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Prise de Moscou

Après la bataille de la Moskova (ou de Borodino), livrée le , l'armée russe se replie en abandonnant la capitale du gouvernement de Moscou. La prise de Moscou par l'armée de Napoléon Ier, le , se fait sans combat mais la ville est ravagée par un grand incendie. Son occupation dure jusqu’au , Napoléon attendant une capitulation russe qui n'arrive pas.

Prise de Moscou
Description de cette image, également commentée ci-après
La prise de Moscou vue par un artiste anonyme allemand.
Informations générales
Date
Lieu Moscou
Issue Capitulation de Moscou

Sixième Coalition

Batailles

Campagne de Russie (1812)


Campagne d'Allemagne (1813)


Campagne de France (1814)


Campagne des Six-Jours :



Front italien :

Front des Pays-Bas :
CoordonnĂ©es 55° 45′ 09″ nord, 37° 37′ 23,11″ est
Géolocalisation sur la carte : Russie européenne
(Voir situation sur carte : Russie européenne)
Prise de Moscou
GĂ©olocalisation sur la carte : Russie
(Voir situation sur carte : Russie)
Prise de Moscou
GĂ©olocalisation sur la carte : Europe
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Prise de Moscou
GĂ©olocalisation sur la carte : Moscou
(Voir situation sur carte : Moscou)
Prise de Moscou

L'entrée dans la ville

À 14 heures, Napoléon fait son entrée à Moscou, avec sa garde et le 1er corps, dans l’ancienne capitale de la Moscovie. La ville est déserte. Son gouverneur, Fédor Rostoptchine, l'a vidée de toute provision.

Le lendemain, l'Empereur s’installe au Kremlin, le palais des tsars situé au milieu de la ville. Le maréchal Mortier est nommé gouverneur, avec ordre d’empêcher le pillage par tous les moyens. Des secours sont donnés aux blessés russes qui encombrent les hôpitaux, ainsi qu’aux Moscovites qui n’ont pas voulu suivre l’armée de Koutouzov.

Ayant pris ce qu'il considère comme une capitale[1], en se fondant sur les règles de la guerre, Napoléon pense que l'empereur Alexandre Ier lui offrira sa capitulation sur le mont Poklonnaïa. Un armistice est accordé aux Russes et Napoléon, fort de son triomphe, propose la paix à Alexandre. Il ne reçoit que des réponses évasives laissant vaguement espérer un arrangement, mais qui arrangent les deux parties. Les Français ont ainsi le temps de reprendre des forces, les Russes attendent les grands froids qui obligeront les Français à évacuer la Russie.

Avant l’ordre d’évacuation, Moscou comptait environ 270 000 habitants. La plupart Ă©vacuèrent la ville et les restants se chargèrent de brĂ»ler ou de dĂ©rober les derniers stocks de nourriture pour en priver les Français. Quand NapolĂ©on entra dans le Kremlin, il restait le tiers de la population dont la plupart Ă©taient des commerçants Ă©trangers, des serviteurs ou des personnes invalides ou ne voulant pas fuir. Ceux-ci se tinrent Ă  l’écart des troupes, y compris la nombreuse communautĂ© française prĂ©sente.

L'incendie

Du 14 au du calendrier grĂ©gorien (2 au du calendrier julien), des feux sont lancĂ©s par l'armĂ©e russe Ă  Moscou et ravagent la ville, essentiellement construite en bois. Ce fut le pire coup portĂ© aux Français qui, privĂ©s d'abris, ne pouvaient plus rester sur place. Ă€ un signal donnĂ©, le feu Ă©clate dans mille endroits Ă  la fois. C’est en vain que les Français tentent d'Ă©teindre l’incendie : le ravage des flammes ne s’arrĂŞte que dans la soirĂ©e du , lorsque près de 7 000 maisons en bois et 4 000 maisons de pierres, soit les neuf dixièmes de la ville, sont en cendres. 20 000 malades ou blessĂ©s sont victimes de ce dĂ©sastre. « J'ai vaincu des armĂ©es, mais je n'ai pu vaincre les flammes » s'est exclamĂ© NapolĂ©on dans Le MĂ©morial de Sainte-HĂ©lène.

La retraite

Occupant une ville en ruines, sans avoir reçu la capitulation russe, face à une manœuvre russe le poussant à quitter Moscou, Napoléon entame sa longue retraite le .

Mortier a ordre d’abandonner le Kremlin le 23, après l’avoir détruit, et de ne laisser en arrière ni blessés, ni malades. Dans sa marche rétrograde, la Grande Armée est constamment harcelée par l’ennemi.

Napoléon estima plus tard que son erreur avait été de ne pas quitter Moscou deux semaines plus tôt et de surprendre l'armée de Koutouzov qui campait à proximité, à Tarutino. Même si cela n'aurait pas suffi à vaincre immédiatement la Russie, celle-ci aurait été ensuite incapable d'affronter les Français.

L'étendue du désastre

Carte de 1817, la zone ravagée par l'incendie est marquée en rouge.

Ivan Katayev estime les destructions aux trois quarts des bâtiments de la ville :

  • 6 496 maisons particulières sur 9 151, dont 6 584 en bois et 2 567 en brique.
  • 8 251 commerces et entrepĂ´ts, dont la plus grande partie de KitaĂŻ-gorod et dans le quartier d'affaires de Zamoskvorechye.
  • 122 des 329 Ă©glises.

On estime Ă  2 000 le nombre de soldats russes blessĂ©s qui ont pĂ©ri dans les incendies. 12 000 corps en tout ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s. L'universitĂ© d'État de Moscou, la bibliothèque Boutourline, les théâtres Petrovsky et Arbatsky ont Ă©tĂ© complètement dĂ©truits ; de nombreuses Ĺ“uvres d'art, notamment l'original de Le dit de la campagne d'Igor, ont disparu Ă  jamais. L'orphelinat de Moscou près de Kitai-Gorod, converti en hĂ´pital, a Ă©tĂ© sauvĂ© par la police locale. La population de Moscou estimĂ©e en 1811 Ă  270 000 Ă˘mes, est d'environ 215 000 rĂ©sidents après la guerre, elle passe Ă  349 000 en 1840.

Les cartes établies par les autorités russes après la guerre (notamment des cartes militaires de 1817 réimprimées pour le public en 1831) montrent que la majorité du territoire de Moscou a été détruit dans l'incendie, à l'exception notable du Kremlin de Moscou, l'orphelinat, le quartier nord de Bely Gorod (de la rue Tverskaïa à la rue Pokrovka), les étangs du Patriarche à l'ouest, ainsi que des établissements de la banlieue.

Ces cartes qui exagèrent probablement le désastre montrent certains quartiers comme s'ils étaient détruits. Par exemple, la rue Bolshaya Nikitskaya à l'ouest du boulevard périphérique conserve nombre de ses demeures intactes ; les troupes occupantes défendent leurs propres logements ainsi que le théâtre français et la colonie française de Kouznetsky Most. Les Français tentèrent même de sauver le palais Batachov[2], occupé par Murat, mais après deux jours de lutte acharnée, celui-ci a été détruit dans l'incendie de l'arrondissement de Taganka.

Contrairement aux déclarations du général Marbot qui prétendait que l'incendie de Moscou était la principale cause de l'échec de la campagne de 1812, la destruction de Moscou n'était pas si totale, pour qu'il ne reste pas suffisamment de maisons, de palais, d'églises ou de casernes pour héberger l'ensemble de l'armée. De plus, de nombreuses unités étaient stationnées en dehors de la ville, par exemple à Ostankino (cavalerie légère) ou Khimki (corps italien) ; d'autres ont été envoyées au sud pour faire barrage aux mouvements des Russes.

Voir aussi

Notes et références

  1. À cette époque, Saint-Pétersbourg était la capitale de la Russie.
  2. Aujourd'hui hĂ´pital Yauzskaya.

Bibliographie

  • L'Incendie de Moscou racontĂ© par Rostopchine et par Mme Narichkine sa fille, Éditions historiques Teissèdre, 14 rue SĂ©guier 75006 Paris, rĂ©Ă©dition de . La fille de l'auteur dont il s'agit est Nathalie, mariĂ©e en 1819 au gouverneur de CrimĂ©e Dimitri Narichkine.
  • François-RenĂ© de Chateaubriand, MĂ©moires d'outre-tombe, tome I, pages 802-807, bibliothèque de la PlĂ©iade.
  • FĂ©dor Rostopchine, La VĂ©ritĂ© sur l'incendie de Moscou, Ă©ditĂ© en 1823 par Ponthieu, libraire au 252 de la Galerie de Bois au Palais-Royal.
  • Louise Fusil, L'Incendie de Moscou, la petite orpheline de Wilna, passage de la Berezina et retraite de NapolĂ©on jusqu'Ă  Wilna, imprimĂ© en 1817 par Pillet, imprimeur au 5 de la rue Christine, Paris.
  • AbbĂ© Adrien Surrugues, curĂ© de Saint-Louis des Français Ă  Moscou, Lettres sur l'incendie de Moscou, Ă©ditĂ©es en 1823 par Plancher, libraire au 15 quai Saint-Michel Ă  Paris.
  • MĂ©moires du sergent Bourgogne, sortis le , Ă©ditions ArlĂ©a.
  • G. Lecointe de Laveau, Gide fils, Moscou avant et après l'incendie, notice contenant une description de cette capitale, des mĹ“urs de ses habitants, des Ă©vĂ©nements qui se passèrent pendant l'incendie.
  • Le blog « L'Estafette », outre des extraits illustrĂ©s très intĂ©ressants fournit des rĂ©fĂ©rences de livres concernant cette page :
    • Baron Guillaume Peyrusse, En suivant NapolĂ©on, mĂ©moires de 1809-1815, Ă©ditĂ©s en 2009 aux Ă©ditions ClĂ©a Ă  Dijon avec une prĂ©sentation, des complĂ©ments et des annotations rĂ©digĂ©s par Christophe Bourachot.
    • Louis Gardier, Un journal de la campagne de Russie, en 1812, imprimĂ© en 1912 par Protat frères, imprimeurs Ă  Mâcon.
    • Arthur Chuquet, Lettres de 1812. La première sĂ©rie a Ă©tĂ© Ă©ditĂ©e en 1911 par HonorĂ© Champion Ă  la librairie Ancienne.
    • Joseph de Kerckhove, MĂ©moires sur les campagnes de Russie et d'Allemagne (1812-1813), Ă©ditĂ©s en 2011.
    • Capitaine Vincent Bertrand, MĂ©moires Grande -ArmĂ©e, 1805-1815, recueillis et publiĂ©s en 1909 par le colonel Chaland de la Guillanche, son petit-fils. RĂ©Ă©dition en 1998 Ă  la librairie des Deux empires, Ă©tablie et complĂ©tĂ©e par Christophe Bourachot.

Et sur le plan littéraire on ne peut passer sous silence les passages de Guerre et Paix de Léon Tolstoï qui décrivent l'événement par le vécu de l'aristocratie russe.

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