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François-Joseph Heim

François-Joseph Heim, né le à Belfort et mort le à Paris (6e arrondissement)[1], est un peintre français.

François-Joseph Heim
Portrait de François-Joseph Heim par Étienne Carjat
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A travaillé pour
École des beaux-arts (en)
Membre de
Distinctions
Vue de la sépulture.

Biographie

Formation

Le père de François-Joseph Heim, qui enseignait le dessin au collège de Belfort et qui était originaire du village de Gueberschwihr, avait épousé à Belfort Marguerite Gérard. Le nouveau-né eut pour parrain Jean-Baptiste Kléber, alors architecte et inspecteur des bâtiments publics de l’arrondissement, qui devait plus tard s’illustrer sur les champs de bataille.

Heim ne demeura que deux années à Belfort, son père étant allé se fixer à Strasbourg. C’est sous sa direction qu’il apprit les premières notions de dessin, qu’il compléta à l’école centrale de cette ville, où il obtint à l’âge de onze ans le premier prix de dessin. Ses parents voulaient en faire un mathématicien pour le pousser dans l’arme du génie, mais Heim résista et la passion de l’art fut la plus forte.

En 1803, il se rendit Ă  Paris pour Ă©tudier la peinture dans l’atelier de François-AndrĂ© Vincent, oĂą il eut Jean Alaux, François-Édouard Picot et Horace Vernet pour camarades d’atelier. Il se mit au travail avec ardeur. On raconte qu’à cette Ă©poque, Heim ayant fait un tableau influencĂ© par les impressionnalistes d’alors, il le montra Ă  Vincent. Celui-ci, après l’avoir examinĂ©, lui dit : « C’est donc lĂ  oĂą vous ĂŞtes arrivĂ© ! si vous continuez dans cette voie, vous ĂŞtes perdu ! » La secousse ressentie par le jeune homme Ă  ces paroles fut terrible. Il sortit, sans trop savoir oĂą il allait ; arrivĂ© au milieu du pont des Arts, il s’arrĂŞta brusquement, jeta son tableau par-dessus le parapet et courut dans l’atelier d’un de ses amis. LĂ , il se regarda dans la glace : sa figure bouleversĂ©e exprimait le chagrin, la honte. Alors, sans dire un mot, saisissant une toile, un pinceau et une palette, il fit son propre portrait qui, dit-on, est une de ses meilleures Ĺ“uvres et fut retrouvĂ©e dans une vente publique Ă  la fin du XIXe siècle.

Heim ne tarda pas à mériter que Vincent change son jugement à son sujet. En 1806, il concourut pour le prix de Rome contre Boisselier l’aîné, dessinateur plein de fougue et d’invention, qui l’emporta. Heim, qui eut le second prix avec son Retour de l’Enfant prodigue, fut plus heureux l’année suivante. Le premier prix lui fut décerné par acclamation pour son tableau sur le sujet de Thésée vainqueur du Minotaure.

En janvier 1808, Heim se rendit, en qualité de pensionnaire de l’État, compléter ses études à Rome. Il se passionna pour Michel-Ange et fit des copies de ses fresques. Les ouvrages qu’il envoya de Rome firent sensation ; l’un, représentant un Berger buvant à une fontaine, se trouvait au musée des Beaux-Arts de Strasbourg avant sa destruction en 1870.

Les Honneurs

De retour Ă  Paris, Heim obtint en 1812 une mĂ©daille d’or de première classe pour son tableau intitulĂ© L’ArrivĂ©e de Jacob en MĂ©sopotamie, conservĂ© au musĂ©e des Beaux-Arts de Bordeaux. Il exposa ensuite Saint Jean (1814). Au Salon de 1817, il envoya PtolĂ©mĂ©e Philopator saisi de crainte en voulant entrer de force dans le temple de JĂ©rusalem et entraĂ®nĂ© par ses amis (Fontainebleau) ; Jacob arrivant chez Laban (musĂ©e des Beaux-Arts de Bordeaux) ; Faustulus apportant Ă  sa femme Romulus et RĂ©mus (ancienne collection de Jacques-FrĂ©dĂ©ric Brackenhoffer, localisation actuelle inconnue) ; Jacob recevant la robe de Joseph (musĂ©e des Beaux-Arts de Lyon). En 1819, il connut un grand succès avec son Martyre de saint Cyr et de sainte Juliette, sa mère, qui lui valut une nouvelle mĂ©daille de première classe et qui se trouve dans l’église Saint-Gervais Ă  Paris. Au mĂŞme Salon, Heim exposa La RĂ©surrection de Lazare, La ClĂ©mence de Titus, Vespasien distribuant des secours au peuple. C’est Ă  partir de cette Ă©poque que data sa rĂ©putation.

La Robe ensanglantée de Joseph apportée à Jacob (1817).

Vers la même époque, Heim fit paraître Le Martyre de saint Hippolyte, conservé à Notre-Dame de Paris, et Saint Hyacinthe ressuscitant un jeune homme qui s’est noyé (même église) ; en 1824, Sainte Adélaïde et saint Arnould, évêque de Metz. Ces peintures furent d’autant plus remarquées qu’elles contrastaient avec celles de cette époque, qui traitaient généralement des sujets mythologiques.

Charles X distribuant des récompenses au Salon de 1824 (1827) Paris, musée du Louvre.

Heim exposa encore, en 1824, La Prise du temple de Jérusalem par les Romains, connue aussi sous le titre de Massacre des Juifs par Titus. Cette œuvre eut un succès extraordinaire et valut à l’artiste d’être décoré de la propre main du roi devant son œuvre même. Au Salon de 1827, Heim avait exposé une toile d’un tout autre caractère : Charles X distribuant des récompenses aux artistes exposants du salon de 1824 au Louvre, le . Il y a résolu un thème presque inabordable à force de difficultés ; les groupes de personnages officiels et de membres de l’Institut ont du relief, malgré la monotonie des uniformes académiques, et se meuvent librement, malgré l’espèce de cohue dont ils font partie. Chaque tête est un portrait finement peint, plein d’expression, et la scène entière se détache sur le fond du salon carré du Louvre. Dans la même manière, Heim a peint une Andrieux faisant une lecture dans le foyer de la Comédie-Française, composition présentant les portraits d’un grand nombre d’artistes dramatiques célèbres à cette époque (1828, salon de 1847). Mais le même mérite ne fut pas reconnu aux grandes toiles peintes pour les galeries de Versailles : Louis-Philippe recevant les députés qui lui défèrent la couronne (1834), Le Champ de Mai de 1815 (1836), La Bataille de Rocroi en 1643, La Défense du château de Burgos en 1812.

Les Commandes publiques

En 1824, Heim fut chargé de décorer la huitième salle du musée Charles X, au palais du Louvre, qui renfermait une partie des antiquités grecques et romaines. Il peignit sur le grand plafond, de 35 pieds sur 18, Le Vésuve personnifié reçoit de Jupiter le feu qui doit consumer les villes d’Herculanum, de Pompéi et de Stabies. On y voit ces villes implorant le maître des dieux et Minerve, protectrice des arts, intercédant pour elles, tandis qu’Éole tient les vents enchaînés et attend l’ordre de Jupiter. Les voussures du plafond sont ornées de six tableaux ; quatre représentent des scènes de désolation ; le cinquième, La mort de Pline l'Ancien ; le sixième, Pline le jeune écrivant ses “Lettres”. Dans la même salle Heim peignit huit ronds à fonds d’or, sur lesquels il représenta des génies sauvant les objets d’art. On a reproché une certaine mollesse aux figures de ce plafond, qui est néanmoins est un des meilleurs parmi ceux de la galerie Charles X.

Renfermant les tableaux de l’École française, la cinquième salle fut Ă©galement dĂ©corĂ©e par Heim. Le plafond reprĂ©sente, sous une forme allĂ©gorique, la Renaissance des arts en France. La France, accompagnĂ©e du gĂ©nie des arts, offre ses trĂ©sors Ă  ceux-ci qui accourent au bruit de la RenommĂ©e. La gloire leur prĂ©sente des couronnes. Les voussures renferment huit tableaux, dont les sujets sont tirĂ©s de l’histoire de France Ă  partir du règne de Charles VIII jusqu'au règne de Henri II. Ces sujets sont Le PĂ©rugin faisant le portrait de Charles VIII ; L’EntrĂ©e triomphante de Charles VIII Ă  Naples ; La ClĂ©mence de Louis XII ; François Ier visitant l’atelier de Benvenuto Cellini Ă  l’hĂ´tel de Nesle ; LĂ©onard de Vinci Ă  son lit de mort ; Le Camp du drap d’or ; La Mort de Bayard ; Le Tournoi de 1559, dans lequel Henri II fut blessĂ© par Montgommery.

Les grandes compositions religieuses ou historiques de Heim, qui respirent la correction et la fermeté du dessin, la puissance du modelé, la solidité du coloris, beaucoup d’élan et de mouvement, alliés à l’observation, à la grâce et à la finesse, devaient lui faire obtenir plusieurs distinctions. En 1829, ses pairs l’élurent membre de l’Académie des beaux-arts, en remplacement de Jean-Baptiste Regnault ; plus tard, le , il devint professeur à l’École des beaux-arts en remplacement de Guillaume Guillon Lethière, lui n'aura pas de successeur à son poste[2]. Enfin, en 1853, il est élu président de l’Académie des beaux-arts. À la suite d’une chute qu’il fit en peignant l’un des plafonds du Louvre, Heim se vit condamné à l’inaction pendant plusieurs années. Après sa guérison, dont il désespérait, il se remit de nouveau au travail.

En 1844, il exĂ©cuta les peintures de la salle des confĂ©rences de la Chambre des dĂ©putĂ©s. Elles se composent de quatre sujets principaux reprĂ©sentant Charlemagne faisant lire au peuple ses capitulaires ; Louis VI, dit le Gros, affranchissant les communes ; Saint-Louis faisant publier ses ordonnances avant son dĂ©part pour la Terre-Sainte ; Louis XII organisant dĂ©finitivement la Chambre des comptes ; puis de quatre figures allĂ©goriques : La Prudence, La Justice, La Force et La Vigilance ; de douze mĂ©daillons supportĂ©s par des figures en grisaille, oĂą sont peints les portraits de l’abbĂ© Suger, de Jannin, de Mathieu MolĂ©, de Thou, de Sully, de Richelieu, de Montesquieu, de d’Aguesseau, de l’Hospital, de Michel Montaigne, de Colbert et de Turgot ; de huit figures allĂ©goriques placĂ©es aux quatre angles : L’Agriculture, La Marine, Les Beaux-Arts, L’Industrie, Le Commerce, Les Sciences, La Paix et La Guerre ; enfin de quatre Ă©cussons portant les inscriptions suivantes : Charte de 1830, Code NapolĂ©on.

En 1849, il réalise le décor de la chapelle Sainte-Anne dans l'église Saint-Séverin à Paris[3].

Fin de carrière

Après avoir été pendant bien des années oublié et méconnu, Heim fut réhabilité en 1853 grâce à un tableau représentant La Défaite des Cimbres par Marius, que l’empereur Napoléon III donna au musée des Beaux-Arts de Lyon. L’Exposition universelle de 1855 fut pour le vieux peintre d’histoire l’occasion d’un nouveau succès ; il y envoya une esquisse de la bataille de Rocroi et des portraits au crayon, singulièrement vivants, de membres de l’Institut, qui lui valurent la croix d’officier de la Légion d’honneur et la grande médaille d’honneur. Théophile Gautier le proclama un artiste de premier ordre et déclara que, si ses dernières œuvres laissaient à désirer, les anciennes ne seraient pas déplacées à côté des meilleurs tableaux des maîtres bolonais.

Heim exposa de nouveau, en 1859, une sĂ©rie de portraits des membres de l’Institut, aujourd’hui au Louvre, oĂą respire une jeunesse, une vie, une fermetĂ© qu’on n’aurait pas soupçonnĂ©es chez le vieux peintre classique. Parmi les autres ouvrages de Heim, on citera un Saint Jean (1814), qui a appartenu Ă  Denon ; Le RĂ©tablissement des sĂ©pultures royales Ă  Saint-Denis (1819) ; La Victoire de Judas MacchabĂ©e, pĂŞle-mĂŞle effroyable d’hommes et de chevaux rendu avec une grande vigueur ; un tableau sur place Ă  l’église Notre-Dame-de-Lorette ; les peintures de la chapelle des âmes du Purgatoire Ă  l’église Saint-Sulpice ; celles de la chapelle Sainte-Anne Ă  Saint-SĂ©vĂ©rin et le Portrait de madame Hersent.

À sa mort, Jean-Léon Gérôme lui succéda à l’Académie des beaux-arts. On a dit de lui qu’« il ne se mêla jamais à ces luttes jalouses, à ces mesquines rivalités d’école qui ne viennent que trop souvent troubler l’harmonie qui devrait toujours régner dans le poétique domaine des arts. Étranger à tout étroit système, il s’inclina devant le Beau partout où il le trouva ; aussi, tous ses ouvrages semblent-ils s’être animés au souffle de la vérité éternelle, de la Perfection. »

Il avait épousé la seconde fille de Pierre Cartellier, Fanny (1806-1825). Par cette alliance, Heim était le beau-frère de Louis Petitot, mari de Julie Cartelier.

Reception critique

Jules-Émile Saintin a porté ce jugement sur Heim : « II eût pu être un maître ; il avait l’énergie, celle du dessin comme celle de la brosse. Il avait la vigueur du mouvement, il avait l’ampleur du geste, mais son mauvais sort voulut qu’il lui manquât je ne sais quelle hardiesse un peu intempérante des vrais maîtres : la confiance dans ses propres yeux, le dédain instinctif des manières favorisées du public, enfin cette indépendance de l’esprit qui vient plutôt du tempérament que de l’éducation. Heim, soit timidité, soit prudence, n’osa jamais s’affranchir de la tradition académique, si puissante dans sa jeunesse ; jamais il ne trancha résolument les lisières de cette tradition ; et s’il recueillit, par des commandes régulières, les bénéfices d’une telle sagesse de conduite, il y perdit les meilleures chances de sa gloire. »

« Heim », dit Kaempfen, « Ă©tait de petite taille, sec, nerveux ; les yeux n’étaient pas grands, mais vifs et expressifs ; une grande bouche, le nez proĂ©minent, le visage maigre et long, des cheveux abondants, le teint animĂ©, la physionomie sympathique et prodigieusement mobile. Le cĹ“ur, chez Heim, valait l’intelligence ; nul n’était plus que lui accessible aux jeunes gens, plus disposĂ© Ă  leur donner d’utiles conseils. Il aimait Ă  obliger et gardait un souvenir reconnaissant des services rendus Ă  lui ou aux siens Il avait une nature dĂ©licate, indĂ©pendante et fière, timide aussi. Lorsqu’il prĂ©sidait une sĂ©ance de l’Institut, rien qu’à prononcer la phrase sacramentelle : « Messieurs, la sĂ©ance est ouverte Â», il rougissait jusqu’aux oreilles. Devant sa toile, le peintre, dont les qualitĂ©s maitresses Ă©taient la sĂ»retĂ© et la vigueur, n’était guère rassurĂ© non plus. Il avait ces frayeurs, ces hĂ©sitations, ces tremblements dont se sent saisi l’artiste qui a vraiment l’amour et le respect du beau. C’est peut-ĂŞtre parce qu’il comprenait si bien les difficultĂ©s de l’art, qu’il ne reprenait le plus souvent les Ă©lèves qu’avec des mĂ©nagements extrĂŞmes et des prĂ©cautions touchantes… Des succès Ă©clatants n’avaient pas Ă©bloui l’artiste et ne lui avaient donnĂ© aucune vanitĂ©. Sa modestie allait si loin, que sans cesse il s’effaçait pour rehausser le mĂ©rite des autres. Sa bonhomie, sa gaietĂ©, la cordialitĂ© de ses manières, son humeur Ă©gale, rendaient son commerce des plus agrĂ©ables ; aussi tous ceux qui l’approchaient avaient pour lui autant d’affection que d’estime. »

Élèves

Ĺ’uvre

  • Charles X distribuant des rĂ©compenses aux artistes, Ă  la fin du Salon de 1824 (1827), huile sur toile,173 Ă— 256 cm, MusĂ©e du Louvre[4]


Notes et références

  1. Archives de Paris, acte de décès n°2040, vue 29 / 31
  2. FrĂ©dĂ©ric Chappey, « Les Professeurs de l'École des Beaux-Arts (1794-1873) Â», Romantisme , no 93, 1996, pp. 95-101.
  3. « L'état des églises parisiennes (5) : Saint-Séverin – La Tribune de l'Art », La Tribune de l'Art,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. « Charles X distribuant des récompenses », sur Collections du Louvre (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Revue d’Alsace, annĂ©e 35, Colmar ; Belfort, FĂ©dĂ©ration des sociĂ©tĂ©s d’histoire et d’archĂ©ologie d’Alsace, 1884, pp. 329-36. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • AndrĂ© Larger, « François Joseph Heim Â», in Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 16, p. 1482.

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