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Imprimeur du roi

Un imprimeur du Roi est un imprimeur de Paris, de province ou des colonies, qui, sous l’Ancien Régime et la Restauration, bénéfice d’un statut, et donc d'un certain nombre de prérogatives, conféré par l'administration royale. De ce fait, il acquiert parfois une position prééminente par rapport à ses collègues.

Les imprimeurs pouvaient aussi recevoir des statuts semblables, quoique moins prestigieux : "imprimeur de l'archevêque de Paris", "imprimeur de Mesdames de France", "imprimeur de Mgr le duc d'Orléans" etc.

Disparues avec l'abolition des corporations (1776) et le décret d'Allarde (1791), ces charges furent renouvelées par patentes et se poursuivirent jusque sous le Second Empire, sous des noms appropriés à chaque changement de régime : "imprimeur de la République", "imprimeur du gouvernement", "imprimeur de l'Empereur".

Historique

Les premières charges d’imprimeur du roi sont attribuées par François Ier en 1538[1]. Ces créations suivent de peu celle du Collège royal, également installé par François Ier dans sa volonté de soutenir les sciences, les arts et les lettres.

Les charges d’imprimeur du roi sont ensuite régulièrement attribuées (avec une emphase particulière dans les années 1550, 1630 et 1640).

Une fois attribuée, la charge d’imprimeur du roi était renouvelée périodiquement par lettre patente émises par l'administration royale. Tous ces imprimeurs ne furent pas célèbres, mais beaucoup furent des professionnels de premier plan.

La charge

L’obtention de la charge d’imprimeur du roi procurait aux imprimeurs un certain nombre de faveurs. Ils entraient ainsi dans la Maison du Roi (au même titre qu'un peintre du roi ou un architecte du roi), et obtenaient :

  • les Honneurs, qui reviennent d’être attachĂ© Ă  la Maison du Roi.
  • l’AutoritĂ©, qui permet de se qualifier de ce titre en toute occasion.
  • la PrĂ©rogative, c’est-Ă -dire la supĂ©rioritĂ© donnĂ©e par ce titre sur les autres imprimeurs.
  • la Franchise, qui permet l’exemption de certains impĂ´ts.
  • la LibertĂ©, qui leur donne la possibilitĂ© d’imprimer en leur nom avant mĂŞme d’avoir Ă©tĂ© reçu dans la communautĂ© des imprimeurs.
  • le Privilège, qui fait que l’obtention de la charge implique l’obtention rĂ©gulière des privilèges d’imprimeur (qui vaut Ă  la fois, Ă  cette Ă©poque, pour permission d’imprimer et protection des Ĺ“uvres imprimĂ©es pour quelques annĂ©es).
  • le Droit, qui permet d’imprimer des actes royaux (Ă©dits et ordonnances), de mĂŞme que les arrĂŞts du Conseil d’État, du Parlement, etc.[2].
  • le Profit, qui est celui que l’imprimeur tire de la vente des actes susdits.
  • les Revenus et Ă©moluments, qui sont les gages octroyĂ©s par la maison du Roi tous les trimestres (ils n’étaient pas toujours payĂ©s).
  • le Don personnel, dont la nature varie d’un imprimeur Ă  l’autre (garde de certains poinçons spĂ©ciaux, impressions spĂ©ciales, Ă©moluments spĂ©ciaux, etc.).

Cette charge d'imprimeur du roi a été déclinée pour plusieurs spécialités : le grec, la musique, les mathématiques, le français, les langues orientales, mais ces imprimeurs n’avaient pas tous une spécialité. Certains étaient établis hors de Paris ; dans ce cas c’est en général à eux que revenait l’impression des édits royaux.

Les imprimeurs du roi qui n'avaient pas de spécialité s'intitulaient "imprimeurs ordinaires du Roi".

Liste chronologique des imprimeurs du roi parisiens

Cette liste provient de Lepreux 1910 p. 50-52. Les commentaires sont ajoutés.

Pour les XVe et XVIe siècles

Pour le XVIIe siècle

Pour le XVIIIe siècle

  • 1701 : Jean Boudot (imprimeur)
  • 1702 : François-Hubert Muguet
  • 1707 : Jean II Boudot
  • 1712 : Jean-Baptiste-FrĂ©dĂ©ric LĂ©onard
  • 1714 : Jean-Baptiste Alexandre Delespine
  • 1714 : Jacques Collombat
  • 1715 : Christophe-Jean-François Ballard, pour la musique
  • 1717 : Jean-Baptiste III Coignard
  • 1720 : Jacques-François Collombat
  • 1736 : Charles-Jean-Baptiste Delespine
  • 1740 : AndrĂ© Le Breton
  • 1740 : Guillaume-François Desprez
  • c. 1742 : Claude-Charles Thiboust
  • 1749 : Pierre-Alexandre Le Prieur
  • 1750 : Antoine-ChrĂ©tien Boudet
  • 1751 : Jean-Jacques-Étienne Collombat
  • 1763 : Jean-Thomas HĂ©rissant
  • 1765 : Pierre-Robert-Christohe Ballard, pour la musique
  • c. 1774 : Laurent-François Prault
  • 1775 : Augustin-Martin Lottin
  • 1779 : Philippe-Denis Pierres
  • 1781 : Louis-François Prault
  • 1785 : Jacques-Gabriel Clousier

Quelques imprimeurs du roi en province

Cette liste est très incomplète.

  • Jean Ambroise (mort en 1677), Ă  Laval
  • Jean Antoine, Ă  Metz
  • Charles-Marie-Brice AntomĂ©, Ă  Metz
  • Pierre Avril, Ă  Angers
  • Calmen, Ă  Aix-en-Provence
  • Antoine Cavelier, Ă  Caen
  • Antoine Clet (1705-1785) au Puy
  • Pierre Collignon, Ă  Metz
  • Joseph Collignon, Ă  Metz
  • Raymond Colomiez, Ă  Toulouse
  • Pierre Louis Desrosiers, Ă  Moulins
  • RaphĂ«l Du Petit Val, Ă  Rouen
  • Joseph Estienne, Ă  La Rochelle
  • Jean-FĂ©lix Faulcon, Ă  Poitiers (père de Marie-FĂ©lix Faulcon de La Parisière)
  • AndrĂ© Faure, Ă  Grenoble.
  • Claude Garnier (v.1535-1589), Ă  Troyes.
  • Georges Griveau, Ă  Laval
  • Claude Guyot, Ă  Châlons en Champagne
  • Richard-Gontran Lallemant, Ă  Rouen
  • Pierre-Nicolas Lambert, Ă  l’Île Maurice
  • Gilles Le Roy, Ă  Caen
  • Romain Nicolas Malassis, Ă  Brest
  • Charles Monnoyer, au Mans
  • Jean Mossy, Ă  Marseille
  • Rouzeau-Montaut, Ă  OrlĂ©ans
  • Jean II de Tournes, Ă  Lyon
  • Guillaume Valfray, Ă  Lyon
  • Pierre I Valfray, son fils, Ă  Lyon
  • Pierre II Valfray, son fils, Ă  Lyon

Notes

  1. Il semble que le titre d’impressor regius ait été porté auparavant par au moins un imprimeur, Pierre Le Rouge, mais semble-t-il de manière épisodique, comme une faveur pour une édition particulière, hors d’un projet cohérent comme le fut celui de François Ier.
  2. Cette production était très rentable, et s’agissant de petits documents rapides à imprimer elle permettait de faire tourner les presses entre des ouvrages plus importants.

Références

Documents historiques

  • DĂ©claration du Roy sur les privilèges accordez Ă  ses imprimeurs ordinaires, vĂ©rifiĂ©e en Parlement, Chambre des Comptes, Cour des Aydes, Chastelet et bailliage du Palais. Ensemble les arrests et sentences contradictoirement donnez en consĂ©quence desdits privilèges. Paris : 1650. 4°, 23 p. Paris BNF.
  • Liste des imprimeurs du Roy, qui ont exercĂ© lesdits charges, et de ceux qui l’exercent prĂ©sentement en cette ville de Paris. [Paris : c. 1689]. Paris BNF : Ms. fr. 22078, pièce 85 (imprimĂ©e).
  • Tableau chronologique des imprimeurs du Roy, tirĂ© d’un manuscrit de la Bibliothèque de S.M., carton de la librairie, du recueil de M. Imbert Chatres du CangĂ©. Paris BNF : Ms. fr. 22078, pièce 52 (manuscrit).
  • Lettres patentes et arrest du Conseil [du ]… qui confirment les 6 imprimeurs-libraires ordinaires de S. M. dans les droits, fonctions et attributs de leurs charges ; ordonne que les dĂ©clarations, lettres patentes, arrests, règlemens et jugemens rendus en leur faveur seront executez selon leur forme et teneur, et en consĂ©quence fait très expresses inhibitions et dĂ©fenses Ă  tous autres imprimeurs et libraires, d'imprimer ou faire imprimer, vendre ou dĂ©biter aucune chose de tout ce qui concernera et aura rapport aux finances et affaires de S. M., ni d'entreprendre sur les fonctions desdits imprimeurs, Ă  peine de 3000 livres d'amende, etc. Paris : impr. de J. Collombat, 1717. 4°, 11 p. Paris BNF.

Travaux récents

  • Georges Lepreux. Gallia typographica ou rĂ©pertoire biographique et chronologique de tous les imprimeurs de France depuis les origines jusqu'Ă  la RĂ©volution. SĂ©rie parisienne (Paris et l'ĂŽle-de-France). Tome I : livre d'or des Imprimeurs du Roi. Ire partie : chronologie et biographie. Paris, H. Champion, 1911. Idem, 2e partie : documents et tables. - Paris, H. Champion, 1910.
  • Charlène BĂ©ziat. L'imprimeur du roi Ă  Lyon au XVIIIe siècle. MĂ©moire de master, UniversitĂ© Lyon 2 - ENSSIB (2011). Disponible ici.

Articles connexes

Imprimerie

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