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Claire de Duras

Claire Louisa Rose Bonne, duchesse de Duras, nĂ©e Claire de CoĂ«tnempren de Kersaint le [5] - [N 1] Ă  Brest et morte le Ă  Nice, est une Ă©crivaine française surtout connue pour son roman Ourika, publiĂ© en 1823, qui analyse les questions d’égalitĂ© raciale et sexuelle. Elle est considĂ©rĂ©e aujourd’hui comme une prĂ©curseure[6] fĂ©ministe[7] - [8].

Claire de Duras
Portrait daté de 1840.
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
Nom de naissance
Claire Louisa Rose Bonne de Coëtnempren de Kersaint
Pseudonyme
Claire Lechat de Kersaint
Nationalité
Activité
PĂšre
Conjoint
Enfants
FĂ©licie de Durfort (d)
Clara de Durfort (d)
Autres informations
Genre artistique
Prononciation
ƒuvres principales
signature de Claire de Duras
Signature

Biographie

Claire de Kersaint faisait dĂ©jĂ  partie, dans sa jeunesse, du salon de ses parents. À la RĂ©volution, aprĂšs que son pĂšre, le contre-amiral Armand de Kersaint a Ă©tĂ© guillotinĂ© le avec les Girondins, elle part pour la Martinique d’oĂč est originaire sa mĂšre, avant d’émigrer aux États-Unis, puis en Suisse et enfin Ă  Londres oĂč elle Ă©pouse AmĂ©dĂ©e-Bretagne-Malo de Durfort, duc de Duras en 1797 ; mais celui-ci, dĂ©sargentĂ©, ne l'a Ă©pousĂ© que pour sa dot, ne lui tĂ©moigne aucun Ă©gard et la trompe allĂšgrement ; pour surmonter les dĂ©boires de sa vie conjugale, elle devient une mondaine[9].

RentrĂ©e en France en 1808, elle revient, Ă  la Restauration, Ă  Paris oĂč l’amitiĂ© de Chateaubriand lui ouvrira les milieux littĂ©raires. Elle fut Ă©galement l’amie de Germaine de StaĂ«l et de Rosalie de Constant, la cousine de Benjamin. Son mari sera admis Ă  la cour de Louis XVIII et la renommĂ©e, dans le Paris post-rĂ©volutionnaire, de son salon fera de la maison des Duras un des centres de la vie littĂ©raire parisienne.

Claire de Duras ne comptait pas faire carriĂšre dans la littĂ©rature et c’est Ă  contrecƓur qu’elle cĂ©da aux pressions de Chateaubriand et publia anonymement, en 1823, Ourika un des trois brefs romans qu’elle avait Ă©crits alors qu’elle s’était retirĂ©e Ă  la campagne lors d’une maladie contractĂ©e vers 1820, les deux autres Ă©tant Édouard, Ă©crit en 1825 et Olivier ou le Secret, Ă©crit en 1822, mais publiĂ© seulement en 1971 car ce roman, trop dĂ©rangeant Ă  l'Ă©poque, ne put alors ĂȘtre Ă©ditĂ©. Les MĂ©moires de Sophie et AmĂ©lie et Pauline furent publiĂ©s en 2011. Le Moine du Saint-Bernard reste inĂ©dit. En outre, elle compila les PensĂ©es de Louis XIV, extraites de ses ouvrages et de ses lettres manuscrites, publiĂ©es en 1827. Les trois Ɠuvres qu’elle a publiĂ©es ne l’ont Ă©tĂ© qu’afin d’empĂȘcher les possibilitĂ©s de plagiat.

Littérature

Claire de Duras a traitĂ© de sujets complexes et controversĂ©s, avec principalement des personnages opprimĂ©s et marginalisĂ©s que leur race ou leur origine sociale empĂȘche de connaĂźtre le bonheur. Elle a explorĂ© beaucoup de principes fondamentaux de la RĂ©volution française et a Ă©voquĂ© les discussions intellectuelles des LumiĂšres, en particulier l’égalitĂ© entre tous les hommes et des femmes. La tragĂ©die est un thĂšme commun Ă  ses sujets. Dans chacun de ses trois romans, l’accomplissement de la relation entre les deux amoureux ne peut avoir lieu Ă  la fois pour des motifs extĂ©rieurs (origine/Ă©tat) ou intĂ©rieurs (secret personnel/homosexualitĂ© ?).

Longtemps considĂ©rĂ©e comme auteur de petits romans sentimentaux sans importance, la critique rĂ©cente a rĂ©vĂ©lĂ© que ses Ɠuvres Ă©taient autant de mines de thĂ©orie post-moderne sur la question de l’identitĂ©. Il est probable que Claire de Duras n’avait pas Ă©tĂ© bien lue parce que, en avance sur son temps, le choix et le traitement de ses sujets n’ont pu ĂȘtre apprĂ©ciĂ©s jusqu’à rĂ©cemment.

C’est le deuxiĂšme de ses romans, consacrĂ© Ă  la destinĂ©e de la jeune fille noire Ourika, qui devait laisser la plus grande marque dans l’histoire de la littĂ©rature : la jeune Africaine est retirĂ©e de la vente sur le marchĂ© des esclaves par le gouverneur du SĂ©nĂ©gal qui l’amĂšne Ă  Paris pour l’offrir Ă  une amie. Ourika reçoit une bonne Ă©ducation, elle se rend compte, Ă  l’ñge de quinze ans, du prĂ©judice que provoque la couleur de sa peau. AprĂšs le mariage de Charles, dont elle est amoureuse, avec une Française, elle se retire au couvent oĂč elle finira par mourir prĂ©maturĂ©ment. On pense que ce roman est le premier dans la littĂ©rature française Ă  Ă©tudier le problĂšme des relations interraciales et, en particulier, de l’amour entre ceux qui appartiennent Ă  diffĂ©rentes races ; c’est la raison pour laquelle, dans la deuxiĂšme moitiĂ© du XXe siĂšcle, l’intĂ©rĂȘt littĂ©raire et scientifique pour ce roman s’est beaucoup accru[10].

Édouard est Ă©galement l’histoire d’un amour rendu impossible par la diffĂ©rence de conditions sociales. Amoureux de la fille du marĂ©chal d’Olonne qui l’a recueilli, Édouard doit s’éloigner et, aprĂšs la mort de sa bien-aimĂ©e, se fait tuer au cours de la guerre d’indĂ©pendance amĂ©ricaine.

Remarquable pour son temps est Ă©galement le roman Olivier ou le Secret, qui souleva de nombreuses polĂ©miques et ne fut publiĂ© qu'en 1971, pour sa reprĂ©sentation de la destinĂ©e d’un jeune homme qui souffre d'impuissance sexuelle[11].

Elle a dĂ©noncĂ© l'Ă©troitesse d'esprit d'une sociĂ©tĂ© minĂ©e par les prĂ©jugĂ©s, oĂč la race, la classe sociale, l'inclination sexuelle peuvent constituer autant d'obstacles, plaidant pour la tolĂ©rance. FĂ©ministe et antiraciste, elle Ă©tait de ce point de vue trĂšs en avance sur son temps[12].

ƒuvres

Publications du vivant de l'autrice

Publication posthume

  • PensĂ©es de Louis XIV, extraites de ses ouvrages et de ses lettres manuscrites, 1827.
  • Olivier ou le Secret, Éditions JosĂ© Corti, Paris 1971.
  • MĂ©moires de Sophie, suivi de AmĂ©lie et Pauline: Romans d’émigration, Ă©ditions Manucius, 2011.
  • ƒuvres romanesques, Ă©ditions Folio, Paris 2023 (comprend Ourika, Édouard, Olivier, Le Moine du Saint-Bernard, En Bretagne et Le Paria).

Notes et références

Notes
  1. Les sources de référence divergent sur la date de naissance : 27 février 1777[1] ; 22 mars 1777[2] ; 23 mars 1777[3] ou 22 mars 1778[4].
Références
  1. Article sur Claire de Duras sur le site de la Société internationale pour l'étude des femmes de l'Ancien Régime.
  2. Notice sur data.bnf.fr.
  3. Christiane P. Makward et Madelaine Cottenet-Hage, « Duras, Claire de —, 1777-1828, nouvelliste dite « sentimentale Â» », dans Dictionnaire littĂ©raire des femmes de langue française: de Marie de France Ă  Marie NDiaye, KARTHALA Editions, , 641 p. (ISBN 9782865376766, lire en ligne).
  4. Notice de Claire de Duras du SystĂšme universitaire de documentation.
  5. « Acte de baptĂȘme (vue 10/67, acte Ă©crit tout en bas de la page de gauche) du registre des baptĂȘmes de l'annĂ©e 1777 de la paroisse Saint-Louis de la commune de Brest (cote du registre : GG122) », sur Archives de la mairie de Brest, (consultĂ© le ) - Note. Sur l'acte de baptĂȘme le prĂ©nom n'a pas encore Ă©tĂ© donnĂ©. Il est Ă©crit une fille anonyme de Kersaint de Coetnempren. Elle est nĂ©e et ondoyĂ©e le 27 fĂ©vrier 1777. - Il s'agit de la seule Kersaint de Coetnempren se trouvant dans la table dĂ©cennale de la paroisse Saint-Louis de Brest de 1759-1791.
  6. Guide de féminisation.
  7. Georges-François Pottier, « Des femmes Ă  l’honneur : Claire de Duras (1777-1828), Ă©crivaine », MĂ©moires de l’AcadĂ©mie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Touraine, t. 27,‎ , p. 157-181 (lire en ligne)
  8. Odile Métais-Thoreau, Une femme rare : Dans les pas de la duchesse de Duras, Brissac, Petit Pavé, , 182 p., 22cm (ISBN 978-2-84712-238-1).
  9. Alain Tanguy, « Claire de Duras, romanciĂšre bretonne et icĂŽne woke », Le TĂ©lĂ©gramme,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  10. Ourika a été traduit en anglais par John Fowles et il a eu, pense-t-on, une influence considérable sur son roman Sarah et le lieutenant français.
  11. Le sujet de ce roman a peut-ĂȘtre servi de modĂšle Ă  l’Armance de Stendhal.
  12. Alain Tanguy, « Claire de Duras, romanciĂšre bretonne et icĂŽne woke », Journal Le TĂ©lĂ©gramme,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).

Annexes

Bibliographie

  • AgĂ©nor Bardoux, La Duchesse de Duras, Paris, C. LĂ©vy, 1898.
  • Chantal Bertrand-Jennings, « Condition fĂ©minine et impuissance sociale : les romans de la duchesse de Duras », Romantisme, 1989, no 18 (63), p. 39-50.
  • Chantal Bertrand-Jennings, « D’un siĂšcle l’autre : romans de Claire de Duras », Jaignes, Chasse au Snark, 2001 (ISBN 2914015089).
  • Chantal Bertrand-Jennings, « Masculin/fĂ©minin : codes de l’honneur dans Olivier ou le secret de Claire de Duras », Masculin/fĂ©minin : le XIXe siĂšcle Ă  l’épreuve du genre, Toronto, Centre d’Études du XIXe siĂšcle Joseph SablĂ©, 1999, p. 89-104.
  • Chantal Bertrand-Jennings, « ProblĂ©matique d’un sujet fĂ©minin en rĂ©gime patriarcal : Ourika de Mme de Duras », Nineteenth-Century French Studies, 1994, Fall-Winter 1995, no 23 (1-2), p. 42-58.
  • Chantal Bertrand-Jennings, « Vers un nouveau hĂ©ros: Édouard de Claire de Duras », French Review, fĂ©vrier 1995, no 68 (3), p. 445-56.
  • MichĂšle BissiĂšre, « Union et dĂ©sunion avec le pĂšre dans Ourika et Édouard de Claire de Duras », Nineteenth-Century French Studies, 1995 Spring-Summer; 23 (3-4), p. 316-23.
  • (en) Michelle Chilcoat, « Civility, Marriage, and the Impossible French Citizen: From Ourika to Zouzou and Princesse Tam Tam », Colby Quarterly, June 2001, no 37 (2), p. 125-44.
  • (en) Michelle Chilcoat, « Confinement, the Family Institution, and the Case of Claire de Duras’s Ourika », Esprit CrĂ©ateur, Fall 1998, no 38 (3), p. 6-16.
  • (en) Grant Crichfield, « Three Novels of Madame de Duras: Ourika, Edouard, and Olivier. », Paris, Mouton, 1975.
  • (en) Marylee Susan Crofts, Duras’s ‘Ourika’: Race and Gender in Text and Context, ThĂšse de Ph.D. de l’UniversitĂ© du Wisconsin Ă  Madison, dĂ©cembre 1992, n° 53 (6): 1937A.
  • Juliette Decreus, « Madame la Duchesse de Duras », dans Sainte-Beuve et la critique des auteurs fĂ©minins, Paris, Boivin, 1949.
  • ThĂ©rĂšse De Raedt, « Ourika : L’Inspiration de Mme de Duras », Dalhousie French Studies, Winter 2005, no 73, p. 19-33.
  • ThĂ©rĂšse De Raedt, « Ourika en noir et blanc : Une Femme africaine en France », ThĂšse de l’UniversitĂ© de Californie Ă  Davis, 2000.
  • (en) ThĂ©rĂšse De Raedt, « Ourika in Black and White: Textual and Visual Interplay », Women in French Studies, 2004, no 12, p. 45-69.
  • (en) Damon DiMauro, « Ourika, or Galatea Reverts to Stone », Nineteenth-Century French Studies, Spring-Summer 2000, no 28 (3-4), p. 187-211.
  • (en) Alison Finch, « The Sense of an Ending in Stendhal’s Le Rouge et le Noir », The Art of Reading, Éd. Philip Ford, Gillian Jondorf, Cambridge, Cambridge French Colloquia, 1998, p. 125-34.
  • (en) Gillian Gill, « Rosalie de Constant and Claire de Duras: An Epistolary Friendship », Swiss-French Studies/Études Romandes, novembre 1981, no 2 (2), p. 91-117.
  • (en) Doris Y. Kadish, Françoise Massardier-Kenney, et al., Translating slavery : gender and race in French women's writing, 1783-1823, Kent, Kent State University Press, 1994.
  • (en) Doris Y. Kadish, « Ourika’s Three Versions: A Comparison », Translating Slavery: Gender and Race in French Women’s Writing, 1783-1823, Éd. Françoise Massardier-Kenney, PrĂ©f. Albrecht Neubert, Gregory M. Shreve, Kent, Kent State UP, 1994, xiv, p. 217-28.
  • (en) Doris Y. Kadish, « Rewriting Women’s Stories: Ourika and The French Lieutenant’s Woman », South Atlantic Review, Spring 1997, no 62 (2), p. 74-87.
  • (en) Roger Little, « A Further Unacknowledged Quotation in CĂ©saire: Echoes of Ourika » French Studies Bulletin: A Quarterly Supplement, Summer 1992, no 43, p. 13-16.
  • (en) Roger Little, « CondĂ©, BrontĂ«, Duras, Beyala: Intertextuality or Plagiarism? », French Studies Bulletin: A Quarterly Supplement, Autumn 1999, no 72, p. 13-15.
  • Roger Little, « Le Nom et les origines d’Ourika », Revue d’Histoire LittĂ©raire de la France, July-Aug 1998, no 98 (4), p. 633-37.
  • Lisa McNee, « Ourika en famille : MĂ©moire collective et altĂ©ritĂ© », French Prose in 2000, Éd. Michael Bishop, Elson Christopher, Amsterdam, Netherlands, Rodopi, 2002, p. 225-32.
  • Gabriel PailhĂšs, La Duchesse de Duras et ChĂąteaubriand, Paris, Perrin, 1910.
  • Anjali Prabhu, « Deux NĂšgres Ă  Paris : La Voix de l’autre », RLA: Romance Languages Annual, 1995, no 7, p. 133-37.
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  • (en) Sylvie Romanowski, Through Strangers’ Eyes: Fictional Foreigners in Old Regime France, West Lafayette, Purdue UP, 2005 (ISBN 978-1-55753-406-4).
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  • (en) Linda Marie Rouillard, « The Black Galatea: Claire de Duras’s Ourika », Nineteenth-Century French Studies, Spring-Summer 2004, no 32 (3-4), p. 207-22.
  • Charles Augustin Sainte-Beuve, Portraits de femmes, Paris, Garnier frĂšres 1881.
  • Marie-Ange Somdah, « Ourika ou l’univers antithĂ©tique d’une hĂ©roĂŻne », LitteRealite, Autumn-Winter 1996, no 8 (2), p. 53-63.
  • (en) Eileen Warburton, « Ashes, Ashes, We All Fall Down: Ourika, Cinderella, and The French Lieutenant’s Woman », Twentieth Century Literature: A Scholarly and Critical Journal, Spring 1996, no 42 (1), p. 165-86.
  • (en) Kari Weil, « Romantic Exile and the Melancholia of Identification », Differences: A Journal of Feminist Cultural Studies, Summer 1995, no 7 (2), p. 111-126.
  • (en) Renee Winegarten, « Woman and Politics: Madame de Duras », New Criterion, novembre 2000, no 19 (3), p. 21-28.
  • (en) Barbara R. Woshinsky, « Tombeau de PhĂšdre: Repression, Confession and MĂ©tissage in Racine and Claire de Duras », Dalhousie French Studies, Winter 1999, no 49, p. 167-81.
  • (en) Carolyn M. Fay, « “Quelle sorte de lien pouvons-nous donc Ă©tablir entre nous ?”: The Epistolary Friendship of Claire de Duras and Rosalie de Constant », Women in French Studies, 1999, no 7, p. 79-87.
  • Madame de Duras (prĂ©f. Marc Fumaroli, postface Marie-BĂ©nĂ©dicte Diethelm), , Gallimard, coll. « Folio classique » (no 4559), 2007, 416 p. (ISBN 9782070309887)

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