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Virginie Ancelot

Virginie Ancelot, née Marguerite Louise Virginie Chardon le à Dijon et morte le à Paris 7e, est une romancière, autrice dramatique, mémorialiste, artiste peintre et salonnière française.

Virginie Ancelot
Jean Gigoux, Madame Ancelot,
lithographie publiée dans la Galerie de la presse, de la littérature et des beaux-arts.
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Marguerite-Louise Virginie Chardon
Nationalité
Activités
Mère
Barbe Edmée Chardon (d)
Conjoint
Prononciation

Biographie

François-Joseph Heim, Andrieux faisant une lecture dans le foyer à la Comédie Française en 1828 (1847), château de Versailles. Détail représentant Virginie Ancelot.

Marguerite Chardon est la fille légitime de Thomas Chardon, négociant, et de Barbe Edmée de Vernisy (1761-1832), miniaturiste[1] formée en Bourgogne, dans l'atelier de Claude-Jean-Baptiste Hoin (1750-1817), puis par Jean-Baptiste Jacques Augustin (1759-1832), à Paris. L'enfant est issu, par sa mère, d'une grande et ancienne famille parlementaire bourguignonne implantée à Dijon. On lui donne pour parrain Louis-Nicolas Frantin (1740-1803), libraire[2] et imprimeur du roi (1768), époux de sa tante maternelle Suzanne, née de Vernisy (1747-1832) et pour marraine Marguerite de Vernisy, une autre sœur de sa mère[3]. Ses oncles maternels sont Prudence de Vernisy, Claude-Auguste (1746-1810), avocat au Parlement de Dijon, puis administrateur général des Postes et Messageries de France et Jean-François (1783-1840), également avocat au Parlement.

La future femme de lettres grandit dans un milieu cultivé. Sa mère tient salon aussi souvent que les circonstances le permettent et l'initie à la peinture. En 1804, elle l'amène à Paris, où la très jeune fille est placée dans la maison d'éducation tenue par des sœurs Ursulines expulsées de leur couvent du faubourg Saint-Jacques et établies, sous la protection de Madame, mère de l'empereur, rue Notre-Dame-des-Champs dans l'ancien hôtel de l'abbé Terray[4]. Ayant commencé sa carrière en tant que peintre, Virginie Chardon débute au Salon de 1814 avec La Veuve du Roi Ban, et plusieurs portraits. Au Salon de 1828, elle expose un tableau intitulé Une lecture de M. Ancelot où figurent presque tous les littérateurs de cette époque[5].

Portrait de Jacques-François Ancelot par son épouse Virginie Ancelot, 1819 (Paris, musée Carnavalet

Vers 1818, elle épouse Jacques-François Ancelot, alors employé de la marine, et qui allait bientôt être connu pour sa tragédie de Louis IX. Son mari ayant perdu, à la Révolution de Juillet, à la fois sa pension et ses postes de conservateur honoraire de la bibliothèque de l'Arsenal et de bibliothécaire du roi, il a employé, moins par goût que par nécessité de s’assurer un revenu, les dix années suivantes à écrire principalement des vaudevilles, des drames et des comédies légères, elle s’est amusée à arranger avec lui quelques petites pièces, ne cherchant dans cette collaboration secrète que le plaisir d’exprimer ses idées. Comme elle fuyait la publicité, il est difficile de savoir dans quelle proportion elle a contribué au succès des vaudevilles Un divorce, Deux jours, Reine, cardinal et page (1832), ainsi qu’au recueil de mémoires sur les salons littéraires parisiens intitulé Emprunts aux salons de Paris (1835, in-8°), publié sous le nom de son mari[6].

Ses véritables débuts littéraires remontent au Mariage raisonnable (), comédie qu’elle a revendiquée comme étant d’elle. La Comédie-Française a donné successivement plusieurs de ses comédies en prose que Mademoiselle Mars a jouées avec grand succès : Marie ou Trois Époques (1836), son chef-d’œuvre traduit dans les principales langues ; le Château de ma nièce (1837) ; Isabelle (1838). Elle a ensuite donné au théâtre du Gymnase, au théâtre du Vaudeville et au théâtre des Variétés plusieurs pièces favorablement accueillies : Juana (1838) ; Clémence (1839) ; les Honneurs et les Mœurs, Marguerite (1840) ; le Père Marcel (1841) ; l’Hôtel de Rambouillet et les Deux Impératrices (1842) ; Hermance, Une femme à la mode, Loïsa et Mme Roland (1843), etc. Après s’être quelque temps éloignée du théâtre, elle a fait représenter au théâtre de la Gaîté, le drame de Femmes de Paris (1848), n’a pas réussi[7]. Son Théâtre complet, comprenant 20 pièces, a été publié en 1848 (4 vol. in-8°)[6].

Elle a également écrit des romans dont quelques-uns ont été plusieurs fois réimprimés et traduits à l’étranger : Gabrielle (1839, plusieurs éditions, in-8°, in-18 et in-4°) ; Émerance (1841) ; Médérine (1843), etc. Deux des mieux accueillis, Renée de Varville et la Nièce du banquier, sont de 1853. Plus tard, elle a fait paraître Une Famille parisienne (1856, plusieurs édition), inséré d’abord dans le Journal pour tous ; Les Salons de Paris, foyers éteints (1857, in-18), étude rétrospective sur la société moderne : Une route sans issue (1857, 2 vol. in-8°) ; Un nœud de ruban (1858) ; la Fille d’une joueuse (1858, in-12, et 1859, in-18), etc.[6]

Le salon de l'hôtel de La Rochefoucauld-Liancourt, rue de Seine, où elle a accueilli, de 1824 à sa mort[8], Pierre-Édouard Lémontey, Lacretelle, Alphonse Daudet, Baour-Lormian, Victor Hugo, Sophie Gay et sa fille Delphine de Girardin, Henri Rochefort, Mélanie Waldor, la comédienne Rachel, Jacques Babinet, Juliette Récamier, Anaïs Ségalas, François Guizot, Saint-Simon, Alfred de Musset, Stendhal, Chateaubriand, Alphonse de Lamartine, Alfred de Vigny, Prosper Mérimée, Eugène Delacroix, et qui était presque un passage obligé pour l’Académie française, dont fut son mari Jacques-François Ancelot en 1841, a été l’un des derniers grands salons littéraires de Paris.

Sa fille Louise (1825-1887) a épousé, en 1844, l’avocat bonapartiste Charles Lachaud. De cette dernière union, sont issus, leur petit-fils Marc Sangnier, journaliste, parlementaire et fondateur du Sillon, et leur arrière-petit-fils Jean Sangnier (1912-2011), patron de presse et ancien résistant.

Ĺ’uvres

Ĺ’uvres exposĂ©es au Salon  

sous le nom de Virginie Chardon
  • La Veuve du Roi Ban et plusieurs portraits, Salon de 1814[9].
  • Louis XIV, au lit de mort de Jacques II, lui promettant de reconnaĂ®tre son fils Édouard pour roi d’Angleterre, Salon de 1817[10].
sous le nom de Virginie Ancelot
Henri IV et Catherine de MĂ©dicis (Salon de 1819), localisation inconnue.
  • Henri IV et Catherine de MĂ©dicis, Salon de 1819[11] - [12] - [13].
  • Une Lecture de M. Ancelot, Salon de 1828[14] - [15].

Collections publiques

Autres

  • Souvenir de 1824 ; lecture du poème de Philippe-Auguste, par l'auteur M. Parceval de Grandmaison, exposition au profit des Grecs Ă  la galerie Lebrun, 1826 (no 5 du catalogue)[17].

Théâtre

  • Marie, ou Trois Époques, comĂ©die en 3 actes, en prose, Paris, Théâtre-Français, .
  • Le Château de ma nièce, comĂ©die en 1 acte, en prose, Paris, Théâtre-Français, , lire en ligne sur Gallica.
  • Isabelle, ou Deux Jours d'expĂ©rience, comĂ©die en 3 actes et en prose, Paris, Théâtre-Français, .
  • Juana, ou le Projet de vengeance, comĂ©die en 2 actes, mĂŞlĂ©e de chant, Paris, Théâtre du Vaudeville, .
  • ClĂ©mence, ou la Fille de l'avocat, comĂ©die en 2 actes, mĂŞlĂ©e de chant, Paris, Gymnase-Dramatique, .lire en ligne sur Gallica
  • Les Honneurs et les MĹ“urs, ou le MĂŞme Homme, comĂ©die en 2 actes, mĂŞlĂ©e de chant, Paris, Gymnase-Dramatique, .
  • Marguerite, comĂ©die en 3 actes, mĂŞlĂ©e de couplets, Paris, théâtre du Vaudeville, .
  • Le Père Marcel, comĂ©die mĂŞlĂ©e de chant, en 2 actes, Paris, Théâtre des VariĂ©tĂ©s, .lire en ligne sur Gallica
  • Hermance, ou Un an trop tard, comĂ©die en 3 actes, mĂŞlĂ©e de chant, Paris, théâtre du Vaudeville, .
  • LoĂŻsa, comĂ©die en 2 actes, mĂŞlĂ©e de chant, Paris, théâtre du Vaudeville, .
  • Les Deux ImpĂ©ratrices, ou Une petite guerre, comĂ©die en 3 actes, en prose, Paris, Théâtre de l'OdĂ©on, .
  • L'HĂ´tel de Rambouillet, comĂ©die en 3 actes, mĂŞlĂ©e de chant, Paris, théâtre du Vaudeville, .
  • Une femme Ă  la mode, comĂ©die en 1 acte, Paris, théâtre du Vaudeville, .
  • Madame Roland, drame historique en 3 actes, mĂŞlĂ© de chant, Paris, théâtre du Vaudeville, , lire en ligne sur Gallica.
  • Pierre le millionnaire, comĂ©die en 3 actes, mĂŞlĂ©e de chant, Paris, théâtre du Vaudeville, .
  • Follette, comĂ©die-vaudeville en un acte, Paris, théâtre du Vaudeville, .
  • Un Jour de libertĂ©, comĂ©die en 3 actes, mĂŞlĂ©e de chant, Paris, théâtre du Vaudeville, .
  • Une AnnĂ©e Ă  Paris, comĂ©die en 3 actes, en prose, Paris, Second Théâtre-Français, .
  • Les Femmes de Paris, ou l'Homme de loisir, drame en 5 actes, en prose, prĂ©cĂ©dĂ© de Un duel sans tĂ©moins, prologue, Paris, Théâtre de la GaĂ®tĂ©, .

Pièces réunies

Romans

MĂ©moires

Iconographie

Alphonse Daudet, dans Quarante ans de Paris (p. 60), Ă©voque Madame Ancelot et son salon, mais aussi son portrait peint par le baron GĂ©rard.

Postérité

Une rue porte son nom Ă  Dijon, sa ville natale.

Notes et références

  1. Le portrait d'enfant en miniature intitulé Claude Bénigne Paul Gouge (1804-1877), l'une des rares œuvres signées par Barbe Edmée Chardon, née de Vernisy (1761-1832), est conservé à Stockholm au Nationalmuseum (voir en ligne).
  2. Louis-Nicolas Frantin (1740-1803) dans la base data.bnf.fr de la BnF.
  3. « Le , a été baptissée Marguerite fille de Thomas Chardon négotiant en cette ville et de Barbe-Edme Vernizy, son épouse, née aujourd'hui en légitime mariage; elle a eu pour parrein Louis-Nicollas Frantin, imprimeur et oncle de l'enfant et pour marreine Marguerite Vernizy, sa tante maternelle », extrait de registre de baptême transcrit in : Société française des collectionneurs d'ex-libris, Archives de la Société des collectionneurs d'ex-libris et de reliures artistiques, 1898, p. 105.
  4. Madame Ancelot : les salons de Paris. Foyers Ă©teints, Paris, Jules Tardieu, , 2e Ă©d., 245 p., in-18 (lire en ligne), p. 7.
  5. Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours avec les renseignements bibliographiques et l'indication des sources à consulter, t. 2 Alfieri-Aragona, Paris, Firmin Didot frères, , 959 p. (lire en ligne), p. 501.
  6. Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains contenant toutes les personnes notables de la France et des pays étrangers : ouvrage rédigé et tenu à jour, avec le concours d’écrivains et de savants de tous les pays, Paris, L. Hachette, , 2e éd., 1840 p. (lire en ligne), p. 40.
  7. Gustave Vapereau, op. cit., trouve à ses pièces « beaucoup de finesse et de grâce, des détails bien observés, un style assez élégant, mais des situations défectueuses et une fable languissante. »
  8. « Virginie Ancelot et Stendhal, amis ou amants ? », sur paris-normandie.fr, (consulté le ).
  9. Explication des ouvrages de peinture, sculpture, architecture et gravure des artistes vivans, exposés au Musée Napoléon, le , Paris, Dubray, 1814, p. 19 (lire en ligne).
  10. Explication des ouvrages de peinture, sculpture, architecture et gravure, des artistes vivans, exposés au Musée Royal des Arts, le , Paris, Madame Hérissant Le Doux, 1817, p. 17 (lire en ligne).
  11. François Guillaume Dumas, Ludovic Baschet : Explication des ouvrages de peinture, sculpture, architecture et gravure des artistes vivans, exposés au Musée Royal des Arts, le , catalogue illustré du Salon, Paris, C. Ballard, 1819, p. 7 (en ligne sur Google Livres.
  12. Henri Dulac, Almanach des 25 000 adresses des principaux habitans de Paris, pour l'annĂ©e 1820, volume 1, Panckoucke, Delaunay, 1820, p. 13 (en ligne sur Google Livres).
  13. Passé en vente le , et le (cf. Artnet).
  14. « Ancelot (Madame Virginie) », in: Dictionnaire de la conversation et de la lecture, vol. 53, Paris, Garnier Frères, 1844, p. 411 (en ligne sur Google Livres).
  15. Le Bulletin des beaux-arts, volume 1, 1884, p. 128, cite également le tableau intitulé Une Lecture de M. Ancelot, sans date.
  16. Notice en ligne sur le site du musée Carnavalet.
  17. Explication des ouvrages de peinture exposés au profit des Grecs, galerie Lebrun, rue du Gros-Chenet, n° 4, de dix heures à cinq heures, Paris, Firmin Didot, (lire en ligne), p. 3.
  18. Texte en ligne (format PDF) ─ Texte en ligne (formats texte et epub).

Voir aussi

Bibliographie

  • Édouard NoĂ«l et Edmond Stoullig, Les Annales du Théâtre et de la Musique, Paris, P. Ollendorff, 1918.
  • Henri Martineau, Stendhal et le salon de Madame Ancelot, Paris, Le Divan, 1932.
  • Sophie Marchal, Virginie Ancelot, femme de lettres au XIXe siècle, Lille, ANRT, UniversitĂ© de Lille III, 1998.
  • Sophie Marchal, « Une correspondance inĂ©dite de Balzac autour d’une amitiĂ© de salon : Virginie Ancelot », L’AnnĂ©e Balzacienne, no 2,‎ , p. 269-228 (ISBN 978-2-13053-075-6, lire en ligne, consultĂ© le ).

Liens externes

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