MĂ©lanie Guilbert
Mélanie Guilbert, dite Louason, née à Caen le [1] et morte à Paris le [2], est une comédienne française, et l’une des maîtresses de Stendhal.
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Biographie
Jeanne-Françoise-Mélanie Guilbert, usuellement Mélanie Guilbert, est née à Caen le , dans une famille bigote. Elle s’enfuit à seize ans pour se cacher chez une parente « par horreur pour un homme[3] ». Elle s’enfuit à nouveau, avec un homme, au Havre. À dix-huit ans, elle le quitte, enceinte, pour aller à Paris. Le , elle épouse Justus Gruner, diplomate du roi de Prusse, qu’elle quitte quelques semaines plus tard. En , elle rencontre Stendhal chez Dugazon où elle prend des cours de déclamation. Il est frappé par son air mélancolique et en tombe amoureux : « Elle m’aimerai donc, et je serai heureux avec cette âme aussi tendre que la mienne[4]. » Ils se voient tous les jours et s’embrassent beaucoup, mais Mélanie ne veut pas d’un amant de peur de se retrouver enceinte. Dans son journal Stendhal écrit des pages et des pages sur les évolutions de ses sentiments, s’exhorte à la séduire, à avoir toujours sur lui des préservatifs, se reproche sa timidité, et de ne pas « avoir l’esprit d’avoir de l’esprit[5]. »
En , elle est engagée au Grand Théâtre de Marseille. Stendhal l’y rejoint pour se faire banquier avec son ami Fortuné Mante. Après de longues promenades dans les environs de Marseille, ils sont amants le . Il déplore qu’elle n’ait pas de transports, ce qui semblerait indiquer qu'elle ne prenait pas de plaisir[6]. Elle se lie d’amitié avec une certaine Madame Cossonier, qui fait des avances à Stendhal (selon lui). Ils habitent ensemble sept mois. Elle quitte Marseille et Stendhal le .
Engagée à Saint-Pétersbourg, elle épouse Monsieur Barkov, conseiller d’État, mariage qui fut aussi un échec. Elle revient à Paris au printemps 1813 et revoit Stendhal.
Elle se suicide le . Elle voulait que l’on fasse graver sur sa tombe : « Après le malheur d’être, le plus grand est d’appartenir à l’espèce humaine[7]. » Stendhal lui garda son affection et son estime. Il écrivit dans Souvenirs d’égotisme : « Je cours la chance d’être lu en 1900 par les âmes que j’aime, les Madame Roland, les Mélanie Guilbert[8]… »
Il semblerait que Mélanie Guilbert ait servi de modèle à l’héroïne de Lamiel, comme elle, belle blonde aux yeux bleus, idéal de la beauté normande[9]. Dans ses notes pour son roman, Stendhal aurait écrit d'une écriture rendue illisible par la maladie : « Je ne puis travailler à rien de sérieux for this little gouine[10]. » Phrase s’appliquant peut-être autant au personnage de Lamiel qu’à Mélanie elle-même, expliquant ses difficiles relations avec les hommes et ses amitiés féminines.
Notes et références
- Acte de naissance (vue 467 de 553, la notice commence en bas de la page de gauche) du registre des baptêmes, mariages et sépultures (B.M.S.) de la commune de Caen, paroisse Saint-Jean (1771-1781). L'acte se lit comme suit : Le Samedy Vingt Neuvième Jour de Janvier Mil Sept Cens Quatre Vingt une fille née D'hier du légitime Mariage de Pierre Jacques René Guilbert Et de Marie Anne Adélaïde Lamy de cette paroisse a été Baptisée par nous Ambroise françois Nicolas Hibou vicaire de cette paroisse Et nommée Jeanne françoise Melanie par françoise Lanjoley de Saint Julien assistée de Pierre Beljambe de Saint Pierre qui ont signé le père absent, en ligne sur le site des archives départementales du Calvados
- Relevé généalogique sur Geneanet
- André Doyon et Yves du Parc, De Mélanie à Lamiel, Editions du Grand Chêne, Aran, 1972, p. 25.
- Journal de Stendhal, Gallimard, coll Folio, 2010, p. 267.
- Journal du 19 février 1805, Gallimard, coll Folio, p. 254.
- Anne-Marie Meininger, préface à Lamiel, Gallimard, coll Folio, 1983, p. 27.
- Anne-Marie Meininger, préface à Lamiel, Gallimard, coll Folio, 1983, p. 25.
- cité par Anne-Marie Meininger, préface à Lamiel, Gallimard, coll Folio, 1983, p. 26.
- Anne-Marie Meininger, préface à Lamiel, Gallimard, coll Folio, 1983, p. 26.
- François Michel, Etudes stendhaliennes, Mercure de France, 1972, p. 290.
Sources bibliographiques
- « Mélanie Guilbert », dans Henri Martineau, Petit dictionnaire stendhalien, Paris, Divan, 1948.
- Henri Martineau, Le CĹ“ur de Stendhal, Albin Michel, 1952, volume 1, p. 172, 183-184, 192-193, 200.
Liens externes
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