbourg Ă  Bamberg, de lĂ , Ă  Cobourg et de lĂ , Ă  la gloire[37]. » Le , NapolĂ©on entre Ă  Berlin, oĂč Henri arrive peu aprĂšs. Le 29, Henri est nommĂ© adjoint aux commissaires des guerres et envoyĂ© Ă  Brunswick, oĂč il arrive le . AccaparĂ© par son emploi, il trouve tout de mĂȘme le temps de suivre des cours d’équitation, de tirer au pistolet, d’aller au thĂ©Ăątre, au cafĂ© concert, Ă  des bals
 et de tomber amoureux de Wilhelmine von Griesheim, la fille de l’ancien gouverneur de la ville, tout en couchant avec d’autres femmes. Il croit ĂȘtre heureux[38]. Il n’aime pourtant ni la nourriture allemande composĂ©e de pain noir, de choucroute et de biĂšre (« Ce rĂ©gime rendrait flegmatique l’homme le plus emportĂ©. À moi, il m’îte toute idĂ©e[39]. »), ni leurs Ă©dredons, ni leur culture (il ignore Novalis, Hölderlin, Hegel
). Par contre, il s’enthousiasme pour Mozart. Pauline, aprĂšs avoir suivi les injonctions Ă  la libertĂ© prodiguĂ©es par son frĂšre un peu trop Ă  la lettre (elle se promĂšne Ă  Grenoble en habit d'homme), rentre dans le rang et se marie Ă  François Daniel Perrier-Lagrange le .

Le , il reçoit l’ordre de regagner Paris. Un mĂ©decin lui confirme sa syphilis. Il doit suivre un traitement rigoureux. Le , l'armĂ©e autrichienne passe Ă  l'offensive, Henri doit retourner en Allemagne. Il est affligĂ© du spectacle de la guerre Ă  Ebersberg, ville et corps brĂ»lĂ©s. NapolĂ©on entre dans Vienne le . Henri passe sous les ordres de Martial Daru, intendant de la province de Vienne. D'abord enchantĂ© par le climat et la musique, il finit par s'ennuyer Ă  mourir dans son emploi. En octobre, il pense plaire Ă  Alexandrine Daru, l’épouse de Pierre, sans parvenir Ă  la courtiser, il ne sait comment prendre « ce ton galant qui permet de tout hasarder, parce que rien n’a l’air d’ĂȘtre dit sĂ©rieusement[40]. » Comme Ă  son habitude, il prend une maĂźtresse plus accessible. Le il demande Ă  ĂȘtre envoyĂ© en Espagne. Sans attendre la rĂ©ponse, il part pour Paris.

L’ascension sociale, 1810-1811

Portrait d’Alexandrine Daru par David, qu'il courtise longuement en vain.

À Paris il retrouve Alexandrine Daru, dont il tente d’interprĂ©ter le moindre geste comme une preuve d’intĂ©rĂȘt pour lui. Martial le propose comme auditeur au Conseil d'État, son pĂšre lui fournissant le revenu nĂ©cessaire Ă  la fonction. Profitant d’un moment d'inactivitĂ©, Henri lit, frĂ©quente les cafĂ©s et les salons oĂč il Ă©prouve « la plus grande quantitĂ© d’ennui pur[41]. » Le , on lui ordonne de rejoindre Lyon. Il dĂ©cide d'ignorer cet ordre, et continue Ă  frĂ©quenter les thĂ©Ăątres, Ă  lire, Ă  se promener, et Ă  Ă©crire : il reprend sa comĂ©die qu'il ne finira jamais, Letellier. Il projette d'Ă©crire des biographies de peintres ou de musiciens afin de pallier les ignorances de ses contemporains. Il alterne moments de bonheur et mĂ©lancolie. Il lui manque une maĂźtresse et les Ăźles BorromĂ©es[42].

Il est officiellement nommĂ© auditeur au Conseil d'État par dĂ©cret le , puis, le , il devient inspecteur de la comptabilitĂ© des BĂątiments et du Mobilier de la Couronne. Il est chargĂ© de l'inventaire des Ɠuvres d'art des musĂ©es et palais impĂ©riaux. Il s'est achetĂ© un cabriolet Ă  la mode, des cachets Ă  ses initiales, loue un appartement plus conforme Ă  son nouveau statut, qu'il partage avec un beau jeune homme, Louis de Bellisle. Sa situation sociale met fin Ă  ses soucis financiers et lui fait espĂ©rer la baronnie, mais le laisse insatisfait : « Ce bonheur d’habit et d’argent ne me suffit pas, il me faut aimer et ĂȘtre aimĂ©[43]. » Et puis cet emploi lui prend son temps, ses moments de plaisir et de rĂ©flexion : « Les affaires me pillent mon temps, je n'en ai pas pour huit Ă  dix heures de travail ; cependant, je ne puis pas suivre un travail particulier. Le travail de rĂ©flĂ©chir, du moins pour moi, ne se prend pas et ne se quitte pas comme un habit : il faut toujours une heure de recueillement, et je n'ai que des moments[44] ».

Depuis le , il passe ses nuits avec Angelina Bereyter, une chanteuse d’opĂ©ra. Il ne peut s’empĂȘcher d’y voir des inconvĂ©nients : « Mon bonheur physique avec Angela m’a ĂŽtĂ© beaucoup de mon imagination [45]. » Il rĂȘve toujours d’Italie et voudrait qu'on l’envoie en mission Ă  Rome, mais c’est Martial Daru qui y est envoyĂ©. Le , il invente pour lui-mĂȘme la notion de « Beylisme » dans son Journal : « Crozet est toujours amoureux d’A., conduisant sa barque comme un niais, et il en est triste et attristant. C’est ce que je lui dis sans cesse Ă  lui-mĂȘme pour le rendre un peu beyliste. Mais il regimbe. La voluptĂ© n’aura jamais en lui un adorateur vĂ©ritable, et il me semble presque irrĂ©vocablement dĂ©vouĂ© Ă  la tristesse et Ă  la considĂ©ration qu’elle procure chez ce peuple de singes[46]. »

Le il trouve enfin le courage, aprÚs de longues hésitations qui le tourmentent, d'oser se déclarer à Alexandrine, lors d'un séjour dans le chùteau des Daru de Becheville : Elle est troublée, mais lui répond qu'il ne doit voir en elle qu'une cousine qui a de l'amitié pour lui. Il va se coucher, partagé entre la peine et le soulagement de n'avoir plus de remords. Au moment de quitter Becheville, il tente de plaisanter malgré son chagrin : « J'avais besoin de rire, car je me sentais une violente envie de pleurer[47]. » Triste, déçu, ennuyé par Angelina Bereyter qu'il ne désire plus, il demande, en août, un congé de quelques jours à Pierre Daru. En réalité, il a pris une place dans une diligence pour Milan.

Milan, Angela et l’Italie, 1811

Il arrive Ă  Milan le , y retrouve les Ă©motions de sa jeunesse mĂȘlĂ© au souvenir d'Angela Pietragrua: « Je ne puis faire un pas dans Milan sans reconnaitre quelque chose, et, il y a onze ans, j’aimais ce quelque chose parce qu'il appartenait Ă  la ville qu’elle habitait[48]. » Il se rend chez elle et lui avoue l’avoir aimĂ©e. Elle en est touchĂ©e et l’introduit dans les meilleurs salons de la ville. Ils se voient rĂ©guliĂšrement, chez elle dans la journĂ©e, Ă  la Scala le soir. Henri est Ă  nouveau amoureux. Il est furieux contre lui-mĂȘme de ne pas oser se dĂ©clarer, et finit, le , par tout lui confier. Ils s’embrassent, mais elle ne veut aller plus loin. Henri est déçu : « Elle m’aime et l’ennui me saisit. C’est avoir en soi un principe de malheur[49]. » Il dĂ©cide de partir le pour visiter l’Italie. Victoire juste avant son dĂ©part : le 21 ils sont amants. Il en inscrit la date et l’heure sur ses bretelles.

Il visite Bologne et Florence. À Florence, visitant l’église Santa Croce dans l’état amoureux oĂč l’a plongĂ© Angela, le cƓur battant, il Ă©prouve ce qui deviendra le «Syndrome de Stendhal» : «LĂ , assis sur le marche-pied d’un prie-Dieu, la tĂȘte renversĂ©e et appuyĂ©e sur le pupitre, pour pouvoir regarder au plafond, les Sibylles du Volterrano m’ont donnĂ© peut-ĂȘtre le plus vif plaisir que la peinture m’ait jamais fait. J’étais dĂ©jĂ  dans une sorte d’extase, par l’idĂ©e d’ĂȘtre Ă  Florence, et le voisinage des grands hommes dont je venais de voir les tombeaux. AbsorbĂ© dans la contemplation de la beautĂ© sublime, je la voyais de prĂšs, je la touchais pour ainsi dire. J’étais arrivĂ© Ă  ce point d’émotion oĂč se rencontrent les sensations cĂ©lestes donnĂ©es par les beaux-arts et les sentiments passionnĂ©s. En sortant de Santa Croce, j’avais un battement de cƓur, ce qu’on appelle les nerfs Ă  Berlin ; la vie Ă©tait Ă©puisĂ©e chez moi, je marchais avec la crainte de tomber[50].»

À Rome il est bouleversĂ© par le ColisĂ©e. Il y rencontre Martial Daru, qui le presse de rentrer Ă  Paris oĂč son congĂ© prolongĂ© n’est pas du goĂ»t de son frĂšre, Pierre. Mais Henri poursuit sa route et arrive Ă  Naples dĂ©but octobre. S’il n’aime pas le peuple napolitain, qu'il juge bruyant, ni la musique, ennuyeuse, il gardera un souvenir impĂ©rissable du Pausilippe. AprĂšs avoir visitĂ© Pompei et Herculanum, il rentre Ă  Milan, visite Parme et revoit les Ăźles BorromĂ©es. Il retrouve Angela Ă  VarĂšse. Elle est inquiĂšte, prĂ©tendant que son mari est au courant de leur liaison. Henri soupçonne plutĂŽt un autre amant. Il rentre Ă  Paris le . L’accueil glacial de Pierre Daru ne l’empĂȘche pas de retrouver ses activitĂ©s Ă  l’intendance de la Maison de l’Empereur, ainsi que sa vie de couple avec Angelina Bereyter, qui l’ennuie toujours un peu.

Le , Henri commence l’écriture de l’Histoire de la Peinture en Italie, se documentant Ă  la BibliothĂšque ImpĂ©riale. Mais la guerre avec la Russie se prĂ©pare. Elle est officielle le , avec l’ultimatum d’Alexandre Ier.

La chute, 1812-1814

Incendie de Moscou, le 14 septembre 1812, « le plus bel incendie du monde » selon Stendhal.
Journal tenu par Stendhal à Moscou et décrivant l'incendie de la ville - Archives nationales

Le , Henri se met en route, appelĂ© par Pierre Daru, chargĂ© de courriers et de paquets pour l’Empereur. Il rĂȘvait d’action, de repartir en campagne, mais il ne peut s’empĂȘcher de maugrĂ©er contre les sots qui l’entourent, la poussiĂšre de la route, le manque d’eau, de livres
 et l’absence de linge de rechange : « Dans cet ocĂ©an de barbarie, pas un son qui ne rĂ©ponde Ă  mon Ăąme ! Tout est grossier, sale, puant au physique et au moral[51]. » Il s’extasie en revanche devant l’incendie de Smolensk qui vient d’ĂȘtre bombardĂ©e. AprĂšs la sanglante bataille de Borodino, l’armĂ©e pĂ©nĂštre dans un Moscou dĂ©sert le . Les incendies Ă©clatent peu aprĂšs dans toute la ville. L’armĂ©e française pille les maisons dont les vitres Ă©clatent sous la chaleur. Au lieu de voler du vin ou de la nourriture, Henri prend un volume des FacĂ©ties de Voltaire. L’armĂ©e est obligĂ©e de quitter la ville.

Théodore Géricault, La retraite de Russie

« Nous sortĂźmes de la ville, Ă©clairĂ©e par le plus bel incendie du monde, qui formait une pyramide immense qui Ă©tait comme les priĂšres des fidĂšles : la base Ă©tait sur la terre et la pointe au ciel. La lune paraissait, je crois, par-dessus l'incendie. C’était un grand spectacle, mais il aurait fallu ĂȘtre seul pour le voir. VoilĂ  la triste condition qui a gĂątĂ© pour moi la campagne de Russie : c’est de l’avoir faite avec des gens qui auraient rapetissĂ© le ColisĂ©e et la mer de Naples[52]. »

FiĂ©vreux, pris d’une rage de dent, il a une rĂ©vĂ©lation (en italien) : ce qu'il dĂ©sire faire naĂźtre un jour, c’est un « mĂ©lange d’allĂ©gresse et de tendresse », comme Cimarosa[53]. Le , alors que NapolĂ©on attend toujours des nouvelles du tsar, il est chargĂ© de la direction des approvisionnements de rĂ©serve et des rĂ©quisitions. Il retourne Ă  Smolensk le , avec 1 500 blessĂ©s, puis repart immĂ©diatement pour Vilna. Durant le trajet, il se fait attaquer par des cosaques, et perd le manuscrit de L’Histoire de la Peinture en Italie. Le froid terrible (tempĂ©ratures de −40 °C), la faim, la fatigue ont rĂ©duit la Grande ArmĂ©e en miettes[N 10]. Henri a la bonne idĂ©e de passer la BĂ©rĂ©zina le , la veille de la bataille (pourtant victorieuse) et du dĂ©sastre qui s’ensuivit : les ponts brĂ»lĂ©s, les blessĂ©s abandonnĂ©s. Le , il part pour Dantzig puis rejoint Berlin. Il est Ă  Paris le . S'il a survĂ©cu Ă  la Campagne de Russie, les souffrances de cette campagne l’ont vieilli et rendu amer : « Je suis actuellement dans un Ă©tat de froideur parfait, j’ai perdu toutes mes passions[54] », mĂȘme si plus tard, auprĂšs de ses amis, il fanfaronne en disant avoir pris la retraite « comme un verre de limonade[55]. » Il a perdu goĂ»t Ă  tout, hormis Ă  la nourriture, comme s’il rattrapait la pĂ©riode de jeĂ»ne forcĂ© en Russie. Il retravaille Letellier, n’ayant pas le courage de recommencer L’Histoire de la Peinture en Italie. Il est pressenti pour recevoir une prĂ©fecture, comme tous ses collĂšgues, ce qui le laisse perplexe : « Je serai un peu humiliĂ© de n’avoir rien ; d’un autre cĂŽtĂ©, ĂȘtre prĂ©fet autre part que dans les quatorze dĂ©partements italiens est entiĂšrement contre mes goĂ»ts les plus chers[56]. »

La guerre reprend, mais Henri n’a nulle envie d’y participer. Il est pourtant envoyĂ© Ă  Mayence le . Le c'est la guerre Ă  Bautzen : « tout ce qu'on peut voir d’une bataille, c’est-Ă -dire rien[57]. » Il voudrait qu’on l’envoie Ă  Venise en attendant l’armistice, mais on l’envoie Ă  Sagan. Pris de fiĂšvre, il est envoyĂ© en convalescence Ă  Dresde, puis il peut enfin regagner Ă  Paris le . Il en profite pour aller Ă  Milan oĂč il arrive dĂ©but septembre. Le plaisir n’est plus le mĂȘme, Angela a peut-ĂȘtre un amant, sans oser le lui avouer. Il en profite pour explorer Venise et le lac de CĂŽme. Le son grand-pĂšre Gagnon meurt. Le il doit rentrer en France et rejoindre Grenoble s’occuper de la conscription. Le il arrive Ă  Saint-Julien et de lĂ  il se rend Ă  Carouge, oĂč le gĂ©nĂ©ral comte Marchand, commandant en chef de la 7e division militaire, avait Ă©tabli le quartier gĂ©nĂ©ral de la petite armĂ©e française. Il a Ă©tĂ© envoyĂ© Ă  Carouge en mission, pour s'assurer des besoins de l'armĂ©e et du fonctionnement des services, par le sĂ©nateur comte de Saint-Vallier, commissaire extraordinaire chargĂ© des mesures Ă  prendre contre l'invasion du territoire français par les armĂ©es des puissances alliĂ©es. L'objet de sa mission rempli, il quitte Carouge aprĂšs un sĂ©jour de trente-six heures, et retourne Ă  Grenoble, auprĂšs du commissaire extraordinaire[58]. Henri tombe Ă  nouveau malade. Il retourne Ă  Paris fin . Il assiste, indiffĂ©rent, aux batailles qui font rage autour de la ville. Le , l’Empereur abdique. Henri Ă©crira plus tard : « Je tombai avec NapolĂ©on en avril 1814. [
] Qui le croirait ! quant Ă  moi personnellement, la chute me fit plaisir[59]. »

Louis XVIII entre dans Paris le . Henri tente vaguement de proposer ses services au nouveau pouvoir, mais « trente mille nobles affluent par toutes les diligences pour tout demander[60]. » N’ayant plus rien Ă  faire en France, il part Ă  nouveau pour Milan.

Milan et Matilde, 1814-1821

Lord Byron, portrait par George Harlow : un « profil d’ange », selon Stendhal.

Henri arrive Ă  Milan le . Angela l’accueille trĂšs froidement, arguant que les Français sont mal vus Ă  Milan depuis le retour des Autrichiens au pouvoir. Il pense Ă  nouveau que cela cache un amant. Il lui propose de partir ensemble Ă  Venise, elle se dĂ©robe. Il part pour GĂȘnes. Il visite Livourne, Pise, Florence
 À son retour Ă  Milan, Angela veut mettre un terme dĂ©finitif Ă  leur relation. Il hĂ©site Ă  se brĂ»ler la cervelle, mais se met plutĂŽt au travail. Il termine Vies de Haydn, Mozart et MĂ©tastase qui sera publiĂ© en janvier 1815 sous le nom de Bombet, et reprend son Histoire de la peinture en Italie. Il est rapidement accusĂ© de plagiat pour Vies de Haydn, Mozart et MĂ©tastase par le musicologue italien Giuseppe Carpani, auteur d’un essai sur Haydn. Pourtant coupable (il en a, en rĂ©alitĂ©, plagiĂ© bien d’autres), Henri lui rĂ©pond dans la presse, se faisant passer pour son frĂšre, avec humour et mauvaise foi : « je prierais encore M. Carpani de nous dire s’il aurait la charmante prĂ©tention d’avoir servi de modĂšle au style plein de grĂące, plein d’une sensibilitĂ© sans affectation, et qui n’exclut pas le piquant qui, peut-ĂȘtre, est le premier mĂ©rite de l’ouvrage de M. Bombet[61]. »

Portrait de profil de Stendhal, médaillon par David d'Angers.

Au printemps 1815, le retour de NapolĂ©on ne l'incite pas Ă  revenir en France. La dĂ©faite de Waterloo lui fait dire que « tout est perdu, mĂȘme l’honneur[62]. » En , il est sous le charme de Venise. Il ne dĂ©sespĂšre pas d’y faire venir Angela, mais, aprĂšs une brĂšve rĂ©conciliation, « l’amour est tuĂ© le 15 octobre 1815[63]. » Revenu malade Ă  Milan, il achĂšve l’Histoire de la peinture en Italie entre deux saignĂ©es et crise de palpitations.

Il est prĂ©sentĂ© Ă  Ludovico di Breme, dont la loge Ă  la Scala est frĂ©quentĂ©e par l’élite intellectuelle Milanaise: Silvio Pellico, Vincenzo Monti
 GrĂące Ă  ces nouvelles rencontres, il dĂ©couvre en septembre 1816, l’Edinburgh Review et un compte rendu de trois poĂšmes de Lord Byron, Le Corsaire, Le Giaour et La fiancĂ©e d’Abydos. C’est une rĂ©vĂ©lation : « Henri comprend que le vĂ©ritable « systĂšme romantique » n’est pas allemand ; il est anglais et c’est celui que Byron met en Ɠuvre, en cĂ©lĂ©brant les passions fortes. [
] C’est l’Edinburgh Review qui lui ouvre la perspective d’une dĂ©finition dynamique du beau moderne, conçu non pas comme la perfection des formes, mais comme une Ă©nergĂ©tique passionnelle[64]. » C’est donc, intimidĂ© et trĂšs Ă©mu[N 11], qu’il rencontre Lord Byron, le dans la loge de Ludovico di Breme. Il le dĂ©crit Ă  son ami Crozet : « un joli et charmant jeune homme, figure de dix-huit ans, quoiqu'il en ait vingt-huit, profil d’un ange, l’air le plus doux. [
] C’est le plus grand poĂšte vivant
[65]. » Durant les jours qui suivirent, Henri lui fait visiter Milan. Il tente de l’impressionner en lui racontant des anecdotes fantaisistes sur la campagne de Russie et NapolĂ©on, dont il fait croire qu'il Ă©tait trĂšs proche[66].

Matilde Viscontini Dembowski, son grand amour malheureux

En avril 1817, il se rend Ă  Paris, aprĂšs un passage par Grenoble, pour donner son manuscrit Ă  Pierre Didot. En aoĂ»t, il visite Londres. À son retour Ă  Paris, sont parus l’Histoire de la peinture en Italie, sous son vrai nom, et Rome, Naples et Florence sous le pseudonyme de Stendhal. En , il retourne Ă  Milan accompagnĂ© de sa sƓur Pauline qui vient de perdre son mari. Il entreprend une Vie de NapolĂ©on Ă  partir de fĂ©vrier 1818 pour rĂ©pondre aux ouvrages de Madame de StaĂ«l.

En , son ami Giuseppe Vismara, lui présente Matilde Dembowski. Son admiration pour celle qu'il appelle Métilde le paralyse de timidité et de maladresse : « Je n'ai jamais eu le talent de séduire qu'envers les femmes que je n'aimais pas du tout. DÚs que j'aime, je deviens timide et vous pouvez en juger par le décontenancement dont je suis auprÚs de vous »[67]. Dans un premier temps Matilde se montre touchée par cette adoration silencieuse. Mais subitement, elle se refroidit, probablement parce que sa cousine, Francesca Traversi, aurait dépeint Stendhal comme un séducteur[68].

Au printemps 1819 Stendhal ruine tous ses espoirs en suivant sous un déguisement, Matilde, qui était allée voir ses fils à Volterra. Elle ne le lui pardonnera pas, malgré ses nombreuses lettres d'excuses et n'acceptera de le revoir que sous certaines conditions trÚs strictes.

Le , apprenant le décÚs de son pÚre, il part pour Grenoble, puis regagne Paris jusqu'en octobre. Fin décembre, de retour à Milan, il commence De l'amour, pour exprimer tout ce que lui fait éprouver Matilde, véritable essai de psychologie, dans lequel il expose sa théorie de la « cristallisation ». En 1821 éclate une révolution dans le Piémont contre l'occupant autrichien. Parce qu'il est accusé de sympathie pour le carbonarisme il est expulsé de Milan par l'administration autrichienne. Il se voit obligé de quitter Matilde qu'il aime pour regagner Paris qu'il n'aime pas. Mathilde est le personnage qu'il présente dans Le Rouge et le Noir en y faisant référence.

L'essor littéraire, 1821-1830

Giuditta Pasta, dont il fréquente le salon.

Fin , il est de retour Ă  Paris, presque ruinĂ© aprĂšs le dĂ©cĂšs de son pĂšre, dĂ©primĂ© par ses adieux Ă  Matilde : « Je quittais Milan pour Paris le 
 , avec une somme de 3 500 Francs, je crois, regardant comme unique bonheur de me brĂ»ler la cervelle quand cette somme serait finie. Je quittais, aprĂšs trois ans d’intimitĂ©, une femme que j’adorais, qui m’aimait et qui ne s’est jamais donnĂ©e Ă  moi. »[69] Pour tenter de l’oublier, il frĂ©quente assidument ses amis Adolphe de Mareste et Joseph Lingay. Il racontera dans Souvenirs d’égotisme son fiasco auprĂšs d'une belle prostituĂ©e du nom d’Alexandrine, encore obnubilĂ© par Matilde, puis sa guĂ©rison lors d’un sĂ©jour Ă  Londres oĂč il va « chercher un remĂšde au Spleen[70] », auprĂšs d’une douce et jeune Anglaise.

Sa grande passion qui dura deux ans, Clémentine Curial, qu'il surnomme Menti.

À Paris, il passe ses soirĂ©es Ă  l’opĂ©ra ou dans les salons de la gauche LibĂ©rale d’Antoine Destutt de Tracy, de La Fayette (LibĂ©raux qu'il trouve « outrageusement niais[71] »), de royalistes comme Madame Ancelot, de savants comme le baron Cuvier, de peintres comme le baron GĂ©rard, ainsi que le cĂ©nacle d’Etienne-Jean DelĂ©cluze. Il est admirĂ© pour sa maniĂšre de raconter des histoires, mais choque par ses sarcasmes, ses boutades, ses provocations politiques, ses idĂ©es jacobines
[72] Il frĂ©quente beaucoup aussi celui de Giuditta Pasta, cantatrice Italienne avec qui on lui prĂȘte, Ă  tort, une liaison ; il s’installe d’ailleurs dans le mĂȘme immeuble, rue de Richelieu. En rĂ©alitĂ©, c’est pour y entendre les Carbonari en exil, y parler italien et, parfois, Ă©voquer Matilde. Son ami Lingay lui prĂ©sente le jeune Prosper MĂ©rimĂ©e, avec qui il nouera une amitiĂ© ambivalente faite de complicitĂ© et de mĂ©fiance[73].

En 1822 il publie dans l’indiffĂ©rence gĂ©nĂ©rale[N 12], De l'amour, aprĂšs avoir rĂ©cupĂ©rĂ© le manuscrit Ă©garĂ© pendant plus d'un an. Il prend ardemment la dĂ©fense du Romantisme avec Racine et Shakespeare, pamphlet en faveur de la modernitĂ© en littĂ©rature et dans tous les arts, ainsi qu’une Vie de Rossini en 1823, ouvrages qui le font connaĂźtre. Il se lie Ă©galement Ă  Paris avec le botaniste Victor Jacquemont, qui dĂ©crit sa façon de sĂ©duire les femmes en leur parlant de ses ouvrages politiques et littĂ©raires, et le surnomme pour cela Jemoi dans sa correspondance avec Achille Chaper[74]. Stendhal consulte Ă  plusieurs reprises Jacquemont sur ses Ɠuvres, et ce dernier est l'auteur des derniĂšres pages de De l'amour.[75]

Afin de gagner sa vie, il entame une intense activitĂ© de journaliste. De 1824 Ă  1827, il Ă©crit des articles pour le Journal de Paris, sur les Salons et sur le ThĂ©Ăątre Italien. De 1822 Ă  1829, il collabore Ă  diverses revues britanniques : Paris Monthly Review, New Monthly Magazine, London Magazine . Ses chroniques portent sur la vie politique, les faits divers, les mƓurs, la culture de la sociĂ©tĂ© française sous la Restauration[76].

Alberthe de RubemprĂ© qu’il surnomme Madame Azur parce qu’elle habite rue Bleue.

Cette Ă©poque est aussi celle des amours tumultueuses : ClĂ©mentine Curial, la fille de son amie la comtesse Beugnot, qui l’avait dĂ©jĂ  troublĂ© en 1814, lorsqu'il l’avait vue pieds nus chez sa mĂšre, attend longuement de lui une dĂ©claration : « Ma mĂ©lancolie regardait avec plaisir les yeux si beaux de Mme Berthois [ClĂ©mentine Curial]. Dans ma stupiditĂ©, je n’allais pas plus loin[77]. » Il finit par lui avouer ses sentiments en . Jusqu’en 1826 ils s’aiment, s’écrivent, se dĂ©chirent. Elle le cache trois jours dans la cave de son chĂąteau en , le nourrissant, vidant son pot de chambre
 C’est elle qui le guĂ©rit dĂ©finitivement de Matilde : « alors seulement le souvenir de MĂ©tilde ne fut plus dĂ©chirant, et devint comme un fantĂŽme tendre et profondĂ©ment triste[78]. »

En , c’est Alberthe de RubemprĂ©, femme trĂšs belle et trĂšs libre, cousine de Delacroix, qui devient sa maĂźtresse. Il a avec elle une relation torride et de courte durĂ©e. Au retour d’un voyage en Espagne, en , il la retrouve dans les bras de son ami Mareste.

En , c’est une jeune fille italienne, Giulia Rinieri qui lui dĂ©clare son amour « Je sais bien et depuis longtemps que tu es laid et vieux, mais je t’aime[79]. » C’est chez elle qu’il passera la nuit du , oĂč il assistera Ă  la rĂ©volution de Juillet de son balcon.

Il s'agit d'une pĂ©riode intellectuellement trĂšs fĂ©conde : il publie son premier roman, Armance, en 1827, mal compris et mal reçu, dont le thĂšme, l’impuissance, lui est fourni par le roman de son amie Claire de Duras, Olivier, ou le secret. En 1829 c’est Promenades dans Rome. Tout en Ă©crivant de nombreuses nouvelles (Vanina Vanini, Le coffre et le revenant, Le philtre), il commence Ă  Ă©crire son second roman, Le Rouge et le Noir. Il en corrige les Ă©preuves durant les journĂ©es de Juillet. Il paraĂźt le , alors qu'il est dĂ©jĂ  parti en Italie.

Consécration et détachement : 1831-1842

Giulia Rinieri, l’amoureuse dĂ©vouĂ©e

Alors que sa notoriĂ©tĂ© naissante et le courage des Parisiens lors de la rĂ©volution de Juillet commençaient Ă  lui faire aimer Paris[N 13], il doit quitter la France. Ses amis ont parlĂ© de lui au comte MolĂ©, ministre des Affaires Ă©trangĂšres de Louis-Philippe. NommĂ© consul Ă  Trieste, il part le , jour oĂč il demande la main de Giulia Rinieri, Ă  son oncle. Elle ne lui sera pas accordĂ©e. Metternich lui refuse l'exequatur, Ă  cause de ses positions libĂ©rales et de son mĂ©pris des Autrichiens qui transparaĂźt dans Rome, Naples et Florence[80]. En attendant qu'on lui trouve un autre poste, il se rend Ă  Venise, oĂč il frĂ©quente le salon de la comtesse Albrizzi[81]. En raison de son Ă©loignement, il ignore la rĂ©ception du Rouge et le Noir. AdmirĂ© par Sainte Beuve, il est honni par Victor Hugo : « chaque fois que je tente de dĂ©chiffrer une phrase de votre ouvrage de prĂ©dilection (rĂ©pondant Ă  Rochefort, admirateur du Rouge), c’est comme si on m’arrachait une dent
 Stendhal ne s’est jamais doutĂ© un seul instant de ce que c’était que d’écrire[82]. »

Portrait de Stendhal par Ducis, 1835, BibliothÚque Sormani, Milan. Portrait mélancolique.
Tombe de Stendhal au cimetiĂšre de Montmartre (30Ăš division).

Il est finalement nommĂ© en 1831 Ă  Civitavecchia, seul port des États pontificaux, « trou abominable » de sept mille cinq cents habitants, dont mille forçats[83]. LĂ , il est terrassĂ© par l'ennui et la bĂȘtise : aucun salon, aucun ami, aucune jolie femme, aucune discussion intellectuelle. Il se donne du courage avec son mot d’ordre, « SFCDT (Se Foutre CarrĂ©ment De Tout) »[84] et en commençant plusieurs romans : Une Position sociale en ; deux essais d’autobiographie, Souvenirs d’égotisme de juin Ă  ; Lucien Leuwen en , la Vie de Henry Brulard en . Il n’en termine aucun. Il Ă©crit pour lui seul car il a dĂ©cidĂ©, en de ne rien publier tant qu'il serait fonctionnaire, par crainte de dĂ©plaire Ă  sa hiĂ©rarchie : « Je me fais plat, j’écris peu ou point
 Tout mon but est d’ĂȘtre moral comme un sous-chef de bureau[85] ». Pour s'occuper, il participe aux fouilles archĂ©ologiques menĂ©es par son ami Donato Bucci[86], se rend frĂ©quemment Ă  Rome, voyage Ă  Florence, Naples
 Il va souvent Ă  Sienne rejoindre Giulia Rinieri. Leur liaison continue jusqu’en , lorsqu’elle est obligĂ©e de se marier. En , il obtient un congĂ© de trois ans en France, jusqu’en , qui lui permet d'Ă©crire ses Chroniques Italiennes et La Chartreuse de Parme. Cela lui permet aussi de faire des voyages en France, en Suisse, aux Pays-Bas, et d’en tirer le livre MĂ©moires d’un touriste. À Paris, il retrouve, une fois de plus, Giulia, qui Ă©prouve toujours pour lui beaucoup de tendresse[87].

En , changement de gouvernement, Stendhal n’est plus sous la protection du comte MolĂ©, il doit retourner Ă  son poste. Le , paraĂźt La Chartreuse de Parme, qui remporte un vif succĂšs (1 200 exemplaires vendus en dix-huit mois) puis L’Abbesse de Castro et trois autres chroniques en dĂ©cembre de la mĂȘme annĂ©e. Entretemps, il avait commencĂ© Lamiel, le Rose et le Vert (qui restera inachevĂ©) et repris une Vie de NapolĂ©on. Revenu Ă  Civitavecchia le , il est Ă  nouveau malade d’ennui. Puis il devient rĂ©ellement malade, Ă©tant frappĂ© d’une syncope le . Cela ne l’empĂȘche pas de tomber amoureux d’une certaine Earline (peut-ĂȘtre la comtesse Cini, une de ses admiratrices) en fĂ©vrier, ni de revoir Giulia Ă  Florence.

En , un article Ă©logieux d’HonorĂ© de Balzac sur la Chartreuse de Parme l’étonne, l’amuse et lui fait plaisir. Une autre attaque d’apoplexie le frappe en . Le , il retourne Ă  Paris pour se reposer. Se sentant mieux, il s’engage le , Ă  fournir des nouvelles Ă  la Revue des Deux-Mondes, juste avant d’ĂȘtre victime d'une nouvelle attaque, le lendemain vers sept heures du soir, au coin du boulevard des Capucines et de la rue Neuve-des-Capucines, devant le ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres de l'Ă©poque, alors qu'il sortait d'un rendez-vous avec son ministre de tutelle François Guizot. Il meurt Ă  son domicile parisien, HĂŽtel de Nantes au 78, rue Neuve-des-Petits-Champs (devenu 22, rue Danielle-Casanova), le Ă  deux heures du matin[88].

Liste des femmes qu’il a aimĂ©es, insĂ©rĂ©e en 1835 dans Vie de Henry Brulard : « Je rĂȘvais profondĂ©ment Ă  ces noms, et aux Ă©tonnantes bĂȘtises et sottises qu’ils m’ont fait faire. » (De gauche Ă  droite : Virginie Kubly, Angela Pietragrua, AdĂšle Rebuffel, Mina de Griesheim, MĂ©lanie Guilbert, Angelina Bereyter, Alexandrine Daru, Angela Pietragrua[N 14], Matilde Dembowski, ClĂ©mentine Curial, Giulia Rinieri, Madame Azur-Alberthe de RubemprĂ©)

Sa dĂ©pouille est inhumĂ©e au cimetiĂšre de Montmartre Ă  Paris en prĂ©sence de trois amis malgrĂ© son vƓu testamentaire d'ĂȘtre enterrĂ© Ă  Andilly, oĂč il avait sĂ©journĂ©[89]. Comme ultime provocation, il avait dĂšs 1821 composĂ© lui-mĂȘme son Ă©pitaphe en italien Arrigo Beyle Milanese Scrisse AmĂČ Visse (« Henri Beyle. Milanais. Il Ă©crivit, Il aima, Il vĂ©cut[90] ») que fait graver Romain Colomb, son cousin et ami d'enfance, exĂ©cuteur testamentaire[91]. MĂ©prisĂ© et raillĂ© par son siĂšcle, il ne connaĂźtra qu'un succĂšs posthume comme il l'avait prĂ©dit : « Je serai connu en 1880. Je serai compris en 1930 »[92]. Le mĂ©daillon de sa tombe a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par Auguste Rodin[93].

Lorsque Stendhal fera le bilan de sa vie dans Vie de Henry Brulard en 1835, il Ă©crira ceci :

« L’état habituel de ma vie a Ă©tĂ© celui d’amant malheureux, aimant la musique et la peinture [
] Je vois que la rĂȘverie a Ă©tĂ© ce que j’ai prĂ©fĂ©rĂ© Ă  tout, mĂȘme Ă  passer pour homme d’esprit[94]. »

DĂ©corations

Pseudonymes

Stendhal par Henri Lehmann, août 1841. Dernier portrait de Stendhal. Lehmann montre discrÚtement sur son visage les séquelles de l'attaque d'apoplexie survenue le 15 mars précédent[97] .

Avant de signer Stendhal[98], il a utilisĂ© d'autres noms de plume, tels : Louis Alexandre Bombet[99], ou Anastase de SerpiĂšre[100]. Seule L'Histoire de la peinture (1817) fut publiĂ©e sous son vrai nom. À partir de Rome, Naples, Florence (), c'est sous le pseudonyme de « M. de Stendhal, officier de cavalerie » qu'il publia ses Ɠuvres[101]. Ce nom de plume pourrait ĂȘtre inspirĂ© d'une ville d'Allemagne « Stendal », lieu de naissance de l'historien d'art et archĂ©ologue renommĂ© Ă  l'Ă©poque Johann Joachim Winckelmann, mais surtout proche de l'endroit oĂč Stendhal vĂ©cut en 1807-1808 un moment de grande passion avec Wilhelmine de Griesheim. Ayant ajoutĂ© un H pour germaniser encore le nom, il souhaitait qu'on prononçùt : « Standhal »[102].

Il use aussi de trĂšs nombreux pseudonymes dans ses Ɠuvres intimes et sa correspondance : Dominique, le plus intime, mais aussi Don Flegme, Giorgio Vasari, William Crocodile[103], Poverino, etc. L’un de ses correspondants, Prosper MĂ©rimĂ©e, dira : « Jamais il n’écrivait une lettre sans signer d’un nom supposĂ© »[104]. On dĂ©nombre plus d’une centaine de pseudonymes utilisĂ©s par Stendhal. « Tels de ces pseudonymes sont pour la parade, drĂŽle, glorieuse ou tendre. Et d'autres sont des pseudonymes de fuite, pour se rendre invisible et se soustraire aux gĂȘneurs[105]. » ManiĂšre de se cacher, de se mĂ©fier du langage en tant que convention sociale ou dĂ©sir d’ĂȘtre un autre : « Je porterais un masque avec plaisir ; je changerais de nom avec dĂ©lices. (
) mon souverain plaisir serait de me changer en un long Allemand blond, et de me promener ainsi dans Paris[106]. » Selon Jean Starobinski qui consacre un chapitre aux pseudonymes de Stendhal dans l’ƒil vivant, « le dĂ©sir de paraĂźtre et le dĂ©sir de disparaĂźtre font partie en lui d’un mĂȘme complexe[107]. » Il prĂ©cise : « (le pseudonyme) n'est pas seulement une rupture avec les origines familiales ou sociales : c'est une rupture avec les autres[108]. », et, plus loin : « (il) permet Ă  Stendhal la pluralitĂ© des « moi », qui lui permet de se rĂ©volter contre une identitĂ© imposĂ©e du dehors. Et puisque le nom est situĂ© symboliquement au confluent de l'existence pour soi et de l'existence pour autrui, le pseudonyme le rend Ă  l'intime exclusivement, elle lui offre la possibilitĂ© de voir sans ĂȘtre vu, fantasme de Stendhal[109]. »

Il prend l’habitude aussi de changer les noms des personnes dont il parle dans ses lettres et journaux, afin, qu’en cas de publication, ils ne soient pas reconnus, ou par simple goĂ»t du cryptage et du jeu. Avancer masquĂ© lui permet d’ĂȘtre vrai[110]. Car « pour lui, la libertĂ© d'agir n'est concevable que dans l'insubordination : c'est pourquoi il recourt au pseudonyme qui lui rend les mains libres[109]. »

ƒuvres

La Chartreuse de Parme, page de titre.

Ouvrages parus de son vivant

Publications posthumes

ƒuvres inachevĂ©es

  • Roman, 1819. PubliĂ© pour la premiĂšre fois dans La Revue politique et littĂ©raire du , par Paul Arbelet, sous le titre Le Roman de MĂ©tilde.
  • Journal de Sir John Armitage, 1822. PubliĂ© pour la premiĂšre fois en 1855 chez Michel LĂ©vy frĂšres dans la Correspondance inĂ©dite de Stendhal, par Romain Colomb.
  • Le Lac de GenĂšve, 1831. PubliĂ© pour la premiĂšre fois dans le premier volume des MĂ©langes de littĂ©rature par Henri Martineau (Le Divan, 1933).
  • Une position sociale, 1832. PubliĂ© pour la premiĂšre fois par Henri Debraye en 1927 chez Simon Kra, Paris.

Romans principaux de Stendhal

L'Ɠuvre de Stendhal consiste aussi bien en des textes autobiographiques (Vie de Henry Brulard par exemple) que dans des romans qui comptent parmi les plus beaux dans la littĂ©rature française : Le Rouge et le Noir, Lucien Leuwen, La Chartreuse de Parme. Ce dernier roman fut saluĂ© Ă  sa premiĂšre publication par un Ă©loge d'HonorĂ© de Balzac, autre maĂźtre du roman rĂ©aliste dont Stendhal lui-mĂȘme se dĂ©clara heureusement surpris. « Cet article Ă©tonnant, (...) je l'ai lu, (...) en Ă©clatant de rire. Toutes les fois que j'arrivais Ă  une louange un peu forte (...) je voyais la mine que feraient mes amis en le lisant[115]. »

Le Rouge et le Noir

Le Rouge et le Noir (1830) est le premier grand roman de Stendhal. Il est le premier roman Ă  lier de façon si subtile la description de la rĂ©alitĂ© sociale de son temps et l’action romanesque, selon Erich Auerbach dans sa cĂ©lĂšbre Ă©tude Mimesis. Julien Sorel, le hĂ©ros principal du livre, est le pur produit de son Ă©poque en un certain sens, le hĂ©ros d'une France rĂ©voltĂ©e et rĂ©volutionnaire[116]. LittĂ©ralement ivre d’ambition Ă  cause de la lecture du MĂ©morial de Sainte-HĂ©lĂšne de Las Cases et conscient que, depuis la RĂ©volution, c’est le mĂ©rite et non plus la naissance seule qui compte, il rĂȘve de devenir lui-mĂȘme un nouveau Bonaparte, Ă  une Ă©poque, la Restauration, qui ne permet pas Ă  un fils de charpentier de gravir les Ă©chelons de la sociĂ©tĂ©.

Le projet de ce roman dut ĂȘtre soumis Ă  Paul-Louis Courier, que Stendhal tenait pour le meilleur Ă©crivain français contemporain. Un Ă©cho des difficultĂ©s rencontrĂ©es par le pamphlĂ©taire en Touraine est, d'ailleurs, perceptible Ă  travers le personnage Saint-Giraud, qui apparaĂźt au chapitre premier de la seconde partie du roman. Quand Courier fut assassinĂ©, Stendhal soupçonna des mobiles politiques Ă  ce forfait jamais Ă©lucidĂ©. On y trouve une description trĂšs prĂ©cise dans ce roman et dans celui de Vie de Henry Brulard, de l'HĂŽtel de Castries, que l'auteur frĂ©quenta[117].

La Chartreuse de Parme

C'est une Ɠuvre majeure qui valut la cĂ©lĂ©britĂ© Ă  Stendhal. DictĂ©e en 52 jours au numĂ©ro 8 de la rue de Caumartin Ă  Paris[118], elle fut publiĂ©e en deux volumes en mars 1839. Balzac la considĂ©rait comme un chef-d'Ɠuvre et Ă©crivit en son admiration Ă  l'auteur pour la « superbe et vraie description de bataille que je rĂȘvais pour les ScĂšnes de la vie militaire »[119]. Dans un premier article de l'Ă©phĂ©mĂšre Revue parisienne, en 1840, il parle du « rĂ©cent chef-d'Ɠuvre » de M. Beyle, terminant par ces mots : « Je regarde l'auteur de La Chartreuse de Parme comme un des meilleurs Ă©crivains de notre Ă©poque » et dans le troisiĂšme et dernier numĂ©ro se trouve le grand texte qui fait du roman de Stendhal le chef-d'Ɠuvre senti comme classique dĂšs sa parution, comme l'archĂ©type du genre « roman »[120]. Refondu en 1842 peu avant la mort de Stendhal, il prit de fait un tour plus « balzacien » : mais c'est le texte d’origine, plus purement stendhalien, qui s'est imposĂ© de nos jours.

Cependant, l’Ɠuvre sera, jusqu’au dĂ©but du XXe siĂšcle, relativement inconnue en dehors de quelques cercles d’esthĂštes, de critiques littĂ©raires, ou de personnalitĂ©s visionnaires (Nietzsche), ce que Stendhal semblait appeler de ses vƓux, comme l'indique la dĂ©dicace de son roman : To the Happy Few.

Lucien Leuwen

Lucien Leuwen est le deuxiĂšme grand roman de Stendhal, Ă©crit en 1834, aprĂšs le Rouge et le Noir. Ce roman est demeurĂ© inachevĂ© par crainte de s’attirer les foudres du gouvernement de Juillet. Stendhal y dĂ©peint avec une ironie fĂ©roce les diverses sociĂ©tĂ©s et les intrigues politiques du nouveau rĂ©gime. Stendhal plonge son personnage, Lucien Leuwen, fils d’un riche banquier tout en Ă©tant de sensibilitĂ© rĂ©publicaine, dans les diffĂ©rents milieux politiques de la monarchie de Juillet : lĂ©gitimistes et rĂ©publicains de province Ă  Nancy, Juste Milieux Ă  Paris, cabinets ministĂ©riels
 Lorsqu'il est Ă  Nancy, Lucien se demande : « Mon sort est-il donc de passer ma vie entre des lĂ©gitimistes fous, Ă©goĂŻstes et polis, adorant le passĂ©, et des rĂ©publicains fous, gĂ©nĂ©reux et ennuyeux, adorant l'avenir [121]? » C’est aussi une description du dĂ©sƓuvrement et de l’ennui de cette jeunesse Ă  qui la fin de l’Empire a ĂŽtĂ© les rĂȘves de gloire.

Analyse de l’Ɠuvre

Le style

Le style de Stendhal est particuliĂšrement concis, elliptique, sobre, et Ă©loignĂ© des proses trĂšs descriptives de certains auteurs de son temps comme Balzac. C'est d'ailleurs Balzac qui fut l'un des plus grands admirateurs du style stendhalien, dans sa critique de La Chartreuse de Parme : mĂȘme s'il juge d'un point de vue purement linguistique ce style « nĂ©gligĂ©, incorrect Ă  la maniĂšre des Ă©crivains du XVIIe siĂšcle », il en vante la prĂ©cision « qui peint ses personnages et par l’action et par le dialogue ; il ne fatigue pas de descriptions, il court au drame et arrive par un mot, par une rĂ©flexion ». Il ajoute que Stendhal « Ă©crit Ă  peu prĂšs dans le genre de Diderot, qui n’était pas Ă©crivain ; mais la conception est grande et forte ; mais la pensĂ©e est originale, et souvent bien rendue. Ce systĂšme n’est pas Ă  imiter. Il serait trop dangereux de laisser les auteurs se croire de profonds penseurs. M. Beyle se sauve par le sentiment profond qui anime la pensĂ©e ». Le grand auteur admire, enfin, le souffle qui anime la derniĂšre Ɠuvre de son contemporain : « M. Beyle a fait un livre oĂč le sublime Ă©clate de chapitre en chapitre. Il a produit, Ă  l’ñge oĂč les hommes trouvent rarement des sujets grandioses et aprĂšs avoir Ă©crit une vingtaine de volumes extrĂȘmement spirituels, une Ɠuvre qui ne peut ĂȘtre apprĂ©ciĂ©e que par les Ăąmes et par les gens vraiment supĂ©rieurs »[122].

Françoise Sagan, quant à elle, déclare en 1960 que le charme de Stendhal doit beaucoup à « ce ton de galop qu'il a tout le temps »[118].

L’Ɠuvre autobiographique

Stendhal en uniforme de consul, portrait peint par Silvestro Valeri, vers 1835-36, Grenoble, appartement du docteur Gagnon.

L’Ɠuvre de Stendhal est profondĂ©ment autobiographique. MĂȘme ses romans tant ils sont inspirĂ©s par sa propre vie, mais aussi parce qu’ils constituent une autobiographie idĂ©ale de Stendhal. Julien Sorel, Lucien Leuwen et Fabrice Del Dongo sont ce que Stendhal aurait rĂȘvĂ© d’ĂȘtre.

Les Ɠuvres autobiographiques de Stendhal sont de trois natures. D’une part Stendhal a tenu pendant de trĂšs longues annĂ©es un journal oĂč il raconte au fur et Ă  mesure les Ă©vĂ©nements de sa vie. On pourrait parler d’une prise sur le vif de sa propre vie. D’autre part Stendhal a rĂ©digĂ© deux autres grandes Ɠuvres autobiographiques : la Vie de Henry Brulard et Souvenirs d'Ă©gotisme. Elles poursuivent le mĂȘme projet que le Journal, mais aussi que celui des Confessions de Rousseau : mieux se connaĂźtre soi-mĂȘme. Cependant elles se distinguent du Journal car elles ont Ă©tĂ© Ă©crites a posteriori. Enfin, l’autobiographie prend une forme bien particuliĂšre chez Stendhal : il aimait Ă©crire sur la marge de ses livres (et mĂȘme de ses romans, mais de maniĂšre cryptique) ou sur des vĂȘtements (par exemple sur une ceinture comme dans la Vie de Henry Brulard).

L'Ɠuvre autobiographique de Stendhal ne se distingue pas tant par son projet (Rousseau poursuivait le mĂȘme) que par l’importance qu’elle prend. Elle s’exprime aussi bien par des romans que par des autobiographies. MĂȘme la critique d'art chez Stendhal se fait autobiographie.

Le réalisme chez Stendhal

Avant d' « appliquer » une certaine esthĂ©tique rĂ©aliste, Stendhal l'a tout d'abord imaginĂ©. Le rĂ©alisme de Stendhal, c’est aussi la volontĂ© de faire du roman un « miroir » c’est-Ă -dire un simple reflet de la rĂ©alitĂ© sociale et politique d’une Ă©poque dans toute sa duretĂ©. Stendhal a d'ailleurs Ă©crit que « le roman, c’est un miroir que l’on promĂšne le long d’un chemin ».

Dans Racine et Shakespeare, il assigne pour devoir Ă  l'art romantique de faire un art qui sera en adĂ©quation avec les goĂ»ts et tendances des peuples. Le rĂ©alisme de Stendhal c’est d’abord la volontĂ© de peindre des faits capables d’intĂ©resser ses contemporains (monarchie de Juillet dans Lucien Leuwen, Restauration dans Le Rouge et le Noir, dĂ©faite et retour des Autrichiens dans La Chartreuse de Parme).

En revanche, Stendhal dĂ©peint avec un grand souci de rĂ©alisme psychologique, les sentiments des personnages principaux. Il s’inspire mĂȘme souvent des thĂ©ories relatives Ă  l’amour de son traitĂ© De l’amour et essaie de faire Ɠuvre de psychologue rigoureux.

Prosper MĂ©rimĂ©e le considĂ©rait comme un remarquable observateur du cƓur humain[123]. Et les sentiments amoureux sont dĂ©peints avec beaucoup de soin : le narrateur expose longuement la naissance de la passion amoureuse et ses pĂ©ripĂ©ties, que ce soit entre Mme de RĂȘnal et Julien, Julien et Mathilde de La Mole, Lucien Leuwen et Mme de Chasteller ou Fabrice et ClĂ©lia.

Le rĂ©alisme dans la peinture des mƓurs et de la sociĂ©tĂ©

Le Rouge et le Noir et Lucien Leuwen sont une peinture acerbe de la sociĂ©tĂ© sous la Restauration, comme l'indique le sous-titre du roman Le Rouge et le Noir : « Chronique de 1830 ». Lucien Leuwen est le vaste tableau de la monarchie de Juillet. La Chartreuse de Parme est une peinture des mƓurs politiques dans les Monarchies italiennes du XIXe siĂšcle. Ces romans sont donc politiques non par la prĂ©sence de longues rĂ©flexions politiques (Stendhal qui s'est toujours refusĂ© Ă  l'« oratoire »[124] rejette un tel procĂ©dĂ© et le compare Ă  « un coup de pistolet au milieu d'un concert » dans Le Rouge et le Noir[125]), mais par la peinture des faits.

Le Rouge et le Noir et La Chartreuse de Parme sont aussi des critiques acerbes de la position subordonnĂ©e de la femme : voir l’interprĂ©tation fĂ©ministe par Simone de Beauvoir des romans de Stendhal (in Le DeuxiĂšme Sexe).

La peinture des mƓurs chez Stendhal ne se veut jamais impartiale, mais critique : elle n’est pas motivĂ©e par une volontĂ© sociologique, mais par le souci de faire tomber les faux-semblants et de montrer « la vĂ©ritĂ©, l’ñpre vĂ©ritĂ© » (exergue du premier livre de Le Rouge et le Noir) de la sociĂ©tĂ© de son temps.

MalgrĂ© son souci de rĂ©alisme, il n’y a pas de descriptions dĂ©taillĂ©es de la rĂ©alitĂ© matĂ©rielle. Le narrateur, qui se mĂ©fie de la description, dĂ©crit Ă  peine les lieux. La description de VerriĂšres au tout dĂ©but du roman prend juste une page[126] et sert d’introduction Ă  une critique acerbe des habitants. On ne sait rien non plus de l’HĂŽtel de la Mole (Le Rouge et le Noir) ni de Milan ou bien du ChĂąteau du Marquis Del Dongo (La Chartreuse de Parme). Car la peinture des lieux est « fonctionnelle ». Le narrateur dĂ©crit le monde uniquement dans la mesure oĂč c’est nĂ©cessaire Ă  la comprĂ©hension de l’action. Si la prison de Fabrice est dĂ©crite avec soin, c'est qu'elle constitue un lieu essentiel pour l’action de La Chartreuse de Parme.

Appartenant plutĂŽt Ă  une tendance modĂ©rĂ©e du romantisme (par opposition au romantisme flamboyant reprĂ©sentĂ© par Victor Hugo), le narrateur, qui a affirmĂ©, dans Vie de Henry Brulard abhorrer la description matĂ©rielle, lui prĂ©fĂ©rant des Ă©lĂ©ments descriptifs[127], dĂ©crit Ă  peine les personnages : on ne sait quasiment rien des toilettes de Mme de RĂȘnal, de Mathilde ni des tenues de Julien, Lucien Leuwen ou Fabrice, juste la couleur des cheveux et quelques dĂ©tails sur leur aspect, mentionnĂ©s trĂšs briĂšvement. Ainsi, Mathilde de La Mole est « extrĂȘmement blonde et fort bien faite », et Julien « pensa qu'il n'avait jamais vu des yeux aussi beaux ».

Mais la peinture de la rĂ©alitĂ© matĂ©rielle se fait aussi discrĂšte Ă  cause des particularitĂ©s du roman stendhalien. Ainsi, le thĂšme de l’argent est souvent liĂ© Ă  des personnages secondaires ou dĂ©testables (M. de RĂȘnal, le Marquis Del Dongo) : l’attention du lecteur se tourne plutĂŽt vers les protagonistes principaux qui sont bien loin de tels soucis (Fabrice, Mme de RĂȘnal, Lucien Leuwen). Le roman stendhalien avance rapidement, alors que la description crĂ©e une pause dans la narration.

L’autre limite du « rĂ©alisme » de Stendhal tient au romanesque, qui traverse tous ses romans. Le hĂ©ros stendhalien est une figure romanesque. Le personnage de Julien est intelligent, ambitieux jusqu’à la folie, et nourrit une haine profonde pour ses contemporains. Fabrice est un jeune homme exaltĂ© et passionnĂ©. Lucien Leuwen est idĂ©aliste et bien fait de sa personne. Ces personnages ont souvent Ă  peine 20 ans.

En outre, la politique dans La Chartreuse de Parme est nettement moins importante que dans Le Rouge et le Noir et Lucien Leuwen. C’est surtout l’histoire qui joue un rĂŽle (Waterloo, arrivĂ©e des troupes françaises Ă  Milan en 1796). Et encore elle est insĂ©parable de l’action du roman. La Chartreuse de Parme a un caractĂšre romanesque nettement plus prononcĂ© que les deux autres grands romans (voir les personnages de la Duchesse Sanseverina ou de ClĂ©lia). Le rĂ©alisme stendhalien se limite donc aux personnages secondaires (les personnages prĂ©visibles) et non Ă  ses personnages principaux, les personnages vrais, qui Ă©chappent Ă  la description[128], ce qui ne sera pas le cas chez Zola.

RĂ©alisme subjectif chez Stendhal

Mais le réalisme chez Stendhal se fait aussi réalisme subjectif sans que cela paraisse contradictoire. Par réalisme subjectif on entend un des procédés fondamentaux de la conduite du récit chez Stendhal. Georges Blin[129], dans Stendhal et les problÚmes du Roman, est un de ceux qui mirent en avant ce procédé. Stendhal pense que chacun est enfermé dans sa subjectivité et ne peut percevoir le monde que dans les limites de son regard[130].

La grande originalitĂ© de Stendhal est l’usage important de la « focalisation interne » (pour reprendre la terminologie de GĂ©rard Genette) pour raconter les Ă©vĂ©nements. Les Ă©vĂ©nements sont vus en grande partie par les protagonistes voire par un seul d'entre eux. Stendhal refuse donc le point de vue du narrateur omniscient, mais pratique la « restriction de champ ». Dans Le Rouge et le Noir et dans Lucien Leuwen les Ă©vĂ©nements sont vus dans le rayon de Julien Sorel et Lucien. Dans La Chartreuse de Parme le narrateur a reconnu le droit de regard des autres personnages (ClĂ©lia, Mosca, Sanseverina), mais Fabrice Del Dongo garde le foyer principal (la scĂšne de la bataille de Waterloo est vue exclusivement par ses yeux). On peut donc parler d’une restriction de champ chez Stendhal (Blin). Stendhal a en effet coupĂ© ses rĂ©cits de « monologues intĂ©rieurs » et a ramenĂ© le roman Ă  la biographie du hĂ©ros. Les trois grands romans commencent par la jeunesse du hĂ©ros ou mĂȘme avant (cf. La Chartreuse de Parme) et finissent avec sa mort (cf. Le Rouge et le Noir et La Chartreuse de Parme).

PremiĂšre consĂ©quence de la restriction du champ : les descriptions sont brĂšves chez Stendhal. Elles sont l’Ɠuvre d’un narrateur extĂ©rieur qui voit l’aspect des personnages du dehors ou bien d’un narrateur qui observe la nature. Un tel narrateur est incompatible avec la « restriction du champ » et il joue donc un rĂŽle secondaire chez Stendhal.

Le choix de la restriction du champ explique aussi que certains personnages apparaissent ou disparaissent aussi rapidement au fil de l’action (comme le Comte de La Mole dans Le Rouge et le Noir et Rassi dans La Chartreuse de Parme) car tout est vu par les yeux d’un personnage central.

TroisiĂšme consĂ©quence du recours Ă  la restriction de champ : les Ă©vĂ©nements se dĂ©voilent graduellement. Les hĂ©ros de Stendhal sont souvent un peu Ă©tonnĂ©s de ce qu’ils voient et n’en comprennent le sens que progressivement. Ce n’est que peu Ă  peu que Julien comprend pourquoi Mlle de La Mole apparaĂźt un jour en vĂȘtement de deuil alors que personne ne vient de mourir autour d’elle. Il dĂ©couvrira ultĂ©rieurement qu’elle porte le deuil d’un ancĂȘtre mort au XVIe siĂšcle.

Réalisme et postérité

PassionnĂ© par la politique, par les faits divers, qu'il recense dans les articles qu’il envoie aux journaux anglais, dĂ©sireux de dĂ©noncer les absurditĂ©s de son temps, Stendhal se trouve confrontĂ© au dĂ©sir de crĂ©er un chef-d’Ɠuvre intemporel, ĂȘtre lu en 1880 ou en 1935.

« S'il veut ĂȘtre un « miroir », le roman doit « parler politique », mais « la politique au milieu des intĂ©rĂȘts d'imagination » dĂ©tonne, est une « pierre » tombale qui « submerge » la littĂ©rature « en moins de six mois ». RĂ©alisme ou immortalitĂ©, il faut choisir, mais Stendhal, lui, veut le rĂ©alisme et l'immortalitĂ©. Comment Stendhal a-t-il procĂ©dĂ© pour satisfaire son inextinguible « dĂ©sir de gloire » posthume sans cependant sacrifier « l'Ăąpre vĂ©ritĂ© » du moment prĂ©sent ?

TrĂšs concrĂštement, la rĂ©ponse Ă  cette question se trouve dans les Ɠuvres laissĂ©es en chantier, et plus particuliĂšrement dans les manuscrits de Lucien Leuwen, lesquels rĂ©vĂšlent les coulisses des « chroniques » rĂ©alistes, donnent Ă  voir au jour le jour le travail de « l'animal » (le romancier). À lire les marginales du roman de la monarchie de Juillet, nous comprenons quels Ă©cueils guettaient le romancier et combien ce dernier devait brider sa nature profonde, rĂ©sister Ă  sa pente naturelle, celle d'un polĂ©miste qui a la riposte facile, qui, spontanĂ©ment, verse dans le pamphlet.

De fait [
] on s'aperçoit que le plaisir premier de Stendhal est assurĂ©ment de « stendhaliser », de ferrailler ferme, de croiser la plume avec tout ce qui se mĂȘle de penser ou d'Ă©crire. Le pamphlet, la satire, Stendhal « aime beaucoup », mais il n'ignore pas que toute polĂ©mique, dont les enjeux sont toujours fortement datĂ©s et localisĂ©s, frappe de mort tout ouvrage littĂ©raire qui en est « imbibĂ© ». Raison pour laquelle le romancier s'autocensure, rature beaucoup (et souvent pour « adoucir » le premier jet, spontanĂ©ment agressif, voire « offensant »), essaie de se tenir au-dessus de la mĂȘlĂ©e politique [
] s'efforce de prendre du champ avec l'Ă©poque et les milieux qu'il dĂ©crit, retravaille les donnĂ©es brutes des journaux, « ĂŽte la ressemblance » pour Ă©viter les « applications », « dĂ©payse les anecdotes », brouille les repĂšres et les modĂšles, Ă©vite « le dĂ©tail qui vieillit dans quatre ans au plus », afin de ne pas tomber dans le roman Ă  clĂ©s, les « allusions », les caricatures, les passions et les partis pris, toutes tares Ă©minemment prĂ©judiciables Ă  la qualitĂ© et Ă  la survie d'une Ɠuvre littĂ©raire[131]. »

La conception stendhalienne de l'art

Le CorrĂšge, Leda et le cygne, 1532. Stendhal aimait particuliĂšrement cette Ɠuvre du CorrĂšge, dont il possĂ©dait une gravure.

Stendhal ne fut pas seulement un romancier et un autobiographe, mais Ă©galement un critique d’art dont la rĂ©flexion esthĂ©tique influença le travail romanesque, ainsi que l'apprĂ©ciation des arts plastiques et de la musique. On peut citer Histoire de la Peinture en Italie, Rome, Naples et Florence, Promenades dans Rome, MĂ©moires d'un touriste.

Féru d'art lyrique, amoureux de l'Italie, comme en témoignent ses écrits, c'est lui qui fit connaßtre Rossini à Paris et en France. Des travaux de la deuxiÚme moitié du XXe siÚcle ont fait apparaßtre sa compétence en matiÚre picturale et musicale, sa familiarité avec ses peintres, sa vaste expérience du monde de la musique de son temps aussi bien instrumentale que lyrique, allemande ou italienne. Mais il était surtout un véritable spécialiste de l'opéra italien et de la peinture italienne. Bien qu'il se présentùt comme un dilettante, on lui doit des analyses trÚs fines de Rossini et Mozart. Il a saisi la mélancolie de Léonard de Vinci, le clair-obscur du CorrÚge, ou la violence michelangelesque[132].

Sa critique cohĂ©rente repose sur l'Expression, qui destitue les formes arrĂȘtĂ©es et le Beau antique, la ModernitĂ© qui implique l'invention artistique pour un public en constante Ă©volution, et la subordination du Beau Ă  l'opinion seule, l'Utile qui donne du plaisir rĂ©el Ă  une sociĂ©tĂ©, Ă  des individus, et le dilettantisme qui repose sur la pure Ă©motion du critique[133]. Stendhal fonde ainsi une critique historique (l'art Ă©tant l'expression d'une Ă©poque), et revendique le droit Ă  la subjectivitĂ© ; il admet la convergence des arts et leur importance selon qu'ils procurent ou non du plaisir physique, qu'ils ouvrent l'esprit Ă  la libertĂ© de l'imaginaire et qu'ils suscitent la passion (principe de base). Stendhal est un critique d'art qui marque une Ă©tape importante dans l'intelligence de tous les arts[134].

« L'Histoire de la peinture en Italie paraĂźt en 1817 ; de l'aveu mĂȘme de l'auteur, l'ouvrage est un pamphlet[135] et, de ce fait, un dĂ©fi Ă  la tradition acadĂ©mique, un manifeste qui remet en cause l'idĂ©e classique selon laquelle l'art serait transcendant, intemporel, et universel. Stendhal entend bien ramener le ciel sur la terre : les tableaux de Giotto, les Madones de Raphael, le Jugement dernier de Michel Ange sont immergĂ©s dans le temps, et ne sont pleinement intelligibles qu'Ă  la lumiĂšre de mises au point replaçant les Ɠuvres dans leur contexte. [
] Et ce que Stendhal dit de Michel Ange, il le dit de tous les autres peintres, ce qui fait de la peinture en Italie une histoire sinon matĂ©rialiste, du moins sociologique, et rĂ©aliste[136]. »

Stendhal et la politique

MalgrĂ© son annonce rĂ©pĂ©tĂ©e[137] que parler politique dans un roman est comme « un coup de feu dans un thĂ©Ăątre », tous ses romans sont pĂ©tris de politique, que ce soit dans Lamiel, oĂč il prĂ©voyait pour son personnage du Docteur Sansfin un destin de dĂ©putĂ©, ou dans La Chartreuse de Parme, critique transparente des despotismes italiens, et surtout dans Lucien Leuwen attaque en rĂšgle des turpitudes de la monarchie de Juillet tout autant que du ridicule des lĂ©gitimistes, roman volontairement laissĂ© inachevĂ© pour ne pas dĂ©plaire au gouvernement de Louis-Philippe.

Les idĂ©es de Stendhal concernant la politique de son temps sont pleines de contradictions, au point qu'il a pu ĂȘtre qualifiĂ© de « Jacobin aristocratique »[138]. Il rĂ©sume ses convictions politiques dans Vie de Henry Brulard :

« J'abhorre la canaille 
, en mĂȘme temps que, sous le nom de peuple je dĂ©sire passionnĂ©ment son bonheur, et que je crois qu'on ne peut le procurer qu'en lui faisant des questions sur un objet important. C'est-Ă -dire en l'appelant Ă  se nommer des dĂ©putĂ©s [le suffrage universel]. [
] J'ai horreur de ce qui est sale, or le peuple est toujours sale Ă  mes yeux[139]. »

S'il avoue donc ĂȘtre de gauche, c'est-Ă -dire libĂ©ral, il trouve les libĂ©raux « outrageusement niais » ; rĂ©publicain de conviction, il mĂ©prise la canaille ; admirateur des qualitĂ©s d'administrateur de NapolĂ©on, il est Ă©cƓurĂ© par son cĂŽtĂ© tyrannique ; s'il trouve les lĂ©gitimistes ridicules, il ne peut s'empĂȘcher de regretter l'esprit d'Ancien RĂ©gime. FidĂšle Ă  son « beylisme », Stendhal se mĂ©fie de tout et de tout le monde. Il se place rĂ©solument du cĂŽtĂ© de la subversion, de la modernitĂ©, contre les conservatismes et les hypocrisies du pouvoir.

Romantisme

La fiancĂ©e d’Abydos, par EugĂšne Delacroix, inspirĂ© lui aussi par les Ɠuvres de Lord Byron.

Stendhal a dĂ©couvert le romantisme avec FrĂ©dĂ©ric Schlegel, mais « ces plats Allemands toujours bĂȘtes et emphatiques se sont emparĂ©s du systĂšme romantique, lui ont donnĂ© un nom et l’ont gĂątĂ©[140]. » Il ne supporte pas non plus l’emphatisme niais de Chateaubriand et de Madame de StaĂ«l. C’est l’Edinburgh Review et Lord Byron qu'il dĂ©couvre en septembre 1816, qui lui rĂ©vĂšle un Romantisme qui rejoint ses idĂ©es, au moment oĂč il termine son Histoire de la peinture en Italie : « Byron, Byron est le nom qu'il faut faire sonner ferme. L’Ed. H. le place immĂ©diatement aprĂšs Shakespeare pour la peinture des passions Ă©nergiques. Ses ouvrages sont des histoires d’amour tragiques[141]. » Pour lui, le Romantisme est Ă  la fois subversion et modernitĂ©, une rupture avec les anciens, une nouvelle maniĂšre d’exprimer les passions et une connaissance des Ă©motions : « La connaissance de l’homme, [
] si l’on se met Ă  la traiter comme une science exacte, fera de tels progrĂšs qu’on verra, aussi net qu’à travers un cristal, comment la sculpture, la musique et la peinture touchent le cƓur. Alors ce que fait Lord Byron on le fera pour tous les arts[142]. »

Cependant « son style sec, prĂ©cis, la revendication d'Ă©crire aussi nuement que le Code civil, Ă©cartent de Stendhal tout soupçon de romantisme, si, par romantisme on entend : voiles gonflĂ©es, vents en rafales, orageux aquilons, souffles brĂ»lants de la nuit, lunes Ă©pandues sur les lacs, cƓurs en pĂąmoison, enflures, boursouflures et tonnerre des grandes orgues. Pourtant, Sainte-Beuve le qualifiait de « hussard du romantisme », et Racine et Shakespeare, paru en 1825, oĂč il prenait parti avec vĂ©hĂ©mence pour Shakespeare contre Racine, pour les sorciĂšres Ă©chevelĂ©es de Macbeth contre les perruques de BĂ©rĂ©nice, fut considĂ©rĂ© comme un manifeste de la nouvelle Ă©cole romantique, et mĂȘme comme le premier manifeste, avant la prĂ©face de Cromwell de Victor Hugo (1827). [En rĂ©alitĂ©] Stendhal ne livrait pas bataille pour le romantisme en soi, il Ă©mettait l'idĂ©e neuve que le goĂ»t est mobile, qu'Ă  chaque siĂšcle correspond une nouvelle sensibilitĂ© qui rĂ©clame des Ɠuvres d'un ton nouveau[143]. »

Théodore Géricault, Le baiser, circa 1816-1817.

Jean Goldzink propose de faire un parallĂšle entre Stendhal et ThĂ©odore GĂ©ricault, son contemporain[N 15] : « Le Romantisme trĂšs particulier de Stendhal (un art de la modernitĂ© Ă©nergique, de la prose et de l'hĂ©roĂŻsme dans les sentiments), qui allie culte de NapolĂ©on et le culte de l'amour, l'ironie et la rĂȘverie, trouve un Ă©quivalent pictural plus exact chez Gericault que dans l'univers onirique de Caspar David Friedrich[144]. »

Beylisme

Stendhal se dĂ©finit lui-mĂȘme par le terme « beylisme », le , Ă©crivant dans son journal Ă  propos d'un ami qui deviendra maire de Grenoble : « Crozet est toujours amoureux d’A., conduisant sa barque comme un niais, et il en est triste et attristant. C’est ce que je lui dis sans cesse Ă  lui-mĂȘme pour le rendre un peu beyliste. Mais il regimbe. La voluptĂ© n’aura jamais en lui un adorateur vĂ©ritable, et il me semble presque irrĂ©vocablement dĂ©vouĂ© Ă  la tristesse et Ă  la considĂ©ration qu’elle procure chez ce peuple de singes[46]. »

Il reprend le mĂȘme terme plus loin, Ă  propos du poĂšte Vittorio Alfieri et de la vie qu’il aurait dĂ» avoir en tant que « comic bard » [poĂšte comique] : « regarder la vie comme un bal masquĂ© oĂč le prince ne s’offense pas d’ĂȘtre croisĂ© par le perruquier en domino[145]. » Si Alfieri avait Ă©tĂ© beyliste, il en aurait Ă©tĂ© plus heureux.

Dans Stendhal et le Beylisme, Léon Blum explore les principes et les contradictions de cette « méthode pratique du bonheur » :

« Quand on a pris clairement conscience des exigences essentielles de sa nature, quand on a concentrĂ© vers ce but toute sa volontĂ© agissante, quand on a rejetĂ© rĂ©solument les faux principes de la morale courante ou de la religion, les fausses promesses de la sociĂ©tĂ©, le bonheur peut s'obtenir logiquement, par stades nĂ©cessaires, comme une dĂ©monstration mathĂ©matique. Dans cette dĂ©marche, on se heurtera Ă  l'Ă©ternel ennemi : le monde, mais on sait le moyen de la combattre, c’est-Ă -dire de le tromper. DĂšs qu'une tactique appropriĂ©e nous a dĂ©barrassĂ© de son emprise, le bonheur ne tient plus qu'Ă  notre luciditĂ© et Ă  notre courage : il faut voir clair, et il faut oser. [
] Une mĂ©canique du bonheur et non du plaisir, dans cette formule tient la nouveautĂ© profonde. Stendhal part de Condillac et d'Helvetius, des philosophies qui expliquent toute connaissance par les sens et rĂ©duisent toute rĂ©alitĂ© Ă  la matiĂšre ; mais il les couronne par une conception du bonheur oĂč nul Ă©lĂ©ment sensuel et matĂ©riel n'entre plus. Le bonheur, tel que Stendhal l'entend, dĂ©passe de beaucoup la secousse heureuse des sens ; il intĂ©resse les Ă©nergies profondes de l'Ăąme ; il implique un Ă©lan, un risque, un don oĂč la personne entiĂšre s'engage.[
] Il est un Ă©panouissement, un moment d'oubli total et de conscience parfaite, une extase spirituelle oĂč toute la mĂ©diocritĂ© du rĂ©el s'abolit. Les Ă©tats intenses de l'amour, la jouissance que procure l'Ɠuvre d'art peuvent en fournir une idĂ©e[146]. »

Ou, comme le rĂ©sumait plus rĂ©cemment Charles Dantzig : « Si les Ă©crivains du XIXe siĂšcle broient du noir, Stendhal broie du rose. [
] Le bonheur chez Stendhal n’est pas une idĂ©ologie, il est la vie mĂȘme, ou plutĂŽt ce que la vie devrait ĂȘtre. Le bonheur chez Stendhal est l’état idĂ©al du petit nombre de papillons toujours attaquĂ©s par les bƓufs pour leur dĂ©licatesse[147]. »

Dans une lettre Ă  Sainte-Beuve, datĂ©e de 1844, Baudelaire Ă©crit : "Monsieur Stendhal a dit quelque part ceci ou Ă  peu prĂ©s : J'Ă©cris pour une dizaine d'Ăąmes que je ne verrai peut ĂȘtre jamais, mais que j'adore sans les avoir vues." Nietzsche, Fragments posthumes, Oeuvres philosophiques complĂštes, Gallimard 1976 p. 278

Postérité et hommages divers

Stendhal par FĂ©lix Vallotton.
  • « l'expression la plus rĂ©ussie de la curiositĂ© et de l'inventivitĂ© dont les français ont fait preuve dans ce domaine des subtils frissons, j'en vois l'incarnation dans Henri Beyle, cet extraordinaire prĂ©curseur qui parcourut Ă  une allure napolĂ©onienne, en veneur et en dĂ©couvreur, l'Europe de son temps et plusieurs siĂšcles de l'Ăąme europĂ©enne : il a fallu deux gĂ©nĂ©rations pour le rattraper tant bien que mal, pour deviner aprĂšs lui quelques-unes des Ă©nigmes qui le tourmentĂšrent et le ravirent, cet Ă©tonnant Ă©picurien, ce point d'interrogation fait homme, le dernier grand psychologue de la France... » Nietzsche Par-delĂ  bien et mal. ƒuvres philosophiques complĂštes, Gallimard, 1971, p. 175.
  • Le sculpteur Pierre Lenoir (1879-1953) a rĂ©alisĂ© un buste de Stendhal.
  • En 1920, le musĂ©e de Grenoble et la bibliothĂšque municipale de Grenoble organisent une exposition sur Stendhal oĂč manuscrits, portraits et documents de l'Ă©crivain sont exposĂ©s entre juillet et septembre[148].
  • En 1934, un premier musĂ©e Stendhal ouvre rue Hauquelin Ă  Grenoble[149].
  • À Grenoble, l'appartement du docteur Gagnon a Ă©tĂ© transformĂ© en 1978 en musĂ©e et se visite en tant que tel.
  • L'UniversitĂ© Grenoble-III (Lettres, Arts, Langues, Sciences du Langage et Communication) porte son nom jusqu'en 2016, ainsi qu'un lycĂ©e de Grenoble et le lycĂ©e français de Milan.
  • Une rue du 20e arrondissement de Paris porte le nom de rue Stendhal, prĂšs du cimetiĂšre du PĂšre-Lachaise.
  • Une piĂšce commĂ©morative de dix francs français, le dix francs Stendhal, a Ă©tĂ© Ă©mise en 1983 Ă  l'occasion du bicentenaire de la naissance de l'Ă©crivain.
  • En 2016, Pierre BergĂ© fait don du livre Maximes et pensĂ©es, CaractĂšres et anecdotes de SĂ©bastien-Roch Nicolas de Chamfort Ă  la BibliothĂšque municipale de Grenoble. Ce livre estimĂ© Ă  300 000 euros, porte une note manuscrite par Stendhal « De Beyle 1806 »[150].
  • (42485) Stendhal, astĂ©roĂŻde nommĂ© en son hommage.
  • Dans le roman historique La Bataille, de Patrick Rambaud, Stendhal est le hĂ©ros d'une intrigue secondaire se dĂ©roulant dans le contexte de la campagne d'Autriche de 1809.

Adaptation de ses Ɠuvres au cinĂ©ma et Ă  la tĂ©lĂ©vision

Fonds Stendhal

La collection Stendhal de la bibliothĂšque municipale de Grenoble compte environ 40 000 pages de manuscrits de l'Ă©crivain, soit plus des trois quarts conservĂ©s dans le monde[151]. Elle se complĂšte par plus de 10 000 ouvrages imprimĂ©s concernant des Ă©ditions en français et en langues Ă©trangĂšres, des thĂšses, des bibliographies et des Ă©tudes stendhaliennes.
Viennent s'ajouter Ă  cette collection, 700 piĂšces musĂ©ales constituĂ©es de peintures, mĂ©daillons, bustes, lithographies dont les principales sont utilisĂ©es par le musĂ©e Stendhal au concept innovant mettant en rĂ©seau l’appartement du docteur Gagnon comme lieu de mĂ©moire, l’appartement natal de Stendhal comme lieu vivant dĂ©diĂ© Ă  la littĂ©rature contemporaine, les collections de la bibliothĂšque d'Ă©tude et du patrimoine, ainsi qu'un itinĂ©raire historique dans le centre ancien de Grenoble.

La route Stendhal

En 1992, une route touristique Stendhal est créée par l'office du tourisme de Grenoble reliant pour sa partie nord Grenoble à Brangues via Voiron, Les Abrets et Morestel, soit une portion de la Route nationale 75[152]. Pour sa partie sud, la route Stendhal relie Grenoble à Vif et Vizille[153].

Stendhal Club

La revue littéraire Stendhal Club fut fondée à Grenoble par Victor Del Litto et Ernest Abravanel en . La revue a cessé ses parutions avec le numéro 149 au mois d'. Les deux tables qui contiennent les index des articles, des sujets et des auteurs sont conservées à la BibliothÚque Municipale de Grenoble :

  • Table gĂ©nĂ©rale 1958-1978 publiĂ©e le supplĂ©ment au no 89.
  • DeuxiĂšme Table GĂ©nĂ©rale 1979-1993 publiĂ©e le dans le Stendhal club.

En 2011, Charles Dantzig a recréé le Stendhal Club, composé de douze membres, quatre membres fondateurs, quatre membres français et quatre membres étrangers. Le premier numéro de la Revue du Stendhal Club a paru en 2012[154], un deuxiÚme en 2013.

Notes et références

Notes

  1. Prononciation attestĂ©e dans une lettre Ă  un de ses amis dans laquelle il Ă©crit « Je vais vous stendhaliser », jouant sur la similitude de prononciation de son pseudonyme et du mot « scandale ». Source : Élisabeth Rallo, La Chartreuse de Parme. Stendhal, Ellipses-Marketing, , p. 112. Dans l'Ă©dition Garnier de 1953 de Vie de Henry Brulard, Martineau indiquait dĂ©jĂ  que Stendhal souhaitait qu'on prononçùt ainsi [standal] son principal pseudonyme.
  2. « AprĂšs tout, me dis-je, je n’ai pas mal occupĂ© ma vie, occupĂ© ! Ah ! c’est-Ă -dire que le hasard ne m’a pas donnĂ© trop de malheurs, car en vĂ©ritĂ© ai-je dirigĂ© le moins du monde ma vie? » in Vie de Henry Brulard, Éditions Gallimard, 1973, Coll Folio, P28
  3. Aujourd'hui rue Jean-Jacques-Rousseau.
  4. « « Mon ami, ceci vient de dieu », dit enfin l'abbé ; et ce mot, dit par un homme que je haïssais à un autre que je n'aimais guÚre, me fit réfléchir profondément », Vie de Henry Brulard, Gallimard, 1973, coll Folio Classiques, p. 57.
  5. « Dois-je me faire compositeur de musique, ou bien faire des comédies comme MoliÚre ? » in Vie de Henry Brulard, p. 374.
  6. « Au Saint Bernard, j'étais pour le physique comme une jeune fille de quatorze ans ; j'avais dix sept ans et trois mois, mais jamais fils de grand seigneur n'a reçu une éducation plus molle. » in Vie de Henry Brulard, p. 416.
  7. « J'attendais de quelque hasard romanesque, comme le brisement d'une voiture, etc., que le sort fĂźt connaĂźtre mon cƓur par quelque Ăąme sensible. » Journal, citĂ© par Fillipetti 2009, p. 50.
  8. « J’étais en gilet, culotte de soie et bas noirs, avec un habit bronze-cannelle, une cravate trĂšs bien mise, un jabot superbe. Jamais, je crois, ma laideur n’a Ă©tĂ© plus effacĂ©e par ma physionomie. » in Journal, Gallimard, coll. Folio, p. 268.
  9. Henri Martineau, Le CƓur de Stendhal, 1952, Albin Michel, Paris, vol. 1, p. 214 : « Pour complaire Ă  Martial [il s'agit de son cousin Martial Daru], pour l'imiter, et certainement sur ses conseils, Beyle, vers le 3 aoĂ»t (il s'agissait pour lui de ne pas perdre une minute), s'Ă©tait fait recevoir franc-maçon. Les loges maçonniques, si prospĂšres en France sous Louis XV et Louis XVI, avaient beaucoup pĂąti de la RĂ©volution ; elles commencĂšrent Ă  se reconstituer dĂšs les premiers jours de l'Empire. Le grand MaĂźtre de l'Orient de France Ă©tait Joseph Bonaparte et le Grand MaĂźtre adjoint CambacĂ©rĂšs. Ce dernier avait installĂ©, le 29 janvier 1806, la loge italienne Ă©cossaise de Sainte-Caroline, fondĂ©e le 18 mai prĂ©cĂ©dent. Elle Ă©tait dite italienne afin de marquer la nationalitĂ© de ses principaux adhĂ©rents et Ă©cossaise Ă  cause du rite international qu'elle suivait. Loge des plus aristocratiques, elle unissait de trĂšs grands noms de l'ancien rĂ©gime Ă  ceux d'importants fonctionnaires du nouveau. « M. Henry de Beyle » y fut reçu apprenti moyennant le versement de cent vingt-trois livres, prix de l'initiation. On le voit figurer dans les annuaires ou « planches gravĂ©es » de 1807 sous cette dĂ©nomination et avec la mention de son absence de Paris. Son nom a disparu des annuaires suivants. La loge Sainte-Caroline cessa d'exister en 1815. » Sur le rĂŽle de cette rĂ©ception en franc-maçonnerie dans l’Ɠuvre de Stendhal, voir : Dieter Diefenbach, « Stendhal et la franc-maçonnerie », Stendhal Club, Nouvelle SĂ©rie, no 108, 15 juillet 1985, pp. 329-338 et Anne-Aurore Inquimbert, Stendhal secret. To the happy few, Paris, L'Harmattan, 2018, 236 pages.
  10. Pour une description saisissante de la Campagne de Russie, voir le roman de Patrick Rambaud, Il neigeait.
  11. Submergé de timidité et de tendresse, il aurait voulu lui baiser la main en fondant en larmes, dira-t-il plus tard. Cf. Philippe Berthier, p. 238.
  12. En 1824, son Ă©diteur lui Ă©crit qu’il en a Ă©coulĂ© une quarantaine d’exemplaires
  13. « Aujourd’hui, j’estime Paris. J’avoue que pour le courage il doit ĂȘtre placĂ© au premier rang, comme pour la cuisine, comme pour l’esprit », in Souvenirs d'Ă©gotisme, p. 67.
  14. Angela Pietragrua est citĂ©e deux fois : lors de leur premiĂšre rencontre en 1800 puis lorsqu'il l’a aimĂ©e en 1811
  15. MĂȘme si Stendhal n’a jamais rien Ă©crit sur GĂ©ricault, ce qui pourrait sous- entendre qu'il n’apprĂ©ciait guĂšre sa peinture, contrairement Ă  EugĂšne Delacroix, qu’il a bien connu et qu'il semblait apprĂ©cier.

Références

  1. MoĂŻse Le Yaouanc, « De Keratry Ă  Stendhal et Balzac », Annales de Bretagne, PersĂ©e, vol. 72, no 3,‎ , p. 369-384: Beyle a empruntĂ© son nom littĂ©raire Ă  une petite commune de Prusse du nom de Stendal oĂč est nĂ© Winckelmann l'auteur de "L'histoire de l'art dans l'antiquitĂ©" (DOI 10.3406/abpo.1965.2282, lire en ligne)
  2. Selon les renseignements figurant sur l'état civil reconstitué de Paris
  3. LĂ©on Blum, Stendhal et le Beylisme, Éditions Albin Michel, 1947, P120.
  4. Vie de Henry Brulard, Gallimard, 1973, coll Folio Classiques, p. 112.
  5. Vie de Henry Brulard, p. 50-51.
  6. Vie de Henry Brulard, p. 53.
  7. ChĂ©rubin Beyle a aussi Ă©tĂ© adjoint au maire de Grenoble et dĂ©corĂ© de la lĂ©gion d'honneur le 19 octobre 1814. Archives nationales, base Leonore, LH/229/67, dossier de LĂ©gion d'honneur de ChĂ©rubin Joseph Beyle (avec extrait de baptĂȘme et article de François Vermale et François Michel, « La lĂ©gion d'honneur de Cherubin Beyle », Le divan, 1968, p. 196-202.). NumĂ©risĂ©.
  8. Vie de Henry Brulard, p. 99.
  9. Vie de Henry Brulard, p. 85.
  10. Vie de Henry Brulard, p. 89.
  11. Vie de Henry Brulard, p. 82.
  12. « Des Ă©pinards pour Stendhal : Le Stendhal Club renaĂźt » (Stendhal, les Ă©pinards et Saint-Simon), L'Express,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  13. Jean Goldzink, Stendhal, l'Italie au cƓur, Gallimard 1992, Coll DĂ©couverte, p. 30 .
  14. Jean Goldzink, p. 31.
  15. Vie de Henry Brulard p.110.
  16. Tulard 1989, p. 1594.
  17. Vie de Henry Brulard, p. 346.
  18. Vie de Henry Brulard, p. 347.
  19. Vie de Henry Brulard, p. 354-355.
  20. Vie de Henry Brulard, p. 349.
  21. Vie de Henry Brulard, p. 351.
  22. Vie de Henry Brulard, p. 372.
  23. Vie de Henry Brulard, p. 378.
  24. Lettre Ă  Pauline Beyle d'avril-mai 1800, in Aux Ăąmes sensibles, Gallimard, 2011, p. 51.
  25. Henri Beyle dit Stendhal, Vie de Henry Brulard, Paris, Gallimard, , page 402
  26. Vie de Henry Brulard, p. 394.
  27. Vie de Henry Brulard, p. 412.
  28. Vie de Henry Brulard, p. 415.
  29. Vie de Henry Brulard, p. 429.
  30. Vie de Henry Brulard, p. 431.
  31. Vie de Henry Brulard, p. 434.
  32. Journal du 14 janvier 1805, Gallimard, coll. Folio, p. 203.
  33. Journal du 9 décembre 1804, Gallimard, coll. Folio, p. 172.
  34. Journal du 19 février 1805, Gallimard, coll. Folio, p. 254.
  35. Journal du 19 février 1805, Gallimard, coll. Folio, p. 257.
  36. Jean Goldzink, Stendhal, l'Italie au cƓur, Gallimard, 1992, p. 52.
  37. Aux Ăąmes sensibles, p105
  38. Fillipetti 2009, p. 81.
  39. Journal, cité par Fillipetti 2009, p. 82.
  40. Journal, cité par Fillipetti 2009, p. 97.
  41. Journal, cité par Fillipetti 2009, p. 101.
  42. Fillipetti 2009, p. 104-105.
  43. Journal, Gallimard, 2010, coll Folio. P. 686
  44. Lettre Ă  Pauline du 9 octobre 1810, P.170.
  45. Journal, Gallimard, 2010, coll Folio. P. 720.
  46. Journal du 17 mars 1811, Gallimard, 2010, Coll. Folio. P. 719.
  47. Journal du 31 mai 1811, Gallimard, P. 748.
  48. Journal, cité par Fillipetti 2009, p. 119.
  49. Journal, cité par Fillipetti 2009, p. 122.
  50. Rome, Naples et Florence, p225. Il date cette visite de janvier 1817. Or, dans son journal, c'est bien en septembre 1811 qu'il a eu cette impression.
  51. Lettre à Félix Faure du 24 août 1812, cité par Fillipetti 2009, p. 129.
  52. Journal du 14 et 15 septembre 1812, envoyé à Pauline, in Aux ùmes sensibles, P. 185.
  53. Journal, cité par Fillipetti 2009, p. 133.
  54. Journal, cité par Fillipetti 2009, p. 136.
  55. Lettre Ă  Mareste du 21 mars 1818, citĂ© dans Stendhal par Philippe Berthier, Éditions de Fallois, 2010, P. 206.
  56. Journal du 17 mars 1813, cité par Philippe Berthier, P. 210.
  57. Journal, cité par Fillipetti 2009, p. 139.
  58. Fabrizio Frigerio, « Stendhal (Henri Beyle, dit, 1783-1842) », Dictionnaire Carougeois, Éditions de la ville de Carouge, Carouge, 1997, t. 2, pp. 228-230.
  59. Vie de Henry Brulard, P. 35.
  60. Lettre Ă  Pauline du 15 avril 1814, in Aux Ăąmes sensibles, p. 213.
  61. Le Constitutionnel du 1er octobre 1816, cité par Fillipetti 2009, p. 157.
  62. Journal, cité par Fillipetti 2009, p. 159.
  63. Journal, cité par Fillipetti 2009, p. 161.
  64. Philippe Berthier, Stendhal, P. 236.
  65. Lettre Ă  Louis Crozet du 20 octobre 1816, Aux Ăąmes sensibles, Lettres Choisies, Gallimard, 2011, collection Folio
  66. Jean Goldzink, Stendhal, l'Italie au cƓur, Gallimard, Collection DĂ©couvertes, p. 71.
  67. Stendhal, Lettre Ă  Matilde du 7 juin 1819, De l'amour, Gallimard 1980.
  68. De l'amour, Gallimard, 1980.
  69. Souvenirs d'Ă©gotisme, Gallimard 1983, coll Folio, p. 40.
  70. Souvenirs d'Ă©gotisme, p97
  71. Souvenirs d'Ă©gotisme, p90
  72. Michel Crouzet, Stendhal ou Monsieur Moi-mĂȘme, Flammarion 1990, p. 349 et suivantes
  73. « Souvenirs d’égotisme », p. 141
  74. (en + fr) J.F. Marshall/Victor Jacquemont, Letters to Achille Chaper, Philadelphie, The American Philosophical Society, , 264 p., page 65
  75. PremiĂšre journĂ©e du Stendhal Club, Lausanne, Editions du Grand ChĂȘne, , page 152
  76. Yves Ansel, introduction aux ƒuvres Romanesques complĂštes de Stendhal, Éditions Gallimard, BibliothĂšque de la PlĂ©iade, 2005.
  77. Souvenirs d'Ă©gotisme, p158
  78. Souvenirs d'Ă©gotisme p52-53
  79. CitĂ© par Jean Goldzink, Stendhal, l'Italie au cƓur, Gallimard, p. 102.
  80. Voir RenĂ© Dollot, Stendhal consul de France Ă  Trieste, Ă©d. du Stendhal Club, 1927 ; du mĂȘme : Les journĂ©es adriatiques de Stendhal, Argo, 1929.
  81. Voir René Dollot, Stendhal à Venise, éd. du Stendhal Club, 1927.
  82. CitĂ© par Michel Crouzet, in Stendhal ou Monsieur Moi-mĂȘme, Flammarion, 1990.
  83. Jean Goldzink, Stendhal, l'Italie au CƓur, Gallimard, p. 109
  84. Lettre Ă  AmpĂšre du 24 mars 1835
  85. Lettre à Madame Cuvier du 25 décembre 1831 in Aux ùmes sensibles, Lettres choisies, Gallimard 2011, p. 376
  86. Catalogo del fondo stendhaliano Bucci, par Gian Franco Grechi, préface de Victor Del Litto, Milan, 1980.
  87. Louis Farges, Stendhal diplomate : Rome et l'Italie, de 1829 Ă  1842, d'aprĂšs sa correspondance officielle inĂ©dite, Édition Plon, , 295 p.
  88. Jean ThéodoridÚs, « Stendhal et Caventou (à propos du 150e anniversaire de la mort de Stendhal) », sur www.persee.fr, Revue d'histoire de la pharmacie, (consulté le ), p. 282.
  89. Stendhal (Henri Beyle : 1783-1842) Montmartre - 30e division
  90. Verbe vivre déplacé à la fin de sa citation pour ajouter l'information d'état civil ANN. LIX M. II (« cinquante-neuf ans et deux mois »).
  91. Barret, Philippe, « Les derniĂšres volontĂ©s contrariĂ©es de Stendhal », Commentaire, no 105,‎ , p. 187-196 (lire en ligne)
  92. Jacques Laurent, Stendhal comme Stendhal, Grasset, , 284 p. (lire en ligne)
  93. « Sur les traces de Rodin dans la capitale », Le Figaroscope, semaine du 22 au 28 mars 2018, p. 14.
  94. Vie de Henry Brulard, P. 37-38.
  95. Henri Martineau, Le calendrier de Stendhal, Paris, Le Divan, 1950, p. 303.
  96. « Stendhal fut Ă  moitiĂ© content, car il recevait au titre de l'Instruction publique et en tant qu'homme de lettres une dĂ©coration qui pour lui Ă©tait militaire » Michel Crouzet, Stendhal ou Monsieur Moi-mĂȘme, Paris, Flammarion, 1990, p. 644.
  97. « La bouche est un peu tirée à droite, la paupiÚre gauche est moins plissée que la droite, etc. » Henri Martineau L'Illustration du 19 février 1938.
  98. cité aussi sous la forme Stendalis dans la notice de la BnF.
  99. L'année Stendhal, Volume 4, Klincksieck, , 224 p. (lire en ligne) p. 203 : Louis, Alexandre, André, César Bombet, pour signer des traductions de critiques musicales sur Haydn, Mozart et Métastase en 1814.
  100. Marie-Rose Corredor et Yves Ansel, Stendhal Ă  Cosmopolis : Stendhal et ses langues, Grenoble, ELLUG, , 366 p. (ISBN 978-2-84310-103-8, lire en ligne) p. 37.
  101. « Biographie », sur studyrama.
  102. René Servoise, « Stendhal et l'Europe ».
  103. Les Grosses TĂȘtes, diffusĂ© le samedi 9/1/2016 sur Antenne 2
  104. Cité par Mariella Di Maio dans la préface a Aux ùmes sensibles, Lettres choisies, Gallimard 2011, col Folio, p. 19.
  105. Jean Starobinski, L'Ɠil vivant, Gallimard, 1961, coll Tel, chapitre Stendhal Pseudonyme, p. 236-237.
  106. Souvenirs d'Ă©gotisme, Gallimard 1983, Coll Folio, p. 70.
  107. Jean Starobinski, L'Ɠil vivant, Gallimard, 1961, coll Tel, chapitre Stendhal Pseudonyme, p. 240.
  108. idem, p. 237.
  109. Jean Starobinski, L'Ɠil vivant, Gallimard, 1961, coll Tel, chapitre Stendhal Pseudonyme, p. 238.
  110. « Or, avant tout, je veux ĂȘtre vrai. », Souvenirs d'Ă©gotisme, Gallimard 1983, Coll Folio, p. 87.
  111. AuthenticitĂ© douteuse. Voir la notice de Philippe Berthier dans ƒuvres romanesques complĂštes, Gallimard, BibliothĂšque de la PlĂ©iade, 2005, p. 856-858.
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  113. Site litteratureaudio.com, page "le Rose et le Vert, consulté le 14 avril 2020
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  115. Correspondance, Paris, Le Divan, 1954 t. X, p. 288.
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  118. « Françoise Sagan dans la maison de Stendhal » [vidĂ©o], sur ina.fr, ORTF - Émission Portrait souvenir, .
  119. Duvergier de Hauranne et Crouzet 1996, p. 24.
  120. Duvergier de Hauranne et Crouzet 1996, p. 26-27.
  121. Lucien Leuwen, Gallimard, coll. Folio Classique, p171.
  122. « Étude sur M. Beyle », p. 279, La Revue parisienne, (lire en ligne), p. 273-342.
  123. Duvergier de Hauranne et Crouzet 1996, p. 333.
  124. Duvergier de Hauranne et Crouzet 1996, p. 47.
  125. Le Rouge et le Noir - Livre Second - Chapitre XXII.
  126. Marie de Gandt 1998, p. 67.
  127. Stendhal et le romantisme (lire en ligne) p. 97.
  128. Marie de Gandt 1998, p. 80.
  129. (1917-??) Professeur au CollĂšge de France.
  130. Marie de Gandt 1998, p. 75.
  131. Yves Ansel, introduction aux ƒuvres romanesques complĂštes de Stendhal, vol. 1, Éditions Gallimard, Collection PlĂ©iade, 2005, p. 62-63.
  132. Philippe Berthier, Stendhal et ses peintres italiens, GenĂšve, Droz, 1977, et Francis Claudon, L’IdĂ©e et l'Influence de la musique chez quelques romantiques français et notamment Stendhal, UniversitĂ© de Lille, 1965.
  133. Michel Crouzet, Dictionnaire des Littératures de langue française, t. 3, p. 211, et Michel Crouzet, Stendhal et l'italianité, José Corti, 1982.
  134. Michel Crouzet, Dictionnaire des Littératures de langue française, op. cit.
  135. Lettre Ă  Crozet du 6 janvier 1817.
  136. Yves Ansel, introduction aux ƒuvres romanesques complĂštes de Stendhal, vol. 1, Éditions Gallimard, Collection PlĂ©iade, 2005, p. 45-46.
  137. Dans Le rouge et le noir et La Chartreuse de Parme
  138. Article de GeneviĂšve Duval-Wirth dans Actes du colloque Stendhal et le Romantisme, 1983, p. 143.
  139. Vie de Henry Brulard, p. 161.
  140. Lettre Ă  Louis Crozet du 28 septembre 1816, in Aux Ăąmes sensibles, P. 224.
  141. Lettre Ă  Louis Crozet du 28 septembre 1816, in Aux Ăąmes sensibles, P. 225.
  142. Lettre Ă  Louis Crozet du 30 septembre 1816, in Aux Ăąmes sensibles, P. 227.
  143. Dominique Fernandez, Dictionnaire amoureux de Stendhal, Plon-Grasset, 2013, P614-616
  144. Jean Goldzink, Stendhal, l'Italie au cƓur, Gallimard, p.95.
  145. Journal du 17 mars 1811, Gallimard, 2010, Coll. Folio. P. 720.
  146. LĂ©on Blum, Stendhal et le Beylisme, Éditions Albin Michel, 1947, P131-133.
  147. Charles Dantzig, article « Rose Stendhal », in Revue du Stendhal Club, février 2012, P. 70.
  148. Catalogue de l'exposition de manuscrits, portraits et documents stendhaliens (1920).
  149. Le Petit Dauphinois du 6 mai 1934, page 3.
  150. « Pierre BergĂ© fait don d'un livre d'une valeur de 300 000 euros Ă  Grenoble », sur lepoint.fr, (consultĂ© le )
  151. BibliothĂšque municipale de Grenoble.
  152. Site d'IsĂšre tourisme.
  153. Site de Vittorio-del-litto.
  154. Le Nouvel Observateur, « Charles Dantzig : “Nous voulons rendre Stendhal aux amoureux” », juin 2011.

Voir aussi

Bibliographie

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  • Sandrine Fillipetti, Stendhal, Gallimard, coll. « Folio Biographies », . Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Philippe Berthier, Stendhal, vivre, Ă©crire, aimer, Paris, Éditions de Fallois, , 542 p. (ISBN 978-2-87706-721-8) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • François Bronner, La Schiassetti. Jacquemont, Rossini, Stendhal
 Une saison parisienne au ThĂ©Ăątre-Italien. 1824-1826, Éditions Hermann, 2011.
  • Dominique Fernandez, Dictionnaire amoureux de Stendhal, Paris, Plon-Grasset, , 820 p. (ISBN 978-2-259-21094-2) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Michel Crouzet, Stendhal et l'AmĂ©rique, Ă©ditions de Fallois, , 282 p.
  • Anna-Lisa Dieter, Eros – Wunde – Restauration. Stendhal und die Entstehung des Realismus, Paderborn: Wilhelm Fink 2019 (Periplous. MĂŒnchener Studien zur Literaturwissenschaft), 284 pages. (ISBN 978-3-7705-6002-8)
  • Stendhal, Que la prudence est une triste chose... Lettres de pensĂ©e et de dĂ©sir, lettres choisies et prĂ©sentĂ©es par Lorenzo Flabbi, Paris, Éditions L'orma, 2020

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